Contrôle parental

Un expert judiciaire doit procéder régulièrement à la destruction des documents qu’il a pu conserver, et en particulier des anciens rapports d’expertise et de leurs annexes. C’est ainsi qu’en rangeant d’anciennes archives de mon coffre fort numérique, je suis retombé sur l’histoire d’un petit garçon, que j’appellerai Erwan.

Erwan avait neuf ans. Il aimait jouer sur l’ordinateur familial qui trônait dans le salon. Il passait des heures sur le jeu que lui avait installé son père.

A neuf ans, Erwan est un petit garçon curieux de tout : il aime taper sur le clavier – mais pas trop fort – et cliquer sur les personnages de son jeu. Il a vite compris comment allumer l’ordinateur et l’éteindre correctement – comme lui a dit son papa.

Son père lui a également fait plusieurs recommandations : ne pas parler aux inconnus, ne pas sortir de l’école seul, ne pas abîmer les objets qui coûtent chers, ne pas dire de gros mots. Erwan est fier de savoir allumer l’ordinateur et l’utiliser comme un grand.

Enfin, presque comme un grand. Parce que son père a installé un logiciel de contrôle parental pour bloquer tout usage non autorisé d’internet. Du coup Erwan ne peut qu’utiliser le site de son jeu et quelques autres sites placés en liste blanche. Erwan se sent un peu à l’étroit dans cette petite bulle. Surtout que ces copains lui racontent monts et merveilles sur internet et ses vidéos rigolotes.

Alors Erwan, neuf ans, utilise le navigateur internet autrement. Il navigue, non pas sur internet, mais sur l’ordinateur familial en ouvrant les images qui sont stockées localement dans des dossiers bien rangés par son père.

En tout cas, c’est ce que l’historique du navigateur montrera lors de l’enquête dans laquelle je suis intervenue en recherche d’images et de films pédopornographiques. Les jours et heures de navigation « locale » correspondent à la présence d’Erwan à la maison, seul, sur l’ordinateur familial. Ordinateur familial partagé et utilisé par son père pour télécharger des images et des films pédopornographiques et pornographiques. Beaucoup. Et bien rangés, à l’abri – croyait-il – de son fils, grâce au logiciel de contrôle parental.

Un père assouvissant ses penchants en toute discrétion, protégeant son fils des prédateurs sexuels avec un logiciel dont il pensait – à tort – qu’il empêchait son fils d’accéder aux images qu’il amenait lui-même sur l’ordinateur familial.

J’ai détaillé dans le rapport tout l’historique du navigateur, et extrais des entrailles de l’ordinateur toutes les images et tous les films qui hantent encore mes nuits.

Je pense à Erwan et à l’effroi qui devait le saisir quand il se promenait du haut de ses neuf années, « comme un grand » seul sur l’ordinateur familial.

Je pense à son père criminel et pourtant protecteur.

Je pense à tous ceux qui croient qu’il suffit d’un logiciel « magique » pour protéger leur enfants, alors que la meilleure solution est la présence et l’accompagnement parental qu’on appelle l’éducation.

Je pense à tous ces politiques qui utilisent l’excuse de la protection des enfants pour imposer plus de « contrôles ».

Et je suis là encore aujourd’hui, à feuilleter ce rapport que je m’apprête à détruire, et qui me brûle l’écran.

L’appli qui va changer le monde

J’ai beaucoup lu dans ma jeunesse d’articles sur la traduction automatique. C’était l’époque des systèmes experts et le sujet de la traduction était à la mode. J’ai ensuite travaillé dans l’intelligence artificielle, sur les réseaux de neurones bouclés plus précisément, et mon sujet de doctorat portait sur l’identification et la commande de processus. Puis je suis passé à autre chose. Mais le rêve d’avoir à portée de main un système de traduction automatique n’était jamais loin, et je sentais que le monde se porterait mieux si les personnes se comprenaient mieux.

Nous voici aujourd’hui avec des progrès fulgurants dans les systèmes d’apprentissage, supervisés ou non, rebaptisés DeepLearning et IA, avec des techniques similaires à celles que j’ai connues dans les années 1990, mais avec des puissances de calcul dont je n’aurais même pas rêvé à l’époque. Et cette idée d’avoir à disposition un système de traduction automatique me poursuit. C’est comme ça que m’est venue cette idée d’application qui va changer le monde.

J’imaginais deux personnes étrangères en train d’essayer de se parler. Je me trouvais face à un chinois dont je ne connais rien de la langue, et lui ne connaît rien du français que je parle. Je parle alors dans un microphone, puis un système de traduction convertit mon français en chinois sur un haut parleur. Ce système serait déjà génial, mais pas nécessairement très pratique. Si l’on parlait doucement, voire en murmurant, ce serait déjà mieux. Mais finalement, pourquoi parler à voix haute ? Lire sur les lèvres suffirait.

En cherchant sur internet, j’ai lu quelques études sur des programmes qui lisent sur les lèvres (parce que bien entendu, cela existe déjà), et je me suis imaginé assembler tout cela au sein d’une appli, tel un Jean-Marie Hullot murmurant à l’oreille de Steve Jobs.

L’appli qui lit sur les lèvres serait sur votre téléphone. La caméra du téléphone serait dirigée vers votre visage, comme pour un selfie pris d’en bas. Vous pourriez alors parler sans émettre aucun son. L’appli convertirait les mouvements de vos lèvres en texte qui serait ensuite traduit à la volée par un système comme Deepl dans la langue de votre choix, puis transmis sur le haut parleur de votre téléphone en sons intelligibles pour votre interlocuteur. Lui-même aurait son propre téléphone auquel il parlerait juste en remuant les lèvres, téléphone qui vous parlerait en français via son mode haut parleur.

Cette appli changerait la face du monde. A commencer par le tourisme, par le commerce, par les échanges culturels. On pourrait s’exprimer depuis sa langue maternelle vers n’importe quelle autre langue.

Bien entendu, il y a plein d’autres cas d’usage. En débrayant le module de traduction, vous pourriez par exemple répondre à un appel téléphonique dans le train (à condition d’avoir vos écouteurs sur les oreilles) juste en remuant vos lèvres, sans déranger vos voisins. Vous pourriez interagir dans un environnement très bruyant, avec d’autres personnes, ou avec des machines qui lisent sur les lèvres. Ou dans un environnement où il est difficile de parler, comme dans l’eau. La confidentialité pourrait être plus facile dans un openspace, à condition de prendre quelques précautions. HAL9000 n’est jamais loin…

On pourrait parler à n’importe qui, juste en remuant les lèvres. Des ponts seraient jetés entre toutes les communautés. Les muets pourraient parler aux aveugles…

Tous les outils sont là, il suffit de les assembler.

