La convocation de la Cour d’Appel

Ce billet est le 2e d’une histoire qui commence avec ce billet.

Mettre ses compétences au service de la Justice, c’est une fierté, mais c’est aussi une source de stress et d’angoisse. Vous n’êtes pas à l’abri d’une erreur ou d’une faute. Je pense n’avoir jamais commis de telles choses.

Et pourtant, voici le courrier que j’ai reçu à mon domicile il y a quelques semaines, en recommandé avec avis de réception:

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Objet: Audition préalable à d’éventuelles poursuites disciplinaires

Monsieur,

Le Premier Président de la Cour d’Appel m’a saisi de faits pouvant justifier contre vous des poursuites disciplinaires.

Afin de recueillir vos explications, je vous remercie de vous présenter le [date] à [heure] à mon bureau, au Palais de Justice [adresse].

Vous trouverez ci-joint copie des articles 24 à 32 du Décret du 23 décembre 2004 relatif à la discipline des experts.

Cette convocation n’est qu’un entretien préalable à l’engagement éventuel de poursuites. En cas de poursuites seulement, les articles 26 et suivants reçoivent application.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleures salutations.

Le magistrat chargé des relations avec les experts.

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Consternation à la maison. Je suis resté stupéfait et comme assommé. Qu’est-ce qui pouvait être à l’origine d’une telle convocation?

Première idée: cela doit avoir un rapport avec ce blog.

Deuxième idée: pas de deuxième idée.

Je relis le courrier à la recherche d’indices: rien.

Nous somme samedi, la Cour d’Appel est fermée, et demain c’est dimanche.

J’ai passé un des plus mauvais week-end depuis longtemps.

Lundi je contacte le greffe de la Cour d’Appel pour aller à la pêche aux informations: rien.

Je ronge donc mon frein en attendant la date de l’audition: dans 10 jours.

10 jours d’attente à me demander ce qui a bien pu justifier une telle convocation. Alors, je rédige un billet qui laisse transpirer mon humeur sombre

Comment positiver quand on est dans le noir.

Je prends un avocat. Le meilleur.

Billet suivant: L’interrogatoire.

L’affaire Zythom – Introduction

Pourquoi n’y a-t-il pas beaucoup de blogs d’experts judiciaires?

Tenir un blog sur lequel un expert raconte des anecdotes sur ses expertises judiciaires est-il contraire à la déontologie?

Depuis la création de ce blog, je me pose ce genre de questions et fais en sorte que mes billets restent dans une limite que je trouve conforme à ce que doit faire un expert judiciaire.

Mais certains experts ne sont pas de cet avis et ont décidé d’attaquer ce blog en justice. L’attaque fut soudaine, brutale et imprécise comme une convocation judiciaire.

Ce fut alors le début d’une longue série de mois d’angoisses, de doutes et de nuits sans sommeil. Avais-je pris la bonne décision en ouvrant ce blog? Un expert judiciaire peut-il tenir un blog? Cela valait-il la peine de risquer d’être radié de la liste des experts judiciaires? Quel impact cela aura-t-il sur ma famille, sur mon travail?

Cette procédure judiciaire à mon encontre m’a tellement angoissé que maintenant qu’elle est terminée, je ressens le besoin de la raconter, d’autant plus que je me suis astreint au silence pendant les moments les plus durs.

Et puisque c’est l’esprit même d’un blog de raconter ce qui nous arrive de marquant en relation avec le thème du blog, a fortiori quand c’est du blog même dont il s’agit, je vais vous raconter cette histoire sous forme de billets, dans une rubrique que j’ai simplement appelée “Affaire Zythom“.

Ce qui me semble également intéressant de partager, c’est que cette affaire m’a, à mon corps défendant, donné une vision différente du monde judiciaire: je suis cette fois à la place de celui qui est jugé, et non plus à celle de celui qui aide à juger.

Les différents magistrats et experts judiciaires qui ont eu à se pencher sur mon cas ont toujours travaillé en parfaits professionnels et, même s’ils n’étaient pas d’accord avec moi, m’ont laissé développer mes arguments pour répondre à la question qui était au cœur des débats “un expert judiciaire peut-il tenir un blog et pour autant respecter la réserve, l’impartialité et la conscience professionnelle imposées par sa fonction d’expert judiciaire?“.

Je vais essayer de tenir le rythme d’un billet tous les deux jours, mais je ne promets rien, tant le stress de ce dossier est encore présent en moi.

Voici le plan que je me propose de suivre:

1) L’affaire Zythom – Introduction (présent billet)

2) La convocation de la Cour d’Appel

3) L’interrogatoire

4) La lettre du Procureur

5) Commission de discipline

6) Décisions de la Compagnie

7) Conclusions provisoires

8) Décision du Procureur [AJOUT du 25/01/2009]

En attendant, je vous propose de relire ce billet que je recycle ici, tant il est l’âme de ce blog:

C’est ici un blog de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dés l’entrée, que je ne m’y suis proposé nulle fin que domestique et privée: je n’y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire: mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein.

