Retour à l’anormale

J’ai définitivement quitté mon hébergeur, qui persiste à nier le problème survenu le 2 avril dernier. J’ai pourtant contacté le service support, signalé les heure et date, décrit la nature du problème, exploré les logs qui me sont accessibles, demandé l’escalade dans le suivi de ma demande, pour me permettre de reprendre confiance, rien n’y a fait.

Le plus drôle est que le support s’est plusieurs fois étonné que je signale un problème alors que le blog fonctionne parfaitement. A chaque fois, j’ai du leur expliquer que si ce blog fonctionne de nouveau, c’est qu’il est hébergé ailleurs que sur leur plateforme…

Continuer la lecture

EHPAD : une pensée pour les aidants

Pour ceux qui ne me suivent pas sur Twitter, je reproduis ici un mini récit que j’y ai posté et qui a ému plusieurs milliers de personnes. Le but n’était pas de « percer », mais d’exprimer la souffrance que je ressens avec ma famille dans l’accompagnement de la fin de vie de mon père. J’ai écris ce thread d’une traite, après une discussion au téléphone avec ma mère, où je me suis mis à pleurer tout seul dans mon bureau après avoir raccroché… Je le dépose ici sur mon blog, en pensant aux enfants de mes enfants, comme la plupart de mes billets non techniques. Il n’y a pas de leçon particulière, ni de message autre que ce témoignage :

Mon père (88 ans) est hospitalisé depuis 2 ans. Il est atteint d’une maladie qui lui mange le cerveau petit à petit. Tous les jours ma mère (88a aussi) vient à ses côtés de midi à 20h. Tous les jours depuis 2 ans… Dimanches, vacances, jours fériés…

Toutes les infirmières les connaissent, et toutes les aides soignantes. Au début, elles acceptaient avec méfiance cette petite vieille qui s’incrustait dans le paysage et qui veillait à ce que le travail soit bien fait.

Mais petit à petit, cette petite vieille (c’est ma mère, hein) a gagné leur confiance. Elle les aide à prendre soin de son mari qui perçoit de moins en moins son environnement, mais qui continue à se rendre compte qu’elle est à ses côtés.

Je vais les voir le plus possible, et ma sœur aussi, et leurs petits enfants. Mon père ne semble plus me reconnaître, mais il réagit si je fais une erreur quand je raconte une histoire du passé, une histoire du temps où il me guidait sur le chemin de la vie.

Les aides soignantes, en sous effectif chronique, laissent ma mère donner à manger à mon père. Car c’est très long, il ouvre difficilement la bouche, et de toutes façons, il n’accepte de manger que si c’est sa femme qui le nourrit.

Elle lui donne également les médicaments (donnés par le personnel soignant), qu’elle prend bien soin de glisser dans la nourriture. Elle choisit les menus, car elle sait ce qu’il aime, et ce qui est bon pour lui. Elle lui donne à boire.

Elle le faisait marcher quand il pouvait encore se lever. Maintenant qu’il est prostré dans son fauteuil, elle lui parle. Elle couvre ainsi de sa voix les cris qui viennent des autres chambres. Des cris, des injures, des hurlements de personnes qui perdent pieds.

Comme ma mère ne peut plus conduire, nous avons mis en place un système de chauffeurs pour tous les jours de la semaine. Des associations de soutiens aux aidants le midi dans la semaine, et des taxis le soirs et le week-end.

Ces gens sont formidables. Ils l’accompagnent jusqu’à la porte de l’hôpital ou jusqu’à la porte de son immeuble. Ils la soutiennent s’il y a de la neige ou du verglas.

Mais samedi dernier, ma mère et son chauffeur ont trouvé la porte de l’hôpital fermée.

Il y avait une petite affiche qui indiquait qu’à cause du Covid19, plus aucune visite n’était autorisée.

Ma mère est restée devant la porte de l’hôpital, jusqu’à ce que quelqu’un ait un peu pitié d’elle et la laisse entrer discrètement. Elle est restée toute la journée près de son mari, l’a nourri et a aidé le personnel débordé.

Mon père avait été mis dans un fauteuil roulant et roulé jusqu’à la salle commune où il restait, immobile, les yeux clos, à attendre sa femme dans un vacarme de déments.

Il faut avoir été une fois dans un service hospitalier spécialisé dans les fins de vie pour comprendre cet enfer et le travail éprouvant du personnel qui y travaille.

Devant le désarroi de ma mère, le personnel de l’hôpital est resté ferme, et lui a expliqué qu’elle ne pourrait pas revenir le lendemain. L’hôpital est fermé à toutes visites (et c’est normal).

Ma mère reste maintenant chez elle et appelle tous les jours l’hôpital pour savoir si son mari a pris ses médicaments et si quelqu’un a eu la patience de lui donner à manger (il faut au moins 1/2h).

Elle appelle surtout pour savoir s’il est toujours en vie.

Parce qu’elle sait bien que c’est elle qui le maintient en vie.

Ma sœur et moi, nous lui disons qu’elle pourra sans doute bientôt retourner le voir et s’occuper de lui. Sans doute dans 15 jours.

Alors qu’on n’en sait rien. Et que ce sera probablement dans trois mois, mais qu’on ne veut pas la faire souffrir encore plus.

Donc, quand vous lirez que les visites sont suspendues dans les EHPAD, ayez une petite pensée pour les aidants et pour tout ceux qui ne vont plus pouvoir aller voir l’amour de leur vie, avec la certitude qu’il va mourir seul.

(fin du flood, et désolé)

Remarque : Le thread a généré beaucoup de réactions extrêmement gentilles et pleines de soutiens, ce qui montre que les personnes sur Twitter peuvent aussi se montrer bienveillantes, contrairement à ce beaucoup veulent faire croire en voulant museler les réseaux sociaux.

Informations : Une semaine après l’interdiction des visites, nous appelons l’EHPAD tous les jours pour avoir des nouvelles de mon père. Le personnel s’en occupe bien malgré le sous effectif et jusqu’ici tout va bien. Merci à tous pour vos pensées positives.

Pour ceux qui voudrait en savoir plus sur la vie de mon père, j’ai écris un billet sur lui il y a quelques années. Je vous invite à le lire.

