Je suis

Je suis un homme.

Je suis informaticien.

Je suis responsable informatique et technique dans une école d’ingénieurs.

Je suis expert judiciaire en informatique.

Je suis conseiller municipal dans une commune de 4000 habitants.

Je suis ingénieur en informatique industrielle.

Je suis docteur en intelligence artificielle.

Je suis (un ancien) maître de conférences en informatique et automatique.

Je suis (un ancien) professeur d’informatique en école d’ingénieurs.

En fait, je suis surtout en train de retravailler mon CV.

Mais je suis aussi spéléologue (retraité).

Mais je suis aussi artificier certifié (spécialité microcharges souterraines).

Mais je suis aussi cariste.

Je ne suis pas croyant.

Je ne suis pas militant.

Je ne suis pas engagé.

Je ne suis pas spationaute, ni astronaute, ni cosmonautes, ni yǔhángyuán.

Je suis fan de science fiction (mais pas de fantastique).

Je suis fan de l’exploration spatiale.

Je suis fan de gadgets.

Je suis fan de jeux vidéos.

Je suis copocléphile.

Je suis lécythiophile.

Je suis lampacarbureophile.

Je suis fainéant contrarié.

Je suis angoissé par l’imprévu.

Je suis tourné vers le futur.

Je suis joueur.

Je suis mauvais joueur.

Je suis un frère qui regrette de ne pas téléphoner assez souvent à sa sœur.

Je suis un fils distant qui aime ses parents.

Je suis papa de trois enfants magnifiques (un garçon, deux filles).

Je suis marié avec une femme formidable qui ne veut pas que je parle d’elle sur ce blog.

Je suis surtout très fatigué.

Aussi, ne m’en voulez pas si je délaisse ce blog de temps en temps.

L’ESA m’a tuer

Comme beaucoup de gens, j’ai été nourri dans l’espoir qu’un jour les portes de l’espace seraient un peu plus ouvertes que dans ma jeunesse. J’avais six ans lors du premier pas sur la Lune de Neil Armstrong, et malgré l’heure tardive pour un enfant, je me souviens très bien des images en noir et blanc de la retransmission en direct.

Je pense qu’une des raisons de mon choix pour le métier d’ingénieur vient de l’admiration que j’ai porté à cet homme surnommé Mister Cool par ses collègues pour son sang-froid, son calme et sa capacité à prendre la bonne décision. Tout le monde connait l’anecdote de son rythme cardiaque à 110 p/mn lors du décollage du monstre Saturn V.

Je dois une partie de ma carrière en informatique au docteur Chandra, concepteur de HAL9000, dans la scène du film 2010 où il réactive l’ordinateur. L’intelligence artificielle imaginée alors reste encore à construire, mais la force de cette évocation m’a marqué pendant des années.

Vous l’avez compris, j’ai rêvé d’aller dans l’espace. Jusqu’à proposer même d’y faire un aller simple… Jusqu’à postuler réellement pour devenir astronaute, pour finalement me faire jeter dès la première étape

Cela ne m’a pas empêcher de continuer de rêver.

J’ai donc décider de déposer un dossier pour la mission Mars 500, qui consiste à s’enfermer sur terre pendant 500 jours dans les conditions d’un voyage vers Mars.

J’ai rempli consciencieusement le dossier en ligne sur le site ad hoc.

Et je me suis imaginé démontrant mes capacités fantastiques ouvrant les yeux à des décideurs incrédules forcés de m’envoyer sur une vraie mission spatiale. Damned, mais comment a-t-on failli rater ce candidat?

Jusqu’à cet email:

Dear Mr [Zythom],
Thank you for your interest in the Mars500 programme. Unfortunately your profile does not meet our requirements, we can therefore not consider your application for our programme.
Kind regards,
[Darth Vader], MD, PhD
Directorate of Human Spaceflight (HSF-USL)
European Space Agency

L’ESA m’a tuer.

Mais mes rêves ont la peau dure.

Après tout, Neil Armstrong avait eu le mal des transports dans sa jeunesse.

Et puis, moi, je n’aurais pas cassé l’interrupteur d’allumage du moteur de décollage avec ma combinaison

Mais le temps passe.

