A propos Zythom

Informaticien Ex²pert Judiciaire, Irresponsable de la SSI, 3 enfants, marié à une avocate (ma vie n'est pas facile). Clé PGP: 0u 41-j3 m15 c3773 pu741n d3 cl3f

Contournement


Je ne sais pas pourquoi, mais en tombant sur cette image en surfant sur internet, cela m’a tout de suite fait penser aux problèmes posés par le projet de loi HAPODI…

Un autre monde

Je déjeunais au restaurant avec mon épouse et quelques unes de ses consœurs avocates, et j’écoutais, fasciné, leur conversation:

« Moi, récemment, j’ai pris deux ans pour vol dans une affaire de stup! »
« Ah ben m’en parle pas, moi j’ai pris six ans pour une agression… »

Alors, forcément, quand je suis intervenu dans la conversation pour ajouter « bon, si vous pouviez parler un peu plus bas, et me dire quand il faudra que je vous apporte des oranges », vu leurs têtes, je suis tombé un peu à plat.

En fait, imaginez une réunion de responsables informatiques où la conversation serait:

« Moi, récemment, j’ai cru que j’avais effacé toutes mes données, mais on m’a dit que ce n’était que des raccourcis sur mon bureau! »
« Ah ben m’en parle pas, moi je n’ai pas pu travailler de la journée parce que la femme de ménage avait débranché mon ordinateur… »

Franchement, est-ce que les informaticiens se mettent à la place des utilisateurs? Non? Si?!

En tout cas, les avocats oui.

C’est un autre monde.

Le film d’horreur permanent

En discutant avec mes enfants ce week-end, ils se sont gentiment moqués de moi parce que j’envisage toujours les pires accidents.

Je dois dire que je vis dans un autre monde que celui de la plupart de mes amis: je vois l’accident partout. Lorsque je conduis, j’imagine un enfant surgissant d’entre deux voitures stationnées. Sur l’autoroute, s’il m’arrive quelques minutes de conduire avec une seule main sur le volant, dès que j’en prends conscience, je repositionne mes deux mains correctement en imaginant un pneu qui éclate…

Je vis en permanence dans un monde ensanglanté, où tout évènement est prétexte à accident douloureux.

J’occupe depuis bientôt deux ans le poste de responsable des services techniques, en plus de mes anciennes attributions de responsable informatique. J’ai donc à ce titre la charge de la sécurité du personnel et des étudiants, au sein d’un établissement recevant du public. L’établissement où je travaille est sain et sécurisé, mais il est toujours possible d’améliorer les conditions de travail et d’accueil: personnes handicapées, systèmes d’alarmes, organisations des salles, etc.

Lors de notre dernière formation SST, le formateur a remarqué qu’une table se trouvait devant une issue de secours dans la salle d’examen. Je n’avais pas remarqué lors de ma dernière visite, et les surveillants d’examen avaient « amélioré » les espaces séparant les étudiants en réagençant les tables pour gagner de l’espace… jusque devant les issues de secours! J’ai aussitôt imaginé une nuée d’étudiants cherchant à sortir en courant en cas d’incendie…

Lors d’une discussion préparatoire aux journées portes ouvertes de l’établissement, j’ai indiqué que, contrairement aux habitudes, les portes coupe-feux resteraient fermées, et non pas bloquées par des cales. Cela a fait une mini-révolution qui s’est encore reproduite cette année (« Quoi? Une journée portes ouvertes avec des portes fermées?! »)

Je sais, et vous savez, et tout le monde sait que j’ai raison. Mais personne ne semble imaginer le pire mieux que moi.

En fait, maintenant que j’y réfléchis, cela semble remonter très loin dans le temps. Aussi loin que portent mes souvenirs, je me revois en train de soupeser le pour ou le contre face à tel ou tel danger imaginé.

En spéléo: « Faut-il s’engager dans cette direction? Dispose-t-on d’assez d’eau? La corde a-t-elle un noeud à son extrémité?… »

Lors de mon stage d’artificier: « Le fil est-il assez long? Que faire si un bloc blesse quelqu’un? C’est quoi déjà les numéros d’urgence?… »

Pendant la préparation de notre voyage aux USA: « Que doit-on avoir comme papier sur soi si l’on doit être hospitalisé? Comment appeler les secours dans un parc national? Faut-il payer cash une évacuation par hélicoptère ou par ambulance?… »

C’est assez éprouvant pour mes proches qui n’ont pas forcément envie d’envisager toutes les catastrophes possibles pendant les préparatifs d’une fête ou d’un voyage (n’empêche, j’ai toujours un seau d’eau près de moi quand je fais un barbecue).