Quant à ma mère, elle se repose et reprend des forces.

Dialogue avec le support Free

A mon avis, ce n’est plus une bonne idée de vouloir autohéberger son propre serveur de messagerie, tant il est difficile de garantir son bon fonctionnement selon les bonnes pratiques (qui évoluent très vite). Mais c’est possible. Et j’ai voulu m’y atteler pour une raison que j’expliquerai dans un autre billet.

L’une des nombreuses conditions pour disposer d’un serveur de messagerie pleinement accepté par ses petits camarades serveurs-de-messagerie, est de pouvoir mettre en place un reverse DNS. Et cela tombe bien, comme Rodolphe, je suis abonné Free, et ce FAI permet via son interface de mettre en place un reverse DNS.

Enfin, c’est ce que je croyais…

Après avoir paramétré le reverse DNS correspondant à mon besoin, dans l’interface Free de mon abonnement FreeBox, et après avoir attendu plusieurs jours pour être certains que les informations se soient bien propagées, le reverse DNS n’était toujours pas fonctionnel : les différents outils à ma disposition me donnent toujours comme reverse W-X-Y-Z.subs.proxad.net, où W.X.Y.Z est l’adresse IPv4 fournie par Free pour mon point d’accès.

Cherchant à en savoir plus, je me tourne vers internet et je constate que pas mal de personnes semblent avoir le même problème que moi…

Comme il n’est plus possible d’avoir une réponse par les canaux habituels des années 90, je m’adresse au support par Twitter en Direct Messages. Je vous livre le dialogue in extenso :

Bonjour, le reverse DNS n’est pas fonctionnel, alors qu’il est activé dans mon interface depuis 15 jours… Je lis dans de nombreux forums que ce service ne fonctionne pas correctement, est-ce exact ? Comment le faire fonctionner quand on autohéberge un serveur de messagerie ?

Ligne Fibre Optique
NRO : XXXXX
Adresse IP : W.X.Y.Z
Préfixe IPv6 : AAAA:BBBB:CCCC:DDDD::/64

Identifiant : fbxXXXXXX
N° de téléphone Freebox : XX XX XX XX XX
N° de fax : XX XX XX XX XX

Le reverse DNS effectif est WW-XX-YY-ZZ.subs.proxad.net

Ce qui n’est pas ce que j’ai paramétré dans l’interface Freebox

bonjour,
edirection DNS [ma conf] vers WW.XX.YY.ZZ (Actif)
Reverse DNS WW.XX.YY.ZZ vers [ma conf] (Actif)

Pour information, nous n’effectuons aucun support à ce sujet.

Bonne journée

Je pense que vous n’avez pas compris la question, car votre réponse ne fait qu’indiquer ce que j’ai moi-même configuré (je suis donc au courant de ce que j’ai configuré) ET me dire que c’est actif (ce que je sais puisque c’est ce que l’interface de la Freebox indique).

Ma question est donc : pourquoi est-ce que ce n’est pas fonctionnel ?

Nous n’effectuons aucun support à ce sujet.
Bonne journée

Vous m’indiquez que la edirection DNS est : [ma config]

Vous m’indiquez que le reverse DNS est : [ma config]

Je suis d’accord avec vous.

MAIS lorsque l’on teste le reverse DNS effectif depuis les ordinateurs du monde entier, la réponse effective est : WW-XX-YY-ZZ.subs.proxad.net

Ce qui n’est PAS le configuration demandée ET indiquée comme « Actif » sur votre interface Freebox

DONC il y a un bug CHEZ VOUS

Pouvez-vous le corriger et rendre ce service FONCTIONNEL ?

Merci

Je ne comprends pas que votre réponse puisse se limiter à « nous n’effectuons aucun support à ce sujet » : je vous signale un dysfonctionnement, et je demande une réparation d’un service dû qui ne fonctionne pas, je ne demande pas un support !

C’est actif, donc fonctionnel. Bonne journée

Je n’ai eu ensuite plus aucune réponse à mes sollicitations…

Une carte n’est pas le territoire qu’elle représente – Alfred Korzybski

[EDIT du 20/02/2020] Un lecteur m’informe sur Twitter qu’un ticket de bug a été ouvert chez Free cet été sur ce problème, puis fermé avec la réponse suivante :

Close par Thibaut Freebox (Thibaut Freebox)
Thursday  1 August, 2019 15:01:46
Raison de clôture :  Ne sera pas implémenté
Commentaires supplémentaires de clôture :
Ne sera pas implémenté POUR L'INSTANT (période de transition adsl-fibre et ipv4-v6)
Ce sera ré-implémenté à l'avenir, mais non : je n'ai pas de date pour cela.

La peur rend stupide

Alors qu’un terrible virus se propage en Chine, j’assiste impuissant à la montée du racisme anti-chinois ici ou là dans le monde. Or je travaille dans une école qui accueille des étudiants du monde entier, et en particulier de Chine. Je peux témoigner que le personnel de l’école, et tous les étudiants du campus sont aux côtés des étudiants chinois et que personne ne les ostracise.

Si un chinois lit ces lignes, qu’il sache que, si la peur rend stupide, beaucoup de gens arrivent encore à réfléchir et sont solidaires des autres humains frappés par le malheur : les soignants du monde entier, bien sur, mais aussi les professeurs et tout le personnel qui travaille à leurs côtés.

Et il y a tous ceux qui pensent que la nationalité se lit sur le visage ou avec la couleur de peau. Le racisme se combat par l’éducation.

Vive les chinois.

我在一所欢迎许多中国学生的学校工作,我很高兴能和他们在一起,尽管他们的国家正遭受严重的病毒侵袭。不要听那些因为这种病毒而害怕中国人的人,因为恐惧会让你变傻。中国学生很棒。中国人万岁。

Terminologie

J’ai été élevé dans l’amour de la langue française, et dans sa théurgie opératoire qu’est la dictée. Les années ont passé, et avec elles, ma maîtrise de l’orthographe et de la grammaire.

C’est pourquoi, lorsque j’ai publié ce blog sous forme de livres gratuits (sans DRM), j’ai demandé de l’aide auprès de ma mère institutrice.