Faites tourner ce billet, traduisez le dans toutes les langues, pour que quelqu’un se lance dans l’assemblage des technologies. Je prends 0.1% des bénéfices.

Il suffit souvent d’assembler des choses existantes… Changer le monde est plus compliqué.

Expert judiciaire : savoir s’arrêter

J’ai prêté le serment des experts judiciaires en janvier 1999. J’avais 35 ans. J’étais le plus jeune expert judiciaire de France dans la catégorie informatique. Ingénieur de l’école Centrale de Nantes, Docteur de l’Université de Paris 6 sur l’apprentissage des réseaux de neurones bouclés, j’étais « professeur – chef de projets » dans une école d’ingénieurs en pleine création (lire la série de billet « 25 ans dans une startup »). Le Droit m’intéressait de très près puisque j’étais marié à une jeune avocate. Elle m’avait expliqué que la Justice avait besoin des connaissances de personnes extérieures à l’administration judiciaire, qu’il y avait de plus en plus de dossiers où l’informatique jouait un rôle important. J’ai postulé, une première fois, puis une deuxième, j’ai été sélectionné, inscrit sur la liste des experts judiciaires de ma Cour d’Appel, et j’ai prêté serment.

Pendant 20 ans, j’ai été fidèle à ce serment et j’ai apporté mon concours à la Justice, accompli ma mission, fait mon rapport, et donné mon avis en mon honneur et en ma conscience.

Et en cette fin d’année 2019, j’ai décidé d’arrêter.

C’est une décision qui me fend le cœur car j’étais très fier de pouvoir dire « je suis expert judiciaire » lorsque je me présentais. J’en appréciais l’impact sur les personnes, et le prestige que ce titre apporte. Alors pourquoi vouloir arrêter ?

Je pourrais partir en m’emportant contre tous les défauts de l’institution, sa légendaire complexité et ses paiements modestes et très différés. Je pourrais écrire un billet enflammé contre les compagnies nationales d’experts hors sol et renfermées sur elles-mêmes. Je pourrais dénoncer les experts vieillissants incompétents et malhonnêtes. Non, parce que ce serait faux.

J’aurais pu écrire que j’arrêtais parce que j’ai été laminé par toutes les expertises en recherche d’images et films pédopornographiques qui m’ont plongé dans des horreurs difficilement supportables, et qui m’ont conduit à ouvrir ce blog.

En fait, et tout simplement, j’arrête parce que je ne suis plus au niveau attendu par la Justice pour l’aider et l’éclairer dans ses dossiers.

Je m’explique : quand j’ai commencé (en 1999), j’avais des connaissances techniques dont disposaient peu des acteurs habituels de la justice. Les gendarmes travaillaient sur quelques ordinateurs qu’ils achetaient avec leurs deniers personnels. Les policiers ne disposaient d’aucun ordinateurs dignes de ce nom et surtout n’avaient pas la formation qui allait avec en matière d’analyse forensic. Personne ou presque n’avait accès à internet. Il y avait quelques personnes que l’on appelait les NTEC, mais ils étaient débordés par les demandes que les enquêteurs leurs soumettaient. J’étais donc très souvent désignés pour travailler sur des scellés judiciaires, et j’en ai souvent parlé sur mon blog.

Le temps a passé. Des progrès ont été faits et aujourd’hui les enquêteurs disposent de laboratoires très performants. Mais je n’ai pas accès à ces laboratoires, ni à leurs outils. J’ai servi de variable d’ajustement, pendant une dizaine d’années, et aujourd’hui je reste un ingénieur informaticien avec les outils d’un simple particulier. Et cela n’intéresse plus la justice.

La principale raison pour laquelle j’arrête mon activité d’expert judiciaire, est que je ne suis plus désigné par des magistrats depuis plus de deux ans.

Mais le prestige du titre d’expert judiciaire est tel, que depuis dix ans j’exerce aussi comme expert privé, c’est-à-dire que j’accepte d’être missionné directement par des avocats pour les aider sur leur dossier. C’est beaucoup plus lucratif puisque mes tarifs horaires sont triplés. Et progressivement j’ai fait de plus en plus d’expertises privées et de moins en moins d’expertises judiciaires. J’ai même proposé en 2016 de faire gratuitement mes expertises judiciaires. Sans succès, à part déclencher l’ire de mes confrères experts.

En mars 2019, j’écrivais dans l’épilogue de la série « 25 ans dans une startup » :
« à propos des expertises judiciaires, du fait des difficultés que je rencontrais dans la startup, j’ai énormément diminué mon activité expertale, en renvoyant toutes les demandes vers des experts compétents et disponibles. Je vais attendre de voir un peu comment se passe cette année 2019, mais sans doute m’achemine-je doucement vers une fin d’activité et un non-renouvellement de mon inscription sur la liste des experts judiciaires. Quand j’ai commencé en 1999, j’avais 35 ans et je ne comprenais pas comment le suivant en âge de la liste pouvait avoir 20 ans de plus que moi dans un domaine aussi technique et changeant que celui de l’informatique. J’ai aujourd’hui cet âge-là et, même si je me sens encore dynamique, je pense qu’il faut savoir laisser la place et ne pas finir par porter ce titre d’expert judiciaire uniquement pour la carte de visite. On verra bien. Je me donne un an pour prendre une décision.« .

Nous voici en fin d’année 2019, et je ne souhaite pas faire partie de ces experts « carte de visite ». Je vais donc écrire au Procureur de la République une lettre de demande de non-réinscription, avec un pincement au cœur, en lui expliquant que faute d’avoir été désigné depuis deux ans, je ne vois pas l’intérêt de continuer à bénéficier de ce titre prestigieux. J’arrête dans la foulée toutes mes prestations privées car elles sont trop liées à cette carte de visite. Je tire un trait sur mon cabinet d’expertise informatique.

Je pars la tête haute, avec la fierté d’avoir aidé la justice pendant toutes ces années. J’ai découvert des gens formidables et dévoués dans cet univers impitoyable. Je sais aussi que ma lettre sera classée en quelques secondes dans un placard par un greffier débordé.

Les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.
Le monde est rempli de gens qui mettent avec fierté un titre sur leur carte de visite.
J’ai un nouveau métier à apprendre, et si peu de temps.

PS: le blog continue, seul changera son sous-titre. Je continuerai à y parler de ce qui me plaît, y compris de mes anecdotes sur le monde des experts judiciaires.