C’est pourquoi, en général, je garde pour moi mes visions d’apocalypses et gère tout seul mes cauchemars éveillés. Je reste quelqu’un d’assez souriant et j’ai à mon actif quelques beaux gestes. Je suis assez habitué pour ne rien laisser transparaitre, sauf peut-être lorsque mes enfants me questionnent (dis papa, pourquoi tu nous obliges à porter un casque à vélo?).

Non, je ne vis décidément pas dans un monde de bisounours… Même si je viens de décider d’ouvrir à tous les vents mon réseau Wifi (oui, ni Wep, ni WPA, ni portail captif). En test bien entendu, mais ouvert à tout le monde.

Pourtant, mon esprit est toujours plein d’idées morbides. J’aurais pu être conseiller technique de terroristes, ou scénariste dans un film d’action (ou d’horreur).

Et puis, il y a toujours plus triste que soi. Tenez, par exemple, je viens de recevoir un email d’une jeune femme veuve africaine dont le mari fortuné est mort brutalement sans avoir pu régulariser sa situation financière et qui semble rechercher désespérément une aide pour transférer une somme assez coquette…

Moi, bien sur, j’y vois la plus louche des intentions.

Tout cela me mine au plus haut point.

Heureusement, il y a l’évacuation par l’écrit.

Sur mon blog par exemple.

Avec sa couleur noire.

Internet, c’est pour le porno

On le dit assez pour que ce soit vrai: Internet, c’est pour le porno… C’est pourquoi, je suis assez surpris de voir avec quelle hypocrisie les gens bien pensants condamnent cette utilisation, au point de faire démissionner deux magistrats. Un pornogate!

En tant que responsable informatique dans une école d’ingénieurs, et surtout comme responsable sécurité Renater de mon établissement, je suis obligé de mettre en place des systèmes de contrôle de l’usage d’internet. Plus exactement, de garder la trace de ce qui traverse notre passerelle d’accès à Internet.

Et il m’arrive d’avoir à me plonger dans ces fichiers de log pour procéder à l’analyse de certains incidents (tentatives d’accès frauduleux à notre système d’information, etc). J’ai même plusieurs outils statistiques d’analyse de ces fichiers de log.

Et je n’ai pas honte de voir mes étudiants aller parfois sur quelques sites qui ne sont pas conformes à la charte informatique que j’ai mise en place.

Après tout, la pornographie, ce n’est pas illégal !

Certes, ma charte interdit toute activité susceptible de nuire à l’image de l’école. Faut-il pour autant en faire la chasse, et risquer de provoquer le renvoi de l’étudiant, de briser sa future carrière?

Non, assurément.

Quand j’étais jeune, les serveurs minitels étaient essentiellement dans la catégorie « rose » et contribuaient certainement à la viabilité de notre « internet » national.

Aucune des missions d’expertises qui m’ont été confiées n’a jamais concerné la pornographie. La pédopornographie, ce n’est pas la pornographie. L’une est illégale (en France) alors que l’autre est légale.

Les américains, que l’on croit parfois plus prudes que nous, ont des spectacles qui peuvent être très acides sur ce sujet. Pour preuve, je vous ai soutitré une vidéo de la comédie musicale « Avenue Q« , dont je suppose que si elle est toujours présente sur YouTube, c’est qu’elle a été tournée par un des producteurs du spectacle.

Lettre au Président

Mon père me raconte encore aujourd’hui quelques anecdotes sur sa longue carrière d’instituteur-Directeur d’école primaire. Il devait gérer les problèmes administratifs, les problèmes humains des collègues instituteurs, les problèmes de sa propre classe et les problèmes avec les parents d’élève de toutes les classes. Parmi les histoires de parents d’élève que j’écoutais en silence à table le soir, celle-ci a retenu mon attention et va me servir à mon tour.

Un certain père d’élève, lorsqu’il rencontrait une difficulté avec une administration quelconque, avait pris l’habitude d’écrire une lettre de protestation directement au Président de la République, rien de moins.

A cette époque, la lettre était ouverte par le service de l’Élysée concernés par le courrier, lue et transmise au ministère concerné. La lettre suivait ensuite toute la voie hiérarchique depuis le sommet jusqu’au chef du service administratif à l’origine du supposé problème.