Un jour, en installant un dictionnaire sous LibreOffice, j’ai vu apparaître une version « réforme de 1990 ». Je me suis renseigné (essentiellement sur cette page), et depuis le tome 2 (paru en 2012), j’essaye de tenir compte de l’évolution de la langue française.

Mais les pièges sont nombreux et il m’est souvent difficile d’éviter une cacographie, surtout en travaillant dans le domaine de l’informatique : doit-on dire « la wifi » ou « le wifi », faut-il reprendre quelqu’un qui parle de « cryptage » quand il ne parle pas de mise en crypte

Je vais prendre l’exemple qui me parle le plus : l’utilisation du mot « digital ». Dans mon souvenir, la première fois où j’ai vu ce mot mal utilisé, c’était sur une affiche publicitaire « Orange – La Révolution Digitale ». J’étais stupéfait de voir une énormité pareille s’étaler en 4×3.

J’écris ceci pour ma mémoire et celle de mes (petits)enfants. J’ai connu une époque où le mot « digital » était simplement un adjectif associé au substantif doigt (exemple : empreinte digitale). C’est également un mot anglais qui signifie : « Digital usually refers to something using digits, particularly binary digits. »

Et comme tout le monde le sait, « digits » ce sont les chiffres. Ça vient d’ailleurs du latin « digitus« , qui veut dire « doigt ».

Mais alors, « révolution digitale », ça veut dire « révolution des doigts » ?

Oui.

Mais on compte bien sur les doigts ?

Oui.

D’ailleurs les anglais utilisent le même mot « digit » pour doigt et chiffre.

Oui.

Finalement, « révolution digitale », c’est la révolution des chiffres ?

Moui.

Et aujourd’hui, les chiffres, on les manipule surtout avec des ordinateurs ?

Mmmmoui

Alors, « révolution digitale » et « révolution numérique », c’est pareil, non ?

Rrrrrhaaaaaaaa

Et donc l’univers marketing s’est emparé de l’univers numérique pour en faire un univers digital, parce que, Coco, l’angliche, ça sonne mieux. Au début, ça fait un peu mal, mais après ça glisse (tiiiitre!).

Les années ont passé, et maintenant, c’est moi qui passe pour un vieux con au boulot parce que j’ai osé faire une remarque sur le sujet à quelqu’un. Ça m’a quand même fait réfléchir : est-ce un combat qui vaille la peine d’être mené ?

J’ai pesé le pour et le contre. J’ai eu un flash sur les grammar nazis, ceux qui interviennent dans une conversation pour corriger une typo… Je me suis vu en train de rager à chaque fois que quelqu’un utilise le mot digital en lieu et place de numérique. Je me suis dit que c’était de l’énervement mal placé, qu’il fallait que je sois au dessus de ça pour me concentrer sur le contenu, plus que sur la forme.

Donc, je suis en train d’apprendre à accepter l’utilisation du mot « digital » imposée par le marketing. Il me reste à accepter « au jour d’aujourd’hui », « cryptage », « darkweb », « malgré que », « autant pour moi » et tant d’autres. Il en va de ma plasticité synaptique autant que de ma tranquillité d’esprit.

Vous pouvez réviser votre goétie et me faire part de votre désapprobation en commentaire 😉

L’Orange lui va si bien

Dans le cadre professionnel, je gère un abonnement internet pour le logement du gardien de mon entreprise. Il s’agit d’une offre classique Orange pour particulier. Le quartier où je travaille devenant (enfin) une zone éligible à la fibre optique pour les particuliers, je demande l’évolution de l’abonnement Orange vers son homologue survitaminé, toujours chez le même fournisseur d’accès.

Attention, à ce stade du récit, il faut comprendre que sous la présidence de Nicolas Sarkozy, certaines des entreprises « majeures » du marché de l’accès internet se sont partagées le gâteau déploiement de la fibre jusqu’à l’habitant (FTTH). Les découpages géographiques ont fait que je suis en zone « SFR », ce qui signifie que c’est la Société Française du Radiotéléphone (SFR donc) qui investit dans des kilomètres de fibres optiques autour de mon lieu de travail. Et sur mon lieu de travail vit un gardien (dans un logement de fonction), dont je m’occupe de l’accès à internet (suivez un peu ;-).

En cliquant dans l’interface web du site Orange pour confirmer ma demande de passage à « la fibre », je ne me doutais pas de l’enchaînement qui allait suivre…

Pour faire court et ne pas vous noyer dans une masse de détails ubuesques, j’ai successivement reçu des emails d’Orange, des SMS de prises de rendez-vous avec des techniciens sous-traitants de SFR, des coups de téléphone me confirmant les SMS et l’imprécision des horaires de rendez-vous, des emails de confirmation des coups de téléphone, et des emails d’enquêtes de satisfaction client (parce que c’est important pour nos relations) alors que rien n’avançait…

Les techniciens sont pourtant venus trois fois.

A chaque fois, il s’agissait d’une équipe différente et d’une entreprise différente.

A chaque fois, ils n’avaient aucune information, ni sur le dossier, ni sur les suites de la venue de l’équipe précédente…

Le problème est pourtant simple : vu la hauteur des couloirs et la situation des chemins de câbles dans mon entreprise, il faut une NACELLE pour tirer la fibre optique jusqu’au logement du gardien.

Toutes les équipes sont venues avec des échelles, des tabourets, des outils, des tire-câbles, etc., mais pas l’équipement approprié pour travailler en hauteur. L’installation n’a donc pas eu lieu.

Les mois passent, je relance de temps en temps mon dossier par un email aux services commerciaux qui me disent qu’ils vont prendre les choses en main (mais qui ne me disent jamais où ils en sont).

Jusqu’à ce que je reçoive cette lettre d’Orange :

« Suite à la résiliation de votre offre ou option, ou à votre déménagement, […] et conformément à vos conditions contractuelles, nous vous remercions de bien vouloir restituer les équipements mis à votre disposition par Orange […].

A défaut, les frais suivants vous seront facturés : Livebox 100 euros.« 

La résiliation ? Mais quelle résiliation ?

