25 ans dans une startup – billet n.17

Introductionbillet n.16

La puissance d’un collectif, cela se mesure par la somme des forces de chacun de ses membres. En l’espèce, notre pouvoir de persuasion des financeurs publics régionaux d’avoir la vision du développement d’internet. En 1998, ce n’était pas franchement gagné. Pourtant, nous avons réussi à faire relier chaque établissement, y compris le plus paumé dans la pampa, à la prise régionale du jeune réseau national de télécommunications pour la technologie, l’enseignement et la recherche, de son petit nom RENATER, créé en 1993.

En 1999, je disposais ainsi d’une fibre optique, et de 254 adresses IP, c’est-à-dire d’un segment internet /24 (on disait encore “une classe C” à l’époque) à gérer moi-même. Et d’un nom de domaine.

J’ai du apprendre ce qui était un nouveau métier pour moi : administrateur réseau. Passerelles, zone démilitarisée (DMZ), parefeu, routage… autant de concepts que je n’avais pas étudiés à l’école et qui s’imposaient à moi.

Et nous avons installé une messagerie pour les étudiants, dans le prolongement de notre Sendmail, et un accès internet sur tous les ordinateurs de l’école. J’allais découvrir une autre facette de mon métier : l’analyse des logs et la surveillance du bon usage du réseau et de son accès internet. L’administrateur informatique est omnipotent et la jurisprudence concernant la cybersurveillance balbutiait (cf l’histoire des administrateurs informatiques de l’ESPCI). Comme beaucoup, j’ai commis des erreurs dans mon empressement à maîtriser la bonne utilisation des tuyaux. J’ai par exemple longtemps affiché dans la salle commune les statistiques nominatives d’usage de la messagerie… et le top 10 des sites internets consultés. Sachant qu'”internet is for porn“…

C’est à cette occasion que j’ai rédigé ma première charte informatique.

C’est aussi à ce moment que j’ai commencé à tester les failles de mon propre système : lire à ce sujet le billet “cracker les mots de passe”… Quel informaticien n’a pas un jour rêvé de se transformer en pirate en forçant les sécurités mises en place ? Surtout quand il s’agit de son propre système, avec sa propre autorisation o/

Entre temps, mon épouse avait posé sa plaque d’avocate. Mes soirées étaient occupées à faire son secrétariat sur ordinateur en tapant son courrier ou ses conclusions. C’est en l’aidant sur ses dossiers qu’elle m’a encouragé à poser ma candidature pour devenir expert judiciaire. Je prêtais serment en janvier 1999, à 35 ans.

Le service communication de la startup ne s’intéressait pas encore à internet. La révolution était encore simplement numérique. J’ai ainsi pu créer assez librement avec mes étudiants le premier site web de l’établissement, en HTML, optimisé pour des écrans 800×600… J’avais demandé aux étudiants du projet de contacter tous les autres étudiants pour traduire les pages (statiques) dans le plus grand nombre de langues possibles. C’est ainsi que nous étions très fiers d’avoir une version en anglais, en allemand, en espagnol, en italien, mais aussi en chinois (les caractères au format image), en portugais, en polonais, en néerlandais, en roumain, en russe, en arabe, en gabonais, en mauritanien, en sénégalais, et même en créole martiniquais. Le site existe encore dans mon cœur et sur archive.org 🙂

Mais un gros nuage informatique mondial s’annonçait : la fin de l’année 1999 et le passage à l’an 2000…

Billet n.18

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Image obtenue avec oldweb.today