En vrac

#0

C’est la première année où je vais effectuer plus d’expertises privées dans le cadre de mon activité free-lance (lire ce billet) que d’expertises judiciaires. Un signe de l’âge des temps ?

#1

J’ai une sœur formidable qui a repris le flambeau de mes parents (tous les deux instituteurs) : elle est professeur des écoles en maternelle dans une ZEP. Comme ce billet décrit exactement son travail, je vous en recommande la lecture.

#2

Je suis toujours en train de passer des entretiens pour voir ce que je vaux sur le marché du travail. Négatif côté ANSSI (dommage, j’aurais aimé travailler avec des roxors), négatif côté Google, négatif pour l’instant côté EADS… Je continue ma crise de la cinquantaine en cherchant tranquillement. Mais je ne me fais pas trop d’illusion: beaucoup de structures préfèrent investir dans la jeunesse pas trop chère. Alors, je réfléchis de plus en plus à développer mon activité d’indépendant pour voir si je peux sauter le pas (voir point #0). Encore faut-il en avoir le courage !

#3

Mon utilisation de Twitter a sensiblement évolué : je poste de moins en moins de tweets et devient de plus en plus un lecteur passif des conversations des autres. C’est assez frustrant. Mais j’ai de moins en moins de choses à dire et toujours autant de choses à apprendre. C’est ainsi. N’hésitez pas à me suivre (@Zythom), vous êtes sur de ne pas voir votre TL floodée… Par contre, je vous préviens, je RT des tweets qui peuvent être vieux de la veille, voire de plusieurs jours 😉

#4

Le blog en version anglaise/américaine se développe. Je remercie tous les traducteurs bénévoles pour leur travail. Il y a au moins cinq billets dans les tuyaux à paraître bientôt. Il ne me reste plus qu’à trouver un Maître Eolas américain qui me prendrait dans sa blogroll sous son aile…

#5

Le billet précédent, intitulé « je suis trop faible« , a fait réagir beaucoup de monde, en commentaire ou par email. Je vous remercie tous ! J’espère ne pas avoir inconsciemment abusé du procédé rhétorique qu’on appelle chleuasme, mais vos messages d’encouragement m’ont fait du bien: vous êtes mon groupe de soutien 🙂

#6

Côté « défis des potes« , le prochain est une participation au marathon de Jersey dans 16 jours. Je cours un relais de 7,5 km dans une équipe de 5… Je déteste courir, j’ai mal partout depuis une semaine que je m’entraîne. Mais c’est toujours pour la bonne cause, pour lutter contre le crabe.

#7

Dans six mois se dérouleront les élections municipales. J’en parlerai peu sur ce blog, mais je postule pour repartir pour une nouvelle mandature de conseiller municipal. Et peut-être comme adjoint au maire cette fois. On verra bien, car contrairement à la dernière fois, il y aura une ou plusieurs listes face à nous. En tout cas, les coups bas ont déjà commencé avec des accusations mensongères dans la presse o_O. Welcome IRL.

#8

Côté pro, la rentrée des étudiants s’est bien passée. Les dégâts liés à l’incendie de la mi-août ont été réparés. J’ai fini mes cours et TD de présentation des systèmes informatiques et techniques. J’aime bien remettre pendant une semaine ou deux ma vieille casquette de professeur, mais je préfère quand même me concentrer sur la maintenance et le développement des systèmes de l’école.

#9

Les enfants grandissent et m’apportent joie, fierté et amour. J’en parlerai de moins en moins sur ce blog pour les laisser développer leur propre vie numérique et respecter leur vie privée. Un pseudo ne cache pas grand chose. Je verse quand même une petite larme en pensant à l’un de mes premiers billets, écrit en 2006, et qui expliquait pourquoi j’ouvrais ce blog. La petite fille de 12 ans dont je parlais alors est en étude de médecine maintenant…

#A

Je n’ai pas encore pu faire le saut en parachute que mes amis m’ont offert cet été pour mes 50 ans. J’ai dépensé tout l’argent pour profiter des vacances avec ma femme et mes enfants. On ne vit qu’une fois et maintenant la cigale mange des pâtes… Mais je ne désespère pas le faire en 2013. J’ai choisi de faire au moins le premier saut des six sauts prévus dans une PAC. Pour l’instant, je regarde les autres le faire en vidéo. Vivement que je puisse m’élancer, tenu à bout de bras par un instructeur !

#B

J’avance très doucement sur mon retour dans les réseaux de neurones. Je passe trop de temps avec mon fils sur Xbox360 sur les différents Call of Duty… Il me reste deux enfants à la maison, j’essaye d’en profiter au maximum sans les envahir. Après, il sera trop tard ! Et je pourrai toujours revenir sur mes rêves de chercheur dans cinq ans. Stay tuned.

Si vous avez cliqué sur tous les liens de ce billet, vous avez ma considération distinguée 😉

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Source photo JSBG : les animaux sautent aussi en parachute…

Je suis trop faible

Je suis fasciné par son regard d’une infinie tristesse, malgré son sourire forcé. Le visage de cette petite fille est rempli, dévoré par ses deux grands yeux marrons. J’ai son visage sur des dizaines de photos, prises sous des angles différents. Elle regarde parfois l’objectif, parfois dans le vide. Le plus dur, c’est quand ses yeux plongent dans les miens.

