Monoblogue éclectique hétéroclite

“Chao” me laisse un commentaire sur le billet précédent qui m’interpelle:

je m’écarterais de l’essence même de ce blog.

Son commentaire m’intéresse en ce qu’il contient une question simple: quelle est l’essence de ce blog?

Lorsque j’ai commencé ce blog, je voulais comprendre pourquoi ma fille aînée souhaitait ouvrir un “skyblog”.

J’ai ensuite découvert quelques blogs qui m’ont intéressé.

J’ai écris quelques billets “bidons” sur des sujets simples, j’ai voulu partager les histoires drôles qui me plaisaient, les citations que je trouvais particulièrement justes…

Puis, dans l’idée que je me suis fait d’un blog, je me suis mis à parler de ce que je connaissais le mieux: mes activités personnelles et professionnelles.

J’étais sur de n’avoir aucune audience, car dans mon entourage, lors des réunions de famille, cela n’intéresse personne:

– soit les anecdotes sont archi connues, parce que ça fait dix fois que je les raconte (au moins pour mes proches, car ils sont toujours là quand je les raconte à une nouvelle personne);

– soit les sujets sont tabous (pédophilie, meurtre, décapitations à la machette), pas toujours facile à placer dans la conversation. Au fait, hier soir j’ai vu sur un scellé la vidéo d’un enfant qui se faisait massacrer à coup de machette… Tiens, passe moi le sel.

– soit la matière est un peu trop geek (franchement, personne autour de moi ne trouve vraiment passionnante la découverte d’un mot de passe dans le fichier /var/vm/sleepimage sur un powerbook, alors que tout le reste est crypté, et pourtant…);

– soit le thème gonfle tout le monde, comme la spéléo, parce qu’il faut la pratiquer, pas en parler;

– soit parce que cela ne fait rêver que moi (Espace, frontière de l’infini).

Et là, curieusement, sur ce blog, cela intéresse quelques personnes.

Alors je me suis laissé aller à me raconter. Et j’ai très vite compris ce qui intéressait les visiteurs: les anecdotes d’expertises judiciaires.

Problème: comment raconter ce qui n’est pas racontable, du fait de la discrétion à laquelle est tenue un expert judiciaire?

Et bien, si vous lisez bien ce blog, et que vous aimez particulièrement la rubrique “Anecdotes d’expertises“, vous pouvez constater que je ne raconte que des détails, des surprises, des points techniques, en modifiant les dates, les lieux, les sexes… pour rester en phase avec la déontologie des experts judiciaires, et en règle avec la loi. Mais j’ai à peine vingt ans et quelques… et mon stock d’anecdotes présentables s’amenuise. Et je ne vais quand même pas en inventer!

Alors j’alterne entre vie privée, vie professionnelle et activité expertale.

Je me raconte en un long monologue…

Je monoblogue.

Tiens, justement, les commentaires: tous les jours, matin, midi et soir, je me précipite sur mon ordinateur (c’est une expression, car en fait je suis toujours assis devant un ordinateur, sauf en voiture où il est à ma ceinture) pour voir si j’ai des commentaires.

Seulement voilà, je NE VEUX PAS que les commentaires soient libres, avec modération a posteriori. Et ça, j’ai bien conscience que cela empêche la communication, le débat.

Pourquoi un tel souhait?

– J’ai une vraie phobie de la connerie humaine.

Ceux qui travaillent dans un service informatique comprendront…

– Etre expert judiciaire, cela vous range dans une catégorie que beaucoup de Trolls considèrent comme l’ennemi à abattre. Il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un ne m’explique qu’il est un grand malade pédophile mais que je peux toujours lui courir après car son commentaire a transité par 200 serveurs proxy cryptés, même que la clef elle fait 4096 bits…

J’ai horreur des mythos. Le simple fait d’en parler va les attirer encore plus!

Cela fait une tâche sur mon blog. Et je suis une vache sans tâche (ceux qui ont des enfants comprendront).

– Je veux pouvoir contrôler ce qui est publié ici et ce qui ne le sera pas.