Je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis: à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver tous les traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi.

Si c’eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautés empruntées, ou me fusse tendu et bandé en ma meilleure démarche. Je veux qu’on m’y voit en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c’est moi que je peins.

Mes défauts s’y liront au vif, mes imperfections et ma forme naïve autant que la révérence publique me l’a permis. Que si j’eusse été parmi ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t’assure que je m’y fusse très volontiers peint tout entier et tout nu.

Ainsi, cher Internaute, je suis moi-même la matière de mon blog: ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain.

Adieu donc.

Un dernier conseil:

Pour vivre heureux, vivez cachés: n’ouvrez pas de blog.

Billet suivant: La convocation de la Cour d’Appel

Devenir expert judiciaire

Sur la tombe des Gardes Suisses tués par les émeutiers le 20 juin 1792, au Cours-la-reine à Paris, fleurissait un marronnier tous les ans au premier jour du printemps. De la même façon, tous les ans, un article paraissait dans la presse pour relater l’évènement, de faible importance il est vrai, mais attendu par les lecteurs.

L’encyclopédie en ligne Wikipedia nous donne ainsi l’origine du sens du mot “marronnier” en matière de journalisme, ainsi que sa définition: un article d’information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un évènement récurrent et prévisible.

Sans être journaliste, j’ai néanmoins sur ce blog un “marronnier”, qui nécessite chaque année un billet de ma part: le 1er janvier ouvre en effet la période de dépôt des dossiers de candidature pour devenir expert judiciaire, période qui prendra fin le 1er mars de la même année.

Et comme l’un des objectifs de ce blog est de permettre aux meilleurs d’entre vous de se dire “pourquoi pas moi”, voici un billet qui démontre avec brio ma maîtrise consommée de l’art du copier/collé. Les références bibliographiques des pillages effectués sont en bas de billet…

Vous avez toujours rêvé de mettre vos talents au service de la Justice?

Vous vous sentez capable de procéder à l’analyse d’un disque dur, d’une clef USB ou d’un cédérom tout abimé?

Vous n’avez pas peur d’organiser une réunion et de l’animer avec sérénité?

Vous n’avez pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs?

Les mots Warrant, Verus dominus, Usucapion, Urssaf, Quérable, Léonin, Forclusion, Exécution provisoire, Contradictoire ne vous font pas peur et vous vous sentez capable d’apprendre leur définition par coeur?

Vous êtes prêt à accepter un refus poli de votre dossier malgré sa grande qualité?

Vous savez chiffrer les dommages financiers causés par une informatisation partiellement ratée à cause d’un bug non reproductible?

Vous savez trouver un texte du Journal Officiel sans connaître sa date de parution?

Si vous avez répondu “Oui” à toutes ces questions, vous pouvez postuler pour devenir expert judiciaire (mais cela ne suffira pas!).

Commencer par lire attentivement le bon Journal Officiel (celui du 30 décembre 2004) en allant directement au texte 63 intitulé “Décret n°2004-1463 du 23 décembre 2004 relatif aux experts judiciaires”.[Réf_1]

Mais savez-vous ce qu’est un expert judiciaire?

Les experts judiciaires sont des professionnels habilités chargés de donner aux juges un avis technique sur des faits afin d’apporter des éclaircissements sur une affaire. Ce sont des spécialistes de disciplines très variées (médecine, architecture, gemmologie, économie etfinance, etc.).

Leurs avis ne s’imposent pas aux juges qui restent libres.[Réf_2]

Comment devenir expert judiciaire?

Un technicien qui voudrait s’inscrire sur une liste d’experts judiciaires dressée par la cour d’appel doit envoyer une demande sous forme de lettre sur papier libre, précisant les domaines et/ou les spécialités pour lesquels la demande est introduite, ainsi que les rubriques de la liste pour lesquelles il souhaite son inscription.

En annexe à cette lettre doit figurer un curriculum vitae, un extrait du casier judiciaire et une copie certifiée conforme des diplômes présentés à l’appui de la demande, ainsi que les travaux déjà effectués dans les spécialités concernées et toute pièce permettant d’apprécier ses compétences.

Cette demande doit parvenir au procureur de la République près le tribunal de grande instance dans le ressort duquel le candidat exerce son activité professionnelle ou possède sa résidence, avant le 1er mars de chaque année pour les inscriptions à valoir l’année suivante.[Réf_3]

Quelles sont les conditions nécessaires?