Sur chaque photo d’elle, un sexe d’homme. Près de son visage, dans sa bouche ou dans ses mains. Sans être médecin, je lui donne cinq ou six ans. Je suis en pleine expertise judiciaire sur des photos pédopornographiques.

Je suis seul dans mon bureau, chez moi, porte fermée, avec interdiction donnée à mes enfants de me déranger. Je les entends passer près de ma fenêtre en riant. Il fait beau, c’est un beau week-end de printemps.

Nouvelle photo, toujours d’elle. Ses grand yeux m’obsèdent. Son petit corps nu semble si fragile qu’on a envie de la protéger, de traverser l’écran pour empêcher cet homme de l’approcher, de lui faire du mal, de la violer. Mais je suis impuissant à agir, je ne peux que regarder et prendre des notes pour mon rapport.

J’ai honte de ma faiblesse, de mes réactions, de ma sensiblerie. Tant de personnes travaillent dans des conditions difficiles: médecins, pompiers, gendarmes, policiers… Mais ils se soutiennent, se parlent, échangent, évacuent par des mots les horreurs qu’ils cotoient.

Moi, je suis seul. Je n’ai pas de formation pour gérer ce que je ressens, ce que je vois. Je suis un simple informaticien qui aide la justice. Je n’ai que ce blog.

Photo suivante. Cela fait maintenant trois heures que mon cerveau absorbe ces images, que je les inventorie. Je fais une pause, je ferme les yeux. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à contenir mes larmes ? Je suis un homme, je dois savoir gérer mes émotions. Je laisse la crise passer. Je suis un homme, rien de ce qui est humain, je crois, ne m’est étranger (Térence).   

Je suis un faible.

Je reprends mes investigations, un peu apathique. Rien ne m’oblige à passer autant de temps sur chaque photo. J’accélère la visualisation. D’autres filles, d’autres visages, d’autres âges, d’autres hommes, tant de positions.

Il est tard, la nuit est avancée. Je termine mon rapport, je rédige les annexes, grave les DVD. Pour faciliter la lecture du rapport papier par les OPJ, greffiers et magistrats, j’évite les illustrations, je les repousse en fin de rapport, en annexe.

J’ai choisi quelques photos parmi les plus marquantes.

J’ai choisi celles où cette enfant regarde l’appareil photo avec ses grands yeux tristes, avec dans la bouche ce sexe aussi grand que sa tête.

J’ai encore cette image dans la tête.

Il faut que j’arrive à gérer mes émotions.

Les autres experts y arrivent bien.

Je suis trop faible.

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Source photo: chilloutpoint.com

L’ANSSI et le test Google

Je fais partie des premières générations d’étudiants de lycéens à avoir été autorisées à utiliser une calculatrice électronique au baccalauréat. J’ai donc connu les deux systèmes: la règle à calcul et les tables de logarithmes versus la calculatrice électronique. Autant vous dire que j’ai choisi mon camp immédiatement !

Et pourtant, je me souviens des querelles sans fin opposant les « pour » et les « contre », avec en ligne de mire la disparition des capacités intellectuelles des générations futures. Au passage, si je constate effectivement une baisse des aptitudes au calcul mental de mes étudiants, je me permets de constater une hausse très nette de leurs compétences dans bons nombres de domaines utiles au métier de l’ingénieur (mais j’y reviendrai).

Les professeurs de l’époque ont du s’adapter au monde nouveau qui s’imposait à eux. Ils ont du revoir les problèmes qu’ils donnaient à leurs élèves, parfois depuis plusieurs décennies. En effet, certains problèmes devenaient ridiculement faciles dès lors que l’on disposait de ce magnifique instrument de calcul. J’appelais ces problèmes « les tests calculatrices ». Certains professeurs ont mis plus de temps à s’adapter, ce qui m’a permis d’avoir parfois des notes inespérées, en particulier en chimie. Je me souviens de ces vieux professeurs qui nous grommelaient « comment ferez vous pour calculer vos logarithmes si la calculatrice tombe en panne »…

Il faut savoir accepter le progrès, s’adapter et accepter que certaines compétences deviennent obsolètes. L’utilisation des tables de logarithmes en fait partie.

L’accès facile à internet pour tous les étudiants, partout et tout le temps grâce aux téléphones mobiles, a changé la donne pour beaucoup d’enseignants et révolutionne la manière d’appréhender beaucoup de problèmes. Est-il nécessaire d’apprendre par cœur telle ou telle somme d’information quand elle est facilement accessible ? Quel type de savoir faut-il enseigner : la connaissance qu’une information existe, savoir la retrouver ou la connaissance en elle-même ? Chaque professeur répond à ce type de question selon sa pratique et son savoir-faire. Mais cela donne parfois lieu à ce que j’appelle « des tests Google », c’est-à-dire des tests où les réponses se trouvent facilement avec un moteur de recherche.

Je suis personnellement en plein questionnement sur mon devenir professionnel : je fais ma petite crise de la cinquantaine et, malgré un travail que j’aime et qui me propose encore beaucoup de défis, j’ai du mal à admettre que je ne pourrai plus jamais changer d’emploi dans les 15 années à venir, si je ne le fais pas maintenant. Je suis donc en train de répondre à des annonces et de passer des entretiens. Vu mon profil et mon expérience d’expert judiciaire, je recherche un poste dans l’analyse inforensique. Au passage, je remercie les lecteurs de ce blog et tous les twittos qui ont relayé l’information.