Indépendance

Il y a de plus en plus de lecteurs sur ce blog, et je vous remercie, chacun individuellement, de votre passage. Mais je me rends compte que cela m’impressionne un peu. C’est la raison pour laquelle j’écris de moins en moins. En contrepartie, je lis de plus en plus de blogs dont la qualité est bien supérieure à tout ce que j’ai jamais pu écrire ici. Et cela me donne des complexes.

Bien entendu, je ne cherche pas à me comparer aux autres blogs, mais je voudrais relâcher la pression que je me suis mis tout seul et revenir à l’idée initiale d’un blog plus futile et clairement sans prétention.

Indépendance vis à vis des experts:

Je ne suis pas le représentant d’une corporation, d’un groupement ou d’une association. Je n’appartiens pas à un réseau occulte, je n’entretiens pas de relations particulières dans le milieu de l’expertise, je ne suis pas le porte parole d’un mouvement particulier.

Cela me permet d’écouter sagement les doctes personnes et de disconvenir respectueusement si je ne suis pas d’accord.

Je ne suis redevable à personne et travaille en toute indépendance vis à vis de mes confrères. Cela n’empêche pas la courtoisie.

Indépendance vis à vis des magistrats:

Ce blog ne contrevient à aucune règle concernant l’expertise judiciaire. C’est la chambre disciplinaire de la compagnie des experts de justice de ma Cour d’Appel qui l’a décidé.

Je ne tire pas de gloire à être expert judiciaire, même si je suis fier d’être au service de la justice. J’aime travailler pour des magistrats, mais je n’en tire pas de bénéfice personnel. On me paye pour mon travail, je ne suis expert judiciaire que le temps de la durée de la mission confiée par le magistrat, je n’en tire pas de pouvoir particulier, ni de privilège. Je ne suis pas invité aux audiences solennelles des juridictions, et si j’ai eu la chance d’y assister une fois, c’est comme représentant de mon patron, à titre professionnel.

Je ne suis ni fonctionnaire, ni militaire, et je n’ai donc pas de devoir de réserve. Je suis soumis au secret professionnel, comme la plupart des personnes qui travaillent. Je ne peux pas faire état sur ce blog des éléments d’information qui ont été recueillis lors de mes opérations d’expertise et dont la divulgation pourrait porter atteinte à un intérêt légitime. Et c’est parfaitement normal.

Cette indépendance vis à vis des magistrats comporte également un autre volet plus difficile: il ne faut pas chercher à plaire. En effet, la tentation de plaire peut parfois être forte pour l’expert, s’il souhaite être désigné de nouveau. Il faut s’en garder, et rester sur le domaine de la technique et de la science. Il faut savoir dire « gris » quand c’est « gris », même si le magistrat vous demande un avis tranché. Il faut aussi savoir dire « je ne sais pas ».

Il faut admettre de déplaire au risque de ne plus être désigné.

Cela s’adresse aux rapports d’expertise bien entendu, mais également aux à-côtés. C’est-à-dire à ce blog. Si ce blog déplait, et bien tant pis. J’aime à croire que l’on m’a choisi pour mes compétences techniques, pas pour mes opinions, ni ma capacité à être dans le moule.

Indépendance vis à vis du lecteur:

J’ai cité plusieurs fois sur ce blog une adaptation de Michel Eyquem, seigneur de Montaigne: en français, en anglais et en chinois. Je persiste: c’est ici un blog de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dés l’entrée, que je ne m’y suis proposé nulle fin que domestique et privée: je n’y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire: mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis: à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver tous les traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautés empruntées, ou me fusse tendu et bandé en ma meilleure démarche. Je veux qu’on m’y voit en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y liront au vif, mes imperfections et ma forme naïve autant que la révérence publique me l’a permis. Que si j’eusse été parmi ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t’assure que je m’y fusse très volontiers peint tout entier et tout nu. Ainsi, cher Internaute, je suis moi-même la matière de mon blog: ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc.

C’est donc avec un plaisir de fin gourmet que je vous annonce le retour des billets privés, insipides, anodins, frivoles et vains.

