L’âge du retrait

Quand j’ai été inscrit sur la liste des experts judiciaires de ma cour d’appel, j’avais 35 ans. J’étais alors le plus jeune expert judiciaire en informatique de France. Dans ma cour d’appel, l’expert qui me suivait en âge avait 20 ans de plus que moi… et vient qu’être atteint par la limite d’âge pour l’inscription sur la liste (70 ans) des experts judiciaires.

A l’époque, cette situation me sidérait, tant les évolutions informatiques étaient fortes et rapides. Internet se répandait dans les foyers (je vous parle de 1999), l’informatique sortait de l’univers réservé aux geeks, les entreprises s’équipaient en masse de matériels individuels et vivaient leurs révolutions numériques dans l’analyse de leurs processus (on parlait alors beaucoup de “l’objectif zéro papier”, et bien sur du “bug de l’an 2000”).

Comment des vieux de plus de 55 ans pouvaient-ils encore être dans la course et répondre correctement aux sollicitations des magistrats ?

(oui, à 35 ans, je considérais comme vieux tous ceux qui avaient plus de 55 ans, de la même manière que je considérais comme vieux tous les plus de 20 ans quand j’étais au lycée, les plus de 30 ans quand j’avais 20 ans, etc.)

J’ai aujourd’hui 51 ans, je me souviens de mes 35 ans irrespectueux, et je me pose la question : n’est-il pas temps d’arrêter de proposer mes services aux magistrats ? Le temps du retrait n’est-il pas venu ?

Pour un tas de bonnes raisons, je n’ai pas pris le virage de la téléphonie mobile, en refusant d’acquérir les compétences (dont je n’avais pas besoin professionnellement) et les équipements nécessaires à l’analyse inforensique des téléphones de plus en plus intelligents.

Avec l’âge, je prends de plus en plus de responsabilités dans mon métier de directeur informatique et technique, et de ce fait, je suis moins souvent à gérer directement des tâches d’administrations des systèmes informatiques, pris par mes fonctions de management et de gestions administratives stratégiques.

Bien sur, je suis plus à l’aise maintenant qu’il y a 16 ans, dans l’animation souvent difficile des réunions d’expertise judiciaire. Je suis moins sensible aux images et films que j’ai à observer lors des analyses de scellés. Je suis plus rodé aux procédures, aux logiciels, à la rédaction de rapports… C’est ce que l’on appelle l’expérience.

Et j’ai encore beaucoup de choses à apprendre : l’analyse des “gros systèmes”, l’analyse à chaud de systèmes, la médiation… avec, et c’est important, l’ENVIE d’apprendre.

Mais je suis de plus en plus conscient des changements permanents qui concernent le monde technique dans lequel je suis “expert” : les objets connectés, les nouveaux systèmes d’exploitation qui se profilent (les différents Windows, les différents iOS, les différents Android, les différents GNU/Linux, et tous les autres).

N’y a-t-il pas une contradiction entre se prétendre “expert généraliste de l’informatique” et être capable d’intervenir de manière très pointue dans tous les domaines de l’informatique ? Bien sur que oui. Et cette contradiction se gère très bien quand l’on dispose de l’énergie suffisante pour suivre les évolutions techniques, se former en permanence, être en veille sur toutes les nouveautés et être capable d’acquérir rapidement les connaissances d’un spécialiste, à la demande.

Je croise d’excellents experts judiciaires de plus de 50 ans…

Mais je me demande à quel moment j’aurai la lucidité de demander mon retrait de la liste des experts judiciaires de ma cour d’appel. A quel moment faut-il laisser la place aux jeunes, aux forces vives, aux suivants ? A 55 ans ? A 60 ans ? A 65 ans ?

Mes parents ont pris leur retraite d’instituteurs au moment où l’informatique entrait en force dans l’éducation nationale (avec les MO5/TO5). Pendant des années, ils sont désintéressés de ce qui allait appeler la révolution numérique. Ils ont vu disparaître les cassettes vidéos, les cassettes audio, les appareils photos argentiques, les caméscopes à cassettes, la télévision hertzienne analogique. Ils ont arrêté de prendre des photos, parce que c’était devenu trop compliqué. Heureusement, ils ont eu la force de suivre des cours d’informatique organisés par la mairie de leur commune, et se faire offrir un ordinateur “tout en un” par leur grand fils chéri. Ils ont maintenant une adresse email, naviguent sur internet à la découverte du monde, et participent avec leurs enfants et petits enfants à des visioconférences Skype toutes les semaines (j’ai des parents fantastiques).

Mais quid de ceux qui n’ont pas eu la force de s’adapter au monde numérique ? Ils subissent les évolutions technologiques. Ils regardent passer le train.