Et parmi les milliers centaines dizaines quelques offres sur ce créneau visibles sur le marché, j’ai répondu à une annonce de l’ANSSI. L’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information regroupe en effet de nombreux spécialistes de l’investigation numérique, dont quelques uns que j’ai pu rencontrer au SSTIC. C’est donc avec une vrai envie de travailler avec ces personnes que je me suis rendu à l’entretien d’embauche qui m’a été proposé.

J’ai accepté de ne pas dévoiler le contenu de cet entretien, aussi je ne vous donnerai pas de détails sur son déroulement, rien sur la confiscation de mes téléphones à l’accueil, je n’aborderai pas la difficulté de trouver l’adresse, ni la climatisation en panne.

Un point m’a néanmoins surpris: les recruteurs m’ont fait passer ce que j’appelle un « test Google ». Appelé « test technique », il s’agit d’un long formulaire comportant de nombreuses questions techniques sur tous les aspects de l’inforensique. Toutes les réponses de ce test se trouvent facilement sur Google. Sauf que je n’avais pas accès à internet…

Le problème est que je travaille depuis de nombreuses années avec un accès internet (depuis 1990 en fait), et que j’ai pris l’habitude d’intégrer cet outil dans ma manière de travailler. A cinquante ans, je n’apprends plus par cœur les paramètres des commandes UNIX que je n’utilise que de temps en temps. Je n’apprends plus par cœur les définitions des concepts que je manipule. Lorsque j’ai besoin de construire une expression rationnelle, je le fais avec l’aide d’internet. Quand j’ai un doute sur l’orthographe d’un mot, je le googlise.

Bref, j’utilise internet comme une gigantesque encyclopédie. Et de la même manière qu’avec la calculatrice, j’ai oublié la manière de « calculer les logarithmes avec les tables », j’ai placé un certain nombre de mes connaissances « dans le nuage »… Pas toutes bien sur, mais celles qu’il me semble inutile d’encombrer mon esprit. Pareillement, je ne retiens aucun numéro de téléphone ni rendez-vous: une partie de ma vie est dans mon téléphone…

Je sais, c’est mal pour exercer sa mémoire. J’ai longtemps un peu lutté contre cette fainéantise, mais mon naturel a pris le dessus. Pourquoi faire cet effort, quand tant d’autres efforts sont à faire !

Ce qui fait que je me suis trouvé ridicule à ne pas savoir répondre à certaines questions du formulaire ANSSI, telle que « quelle est la différence entre un processus et un thread ». Ne riez pas.

Pourtant, je suis persuadé que la mesure des connaissances, que ce soit pour évaluer un étudiant ou un candidat à l’embauche, doit être autre chose qu’un « test Google ». J’aurais préféré qu’on ai un peu plus confiance en ma capacité à apprendre, à m’adapter. J’aurais préféré qu’on regarde un peu plus mon parcours, mes réalisations, mes succès et mes échecs.

J’aurais préféré qu’on ne me dise pas « bossez un peu plus l’inforensique des systèmes live et revenez dans deux ans ». Même si c’est vrai.

Dans deux ans, j’aurai des lunettes Google et je réussirai tous les tests Google!

Dans deux ans, j’aurai peut-être réussi à travailler avec les meilleurs de l’ANSSI!

Mais dans deux ans, j’aurai 52 ans.

xkcd « Tar » https://xkcd.com/1168/

Les experts peuvent se tromper…

Dans le cadre des rediffusions estivales, le billet du jour, publié en septembre 2009, rappelle que la justice est humaine, et la science aussi.

Bonne (re)lecture.

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J’ai lu attentivement l’article de Jean-Marc Manach dans InternetActu qui s’intitule « Quand les experts se trompent« , article repris par ailleurs dans Le Monde.fr.

Je dois dire que j’ai déjà écrit quelques mots timides sur le sujet dans ma rubrique « erreurs judiciaires« ,
souvent sur des points de détails ou sur des affaires lointaines, afin
d’éviter de trop attirer les foudres de mes confrères experts
judiciaires, tout au moins ceux qui voient ce blog d’un mauvais œil.

Mais depuis « l’affaire Zythom« ,
je dois dire également que je me sens plus libre d’exprimer ce que je
pense, dès lors que je n’enfreins aucune loi de la République. Enfin, du
fait que je n’appartiens activement à aucun réseau d’experts
judiciaires, je dois rappeler que mes écrits ne reflètent que ma seule
opinion, et non celle de l’ensemble des experts judiciaires.

Je peux donc dire que l’article est excellent et qu’il me sert d’excuse pour un petit rappel sur le sujet.

Les experts peuvent se tromper pour de multiples raisons.

Dans mon billet sur la femme sans visage, je relate une enquête policière détruite par des relevés ADN souillés dès l’usine de fabrication. Les affaires Fourré, Dupas, Martin, Bernard, Castro, Goujon sont là pour nous rappeler que les experts judiciaires n’ont pas toujours brillé par leur infaillibilité.

Même les meilleurs d’entre nous doivent se rappeler que la science évolue au cours du temps. L’expert judiciaire Tardieu ne s’était jamais trompé. Il a seulement subi les ignorances de la science.

En matière informatique, avec les formidables avancées techniques où
tout semble possible, les erreurs potentielles sont nombreuses. Il
suffit pour s’en convaincre de lire par exemple les débats sur la loi
Hadopi (je n‘en parle pas ici).