Une personne physique ne peut être inscrite ou réinscrite sur une liste d’experts que si elle réunit les conditions suivantes :

1° N’avoir pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs;

2° N’avoir pas été l’auteur de faits ayant donné lieu à une sanction disciplinaire ou administrative de destitution, radiation, révocation, de retrait d’agrément ou d’autorisation;

3° N’avoir pas été frappé de faillite personnelle ou d’une autre sanction en application du titre II du livre VI du code de commerce;

4° Exercer ou avoir exercé pendant un temps suffisant une profession ou une activité en rapport avec sa spécialité;

5° Exercer ou avoir exercé cette profession ou cette activité dans des conditions conférant une qualification suffisante;

6° N’exercer aucune activité incompatible avec l’indépendance nécessaire à l’exercice de missions judiciaires d’expertise;

7° Sous réserve des dispositions de l’article 18, être âgé de moins de soixante-dix ans;

8° Pour les candidats à l’inscription sur une liste dressée par une cour d’appel, dans une rubrique autre que la traduction, exercer son activité professionnelle principale dans le ressort de cette cour ou, pour ceux qui n’exercent plus d’activité professionnelle, y avoir sa résidence.[Réf_4]

Y a-t-il des petits trucs à savoir?

«L’expertise judiciaire n’est pas une profession, c’est une fonction» qu’exercent de façon périodique des professionnels de la matière concernée (médecins, architectes…). «L’expert est un auxiliaire du juge, ce n’est pas un auxiliaire de justice comme l’avocat, qui exerce une profession vraiment judiciaire.»[Réf_5]

L’inscription n’est pas un un diplôme supplémentaire, mais une charge, parfois lourde, voire dangereuse dans certaines expertises en matière criminelle. Les candidats ne doivent pas être déçus ne pas être inscrits dès leur première demande.

Le nombre d’expert retenu tient à des facteurs indépendant des candidats, comme l’évolution du nombre d’expertises, le nombre d’experts dans une discipline, les orientations générales de la Chancellerie ou encore à d’autres facteurs relatifs à l’institution judiciaire. Seuls les magistrats pourraient indiquer quels sont les critères qui tiennent aux candidats eux-mêmes. Au vu des pièces demandées, on peut toutefois estimer que les magistrats examinent la compétence, l’expérience, la notoriété, la disponibilité, l’indépendance et les moyens de remplir les missions que présentent les candidats.

Un conseil : après un refus, ne pas hésiter à représenter sa candidature l’année suivante, surtout si l’on peut faire valoir des éléments nouveaux.[Réf_6]

Un coup de téléphone à sa cour d’appel peut être utile pour savoir s’il faut des documents complémentaires (photos, etc.)

Si votre demande est acceptée, vous serez convoqué pour prêter serment. C’est aussi le bon moment pour contacter une compagnie d’experts pour parler formations, procédures, assurance…

Plus d’informations en cliquant ici (mais il faudra réfléchir).[Réf_7]

Et quand vous aurez enfin votre nom inscrit sur l’une de ces listes, alors le travail ne fera que commencer…

Vous avez deux mois.

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[1] Réf: Zythom.

[2] Réf: Ministère de la Justice.

[3] Réf: Ministère de la Justice

[4] Réf: Décret n°2004-1463 du 23 décembre 2004 relatif aux experts judiciaires, version consolidée au 21 juillet 2007.

[5] Réf: Sénat.

[6] Réf: Paul Vidonne

[7] Réf: Zythom. Je vous l’avais dit: un marronnier!

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Crédit image Aviso.

Les anciens et la vitesse

Je participe à la commission déplacement de ma ville, et à ce titre, je suis amené à réfléchir sur les sens de circulation, les aménagements d’une rue, d’un carrefour, etc.

Lors d’un travail sur une rue toute droite où la vitesse des usagers était un peu trop grande, nous avons décidé de profiter de l’enfouissement des réseaux pour “restructurer” la rue en y plaçant des plateaux ralentisseurs.

Deux réunions de présentation aux riverains ont permis de finaliser le projet et quelques mois plus tard les travaux commencent.

La législation sur les plateaux ralentisseurs imposent de signaler aux usagers que leur vitesse doit être ramenée à 30 km/h avant le plateau, et de signaler juste après celui-ci que la limitation est terminée. Trois plateaux ralentisseurs impliquent dont douze panneaux car la rue est à double sens.

Comme je trouve que cela fait beaucoup pour une seule rue, je propose que la totalité de la rue soit limitée à 30 km/h (cela ferait donc quatre panneaux).

La discussion s’anime, avec les antis et les pros, l’idée principale étant que d’imposer une limite aussi basse, c’est quand même chiant.

Je fais alors remarquer que la rue principale de la commune (qui la traverse de part en part) est limitée à 30 km/h.

Pourquoi pas d’autres rues?