Les magistrats, les enquêteurs et moi (allégorie)

Politique de sécurité des mots de passe

Le mot de passe tient son origine du besoin des militaires de se reconnaître. Ainsi, on trouve dans le manuel « Devoirs du soldat » de 1825 les consigne suivantes :
Question: Quand la sentinelle est isolée, qui doit reconnaître les rondes ou patrouilles ?
Réponse: La sentinelle doit les reconnaître elle-même, suivant l’ordre de la place.
Q: Quel est l’usage accoutumé pour cette reconnaissance ?
R: Que la sentinelle fasse avancer au mot de ralliement après qu’on lui a répondu ronde ou patrouille.
Q: Que doit faire la sentinelle, si c’est une patrouille qui vient à elle ?
R: Elle doit crier: Halte la troupe ! chef de patrouille, avancez au mot de ralliement !
Q: Que doit faire la sentinelle, si c’est une ronde ?
R: Elle doit crier: Avancez au mot de ralliement.
Q: Que doit, dans tous les cas, faire la sentinelle ?
R: Elle doit toujours croiser la bayonnette lorsqu’elle reçoit le mot, et ne doit jamais se laisser dépasser par la personne qui le lui donne.

Le Littré de 1880 donne comme définition de « ralliement » : mot qu’on donne après avoir reçu le mot d’ordre. Il s’agit donc d’un échange codifié, avec un secret partagé que les deux parties doivent connaître. « L’officier qui commande la troupe est obligé de venir donner le mot de l’ordre et de reconnaissance à celui qui le reconnaît. L’officier de la troupe arrêtée est obligé de prononcer le premier des deux noms, et celui qui reconnaît est obligé de prononcer l’autre, de crainte de surprise.” (Manuel du Garde national, Paris, an 2.)

Dans la littérature, les mots de passe sont utilisés pour s’identifier à l’entrée d’une porte discrète, lors de réunions secrètes. Dans la pièce de théâtre Hernani de Victor Hugo, le mot de passe des conjurés (acte IV scène3) est Ad Augusta per Angusta (Vers les sommets par des chemins étroits).

L’inventeur du mot de passe de l’ère informatique est Fernando Corbató qui a mis au point cette technique dans les années 60 pour sécuriser l’utilisation de son système d’exploitation à temps partagé CTSS. Il est mort en juillet 2019, et portait vers la fin de sa vie un regard critique sur son invention : il estimait cette pratique largement faillible, et que la gestion des mots de passe était devenue un cauchemar. Messageries, réseaux sociaux, banques, administrations et commerces en ligne, réseaux et applications d’entreprise… la sécurité de l’accès à tous ces services du quotidien repose aujourd’hui essentiellement sur les mots de passe. Ces dernières années, de nombreuses attaques informatiques ont entrainé la compromission de bases de données entières de comptes et des mots de passe associés. Ces fuites de données ont notamment contribué à enrichir les connaissances des attaquants en matière de mots de passe. Les risques de compromission des comptes associés à cette méthode d’authentification se sont fortement accrus et imposent une vigilance particulière.

A l’aube de l’utilisation massive de la biométrie, le mot de passe reste pourtant souvent le seul rempart de protection pour l’accès à des données sensibles. Ainsi, il est important dans chaque organisme (cabinet d’avocat ou grande entreprise), de réfléchir à la sécurité des mots de passe. Je partage ici avec vous la politique de gestion des mots de passe que je préconise, mélange de réalisme et de vœux pieux. Sur ce sujet, beaucoup d’avis divergent, et comme on dit souvent, c’est beaucoup.

Utilisez un mot de passe suffisamment long et complexe

Une technique d’attaque répandue, dite par « force brute » consiste à essayer toutes les combinaisons possibles de caractères, jusqu’à trouver le bon mot de passe. Réalisées par des ordinateurs, ces attaques peuvent tester des dizaines de milliers de combinaisons par seconde. Pour empêcher ce type d’attaque, je recommande qu’un bon mot de passe doit comporter au minimum 12 signes mélangeant au moins trois des quatre types de signes suivants : des majuscules, des minuscules, des chiffres ou des caractères spéciaux (comme par exemple !#?%). Cette recommandation est conforme aux préconisations 2018 de la CNIL et de l’ANSSI.

Le mot de passe doit être complexe, mais facile à retenir. Nous allons voir comment arriver à surmonter cette difficulté. Voici par exemple, trois méthodes pour choisir simplement des mots de passe complexes :

  • La méthode phonétique : « J’ai acheté dix cd pour cent euros cet après-midi » deviendra « ght10CD%E7am » [1]
  • La méthode des premières lettres : la phrase « Créé en 1971, le 44e a pour devise Rien ne craint que le silence » donnera « Ce1,l4apdRncqls » [1]
  • La méthode de l’association de 4 mots choisis au hasard et séparés de caractères spéciaux : « Lunettes:Ballons#Chat_Rouge » [1]. Cette méthode s’appelle « phrases de passe », et est très efficace et permet de créer une suite bien plus difficile à déchiffrer qu’un mot de passe compliqué « classique ».

Ainsi choisi, votre mot de passe est très difficile à deviner. Vous pouvez bien entendu inventer votre propre méthode connue de vous seul (poème, proverbe, chanson…).

Utilisez un mot de passe différent pour chaque site

Ainsi en cas de perte ou de vol d’un de vos mots de passe seul le service concerné sera vulnérable. Dans le cas contraire, tous les services sur lesquels vous utilisez le même mot de passe compromis seront piratables. Lorsqu’un pirate arrive à récupérer l’un de vos mots de passe, il va le tester (de manière automatique) sur un grand nombre de sites : messageries, sites bancaires, sites d’achat, etc.

OK, donc un mot de passe différent par site. Mais comment faire ? Je vous recommande la procédure suivante :
[edit du 16/10 : recommandation modifiée grâce à vos commentaires]

  • Choisissez un mot de passe « racine », selon l’une des méthodes évoquées précédemment, par exemple « Ce1,l4apdRncqls » [1]
  • Ajoutez, dans ce mot de passe « racine », une ou deux lettres du site web sur lequel vous êtes en train de créer un compte : par exemple « aP » pour ugap.fr, en 5e position, ce qui donnerait « Ce1,aPl4apdRncqls » [1]

C’est tout, c’est simple, c’est facile à retenir et cela fait un mot de passe différent pour chaque site.