Finalement, je me suis même demandé s’il n’aurait pas été moins frustrant pour l’internaute de ne pas pouvoir déposer de commentaires. Mais ce serait se priver d’une partie de ce qui fait le charme des blogs.

Alors je continue de monobloguer sur ce qui me passionne, même hors du domaine des expertises. Ouf diront certains, dommage dira “Chao”, mais c’est comme cela.

Si vous voulez seulement lire les billet traitant des anecdotes d’expertises, oui, c’est possible! Le format pour les flux de rubriques est le suivant:

https://zythom.fr/feeds/posts/default/-/nomdelarubrique

Dans le cas des anecdotes d’expertise, c’est “Anecdotes%20expertises”. Et n’oubliez pas le trait d’union (“-“) dans l’URL. Ce n’est pas une coquille!

Mais vous n’aurez pas les futurs billets sur la beauté des maths, sur la rétropropagation au sein des réseaux de neurones, ni ceux sur ma prochaine participation aux élections municipales.

Et je vous assure, vous allez rater quelque chose!

8 réflexions sur « Monoblogue éclectique hétéroclite »

  1. Je te paris ma 8600GT que l’un de tes mythomanes va te sortir un lien pédopornographique, rien que pour te faire chier.

    Remarque je viens juste de voir un peu ce que faisait google-analytics. Peut-etre que l’un des moyens de savoir si tu es lut par la lie de la société, l’ennemie a abattre, c’est peut etre de regarder dans tes referers.

  2. Personnellement, je pense que l’essence d’un blog, c’est son auteur. C’est certes un peu égocentrique comme vision, mais je ne crois pas qu’un auteur doive se retenir de bloguer sur un sujet qui l’inspire sous prétexte que ça “s’éloigne de l’essence de [son] blog”.

    Se retenir, c’est un peu comme vouloir poster tous les jours, à la fin, ça donne un contenu dénué de sens, et les lecteurs ne s’y retrouvent plus.

    Mes 0,02EUR du matin…

  3. A Zythom : Bravo. J’approuve. Chacun est roi en son blog. Pour ma part, je garde le fil RSS “Tout Zythom”, et je me délecte des futurs billets.

    A Esurnir : je sais qu’écrire un commentaire conduit à des raccourcis de la pensée et à préférer l’hyperbole à toute autre forme d’expression. Il demeure : les mots sont violents. Lie de la société, ennemi à abattre.

    Je ne puis parler au nom de Zythom, mais je ne pense pas qu’il me démentira quand je dirai que dans l’activité judiciaire, à laquelle il participe comme moi, il n’y a pas de lutte contre un ennemi “à abattre”, qu’il faut considérer comme la lie de la société. La haine est absente du processus judiciaire : c’est pourquoi on l’a préféré à la vengeance privée.

    Les amateurs de vidéos sordides que démasque Zythom sont des êtres humains. Libres, et donc responsables. Ils ont manifestement une pathologie, une anomalie mentale qui les fait éprouver une fascination morbide pour des actes qui devraient provoquer seulement de la répulsion. Cette pathologie n’est pas suffisante pour abolir leur discernement : ils gardent le choix. le choix de ne pas céder à cette pulsion, ou si elle devient lancinante, d’aller consulter. La société où ils vivent leur proposent des professionnels compétents, tenus au secret professionnel et même la prise en charge de ces soins.

    Certains ne font pas ce choix. Ils choisissent de laisser libre cours à leurs pulsions. Pourquoi ? Ho, ils trouvent toujours une justification morale : ce ne sont que des photos, parfois des dessins. Ce ne sont pas eux qui les ont fabriquées, ce n’est pas eux qui ont fait le mal. Ils ne sont que des badauds, en somme, comme ceux qui ralentissent aux abords d’un accident pour regarder.

    Beaucoup d’entre eux ont une famille, parfois même des enfants du même âge que les malheureuses victimes. Et il est très rare qu’il y ait un quelconque passage à l’acte sur leur propre enfant. Mystère de la psyché humaine : même un déséquilibré a des inhibitions salutaires. Un peu comme un homme qui regarderait de la pornographie adulte, mais qui ne tromperait pas sa femme.