Je transmets le courrier à ma commerciale Orange préférée (commerciale pro) qui me dit qu’elle va s’occuper du dossier…

15 jours après, je reçois un courrier de relance intitulé « Rappel : restitution des équipements mis à votre disposition par Orange« , contenant à peu près les même information, avec du gras sur la date limite de retour du matériel (quand j’écris « avec du gras », je fais allusion évidemment à la graisse en typographie).

Je commence à me demander si je ne vais pas goûter aux joies de la vie communautaire décrite par Piper Chapman

J’appelle le 3900 où je passe successivement avec succès les différentes étapes me permettant d’accéder au graal suprême : l’accès à un être humain. Un être humain du service technique. Pourquoi du service technique, je ne sais pas. J’ai juste dit « internet » à un automate qui me demandait de résumer en une phrase mon problème.

L’être humain me dit qu’il s’agit d’un problème qui ne peut être traité qu’au niveau commercial, et me passe un autre être humain du service commercial. Ils sont donc au moins deux derrière le 3900 de chez Orange, derniers humains non encore automatisés.

Je suis extrêmement poli, calme, à l’écoute et bienveillant, comme je l’apprends en formation au management chez Germe. Et il en fallait de la bienveillance pour écouter ce compagnon en humanité m’expliquer :

« Mais monsieur, c’est tout à fait normal : vous avez reçu un courrier type puisque votre dossier m’indique que SFR refusant l’installation de la fibre, dans votre cas, l’évolution vers l’offre fibre Orange ne peut se faire« .

« Mais vous allez couper l’accès internet ? »

« Non, non, votre abonnement est remis à son offre antérieur. Vous n’avez rien à faire« .

Donc, pour résumer, quelqu’un, dans l’entreprise Orange, planqué bien loin du terrain, s’est dit « c’est compliqué d’ajouter un courrier type couvrant le cas d’une annulation de demande d’évolution d’offre. On va plutôt envoyer le courrier type de retour du matériel avec menace de faire payer 100 euros, c’est pareil »…

Sachant que l’être humain que j’avais au bout du fil, bien qu’arrogant dans ses certitudes (« vous savez monsieur, c’est compliqué la fibre avec toutes les contraintes imposées par la réglementation« ), ne pouvait pas faire grand chose à part me confirmer que je n’avais rien à faire et que mon abonnement antérieur était bien maintenu malgré les deux courriers de demande de restitution du matériel (« mais non, monsieur, je ne peux pas vous le mettre par écrit, mais vous savez c’est bien consigné dans le dossier que j’ai sous les yeux« ).

Je m’attends au pire dans les jours qui viennent, concernant l’abonnement internet de mon gardien. Évidemment, si jamais Orange coupe la ligne, je lui garantis un maintien de l’accès internet via notre liaison pro.

Le plus drôle dans cette histoire, c’est que je sais qu’il y a dans mon entreprise une fibre Orange, éteinte depuis 10 ans (issue d’un marché gagné par Orange pour la région afin de relier notre école d’ingénieurs à internet). Cette fibre est toujours là. Je connais son cheminement jusqu’à la rue. Elle pourrait être utilisée pour nous relier de nouveau à internet, du moins pour relier le logement du gardien. J’ai montré cette fibre à tous les techniciens qui sont venus sur place, et j’en ai parlé à tous mes interlocuteurs de chez Orange (je n’ai jamais eu à faire à quelqu’un de chez SFR). Personne ne veut l’utiliser. Nous sommes en zone SFR, ce n’est pas le même service, nous ne sommes pas habilités à brancher cette fibre, le diamètre du câble est trop gros pour notre boîtier…)

Et pourtant l’Orange lui allait si bien.

Les jeux olympiques d’été

J’ai toujours aimé les jeux olympiques d’été. Enfant, j’essayais de ne rater aucune compétition, enfin, aucune des compétitions retransmises à la télévision. J’ai admiré de nombreux athlètes dans des sports que je ne regardais nulle part ailleurs : haltérophilie, gymnastique, concours de saut d’obstacle, etc. Tous les sports me fascinaient et j’aimais beaucoup « l’esprit olympique », l’idée que je me faisais de la célèbre phrase de Pierre de Coubertin « l’important dans la vie n’est pas le triomphe mais le combat ; l’essentiel n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu« .

Je me souviens bien sûr de certains grands champions et grandes championnes, en particulier Nadia Comaneci aux jeux de Montreal de 1976, Jappeloup et Pierre Durand aux jeux de Séoul en 1988, et bien d’autres qui m’ont fait rêver. Mais je me souviens surtout de certaines images d’athlètes qui sont allés au bout d’eux-mêmes.

Je me souviens surtout de deux athlètes qui m’ont fait pleurer d’émotion. La première est une marathonienne qui est arrivée 20mn après la médaille d’or. Son courage et la force de sa volonté ont fait chavirer l’ensemble des spectateurs du stade. Elle s’appelle Gabriela Andersen-Schiess et participait à la première édition du marathon féminin, lors des jeux olympiques de Los Angeles en 1984. A l’époque, les marathoniens qui entraient dans le stade devaient faire un tour complet de piste pour finir la distance. Elle était tellement fatiguée qu’il lui a fallu 5mn et 44s pour faire le tour du stade sous les acclamations et encouragements du public. Des médecins la suivaient pas à pas et ne sont pas intervenus avant la ligne d’arrivée car ils avaient remarqué qu’elle transpirait encore, et donc que sa vie n’était pas en danger.

Voici la fin de son tour de piste en vidéo (à chaque fois, j’en ai les larmes aux yeux) :

Le deuxième athlète qui m’a marqué est originaire de Guinée équatoriale. Il a représenté son pays lors des jeux olympiques d’été de Sydney de 2000, lors de la compétition de natation en 100m nage libre. Il s’agit d’Eric Moussambani. Il avait obtenu son billet pour les jeux grâce à une dérogation pour les pays en voie de développement. Huit mois auparavant, il ne savait pas nager… Il n’avait jamais encore nagé 100m d’affilé et n’avait jamais vu de piscine de 50m, son entraînement ayant eu lieu dans une piscine d’hôtel de 20m. Son maillot et ses lunettes lui seront prêtés une heure avant l’épreuve par deux athlètes compatissants (source Wikipédia).