Changez votre mot de passe au moindre soupçon

Je ne préconise pas le changement régulier des mots de passe (tous les ans, tous les semestres, tous les 90 jours…) car cela fragilise la sécurité du système d’information et de plus en plus de RSSI pensent la même chose (cf https://www.ncsc.gov.uk/articles/problems-forcing-regular-password-expiry ). En effet, lorsqu’un utilisateur est forcé de changer régulièrement son mot de passe, il y a de fortes chances que le nouveau mot de passe soit similaire à l’ancien. Les attaquants savent exploiter cette faiblesse. Le nouveau mot de passe a de grande chance avoir été utilisé ailleurs, et les attaquants le savent aussi. Le nouveau mot de passe est également plus susceptible d’être noté, ce qui représente une autre vulnérabilité. Les nouveaux mots de passe sont également plus susceptibles d’être oubliés, ce qui entraîne des coûts de productivité pour les utilisateurs dont les comptes sont verrouillés et pour les centres de service qui doivent réinitialiser leurs mots de passe.

C’est un scénario de sécurité contre-intuitif : plus les utilisateurs sont forcés de changer de mots de passe, plus ils sont vulnérables aux attaques. Ce qui semblait être un conseil parfaitement sensé et établi de longue date ne résiste pas, en fait, à une analyse rigoureuse et globale du système.

J’ai donc demandé à mon service informatique de ne pas forcer l’expiration régulière des mots de passe. Nous croyons que cela réduit les vulnérabilités associées à l’expiration régulière des mots de passe tout en faisant peu pour augmenter le risque d’exploitation à long terme des mots de passe. Les attaquants peuvent souvent trouver le nouveau mot de passe, s’ils ont l’ancien. Et les utilisateurs, forcés de changer un autre mot de passe, choisiront souvent un mot de passe « plus faible » pour ne pas l’oublier.

Mais si vous avez un doute sur la sécurité d’un de vos comptes ou si vous entendez qu’une organisation ou une société chez qui vous avez un compte s’est faite pirater, n’attendez pas de savoir si c’est vrai ou pas : changez immédiatement le mot de passe concerné avant qu’il ne tombe dans de mauvaises mains. Ne pas être obligé de changer son mot de passe régulièrement ne signifie pas que vous ne devez jamais en changer : au moindre doute, changez votre mot de passe.

Méfiez-vous par exemple des smartphones qui pourraient, lors d’une présentation publique, vous filmer pendant que vous tapez votre mot de passe…

Utilisez un gestionnaire de mots de passe

N’écrivez jamais un mot de passe en clair sur une feuille de papier, dans un carnet ou dans un fichier Excel (même protégé par un mot de passe). Les pirates connaissent toutes les astuces communément mises en place par les utilisateurs : par exemple, un code de carte bancaire sera souvent noté dans un carnet d’adresse sous la forme d’un numéro de téléphone…

Il est humainement impossible de retenir les dizaines de mots de passe longs et complexes que chacun est amené à utiliser quotidiennement. Ne commettez pas pour autant l’erreur de les noter sur un pense-bête que vous laisseriez à proximité de votre équipement, ni de les inscrire dans votre messagerie, ou dans un fichier non protégé de votre ordinateur ou encore dans votre téléphone mobile auquel un cybercriminel pourrait avoir accès. Apprenez à utiliser un gestionnaire de mot de passe sécurisé qui s’en chargera à votre place, pour ne plus avoir à retenir que le seul mot de passe protégeant votre gestionnaire de mots de passe et qui permet d’en ouvrir l’accès.

Je vous recommande le logiciel KeePass. Ce logiciel libre et en français, certifié par l’ANSSI (dans une ancienne version, mais bon), permet de stocker en sécurité vos mots de passe pour les utiliser dans vos applications. Le logiciel est disponible dans les environnements Windows, MacOS, GNU/Linux, Android, iOS, BlackBerry, Windows Phone, ChromeOS, PalmOS… Il existe également en version ne nécessitant pas d’installation qui peut être placée sur une clef USB, ou un partage de fichiers (OneDrive…) pour être synchronisée entre plusieurs ordinateurs.

Ne communiquez jamais votre mot de passe à un tiers

Votre mot de passe doit rester secret. Aucune société ou organisation sérieuse ne vous demandera jamais de lui communiquer votre mot de passe par messagerie ou par téléphone. Même pour une « maintenance » ou un « dépannage informatique ». Si l’on vous demande votre mot de passe, considérez que vous êtes face à une tentative de piratage ou d’escroquerie.

Inversement, si un tiers vous fournit un mot de passe (le service support informatique par exemple), ce mot de passe doit être considéré comme provisoire et changé rapidement par l’utilisateur.

Le tiers le plus dangereux est le collaborateur proche. Il arrive qu’un VIP confie son mot de passe à son assistant « parce que c’est plus pratique » et qu’il travaille avec cette personne en toute confiance. Le problème vient que cet assistant peut parfaitement utiliser ce mot de passe pour son propre compte, et de fils en aiguilles pour un site personnel associatif peu sécurisé… Un pirate cible toujours les plus proches collaborateurs de sa cible principale.

Ne mémorisez pas vos mots de passe sur un ordinateur partagé

Les ordinateurs en libre accès que vous pouvez utiliser dans des hôtels, cybercafés et autres lieux publics peuvent être piégés et vos mots de passe peuvent être récupérés par un criminel. Si vous êtes obligé d’utiliser un ordinateur partagé ou qui n’est pas le vôtre : utilisez le mode de « navigation privée » du navigateur qui permet d’éviter de laisser trop de traces informatiques ; veillez à bien fermer vos sessions après utilisation ; n’enregistrez jamais vos mots de passe dans le navigateur.

Activez la « double authentification » lorsque c’est possible

Pour renforcer la sécurité de vos accès, de plus en plus de services proposent cette option. En plus de votre nom de compte et de votre mot de passe, ces services vous demandent un code provisoire que vous pouvez recevoir, par exemple, par SMS sur votre téléphone mobile ou qui peut être généré par une application ou une clé spécifique que vous contrôlez. Ainsi grâce à ce code, vous seul pourrez, par exemple, autoriser un nouvel appareil à se connecter aux comptes protégés ou autoriser une transaction bancaire.

Exemples (non exhaustifs) de services répandus proposant la double authentification :
⦁ Office365, Gmail, Yahoo Mail…
⦁ Facebook, Instragram, LinkedIn, Twitter…
⦁ Skype, WhatsApp…
⦁ Amazon, eBay, Paypal…
⦁ Apple iCloud, Dropbox, Google drive, OneDrive…

Protégez en particulier votre messagerie

Une attention particulière sera apportée à la sécurisation de la boite email professionnelle, cible particulière des pirates souhaitant prendre le contrôle de tous les comptes associés à cette adresse email. En effet, une fois la boite email contrôlée, le pirate peut facilement déclencher les procédures d’oubli de mot passe, procédures qui envoient en général un lien de saisie d’un nouveau mot de passe vers l’adresse email.