Moi-même, je suis passé pas loin d’une erreur judiciaire

Les experts se trompent parfois, mais il y a plusieurs parades à cela.
Contre expertise, collège d’experts et bien entendu les
experts-conseils.

Je parle assez peu (pour l’instant) de mon activité d’expert-conseil sur
ce blog et pour cause, je consacre actuellement toutes mes forces à
l’expertise judiciaire classique. Mais il m’arrive d’être contacté par
un avocat qui souhaite être conseillé sur un dossier par un expert
technique. On parle alors d’expertise privée.

Je l’aide alors à analyser un pré-rapport d’expertise « du point de vue
technique », à rédiger des dires techniques en pointant ce qui m’apparaît
comme des imprécisions techniques (ou des erreurs). Ou alors je
l’assiste comme « expert privé » lors d’une procédure d’expertise menée
par un expert judiciaire.

Et pour éviter toute suspicion d’entente avec un confrère, je n’accepte que des dossiers situés hors de ma Cour d’Appel.

Mais tout cela coûte de l’argent (malgré mes honoraires très bas – pub)
et est difficilement supportable par le citoyen lambda. Encore moins par
le budget de la justice. Même dans mon cas où je travaille uniquement à
distance par échanges GPG pour éviter les frais et honoraires de
déplacements.

Enfin, je voudrais rappeler que dans toute affaire terminée par une
condamnation erronée, l’un des acteurs, à un moment quelconque, a
enfreint une règle essentielle de sa délicate mission. Et directement ou
non, l’erreur est née de cette faute. Par penchant, plus souvent par
imprudence, langueur d’esprit, désir d’arriver à un résultat ou crainte
de laisser un crime impuni, quelqu’un a pris parti contre le prévenu.
Dès lors, il l’a tenu coupable. Il n’a pas conçu la possibilité de son
innocence, et, pour découvrir la vérité, il a cru qu’il suffisait de
chercher des preuves de culpabilité. Les meilleurs s’y laissent aller.
Ils croient bien faire, et préparent « des condamnations plus crimineuses
que le crime » [Montaigne, Essais, livre III, chap.XII].

C’est terrible à dire, mais la justice est humaine, et la science aussi.

Le dernier maillon…

Cette année 2013 a jusque là été plutôt chargée, tant du point de vue professionnel, que du point de vue des expertises judiciaires ou de la préparation de la campagne des élections municipales… C’est aussi une bien belle année du côté privé, avec par exemple l’arrivée des 50 ans et la fête que mes amis viennent de m’offrir 😉

Dans les semaines qui viennent, je vais essayer de profiter de ma petite famille. Je vais donc délaisser un peu ce blog. Mais je sais que vous avez de la lecture avec la parution récente du tome 4, qui permet aux retardataires d’avoir une lecture ciblée de billets sélectionnés. Je remercie au passage tous ceux qui ont acheté ou téléchargé les différents tomes du blog. Cela me fait plaisir de voir que ce modeste blog perso suscite un tel intérêt.

Du coup, je vous ai programmé
quelques billets qui sont des rediffusions d’anciens billets du blog
auxquels je souhaite donner une seconde chance, en général parce qu’ils
ont une place particulière dans mon cœur. Pour repérer rapidement ces
rediffusions, je commencerai toujours les billets par « Dans le cadre des
rediffusions estivales » 😉

Dans le cadre des rediffusions estivales, le billet du jour, publié en août 2009, raconte une anecdote judiciaire où j’ai voulu mettre en avant le rôle des petites mains qui forment souvent le cœur des entreprises. C’est un billet pour lequel j’ai une certaine tendresse.

Bonne (re)lecture.

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Elle venait d’entrer dans la salle, impressionnée par tant de personnes.

La réunion durait depuis plusieurs heures, j’avais écouté toutes les
explications fournies par les parties, et je ne comprenais toujours pas
pourquoi les deux entreprises en étaient arrivées là.

J’avais surtout compris que le support informatique effectué par la
société de service ne s’était pas déroulé correctement et que les deux
entreprises étaient maintenant au bord du gouffre, l’une parce qu’elle
avait perdu toute ses données et l’autre son plus gros client.

Mais après avoir écouté, dans l’ordre de bienséance hiérarchique, les
grands patrons, puis les avocats, les chefs de service et les chefs de
projet, je ne comprenais pas ce qui avait fait tout capoter.

On me parlait de milliers d’euros de pertes par jour, de licenciements,
de dépôt de bilan. Et moi, je ramenais toujours les débats sur le
terrain de l’expertise judiciaire en informatique,
rappelant que mes missions n’incluaient pas l’analyse comptable et
financière de la situation, mais la recherche des causes techniques
(exclusivement).

Bon, j’avais compris dès le début de la réunion que les rapports humains
s’étaient vite envenimés dans cette affaire qui aurait peut-être pu se
régler plus simplement et plus rapidement si les deux parties avaient
usées d’un peu plus de diplomatie…

Enfin quoi, un serveur ne tombe pas en panne en même temps que son
système de sauvegarde: disques durs en miroir (RAID1), sauvegardes
quotidiennes complètes avec rotation sur trois bandes, archivage d’une
bande chaque semaine hors site.

La société de service me décrit un système de sécurité des données
infaillibles, et un suivi des procédures avec traçabilité, etc. « Nous
sommes certifiés ISO machin, vous comprenez, notre société est au
dessus de tout soupçon, nous n’employons que des personnes compétentes,
suivant des formations régulièrement, nous avons mis en place un système
de télésurveillance avec prise de contrôle à distance qui nous permet
de faire des interventions en un temps record…
 » m’a expliqué de long en large le patron de la SSII.