Je connais beaucoup de gens de mon âge qui se moquent des réseaux sociaux, qui regardent avec un air dégoûté les outils utilisés par leurs enfants. Ils ont raison, parfois, surtout face aux excès. Et puis chacun est libre de ses choix.

De mon côté, je me demande à quel moment je vais rater le train et rester sur le côté. J’essaye d’imaginer ma vie dans 30 ans. J’essaye de deviner quelles évolutions technologiques vont me dépasser, parce que je me serai dit “ce n’est pas pour moi” ou “ça ne m’intéresse pas”. Ou encore “ça ne marchera jamais”.

A quel moment est-on dépassé dans son cœur d’expertise ?

A quel moment l’énergie, l’envie, la curiosité diminuent-elles irrémédiablement ?

A quel moment vais-je baisser les bras ?

Conséquences des agissements de la NSA sur les expertises judiciaires

Depuis plusieurs mois, les informations révélées par Edward Snowden secouent l’univers de la sécurité informatique. Car, s’il s’agit du plus grand scandale de surveillance électronique occidental éclatant au grand jour, il s’agit aussi du plus grand fiasco de la sécurité informatique de tous les temps.

Avec tous les spécialistes pointus en sécurité informatique, tous les audits effectués sur les différents matériels, toutes les alertes récurrentes sur les espions chinois et russes, personne (parmi les gens pouvant parler librement) n’a rien remarqué, personne n’a su où regarder, personne ne s’est rendu compte de la collecte massive d’informations avant qu’Edward Snowden ne livre les documents de la NSA.

Bien sur, certains journalistes, comme ceux travaillant chez Reflets, avaient commencé à lancer des alertes en recoupant des informations et des données techniques, mais la prise de conscience collective a été plus que tardive.

Quand je lis chez Korben, dans ce billet, que les Etats-Unis disposent depuis 1997 d’un service d’informaticiens offensifs (TAO) qui se sont infiltrés dans 258 systèmes informatiques de 89 pays, ma première pensée est pour toutes les expertises judiciaires que j’ai menée depuis, avec une seule question à l’esprit: ai-je pu affirmer dans l’un de mes rapports d’expertise judiciaire quelque chose qui pourrait avoir été le fait d’une action d’une telle équipe ? Ai-je pu charger un innocent d’un élément qu’il aurait pu ne pas commettre ? Ai-je moi-même été piégé dans mes investigations, quand tant de personnes se sont faites roulées ?

J’ai alors relu tous les rapports que j’ai rédigé depuis 1999, avec en tête l’action de la NSA, l’existence de cette équipe de hackers d’état et la guerre électronique en cours, avec l’ampleur qu’on lui connaît maintenant. J’ai vérifié mes conclusions et j’ai pu constater avec soulagement que j’avais toujours pris les précautions élémentaires dans l’analyse des preuves sur lesquelles j’ai eu à travailler. En partie à cause grâce à l’existence de longue date des malwares et virus toujours plus sophistiqués qui obligent l’expert judiciaire à toujours émettre des réserves quand on lui demande, par exemple, si tel ou tel compte informatique a servi au téléchargement d’images pédopornographiques, puisqu’un tel téléchargement peut être effectué, par exemple, par un malware à l’insu de l’utilisateur de l’ordinateur.

Oui, mais ai-je été assez pédagogique dans mes avertissements ? Ai-je moi-même réellement cru que je pouvais me trouver face à un ordinateur sciemment piraté ? N’ai-je pas haussé les épaules en me disant qu’il était peu probable que l’ordinateur de M. Toutlemonde que j’avais sous scellé devant moi ai été la cible d’un groupe de hackers chinois, russes ou même américains ou français ?

J’espère avoir été clair dans mes rapports sur l’existence de ces risques.

Pourtant, je ressens un malaise. A chaque fois que j’ai été confronté à un ordinateur infecté de malware et/ou de virus, je l’ai signalé noir sur blanc dans mon rapport, en indiquant la nature des malwares trouvés. Mais qu’en est-il des backdoors logicielles inconnues à l’époque et que l’on découvre aujourd’hui ? Qu’en est-il des logiciels implantés puis effacés correctement, avec nettoyage parfait des traces ? Je ne peux être certain de rien. Je me sens comme le professeur Tardieu.

Oh, certes, j’ai toujours été scientifique dans mes approches du problème qui m’était présenté. J’ai été factuel, méticuleux et consciencieux. Je n’ai pas écrit “M. Truc a stocké des images pédopornographiques sur son ordinateur”, mais “Je constate la présence d’images pédopornographiques sur l’ordinateur appartenant à M. Truc”. J’ai toujours indiqué que les téléchargements effectués avec le compte informatique de M. Truc pouvaient être le fait d’une autre personne utilisant son compte, voire d’un logiciel agissant à l’insu de M. Truc.

