Je ferme mon descendeur et vérifie que la corde y est engagée correctement.
Un coup d’œil sur l’amarrage principal, un sourire à mon chef d’équipe et hop, je glisse accompagné du bruit de la cascade dans ce puits noir que ma lampe à acétylène éclaire à peine.
Aucun être humain n’est jamais venu contempler ce spectacle magnifique.
Je suis le premier!
C’est ce que l’on appelle « une première » en langage spéléo.
Par un lancer de pierres, nous avons estimé la profondeur de ce puits à 100m. Nous sommes déjà à 200m sous la surface de la Crète (Grèce). Ce gouffre est notre découverte. Nous sommes surexcités.
Notre camp de base compte dix personnes. Dix étudiants passionnés qui consacrent un mois de leurs vacances à prospecter dans les montagnes crétoises, loin des touristes du bord de mer. Nous préparons cette expédition depuis six mois. C’est notre troisième venue dans cette zone et l’année précédente avait été riche en découvertes: 40 gouffres dont 6 dépassants les 100m de profondeur. Des centaines d’heures d’exploration dans ces cimes des profondeurs inexplorées.
Je bloque la corde sur mon descendeur. La cascade se rapproche dangereusement. J’allume ma lampe électrique en complément de ma lampe acétylène. C’est toujours très désagréable de se retrouver dans le noir quand une goutte d’eau vient éteindre la flamme. Je vérifie que ma corde est bien dégagée de toute arête coupante au dessus de moi. Puis je baisse la tête pour scruter les ténèbres. Tout est noir.
J’ai dans mon sac 120m de corde que je déroule au fur et à mesure de ma descente. J’espère que cela suffira. Je n’aime pas faire un « passage de nœud » en plein vide, lorsque la première corde est trop courte.
Depuis trois heures que nous continuons l’exploration de ce gouffre, c’est la première fois que mon chef d’équipe me laisse passer en tête. C’est ma 1ère première!
Je remonte le col de ma combinaison étanche. Les deux pieds sur la paroi, à angle droit, je reprends ma descente. Le bruit de l’eau s’intensifie. Je crie à mon compagnon d’exploration ce que je vois. Je sais qu’il est impatient de savoir s’il y a une suite… Entre nous règne une confiance absolue. Je sais qu’il ne bougera pas tant que je ne suis pas à l’abri quelque part au fond, de peur de faire tomber une pierre assassine. Nous avons bien dégagé le haut du puits, mais un accident est si vite arrivé.
Justement, mon rôle de « premier de cordée » est de dégager la paroi de toutes les pierres dangereuses avant de déployer la corde. Je fais le ménage dans un bruit infernal de chutes de pierres qui, malgré la cascade, parvient aux oreilles inquiètes des suivants qui attendent mon signal pour descendre. Je resserre la sangle de mon casque. Il peut résister à un choc d’une tonne. Moi pas…
Mes pieds touchent le sol. Je vérifie que je ne suis pas sur une corniche, puis détache la corde de mon descendeur et me mets à l’abri derrière un pli de la paroi. Le chef d’équipe me rejoint en déroulant le « fil topo »: 90m. Nous sommes à -290m sous terre. Pas mal ! Je note les mesures topographiques sur mon carnet en faisant quelques croquis des lieux. Les autres nous rejoignent avec la même question dans les yeux : « est-ce que cela continue? ». Nous suivons l’eau qui s’engouffre dans un conduit. Ca passe. Ca continue! Je laisse ma place de premier à un autre. Nos yeux sont pleins de tout ce spectacle. Garçons et filles unies dans une même communion. Nos regards brillent.
PS : Nous avons découverts ce gouffre quelques jours avant la fin de l’expédition. Nous nous arrêterons sur manque de cordes face à un puits dont la dimension alimentera nos rêves durant toute une année. Lors de l’expédition suivante, nous buterons à -403m sur un siphon que notre plongeur explorera sur 10m de profondeur: -413m, record de Grèce de profondeur. Il tiendra 5 ans.
Je croise encore dans mes montagnes quelques pratiquants de ce sport que certains qualifient de sale. Il n’y a pas d’âge pour pratiquer la spéléologie. Cela me manque.
330 pédophiles arrêtés ce matin dans 78 départements, vous allez avoir du boulot M. zythom
mais il est dit que la gendarmerie a trouvé 1 million 400 000 photos.
vont ils quand même vous demander votre aide ou les gendarmes ont ils déjà tout fouillé ?
Le pauvre OPJ qui a la charge de ce type d’analyse dans mon département est déjà complètement débordé en temps normal.
Je crains donc d’avoir quelques ordinateurs supplémentaires à analyser dans les semaines qui viennent…
C’est ce que l’on appelle « une première » en langage spéléo.
« Une première », c’est quand vous découvrez un lieu où la main de l’homme n’a jamais mis les pieds.