« Nous payons très cher un service support qui n’a pas été capable d’empêcher ce désastre… »
Me dit le patron de l’entreprise, entre deux invectives, au milieu de
reproches divers sans rapport avec l’affaire qui nous concerne.

Nous avions passé en revu l’accès distant du support via internet, les
fiches ISO machin d’intervention des techniciens, les rapports, les
dossiers techniques, les courriers recommandés.

Moi, je voulais voir la personne qui avait appelé le support…

Elle venait d’entrer dans la salle, impressionnée par tant de personnes.

Je lui pose les questions d’usage: prénom, nom et intitulé de la
fonction au sein de l’entreprise. Dans un silence à la tension palpable,
elle me raconte sa version de cette journée noire.

Elle: « Comme d’habitude, avant de
partir déjeuner, j’ai mis la bande dans le serveur et lancé la
sauvegarde. Je sais que c’est une opération importante alors je la fais
toujours avec précautions. Mon chef m’a dit que les bandes étaient très
chères.
 »

Moi: « Comment saviez-vous que c’était la bonne bande à placer dans le boîtier? »

Elle: « Les bandes sont numérotées et je dois mettre la bande correspondant au numéro du jour. »

Moi: « Pouvez-vous préciser? J’avais cru comprendre qu’il n’y avait que trois bandes. »

Elle: « Oui, mais la bande numéro 3 a
été mise de côté par le comptable après la clôture des comptes. Il m’a
dit de mettre la bande numéro 1 les jours impairs et la bande numéro 2
les jours pairs. J’ai trouvé cela astucieux, car avant, je devais à
chaque fois noter dans un cahier le numéro de la bande utilisée.
 »

Moi: « Montrez-moi ce cahier, s’il vous plaît. Donc depuis huit mois les
sauvegardes ne se faisaient que sur deux bandes. Pouvez-vous me dire ce
qui c’est passé à votre retour de pause déjeuner? »

Elle: « Les assistants m’ont appelé
pour me dire que leurs terminaux ne fonctionnaient plus et pour me
demander de redémarrer le serveur. J’y suis allé et j’ai vu que l’écran
était tout bleu avec des inscriptions que je n’ai pas comprises. Avant
de redémarrer le serveur, j’ai appelé le support. Le technicien m’a dit
que cela arrivait de temps en temps et qu’il fallait que je redémarre le
serveur. Je lui ai dit que la sauvegarde ne s’était pas terminée
correctement. Il m’a dit de la relancer.
 »

Moi: « Vous avez utilisé la même bande? »

Elle: « Oui. C’est d’ailleurs ce que
m’a demandé le technicien lorsque je l’ai rappelé une heure plus tard
pour lui dire que de nouveau plus rien ne fonctionnait et que la
sauvegarde s’était encore mal terminée. Il m’a alors indiqué que la
bande devait être défectueuse et que c’est ça qui devait « planter » le
serveur. Il m’a alors recommandé d’utiliser une autre bande. C’est pour
cela que j’ai mis la bande n°2 alors que ce n’était pas le bon jour.
 »

Moi: « Vous n’avez pas de bandes neuves? »

Elle: « On ne m’en a pas donné et j’ai cru que c’était parce qu’elles coûtaient cher. »

Moi: « Mais, quand votre chef vous a dit qu’elles avaient de la valeur,
ne voulait-il pas dire cela à cause des données qui étaient stockées
dessus? »

Elle: « Ce n’est pas ce que j’ai compris. On m’a dit qu’elles étaient chères… »

Moi: « Mais en mettant la deuxième bande, ne vous êtes-vous pas dit que
si elle venait également à être effacée, il n’y aurait plus de
sauvegarde? »

Elle: « Non, je n’ai fait que suivre les indications du support… »

Je l’ai regardé sortir de la salle et j’ai eu une pensée émue pour les
gens qui sont les derniers maillons de la chaîne de commandement, les
petites mains. Ce sont souvent elles qui ont les plus grandes
responsabilités in fine.

Mais je n’ai pas oublié l’ensemble des décideurs:

– un disque dur en miroir sans remontée d’alertes et sans surveillance.
Résultat: depuis plusieurs mois, l’un des deux disques était en panne.
Il ne restait plus qu’à attendre la panne du deuxième, ce qui venait
d’arriver pendant le stress généré par la sauvegarde.

– une mauvaise formation des employés concernant le système de
sauvegarde (et le coût des bandes en regard du coût de la perte des
données). Ils n’avaient pas conscience que lorsqu’une sauvegarde
démarre, elle écrase les données précédentes. Si elle est interrompue
brutalement, la bande est inexploitable. Deux bandes inexploitables à
cause d’un disque en train de tomber en panne et toutes les données sont
perdues…

– une prise de contrôle à distance inopérante en cas d’écran bleu qui aurait du déclencher la venue en urgence d’un technicien.

– la décision du support de sacrifier une deuxième bande de sauvegarde
sans s’être renseigné sur l’existence d’une autre bande de sauvegarde récente et en état.

– la décision de retirer une bande du jeu de trois sans prévenir le
support, surtout quand cela annule la sauvegarde hebdomadaire avec
déport hors site.

– l’absence totale d’exercice de restauration de données et de tests des bandes utilisées.