Si vous disposez de plusieurs boites emails (professionnelles, personnelles, etc.), je vous recommande de relever séparément ces différentes boites, chacune ayant un mot de passe différent, et d’éviter le renvoi des emails vers une boite unique (dont le contrôle par un pirate deviendrait alors encore plus critique).

Votre mot de passe de messagerie est donc l’un des mots de passe les plus importants à protéger.

Bibliographie :

Recommandations de la CNIL
Recommandations de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI)
The problems with forcing regular password expiry
The Man Who Wrote Those Password Rules Has a New Tip: N3v$r M1^d!
Fiche pratique – Comment bien gérer ses mots de passe


[1] Ne pas utiliser les mots de passe de ce billet, qui ne sont donnés qu’à titre d’exemple.

Ce site se fera pirater

En attendant que la peinture sèche sur ce nouveau site, je préfère annoncer la couleur : ce site se fera pirater. Pourquoi une telle certitude ? Parce que c’est comme cela qu’un responsable de la sécurité informatique fonctionne : il sait que le pire arrivera, il doit s’y préparer et arrêter de vendre à ces patrons un rêve impossible : une sécurité absolue.

Ce site se fera pirater parce que j’ai choisi, pour l’instant, d’en administrer une partie moi-même. J’avais choisi Blogger en 2006 parce que je suis profondément fainéant : j’avais envie de publier des billets de blog, pas d’en gérer la tuyauterie. Quand le premier blog s’est fait pirater, j’ai eu besoin de l’équipe sécurité de Google pour le remettre sur pied (et je les remercie encore pour leur rapidité). Une fois nettoyé, ils ont remonté une sauvegarde que j’ai ensuite pu comparer avec mes propres sauvegardes.

Alors pourquoi quitter ces terres confortables pour un territoire incertain ?

Passer du poste de DSI multicartes à celui de RSSI m’a donné le goût du risque, mais aussi la certitude qu’il n’existe pas de situation de sécurité absolue : une faille de sécurité peut être découverte par une personne malveillante avant tout le monde, et surtout avant l’éditeur du logiciel : c’est ce que l’on appelle une faille 0day. Tant que la faille n’est pas repérée par un « gentil » elle sera exploitée par un « méchant » (je caricature un peu, mais vous voyez l’idée). Et quand le « gentil » aura repéré la faille, il faudra que l’éditeur du logiciel la corrige, vérifie que la correction ne génère pas de nouvelle faille, puis la diffuse aux utilisateurs du logiciel sous la forme d’une rustine (patch). Il faut ensuite que l’utilisateur fasse la mise à jour. Pendant tout le temps qui s’écoule entre la découverte de la faille et l’application de la mise à jour, le site est vulnérable. Et être responsable de la sécurité informatique n’implique pas d’être capable de passer son temps à chercher des failles, à les faire corriger en alertant. Certains le sont, pas moi.

Mais s’occuper de sécurité informatique, cela nécessite aussi de mettre un peu les mains dans le cambouis, ne serait-ce que pour comprendre et mieux appréhender les risques informatiques.

Bloguer est pour moi un passe-temps, une thérapie, un amusement, un partage, une expérience, et une tentative de laisser à mes enfants une trace de mon passage. Ce n’est pas une vitrine de mon savoir-faire, surtout en matière de sécurité. J’en connais un peu plus que certains, mais bien moins que beaucoup : l’idée est de faire progresser ceux qui ont envie, même si cela fait rire les connaisseurs.

J’ai choisi WordPress. OMG ! Les raisons : parce que c’est joli. C’est aussi le CMS le plus utilisé, donc celui qui a la plus grande communauté d’utilisateurs. C’est du coup aussi le CMS le plus ciblé par des attaquants. C’est donc un bon terrain d’expérimentations pour moi. Quand ce site aura été piraté, que je serai rouge de confusion, il sera alors temps de le réparer, de parfaire sa sécurité et de le réinstaller à partir des sauvegardes. La honte sera passagère. J’aurai appris parce que je serai tombé.

Pour rassurer certains lecteurs inquiets, je n’ai pas baissé les bras à peine le site en place. J’ai installé le minimum de plugins, mis en place des fichiers .htaccess contraint et forcé puisque je n’ai pas accès à la conf du serveur Apache sur mon serveur mutualisé. J’ai configuré un certificat pour le https, en priant pour qu’il se mette correctement à jour le moment venu. Bref, je retrouve le boulot d’admin que je faisais il y a 20 ans, mais en beaucoup plus compliqué.

Et surtout, je continue à faire des sauvegardes, que je teste régulièrement. Si vous voyez que le site est en rade, c’est soit qu’il a été piraté, soit que mon test de restauration s’est mal passé, soit une configuration DNS hasardeuse, soit un test de protection quelconque qui s’avère inefficace, soit ma bascule vers mon Yunohost de secours qui s’est mal passée, soit qu’une mise à jour importante de sécurité a eu lieu pendant que j’étais loin du clavier, par exemple en vacances, soit que j’ai oublié de payer l’hébergement.

Il ne faut pas avoir honte de s’être fait pirater. Ceux qui pensent ne pas s’être fait pirater, ce sont juste ceux qui ne s’en sont pas encore rendu compte.

Comment les experts en sécurité du SI doivent me voir

Déménagement

Bonjour à tous,

Je déménage à l’adresse https://zythom.fr

Les nouveaux flux RSS sont les suivants :- https://zythom.fr/feed/ (billets)

https://zythom.fr/comments/feed/ (commentaires)

Le blog de Zythom v1 reste ici, et ses 1015 billets écrits de 2006 à 2019.

Une page se tourne, et l’aventure continue ailleurs, comme un prolongement de ces lieux.

Vous pouvez mettre à jour vos Signets / Favoris / Marques-pages 🙂

Attention peinture fraiche

Bienvenue sur le blog de Zythom v2 🙂

La peinture est encore fraiche, et il reste du travail de configuration, et d’apprentissage de WordPress, mais c’est le but.

L’ancien blog (v1) restera à l’adresse https://zythom.fr et me servira de repli si tout explose ici. La sécurité de WordPress est incertaine à mes yeux.

Bienvenue à tous ceux qui atterrissent ici. L’aventure continue.