Ouvrez les portes

J’ai passé trois années parmi les plus belles de ma jeunesse à souffrir sur les bancs des classes préparatoires aux grandes écoles (Math Sup et Math Spé). Je ne savais pas à l’époque qu’il existait des grandes écoles qui délivraient également le diplôme d’ingénieurs en cinq ans, sans passer par le laminoir intellectuel des classes prépas (je tiens à préciser qu’il existe même des écoles d’ingénieurs en cinq ans sans classes préparatoires intégrées, où les études s’effectuent à un rythme normal sur cinq ans, je le sais parce que j’y travaille!).

Les conditions de travail étaient classiques, avec comme avantage non négligeable sur les parisiens d’avoir un lycée situé au cœur d’un parc arboré de plusieurs hectares.

J’avais choisi d’être interne, pour pouvoir profiter des conditions de travail et de l’émulation du travail en équipe, avec cette solidarité que l’on ne trouve que lorsque l’on vit en groupe sous pression.

L’internat des 1ère années était un grand bâtiment de trois étages, assez vétuste. Au rez-de-chaussée se trouvaient les espaces collectifs (foyers et salle TV), le 1er étage comportait deux salles de 48 lits chacune (soit 96 garçons plus le surveillant), le 2e étage des salles de travail et le 3e étage était réservés aux redoublants de 2e année (surnommés « cubes » ou « 5/2 »).

Un deuxième bâtiment, neuf celui-là, était réservé aux 2e années et comportaient une centaine de chambre individuelle lit+bureau+lavabo.

J’ai des centaines d’anecdotes d’internat, toutes plus dérisoires ou pathétiques mais intenses. Ces années terribles furent aussi des années d’amitiés très fortes qui perdurent encore aujourd’hui.

L’internat était mixte, mais bien entendu à l’époque, les filles étaient logées dans un bâtiment séparé. Malheureusement pour elles, ce bâtiment unique était particulièrement ancien et ne disposait pas d’espaces communs, et en particulier pas de salle de télévision.

Je vous parle d’une époque où internet n’existait pas pour le grand public et où posséder un ordinateur nécessitait de sacrifier un mois de salaire pour une machine de 16Ko de RAM (avec extension à 48Ko en sacrifiant un mois de salaire supplémentaire).

Grands seigneurs, nous acceptions que les filles viennent regarder la télévision dans notre salle commune et leur présence réchauffait nos ardeurs cœurs.

Oui, mais voilà, à 22h, l’internat des filles était fermé à clef! Pas question de laisser les portes ouvertes à je ne sais quelle pression hormonale… Si une fille n’était pas rentrée dans son bâtiment à 22h, elle devait passer la nuit dehors, et s’expliquer avec la surveillante le lendemain.

Alors la résistance s’était organisée: un garçon de confiance proposait aux filles sa chambre individuelle, avec matelas au sol et garantie que personne ne vienne les embêter. La plupart des films se terminaient après 22h, ce qui servait d’excuse pour justifier d’être restée « hors bâtiment des filles » après 22h. Une fille externe qui disposait d’un logement en ville fournissait un alibi en béton pour servir d’accueil virtuel auprès de la surveillante de l’internat des filles (accueil virtuel car trop loin du lycée).

Pendant une année, j’ai été le garçon de confiance qui a hébergé les quelques filles qui ne rentraient pas à 22h pour être enfermées. La grande majorité revenaient d’une séance de cinéma en ville, ou même d’un concert de l’opéra. Quelques unes finissaient de regarder le film télévisé que leur avait recommandé leurs professeurs de Khâgne. Parfois d’une soirée étudiante (que nous appelions un zinzin chez moi dans le Nord).

Pendant cette année, j’ai vu défiler une ou deux fois par semaine mes camarades féminines de combat d’étude. J’ai été à la fois leur Galahad et leur amoureux courtois

Aujourd’hui, les années ont passé, ma jeunesse est partie, et je me dis que les choses ont du sensiblement s’améliorer, et que les filles d’aujourd’hui bénéficient des combats remportés par leurs ainées.

Las, en lisant ce billet de Maitre Veuve Tarquine, je me rends compte que bien des luttes restent à terminer.

Ouvrez aux filles les portes de tous les internats de France!

Une fois pour toutes

Monsieur le Procureur, à la question « Mais pourquoi donc tenez vous ce blog? » je répondrais de la façon suivante:

Je raconte à mes amis et à ma famille, comme tout le monde, lors des repas par exemple, des anecdotes rigolotes sur ma vie, qu’elles soient privées ou professionnelles.