– la situation de quasi abandon du serveur du point de vue physique avec
traces de serpillière sur la carcasse posée à même le sol et sur la
multiprise parafoudre…

Il y avait beaucoup de choses à dire sur le respect de l’état de l’art
par les deux entreprises. Il y a de nombreuses fois où je n’envie pas le
juge qui doit trancher. Je me contente de rester un simple technicien
de l’informatique.

Mais j’ai encore aujourd’hui une pensée pour le dernier maillon de la
chaîne, celui à qui on dit d’appuyer sur le bouton et qui fait tout
exploser…

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Source image xkcd

Les innocents

Lorsqu’un enquêteur me confie un scellé, celui-ci est bien entendu accompagné d’une mission, comme par exemple : « fournir tous les éléments en rapport avec les faits ». Ce type de mission présente une particularité redoutable : il est impossible de prévoir le temps que l’on va mettre pour analyser le contenu du scellé…

Prenons un exemple. Je suis contacté par téléphone par un enquêteur, en général un gendarme ou un policier. Celui-ci évoque quelques éléments de son dossier en rapport avec la mission qu’il compte me confier. Souvent l’enquêteur me demande conseil sur la rédaction exacte de la mission, pour ne pas faire de bourde (exemple de bourde : « imprimer sur papier toutes les images retrouvées ». Je DOIS effectuer la mission, même s’il y a 20 000 images !).

L’enquêteur aime également être précis sur les termes techniques qu’il va utiliser pour décrire la mission, surtout dans un domaine qu’il ne maîtrise pas forcément. Encore que dans le domaine de l’informatique, gendarmes, policiers et magistrats ont énormément progressé ces dernières années. Je trouve de moins en moins de scellés sans disque dur… Et de plus en plus de scellés avec leurs périphériques USB !

Mais je n’arrive quasiment jamais à avoir une réponse à cette question simple : quelle est la taille du ou des disques durs.

Prenons un exemple plus précis : l’enquêteur m’explique que le propriétaire de l’ordinateur est soupçonné d’échanger des images pédopornographiques. Son ordinateur a été placé sous scellé et ma mission, si je l’accepte, est la suivante (vous remarquerez qu’en fait, il y a plusieurs missions):

– réceptionner le scellé et le briser

– faire une copie des données numériques présentes sur les disques durs présents dans le scellé

– rechercher toutes traces d’images pédopornographiques

– rechercher tous les échanges effectués en rapport avec ces images (emails, sites internet, chat, etc.)

– fournir tous les éléments en rapport avec les faits

– placer sur cédérom ou dvd tous les éléments trouvés, en deux exemplaires

– reconstituer le scellé et rédiger un rapport.

En général, l’enquêteur arrive assez vite sur ce qu’il a en tête depuis le début de la conversation : « acceptez-vous la mission ? ».

A ce stade, j’essaye d’en savoir un peu plus : système d’exploitation, taille des disques durs… En général sans succès. J’essaye aussi de négocier la livraison du scellé à mon domicile (souvent possible, mais de moins en moins).

Mais avant tout cela, il me faut accepter la mission et établir un devis, qui doit aussi être accepté par le magistrat qui supervise l’enquête pour que l’expertise démarre. Autant vous dire que le devis est parfaitement pifométrique au nez doigt mouillé. Dans l’affaire qui m’intéresse, j’ai estimé l’analyse à environ 20 heures de travail, parce que je suis un grand naïf et que je me refuse à établir des devis plus réalistes…

Après prise de rendez-vous et dépôt d’une demi-journée de congés payés, le jour J, à l’heure H prévue, l’enquêteur est à ma porte, avec le scellé. Il vérifie mon identité avec un lecteur d’empreinte rétinienne en me demandant mon nom, et je signe les papiers d’acceptation de mission et de réception du scellé.

Il ne me reste plus qu’à jeter le scellé sur un mur pour le briser, et ma première mission est terminée. Je plaisante. J’ouvre le scellé en coupant le cordon de l’étiquette jaunie par le temps (ce type d’étique date probablement du milieu du siècle dernier) attachée subtilement autour de l’ordinateur. Sache, jeune padawan enquêteur, que je m’amuse beaucoup à essayer d’accéder à l’ordinateur SANS briser le scellé. Seul un Chevalier Jedi sait emmailloter correctement un scellé pour que PERSONNE ne puisse l’ouvrir sans le briser.

On s’amuse comme on peut.

C’est à ce moment-là, dans l’affaire en question, que je me suis rendu compte que le scellé contenait un disque dur de 3 To…

Bien bien bien. Je m’équipe comme il faut d’un nouveau NAS pour absorber l’image du disque dur, plus toutes les données extraites. Soit environ 6 To. Rien que ce travail là m’a pris un mois. Entre réglages, tests divers, hésitations, mesures de performances, le temps s’écoule très vite le soir et les week-ends (n’oubliez pas que le reste du temps j’ai un vrai métier).

Je procède, la main tremblante, à la copie du disque dur. Tout est fait pour qu’il ne tombe pas en panne à ce moment là : ventilateur, onduleur, encens et divers rites liés à ma foi. La copie a duré 48h pendant lesquelles j’ai très mal dormi.

Voici venu le temps de l’exploration préalable de la copie du disque dur. C’est un moment que j’aime bien : en effet, au cœur des ténèbres, j’aime l’odeur du napalm au petit matin… Je me promène l’air de rien sur le disque dur pour regarder à qui j’ai affaire.