Et là, un ancien de la commune (les commissions sont chez nous ouvertes aux citoyens de base pourvu qu’il en fasse la demande et viennent à toutes les réunions) m’explique l’histoire suivante:

Il y a dix ans, la commune souhaitait que les usagers roulent moins vite lors de la traversée de son centre ville. Après enquête auprès de la maréchaussée, la police a informé les conseillers de l’époque qu’ils ne verbalisaient que si la vitesse était mesurée à plus de 20 km/h d’excès de vitesse. Si l’on voulait que les chauffards soient verbalisés au dessus de 50 km/h, il fallait donc placer des panneaux limitant la vitesse à 30 km/h. CQFD.

Et les panneaux sont restés, mais la police verbalise aujourd’hui à 30,001 km/h…

J’ai bien aimé cette histoire.

Elle est trop bête pour ne pas être vraie.

De coup mon avis a été minoritaire et nous avons décidé de placer douze panneaux pour que les voitures puissent foncer après chacun des trois plateaux ralentisseurs.

Heureusement, on a ensuite parlé pistes cyclables…

Illusoire anonymat

Je reçois beaucoup d’emails me questionnant sur ce sujet, et je me rends compte que ce que je tiens pour évident, du fait de ma profession, ne l’est pas pour tout le monde.

Je tiens ce blog en utilisant le pseudonyme “Zythom”.

Je m’en suis déjà clairement expliqué dans ce billet et dans celui-ci.

Mon anonymat n’est pas celui du dénonciateur anonyme.

Notre Maître à tous explique très bien les raisons de son anonymat. Je n’irai pas le paraphraser…

Aliocha, journaliste anonyme qui tient le blog “La Plume d’Aliocha“, a très bien expliqué l’intérêt des masques pour l’écriture dans son billet “impérieux anonymat“.

Néanmoins, j’ai parfaitement conscience que cet anonymat est tout relatif.

Qui mieux que moi est bien placé pour savoir qu’il suffit d’une demande officielle de la justice pour lever cet anonymat?

Quels sont alors les éléments techniques qui permettent à un expert judiciaire, ou à un officier de police judiciaire, de “remonter” jusqu’à la personne physique? Comment procèdent-ils?

Pour illustrer la démarche, je vais prendre mon propre cas.

En tout premier lieu, en copier/collant Maître Eolas, j’existe. J’ai vérifié ce matin auprès d’experts, médecins, juristes et philosophes, qui m’ont tous confirmé mon existence. Aucun doute n’est plus permis là dessus.

Je blogue principalement depuis la maison, ou depuis mon lieu de travail lors de ma pause repas-saladette. Accessoirement depuis un hôtel ou des amis. Plus rarement depuis un point d’accès Wifi en libre service (un bar, ou un banc public à Paris).

1) Depuis la maison.

J’utilise les services d’une entreprise de télécommunication qui relie mon domicile à Internet via un réseau téléphonique. Autrement dit un fournisseur d’accès internet (FAI). Lorsque je souhaite me connecter à Internet, cette entreprise doit me fournir un numéro qui identifie chaque machine connectée à Internet. Ce numéro s’appelle l’adresse IP. A un instant t, ce numéro est affecté à une machine unique, et le FAI a l’obligation légale de conserver l’historique précis des affectations “adresse IP / abonné”.

Ainsi, lorsque vous surfez sur un site, vous y laissez la trace de votre passage sous la forme de votre adresse IP. Celle-ci identifie le FAI (car il dispose d’un paquet d’adresses IP qu’il est le seul à gérer) et il suffit de lui demander le nom de l’abonné à qui telle adresse IP a été affectée tel jour à telle heure.

Bien, mais comment faire pour accéder aux données de consultation du site https://zythom.fr pour y retrouver l’adresse IP de son auteur?

Et bien, il suffit de demander tout cela poliment à l’hébergeur du site, dont les coordonnées doivent apparaître de façon très claire sur le site. Dans le cas de ce blog, vous trouverez toutes ces informations (et plus encore) dans les mentions légales.

En résumé: fichiers de log des connexions du blog -> adresse IP utilisée par l’auteur -> FAI -> identité de l’abonné -> blogueur.

2) Depuis le lieu de travail.

La situation est la même puisque le lieu de travail vous connait et que l’informaticien de votre entreprise sait qui utilise l’accès internet. La loi lui demande de conserver également les fichiers de connexions afin de pouvoir remonter jusqu’au compte informatique utilisé.

En résumé: fichiers de log des connexions du blog -> adresse IP utilisée par l’auteur -> FAI -> entreprise -> fichiers de connexions internet -> compte informatique utilisé -> blogueur.

3) Depuis un hôtel.

La situation est la même que depuis le lieu de travail car l’hôtel vous connait et que la loi lui demande de conserver également les fichiers de connexions afin de pouvoir remonter jusqu’au compte informatique utilisé par le locataire de la chambre.

En résumé: fichiers de log des connexions du blog -> adresse IP utilisée par l’auteur -> FAI -> hôtel -> fichiers de connexions internet -> compte wifi utilisé -> blogueur.