    Ce sont des êtres humains. Entièrement. Autant que vous et moi. Quand ils sont identifiés et que les faits sont établis, ils sont poursuivis. Ils sont un avocat qui les défend, qui est écouté avec intérêt et respect par le tribunal. La peine sera fixée en tenant compte de la gravité des faits, de la situation personnelle du délinquant, et comprendra souvent une obligation de soins. Pour la plupart de ces délinquants, il n’y aura pas de récidive. Je vous dis qu’on a des professionnels compétents pour les soins.

    Zythom doit le savoir : ses expertises, longues, coûteuses, difficiles, aboutissent très rarement à de la prison ferme.

    Peu importe, car il ne s’agit pas de débusquer la lie de la société pour l’abattre. Il s’agit de voler au secours, tant des enfants exploités par ces réseaux, que des adultes qui sont dans une pente destructrice d’eux même.

    On ne veut pas abattre, mais sauver.

    Car comme je crois l’avoir lu sur ce blogue : nous sommes humains, et rien de ce qui est humain ne nous est étranger.

  4. J’aime le hors-sujet…
    Les anecdotes d’expertise judiciaire, c’est ce qui nous donne un repère : on est chez Zythom, pas chez Econoclaste. C’est pour ça qu’on vient, au moins au début.
    Les “hors-sujet”, type spéléo, c’est ce qui donne une réalité à l’auteur et ouvre, par accident, de nouveaux horizons, ou crée des liens avec d’autres qui pratiquent le même loisir ou s’y intéressent.
    Les forums spécialisés sur la spéléo, ça n’intéresse que les fans. Les gens qui en parlent au détour d’un thumbcachebidule plein de saloperies, c’est beaucoup plus sympa. C’est comme Harry Potter chez Eolas, c’est même salutaire !
    Un jour j’aurais le courage et la possibilité de mettre moi aussi la tête sous terre, en attendant, je visite par procuration…
    Merci pour tout ça !

  5. bonjour
    Je pense qu’un blog est fait pour s’exprimer il n’y a pas une ligne éditoriale stricte à tenir. L’auteur est libre de ce qu’il publie. Pour ce qui est de commentaires je pense que le filtrage est necessaire: après tout le blog est la vitrine d’un carnet intime, qui voudrait des taches d’encres et des ratures?

  6. En ce qui me concerne, j’ai pris ce blog en cours il y a quelques mois en suivant un lien de chez Sid, (marrant d’ailleurs de voir que les blogueurs que je préfère se retrouvent tous réunis dans ce billet, Zythom, Eolas, et Sid).

    La communauté des informaticiens curieux des choses du droit me semble plus importante que ce que l’on pourrait penser à première vue.

    D’abord, il me plaît de croire que les internautes de la “première heure populaire” ( qui succède à la “première heure militaire”, puis universitaire), celle des années 90, étaient tout simplement férus d’information, et souvent informaticiens. À l’époque, pas de wikipédia, mais pas non plus de pages publicitaires envahissantes et pièges à moteur de recherche gavés de mots-clefs sans contenu intéressant. Il y avait aussi une sur-représentation des scientifiques (physique et maths surtout), qui pouvait répondre à toutes les questions qu’on se posait sur ces domaines à l’époque. Mais il est, en France pour ce que je sais, des phrases que l’on entend : “a-t’il le droit de faire ça ?”, “quelle loi s’applique ?” et “comment ça se passe s’il se fait prendre ?” en font partie, souvent ce type d’interrogations concernent son patron, son ami amateur d’emule, ou bien son Président de la République par exemple.
    Toutes les interrogations que nous avions sur le droit restaient sans réponses à cette époque… révolue.