Ce disque dur avait l’air d’appartenir à quelqu’un de normal.

Mince.

Je procède alors à la récupération de toutes les images présentes sur le disque dur, effacées ou non. Me voici à la tête de dizaine de milliers d’images. Pendant des jours (en fait des nuits), je trie, je regarde, je cherche des images pédopornographiques: rien !

Je vérifie la présence de logiciels de chiffrage, de stéganographie. J’étudie en profondeur la base de registre qui garde trace de… tout en fait: clefs et disques durs USB installées et branchés, logiciels installés, supprimés, etc. Rien d’intéressant !

Je lis tous les documents doc, pdf, txt, cvs, odt, le contenu des zip, 7z, rar, etc. Nenio !

Je cherche tous les fichiers de grandes tailles, je vérifie la présence de containers TrueCrypt ou équivalent. Niente !

Je dresse la liste de tous les logiciels de communication présents (il y en a beaucoup) : Skype, Windows Live, Outlook, Firefox, Chrome, Internet Explorer… Pour chacun, je dis bien POUR CHACUN, il me faut étudier leurs traces, les messages échangés, leurs bases de données, souvent chiffrées d’une manière propriétaire.

Je commence par les outils de messagerie : déchiffrage des bases, analyse des échanges. Patiemment, outils après outils, avec l’aide des sites spécialisés en inforensique, avec les outils développés par la communauté, je cherche des échanges entre pédopornographes, des éléments en rapport avec les faits. Nichts !

L’enquêteur m’appelle de temps en temps pour me presser connaître l’état d’avancement de mes investigations. Je le tiens au courant. Si je trouve quelque chose, j’ai sa ligne directe et un forfait illimité.

J’attaque ensuite les historiques de navigation. Entre les différents comptes des utilisateurs de l’ordinateur, et les fichiers effacés, je me suis retrouvé avec 800 000 fichiers à analyser ! Cookies, URL, données des caches… Un confrère m’a orienté vers un logiciel que je ne connaissais pas : NetAnalysis. Test de la version d’essai, achat à mes frais de la licence, attente de la réception du dongle. Une fois le dongle reçu, j’analyse les données, je reconstitue les pages consultées à partir des données en cache, y compris les caches effacés. Un mois passe. Nada !

L’utilisation de l’ordinateur semble normale : du surf sur des sites pornographiques (internet, c’est pour le porno), des photos de famille, des films d’amateur, de la musique, des accès Youtube, le bon coin, Meetic. Rien d’anormal. Dim !

Je suis dans le cas de figure où l’on creuse partout sans savoir ce que l’on cherche réellement comme cadavre, dans une affaire où il n’y a pas de corps… Il faut me rendre à l’évidence, j’ai affaire à un innocent !

Mince.

Enfin.

300 heures de travail, à la recherche de preuves ignobles, la peur au ventre de tomber sur des images immondes, pour finalement me dire que l’ordinateur semble normal. Que son propriétaire est normal. Que ses utilisateurs sont normaux.

Soulagement.

Je n’ai pas pu m’empêcher néanmoins d’avoir un petit pincement au cœur quand j’ai rédigé ma note de frais et honoraires dans laquelle je mentionne 20 heures de travail. Mais j’ai travaillé pour la France, j’ai blanchi un innocent, je dispose de deux NAS performants et d’une clim pour mon bureau, j’ai appris à me servir d’un logiciel efficace acheté à mes frais. J’ai occupé mes soirées et mes week-ends.

Je suis heureux.

Mais ce sont quand même les innocents qui demandent le plus d’efforts.

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Source image MegaPortail.

Tome 4

Après pas mal de rebondissements, le tome 4 du blog est enfin prêt 🙂

Le bébé fait 242 pages et le papa se porte bien…

Vous le trouverez au format papier pour un prix modique chez mon éditeur (cliquez sur le lien). Il agrémentera avec élégance votre bibliothèque, ou fera l’objet d’un cadeau original pour vos parents et vos amis 😉

C’est une autre façon de lire le blog et de le faire partager.

Parce que j’aime l’esprit de partage qui règne sur internet, il est également disponible sans DRM dans les formats suivants (cliquez pour télécharger) :

Pdf (2166 Ko)

Epub (278 Ko)

Fb2 (543 Ko)

Lit (413 Ko)

Lrf (532 Ko)

Mobi (578 Ko)

Papier (242 pages 😉

Bien sûr, les tomes précédents sont encore disponibles, en format papier ou électronique sur la page publications.

Avertissements :

Les habitués du blog le savent, mais cela va mieux en l’écrivant: la
publication des billets de mon blog, sous la forme de livres, est
surtout destinée à ma famille et à mes proches. C’est la raison pour
laquelle j’ai choisi la démarche d’une autopublication. J’ai endossé
tous les métiers amenant à la publication d’un livre, et croyez moi, ces
personnes méritent amplement leurs salaires! Mise en page, corrections,
choix des titres, choix des couvertures, choix du format, choix des
polices de caractère, marketing, numérisation, etc., sont un aperçu des
activités qui amènent à la réalisation d’un livre. Je ne suis pas un
professionnel de ces questions, je vous prie donc de m’excuser si le
résultat n’est pas à la hauteur de la qualité que vous pouviez attendre.
Le fait d’avoir travaillé seul (avec Mme Zythom-mère pour la relecture, merci à
elle), explique aussi le faible prix de la version papier pour un livre
de 242 pages.