Sa course, magnifique de courage et d’honneur, a de plus la particularité d’avoir été effectuée seule dans la piscine olympique, les deux adversaires de sa série ayant été éliminés par un faux départ.

Voici sa course (merci de couper le son, les commentateurs français de l’époque ayant fait honte à leur profession) :

Le public dans les gradins n’a pas cessé d’encourager ce nageur inexpérimenté au style peu académique. Au terme de sa course, il est sorti sous des tonnerres d’applaudissements. « Les premiers 50m n’ont pas été très difficiles, mais pendant les 50 derniers j’étais vraiment inquiet et je pensais que je n’allais pas finir la course » avait-il alors expliqué à la presse. « Quelque chose est arrivé. Je pense que c’était le public qui m’encourageait. J’étais vraiment fier. Cela restera un moment inoubliable et j’ai vraiment apprécié les applaudissements du public. J’avais l’impression d’avoir remporté la médaille d’or » (source gentside.com).

Alors, faîtes comme moi : coupez le son des commentateurs, oubliez les bilans de médailles franchouillardes, et admirez les performances des athlètes pour ce qu’elles sont : un dépassement de soi.

Informatisation catastrophique de la justice

La liberté d’expression s’use quand on ne s’en sert pas. L’histoire c’est Paul, l’introduction c’est moi. Si vous voulez raconter, écrivez ICI.

–o0o–

Un expert judiciaire, c’est un spécialiste qui propose ses compétences à la justice. Les magistrats lui demandent son avis sur un problème technique. Il est donc évident d’imaginer que tout est fait pour que l’expert judiciaire se concentre sur la partie technique pour pouvoir rédiger un avis clair et pertinent.

Ce travail a bien entendu un coût : le temps passé (honoraires) mais aussi les engagements financiers réalisés par l’expert pour la justice (déplacements, disques durs demandés pour une copie de données à mettre sous scellés, etc.). Pour cela la logique veut que l’expert propose un devis estimatif dès qu’il dispose des éléments lui permettant d’établir ce devis, et qu’il démarre son travail dès le devis accepté par l’administration judiciaire.

Hélas, c’est sans compter sur le génie administratif français.

L’amélioration du processus et des outils de traitement des frais de justice est une priorité et un enjeu stratégique pour la direction des services judiciaires. Un projet d’optimisation du circuit de la dépense «frais de justice » a été engagé par cette direction et l’agence pour l’informatique financière de l’État. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la modernisation de l’action publique et repose sur une dématérialisation du processus de gestion des frais de justice et son intégration automatisée dans le système d’information financier de l’État.

La solution retenue repose sur la mise à disposition d’un portail Internet à l’attention des prestataires permettant de dématérialiser la transmission des mémoires de frais de justice. Le prestataire saisit son mémoire sur le portail internet. Il ajoute les pièces justificatives à l’appui de son mémoire (bordereau récapitulatif, réquisition, attestation de service fait, justificatifs de transport). Le mémoire et les pièces jointes sont transmis directement ainsi au service centralisateur de la juridiction compétente.

Ce système s’appelle CHORUS.

Voilà l’expérience de Paul, expert judiciaire confronté depuis la première heure aux affres de CHORUS :

Le système est fondamentalement mal conçu, mal programmé et mal mis en œuvre, tant par les fonctionnaires de la justice que par nous, créanciers de l’État.

Voilà en pratique comment les choses se passent : l’expert envoie le devis au juge, le juge renvoie le devis signé à l’expert, l’expert renvoie ce même devis au Service Centralisateur des Frais de Justice (SCFJ), qui l’envoie au Service administratif Régional (SAR), qui retourne le Numéro d’Engagement Juridique (NEJ) (c’est important le NEJ, c’est en quelque sorte le bon de commande autorisant l’engagement financier !) au SCFJ qui le envoie à l’expert !

On pourrait imaginer que tous ces échanges soient numérisés. Que nenni, tout est manuel et sources d’erreurs. Il serait trop simple d’imaginer qu’une fois le NEJ accordé par le SAR, un mail l’envoie de manière automatisée à l’expert…


Évidemment, on pourrait faire plus simple : le greffe du juge demande un NEJ au SAR et porte ce numéro à même le devis au moment de sa signature et le devis est alors renvoyé signé à l’expert avec le NEJ faisant office de bon de commande…

Une fois son travail réalisé, l’expert envoie son avis au magistrat sous la forme d’un rapport. S’il veut être payé, l’expert doit demander au magistrat une « attestation de service fait ». Le magistrat lui adresse ce document au format papier, que l’expert doit alors scanner pour l’entrer dans le logiciel CHORUS.

Ne pourrait-on imaginer que le greffe du magistrat clique directement sur CHORUS une case « service fait » dès le dépôt du rapport par l’expert ?

Pour votre information 165 Tribunaux de Grande Instance (TGI), 2 Tribunaux de Première Instance, 37 Cours d’Appel, 1 Tribunal Supérieur d’Appel et 1 Cour de Cassation semblent avoir adopté 206 manières de faire et des règles différentes, parfois surréalistes : ici on ne donne le NEJ que rapport remis (un bon de commande précède normalement le travail, tout le monde n’a pas compris cela…), ailleurs on demande un RIB pour donner un NEJ, ailleurs encore on vous explique que ce n’est pas à l’expert de transmettre l’Ordonnance de Commission d’Expert et le devis signé mais au juge de le faire ! Ailleurs le SCFJ refuse de donner un NEJ quand la demande d’expertise provient d’un OPJ au motif qu’il s’agirait alors d’un « examen technique » relevant du « Flux 4 » tandis que d’autres SCFJ donnent un NEJ dans ce même cas de figure, considérant que c’est la nature de la prestation effectuée (expertise informatique pénale et non examen technique) qui est déterminante et donc qui relève du « Flux 1 ».


