Le dernier maillon

Elle venait d’entrer dans la salle, impressionnée par tant de personnes.

La réunion durait depuis plusieurs heures, j’avais écouté toutes les explications fournies par les parties, et je ne comprenais toujours pas pourquoi les deux entreprises en étaient arrivées là.

J’avais surtout compris que le support informatique effectué par la société de service ne s’était pas déroulé correctement et que les deux entreprises étaient maintenant au bord du gouffre, l’une parce qu’elle avait perdu toute ses données et l’autre son plus gros client.

Mais après avoir écouté, dans l’ordre de bienséance hiérarchique, les grands patrons, puis les avocats, les chefs de service et les chefs de projet, je ne comprenais pas ce qui avait fait tout capoter.

On me parlait de milliers d’euros de pertes par jour, de licenciements, de dépôt de bilan. Et moi, je ramenais toujours les débats sur le terrain de l’expertise judiciaire en informatique, rappelant que mes missions n’incluaient pas l’analyse comptable et financière de la situation, mais la recherche des causes techniques (exclusivement).

Bon, j’avais compris dès le début de la réunion que les rapports humains s’étaient vite envenimés dans cette affaire qui aurait peut-être pu se régler plus simplement et plus rapidement si les deux parties avaient usées d’un peu plus de diplomatie…

Enfin quoi, un serveur ne tombe pas en panne en même temps que son système de sauvegarde: disques durs en miroir (RAID1), sauvegardes quotidiennes complètes avec rotation sur trois bandes, archivage d’une bande chaque semaine hors site.

La société de service me décrit un système de sécurité des données infaillibles, et un suivi des procédures avec traçabilité, etc. « Nous sommes certifiés ISO machin, vous comprenez, notre société est au dessus de tout soupçon, nous n’employons que des personnes compétentes, suivant des formations régulièrement, nous avons mis en place un système de télésurveillance avec prise de contrôle à distance qui nous permet de faire des interventions en un temps record… » m’a expliqué de long en large le patron de la SSII.

« Nous payons très cher un service support qui n’a pas été capable d’empêcher ce désastre… » Me dit le patron de l’entreprise, entre deux invectives, au milieu de reproches divers sans rapport avec l’affaire qui nous concerne.

Nous avions passé en revu l’accès distant du support via internet, les fiches ISO machin d’intervention des techniciens, les rapports, les dossiers techniques, les courriers recommandés.

Moi, je voulais voir la personne qui avait appelé le support…

Elle venait d’entrer dans la salle, impressionnée par tant de personnes.

Je lui pose les questions d’usage: prénom, nom et intitulé de la fonction au sein de l’entreprise. Dans un silence à la tension palpable, elle me raconte sa version de cette journée noire.

Elle: « Comme d’habitude, avant de partir déjeuner, j’ai mis la bande dans le serveur et lancé la sauvegarde. Je sais que c’est une opération importante alors je la fais toujours avec précautions. Mon chef m’a dit que les bandes étaient très chères. »

Moi: « Comment saviez-vous que c’était la bonne bande à placer dans le boitier? »

Elle: « Les bandes sont numérotées et je dois mettre la bande correspondant au numéro du jour. »

Moi: « Pouvez-vous préciser? J’avais cru comprendre qu’il n’y avait que trois bandes. »

Elle: « Oui, mais la bande numéro 3 a été mise de côté par le comptable après la clôture des comptes. Il m’a dit de mettre la bande numéro 1 les jours impairs et la bande numéro 2 les jours pairs. J’ai trouvé cela astucieux, car avant, je devais à chaque fois noter dans un cahier le numéro de la bande utilisée. »

Moi: « Montrez-moi ce cahier, s’il vous plait. Donc depuis huit mois les sauvegardes ne se faisaient que sur deux bandes. Pouvez-vous me dire ce qui c’est passé à votre retour de pause déjeuner? »

Elle: « Les assistants m’ont appelé pour me dire que leurs terminaux ne fonctionnaient plus et pour me demander de redémarrer le serveur. J’y suis allé et j’ai vu que l’écran était tout bleu avec des inscriptions que je n’ai pas comprises. Avant de redémarrer le serveur, j’ai appelé le support. Le technicien m’a dit que cela arrivait de temps en temps et qu’il fallait que je redémarre le serveur. Je lui ai dit que la sauvegarde ne s’était pas terminée correctement. Il m’a dit de la relancer. »

Moi: « Vous avez utilisé la même bande? »

Elle: « Oui. C’est d’ailleurs ce que m’a demandé le technicien lorsque je l’ai rappelé une heure plus tard pour lui dire que de nouveau plus rien ne fonctionnait et que la sauvegarde s’était encore mal terminée. Il m’a alors indiqué que la bande devait être défectueuse et que c’est ça qui devait « planter » le serveur. Il m’a alors recommandé d’utiliser une autre bande. C’est pour cela que j’ai mis la bande n°2 alors que ce n’était pas le bon jour. »

Moi: « Vous n’avez pas de bandes neuves? »

Elle: « On ne m’en a pas donné et j’ai cru que c’était parce qu’elles coutaient cher. »

Moi: « Mais, quand votre chef vous a dit qu’elles avaient de la valeur, ne voulait-il pas dire cela à cause des données qui étaient stockées dessus? »

Elle: « Ce n’est pas ce que j’ai compris. On m’a dit qu’elles étaient chères… »

Moi: « Mais en mettant la deuxième bande, ne vous êtes-vous pas dit que si elle venait également à être effacée, il n’y aurait plus de sauvegarde? »

Elle: « Non, je n’ai fait que suivre les indications du support… »

Je l’ai regardé sortir de la salle et j’ai eu une pensée émue pour les gens qui sont les derniers maillons de la chaine de commandement, les petites mains. Ce sont souvent elles qui ont les plus grandes responsabilités in fine.