4) Chez un ami.

Les choses commencent à se compliquer…

En effet, comme dans le cas du surf depuis la maison, il est facile de remonter jusqu’à l’abonné du fournisseur d’accès à internet (votre ami). Et là, c’est à lui d’expliquer à la maréchaussée qui a utilisé sa liaison internet tel jour à telle heure…

5) Depuis un accès Wifi public en libre service.

Dans ce cas, le côté “public” de l’accès rend le surf complètement anonyme. Sauf si le blogueur est habitué d’un bar précis (ou d’un banc de Paris particulier)…

6) Les problèmes.

Ils sont nombreux, et je n’en présenterai que quelques uns.

– l’adresse IP peut être modifiée dans les fichiers de log du blog, du lieu de travail ou du FAI;

– il peut y avoir un problème de datation (heure d’été/d’hiver, dérive de l’horloge du serveur, etc.);

– l’informaticien de votre entreprise ne connait pas nécessairement toutes ses obligations légales;

– remonter jusqu’à l’identité d’un abonné n’implique pas qu’il soit la bonne personne (famille, amis, borne wifi mal protégée utilisée par le voisinage, etc.);

– les comptes informatiques dans les entreprises sont parfois utilisés par plusieurs personnes, ou protégés par des mots de passe triviaux;

– les réseaux d’anonymisation brouillent sérieusement les pistes (Tor, Freenet, I2P, etc.) mais ne sont pas infaillibles.

Pour ma part, j’ai fait le choix d’une certaine transparence: je blogue sous pseudonyme, mais mon identité est facile à obtenir via une décision judiciaire.

Et comme je le mentionne ici, beaucoup de monde la connait déjà.

J’assume pleinement tous les billets que j’ai écrits.

Mais que mon masque ne vous empêche pas d’accepter mes vœux les plus sincères pour les fêtes de Noël et de fin d’année. Pour ma part, je vais hiberner quelques temps pour profiter de ma famille, tout en préparant quelques billets, entre autres sur les suites de ce billet. My God, what a teaser!

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Image via darkroastedblend.com

Le piratage

Il y a longtemps que je souhaite écrire un billet sur le sujet du piratage, mais je n’arrive pas à trouver le ton ou les mots justes (ou peut-être simplement un ton politiquement correct).

Mais quand ma fille a reçu de la part du papa d’un de ces copains d’école le cédérom gravé d’un chanteur à la mode, je me suis vraiment rendu compte que le phénomène apparaissait maintenant au grand jour sans complexe.

Comment expliquer à ses enfants que ce que font tous leurs copains est illégal?

Comment expliquer que regarder des clips TV sur YouTube est interdit?

Comment résister?

Comment rester incorruptible?

Je me sens un peu comme Eliot Ness, dans le film de Brian De Palma…

Surtout que je partage en grande partie les idées de Tim O’Reilly sur le sujet (son texte date de 2002!). Extraits sous forme de résumé, de la traduction de Philippe Aigrain:

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– L’obscurité est une menace bien plus grave que le piratage pour les auteurs et créateurs.

Des dizaines de milliers de musiciens éditent eux-mêmes leurs CD. De rares élus ont un contrat d’enregistrement. Parmi ceux-ci, seuls un nombre encore plus petit voient leur disques atteindre des ventes significatives. Le fond de stock des éditeurs musicaux est inaccessible pour les consommateurs parce qu’ils n’atteint jamais les magasins. C’est l’obscurité.

– Le piratage, c’est un impôt progressif.

Pour tous les créateurs, qui travaillent pour la plupart dans l’obscurité, être assez connu pour être piraté serait le couronnement de leur carrière. Le piratage est une sorte d’impôt progressif, qui peut raboter quelques pour cent des ventes d’artistes connus, en échange de bénéfices massifs pour les créateurs bien plus nombreux à qui une visibilité plus grande peut apporter des revenus supplémentaires.

– Les consommateurs ne demandent pas mieux que de respecter la légalité, s’ils peuvent.

Piratage est un mot lourd de sens, que nous réservions autrefois à la copie/revente en gros de produits illégaux. L’application récente de ce mot par l’industrie musicale et cinématographique au partage de fichiers pair à pair fait obstacle au débat honnête.

Le partage de fichiers en ligne est l’œuvre de passionnés qui échangent leur musique parce qu’il n’y a pas d’alternative licite, à un juste prix.

– Le vol a l’étalage est une menace plus grave que le piratage.

Il n’y a pas de problème significatif de piratage aux Etats-Unis et en Europe. Le fait que les logiciels de Microsoft aient été accessibles depuis des années sur des sites de téléchargement ou plus récemment sur les réseaux pairs à pair d’échanges de fichiers n’a pas empêché cette société de devenir l’une des plus grandes et plus profitables du monde. Les estimations de « manque à gagner » supposent que les copies illicites auraient été payées ; à l’opposé on ne tient pas compte des copies qui sont vendues comme « mises à jour » à cause de la familiarité qu’ont permis les copies illicites.