Je vous laisse imaginer la tête de mon père lorsqu’il reçut un courrier de cette nature, accompagné d’un mot de l’inspecteur d’académie lui faisant comprendre qu’il fallait régler rapidement ce problème, et que bon, le Ministère n’était pas content, et que bon, la carrière, le Ministre, les problèmes, tout cela ne faisait pas bon ménage.

Le courrier faisait bien rigoler mon père, car en général le problème était résolu depuis longtemps. Si ce n’était pas le cas, et bien mon père, il allait le régler ce problème, parce que mon père, et bien dans le genre bon directeur d’école, c’était le meilleur. Et puis, ça le faisait bien rigoler que le parent d’élève en question ne soit pas venu le voir directement!

Moi qui était enfant, j’ai retenu plusieurs leçons de cette histoire:

– il y a des petites gens qui écrivent au Président de la République;

– parfois ces courriers sont lus et redescendent toute la voie hiérarchique sans faire rigoler personne (sauf mon père), chacun ajoutant une couche pour son subordonné;

– parfois ces courriers résolvent les problèmes.

Et bien, moi, j’ai un GROS problème, et je sens que je vais en parler au Président de la République.

Comprenez moi, j’ai déjà écris plusieurs fois au tribunal concerné. Par Fax, par courrier recommandé avec avis de réception. Dans mon dernier courrier, j’indiquais même que je continuais toujours à accepter des missions, mais que je voulais simplement que l’on me réponde quelque chose. J’aurais tout accepté, même une réponse du type « Oui, nous avons bien enregistré tous vos mémoires de frais et honoraires dans les affaires que vous citez en référence. Mais nous regrettons de ne pouvoir vous les régler, car en ce moment, vous savez, le budget du tribunal est à sec… »

Mais rien. Pas une seule réponse. Pas un coup de fil. Rien.

Alors, comme je n’ai pas l’impression que le Procureur de ma Cour d’Appel soutiendra avec entrain ma démarche après l’affaire Zythom, il ne me reste plus qu’à écrire au dessus. Sauf qu’au dessus, c’est le ministère de la Justice. Et les problèmes de budget d’un expert judiciaire, ça doit pas trop le passionner…

C’est alors que cette histoire de parent d’élève m’est revenue.

Alors, malgré l’avis contraire de ma conseillère juridique favorite (qui trouve que je me ridiculise), j’ai décidé d’écrire au Président de la République.


Monsieur le Président de la République,

[Ici, il me faut une accroche introductive courte]

J’effectue des missions comme expert judiciaire en informatique dont une grande partie dans des enquêtes sur des pédophiles présumés.

[Ensuite, je pense placer un petit développement explicatif]

Ces missions consistent à assister les officiers de police judiciaire dans leurs recherches et investigations informatiques. Je suis nommé par un magistrat du Tribunal de [Tandaloor] auquel j’adresse un devis qu’il me retourne signé pour accord. J’effectue avec célérité mes missions pour rendre un rapport complet de mes investigations techniques. Avec ce rapport, je joins un mémoire de frais et honoraires conforme au devis établi.

[Maintenant, je présente le cœur du problème]

Malheureusement, aucune de mes expertises n’a été payée par ce tribunal depuis plus de 14 mois, pour un montant cumulatif de 20 000 euros (vingt mille euros), et ce malgré mes différents courriers de relance.

[A ce stade, un petit extrait de discours me semble pertinent]

Monsieur le Président, je me permets de citer un extrait du discours que vous avez prononcé le 7 décembre 2007 à Lyon devant l’Assemblée des Entrepreneurs CGPME:

« Les PME de France ont une autre particularité: ce sont les seules à devoir se constituer un fonds de roulement massif, pour faire face à des délais de paiement supérieurs de 10 jours à la moyenne européenne. Je le dis aujourd’hui, ce n’est pas le rôle des PME d’assurer la trésorerie des grands groupes, et de la grande distribution, et même de l’Etat. […] Et bien, dès l’année prochaine, nous réduirons ce délai à 30 jours pour les administrations d’Etat, et tout jour de retard sera payé d’intérêts moratoires supérieurs au coût de financement des PME. Chaque ministère devra également justifier de ses propres délais de paiement dans un rapport au Parlement, car il existe aujourd’hui des écarts considérables qui ne sont pas acceptables. »

Monsieur le Président, est-ce au simple expert judiciaire d’avoir à assumer seul les problèmes liés à des retards de paiement de plus de 400 jours?