Mais je n’ai pas oublié l’ensemble des décideurs:

– un disque dur en miroir sans remontée d’alertes et sans surveillance. Résultat: depuis plusieurs mois, l’un des deux disques était en panne. Il ne restait plus qu’à attendre la panne du deuxième, ce qui venait d’arriver pendant le stress généré par la sauvegarde.

– une mauvaise formation des employés concernant le système de sauvegarde (et le coût des bandes en regard du coût de la perte des données). Ils n’avaient pas conscience que lorsqu’une sauvegarde démarre, elle écrase les données précédentes. Si elle est interrompue brutalement, la bande est inexploitable. Deux bandes inexploitables à cause d’un disque en train de tomber en panne et toutes les données sont perdues…

– une prise de contrôle à distance inopérante en cas d’écran bleu qui aurait du déclencher la venue en urgence d’un technicien.

– la décision du support de sacrifier une deuxième bande de sauvegarde sans s’être renseigné sur l’existence d’une autre bande de sauvegarde récente et en état.

– la décision de retirer une bande du jeu de trois sans prévenir le support, surtout quand cela annule la sauvegarde hebdomadaire avec déport hors site.

– l’absence totale d’exercice de restauration de données et de tests des bandes utilisées.

– la situation de quasi abandon du serveur du point de vue physique avec traces de serpillère sur la carcasse posée à même le sol et sur la multiprise parafoudre…

Il y avait beaucoup de choses à dire sur le respect de l’état de l’art par les deux entreprises. Il y a de nombreuses fois où je n’envie pas le juge qui doit trancher. Je me contente de rester un simple technicien de l’informatique.

Mais j’ai encore aujourd’hui une pensée pour le dernier maillon de la chaine, celui à qui on dit d’appuyer sur le bouton et qui fait tout exploser…

Suite de ma lettre au Président de la République

Au mois de mars dernier, j’ai écrit une lettre au Président de la République. J’explique pourquoi dans ce billet. Pour ceux qui ont la flemme de cliquer sur le lien, je rappelle ici la teneur de ma lettre:

Monsieur le Président de la République,

J’effectue des missions comme expert judiciaire en informatique dont une grande partie dans des enquêtes sur des pédophiles présumés.

Ces missions consistent à assister les officiers de police judiciaire dans leurs recherches et investigations informatiques. Je suis nommé par un magistrat du Tribunal de [Tandaloor] auquel j’adresse un devis qu’il me retourne signé pour accord. J’effectue avec célérité mes missions pour rendre un rapport complet de mes investigations techniques. Avec ce rapport, je joins un mémoire de frais et honoraires conforme au devis établi.

Malheureusement, aucune de mes expertises n’a été payée par ce tribunal depuis plus de 14 mois, pour un montant cumulatif de 20 000 euros (vingt mille euros), et ce malgré mes différents courriers de relance.

Monsieur le Président, je me permets de citer un extrait du discours que vous avez prononcé le 7 décembre 2007 à Lyon devant l’Assemblée des Entrepreneurs CGPME:
« Les PME de France ont une autre particularité: ce sont les seules à devoir se constituer un fonds de roulement massif, pour faire face à des délais de paiement supérieurs de 10 jours à la moyenne européenne. Je le dis aujourd’hui, ce n’est pas le rôle des PME d’assurer la trésorerie des grands groupes, et de la grande distribution, et même de l’Etat. […] Et bien, dès l’année prochaine, nous réduirons ce délai à 30 jours pour les administrations d’Etat, et tout jour de retard sera payé d’intérêts moratoires supérieurs au coût de financement des PME. Chaque ministère devra également justifier de ses propres délais de paiement dans un rapport au Parlement, car il existe aujourd’hui des écarts considérables qui ne sont pas acceptables. »

Monsieur le Président, est-ce au simple expert judiciaire d’avoir à assumer seul les problèmes liés à des retards de paiement de plus de 400 jours?

Pouvez-vous faire le nécessaire auprès des services concernés afin de permettre au tribunal de [Tandaloor] d’effectuer les paiements des mémoires de frais et honoraires de mes expertises judiciaires?

Je vous remercie de l’attention que vous pourrez porter à ma demande, et vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mon profond respect.

Dans mon billet du 18 mars, j’indiquais que je tiendrais au courant les lecteurs de ce blog des suites de cette lettre. Et vous allez voir que cela peut intéresser également les autres experts judiciaires.

Dans un courrier daté du 19 mars 2009, soit quelques jours à peine après l’envoi de ma lettre, j’ai reçu cette réponse du Chef de cabinet du Président de la République:

Cher Monsieur,

Le Président de la République m’a confié le soin de répondre au courrier que vous lui avez adressé le 14 mars 2009.