Le problème réel est analogue, au plus, à celui du vol à l’étalage, qui représente une perte agaçante pour les activités commerciales.

– Les réseaux de partage de fichiers ne menacent pas les livres, la musique ou l’édition de films. Ils menacent les éditeurs existants.

Les nouveaux médias n’ont pas remplacé historiquement ceux qui leurs préexistaient, mais ont plutôt étendu les marchés, au moins à court terme. Il y a des occasions d’arbitrages renouvelés entre le nouveau média de distribution et l’ancien, et par exemple, la montée en puissance des réseaux de partage de fichiers a nourri l’échange de vinyles et CD (non disponibles par les canaux commerciaux classiques) sur eBay.

Dans le futur, il se peut que les services d’édition musicale en ligne remplacent les CD et d’autres médias de distribution physique, tout comme la musique enregistrée a relégué les éditeurs de partitions dans un marché de niche, et, pour beaucoup, ont transformé le piano domestique en un emblème nostalgique bien éloigné du centre familial d’accès à la musique qu’il constituait autrefois. Mais le rôle des artistes et des éditeurs musicaux ne disparaîtra pas. La question n’est pas alors celle de la mort de l’édition de livres, de l’édition musicale ou de la production de films, mais plutôt celle de savoir qui seront les éditeurs.

– Ce qui est gratuit finit par être remplacé par un service payant de meilleure qualité.

Pourquoi est-ce que vous paieriez un morceau que vous pourriez avoir gratuitement ? Pour la même raison que vous achèterez un livre que vous pourriez emprunter dans une bibliothèque publique, ou achèterez un film sur DVD que vous pourriez regarder à la télévision ou louer pour le week-end. Parce que ce sera pratique, facile à utiliser, à cause du choix, de la facilité de sélection, et pour les enthousiastes à cause du simple plaisir de posséder quelque chose auquel vous tenez.

– Il y a plusieurs façons d’y arriver.

C’est la leçon finale. Donnez au wookie ce qu’il veut! comme le disait Han Solo dans le premier Stars Wars. Donnez-lui d’autant de façons que vous pouvez en inventer, à un juste prix, et laissez-le choisir ce qui lui convient le mieux.

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Tant que les politiques suivront les éditeurs qui s’accrochent à l’idée qu’ils font faillite à cause des réseaux peer to peer, ils voteront des lois liberticides.

Un peu comme si les autoroutes étaient fermées à la demande des banques, sous prétexte que les gangsters les “empruntent”.

Mais pour autant, ces lois s’imposent à tous.

Si vous voulez les changer: aller voir votre député. Ou votez!

Vous l’avez compris, je me sens comme l’Eliot Ness de la dernière séquence du film, lorsqu’il répond à la question “Qu’allez-vous faire lorsque la prohibition sera terminée?”

“J’irai boire un verre!”

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Photo d’Eliot Ness: source wikipedia.

Au bas de l’escalier

Je sors d’une réunion d’experts où j’ai eu à répondre à un feu nourri de questions. J’ai la tête en feu, et l’esprit vide.

Une bonne nuit de sommeil et me voilà en train de refaire mon exposé. Mais pourquoi n’ai-je pas présenté les choses comme cela, pourquoi n’ai-je pas dit cela? Je prépare même un discours que je n’ai pas tenu, tout en me faisant reproche de ne pas avoir été capable de le faire en direct.

Ce phénomène s’appelle “l’esprit de l’escalier“, par référence à un texte de Diderot intitulé Paradoxe sur le comédien:

Cette apostrophe me déconcerte et me réduit au silence, parce que l’homme sensible, comme moi, tout entier à ce qu’on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu’au bas de l’escalier.

Seuls les esprits vifs et brillants peuvent, sans préparation aucune, écouter une question et y répondre immédiatement de la meilleure façon possible. Les autres, les esprits moyens ou médiocre comme moi, répondent du mieux possible, et se rendent compte le lendemain ou le surlendemain qu’ils auraient pu répondre autrement.

Wikipédia nous renvoie vers un autre auteur classique, Jean-Jacques Rousseau, qui écrit dans “Les Confessions” (livre III):

Deux choses presque inalliables s’unissent en moi sans que j’en puisse concevoir la manière: un tempérament très ardent, des passions vives, impétueuses, et des idées lentes à naître, embarrassées, et qui ne se présentent jamais qu’après coup. On dirait que mon cœur et mon esprit n’appartiennent pas au même individu. Le sentiment, plus prompt que l’éclair, vient remplir mon âme; mais, au lieu de m’éclairer, il me brûle et m’éblouit. Je sens tout et je ne vois rien. Je suis emporté, mais stupide; il faut que je sois de sang-froid pour penser. Ce qu’il y a d’étonnant est que j’ai cependant le tact assez sûr, de la pénétration, de la finesse même, pourvu qu’on m’attende: je fais d’excellents impromptus à loisir, mais sur le temps je n’ai jamais rien fait ni dit qui vaille. Je ferais une assez jolie conversation par la poste, comme on dit que les Espagnols jouent aux échecs.