Mais cette mémoire qui est la mienne n’intéresse personne vraiment. C’est la solitude inhérente à la condition humaine.

A mes enfants en particulier, je ne raconte presque rien sur la réalité de mon travail, sur le détail de mes expertises judiciaires ou sur mes activités publiques de conseiller municipal.

Mais j’en écris une partie ici.

Ceci est un journal intime en ligne.
C’est un blog.
C’est un blog de bonne foi.
C’est un monoblog éclectique hétéroclite.
Ce n’est pas un blog sur l’expertise judiciaire.
C’est un blog d’un informaticien expert judiciaire.
Ce sera un jour un blog d’un informaticien ancien expert judiciaire.

Et le jour où je mourrai tragiquement, lorsque mes enfants chercheront à en savoir plus sur ce qu’était leur père, alors ils découvriront ma vie incroyable.

—————————–
Merci à Pfelelep pour cette image spéciale dédicace.

PS: Merci aux 12231 visiteurs des 30 derniers jours.

Etroiture

Cela fait 20 jours que nous explorons une zone d’environ 80 km2 autour de notre camp de base. Nous sommes huit, nous sommes jeunes, nous sommes en Crête.

On devient un jour spéléologue, mais on le reste toute sa vie.

L’expédition de spéléologie est prévue pour durer un mois, ayant obtenu les autorisations nécessaires auprès de la fédération spéléologique de Grèce relativement facilement car cela fait maintenant plusieurs années que mon club vient dans ce coin de Crête.

Nous sommes en pleine montagne, loin, très loin des plages surpeuplées de touristes. Un berger nous a prêté sa bergerie de montagne située près d’un point d’eau. C’est un luxe pour nous de pouvoir dormir au chaud car les nuits sont fraiches à cette altitude.

Depuis le début de notre expédition, nous avons découvert et exploré deux ou trois nouveaux gouffres chaque jour, à des profondeurs comprises entre 10m et 100m. L’entrée de chaque gouffre est répertoriée sur nos cartes qui commencent à ressembler à un beau ciel étoilé.

Deux ans auparavant j’avais participé à la découverte du plus grand gouffre de Grèce de l’époque[1] en effectuant ma 1ère grande première. L’année suivante avait été consacrée à son exploration jusqu’à un siphon que nous avons exploré sur 10m (à 473m sous la surface).

Cette année, nous cherchons à contourner ce siphon pour poursuivre l’exploration.

Et depuis le début de l’expédition, nous tombons sur des impasses. Mais à chaque exploration, nos cœurs battent pendant des heures avec l’espoir de tomber sur une grosse galerie souterraine qui nous emmènerait tel le métro de la Pierre Saint Martin à des centaines de mètres sous terre… Nous cherchons dans le gouffre principal, mais aussi à l’extérieur dans un rayon de 5km.

Ce 20e jour, avec un camarade, nous trouvons à 3h de marche du camp une petite ouverture de 30 cm entre deux rochers qui semble prometteuse. Avec une torche improvisée, je regarde à travers le passage et aperçois une salle obscure.

Nous nous équipons fébrilement en troquant nos chaussures de marche et nos shorts contre des bottes et des combinaisons chaudes par 35°C à l’ombre…

Nous nous faufilons dans la fissure et explorons la salle. Celle-ci fait 20m sur 5m avec un plafond culminant à 4m. Très proche de la surface, elle est sèche et chaude. Mais au fond, l’eau a creusé une petite fissure à la verticale d’un puits que je sonde à la louche en lançant une pierre: plutôt profond!

Problème: la fissure est plutôt franchement étroite.

Pendant une heure, mon ami et moi allons taper avec nos marteaux pour tenter d’élargir un bout de la fissure, tout en étant attaché solidement pour éviter de tomber dans le puits si par hasard un bloc se détachait brutalement.

Finalement, au bout d’une heure, nous pouvons passer la tête à travers la fissure. Et selon l’adage bien connu des spéléologues, si la tête passe, on peut faire passer le corps!