Pouvez-vous faire le nécessaire auprès des services concernés afin de permettre au tribunal de [Tandaloor] d’effectuer les paiements des mémoires de frais et honoraires de mes expertises judiciaires?

Je vous remercie de l’attention que vous pourrez porter à ma demande, et vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mon profond respect.


Je ne suis pas sur que ce courrier changera grand chose, et puis c’est vrai que c’est un peu ridicule, mais cela me fait tellement plaisir d’essayer. Et je suis sur que cela fera plaisir à mon père, et cela, ça n’a pas de prix.

Et puis, il n’est pas nécessaire de timbrer l’enveloppe.

Le courrier est parti lundi. Je vous tiendrai au courant du suivi…

Moi, quand je peux aider au bon fonctionnement d’un tribunal, je ne compte pas ma peine. A bene placito.

Vacuité informatique

J’ai reçu sous scellé une unité centrale plutôt volumineuse et lourde. Les Officiers de Police Judiciaire la portaient à deux et elle a vite encombré mon (tout) petit bureau.

Avant d’en commencer l’expertise, j’étudie attentivement les missions, je fais quelques recherches sur internet, j’ouvre un dossier en commençant la rédaction de mon rapport, j’y recopie les missions, donne un numéro d’affaire, etc.

Après une petit heure de préparatifs, muni de mon cahier de notes dans lequel j’écris toutes mes opérations, je commence l’ouverture du scellé.

Extraits de mon cahier de notes:

– scellé n°2 – unité centrale de marque XXX, modèle AB4321, portant le numéro de série AZE2367LHK67 (vous avez remarqué qu’on appelle toujours cela un « numéro »?)

– le scellé comporte beaucoup de poussières dans ses aérations

– il y a un tiroir range-cédérom sur le dessus. J’ouvre celui-ci et constate sa vacuité.

– je constate également la vacuité du lecteur de DVD, ainsi que celle des lecteurs de cartes mémoires. Ces derniers sont néanmoins remplis de poussières, sauf le lecteur de cartes au format SD.

– il y a en façade deux trappes coulissantes. La première permet d’accéder à la connectique multimédia. La deuxième permet d’accéder à un tiroir ayant pour fonction l’accueil d’un disque dur à glissière (rack). Ce tiroir est vide.

– je procède à l’ouverture de l’unité centrale en retirant son côté gauche.

– je constate la présence d’un volume de poussière important.

– je constate l’absence de disque dur…

Les OPJ ont mis sous scellé une unité centrale sans disque dur!

Ils ont été trompés par le rack caché permettant d’enlever et de remettre facilement le disque dur.

Mon rapport a été plein de vacuités.

Natura abhorret a vacuo…

pas l’informatique.

L’expert devant le TPE

Mon relatif silence des derniers temps s’explique par une aventure relativement difficile: je suis passé en jugement devant le TPE.

Avec un recul de quelques jours, je peux maintenant vous raconter cette anecdote, malgré l’effort que cela me coûte. Imaginez la scène: une juge d’instruction, une procureure et un président qui demandent ma tête. Je suis devant eux, avec mon avocate. Le procès se déroule à huit huis clos.

Le Président: « Qu’avez-vous fait Monsieur l’Expert? Où est votre contribution? »

Moi: « Ben, heu… »

Mon avocate: « Monsieur le Président, Madame le Juge d’Instruction et Madame la Procureure, mon client est innocent! Certes, il peut apparaître parfois que ses obligations ne sont pas toujours remplies avec célérité, mais il a toujours eu à cœur, lorsqu’il est investi d’une nouvelle mission, de la remplir avec honneur et conscience. Mon client est un homme curieux. Et quand je dis curieux, je ne veux pas dire bizarre, mais rempli de curiosité. Heu… Quand je dis rempli de curiosité, je ne veux pas dire que son corps est plein d’objets insolites, mais que son esprit est avide d’apprendre de nouvelles choses! »

Moi: « Oui, c’est vrai, une fois j’ai participé à… »

La Procureure, me coupant la parole: « C’est FAUX! J’étais présente et vous n’avez rien fait! D’ailleurs, Madame la Juge d’Instruction ici présente vous le confirmera, Monsieur le Président. »

La Juge d’Instruction: « Il est vrai que l’enquête approfondie que j’ai rondement menée a permis d’accumuler de nombreuses preuves à charge contre Monsieur l’Expert. Il délaisse des tâches importantes. Il a même recours à la sous traitance la plus infâme, qui relève de l’exploitation de la catégorie humaine la plus faible, la plus fragile… »

Mon avocate: « Oui, c’est vrai, mais il a des excuses: ce n’est qu’un homme… »

Le silence se fait sur le Tribunal. Je baisse la tête. Mon sort est frappé d’un petit sceau rouge de cire. Je suis condamné.