Je me dois également, par honnêteté envers les acheteurs du livre, de
dire que les billets en question sont encore en ligne et le resteront.
Les billets sont identiques, à part les adaptations indiquées ci-après.

Le passage d’un billet de blog à une version papier nécessite la
suppression des liens. J’ai donc inséré beaucoup de « notes de bas de
page » pour expliquer ou remplacer les liens d’origine. Dans la version
électronique, j’ai laissé les liens ET les notes de bas de page. Je vous
incite à lire les notes de bas de page le plus souvent possible car j’y
ai glissé quelques explications qui éclaireront les allusions
obscures.

J’espère que ce tome 4 vous plaira. En tout cas, je vous en souhaite une bonne lecture.

Modification de l’article 282 du Code de Procédure Civile

J’ai déjà parlé du décret du 24 décembre 2012 dans ce billet de janvier.

Je voudrais faire un focus sur le paragraphe qu’il a ajouté à l’article 282 du Code de Procédure Civile:

« Le dépôt par l’expert de son rapport est accompagné de sa demande de rémunération, dont il adresse un exemplaire aux parties par tout moyen permettant d’en établir la réception. S’il y a lieu, celles-ci adressent à l’expert et à la juridiction ou, le cas échéant, au juge chargé de contrôler les mesures d’instruction, leurs observations écrites sur cette demande dans un délai de quinze jours à compter de sa réception. »

Cela signifie simplement que le principe du contradictoire est étendu à la taxation.

J’invite donc les confrères qui me lisent, ou les personnes désignées hors liste qui me lisent, à veiller à adresser en recommandé avec avis de réception leur demande de taxation à toutes les parties, et d’adresser au juge taxateur les avis de réception dans les plus brefs délais. A défaut, je juge taxateur ne pourra pas vérifier le respect du contradictoire jusqu’à la taxation, et ne pourra donc pas procéder à la rédaction de l’ordonnance de taxe.

Je profite de ce court billet pour inciter les experts judiciaires non inscrits auprès d’une compagnie pluridisciplinaire d’experts de justice (ce n’est pas obligatoire) à s’en rapprocher. Il s’agit d’association loi 1901 et il en existe normalement une par Cour d’Appel et, outre un bon repas à chaque AG, elles assurent la bonne circulation de ce type d’information, ainsi que de nombreuses formations de qualité.

Elles proposent également en général une très bonne assurance en responsabilité civile. N’oubliez pas que vous êtes responsable de toute erreur faite pendant vos missions d’expertises judiciaires, pouvant parfois entraîner un très fort préjudice financier (exemple: panne d’un disque dur).

Dans mon cas, ma compagnie pluridisciplinaire d’experts de justice a même autorisé l’existence de ce blog lorsqu’il a été attaqué en justice…

Mon principal regret concernant les compagnies est qu’elles n’aient pas encouragé leurs membres à la tenue de blogs sur l’expertise judiciaire. Le monde de l’expertise judiciaire gagnerait à s’ouvrir au monde, pour le bien des experts en période probatoire comme pour le bien du grand public. Cela n’interdit nullement l’entre-nous ou le respect de la confidentialité. Les avocats ont pourtant montré l’exemple, et depuis de très nombreuses années.

Je rappelle que vous êtes ici sur un blog personnel, sur lequel j’exerce cette fantastique liberté d’expression dont nous disposons en France, et que ma parole n’engage que moi: je ne suis le représentant de personne d’autre.

Bons RAR.

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Source dessin: l’excellent G. Mathieu qui a bercé ma jeunesse étudiante.

SSTIC 2013

Je retourne cette année au Symposium sur la Sécurité des Technologies de l’Information et des Communications (SSTIC). L’année dernière, j’y étais invité par les organisateurs à faire une conférence sur l’activité d’expert judiciaire. J’en garde un excellent souvenir et je vous invite à aller relire le compte-rendu que j’avais fait dans ce billet.

Cette année, grâce à Clément T. qui a réussi à m’obtenir une place, j’y vais en simple spectateur, ce qui va me permettre d’apprécier encore plus le haut niveau des conférences et de boire des bières.

J’espère de nouveau croiser des personnes que je suis sur Twitter ou dont je lis scrupuleusement les blogs.

L’année dernière, plusieurs internautes m’avaient avoué APRES les trois jours de conférence, qu’ils n’avaient pas osé venir me serrer la main, par timidité. Le problème, c’est que je suis moi-même assez timide… J’espère sincèrement que cette fois toutes les personnes qui auront envie de venir discuter un peu avec moi le feront, surtout au moment des pauses et des repas, où je me suis senti un peu seul l’année dernière.

Je serai facile à trouver: j’aurai une casquette sur la tête. C’est ridicule, mais je les collectionne…

J’avais aussi malheureusement croisé l’année dernière le chemin d’un imbécile qui s’est fait passé pour un confrère expert judiciaire haineux et qui avait piraté le blog et détruit tous les billets. Je raconte tout cela dans ce billet. Cela a été l’occasion de tester la qualité de mes sauvegardes et de découvrir l’efficacité de l’équipe technique de Blogger, mon hébergeur.

Comme j’aime la sécurité informatique, sans être un spécialiste, je suis heureux de retourner au SSTIC cette année. Mais comme la sécurité est un art et que je suis plutôt un touriste en la matière, je vous préviens quand même que le blog risque encore d’être chahuté dans les trois jours qui viennent 😉

Inch’Allah

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