Je puis vous assurer qu’il a été pris attentivement connaissance de votre démarche.

Aussi, ai-je immédiatement signalé vos préoccupations au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.

Je vous prie d’agréer, Cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Le courrier est clair et synthétique: la machine administrative semble lancée. Et effectivement, sept jours plus tard, le 26 mars 2009, le Chef Adjoint du Cabinet de la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice m’adresse le courrier suivant:

Monsieur,

Madame Rachida DATI, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, a bien reçu votre courrier qui lui a été transmis par les services de la Présidence de la République, relatif aux difficultés que vous rencontreriez pour obtenir le règlement de vos honoraires dans le cadre de missions effectuées en tant qu’expert judiciaire en informatique près la Cour d’Appel de [Dosadi].

Consciente du problème que vous évoquez, Madame la Ministre m’a chargé de transmettre votre correspondance à la Direction des Services Judiciaires, à laquelle elle a demandé de procéder à un examen attentif de ce dossier et de veiller à ce qu’une réponse vous soit apportée dans les meilleurs délais.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

Presque trois mois plus tard, le 16 juin 2009, je recevais le courrier suivant de la Direction des Services Judiciaires – Service de l’organisation et du fonctionnement des juridictions – Département du budget, de la performance et des moyens (AB3):

Monsieur,

Par courrier adressé à Monsieur le Président de la République et parvenu à mes services, vous m’avez fait part de certaines difficultés liées aux délais de paiement des missions que vous effectuez pour le compte de l’institution judiciaire.

J’ai l’honneur de vous informer que j’ai interrogé les services du tribunal de grande instance de [Tandaloor] pour faire le point des mémoires de frais qui vous concernent.

Il apparaît qu’un mémoire de frais a été mis en paiement le 8 août 2008 […], deux autres l’ont été le 5 mai 2009 […].

Un dernier mémoire vous concernant […] est en cours de règlement dans ces services.

Par ailleurs, afin d’accélérer le règlement des mémoires des frais de justice, la chancellerie travaille actuellement, en liaison avec les services de la direction générale des finances publiques du ministère du budget, des comptes publics et de la fonction publique, à la mise en place d’un nouveau circuit de paiement des mémoires de frais de justice.

Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de ma considération distinguée.

A ce stade du récit, je dois reconnaître que l’administration a su répondre à mon attente et à mes questions longtemps restées lettres mortes malgré la surtaxe liée au recommandé.

Je dois malgré tout vous avouer que l’enquête menée par la Direction des Services Judiciaires n’a pas permis de retrouver l’ensemble des honoraires qui me sont dus dans les dossiers que j’ai traité pour la Justice. C’est d’ailleurs assez surprenant, car j’avais adressé au tribunal de [Tandaloor] plusieurs fois un récapitulatif des mémoires de frais en attente.

Ce billet aura donc une suite dont je ne manquerai pas de vous tenir au courant.

Pour l’instant, je me permets cette petite conclusion provisoire:

il faut toujours écouter ses parents (d’une part)

et garder confiance dans l’efficacité de notre administration (d’autre part).

Enfin, je signale au passage pour les confrères qui me lisent, que je sais donc de source autorisée que la chancellerie travaille actuellement, en liaison avec les services de la direction générale des finances publiques du ministère du budget, des comptes publics et de la fonction publique, à la mise en place d’un nouveau circuit de paiement des mémoires de frais de justice.

Et cela, c’est un vrai scoop.

Servir après

J’aime me promener dans les cimetières et lire les inscriptions sur les tombes: dates anciennes, messages d’amour, tombes oubliées, caveaux importants et prétentieux… Les cimetières sont à l’image de nos anciens. Le temps y est arrêté et personne ne s’y bouscule en courant après un stress mérité. Il y a des fleurs, assez peu d’ordinateurs et aucune inscription du type « à ma liaison ADSL défunte », ou « A notre expert chéri, ses clients adorés ». Cela permet de relativiser.

Pourtant, je ne veux pas finir dans un cimetière. Je ne veux ni tombe ni d’urne. Je veux que mon corps finisse en servant à quelque chose. Tous les bouts qui peuvent y être prélevés pour une greffe ou pour une étude quelconque.

Ensuite, je veux être incinéré et dispersé (en toute discrétion) dans une forêt domaniale quelconque pour servir d’engrais à quelques arbres et champignons.

Cela évitera d’encombrer les cimetières avec des monuments inutiles et onéreux.

Je préfèrerais que pour chaque mort soit planté un arbre, dans un endroit que l’on appellerait – disons – une forêt commune. Tout le monde s’appliquerait à entretenir les arbres familiaux et respecteraient ceux des autres.

A bien y réfléchir, je ne vois que des avantages à cette solution.

L’inconnue du bus

Après ma formation militaire initiale en Allemagne (j’y reviendrai un jour), j’ai fait mon service militaire à Paris. Scientifique du contingent au Service Technique Electronique et Informatique du Fort d’Issy-les-Moulineaux, j’étais logé en toute logique militaire à la caserne Mortier, située à l’extrémité opposée de Paris. Il me fallait donc prendre les transports en commun et traverser Paris pour rejoindre mon lieu de lecture travail.