La peine prononcée est la suivante: je vais devoir aider beaucoup plus aux travaux ménagers, faire les courses (et pas seulement l’achat des lourds packs d’eau), contribuer à l’éducation de mes enfants en passant plus de temps avec eux (par exemple en les aidant à ranger leurs chambres), faire la vaisselle des objets qui ne vont pas dans le lave-vaisselle (il parait que cela existe), vérifier les devoirs tous les soirs, sortir au cinéma, sortir le week-end, prendre des vacances, aller à DisneyLand, acheter des cadeaux, faire du jardinage…

La liste du Tribunal Pénal de mes Enfants (TPE) est longue.

Le rôle du Président du TPE a été tenu par mon fils Mario (7 ans). La Procureure est incarnée par ma fille Zelda (11 ans) et la Juge d’Instruction par mon ainée Lara C. (14,5). Je suis sur que mon épouse, l’avocate peu convaincante de cette affaire, a été payée par la Cour et le parquet.

La porte de mon bureau a été condamnée par un verrou sous prétexte que je m’y réfugie toujours avec la même excuse « j’ai une expertise à finir », alors qu’il parait qu’on y entend des bruits curieux: pwned, Hadopi, wikipedia, journal d’un avocat, Aliocha, Boulet, gouvernement, mairie, voirie, piste cyclable, déchèterie, PLU, wifi en panne, tiens-c’est-quoi-ce-composant-sur-la-carte-mère…

C’est trop dur.

Expérimentations

En relisant certains billets de ce blog, j’ai fait le constat suivant:
– le ton est devenu très sérieux depuis que je sais que les magistrats de ma Cour d’Appel et mes confrères de la compagnie pluridisciplinaire savent qui je suis, et savent que je sais qu’ils savent;

– ce blog sert avant tout à me mettre en avant et à flatter mon ego en racontant des anecdotes qui me sont arrivées et qui n’intéressent plus personne dans ma famille tellement je les ai racontées;

– certains billets me permettent de décompresser quand cela va mal, car je ne suis qu’un misérable petit vermisseau en ce bas monde;

– quelques billets sont des billets d’opinion, mais trop souvent très mesurés car rarement dans le feu de l’action;

– je n’arrive pas à écrire des billets d’actualité: pas le temps, pas le recul, pas le talent. Si Aliocha me fait l’honneur de me lire, elle sait que je ne serai jamais journaliste;

– j’approche le seuil des 500 billets en ligne. J’étudie sérieusement la suppression des anciens billets, un peu comme « Les petits riens » de Lewis Trondheim. Cela me permettra de re-raconter certaines anecdotes pour les nouveaux lecteurs (400 par jour maintenant!) avec un angle nouveau;

– je retravaille l’autoédition sur le site Lulu.com sous l’angle d’un livre ciblé sur les expertises, avant ma possible radiation l’année prochaine. Cela sonnera ainsi moins comme un geste d’aigreur que comme un bilan positif. Ce ne sera pas une suite de cet ouvrage qui était plutôt destiné à mes amis et ma famille;

– avec l’augmentation de notoriété essentiellement liée à Maître Eolas, que je remercie au passage, avec son référencement sur son blog et plusieurs mentions dans ces billets, je me rends compte qu’il m’est plus difficile d’innover, de me laisser aller dans des billets expérimentaux. C’est une erreur, et je vais m’employer à la corriger. Vous voilà donc prévenu, cher lecteur, ici va régner L’EXPERIMENTAL (c’est à dire le grand n’importe quoi).

Mais avant d’innover pour innover, je vais, d’abord et avant, faire tout ce que j’aime et ce que je veux: j’ai trois expertises en cours, je viens de commander un nouveau netbook pour jouer travailler, je viens d’installer linux en version 64bit…

Bref, je vais rappeler un peu ici que dans le titre du blog, il y a aussi « informaticien ». Pas le meilleur peut-être, mais un qui n’en veut encore!