Ayant gagné à la courte paille, j’ai l’honneur de passer le premier. Il me faut un bon quart d’heure pour forcer le passage et me retrouver suspendu dans le vide sur une corde de 30m épaisse comme mon index.

Je commence à descendre tout doucement, en expliquant ce que je vois à mon camarade:

– « c’est beau »…

– « ça brille beaucoup »…

– « il y a un filet d’eau qui court sur la paroi »…

– « le puits s’élargit maintenant sur plus de cinq mètres »…

– « je ne vois toujours pas le fond »…

– « ça y est. Je suis sur le noeud de fin de corde! Toujours pas de fond! »

– « je ne peux pas m’approcher d’une paroi. Je raboute la corde suivante! »

Je n’aime pas trop cet exercice qui consiste à attacher une corde supplémentaire à la corde sur laquelle je me trouve. Il faut en effet réaliser un nœud particulier que mon descendeur ne pourra pas franchir. Il me faudra donc exécuter « un passage de noeud » en plein puits. Toujours sans voir le fond!

– « je suis sur la 2e corde! Je continue! »

– « je suis au fond! Le puits doit faire 60m!! »

– « ça continue! »

– « il y a une galerie de 10m qui donne sur un autre puits!!! »

– « ça souffle fort!! »

Je sonde le puits avec ma frontale électrique: profondeur estimée=20m. Je suis seul, pas question de continuer sans mon équipier. Je remonte.

Sachant que la tête du premier puits est difficile à franchir, je crie à mon équipier que je souhaite d’abord vérifier que je peux ressortir avant qu’il ne me rejoigne.

Je remonte donc le puits de 60m avec mes poignées-bloqueurs et mon bloqueur de pied. Le passage de nœud est plus facile à la remontée.

Arrivé en haut du puits, je regarde la fissure que je dois refranchir à la verticale.

Je vais tout tenter pendant une heure!

Pendant une heure, je vais torturer mon corps pour qu’il repasse cette fissure que j’ai franchie à l’aller! Pendant une heure, je vais sentir la panique monter en moi par vagues successives. Impossible de repasser!

La pesanteur qui m’avait aidé à l’aller me gêne au retour. Le vide de 60m sous moi me sert les tripes et les parois sont trop loin pour que j’y prenne appui. Je suis coincé au plafond du puits!

La gorge serrée par la peur, je demande à mon camarade d’aller chercher du secours.

Avant cela, il me propose une solution alternative: redescendre le puits pour me mettre à l’abri pour qu’il puisse essayer d’élargir la fissure à coups de marteau.

Je redescends et me mets à l’abri dans la galerie. Je baisse la luminosité de la flamme de mon casque à acétylène. Je vérifie que ma lampe de secours électrique fonctionne. Je m’assois sur mon sac pour éviter l’hypothermie car je crains que l’attente ne soit longue.

Je commence à entendre les coups de marteau de mon collègue.

Je commence à entendre le bruit des pierres qui ricochent sur le fond du puits.

Je commence à me calmer.

J’en profite pour topographier les lieux au topofil (mesureur à fil perdu) et au compas/clinomètre Sunnto.

Après une demi-heure de martelage, mon camarade me crie qu’il pense avoir élargi la fissure. Je me déshabille au maximum et me retrouve en sous-combinaison. Je laisse toutes mes affaires dans mon sac accroché en bout de corde.

Je remonte.

Arrivé à la fissure, je me précipite dans le passage. Je me contorsionne pendant quelques minutes. Mon baudrier se coince. Impossible de le débloquer, mes bras sont déjà passés et ma tête aussi. Mon camarade se faufile jusqu’à moi et arrive à me décrocher de l’aspérité. Un dernier effort et me voilà passé. Je suis livide. Lui aussi.

Je remonte la corde avec mon sac au bout. Je le vide à travers l’étroiture car il est trop gros pour passer.

Nous sortons dehors. Il fait nuit. Les autres s’inquiètent mais la consigne est de ne donner l’alerte que le lendemain midi. Nous rentrons à la lueur de nos lampes. Je suis exténué.

Deux jours plus tard, nous repartons à cinq pour explorer la suite du gouffre. Nous n’avons jamais réussi à en retrouver l’entrée.

Heureusement que mon copain n’était pas allé chercher les secours!

