Deux vies

A ce moment précis de mon existence, j’ai la chance de n’avoir tué personne: ni accident mortel, ni meurtre parfait.

J’ai même la fierté de pouvoir dire que j’ai sauvé deux vies:

– Lors d’une sortie spéléo, un copain et moi explorions pour la première fois un gouffre bien connu. Nous étions face à un passage particulièrement étroit que nous pensions franchissable. D’ailleurs nous voyions clairement un vaste puits derrière l’étroiture, preuve à nos yeux que nous étions sur la bonne voie. Mon camarade s’est engagé dans la faille en se faufilant, jusqu’à se trouver complètement coincé.

Le cauchemar de tout spéléologue.

En cherchant à se dégager, il a même perdu le sac d’équipement qu’il portait et que nous avons entendu se fracasser plusieurs dizaines de mètres plus bas. Spectateur impuissant derrière lui, j’entendais au son de sa voix que la panique commençait à monter. Sur le ton de la plaisanterie (et pourtant je n’en menais pas large), je lui dis qu’il ne se fasse pas trop d’illusion sur mon compte, car j’allais entreprendre de le déshabiller. En passant un bras au travers de l’étroiture, j’ai réussi à lui retirer tout son équipement, ses bottes, son baudrier et sa combinaison. Ainsi allégé, il a pu se contorsionner pour reculer et se sortir de ce mauvais pas… Le vrai chemin était en fait quelques mètres plus haut et contournait cette faille impénétrable. Il ne nous restait plus qu’à bricoler les quelques cordes qui nous restaient pour aller chercher le sac perdu qui contenait tout le matériel prévu pour la suite (dont notre repas)…

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– ma fille ainée s’étouffait avec un bonbon donné à l’entrée du supermarché par un Père Noël. Sans paniquer, l’esprit clair et froid, je me suis placé derrière elle et j’ai violemment comprimé son ventre à deux mains. Le bonbon coincé dans sa gorge a été propulsé loin dans le rayon et elle s’est mise à respirer normalement. J’ai immédiatement ri avec elle pour dédramatiser l’évènement et nous avons continué les courses tous les deux tranquillement (ce n’est pas si souvent que je fais les courses, mon réfrigérateur se remplissant tout seul comme par enchantement… La magie du mariage sans doute). Ce n’est que quelques minutes plus tard que mes nerfs ont lâché et que j’ai laissé couler quelques larmes. Imaginez la scène: un homme larmoyant poussant un caddie avec une enfant réclamant un nouveau bonbon…

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Je sais, c’est très mal de s’auto glorifier, mais je suis TRES FIER d’avoir sauvé deux vies.

De la spéléo sur Mars !

Depuis l’écriture de ce billet, vous savez que je suis un ancien pratiquant de la plus belle activité d’exploration qui soit: la spéléologie.

Vous avez lu ici sur mon CV, que j’espérais toujours participer à l’aventure spatiale de la conquête de Mars…

Et bien les choses se précisent avec la découverte des premières cavernes sur Mars!!

Amis lecteur, si tu travailles pour une agence spatiale (USA, Russie, Europe, Chine, Japon, Inde, Canada, Ukraine, Algérie, Brésil, Israël, Maroc, Corée, Nigeria, Tunisie, Azerbaïdjan, Pakistan, Taïwan, Australie…) et que tu recherches un candidat pour un vol spatial d’un an enfermé dans une boite avec comme seul lien vers l’extérieur un ordinateur, alors JE SUIS LE CANDIDAT IDEAL.

Merci de faire suivre à qui de droit.

Spéléologue

La spéléologie est la dernière activité d’exploration et de découverte accessible à tous qui existe aujourd’hui.
Tous les sommets importants ont été conquis, toutes les iles ont été explorées, tous les territoires vierges ont été approchés. Il reste certes quelques forêts, vallées ou déserts où l’être humain ne s’est guère avancé, mais les vraies explorations de surface sont maintenant sur Mars et ailleurs, inaccessible à tout un chacun.
La spéléologie continue de faire rêver ses pratiquants: le gouffre le plus profond (actuellement connu), la cavité la plus grande (actuellement connue), le réseau souterrain le plus long (actuellement connu, bon vous avez compris) ont été explorés, mesurés et cartographiés. Mais un simple spéléologue, même peu expérimenté, en écartant un buisson ou en soulevant une pierre, peut découvrir l’entrée d’un futur record du monde. Certes les grandes entrées évidentes ont été découvertes et explorées depuis longtemps, mais le frisson de la découverte existe encore et tous les mois plusieurs gouffres sont découverts et explorés en France même.
J’ai participé dans ma jeunesse, au sein d’un club d’étudiants parisiens, à des expéditions en Crête. Nous restions ainsi en Europe, assez loin pour être complètement dépaysés, assez prêt pour pouvoir y aller sans trop de frais. Le centre de la Crête recèle un potentiel calcaire très travaillé par l’eau dans lequel il est possible de faire des découvertes intéressantes.
Comment expliquer les sensations que l’on ressent lorsque l’on est le premier à s’aventurer dans un conduit souterrain, qui débouche sur une salle, elle même donnant sur un puit, puis sur un autre… Découvrir des salles magnifiques, des puits impressionnants, des vestiges amenés par l’eau. L’Aventure.
Avec nos moyens limités, nous avons découvert et exploré le gouffre le plus profond de Crête, devenant l’année suivante le gouffre le plus profond de Grèce lors de notre expédition suivante.
Quelle joie, quelle exultation de continuer une exploration, surtout après une année entière passée à l’imaginer, à la rêver…
Puis est venu le temps de la famille, l’âge, le goût diminué de l’effort physique, qui m’ont amené à mettre ces explorations entre parenthèses. Mais qui sait, dans quelques années, un retour de flamme providentiel me fera ressortir les descendeur, casque et lampe à acétylène pour repartir, le temps d’un week-end, à la recherche des sensations de ma jeunesse.