J’ai ainsi découvert, à ma grande surprise, les plaisirs du bus lors de ma traversée de Paris matinale: silence ensommeillé des voyageurs habitués, absence des touristes aux exclamations inopportunes, paysages magnifiques du Paris qui s’éveille.

Je regardais par la fenêtre légèrement embuée quand j’aperçus une jeune fille qui venait de descendre de mon bus. Elle était belle, grande et mince, de minijupe vêtue. Seule sur le trottoir, elle ignorait avec superbe les gestes désespérés que je faisais dans ma tête de célibataire.

Le bus repartait, et alors qu’elle nous tournait le dos, elle a eu ce geste très féminin de réajustement de ses DIM Up.

Je garde encore le souvenir futile de cette image fugitive de ce geste sexy et anodin d’une jeune femme à la descente d’un bus. ddddd.

Elle éclaira sans le savoir quelques instants de ma grisaille matinale.

Elle restera éternellement jeune et jolie dans mon esprit.

Elle est pourtant peut-être grand-mère aujourd’hui…

Il y a des jours comme ça

Quinze jours auparavant:

Ma grande fifille a cassé son téléphone portable. Elle vient me voir et papillonne des yeux en m’expliquant qu’il a quand même duré deux ans. Je grommelle un peu, lui explique que l’argent ne pousse pas sur les arbres, bref, je joue un peu au vieux con, parce que cela fait parti de l’éducation et qu’elle attend aussi un peu cela de moi.

Pour faire court, je pars en quête d’un nouveau téléphone ou d’un nouveau forfait plus avantageux avec téléphone.

Je vais sur le site Orange.fr et essaye de savoir s’ils proposent de changer son mobile et si oui vers quel modèle et à quel prix. La rubrique « changer son mobile » m’envoie vers la page « Ce service est momentanément indisponible ».

Deux jours plus tard:

Je retente l’opération: la rubrique est revenue. Avec les points accumulés, je lui trouve un téléphone que l’on peut obtenir dans le cadre de son forfait pour une somme symbolique.

« Mais Papa, tu n’y penses pas, il est… moche. Toutes mes copines vont se moquer de moi. »

Bon, c’est vrai qu’il est un peu vert fluo et qu’il ne casse pas des briques. Je grommelle un peu pour la forme et lui demande de m’aider à chercher un téléphone.

Elle sait ce qu’elle veut: rose, avec clavier escamotable, pas de clapet, non tactile parce que trop fragile, si possible avec SMS illimités. J’ai échappé à l’aïe-phone loin de mon budget de 50 euros.

Nous tombons d’accord sur un nouveau forfait, moyennant quand même une augmentation de 33% par mois (de 15 euros à 19,90) associé à un joli téléphone rose (pour neuf euros). Je suis parfois un papa gâteaux.

Par principe, je la laisse un peu mariner sans téléphone pendant quinze jours (je suis aussi un papa peau de vache).

Hier:

Muni de ma carte bancaire, je retourne sur le site bouyguestelecom.fr et j’obtiens le message suivant dès la page d’accueil:

« Erreur d’encodage de contenu
La page que vous essayez de voir ne peut être affichée car elle utilise un type de compression invalide ou non pris en charge.
* Veuillez contacter le webmestre du site pour l’informer de ce problème. »

Tiens, le site n’est pas compatible avec Firefox nouvelle version (fraichement installé sur mon poste). Comme je n’ai pas le temps (ni le courage) d’essayer de contacter le webmestre, je passe par le cache de google pour sauter la page d’accueil du site et atterrir directement sur les pages concernées où j’arrive à retrouver l’offre et le téléphone.

Je commence à remplir le formulaire en ligne:

– Nom, prénom, adresse: OK

– Date de naissance: tiens pourquoi? Bon OK

– coordonnées bancaires: Ah? J’attrape mon vieux chéquier et y dégotte un RIB…

– Souhaitez-vous conserver votre numéro actuel: Oui

– merci d’entrer le code RIO de votre ancien mobile: ???

Le RIO (qui n’a rien à voir avec les Rames Inox Omnibus chères à la SNCF) est le Relevé d’Identité Opérateur, identifiant unique attaché à chaque contrat de téléphonie mobile en France.

Bien. Comment dois-je faire pour obtenir le RIO en question? Une aide bienvenue sur le site m’informe que je dois téléphoner au numéro 527 pour Orange.

Je téléphone aussitôt et j’entends une voix suave qui m’indique la chose suivante: « Ce service est ouvert de 7h à 22h ». Je regarde ma montre: il est 22h20…

Aaarrg, tout ça pour rien.

Aujourd’hui:

Depuis mon lieu de travail, à la pause déjeuner, je me connecte sur le site bouyguestelecom.fr et reremplis tout le formulaire (code banque, code guichet, num téléphone, adresse,…) jusqu’au fatidique RIO.

Je décroche mon téléphone et j’appelle le 527.

« Le numéro demandé n’est pas attribué »

Pourtant, hier, j’avais un disque au téléphone!

J’essaye depuis mon téléphone portable personnel SFR:

« SFR Bonjour, le service demandé n’existe pas »

Ah. Peut-être qu’il faut utiliser un téléphone Orange. J’utilise alors mon téléphone portable professionnel:

« Désolé. Vous n’êtes pas autorisé à accéder au service »… Mon sourire se crispe.

