Depuis mon billet sur la récupération de fichiers, où je cite plusieurs métiers de spécialistes en criminalité informatique, j’ai reçu plusieurs emails de personnes intéressées par ces professions.
On me demande également mon avis sur la meilleure formation, ou sur le choix à faire entre police ou gendarmerie, etc.
STOP. Je ne connais pas ces métiers, je ne sais pas quelle filière suivre pour y parvenir et je travaille tout aussi bien avec des professionnels de la police nationale ou de la gendarmerie (nationale également, il n’y a pas de gendarmerie municipale).
Et comme tout le monde, je regarde les séries télévisées avec leurs lots de suspense, de situations rocambolesques et d’enquêtes scientifiques. Je comprends donc l’intérêt que l’on peut porter à ces métiers, vus à travers la petite lucarne. Mais comme toujours, la réalité est plus douloureuse, et moins télégénique.
Pour autant, si l’on est en général loin des salles hypertechnologiques de la série « Les Experts », si les algorithmes de décryptage sont un peu plus long que dans la série « NCIS », la réalité du terrain est aujourd’hui loin de l’image encore présente à l’esprit du plus grand nombre (me semble-t-il). La réalité, c’est ce qui fait mal quand on éteint l’ordinateur (John Warsen).
Les policiers et les gendarmes avec lesquels j’ai pu travailler disposent d’ordinateurs et de matériels dernier cri. Pas tous, pas partout, mais beaucoup. Et pour ce que j’en ai vu, ils savent parfaitement s’en servir!
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, les seuls ordinateurs des brigades de gendarmerie étaient ceux qu’ils avaient bien voulus acheter à titre personnel et qu’ils utilisaient sur leur lieu de travail.
Et les experts dans tout cela?
Le mot « expert » est un mot dont le sens est multiple (dictionnaire Petit Robert 1991): en tant qu’adjectif, il signifie « qui a, par l’expérience, par la pratique, acquis une grande habileté« , et en tant que nom:
1) Personne choisie pour ses connaissances techniques et chargée de faire, en vue de la solution d’un procès, des examens, constatations ou appréciations de fait (droit 1754).
2) Expert-comptable: personne faisant profession d’organiser, vérifier, apprécier ou redresser les comptabilités, en son nom propre et sous sa responsabilité.
3) Personne dont la profession consiste à reconnaître l’authenticité et à apprécier la valeur de certains objets d’art, pièces de collection.
Mon dictionnaire étant ancien, je me suis tourné vers ROME (le Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois de l’ANPE) qui me fournit une liste de 28 métiers dont le nom contient le mot « expert »! Dont l’expert(e) informaticien(ne) qui négocie puis prescrit des solutions en matière d’informatique dans les domaines administratif, industriel, scientifique, technique…
Rome enfin se découvre à ses regards cruels;
Rome, jadis son temple, et l’effroi des mortels;
Rome, dont le destin dans la paix, dans la guerre,
Est d’être en tous les temps maîtresse de la terre.
Il y a donc profusion d’experts, surtout si vous utilisez le mot comme adjectif:
Technicien expert, il est expert dans cet art, dans cette science, il est expert en la matière…
Des experts en série.
Et parmi eux, il y a les experts judiciaires (il parait que l’on doit dire maintenant « experts de justice », mais j’ai beau regarder mes codes, je ne vois mention de cela nulle part…).
Et si, comme Woody Allen, vous me disiez « J’ai des questions à toutes vos réponses« …
Comme par exemple, qu’est-ce qu’un expert judiciaire? Vous trouverez la réponse par exemple ICI, mais pour répondre simplement, un expert judiciaire est une personne qui prête devant la cour d’appel le serment suivant: « Je jure, d’apporter mon concours à la Justice, d’accomplir ma mission, de faire mon rapport, et de donner mon avis en mon honneur et en ma conscience. »
Et si en plus, à titre personnel, vous avez prêté le serment d’Archimède, vous aurez droit à toute ma considération…
Attention, tous les mots sont importants.
Merci de lire à voix haute.
Les gras sont de moi, vous pouvez parler plus fort.
Serment d’Archimède
Considérant la vie d’Archimède de Syracuse qui illustra dès l’Antiquité le potentiel ambivalent de la technique,
Considérant la responsabilité croissante des ingénieurs et des scientifiques à l’égard des hommes et de la nature,
Considérant l’importance des problèmes éthiques que soulèvent la technique et ses applications,
Aujourd’hui, je prends les engagements suivants et m’efforcerai de tendre vers l’idéal qu’ils représentent :
• Je pratiquerai ma profession pour le bien des personnes, dans le respect des Droits de l’Homme[1] et de l’environnement.
• Je reconnaîtrai, m’étant informé au mieux, la responsabilité de mes actes et ne m’en déchargerai en aucun cas sur autrui.
• Je m’appliquerai à parfaire mes compétences professionnelles.
• Dans le choix et la réalisation de mes projets, je resterai attentif à leur contexte et à leurs conséquences, notamment des points de vue technique, économique, social, écologique… Je porterai une attention particulière aux projets pouvant avoir des fins militaires.
• Je contribuerai, dans la mesure de mes moyens, à promouvoir des rapports équitables entre les hommes et à soutenir le développement des pays économiquement faibles.
• Je transmettrai, avec rigueur et honnêteté, à des interlocuteurs choisis avec discernement, toute information importante, si elle représente un acquis pour la société ou si sa rétention constitue un danger pour autrui. Dans ce dernier cas, je veillerai à ce que l’information débouche sur des dispositions concrètes.
• Je ne me laisserai pas dominer par la défense de mes intérêts ou ceux de ma profession.
• Je m’efforcerai, dans la mesure de mes moyens, d’amener mon entreprise à prendre en compte les préoccupations du présent Serment.
• Je pratiquerai ma profession en toute honnêteté intellectuelle, avec conscience et dignité.
Je le promets solennellement, librement et sur mon honneur.
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PS: En relisant le billet, je me rends compte que je suis parti dans tous les sens… Mais c’est mon blog, et je vous dis Merci d’être venu 🙂
To do is to be (Platon)
To be is to do (Marx)
Doo be doo be doo (Frank Sinatra)
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[1] Selon la déclaration universelle de l’ONU (10 décembre 1948)