Des news

Bonjour à tous les lecteurs, les anciens comme les nouveaux qui atterrissent ici en nombre (c’est rafraîchissant ;-). J’ai plusieurs articles dans les tuyaux mais les vacances ont été mouvementées et m’ont tenu LDC alors que j’avais prévu des trucs pour fêter les 13 ans de ce blog…

Une petite présentation rapide pour les nouveaux arrivants :

– Ce blog est pour moi un cahier extime sur lequel je partage mes expériences. C’est un plaisir d’écriture pour moi, mais aussi une expérience. J’explique tout cela dans la page « A propos » que je vous invite à lire.

Le blog v1 totalise aujourd’hui 1014 billets en ligne, malgré sa destruction par un voyou en 2012, et le nettoyage régulier que je peux faire. Le principe des blogs étant la présentation des billets par ordre antéchronologique, je vous propose de les lire au format livre que vous trouverez en téléchargement gratuit sur cette page. Les formats papiers sont destinés à mes proches, mais vous pouvez également les acquérir (sur la même page).

– Les 10 billets les plus lus à cette date sont les suivants :

– De tous les billets du blog v1, celui que je préfère est celui-ci : Yéléna. Je pleure de nouveau à chaque fois que je le relis… Je pense aussi parfois à Manon13 en espérant qu’elle mène une vie heureuse 10 ans après, malgré tout.

–  Ce blog ne m’a pas valu que des amis. La liberté de parole fournie par internet casse les codes habituels, et rend caduc l’intérêt des représentants et portes paroles officiels. Les petits peuvent s’exprimer directement, et je ne m’en suis pas privé. Cela a donné l’Affaire Zythom.

– J’ai travaillé 25 ans dans la même entreprise. Avec passion et implication. Je raconte cette tranche de vie sous la forme d’une série de billets courts « à rebondissements » regroupés sous l’intitulé 25 ans dans une startup.

– En tant qu’expert informatique, je travaille surtout pour les magistrats (missions judiciaires) ou pour les avocats (missions privées), mais jamais par l’intermédiaire de ce blog. Une brève recherche sur internet vous donnera mon vrai nom si nécessaire. J’accepte par contre volontiers de dialoguer par email et de répondre à des questions, en fonction de mes capacités (voir les détails sur ma page Contact). Notez que je n’ai pas encore la discipline mentale pour appliquer les règles de Crocker, et que j’encourage un formalisme minimum (bonjour, merci, mots complets…). C’est lié à mon éducation, je suis un peu coincé.

– J’adore partager mes passions avec des personnes. Mais je suis un peu timide face aux inconnus, sauf en amphithéâtre devant mes étudiants (c’est assez curieux). Du coup, mes proches sont un peu assommés par mes histoires de serveurs, de réseaux, d’astronomie, d’optimisation de fonctions à très grand nombre de variables, de réseaux de neurones, d’IA, de calculs parallèles, de mots de passe, de NAS, de sauvegardes, d’IDS… Alors ils me soutiennent dans ma démarche d’écriture sur ce blog. Ça les laisse souffler un peu.

– J’aime beaucoup aussi lire les autres blogueurs. Je profite de votre arrivée en ces lieux pour vous inciter à aller aussi ailleurs 🙂 Voici ma liste de blogs préférés, je vous en souhaite une bonne lecture (attention, certains ont du contenu subversif non filtré 😉 :

Le meilleur de la Justice
•    de bric et de blog
•    Decryptages : droit, nouvelles technologies…
•    ITEANU Blog
•    Journal d’un avocat
•    Maître Mô

Les chapeaux blancs
•    binaire
•    Blog de Stéphane Bortzmeyer
•    Korben
•    Le Hollandais Volant
•    n0secure.org
•    SkullSecurity

Le 4e pouvoir
•    Authueil
•    Coulisses de Bruxelles
•    BUG BROTHER
•    La Plume d’Aliocha

Les soigneurs
•    Alors voilà.
•    Au Pays Des Vaches Mauves
•    Boules de Fourrure
•    Farfadoc
•    Journal de bord d’une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis
•    Juste après dresseuse d’ours
•    Le blog de MimiRyudo
•    Les carnets du Docteur Lazarre

Cerveau gauche
•    Pourquoi Comment Combien
•    Science étonnante
•    Tu mourras moins bête

Cerveau droit
•    Déjà-vu
•    Globalement Inoffensif
•    Kozeries en dilettante

Blogs BD
•    .chez kek.
•    BlogLaurel
•    Bouletcorp
•    BugBlog
•    Creali
•    Debybloog
•    Fabriqué à mains nues
•    Fortuworld
•    Le blog de Jeromeuh
•    Le blog de Zelba
•    Les petits riens
•    MALIKI – Webcomic
•    Margaux Motin
•    Mélakarnets
•    Petit précis de Grumeautique
•    Trentenaire, marié, 2 enfants
•    YODABLOG

L’Empire des sens (NSFW)
•    Bellaminettes Blog
•    Oh Joy Sex Toy
•    Pingoo
•    The Rock Cocks

Amusez-vous bien !

Extrait de https://salemoment.tumblr.com/
avec l’aimable autorisation de l’auteur Olivier Ka

Comment survivre à ses utilisateurs ?

Une blague circule dans les milieux informatiques : tous les problèmes viendraient de l’interface entre la chaise et le clavier. C’est drôle, et cela rappelle que l’être humain est faillible, même avec toutes les protections possibles. Ce qui est moins drôle, c’est quand la blague est prise au premier degré dans un service informatique : l’ennemi, c’est l’utilisateur ! C’est un peu facilement oublier que dans « service informatique », il y a le mot « service ». Donc, au lieu d’essayer de faire culpabiliser l’utilisateur, je trouve qu’il est plus sain d’essayer de le former, ou au moins de l’informer, en plus de le protéger.

L’informatique se construit sur des composants électroniques incroyablement complexes, assemblés au sein de cartes électroniques tout aussi complexes, reliées par des réseaux informatiques aux infrastructures et aux règles incroyables. L’ensemble est orchestré par des logiciels comprenant des millions d’instructions. A tous les niveaux se trouvent des humains spécialistes et dont la formation et l’expérience sont indispensables au bon fonctionnement de ce que l’on appelle l’informatique.

Et au sommet se trouve l’utilisateur.