Une petite recherche sur internet semble me confirmer qu’il faut appeler ce service depuis le téléphone portable concerné par le contrat. Oui, mais moi il est en panne!

Mon moral est au plus bas, ainsi que mon indice de confiance technophile.

Une dernière tentative avant de sombrer: j’appelle le service client Orange au 3670 avec ma ligne fixe.

« Bonjour, je m’appelle Zelda Zorg que puis-je pour votre service ».

Je lui explique cordialement.

Elle me donne le RIO du contrat de ma fifille.

Je termine de remplir le formulaire.

Je commande le nouveau contrat.

Je croise les doigts pour qu’il soit livré entier, que la ligne continue de fonctionner, que l’ancien contrat soit résilié, que le nouveau fonctionne, que le numéro soit toujours actif, que le mobile envoyé soit le bon, que la couleur rose plaise encore à ma grande fille…

Le soir même, ma tendre et chère épouse passait mon téléphone professionnel à la machine à laver (programme long avec essorage rapide). Comme je dis souvent, seul celui qui ne fait rien ne commet jamais d’erreur.

Il y a des jours comme ça.

Matheux

En prenant le train ce dimanche, revenant de mon Nord natal, j’étais assis à côté d’un jeune. Nous formions un couple relativement étonnant: lui en sage pantalon chemisette, travaillant sur un carnet, et moi avec mon baladeur sur les oreilles et mes culottes courtes mon pantacourt.

Avec la discrétion qui me caractérise, je jette un coup d’œil en biais sur son carnet, avec l’air perdu de celui qui écoute de la musique les yeux mi-clos.

Et c’est avec stupeur que je constate que ce jeune pourtant bien mis était en train de couvrir son carnet d’équations mathématiques…

Tiens, me dis-je, d’habitude les matheux se font plus discrets. Ce n’est pas vraiment la mode d’afficher ce genre d’occupation plus complexe qu’un Sudoku niveau 9.

J’utilise ma technique du regard en biais avec les yeux dans les coins, qui m’a si bien servi lors de certaines interros dans ma jeunesse, et essaye de voir si je peux capter une démonstration ou deux. Las, aucun théorème n’arrive à remonter du fond de ma mémoire, pourtant parfois capable de faire rougir Donald Hebb.

C’est alors que, et quand j’y repense j’en suis surpris tant est légendaire ma timidité à adresser la parole à un inconnu, je lui dis: « il ne manquerait pas un signe « moins » là?

Il me regarde un peu surpris, regarde son carnet et entreprend une vérification rapide pour me répondre: « heu… Non, je ne crois pas. »

Je le regarde alors avec un air malicieux et lui dis: « en fait, c’était une plaisanterie. »

« Ah.  » me fait-il.

Mais la glace était brisée et je lui demandais ce qu’il faisait comme études.

« Je suis en math spé » me fait-il.

Et alors qu’un siècle nous sépare, un millénaire devrais-je dire, nous avons discuté entre taupins des difficultés des classes préparatoires, de la gestion du temps, et bien entendu de la beauté des mathématiques. Le temps est passé très vite jusqu’à notre destination finale. Nous nous sommes séparés et je lui souhaitais bonne chance pour ses concours.

Le lendemain, il me faisait face pour l’entretien de motivation du concours d’entrée à l’école d’ingénieurs où je travaille.

Cette fois, j’étais en cravate, et lui en costard…

Il est resté un peu surpris à la porte d’entrée de la salle.

Je lui ai demandé si l’oral de mathématiques s’était bien passé.

Il m’a dit que oui.

L’entretien de motivation s’est également bien passé.

Je lui ai quand même demandé pourquoi il ne l’avait pas révisé dans le train.

Il m’a dit qu’en classe prépa, on ne préparait pas ce type d’entretien, alors il s’était dit qu’il essayerait de se comporter le plus naturellement possible.

Exactement ce qu’il fallait faire.

Sécurité au soleil

Une mission professionnelle, c’est comme une mission d’expertise, cela se prépare consciencieusement et malgré tout cela comporte une part d’imprévu.

J’étais en déplacement sur Casablanca pour effectuer des tâches de mise à niveau du serveur de notre école marocaine. Le terrain était préparé par un stagiaire que j’ai pris pour trois mois. Il avait déjà ajouté les barrettes mémoires que je lui avais confiées le jour de son départ, testé le disque dur SAS acheté dans l’urgence et mis en place le petit NAS d’1To sur le réseau.

Ma mission consistait à étendre la capacité de stockage du serveur. La difficulté était de minimiser le temps d’arrêt du serveur.

J’envisageais l’intervention sous trois angles:

– clonage du serveur initial, extension des capacités disques par un RAID0, installation de l’hyperviseur VMware ESXi puis restauration de l’image clonée;

– installation de l’hyperviseur sur le nouveau disque (l’ancien étant mis de côté pour retour arrière), réinstallation du serveur à partir de zéro (Debian, samba, ntp, dns, dhcp et openvpn);

– ou faire l’impasse sur la virtualisation et simplement ajouter le disque dur dans le serveur.