Ici le SCFJ accepte que le devis se présente sous forme d’une fourchette de temps (en effet comment savoir d’avance le temps que l’on va mettre à réaliser le travail surtout en matière inforensique ?), là il refuse une telle fourchette mais accepte sans sourciller un devis « gonflé » du maximum de tous les coûts, frais et débours possibles ! Un confrère me dit que, chez lui, le SCFJ exige que l’expert demande ses NEJ par fax, au mépris des instructions de la Chancellerie, qui précise pourtant bien que la demande peut se faire par mail. Ailleurs, un NEJ nous a été accordé sans problème alors que nous nous étions trompé de Tribunal de Grande Instance…

Alors qu’il est fait, notamment, pour éviter les doubles paiements, le système  s’accommode parfaitement de la possibilité de donner DEUX NEJ différents pour une même affaire, l’un par le Greffier en Chef, l’autre par le Régisseur de tel TGI alors qu’il n’y a eu aucune relance de la part du créancier. Mieux encore, tel TGI nous adresse, à cinq minutes d’intervalle, deux NEJ différents pour la même affaire. Évidement, si un prestataire étourdi présentait deux factures pour la même affaire, chacune assortie d’un NEJ différent, CHORUS le paierait deux fois sans problème, puisque les contrôles en amont de la chaîne sont censés avoir été faits !

Quant à la plate forme CHORUS, elle semble avoir été conçue par un stagiaire informatique.

Ainsi il n’y a aucune vérification de la validité du NEJ : si vous entrez « TOTO » à la place du NEJ, le système l’accepte sans broncher, alors que toute l’économie du système était de vérifier l’engagement de la dépense publique, donc que le NEJ rentré par le créancier était valide !

Le système ne vérifie même pas que les données rentrées dans la case NEJ sont numériques ! Ce NEJ ne semble pas comprendre de code de vérification de cohérence, genre clef de Luhn. Il est composé de dix numéros consécutifs et non de groupe de chiffres qui limiteraient les erreurs de saisies, comme les numéros SIRET ou les IBAN par exemple. L’importation du fichier des affaires ne marche pas car elle n’est pas au bon format Excel. Lors de l’arrivée sur le site, il n’y a pas de cookie qui enregistre login et mot de passe qu’il faut retaper chaque fois.

Finalement je suis enclin à penser que CHORUS a plutôt été conçu par un stagiaire de troisième de collège dans le cadre de son stage « découverte de l’entreprise » !

Il faut aussi ajouter qu’il n’y a pas de confirmation par mail de l’enregistrement d’une affaire dans CHORUS, que le relevé hebdomadaire n’a fonctionné qu’à partir de courant juillet 2015 (mais en se limitant à informer du nombre de dossiers traités et en se gardant de donner la seule information utile, c’est-à-dire le détail de ces dossiers), que les affaires passent du statut « Envoyé » au statut « Reçu » on ne sait comment, et que certain mémoires restent éternellement au statut « Envoyé », sans que l’on sache comment s’en plaindre et le faire passer au statut « Reçu ».

Attention dans la fenêtre « Ajouter des pièces jointes », de ne pas en mettre plus de 8 ou 9, car le cartouche « Valider » va alors disparaître en bas de la fenêtre, et vous ne pourrez plus rien valider (il faudra recommencer).

Toujours dans cette même fenêtre pourquoi cet immense cartouche « Veuillez patienter » qui empêche de lire ce qui est en dessous ?

Que penser d’un logiciel (mis au point par l’administration des finances semble t-il) qui applique un même taux de TVA partout, y compris aux DROM-COM qui en sont exemptés, comme Mayotte par exemple ?

Évidement, si j’ose dire, il n’y a aucun interlocuteur à qui s’adresser par mail : l’interface pseudo-humaine « Claude » est une plaisanterie. La personne qui signe les « Événements » sur la plate-forme CHORUS est évidemment impossible à joindre. Quand par bonheur, un interlocuteur s’adresse au créancier, il donne des références « DPM » que nous ignorons, comme lui semble ignorer les « ID » d’affaires qui nous sont attribuées par la plate-forme Chorus. L’aide en ligne est déficiente : alors que dans le tableau de bord, à l’onglet « Mon suivi » on trouve des mémoires « taxés », d’autres « certifiés » l’aide en ligne à ce sujet, numéro A0130, méconnaît totalement ces deux qualités… Et le mail reçu en réponse à cette question renvoie à l’aide en ligne qui ne donne pas la réponse : à croire que le « spécialiste » chargé de répondre n’a jamais lu cette aide en ligne à laquelle il nous renvoie.

Il faut encore ajouter que si l’on déclare une affaire avec une erreur de NEJ, le dossier est accepté mais si l’on redéclare cette même affaire avec le bon NEJ alors cette deuxième déclaration est « Refusée ». Dans d’autres cas la deuxième déclaration est acceptée. L’expérience montre que sont « refusées » les déclarations portant le même numéro de facture, mais pas celles portant le même NEJ. Comprenne qui pourra.

Dans le même ordre des choses, si, par inadvertance, vous vous trompez de TGI lors de la déclaration d’une affaire, le SCFJ de ce TGI va l’annuler, ce qui est bien normal. Mais, lorsque vous la déclarez à nouveau au bon TGI, le système va refuser la nouvelle déclaration pour « doublon ». Annulée d’un côté, refusée de l’autre comment s’en sortir ?

Faut-il dire encore que l’onglet « Mon suivi » donne de fausses informations ? Ainsi, quand est affiché, pour un jour donné, « 4 mémoires ont été reçus » et que l’on clique sur l’hyperlien correspondant, ne s’affichent alors que les 2 mémoires effectivement déclarés le jour en question. La base elle même recèle de fausses informations : un mémoire payé depuis longtemps peut rester semble t-il définitivement au statut « Reçu » alors qu’il devrait afficher « Mis en paiement ». Côté sécurité, on nage dans les contractions : ainsi, le login et mot de passe ne sont pas enregistrés dans un cookie, ce qui impose de les taper chaque fois, « par sécurité ». De même, un mot de passe présente une durée de vie limitée et le système vous invite à en changer périodiquement. Mais l’utilitaire de changement de mot de passe ne marche pas, il faut faire « j’ai oublié mon mot de passe » pour le changer et surtout ce système accepte que l’on redonne le même mot de passe que l’ancien, ce qui n’est pas cohérent avec les règles strictes de sécurité qui précèdent…

Il y aurait tant de choses à dire encore : par exemple quels sont les documents qu’il faut mettre en pièce jointe ? Que devient le mémoire ou état des frais de justice (CERFA 10 0096) dans cette affaire ? (Certain TGI nous assure qu’il ne sert plus à rien tandis qu’un autre, de la même cour d’appel, lui a adjoint un cartouche rouge le transformant en attestation de service fait). Les débours et frais (imprévisibles par nature et que le Code de Procédure Pénale met à la charge de l’État) qui s’ajoutent au devis seront-ils payés ? Comment faire avec les fichiers qui dépassent 4 Mo ? Pourquoi le site est-il trop souvent inaccessible en pleine semaine ? L’affiche « en maintenance » ne paraît pas crédible : toute organisation sérieuse annonce ses maintenances plusieurs jours à l’avance et les effectue le week-end.