    Seulement, nous nous trouvons à l’ère de l'[a sur-]information, et les blogs de qualité, avec leurs lignes éditoriales personnelles, apportent une brise sur nos visages de web surfers éblouis par ces milliards de pages inutiles… Et il est, pour moi en tout cas, rafraîchissant de voir ces excellentes histoires sur les erreurs judiciaires du passés, comme il est aussi passionnant de lire une vision différente et personnelle sur un aspect précis de la sécurité informatique, ou une anecdote pétillantes sur la relation, toujours tendue, entre un admin et un utilisateur.

    D’un point de vue encore plus personnel, j’éprouve une certaine fascination pour les systèmes en général: les ensembles en mathématique, les architectures logicielles complexes mais efficace, les réseaux et les protocoles. Pour moi, c’est ce qui peut relier les domaines de l’informatique et du droit. Comprendre, parfois, par quelles exceptions on arrive à faire abstraction des règles d’un système pour arriver à un résultat que ce système voulait éviter. Et je trouve, dommage qu’on n’ait pas, en informatique, d’élément “intelligent” (j’attends avec hâte votre billet sur la rétro-propagation dans les réseaux de neurones), qui puisse dire “ce n’est pas dans l’esprit [de la loi] des règles qui encadrent ce système” (certains éditeurs de sécurité le disent, pour cela, se référer à un excellent billet de Sid 😉 ). Et ce côté “parfait” du droit, qui trouve une réponse à toutes les questions qu’on lui pose, à la fois intéresse et à la fois donne le vertige à ce béotien du droit que je suis.

    À propos des billets sur les erreurs judiciaires, je trouve qu’il est essentiel de se pencher sur ce passé obscur de la justice française, il est souvent utile de se regarder. Une anecdote citée dans un tout autre contexte sur un blog de développeur (traduction approximative) l’explique plutôt bien:
    Un moine transportait, où qu’il aille, un miroir. Un jour, un prêtre qui remarqua cela se dit : “Ce moine doit être si préoccupé par son aspect extérieur qu’il est obligé de transporter un miroir tout le temps. Il ne devrait pas s’occuper de ce qui est à l’extérieur. C’est ce qui est à l’intérieur qui est important.” Alors le prêtre s’approcha du moine et lui demanda : “Pourquoi emportes-tu toujours ce miroir ?”, étant sûr de prouver ainsi sa culpabilité.

    Le moine prit le miroir de son sac et le tendit au prêtre. Puis il dit “je l’utilise en période de trouble. Lorsque je regarde dedans, il me montre à la fois la source de mes problèmes, et à la fois leur solution.”.

    Je suis donc ravi que vous mélangiez les genre, et que cela continue ! Ne cédez donc pas aux “pressionnautes” (Comme les appelle Schneidermann).


    Un blog-reader invétéré

  7. Bonjour

    Votre blog m’est très sympathique : parce qu’au final, vous fonctionnez surtout à la curiosité (et au plaisir qui va avec quand on l’assouvit…).

    Maintenant, je suis frustré, car expert, j’aimerai le devenir, mais je n’ai pas franchi le pas (famille, travail, loisirs, toutes activités chronophages servant de prétextes à ne pas se lancer).

    Faire un blog, en voilà une bonne idée… Pouvoir intéresser des gens à des choses qui semblaient n’intéresser que nous/moi.

    Et pour la vie publique, je dépouillais cet après-midi au bureau de vote le plus proche en pensant à vous !

    Frustré donc, et un peu penaud de ne pas trouver le courage de me décider.

    Continuez, ce blog me remonte le moral, et j’y reviens régulièrement.

    Je dois dire que l’envie de vous connaître dans la vraie vie m’effleure régulièrement…

    Damien

    (ps. je me rassure en me disant que faire construire sa maison comme maître d’oeuvre, faire un 4ème enfant et faire le notaire pour toute la famille c’est déjà pas mal…, mais tout de même, petit arrière goût d’inachevé, Argh !)

  8. Il n’est pas indispensable de publier mon commentaire, peut-être un peu personnel…

    Continuez, j’ai vu que l’idée d’arrêter vous avait effleuré, c’eût été dommage !

    Damien

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