La troisième solution étant la plus simple, mais n’offrant pas la possibilité d’installer d’autres serveurs virtualisés sur la même machine physique, elle fut écartée et gardée pour le dernier jour, au cas où nous n’arrivions à rien avec les deux premières.

Afin de nous donner le plus de chances possibles, je décidais le premier jour de sacrifier provisoirement un PC de la salle informatique pour y installer ESXi afin de faire des essais sur une machine de tests. Non sans avoir au préalable réalisé un clone de cette machine.

Avant mon arrivée, mon stagiaire avait vérifié qu’ESXi s’installait correctement sur le serveur cible en arrêtant celui-ci une demi heure pendant la pause déjeuner.

Toute l’intervention ne devait durer théoriquement qu’une journée, dont deux heures d’arrêt du serveur. L’informatique étant pleine d’imprévue, surtout au Maroc, j’avais prévu cinq jours.

Le premier jour le réseau électrique ne semble pas stable et la salle informatique où nous avons installé notre QG est sans électricité. Les utilisateurs sont content de me revoir (un an s’est passé depuis ma dernière venue). La journée passe en intervention diverses toutes aussi urgentes les unes que les autres.

Le deuxième jour, nous réalisons un clone du serveur en une heure à l’aide du logiciel Clonezilla et une sauvegarde par rsync sur le NAS à travers le switch giga nouvellement installé. Le temps que le rsync se termine, nous testons la restauration de l’image dans une machine virtuelle sur notre PC de tests. Le verdict tombe: il faut 20h pour que l’image s’installe. Trop long.

Le troisième jour, alors que la matinée commence à peine, je suis appelé par le gardien de l’école: un bruit suspect provient du tableau électrique. Une sorte de grésillement. Alors que tout le monde palabre pour savoir ce que c’est, je demande à ce que toutes les machines électriques soient éteintes: clims, PC, imprimantes, etc. Bon gré mal gré, tous s’exécutent. Je coupe le courant de l’école et ouvre le panneau électrique. Un début d’incendie commençait: une partie du plastique est noire et une partie des fils sont en train de fondre… Je demande à ce que l’électricien ayant installé le panneau soit appelé en urgence. Il interviendra dans l’après-midi (ce qui est d’une exceptionnelle rapidité au Maroc). Pendant ce temps, nous travaillons sur papier. Ceux qui disposent d’un ordinateur portable se plaignent de ne pas pouvoir imprimer et de ne pas avoir accès à internet. Le comportement des utilisateurs est universel. Je dors mal le soir, car je n’ai encore rien fait de décisif.

Le quatrième jour sera lui décisif. Nous utilisons le logiciel WMware de conversion P2V pour cloner « à chaud » le serveur et le transférer en tant que VM sur notre hyperviseur de tests. Un rsync est lancé pour sauvegarder les données du serveur sur le NAS réseau « au cas où ». Ensuite, le serveur physique est arrêté, le disque dur est ajouté, le RAID0 est constitué, détruisant ainsi toutes les données d’origine. Celles ci ont été sauvegardées sur l’image Clonezilla, sur l’image P2V sur notre hyperviseur de tests et sur le NAS via un rsync. Ceinture et bretelle (et sourire de la crémière:). Nous installons l’hyperviseur ESXi sur le nouveau disque ainsi constitué et décidons de transférer la VM depuis notre hyperviseur de tests. Le transfert démarre et, malheureusement est chronométré pour durer huit heures… J’entends déjà les utilisateurs râler.

A ce moment, je me souviens d’un produit gratuit permettant d’accélerer les transferts en mode fichier entre deux hyperviseurs vmware: Veeam FastSCP. Nous lançons l’installation et l’opération de copie. Celle-ci mettra deux heures, soit le milieu de l’après-midi. En fin d’après-midi, le serveur est prêt, les utilisateurs peuvent fermer leurs sessions sans perdre de données, ce qu’ils font. Ils sont soulagés et nous aussi.

Le vendredi sera consacré à l’installation d’un disque SATA d’1To dans le serveur pour pouvoir configurer un datastore confortable pour les données des différentes VM.

Le samedi pourra finalement être consacré à la visite de la mosquée Hassan II. Superbe.

Et le septième jour, Zythom se reposa rentra chez lui.

La semaine suivante, nous allions pouvoir installer sur ce serveur depuis la France une VM Windows 2003 serveur pour Active Directory, une VM Windows 2003 avec XenApp et l’antivirus centralisé Symantec Enterprise et une VM Windows XP pour pouvoir nous servir d’une console à distance sans monopoliser un PC physique duquel nous nous faisions déconnecter régulièrement par un étudiant pressé.

Mais cela, c’est une autre histoire.

Une belle connerie

On m’accuse parfois de n’écrire que des billets à la gloire des experts judiciaires et en particulier à la mienne… J’invite donc ces lecteurs à lire quelques uns des billets de la série « erreurs judiciaires« .

Pour ma part, je ne fais jamais d’erreur, encore moins lors d’une expertise judiciaire. Sauf peut-être le week-end dernier.

Je suis actuellement en déplacement professionnel à Casablanca au Maroc. Je dois entre autres choses virtualiser le serveur principal de notre établissement marocain.