Mes mesures topographiques montreront après calculs que j’avais atteint la côte de -80m avec arrêt sur un puits estimé à 20m.

J’ai toujours pensé depuis que la suite de ce gouffre nous aurait conduit vers la rivière souterraine que nous cherchions.

On ne l’a jamais trouvée.

———————-

[1] Les spéléos du groupe Catamaran de Montbéliard ont atteint depuis la profondeur de -1208 mètres au gouffre Gorgothakas, offrant ainsi à la Grèce son premier « moins mille ». Bien au delà des possibilités de mon club d’étudiants.

Crédit image Erdé

En vrac


Un OPJ m’a contacté pour prendre des nouvelles de son dossier déposé chez moi il y a trois semaines. Quand j’écris « prendre des nouvelles », je veux dire en fait « demander si c’est terminé ». J’approche doucement du SEP et je crains que ceci n’entraine cela. Cela signifie clairement que ce dossier est urgent et que mes soirées et week-end à venir vont être plus dures.

—————————-

J’ai mis à jour mes mentions légales suite à un échange d’emails avec un internaute fidèle lecteur qui m’a fait découvrir les mentions légales de Maitre Mô que j’ai aussitôt pillées tellement elles m’ont plu. Original à lire ici.

—————————-

Je teste Windows 7 Pro Fr depuis quinze jours et je trouve cela pas mal. J’ai encore du mal avec quelques anciennes habitudes issues de XP, mais cela devrait se corriger avec le temps. Le mode « virtual windows XP » m’a permis d’installer toutes mes applications incompatibles. En tout cas, j’aurai échappé à Vista… J’ai donc sur mon bureau: un PC sous GNU/Linux (Debian), un PC sous Windows 7, un ultraportable sous Windows XP et un téléphone sous Windows Mobile 6.1 Pro. Cela fait encore 3 contre 1. Reste à effectuer des analyses inforensiques de Windows 7.

—————————-

Malgré tous mes efforts, je ne suis toujours pas payé pour mes expertises depuis deux ans. Cela provient d’un seul tribunal. Pas de chance, c’est celui qui me désigne le plus souvent… Peut-être parce que je suis le seul qui accepte? Je suis sur que non, mais c’est silence radio de ma compagnie des experts. Je me sens un peu seul.

—————————-

Je réfléchis de plus en plus à l’autoentreprenariat pour une activité de conseil technique auprès des avocats en matière d’expertises informatiques. Mon problème est que je ne goute guère aux délices des phrases telles que « régime micro-social (du régime micro-entreprise) avec prélèvement libératoire trimestriel ou mensuel (au choix) calculé sur le chiffre d’affaires« . Et pourtant, il faudrait, car je ne suis pas sur d’être reconduit sur la liste des experts de ma Cour d’Appel.

—————————-

Comme toujours, je teste après tout le monde Twitter. C’est assez difficile pour moi de ne pas sombrer dans le futile. Ce que j’aime, c’est surtout le côté « branchement en direct » sur les pensées des autres, mais j’ai du mal à comprendre ceux qui suivent plus de 100 personnes. Essayez twitter, et vous verrez beaucoup d’histoires de Trickster (j’ai toujours été mauvais en slogans). Et puis, c’est un excellent moteur de recherche

—————————-

Toujours dans la série, « je teste après tout le monde », j’ai reçu pour mon anniversaire le jeu « guitar Hero » pour console Wii. J’avais besoin de renouer avec mon enfant intérieur. C’est réussi, même si j’ai mal à la main gauche. J’ai ainsi pu découvrir l’excellent morceau StillBorn qui tourne en boucle sur mon PC au grand dam de mon entourage. Promis demain j’ai la barbe et les cheveux longs. Pour l’instant, je suis au niveau « facile » avec trois cordes et je bondis dans tous les sens dans la pièce. Que personne ne se moque!

—————————-

C’est tout pour aujourd’hui. J’espère en tout cas ne pas encore trop souffrir du syndrome de l’imposteur et ne pas encore avoir atteint le seuil de Peter: ni papyrophobie, ni classophilie, ni rigor cartis, un peu de papyromanie…

En tout cas, j’y travaille.