Comment faire quand la plate-forme ne reconnaît pas votre mot de passe et « vérouille » (sic) ensuite votre compte ? Où et comment le faire fonctionner à nouveau ?

Comment faire avec les magistrats qui ne retournent pas l’attestation de service fait et qui paralysent ainsi notre déclaration de la créance sur CHORUS ? Comment faire avec les TGI qui ne renvoient pas de NEJ alors que l’expertise est terminée, l’attestation de mission signée ? Comment faire avec des NEJ attribués sans les références demandées ou avec de fausses références ? Comment faire quand un SCFJ vous adresse un mauvais NEJ, ce qui se produit trop souvent ? Que penser d’une demande de NEJ envoyée à un SCFJ le mercredi 29 avril à 09:00:01 et « lu » le vendredi 12 juin (de la même année tout de même) à 09:43:25 ? Que faire avec tel greffier en chef adjoint qui interdit au magistrat requérant de nous signer l’attestation de mission (si, si !), au motif que seul le greffe serait habilité à le faire mais refuse de remplir ce formulaire transmis par la Chancellerie au motif que le dépôt du rapport « dûment complété et signé par le greffier d’instruction » vaut attestation de mission ?

Comment faire avec un système d’attribution centralisé des NEJ qui n’en a pas attribué un seul du 10 juillet 2015 à fin août, et ensuite au compte-goutte, « à la main » semble t-il et suite à des demandes pressantes ? La rumeur répandue mezzo voce par certains fonctionnaires de la Justice selon laquelle le système aurait été « en panne » pendant une telle durée fait évidemment sourire les professionnels de l’informatique qui recherchent une autre explication.

Que dire des erreurs nombreuses : NEJ de 11 caractères au lieu de 10, NEJ invalides on ne sait pourquoi, NEJ ne correspondant pas à la somme demandée, obligeant à saisir un nouveau NEJ et à modifier nos bases de données internes et à tout redéclarer ensuite ?

Il est encore trop tôt pour faire un bilan de l’accélération annoncée des délais de paiement. De notre expérience, certains mémoires sont réglés en moins d’un mois tandis que d’autres sont en souffrance depuis plus de trois. Nous en sommes réduits à des mesures que nous déplorons : nous menaçons de ne plus remettre nos rapports, bien que terminés, tant que nous n’avons pas le NEJ. La justice ne va pas y gagner en célérité.

GNU/Linux et la vente liée

J’ai découvert GNU/Linux en 1993, avec une distribution qui s’appelait Yggdrasil. Il s’agissait pour moi de trouver un remplacement à l’HP-UX que j’avais connu dans ma vie professionnelle précédente. Puis, toujours pour des raisons professionnelles, j’ai adopté pendant plusieurs années la distribution Slackware, pour migrer ensuite vers le Chapeau Rouge et enfin vers la distribution Debian qui équipe maintenant tous mes serveurs GNU/Linux pro.

En parallèle, j’ai joué avec Nextstep, FreeBSD, Solaris et NetBSD, pour différentes raisons, mais c’est surtout l’univers des différentes distributions GNU/Linux qui m’a attiré : j’aime bien de temps en temps installer une distribution pour voir comment elle fonctionne. Je teste un peu de tout, mais pas tout, car vous trouverez une liste impressionnante des différentes distributions sur cette page Wikipédia.

Certaines distributions sont spécialisées dans l’inforensique, comme DEFT. D’autres dans la protection de la vie privée, comme Tails. Enfin, certaines sont adaptées à un usage grand public, comme Ubuntu, que j’ai choisie pour mon ordinateur personnel.

Tout est affaire de choix, et chaque distribution a sa communauté et ses passionnés. Mais, si je suis un utilisateur converti depuis longtemps, je n’ai jamais fait parti des contributeurs, c’est-à-dire que je n’ai jamais participé au développement, aux tests, à la documentation, aux traductions, etc. Peut-être puis-je me targuer d’en avoir parlé autour de moi, et d’avoir incité mes étudiants à s’en servir. Mais le fait de ne pas contribuer me rend un peu mal à l’aise…

C’est pourquoi, le jour où un avocat m’a contacté pour me demander de faire une analyse technique en tant qu’expert, avec comme objectif de lutter contre la vente forcée du système d’exploitation lors d’un achat de matériel informatique, j’ai tout de suite répondu présent.

C’était la chance de ma vie pour apporter ma pierre à l’édifice.

C’était le projet qui allait marquer ma vie d’expert de justice.

C’était le moyen de détrôner Windows de son hégémonie et rendant le choix possible pour le consommateur.

J’étais chaud bouillant.

Hélas, le problème est plus complexe qu’il n’y paraît. Comment évaluer la simplicité d’installation d’une distribution sur un ordinateur ? Quelle distribution faut-il tester ? Sur quels ordinateurs faut-il faire les tests pour prétendre être exhaustif ? Combien d’ordinateurs, quelles marques ? Etc.

Est-il possible d’écrire un rapport technique objectif prouvant la vente liée ?