Maintenant que tous les mois des routeurs montrent leurs faiblesses et qu’il est clair que tous les pays espionnent tous les citoyens de la planète, que les forces de l’ordre mènent des actions hors du contrôle de la justice de leur pays, il est facile de critiquer la naïveté des informaticiens et plus globalement la naïveté des citoyens (et de leurs élus).

Mon problème est d’expliquer aux magistrats, aux avocats et aux policiers qu’un ordinateur est devenu une passoire, que le réseau est devenu une passoire, que les sites web sont devenus des passoires… Il va falloir vivre dans ce monde, mais avant que tous ne comprennent que les preuves numériques sont de moins en moins fiables, des innocents risquent d’être poursuivis et condamnés.

C’est aux experts judiciaires en informatique d’en faire prendre conscience rapidement aux acteurs de la justice.

Quant à la vie privée, je ferai parler la NSA à travers la bouche du Colonel Nathan R.
Jessup (Jack Nicholson dans “Des hommes d’honneur”), en modifiant à peine quelques paroles de la scène d’anthologie du film:

Nous vivons dans un monde qui a des murs, et ces murs doivent être gardés par des hommes en arme. Qui va s’en charger ? Vous ?

Je suis investi de responsabilités qui sont pour vous totalement insondables. Vous pleurez Santiago votre vie privée et vous maudissez les Marines la NSA.

C’est un luxe que vous vous offrez. Vous avez le luxe d’ignorer ce que moi je sais trop bien. La mort de Santiago de la vie privée, bien que tragique, a probablement sauvé des vies. Et mon
existence, bien que grotesque et incompréhensible pour vous, sauve des
vies.

Vous ne voulez pas la vérité parce qu’au tréfonds de votre vie frileuse
de tout petit bourgeois vous ME voulez sur ce mur, vous avez besoin de
moi sur ce mur.

Notre devise c’est “Honneur Code Loyauté”. Pour nous ces mots sont la poutre maîtresse d’une vie passée à
défendre des bastions. Chez vous ces mots finissent en gag.

Je n’ai ni le temps ni le désir de m’expliquer devant un homme qui peut
se lever et dormir sous la couverture d’une liberté que moi je protège
et qui critiquera après coup ma façon de la protéger.

J’aurai préféré que vous me disiez merci et que vous passiez votre
chemin ou alors je vous suggère de prendre une arme et de vous mettre en
sentinelle postée.

Colonel Nathan R. Jessup
(Jack Nicholson)

La vie privée est morte depuis longtemps, et je crains que le Colonel Nathan R.
Jessup n’ait finalement gagné, contrairement à ce qu’il se passe dans le film. Le seul moyen de lutter contre lui est le chiffrement à tout va, de gré à gré.

Mais j’attends toujours de tomber sur un disque dur chiffré par M. Toutlemonde, disque placé dans un ordinateur équipé d’un système d’exploitation sécurisé, ordinateur branché sur un réseau chiffré, sur et décentralisé, réseau où se trouveront des serveurs respectueux de la vie privée, et reliant des utilisateurs attentifs au respect de leurs données personnelles.

Ce jour là, je vous promets d’ouvrir une bouteille et de trinquer à la protection de la vie privée, et cela même si cette protection complexifie (un peu) la lutte contre les activités criminelles de quelques uns.

Je sens que je ne suis pas prêt de me saouler sur ce coup là…

Transfert de fonds

En 2007, après la sortie du premier tome des billets de ce blog, j’ai cherché un moyen de gestion des transactions financières simple à utiliser. Parmi tous les systèmes en place à cette époque, j’avais choisi Paypal parce que cela m’avait semblé être le système le plus répandu et qu’il était simple de l’utiliser, surtout pour les très petites sommes que j’envisageais.

J’ai donc ouvert un compte Paypal sous mon pseudonyme Zythom, sans me poser plus de question que cela. L’ouverture du compte se fait en ligne, aucun justificatif n’est demandé, roule ma poule.

Et tout à bien fonctionné jusqu’en juin 2009, quand j’ai vu soudain apparaître sur la page d’accueil de mon compte Paypal (donc après connexion) le message suivant:

Nous voulons vérifier avec vous que personne ne s’est connecté à votre compte sans votre permission.

Veuillez prendre un instant pour modifier votre mot de passe et créer de nouvelles questions secrètes. Vous devez également vérifier vos informations personnelles et vos transactions récentes. Assurez-vous que vos informations personnelles (adresse, numéro de téléphone, etc.) n’ont pas été modifiées et que vous reconnaissez toutes vos transactions récentes.