De l’influence du gazouillement sur les statistiques

Je ne suis pas souvent à la pointe de la technologie, ou alors c’est plutôt par hasard, comme pour mon premier email de février 1989

Je suis ce que l’on appelle un « suiveur ». J’attends avec patience qu’une technologie soit éprouvée pour me l’approprier. Une sorte de réflexe de radinerie. Par exemple, j’aurais peut-être un iPhone dans un an, quand les prix auront baissé. Pour les blogs, je ne m’y suis vraiment intéressé qu’en septembre 2006.

Vous l’avez compris, bien qu’étant technophile, j’ai toujours été TRES raisonnable:
pas de Bi-bop, mais un Tatoo; pas de pc hardcore gamer à 8000 euros, mais un Dell 9200 de mai 2007; pas de FPS avec de vraies armes, mais une console Woui toute simple…

Bref, tout cela pour dire que j’ai un peu attendu avant d’aller tester Twitter

Comme mes vacances étaient trop courtes, je me suis essayé dès la reprise à ce nouvel outil, bien après les étudiants iraniens. Je dois dire que, contrairement à beaucoup, je n’y excelle pas vraiment, mais je trouve l’outil assez intéressant pour ne pas l’avoir encore abandonné.

Mais surtout, je viens de me prendre un énorme twitt sur mes stats:

La raison? Ce message de Maitre Eolas.

Devant tant de lecteurs qui déboulent, je ne peux dire que « bonjour, et bienvenue! ».

Moi qui ne suis qu’un simple « twit« .

Servir après

J’aime me promener dans les cimetières et lire les inscriptions sur les tombes: dates anciennes, messages d’amour, tombes oubliées, caveaux importants et prétentieux… Les cimetières sont à l’image de nos anciens. Le temps y est arrêté et personne ne s’y bouscule en courant après un stress mérité. Il y a des fleurs, assez peu d’ordinateurs et aucune inscription du type « à ma liaison ADSL défunte », ou « A notre expert chéri, ses clients adorés ». Cela permet de relativiser.

Pourtant, je ne veux pas finir dans un cimetière. Je ne veux ni tombe ni d’urne. Je veux que mon corps finisse en servant à quelque chose. Tous les bouts qui peuvent y être prélevés pour une greffe ou pour une étude quelconque.

Ensuite, je veux être incinéré et dispersé (en toute discrétion) dans une forêt domaniale quelconque pour servir d’engrais à quelques arbres et champignons.

Cela évitera d’encombrer les cimetières avec des monuments inutiles et onéreux.

Je préfèrerais que pour chaque mort soit planté un arbre, dans un endroit que l’on appellerait – disons – une forêt commune. Tout le monde s’appliquerait à entretenir les arbres familiaux et respecteraient ceux des autres.

A bien y réfléchir, je ne vois que des avantages à cette solution.

L’inconnue du bus

Après ma formation militaire initiale en Allemagne (j’y reviendrai un jour), j’ai fait mon service militaire à Paris. Scientifique du contingent au Service Technique Electronique et Informatique du Fort d’Issy-les-Moulineaux, j’étais logé en toute logique militaire à la caserne Mortier, située à l’extrémité opposée de Paris. Il me fallait donc prendre les transports en commun et traverser Paris pour rejoindre mon lieu de lecture travail.

J’ai ainsi découvert, à ma grande surprise, les plaisirs du bus lors de ma traversée de Paris matinale: silence ensommeillé des voyageurs habitués, absence des touristes aux exclamations inopportunes, paysages magnifiques du Paris qui s’éveille.

Je regardais par la fenêtre légèrement embuée quand j’aperçus une jeune fille qui venait de descendre de mon bus. Elle était belle, grande et mince, de minijupe vêtue. Seule sur le trottoir, elle ignorait avec superbe les gestes désespérés que je faisais dans ma tête de célibataire.

Le bus repartait, et alors qu’elle nous tournait le dos, elle a eu ce geste très féminin de réajustement de ses DIM Up.

Je garde encore le souvenir futile de cette image fugitive de ce geste sexy et anodin d’une jeune femme à la descente d’un bus. ddddd.

Elle éclaira sans le savoir quelques instants de ma grisaille matinale.

Elle restera éternellement jeune et jolie dans mon esprit.

Elle est pourtant peut-être grand-mère aujourd’hui…