Je ferais une assez jolie conversation par la poste…

Il est plus facile d’écrire un billet de blog, bien assis chez soi devant son ordinateur, que de répondre en direct aux questions d’une assemblée curieuse.

Mais on apprend toujours beaucoup sur soi, à s’exposer ainsi.

La clef USB mystère

Je suis en pleine expertise informatique. Le magistrat m’a confié un ordinateur, des cédéroms, des disquettes et des clefs USB à analyser. Je sors toute ma panoplie d’outils d’investigation. Me voici enquêteur…

Je procède méthodiquement. Prise d’empreinte numérique avec HELIX à travers le réseau. Prise de notes sur un cahier d’écolier pour décrire chaque étape, tel un Gustave Bémont. Je note le nom du scellé, son numéro, sa description.

Un cédérom, une clef USB, un disque dur… Petit à petit tous les scellés y passent.

Vient le tour d’une petite clef USB sans inscription. Je la place dans ma machine de prise d’empreinte. Elle se met à clignoter. Bien. Seulement voilà, la machine d’analyse (sous Linux) ne voit pas la clef USB…

Ma machine d’analyse est sous GNU/Linux (HELIX) se qui veut dire que quasiment aucun périphérique ne lui résiste: toute la communauté open source se démène pour mettre au point des pilotes permettant d’exploiter tous les périphériques possibles et imaginables.

Par pure réflexe de Windowsien, je redémarre la machine. Toujours rien.

Je commence à transpirer: la clef USB est-elle grillée? Est-ce moi qui l’ai grillée? Aurais-je détruit une pièce à conviction?

J’essaye la clef sur tous les ports USB de tous les PC de la maison avec mon live-CD. Rien.

Je m’assois à mon bureau. Perplexe.

Mon regard tombe sur le cadre dans lequel j’ai placé ce dessin effectué par Monsieur Ucciani en dédicace.

Je prends une grosse loupe et regarde à travers le plastique de la clef USB pour voir si un composant a lâché. Je vois une minuscule inscription presque complètement effacée sur le dessus du plastique: Blue…tooth.

Cela fait une heure que je cherche à analyser le contenu d’une clef USB mémoire, alors que j’ai à faire à une clef USB radio…

Parfois je me félicite de bloguer sous pseudonyme.

La banque alimentaire

Conseiller municipal, c’est aussi répondre à diverses sollicitations. Quand on m’a demandé si j’acceptais de consacrer deux heures de mon samedi pour aider à la collecte d’aliments, j’ai immédiatement accepté.

Samedi, 14h devant le magasin Netto, prévoir des vêtements chauds.

J’arrive à 13h45. Les “collègues” sont contents que la relève arrive. Ils me transmettent les consignes. Nous sommes deux: un côté entrée pour distribuer les sacs plastiques et répondre aux questions des clients, et moi côté sortie pour récupérer les dons des clients et les ranger dans des cartons. Très vite le rythme est rodé avec mon partenaire.

Les clients du magasin sont en général gentils. Moi qui suis plutôt “bourru”, je suis souriant et détendu. Je remercie chaque personne avec discrétion. Il y a beaucoup de gène dans l’acte de faire un don en nature. Je pense que chacun imagine que le pire n’est pas toujours pour les autres.

Les dons doivent être des produits non périssables. Personne ne s’est trompé, ce qui prouve que tout le monde connait le principe. Certains prennent l’initiative de donner des produits pour bébé: lait en poudre 0-3 ans, petits pots, etc. Renseignements pris auprès des organisateurs, c’est une très bonne initiative.

Les deux heures s’écoulent lentement. Une de mes piles de cartons s’écroule car l’un d’eux a lâché sous le poids. J’évite la catastrophe de justesse et transfère le contenu de la pile vers les autres cartons. Un client vient me voir d’un œil goguenard et me félicite de ma discrétion. Il me raconte un peu sa vie “je suis un SDF de l’éducation nationale”. Je ne comprends pas ce qu’il veut dire par là. Il ne répond pas à mes questions. Je comprends qu’il veut que je l’écoute. Une autre cliente vient me voir et me demande si elle peut me prendre un carton vide pour son caddie. Je suis un peu surpris et bredouille un acquiescement. Elle ne donnera rien en sortant.