Veuillez accéder au Gestionnaire de litiges pour signaler tout paiement qui vous paraîtrait suspect. Cliquez sur Contester une transaction pour signaler une transaction non autorisée.

Comme je suis quelqu’un d’obéissant, je modifie le mot de passe et met à jour les questions secrètes, après avoir bien entendu vérifié que j’étais bien connecté sur le bon site, de manière sécurisé, etc. pour ne pas être victime de phishing.

Côté transactions, rien à signaler, je n’utilise pas beaucoup ce compte qui contient 3 euros 6 centimes (on ne dit plus 3 Fr 6 sous ;).

Sauf que voilà, Paypal me demande alors un justificatif de domicile (facture EDF par exemple) au nom de Zythom.

Patatra.

La lutte contre la grande délinquance mafieuse d’internet venait de passer par là, et mon petit compte ouvert sous pseudonyme devenait potentiellement suspect.

Je clique donc sur le lien permettant de changer le nom de mon compte Paypal. Voici le message qui s’affiche alors:

Il nous est actuellement impossible de procéder au changement de nom de l’utilisateur d’un compte PayPal. Pour utiliser PayPal, vous pouvez ouvrir un nouveau compte PayPal.

Vous pouvez apporter une modification mineure au nom associé à un compte PayPal si vous avez commis une faute de frappe.
Veuillez sélectionner le type de changement à effectuer :
– Changement de nom personnel (mariage, divorce, état-civil)
– Changement de nom personnel (incorrect à l’inscription ou changement mineur)

Là, je commence à comprendre que cela s’annonce serré. Je tente quand même la procédure “changement mineur” et, Paypal me demande une pièce d’identité avec mon “nouveau” nom. Je lâche l’affaire et ouvre un nouveau compte Paypal avec mon identité patronymique. Tant pis pour mes 3 euros 6 centimes.

Quelques années passent, et de temps en temps, la mémoire me revient de ces 3 euros 6 centimes inaccessibles qui dorment sur ce compte Paypal. Et à chaque fois, cela m’agace.

En 2009, je me reconnecte sur le compte pour lire le message suivant:

Votre compte a été restreint pendant plus de 45 jours. Il continuera à être restreint mais vous avez désormais la possibilité de virer des fonds.

Tiens, je vais donc pouvoir récupérer mes 3 euros 6 centimes et clore ce compte. Ah, mais oui, mais non, pour transférer ce montant colossal, il me faut disposer d’un compte bancaire en France ou aux Etats-Unis… au nom de Zythom.

Je vous jure que j’ai caressé l’idée d’ouvrir un compte dans une banque en ligne américaine… Avant de me rendre compte du ridicule de mon entêtement (et qu’il n’est pas possible d’ouvrir un compte en banque aux US sous pseudonyme).

Je retente la procédure de changement mineur de nom en laissant cette fois un justificatif de domicile à mon nom de famille. J’attends ensuite la réponse de Paypal. Et j’oublie l’ensemble de l’affaire.

Août 2012.

Sous la forte chaleur caniculaire, et poussé par la sécheresse de mes comptes bancaires en ce retour de vacances, ma mémoire se rappelle de l’existence des 3 euros 6 centimes de ce compte Paypal “resteint”…

Je me reconnecte.

Horreur: rien ne s’est passé.

Mes 3 euros 6 centimes sont toujours là, inaccessibles.

Mon justificatif de domicile (prouvant ma bonne foi) affirmant que j’existe bien, mais sous un autre nom, n’a eu aucun impact.

Attisé par la canicule, mon sang ne fait qu’un tour.

Pourquoi une banque autoriserait l’ouverture d’un compte sous pseudonyme, ET SON FONCTIONNEMENT PENDANT 2 ANS, pour d’un seul coup empêcher son fonctionnement (et conserver les sommes ainsi bloquées)!

Je me plains sur Twitter.

Bien entendu, cela fait (sous)rire mes followers dont certains m’expliquent l’importance de la maffia russe, du danger des échanges financiers, du rôle de Tracfin… Tout le monde se moque (gentiment) de moi, ou ignore cet appel à l’aide désespéré.

Tous, sauf un: @X_Cli.

[Pour les derniers gaulois qui résistent à l’envahisseur, @X_Cli n’est pas une demi adresse email, mais le nom d’un compte Twitter]

@X_Cli me prend en pitié, car il comprend l’aspect ubuesque de ma situation. Après quelques tweets, il me donne un lien magique, c’est-à-dire un lien permettant de contacter un être humain chez Paypal: voici le sésame.

