L’horreur de la pédophilie

Ce billet n’est pas à lire si l’on a moins de seize ans.

Je demande donc à mes enfants et à ceux des autres de passer leur chemin.

Ames sensibles s’abstenir.

Lors d’une discussion avec des amis, nous avons abordé le sujet des crimes que l’on est amené à traiter dans le cadre professionnel. Autour de la table, plusieurs professions étaient concernées: des avocats, des médecins, un expert judiciaire en informatique (moi). La discussion tournait autour des atrocités que nous avions pu être amenées à voir dans le cadre de nos dossiers. Les avocats présents nous ont parlé des photos qu’ils sont amenés à étudier dans les dossiers criminels (cadavre au visage lacéré par des coups de couteaux, etc.) Les médecins nous ont parlé des cas les plus tragiques qu’ils ont pu rencontrer (en générale, c’est assez gore). Finalement, cette discussion me laissait un sentiment de “déjà vu à la télé”. Un mélange d'”Urgences” et de “NCIS” (vous savez, la salle d’autopsie).

Qu’ai-je eu à raconter sur mes dossiers? Rien.

Je n’ai pas pu.

Je n’ai pas réussi à parler de l’horreur que je rencontre dans les dossiers pédophiles.

Je la livre ici.

Je suis pourtant capable de supporter les 20 premières minutes du film “Il faut sauver le soldat Ryan”, j’observe sans (trop) fermer les yeux une opération de chirurgie dans “Nip/Tuck”. Mais bien sur tout ceci est fictif, une oeuvre de fiction basée sur des faits réels.

Comment expliquer l’horreur d’une image pédophile?

Une image pédophile, c’est une enfant de quatre ans empalée sur un sexe d’homme. On y voit clairement la souffrance de l’enfant liée à la différence de taille entre les deux sexes.

Une image pédophile, c’est un garçonnet de cinq ans sodomisé par un homme qui lui déchire le corps.

Une image pédophile, c’est une fillette qui a en bouche un sexe plus grand que sa tête.

Un dossier pédophile, c’est un expert judiciaire qui pleure tout seul dans son atelier.

On n’en parle pas autour d’une table, on n’en parle pas à la TV, on n’en parle pas sur les blogs. On travaille en silence, consciencieusement, et avec nous les gendarmes, la police, les greffiers, les magistrats, et d’autres, qui luttent contre ce fléau.

Ce billet est une thérapie personnelle.

PS: Je n’accepterai aucun commentaire sur ce billet.

6 réflexions sur « L’horreur de la pédophilie »

  1. Bonjour,

    Comme vous n’accepterez aucun commentaire, je vous en écrit un 🙂
    Je suis aussi expert judiciaire en informatique et je peux vous témoigner que vous n’êtes pas le seul à pleurer devant votre ordinateur, à une heure avancée de la nuit, lorsque vos enfants sont déjà couchés. Il y a aussi les jours suivants la visualisation des photos, vidéos et audio où l’on a du mal à dormir.
    Pour en avoir parler à d’autres experts en informatique, tous ont la même réaction, la même angoisse.
    Pour me rassurer, je me dis que le rapport que je fais sera exempt de toute faute et que le criminel sera châtié. Mais les images ont une telle force que cela reste bien imprimé dans mon cerveau.
    Bien à vous.

  2. Je suis etudiante en première année en psychologie et je m’interesse à l’expertise psychologique et je suis trés touchée par voter article.

  3. Bonsoir cher confrère,
    jeune expert judiciaire en informatique je découvre ce qui m’attends au fur et a mesure de la lecture de ce blog, merci pour votre franchise, je crois que je mesure un peu mieux ce que signifie etre au service de la justice, mais je pense surtout que je ne suis absolument pas préparé au choc des images, et pourtant il faudra

  4. L’horreur et la difficulté peuvent aussi venir de soi et de ses fantasmes de sexe dominateur avec violence. La construction de la psyché de beaucoup d’hommes se fait par valorisation et adhésion plus ou moins inconscientes à la violence et la domination. Et quoi (qui) de plus facile à dominer qu’un enfant ? On apprend tous à refouler ça, on a des enfants, on sait tenir à grande distance ses fantasmes les pires. Mais malgré tout, on n’est pas tous à l’abri d’une gêne horrible au sens strict.

  5. La lecture de ce billet m’ a rappelé la noirceur des écrits d’un James Ellroy ! Prenez ceci pour un compliment. Pas de smiley, ce ne serait pas convenable sur un tel sujet.

  6. Bonsoir, pour ma part je ne suis ni expert ni quoi que ce soit, je suis simplement un étudiant qui connaît quelqu'un qui a vécu cette atrocité.
    Étant passionné d'informatique et ayant une morale, je suis bien décidé même si je dois ensuite finir comme vous à pleurer ce que j'ai vu, à combattre ces actes qui sont diffusés presque librement sur Internet.

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