Il est beaucoup plus simple de trouver un ordinateur récent et d’installer plusieurs distributions pour en trouver quelques unes qui ne s’installent pas correctement… Il y a souvent un « truc » propriétaire sur l’ordinateur (par exemple des boutons sur un portable) qui ne sera pas reconnu par le système d’exploitation si le constructeur ne fournit pas le bout de programme ad-hoc. Et le temps que la communauté développe le pilote manquant, un certain nombre de consommateurs peuvent s’estimer floués…

En 2008, Darty avait été poursuivi par l’association UFC-Que Choisir pour vente liée PC et logiciels, mais le tribunal l’avait déboutée (lire ici). La société Darty avait quand même été condamnée à détailler le prix des logiciels installés sur un PC. Cette obligation avait été retirée en appel.

Le jugement d’appel peut être lu ici (pdf).

J’en reproduit ici un extrait qui me semble intéressant :

Darty justifie d’ailleurs que ces ordinateurs, ainsi équipés, lui sont facturés globalement, sans distinction entre le prix de l’ordinateur et celui des logiciels, et que ses demandes pressantes adressées le 26 juin 2008 à ses fournisseurs (Toshiba, Asus, Apple, Packard Bell, Sony, Hewlett Packard, Fujitsu-Siemens et Acer), dans le but de satisfaire à l’injonction du tribunal, sont demeurées vaines, Apple ayant répondu que ses logiciels, conçus par elle, ne sont pas vendus séparément, Hewlett Packard ayant fait valoir que « les logiciels qu'(elle) se procure en très grandes quantités pour en équiper ses ordinateurs doivent être distingués de ceux disponibles dans le commerce et que ces composants ne font pas l’objet d’une commercialisation séparée » et qu’elle estimait en conséquence que « le prix des logiciels dont elle équipe ses machines et dont elle n’est pas par ailleurs revendeur est un élément de la structure du coût de ses ordinateurs et relève du secret des affaires », et les autres n’ayant tout simplement pas accédé à sa requête;

Où en est-on en 2015 ? Je ne suis pas juriste, donc, je ne peux pas vous dire dans quel sens les textes de loi ont évolué. J’espère que le moment est venu de se reposer la question de la vente liée.

Il faudrait sans doute définir dans la loi plusieurs sortes de consommateurs : celui qui souhaite une machine « clef en main » et celui qui peut accepter une machine nue, avec une réduction de prix, même modique. Il faudrait que les constructeurs fournissent les pilotes de leur matériel propriétaire. Il faudrait que les constructeurs acceptent d’installer plusieurs systèmes d’exploitation en OEM pour assurer la pleine exploitation de leurs machines et l’égalité des armes.

La gratuité annoncée de Windows 10 va peut-être débloquer cette situation, développer les parts d’utilisation des OS alternatifs et permettre au consommateur d’avoir le choix. La guerre des OS n’est pas prête de s’arrêter.

Pour l’instant, ce projet d’expertise est en attente, et je me contente de contribuer au point n°10 de cette liste, et d’acheter mes ordinateurs nus sur les sites qui le proposent.

En attendant mieux.

Désolé.

————————————————-

Source dessin : Bruno Bellamy

Scam parlementaire

Attention, il est possible que ce message circule sur certaines boites aux lettres, restez vigilant…

————————————————–

Monsieur le Député,

Je vous écris dans le but d’obtenir votre coopération et votre confiance en vue d’effectuer une affaire urgente avec vous, c’est une proposition sincère et noble que je vous fais. Je souhaite solliciter votre aide dans la migration technique et l’investissement dans votre pays l’héritage qu’a pu me léguer mon Père.

Brièvement, je suis une libyenne âgée de 51 ans et  fille unique du défunt Dr Serge Alexandre Stavisky. Jusqu’à sa mort, mon père était le Directeur général d’une société informatique dans la région de Tajoura en Libye. Le 6 Avril 2002 les forces militaires fidèles au gouvernement ont envahi la société et ont assassiné mon père, le confondant avec son demi frère Helg de la Brache qui est le député du révolutionnaire FODAY BRACHE. Quand ma mère, absente car venue me voir en Chine où j’étudie dans une grande école a appris la nouvelle, elle est retournée au pays malgré tous les risques et a récupéré certaines des affaires qu’elle jugeait sacrées pour mon père dans notre villa familiale. Parmi les objets récupérés figurait un dossier contenant des détails d’un dépôt que mon père a fait dans une société de compagnie de sécurité à Tajoura. Il y a déposé une quantité importante de boites noires contenues dans une caisse métallique en son nom.

Il n’a pas révélé le vrai contenu de la boîte à cette société. Néanmoins il  a déclaré le dépôt comme biens de famille pour des raisons de sécurité. C’est l’épargne qu’a pu constituer mon Père à l’issue de la vente des brevets pendant son temps comme Directeur général. Compte tenu du climat politique instable en Libye, j’ai décidé de chercher un partenaire afin d’investir cette technologie hors de la Libye dans des domaines rentables,  c’est donc la raison pour laquelle je viens vers vous pour solliciter votre assistance et nous aider à introduire cette technologie dans votre pays. La meilleure méthode pour conclure cette transaction vue la tension politique en Libye, serait d’expédier la caisse contenant les boites noires dans votre pays.

La compagnie  de sécurité a la possibilité de nous faciliter les choses en expédiant cette caisse dans votre pays par la voie diplomatique que j’apprécie beaucoup. Dès l’arrivée de ces outils dans votre pays, vous allez les récupérer et les sauvegarder et engager les démarches pour nous aider à venir s’établir dans votre pays. Ici en raison de sa proximité à notre pays et de la guerre, notre statut de réfugié ici ne peut pas faciliter les affaires pour nous. Nous vous demandons également de rechercher des affaires fiables et lucratives, de sorte que nous puissions investir sagement. Nous avons à l’esprit de vous donner 15 % de toute la somme et la part de 25% dans n’importe quel investissement que nous ferons au moment venu si vous acceptez de nous aider. Cette fortune que nous vous avons indiquée devrait demeurer confidentielle.

Cher partenaire restant à votre entière disposition pour d’amples informations fiables, recevez l’assurance de mes sincères salutations.

Bien à vous, et votez bien,

Victoria Lustig

————————————————–

Pourvu que personne ne se fasse avoir…

Pour éviter ce genre de piège, surtout quand on est député, toujours relire la notice.