Aussitôt, je me connecte sur mon compte restreint et je clique sur le lien fourni par @X_Cli. Je contacte le numéro de téléphone indiqué, avec les différents codes cabalistiques fournis, et après avoir franchi avec succès les différents pièges de l’automate téléphonique, je peux enfin parler à un être humain, que j’appellerai Bohort.

J’explique à Bohort mon problème. En quelques clics, il accède à mon compte Paypal Zythom et constate les dégâts.

Bohort: “Oui, mais vous avez utilisé un FAUX nom pour ouvrir un compte bancaire, et ça, ce n’est pas possible”.

Zythom: “Je n’ai pas utilisé un FAUX nom, mais un pseudonyme. Et vous m’avez autorisé à ouvrir le compte et à l’utiliser pendant deux ans sans que cela ne vous gène…”

Bohort: “Gmblggl. […] Avez-vous un autre compte Paypal?”

Zythom: “Oui. Et il a le même nom que celui présent dans le justificatif de domicile que j’ai fourni en 2009 sur le compte Zythom.”

Bohort: “Bon, je vais demander le transfert de fonds vers ce compte Paypal. Si mon superviseur donne son feu vert, et vu le montant, c’est presque sûr, vous pourrez récupérer vos 3 euros 6 centimes.”

Zythom: “YESSSSSSSSSSS. Heu, merci! Et vous pourrez fermer le compte?”

Bohort: “Ah non, ça, ce n’est pas possible”.

C’est ainsi donc que j’ai pu récupérer les 3 euros 6 centimes qui traînaient depuis 3 ans sur mon compte Paypal Zythom, sans pour autant arriver à fermer celui-ci.

Merci Twitter, merci @X_Cli, merci Paypal et merci Bohort.

Il me reste quand même une question à deux euros: arriverai-je un jour à fermer ce compte Paypal restreint vide complètement inutile? Rendez-vous dans trois ans.

Mes conclusions:

– Zythom honteux et confus, jura mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

– Pecunia non olet. Nunc est bibendum

Voie Z

Lors d’une correspondance ferroviaire, dans une gare dont je tairai le nom afin de ne pas faire de publicité au risque de voir ce billet tomber sous le couperet de l’extension adblockPlus de mon navigateur favori, lors d’une correspondance donc, je remarque une incongruité: les voies de la gare sont numérotées 1, Z, 2, 4, 6 et 8…

Vous l’aurez remarqué comme moi, les nombres impairs sont absents sauf le premier d’entre eux, et une voie porte le doux nom de “voie Z”.

Sur le quai, j’étais semble-t-il le seul à m’être rendu compte de cette double anomalie, ou plutôt le seul à me poser la question, ou encore plus vraisemblablement le seul à ne pas avoir la réponse…

Afin d’en avoir le cœur net, et puisque j’avais 37mn à tuer, je me suis approché d’un homme en “bleu SNCF” qui officiait sur le quai. Après lui avoir expliqué ma surprise et mes interrogations, l’homme eut l’air interloqué et m’a répondu que “c’est la première fois qu’on me pose cette question” et qu’il faut le laisser tranquille car il a beaucoup de chose à faire, mentant ainsi effrontément…

Je repère alors deux femmes, élégamment vêtues du costume SNCF, auxquelles je soumet mon problème.

Les deux femmes sourient (montrant ainsi leur immense supériorité sur l’homme) et me répondent la chose suivante:

concernant les numéros impairs, les voies impaires sont réservées au tri et à la préparation des trains. Elles sont donc plus loin, en dehors de la zone accessible au public.

Zythom: “Mais pourquoi une voie n°1?”

Heu, ben, heu, c’est pour les trains de marchandises…” me répondent-elles (un peu au hasard me semble-t-il).

Zythom: “Et la voie Z?”

Et bien, nous nous sommes déjà posées la question, mais vous voyez, tous les anciens sont partis à la retraite, et la réponse à nos questions est partie avec eux…

Voici donc comment une entreprise perd son savoir et sa mémoire…

Alors ce matin, avec l’aide d’internet, j’ai un début de réponse à cette question à deux euros: “C’est juste une voie “zone” d’attente ou de garage. Toute[s] les gares n’en on[t] pas mais sur les grande[s] ligne[s] c’est une obligation car ça empêche [permet à] un train qui a des problèmes de se mettre sur cette voie en attendant qu’une solution soit trouvé[e] donc [de] laissé[er] le champs libre au[x] autres. Salut

Source Yahoo

Mais dans mon esprit, la réponse secrète restera “voie Z, comme Zythom…”

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Photo crédit Dark Roasted Blend

Une idée dont le temps est venu

L’ESA recrute des astronautes

1ère étape: trouver un médecin “certifié aviation” pour qu’il m’établisse le certificat médical me permettant de commencer le dépôt d’un dossier de candidature.