Toutes les catégories de personnes donnent: des vieux, des moins vieux, des bien-habillés, des grands, des petits… Mon partenaire, un habitué de ce genre d’activité m’avait dit qu’il ne donnait pas de sac aux jeunes, car ils ne donnent jamais. Et pourtant, plusieurs fois, des jeunes sont venus me voir avec un paquet de pâtes ou une grosse boite de conserve dans les bras. Cela nous a donné du baume au cœur à tous les deux.

16h, la relève arrive. Deux heures passées debout dans le froid des portes d’entrée… cela fait réfléchir sur le métier d’hôtesse de caisse!

Je fais un petit tour dans le magasin pour récupérer les sacs plastiques abandonnés par ceux qui n’ont pas su les refuser à l’entrée, et qui n’ont pas pu les remplir.

J’en rempli un avec des plaquettes de chocolat et des pâtes de fruits.

C’est probablement ce que j’aimerais que l’on me donne si un jour je me trouve dans le besoin. Chacun son vice. La relève sourit quand je leur donne le sac. Pourvu qu’ils sourient toujours dans deux heures.

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Source image minimiam via Dark Roasted Blend.

Véhicule électrique

Il y a parfois des moments magiques dans la vie d’un ingénieur.

La conduite d’un véhicule électrique en fait partie, du moins pour moi.

Il y a des villes en France où il est possible, pour une somme modique, de louer ponctuellement un véhicule électrique. Le principe de la location est simple: vous payez à la durée, en prenant le véhicule à un parking spécial (équipé de bornes électrique de recharge) et en le déposant éventuellement à un autre parking spécial. Comme un vélib’ finalement.

La mise en charge du pack de batteries est gérée par un technicien qui branche (ou débranche) tous les soirs les véhicules qui en ont besoin. Vous ne pouvez pas emprunter un véhicule qui est en charge ou qui est déchargé (les portes ne s’ouvrent pas).

Me voici donc, avec un ami, dans le parking de mon point de départ. Le système est prévu pour fonctionner avec la seule compétence de l’usager. Je choisis une Peugeot 106 qui semble en bon état. Je présente la carte d’abonnement près du capteur situé sur la fenêtre et miracle, les portes se déverrouillent.

Nous voici assis dans la voiture. Première surprise: il n’y a pas de pédale d’embrayage, ni de levier de vitesse. Et comme je l’apprendrai par la suite, il n’y a même pas de boite de vitesses…

Je suis à la lettre les instructions indiquées sur le cadran et tape le code de sécurité lié à la carte d’abonnement de mon ami. Je tourne la clef de contact toujours présente dans le véhicule (on ne peut pas la retirer). Deuxième surprise: il n’y a pas de démarreur (évidemment me suis-je dit). Par la force de l’habitude, je cherchais à “lancer” le moteur. Dans le cas d’un véhicule électrique, il suffit de mettre le contact et hop, le moteur est sous tension, donc démarré… sans tourner.

Problème: le véhicule est garé face à un muret. Il me faut donc faire une marche arrière pour sortir du stationnement. Comment reculer avec un véhicule sans boite de vitesses? Je cherche un peu sur le tableau de bord et découvre un bouton “R” (probablement pour “Reculer” ou “Rear”). J’appuie dessus et effectivement, un voyant du tableau s’allume avec une flèche vers l’arrière. Je desserre le frein à main et appuie sur la pédale d’accélérateur. Avec douceur, le moteur se met à tourner et la voiture recule.

Me voici sur la route, et après une accélération fulgurante, je roule à la vitesse règlementaire de cinquante kilomètres par heure. Pas de vitesse à passer, la rotation du moteur électrique est “simplement” modulée par la position de la pédale d’accélérateur. Pour freiner, il me suffit de lever le pied de la pédale et le frein moteur joue pleinement son rôle. Pour freiner plus rapidement une pédale de frein est disponible mais très vite elle devient presque inutile.

J’arrive à un premier feu tricolore et m’y arrête puisqu’il est passé au rouge. Etrange sensation que celle d’avoir un moteur qui ne tourne plus parce que l’on n’avance plus. Finalement, c’est assez logique quand on y pense. C’est également étrange de savoir que la marche avant est enclenchée sans avoir à débrayer (puisque le moteur ne tourne pas). Le feu passe au vert et un simple appui sur la pédale d’accélérateur suffit à refaire avancer la voiture.

J’emprunte une voie rapide. Me voici à 90 km/h. Une autre surprise m’attend: le bruit. Comme le moteur ne fait aucun bruit (absolument aucun!), les seuls bruits que l’on entend sont celui du vent et… celui du roulement des pneus sur la route!

Nous voici à destination. Je gare le véhicule et coupe le contact. J’ai fait 20 km en une demi heure pour un coût de 3 euros. La jauge de carburant (l’indicateur de charge) m’indique une baisse de quelques %.

Il me reste à battre le record de vitesse de la Jamais contente qui a été le premier véhicule automobile à franchir le cap des 100 km/h… en 1899!

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Source photo Wikimedia Commons