Comme d’habitude, la préparation de mes bagages a été faite au dernier moment. J’ai donc attrapé au vol tout ce que je trouvais utile de prendre pour mon séjour:

ordinateur portable, chargeur de téléphone mobile, lunettes de soleil, DVD à graver, casque pour communications Skype, une poignée de clefs USB, etc.

En passant les différents contrôles de l’aéroport de départ et de celui de Casablanca, j’ai du déballer à chaque fois tout mon attirail et passer les portiques en chaussettes sous l’oeil à peine aimable du personnel de sécurité.

J’étais un peu plus stressé par les contrôles douaniers car je tournais dans ma tête les explications que j’allais donner concernant les 30 cadenas à clef unique, le switch giga, le routeur-wifi-ADSL2+, les quatre multiprises, les cinq souris, les dix cables réseaux, les cent DVD à graver qui se trouvaient dans mon sac.

Dans mes poches, j’avais également un appareil photo, une clef USB et un baladeur MP3 pour le voyage. Juste avant de partir, j’ai complété « à l’arrache » les chansons de mon lecteur MP3 avec quelques uns des derniers morceaux que j’ai achetés sur Internet.

Arrivé à l’hôtel, j’ai déballé mon ordinateur pour le recharger et me connecter à Internet (et uploader le billet précédent). En travaillant sur l’ordinateur, j’ai eu besoin d’une donnée stockée sur ma clef USB. Problème: sur quelle clef USB parmi la poignée de clefs rapidement prises sur mon bureau lors de mon départ. Je passe donc en revue toutes les clefs USB de mon sac.

Horreur (et damnation). Sur les quatre clefs, l’une contient une partie des données d’un dossier d’expertise en cours: 2Go d’images et de films pédopornographiques… La clef me sert de transfert entre une machine Windows et une machine GNU/Linux.

J’ai changé de continent et franchi deux douanes avec des images pédopornographiques!

Si cela, ce n’est pas une belle connerie…

Trois jours

J’ai conscience que beaucoup de lecteurs de ce blog viennent pour y lire des anecdotes sur le monde de l’expertise judiciaire. C’est mal connaître l' »esprit » de ce blog: j’y confie tout ce qui me passe par la tête ou presque et entre autre chose des anecdotes pour ma famille et mes amis. J’ai décidé d’inaugurer une nouvelle rubrique dans la catégorie « privée »: des anecdotes sur mon service militaire. A petite dose.

Je n’ai jamais vraiment aimé l’armée, mais j’ai toujours trouvé qu’elle représentait un mal nécessaire, un passage obligatoire qu’il fallait prendre du meilleur côté possible. Évidemment, maintenant que le service militaire n’est plus obligatoire, cela fait un peu « vieux papy ». Mais il fut un temps pas si lointain où pour tous les garçons qui atteignaient 18 ans, la question militaire devenait incontournable.

Les trois jours

Dans mon lycée, les pires légendes couraient sur ces fameux trois jours de casernement: les lits étaient sales, les douches collectives malodorantes, il fallait se lever à cinq heures du matin pour passer son temps à attendre…

Déjà, la plupart du temps, les trois jours n’en duraient qu’un seul. En tout cas, ce fut le cas de tout ceux qui m’accompagnaient. Arrivés le matin, nous avons commencé par des tests de logique: une heure à cocher des cases en courant contre la montre. Mes amis redoublant m’avaient prévenu: tu ne finiras pas le questionnaire. Il faut essayer de répondre juste au maximum de questions.

On nous a fait ensuite patienter une heure le temps pour les appelés de procéder à la correction.

Munis de nos résultats, nous voici en train de poursuivre le parcours fléché vers étape suivante: la visite médicale.

Je ne suis pas quelqu’un qui fait les premiers pas quand je ne connais personne. J’étais donc un peu isolé parmi la dizaine de petits groupes qui s’étaient formés alentour. Un gars plutôt rondouillard s’approche de moi et me demande si je sais où il faut aller pour la suite. Je lui réponds qu’il suffit de suivre les énormes flèches et de lire les indications. Pas rassuré pour autant, il me demande la note que j’ai obtenu aux tests. Je lui réponds discrètement: j’ai eu 20. Il me regarde avec des yeux tous ronds: quoi! A ben ça alors. Moi j’ai eu 7 et j’aurais voulu travailler comme cuisinier. Ils m’ont dit qu’il fallait avoir au moins 10 pour s’engager.

Je compatis avec lui. Il me suivra toute la journée, se méfiant des flèches et des indications, préférant suivre mon 20 plutôt que son bon sens à lui. Je ne sais s’il a eu raison.

La visite médicale est un grand classique. Nous voici dix alignés face à un mur sur lequel sont accrochés dix urinoirs. Au commandement, nous avançons avec notre flacon de verre vide pour le remplir. Quelques minutes ensuite, nous nous reculons avec notre verre de liquide chaud à la main. Sauf mon camarade d’infortune qui, tout rouge, annonce d’une petite voix qu’il n’a plus envie, ayant cédé à un besoin naturel quelques instants avant la visite médicale. L’appelé de service lui explique qu’il doit pouvoir fournir quelques gouttes en se forçant un peu… Ce qu’il fera avec grandes difficultés et moultes soupirs.