Bon, ça, c’est fait. Une demi-journée de congé, 100 km aller, 100 km retour, avec à la clef une bonne nouvelle, je suis en pleine forme et apte à la conduite d’un avion…

2e étape: remplir le dossier de candidature. Il me faut dérouiller mon anglais. Comment dit-on “expert judiciaire” en anglais?…

3e étape: attendre…

Et pendant ce temps là, je rêve un peu. Comment l’ESA peut-elle réussir à envoyer des hommes dans l’espace sans passer par les USA ou la Russie? La réponse est financière et les ingénieurs européens tout à fait capables…

LA question (à deux euros🙂 d’aujourd’hui est plutôt:

comment envoyer un homme sur Mars sans exploser les budgets?

Tous les articles que je peux lire sur le sujet tournent autour du concept d’un voyage de deux ans et demi: 6 mois pour l’aller, 18 mois pour attendre des conditions favorables pour pouvoir revenir et 6 mois pour le retour.

Imaginez qu’un homme soit volontaire pour un voyage de six mois confiné dans un petit vaisseau blindé contre les rayonnements mortels, volontaire pour risquer de s’écraser lors de l’entrée dans l’atmosphère, volontaire pour vivre loin des siens, volontaire pour tenter de survivre dans un milieu hostile, désertique, avec une espérance de vie extrêmement réduite.

Et c’est là qu’une idée m’est venue, la GRANDE idée:

pourquoi vouloir faire un aller/retour?

Pourquoi ne pas faire un aller simple?

Et trouver un volontaire pour survivre sans espoir de retour.

Un volontaire pour explorer Mars et y mourir.

Si je suis retenu pour être astronaute et si l’ESA envoie un homme sur Mars dans ces conditions d’ici 20 ans, j’aurais encore l’âge d’être ce volontaire.

Pour être le premier homme sur Mars.

Pour être le premier homme à surfer avec un Round-Trip Time (RTT) de 40 minutes…

Et être le premier à explorer les gouffres de Mars

Dommage que je sois déjà trop vieux…

Mais laissez moi rêver.

«Il y a une chose plus forte que toutes les armées du monde,

c’est une idée dont le temps est venu.»

Victor Hugo

Le DVD phénix

On ne connaît pas bien la durée de vie d’un support numérique de type DVD. Différentes études (plus ou moins partisanes) donnent un ordre de grandeur de 5 ans à 25 ans.

Ce qui est sur par contre, c’est que la qualité du support se dégrade dès sa sortie d’usine: “Les supports optiques et magnétiques comme les disques durs, les disquettes, les bandes magnétiques, les cédéroms et les CD-Rs sont instables de part leur composition. Ils se dégradent facilement et, comme tous les supports, se détériorent dès leur sortie d’usine.” (extrait de IFLA – Principes de conservation)

Se pose alors le problème de leur obsolescence: “La durée de vie technologique de tout support optique ou électronique et produit correspondant, y compris les logiciels, est un problème d’une importance capitale qui n’existe pas avec le microfilmage. Les matériels et logiciels informatiques changent rapidement, ainsi que les nouvelles versions qui apparaissent régulièrement. De plus, les technologies évoluent et les bibliothèques ne seront certainement pas capables d’utiliser à l’avenir les technologies d’aujourd’hui. Les matériels informatiques ne seront certainement plus fabriqués. Certains logiciels ne fonctionneront pas sur les nouveaux appareils. Cela signifie que dans 25 ans, les bibliothèques risquent de ne pas être à même de retrouver l’information enregistrée sur les supports optiques. Cette éventualité se révélera sûrement très problématique dans 100 ans. Pour résoudre ce problème d’obsolescence, il faudra transférer les copies de conservation des supports informatiques magnétiques et numériques dès que de nouvelles technologies seront normalisées.” (extrait de IFLA – Principes de conservation)

J’avais abordé ce problème dans ce billet: sauvegardez pour vos enfants, avec des réactions et retours d’expériences intéressants en commentaires.

Mais pourquoi donc avoir intitulé ce billet “Le DVD phénix”?
Vous allez bientôt avoir la réponse.

Auparavant, intéressons-nous de plus près à Phénix. Wikipedia nous donne une masse d’informations très intéressantes:
Phenix est un groupe français de Heavy metal formé en l’an 2000.
Phénix est un réacteur nucléaire de recherche du type réacteur nucléaire à neutrons rapides et à caloporteur sodium.
Dumbledore possède un phénix portant le nom de Fumseck.
Google nous apprend que le phénix est l’emblème des stomisés.