HADOPI black-out


Projet de loi Internet et création (Hadopi), appelez votre député:

# VOUS: « Bonjour, je suis (Prénom, Nom), j’habite à (Ville), je suis (profession ou occupation), et je viens de vous envoyer un courrier électronique au sujet de la loi « création et internet ». L’avez-vous bien reçu? Avez-vous pris connaissance du dossier de La Quadrature du Net? »

# BUREAU-DU-DÉPUTÉ: « Bonjour, M./Mme (député) est très occupé(e) en ce moment. Nous recevons beaucoup de mail à ce sujet. Nous vous recontacterons. »

# VOUS: « Attendez, j’ai voté pour M./Mme (député) et j’aimerais tout de même savoir. Que pense M./Mme (député) de cette loi? Et plus particulièrement du fait que la procédure étant basée uniquement sur des relevés informatiques, elle condamnera inévitablement des innocents, et que les utilisateurs éduqués à la technique peuvent très facilement la contourner? »

# BUREAU-DU-DÉPUTÉ: « M./Mme (député) pense que ce texte de loi est un texte pédagogique qui aidera à endiguer le fléau du piratage qui tue les artistes. »

# VOUS: « Le problème est que cela ne peut pas marcher: les preuves collectées sont faibles et impossibles à contester. Comment peut-on confier la détection d’infraction, qui relève de la mission de la police, à des acteurs privés? »

# BUREAU-DU-DÉPUTÉ: « Si cela décourage certains ‘pirates’, cela sera déjà bien! »

# VOUS: « Il y a un grave problème de séparation des pouvoirs. Personne n’a jamais prouvé sérieusement que des gens dissuadés iraient acheter plus de disques et de fichiers, pas plus qu’aucune étude sérieuse n’a démontré que les échanges sont la cause principale de la crise du disque (et l’industrie du film se porte plutôt bien!). Il existe pourtant de nombreuses études scientifiques (gouvernement canadien, gouvernement néerlandais, big champagne, m@rsouin) qui démontrent le contraire ! »

# BUREAU-DU-DÉPUTÉ: « Vous n’êtes qu’un pirate qui veut pirater, c’est du vol, du pillage, etc. »

# VOUS: « Quoi que vous et moi pensions de l’échange d’œuvres entre particuliers, ce qui est important c’est que cette loi violera des principes fondamentaux de notre droit, comme la présomption d’innocence, tout en étant absolument inefficace. Cette loi témoigne avant tout de l’incompréhension totale qu’a le gouvernement d’Internet et des technologies numériques. Les forums grondent d’arguments pertinents contre cette loi, et personne qui connaît Internet n’est dupe de la rhétorique de la ministre Albanel. La France va de plus devenir la risée de ses voisins: la Suède, l’Allemagne et la Norvège ont déjà rejeté la riposte graduée, et la Nouvelle-Zélande, seul autre pays avec la France qui comptait l’adopter par voie législative, vient d’abandonner cette idée. Il faudrait vraiment que M./Mme (député) s’oppose à cette loi. Pouvez-vous lui transmettre mon courrier et mon appel s’il vous plaît, je rappellerai pour tenter de lui parler ou d’obtenir un rendez-vous. »

Source (et plus d’informations): www.laquadrature.net

Toute la force des partisans de ce projet de loi est d’utiliser le mot « pirate » qui fait peur:
– Aventurier qui courait les mers pour piller les navires de commerce
– Individu sans scrupules, qui s’enrichit aux dépens d’autrui, dans la spéculation.
(dictionnaire Petit Robert 1991)

Je milite pour mes enfants.

Pour qu’ils cessent d’être montrés du doigt dans la cour de récréation parce que leur père leur interdit le téléchargement, le partage et les sites de streaming.

Grosse fatigue

Le dossier pédopornographique sur lequel je travaille en ce moment me laisse tous les soirs vidé de toute mon énergie. Et cela dure depuis des semaines. Je crois que je ne m’y fais pas vraiment. Tous les sourires tristes de ces petites filles malmenées par des hommes malades… Je me demande si mon travail (non rémunéré depuis un an malgré tous les rapports déposés) sert encore à quelque chose. Toutes ces photos à classer, à imprimer, à référencer. Tous ces films à regarder, à disséquer, à « copie d’écran-iser ». Il est tard, je me sens un peu comme cet homme sur cette photo.

Le plus dur est peut-être de me dire que mon travail est l’alibi de tous ceux qui cherchent à rendre internet plus sur.

Merde.