Et parfois il fait n’importe quoi…

Plutôt que « Comment survivre à une cyberattaque ? », les articles de presse devraient s’intituler : « Comment survivre à ses utilisateurs ? ». C’est une question à laquelle je vais essayer de répondre dans ma nouvelle rubrique « Sécurité informatique, ne pas en avoir peur« . Petit tour d’horizon :

Les liens piégés :

L’utilisateur de l’outil informatique auquel je pense est humain : il va nécessairement cliquer à un moment ou un autre sur un lien piégé. C’est inéluctable. Même les meilleurs se font prendre : les raccourcisseurs d’URL masquent les vraies URL, des caractères très semblables (issus d’une langue étrangère) permettent de créer des noms de sites web quasi-identiques aux originaux, le ciblage des victimes devient plus fins (les courriers d’hameçonnage ont de moins en moins de fautes), etc. Donc, au lieu de dire à l’utilisateur « ne cliquez pas sur les liens bizarres », alors que pour un utilisateur lambda, tous les liens sont bizarres, je préfère étudier les protections techniques mises en place pour le cas « l’utilisateur a cliqué sur un lien piégé ». Cela fera l’objet d’un billet dédié, à destination des débutants en sécurité informatique, et des utilisateurs non spécialistes mais curieux du sujet.

Les attaques :

Le RSSI
est attendu au tournant : à la première attaque réussie, tous les
regards se tournent vers lui. « ALORS ? Mmmmm… tout ça pour ça ? ». Le
Conseil d’Administration met la pression sur le Directeur Général, le DG
se tourne vers son Directeur des données qui appelle son DSI, lequel
convoque le RSSI… Dans une politique de sécurité du système
d’information, on appelle cela la chaine de responsabilité. En cas
d’attaque réussie (entreprise arrêtée, données dans la nature…) la
pression est énorme. Je pense que le succès de la série Chernobyl tient
aussi du fait que beaucoup de personnes se reconnaissent dans
l’opérateur qui reçoit des ordres qu’il ressent comme aberrant, jusqu’à
appuyer sur le bon bouton, et déclencher la catastrophe. toute la hiérarchie le considère comme RESPONSABLE. Et les parapluies sortent très vite (« je ne peux pas être considéré comme responsable, je dormais à ce moment-là« ).
Pourtant tout le monde connaît la loi de Murphy : « Tout ce qui est
susceptible d’aller mal, ira mal ». Une attaque informatique réussie arrivera.
Les équipes informatiques doivent s’y préparer, et LA HIÉRARCHIE AUSSI.
C’est, de mon point de vue, aussi l’objet d’une PSSI. J’y reviendrai
dans un billet dédié (teasing :).

Le lien de confiance :

Combien de fois ai-je pu constater que l’utilisateur n’appelle son service informatique qu’en dernier recours… quand il est vraiment VRAIMENT obligé. C’est un problème. D’un côté, le service informatique, souvent en sous-effectif, préfère ne traiter que les cas où sa « valeur ajoutée » prend tout son sens (cas graves, pannes majeures, etc.). De l’autre, l’utilisateur est laissé seul face à son incompétence supposée et développe des stratégies de contournement face à une complexité toujours plus grande. Il reçoit tous les jours des messages de son ordinateur lui indiquant que « Skype souhaite se mettre à jour », « la mise à jour de votre antivirus nécessite le redémarrage de votre poste, merci de cliquer sur OUI TOUT DE SUITE ou sur OUI DANS UNE MINUTE ». Alors, il a parfois envie de hurler « MAIS POURQUOI CA CHANGE TOUT LE TEMPS ? ». Il faut stabiliser le poste de travail, rétablir un lien de confiance entre l’utilisateur et son service informatique. C’est aussi pour cela que je suis contre les campagnes de faux phishing où le but est de compter combien d’utilisateurs ont cliqué sur un lien piégé forgé par le service informatique, et HA HA ON VOUS AVAIT DIT DE NE PAS CLIQUER SUR N’IMPORTE QUOI ! L’utilisateur doit avoir confiance en son service informatique, qui n’est pas là pour le piéger, mais pour l’aider.

Les mots de passe :

Souvent seule protection à l’accès aux données, le mot de passe est le premier concept de sécurité auquel est confronté l’utilisateur. Quand je me présente comme RSSI, tout le monde, sans exception, me dit : « Ah, vous allez me demander de changer mon mot de passe ? ». 50 ans que les services informatiques demandent aux utilisateurs de choisir un mot de passe complexe, ET D’EN CHANGER TOUT LE TEMPS… Il faut arrêter un peu avec ça : plus on demande à l’utilisateur de changer son mot de passe souvent, plus il va choisir un mot de passe simple. La politique de gestion des mots de passe est la clef d’une politique de sécurité. Celle que je préconise fera l’objet d’un billet dédié, lui aussi destiné à l’utilisateur. Je vais tenter de démontrer aux lecteurs de ce blog (avocat, magistrat, secrétaire, autodidacte, et tous les mékeskidis qui atterrissent par hasard ici) qu’on peut avoir autant de mots de passe complexes que de comptes informatiques actifs ET LES MÉMORISER (teasing).

Les sauvegardes :

Beaucoup de services informatiques demandent à leurs utilisateurs de faire des sauvegardes des données de leurs postes, tout en sachant qu’ils ne le feront pas, ou mal, ou pas assez… C’est le boulot du service informatique de faire les sauvegardes des données dans les règles de l’art. Ce n’est pas un savoir faire de l’utilisateur. Le pire en la matière étant de dire aux utilisateurs : « nous ne sauvegardons pas les données locales de vos postes de travail, merci de mettre vos données sur le réseau ». Ah oui ? Mais beaucoup d’utilisateurs ont des ordinateurs portables. Qu’on le veuille ou non, les données importantes SONT EN LOCAL sur les postes de travail. Il faut donc les sauvegarder et investir dans une solution de sauvegarde (partielle ou totale) des données locales de l’utilisateur. Là aussi, je vais présenter une solution dans un futur billet de blog, solution destinée aux petites structures (cabinets, autoentreprises…) ou aux particuliers.

Vous l’avez compris, les informaticiens doivent survivre aux utilisateurs en les considérant comme des clients d’un service qui doit les former, les encadrer, les protéger, les aider et les encourager. C’est cette difficulté qui fait la beauté de ce métier.

Comment survivre à ses utilisateurs ?

Une blague circule dans les milieux informatiques : tous les problèmes viendraient de l’interface entre la chaise et le clavier. C’est drôle, et cela rappelle que l’être humain est faillible, même avec toutes les protections possibles. Ce qui est moins drôle, c’est quand la blague est prise au premier degré dans un service informatique : l’ennemi, c’est l’utilisateur ! C’est un peu facilement oublier que dans « service informatique », il y a le mot « service ». Donc, au lieu d’essayer de faire culpabiliser l’utilisateur, je trouve qu’il est plus sain d’essayer de le former, ou au moins de l’informer, en plus de le protéger.