Mais quel rapport avec le DVD?
Et bien, j’ai écrit ce billet en prenant à rebours le cheminement internet que j’ai mené à partir de l’information suivante: le DVD envoyé sur Mars à bord de PHOENIX est gravé sur du verre de silice destinée à durer plusieurs siècles (millénaires?).

Avouez que si j’avais titré ce billet “Phoenix arrive sur Mars le 25 mai“, vous n’auriez pas lu jusqu’ici…

J’alimente donc ma rubrique “questions à deux euros” avec les sujets de dissertation suivant destinés à mes étudiants:
– Phoenix Lander amarsira-t-il correctement le 25 mai?
– Nos descendants auront-ils toujours le lecteur adapté au DVD en verre de silice?
– Nos descendants auront-ils notre niveau de technologie?
– Aurons nous des descendants?

Sombre

Aujourd’hui, je suis d’humeur sombre.

J’ai reçu une mauvaise nouvelle.

Et je crains qu’elle ne concerne ce blog.

Alors je me réfugie un peu plus dans le travail, un peu aussi dans les citations:

question à deux euros: qui a écrit “Pour vivre heureux, vivons caché”?

Réponse: Jean-Pierre Claris de Florian, dans sa fable “Le grillon”, que je vous livre ici in extenso:

Le grillon

Un pauvre petit grillon

Caché dans l’herbe fleurie

Regardait un papillon

Voltigeant dans la prairie.

L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs;

L’azur, la pourpre et l’or éclataient sur ses ailes;

Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs,

Prenant et quittant les plus belles.

Ah! disait le grillon, que son sort et le mien

Sont différents! Dame nature

Pour lui fit tout, et pour moi rien.

je n’ai point de talent, encor moins de figure.

Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas:

Autant vaudrait n’exister pas.

Comme il parlait, dans la prairie

Arrive une troupe d’enfants:

Aussitôt les voilà courants

Après ce papillon dont ils ont tous envie.

Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper;

L’insecte vainement cherche à leur échapper,

Il devient bientôt leur conquête.

L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps;

Un troisième survient, et le prend par la tête:

Il ne fallait pas tant d’efforts

Pour déchirer la pauvre bête.

Oh! oh! dit le grillon, je ne suis plus fâché;

Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.

Combien je vais aimer ma retraite profonde!

Pour vivre heureux, vivons caché.

Pauvre grillon.

Lenteur des instructions criminelles

La justice française ne dispose pas des moyens financiers lui permettant de fonctionner correctement. Il suffit de lire les différents billets de magistrats, d’avocats ou de greffiers sur ce sujet pour en être convaincu. J’ai moi-même, sans m’en plaindre outre mesure (ce serait indécent), évoqué plusieurs fois sur ce blog le délai important (un an) du paiement des factures d’expertise par les tribunaux.

Le justiciable ressent facilement tout cela avec “le temps judiciaire” très différent du temps commun.

Comment ces choses-là étaient-elles perçues du temps de nos ancêtres?

Et bien pareillement, mais avec des délais différents. Comme quoi, tout est relatif:

Il ne faut pas trop s’étonner de la lenteur des instructions criminelles d’autrefois. En 1895, à Bourges, le marquis de Nayve fut acquitté après vingt-deux mois de prévention. Au mois de mars 1896, Tremblié fut condamné à mort par la cour d’assises de Douai après dix-huit mois d’attente. Le 28 mars 1896, la neuvième chambre du tribunal correctionnel de la Seine acquittait un nommé Wing, banquier américain, détenu depuis dix mois pour escroquerie!

Note de bas de page dans l’ouvrage “Les erreurs judiciaires et leurs causes” de Maurice Lailler et Henri Vonoven, sur lequel je fonde ma rubrique consacrée aux erreurs judiciaires du passé.

L’auteur trouvait ces délais inhumains.

Ce texte date, rappelons le, de 1897…

Mortes pour la France

Dans une démocratie, une élection municipale est une élection au cours de laquelle les habitants d’une commune élisent les conseillers municipaux qui forment le “conseil municipal”.

Le Maire est élu par ce conseil municipal et est chargé notamment d’en exécuter les décisions.

Pour préparer mon rôle de conseiller municipal fraîchement “élu”, j’ai parcouru internet et étudié différents sites.

En général, ce type de recherche alimente ma rubrique Questions à deux euros:

saviez-vous qu’il existe en France des communes dont le maire n’est pas élu par le conseil municipal, mais désigné par le Préfet Conseil Général? Pourquoi?

