En 2006, cela fait déjà 7 ans que je suis expert judiciaire en informatique. Je suis donc sollicité par les magistrats de ma région lorsqu’ils le souhaitent, dans des dossiers où l’informatique intervient directement ou indirectement.
Les enquêteurs de la Police Nationale ou de la Gendarmerie commencent eux-aussi a être doucement équipés d’ordinateurs, mais ils sont encore nombreux à taper sur de vieilles machines à écrire, ou à utiliser leur matériel personnel. Mais surtout, les OPJ formés à l’analyse des scellés informatiques sont encore peu nombreux. Le gendarme N’Tech de mon département est débordé de demandes et les délais sont longs.
Les magistrats me sollicitent donc beaucoup. Surtout dans des dossiers de recherche d’images et de vidéos pédopornographiques.
Le problème est que je me retrouve confronté à ces images et ces films, alors que je n’y suis pas du tout préparé. Je suis papa, en plus, de trois jeunes enfants. De voir des enfants torturés et exhibés me remue profondément.
J’ai donc ouvert ce blog, en écrivant le premier billet intitulé « Pourquoi un blog ?« . Mais dans les billets de 2006, se trouve la vraie raison d’ouverture de ce blog. Dans le billet « L’horreur de la pédophilie« , la fin est la suivante :
Un dossier pédophile, c’est un expert judiciaire qui pleure tout seul dans son atelier.
On n’en parle pas autour d’une table, on n’en parle pas à la TV, on n’en
parle pas sur les blogs. On travaille en silence, consciencieusement,
et avec nous les gendarmes, la police, les greffiers, les magistrats, et
d’autres, qui luttent contre ce fléau.
Ce billet est une thérapie personnelle.
Je commence à m’intéresser de plus près à la société dans laquelle je vis : le fonctionnement de la justice, les lois, ceux qui les écrivent, etc. J’assiste à mon premier conseil municipal dans le public. Ma conscience politique s’éveille.
Tout doucement, je m’ouvre au monde. Je commence à discuter avec des inconnus à travers ce formidable outil qu’est internet, d’autres choses que d’informatique. Je rencontre des blogueurs et des lecteurs IRL. Je mûris un peu.
Pendant ce temps, la startup grandit et nous décidons d’exporter notre modèle de formation dans un pays en pleine croissance : le Maroc.
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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.