L’informatique se construit sur des composants électroniques incroyablement complexes, assemblés au sein de cartes électroniques tout aussi complexes, reliées par des réseaux informatiques aux infrastructures et aux règles incroyables. L’ensemble est orchestré par des logiciels comprenant des millions d’instructions. A tous les niveaux se trouvent des humains spécialistes et dont la formation et l’expérience sont indispensables au bon fonctionnement de ce que l’on appelle l’informatique.

Et au sommet se trouve l’utilisateur.
Et parfois il fait n’importe quoi…

Plutôt que « Comment survivre à une cyberattaque ? », les articles de presse devraient s’intituler : « Comment survivre à ses utilisateurs ? ». C’est une question à laquelle je vais essayer de répondre dans ma nouvelle rubrique « Sécurité informatique, ne pas en avoir peur« . Petit tour d’horizon :

Les liens piégés :
L’utilisateur de l’outil informatique auquel je pense est humain : il va nécessairement cliquer à un moment ou un autre sur un lien piégé. C’est inéluctable. Même les meilleurs se font prendre : les raccourcisseurs d’URL masquent les vraies URL, des caractères très semblables (issus d’une langue étrangère) permettent de créer des noms de sites web quasi-identiques aux originaux, le ciblage des victimes devient plus fins (les courriers d’hameçonnage ont de moins en moins de fautes), etc. Donc, au lieu de dire à l’utilisateur « ne cliquez pas sur les liens bizarres », alors que pour un utilisateur lambda, tous les liens sont bizarres, je préfère étudier les protections techniques mises en place pour le cas « l’utilisateur a cliqué sur un lien piégé ». Cela fera l’objet d’un billet dédié, à destination des débutants en sécurité informatique, et des utilisateurs non spécialistes mais curieux du sujet.

Les attaques :
Le RSSI est attendu au tournant : à la première attaque réussie, tous les regards se tournent vers lui. « ALORS ? Mmmmm… tout ça pour ça ? ». Le Conseil d’Administration met la pression sur le Directeur Général, le DG se tourne vers son Directeur des données qui appelle son DSI, lequel convoque le RSSI… Dans une politique de sécurité du système d’information, on appelle cela la chaine de responsabilité. En cas d’attaque réussie (entreprise arrêtée, données dans la nature…) la pression est énorme. Je pense que le succès de la série Chernobyl tient aussi du fait que beaucoup de personnes se reconnaissent dans l’opérateur qui reçoit des ordres qu’il ressent comme aberrant, jusqu’à appuyer sur le bon bouton, et déclencher la catastrophe. toute la hiérarchie le considère comme RESPONSABLE. Et les parapluies sortent très vite (« je ne peux pas être considéré comme responsable, je dormais à ce moment-là« ).
Pourtant tout le monde connaît la loi de Murphy : « Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal ». Une attaque informatique réussie arrivera. Les équipes informatiques doivent s’y préparer, et LA HIÉRARCHIE AUSSI. C’est, de mon point de vue, aussi l’objet d’une PSSI. J’y reviendrai dans un billet dédié (teasing :).

Le lien de confiance :
Combien de fois ai-je pu constater que l’utilisateur n’appelle son service informatique qu’en dernier recours… quand il est vraiment VRAIMENT obligé. C’est un problème. D’un côté, le service informatique, souvent en sous-effectif, préfère ne traiter que les cas où sa « valeur ajoutée » prend tout son sens (cas graves, pannes majeures, etc.). De l’autre, l’utilisateur est laissé seul face à son incompétence supposée et développe des stratégies de contournement face à une complexité toujours plus grande. Il reçoit tous les jours des messages de son ordinateur lui indiquant que « Skype souhaite se mettre à jour », « la mise à jour de votre antivirus nécessite le redémarrage de votre poste, merci de cliquer sur OUI TOUT DE SUITE ou sur OUI DANS UNE MINUTE ». Alors, il a parfois envie de hurler « MAIS POURQUOI CA CHANGE TOUT LE TEMPS ? ». Il faut stabiliser le poste de travail, rétablir un lien de confiance entre l’utilisateur et son service informatique. C’est aussi pour cela que je suis contre les campagnes de faux phishing où le but est de compter combien d’utilisateurs ont cliqué sur un lien piégé forgé par le service informatique, et HA HA ON VOUS AVAIT DIT DE NE PAS CLIQUER SUR N’IMPORTE QUOI ! L’utilisateur doit avoir confiance en son service informatique, qui n’est pas là pour le piéger, mais pour l’aider.

Les mots de passe :
Souvent seule protection à l’accès aux données, le mot de passe est le premier concept de sécurité auquel est confronté l’utilisateur. Quand je me présente comme RSSI, tout le monde, sans exception, me dit : « Ah, vous allez me demander de changer mon mot de passe ? ». 50 ans que les services informatiques demandent aux utilisateurs de choisir un mot de passe complexe, ET D’EN CHANGER TOUT LE TEMPS… Il faut arrêter un peu avec ça : plus on demande à l’utilisateur de changer son mot de passe souvent, plus il va choisir un mot de passe simple. La politique de gestion des mots de passe est la clef d’une politique de sécurité. Celle que je préconise fera l’objet d’un billet dédié, lui aussi destiné à l’utilisateur. Je vais tenter de démontrer aux lecteurs de ce blog (avocat, magistrat, secrétaire, autodidacte, et tous les mékeskidis qui atterrissent par hasard ici) qu’on peut avoir autant de mots de passe complexes que de comptes informatiques actifs ET LES MÉMORISER (teasing).

Les sauvegardes :
Beaucoup de services informatiques demandent à leurs utilisateurs de faire des sauvegardes des données de leurs postes, tout en sachant qu’ils ne le feront pas, ou mal, ou pas assez… C’est le boulot du service informatique de faire les sauvegardes des données dans les règles de l’art. Ce n’est pas un savoir faire de l’utilisateur. Le pire en la matière étant de dire aux utilisateurs : « nous ne sauvegardons pas les données locales de vos postes de travail, merci de mettre vos données sur le réseau ». Ah oui ? Mais beaucoup d’utilisateurs ont des ordinateurs portables. Qu’on le veuille ou non, les données importantes SONT EN LOCAL sur les postes de travail. Il faut donc les sauvegarder et investir dans une solution de sauvegarde (partielle ou totale) des données locales de l’utilisateur. Là aussi, je vais présenter une solution dans un futur billet de blog, solution destinée aux petites structures (cabinets, autoentreprises…) ou aux particuliers.

Vous l’avez compris, les informaticiens doivent survivre aux utilisateurs en les considérant comme des clients d’un service qui doit les former, les encadrer, les protéger, les aider et les encourager. C’est cette difficulté qui fait la beauté de ce métier.