Indice: le conseil municipal est également désigné par le Préfet Conseil Général!

Indice n°2: la photo illustrant ce billet.

Réponse: Lors de la “Bataille de Verdun” dans le département de la Meuse (21 février au 18 décembre 1916), 9 villages furent rayés de la carte: Beaumont, Bezonvaux, Cumières, Douaumont, Fleury, Haumont, Louvemont, Ornes, Vaux. Tous ces petits villages comptaient seulement quelques centaines d’habitants: en 1914 leur population s’échelonnait entre celle de HAUMONT, la plus faible (131 habitants), et celle de ORNES (718 habitants). Elle était composée de laboureurs, de manœuvres, de bucherons, d’artisans. FLEURY comptait encore quelques vignerons au début du siècle.

Tous ces habitants, quand ils n’ont pas été tués, ont été forcés à l’exode.

Les villages, entièrement détruits, situés dans une zone dévastée rendue stérile par les bombes, n’ont pas été reconstruits. On les appelle les “villages détruits”.

Les communes, vidées de leurs habitants, ont conservé leur personnalité administrative “pour faits de guerre” et obtenu la mention “mortes pour la France”

Dès 1919, une loi dote chaque commune morte pour la France d’un conseil municipal et d’un président dont les pouvoirs et les prérogatives sont ceux d’un maire.

Je vous invite à les visiter et à honorer leur mémoire.

PS: Je manque d’informations sur les détails (comment le préfet choisit-il les conseillers municipaux et le maire?) ainsi que de références juridiques.

Si vous en avez, communiquez les moi et je mettrai à jour ce billet.

[EDIT] Merci aux différents internautes qui m’ont adressé des liens:

Mémorial de Verdun: fiches des principale visites.

Extrait:

Une vingtaine de villages ont subi de violents bombardements durant la bataille de Verdun. Neuf d’entre eux furent totalement rayés de la carte […] Seul le village de Vaux a été reconstruit; les huit autres jouissent néanmoins d’une reconnaissance administrative. Ils constituent de véritables communes dirigées par une commission municipale de trois membres (dont l’un exerce la fonction de Président ), nommée par le Préfet jusqu’en 1982 et depuis par le Conseil Général de la Meuse.

“Cette Commission et son Président sont respectivement investis de la plénitude des attributions des Conseils municipaux et des Maires” (Article 4 de la loi du 18 octobre 1919).

Ces commissions ont pour charge essentielle de perpétuer la mémoire de ces villages martyrs de la grande guerre: entretien des sites, des monuments aux morts, des chapelles commémoratives et organisation de manifestations du souvenir. Le statut administratif de ces villages “fantômes” constitue un cas unique en France.

Voir aussi:

historique des communes de la zone rouge

les serviteurs dévoués des villages fantômes.

Témoignage de Laurianne par email:

Apparemment, le mandat est souvent effectué de génération en génération.

J’ajoute que le Colonel Rodier, maire de Fleury est décédé en début d’année.

Enfin, j’ai habité un temps à Verdun et ayant visité quelques uns de ces villages si l’envie un jour vous prend d’y effectuer une petite visite, mieux vaut le faire par un temps ensoleillé. Cela atténue un peu le sentiment qui vous prend à la gorge.

Merci à tous.

Brisez les chaines

J’ai reçu dans ma boite d’emails une nième chaîne de messages.
En général, la durée de vie d’une chaîne dans ma messagerie est égale au temps nécessaire à l’influx nerveux pour passer directement du fond de la rétine jusqu’à l’index de ma main droite qui détruit l’intrus d’un clic vengeur…

Et pourtant, cette fois, ce message a eu droit à un traitement de faveur avec passage par le cortex cérébral car le message contenait une suite de questions à deux euros!
Et presque toutes m’ont fait sourire, mis à part bien sur la phrase finale assassine “faites suivre ce message à tout votre carnet d’adresses”…

Extraits:
“Pourquoi les kamikazes portaient-ils des casques?”[1]
“Pourquoi désinfecte-t-on le bras d’un condamné à mort avant d’y placer la seringue?”
“Pourquoi pour arrêter son ordinateur faut-il cliquer sur ‘démarrer’?”

J’ai presque failli l’envoyer à tous mes amis!
Mais j’ai résisté, car, après tout, ces questions peuvent-être utiles pour ma rubrique (à deux euros elle aussi)…

Mais le plus drôle, c’est quand on essaie de répondre sérieusement à ces questions…

Je ne m’y risquerai pas.

PS: Merci de faire suivre le lien de ce billet à tout votre carnet d’adresses…

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[1] Lire commentaire de Sid… Même pas drôle 🙂