Puis vient l’examen de l’acuité visuelle. Nous sommes en file indienne. Je suis juste derrière mon camarade cuisinier. Lorsque le médecin lui demande de se cacher l’œil droit, je le vois mettre sa main sur l’œil droit et appuyer fortement dessus tout en lisant les lignes de caractères. Quand le médecin lui demande de faire la même chose avec l’autre œil, son œil droit était devenu incapable de lire quoi que ce soit… Le médecin haussa les épaules et cria: suivant! Je prie bien garde à placer ma main devant mon œil. On apprend toujours des erreurs d’autrui.

Tous les futurs appelés ayant eu au dessus de 15 aux tests de logique devaient passer un autre test que j’attendais avec impatience: le test de morse. Nous allions passer une heure à nous entrainer à apprendre à reconnaitre trois lettres, I N et T[1]. L’entrainement consistait à suivre les indications fournies dans les hauts parleurs par une bande magnétique. Chaque époque a ses NTICE. Passé l’heure d’entrainement, l’épreuve proprement dite commençait. Mes amis m’avaient prévenu: la grille des réponses comportait des groupes de cinq lettres à remplir. Les hauts parleurs allaient passer les sons morses à un rythme initial très lent, puis accélérer sensiblement jusqu’à soutenir un rythme tellement rapide qu’il était impossible pour un débutant de le soutenir. Le truc consistait alors à sauter les groupes de cinq lettres non reconnues et d’essayer de grappiller des points en saisissant au vol quelques groupes de lettres. Résultat: 20 🙂

C’est probablement pour cela que j’ai ensuite effectué mon mois de classes dans les transmissions. Cela ne peut pas être un hasard…

PS: Je n’ai jamais su ce qu’était devenu mon camarade morpion du jour des trois jours. S’il me lit ici, qu’il sache que si j’avais l’air sur de moi, j’étais également un peu perdu. J’espère qu’il a trouvé le bonheur qu’il méritait.

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[1] INT, c’était également le nom d’une grande école d’ingénieurs: l’Institut National des Télécommunications. Un hasard??

Images pédophiles

Depuis que j’analyse des quantités incalculables d’images pédopornographiques, au point d’en être devenu un expert capable de reconnaître certaines victimes, de pouvoir classifier par âge en fonction des caractéristiques morphologiques (bien que n’étant pas médecin).

Mais par acquit de conscience, je me contente de faire un tri sommaire:

– image pédopornographique avec certitude (en général moins de dix ans)

– image probablement pédopornographique (âge peut-être inférieur à 18 ans)

– image douteuse (âge voisin de 18 ans)

Bien sur, le critère de l’âge ressenti ne suffit pas. Il y a la mise en situation: présence d’un partenaire actif ou non, etc. Dans le doute, je fournis aux enquêteurs toutes les images douteuses, dès lors qu’elles pourraient correspondre aux missions qui me sont demandées.

J’écarte donc toutes les photos sans rapport avec les missions (vacances, privées, collections diverses) même si elles sont parfois à caractère fortement sexuel (madame ou/et monsieur que je viens de voir sur leurs photos de vacances et que je vois d’un seul coup sous toutes les coutures…)

Mais il m’arrive de tomber sur des représentations que je sais pas trop cataloguer bien que montrant des enfants en situation sexuellement active (ie pornographique), seuls, avec d’autres enfants, ou avec des adultes. Il s’agit de bandes dessinées et/ou de représentations numériques communément appelées avatars.

Là encore, par soucis de remplir correctement mes missions, j’ai créé une catégorie « images dessinées » et « images d’avatars » pour permettre aux enquêteurs (et aux avocats) de faire leur travail le mieux possible. J’aurais aussi bien pu créer une seule catégorie: les images non photographiques, mais il est parfois très difficile de différencier les images de synthèses des photographies…

Maitre Iteanu indique sur son blog:

« Ainsi, dans les dispositions relatives à la pédophilie, le dernier alinéa de l’article 227-23 du code pénal prévoit que «Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d’une personne dont l’aspect physique est celui d’un mineur, sauf s’il est établi que cette personne était âgée de dix-huit ans au jour de la fixation ou de l’enregistrement de son image». La jurisprudence a également considéré que la loi du 17 juin 1998, «a étendu l’objet du délit à toutes représentation d’un mineur, les images non réelles représentant un mineur imaginaire, telles que des dessins ou des images résultant de la transformation d’une image réelle, entrent dans les prévisions de ce texte»« .

L’article 227-23 du code pénal a été complété par la loi n° 2002-305 du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale (article 14) afin de réprimer de façon spécifique, et par là même plus dissuasive, le fait de détenir l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique (source bulletin officiel du ministère de la justice n° 86, 1er avril – 30 juin 2002).

Pour les lecteurs inquiets d’avoir sur leur ordinateur des images de leurs enfants tout nus dans leur bain, je rappelle que les images pour être pédopornographique doivent être pornographiques, c’est-à-dire représenter un acte sexuel ayant pour objectif d’exciter sexuellement le spectateur.

Je tombe malheureusement parfois sur de grandes quantité d’images non pornographiques, mais mettant en scène des enfants très jeunes, nus dans des poses plus ou moins lascives.

Je crée alors un dossier « représentations d’enfants nus » et laisse la justice trancher.

Mais je vous assure que tous ces tris me minent.