25 ans dans une startup – billet n.31

Introductionbillet n.30

En 2009, la téléphonie mobile commence à bien s’implanter dans les usages. De plus en plus de personnes disposent d’un téléphone portable et celui-ci évolue rapidement d’un simple appareil proposant uniquement la fonction téléphonique à un téléphone intelligent ressemblant de plus en plus à un ordinateur.

En quelques années, notre système de messagerie électronique basé sur un serveur web Apache et un magnifique SquirrelMail développé en PHP allait devenir un point de crispation des utilisateurs… Le nombre de messages, le volume des pièces jointes, le besoin de partage des contacts et l’accès facile via les smartphones allaient avoir raison de la solution que nous avions mis en place.

Parallèlement à cela, notre accès internet commençait à être saturé de messages, de SPAM, de transferts de fichiers… Les utilisateurs souhaitaient pouvoir stocker de plus en plus de données, et celles-ci devenaient de plus en plus volumineuses. Ils souhaitaient pouvoir les partager facilement et travailler de manière collaborative dessus.

Tout le monde voulait une solution simple et pouvoir l’utiliser depuis un ordinateur portable, une tablette ou son téléphone.

Depuis quelques années, nous avions abandonné notre fidèle sendmail pour lui préférer le plus simple Postfix. Nous déployions des trésors d’ingéniosité pour protéger nos utilisateurs contre les SPAM, avec du greylisting (PostGrey), du filtrage de contenu avec SpamAssassin, du filtrage bayésien, du filtrage par mots clefs, du filtrage heuristique… Nous blacklistions les serveurs via des bases de données RBL, nous surveillions les envois de nos serveurs pour ne pas être nous mêmes blacklistés…

Le système informatique que j’avais mis en place vieillissait, et il
m’apparaissait comme de plus en plus évident que j’arriverais difficilement à pouvoir proposer le service réclamé par
mes utilisateurs, avec
les moyens à ma disposition. Entre les utilisateurs mécontents et le service rendu de mauvaise qualité, cela craquait de toutes parts, il fallait trouver une solution, et vite…

Vous n’allez pas aimer la solution que j’ai choisie…

Billet n.32

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Par Sam Johnston [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons

25 ans dans une startup – billet n.30

Introductionbillet n.29

Quand un nombre important de problèmes vous remonte, il faut trouver une méthode de résolution qui vous permet de les surmonter en apportant à chacun une solution, si possible pérenne…

En tant que responsable informatique, j’organise ma résolution de problèmes autour d’une réflexion à long terme, formalisée par un schéma directeur informatique (SDSI) et une politique de sécurité des systèmes d’information (PSSI).

En tant que responsable technique fraîchement nommé, j’ai choisi de me focaliser sur le document unique d’évaluation des risques professionnels. Accompagné d’un consultant extérieur, j’ai rédigé ce document et j’en assure la mise à jour annuelle. C’est la clef de voûte de mes décisions à long terme.

Pour le court terme, j’ai fait confiance à toute l’équipe en place : je leur ai demandé quelles étaient les améliorations qu’ils souhaitaient voir mises en place et j’ai fait le nécessaire pour faciliter leurs interventions et mettre en valeur leurs savoir-faire : mise en place d’un logiciel de gestion des services d’assistance (OTRS, déjà utilisé par le service informatique), externalisation des tâches chronophages ou ne correspondant pas à leurs formations (entretien des espaces verts, nettoyage des abords des bâtiments…), et achat des outils indispensables à chacun.

J’ai ensuite essayé de faire ce que tout manager doit faire : mettre en valeur ses équipes auprès des utilisateurs, et assumer les erreurs humaines de son équipe : quand quelque chose de positif est fait dans le service, c’est grâce aux techniciens, mais quand quelque chose de négatif est fait dans le service, c’est à cause du responsable du service.

Pour pourvoir assumer cela, j’ai demandé à suivre moi-même toutes les
formations techniques obligatoires : CACES chariot élévateur, CACES
nacelle, habilitation électrique, formation de Sauveteur Secouriste du
Travail (SST), formation à la manipulation d’extincteurs… Et après chaque
formation, je faisais le point avec mon équipe sur les règles de sécurité, les
procédures et les équipements de protection individuel (EPI).

Comme l’Homme qui plantait des arbres (livre gratuit selon la volonté de Jean Giono, vous pouvez le lire ici par exemple), j’ai commencé à essayer de changer les choses par petites touches.

Billet 31

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Sécurité au travail, ce qu’il ne faut pas faire, exemple n.3248

25 ans dans une startup – billet n.29

Introductionbillet n.28

Je suis allé voir le Directeur Général, et je lui ai proposé de prendre la tête du service technique, en plus du service informatique. Beaucoup d’outils techniques allaient converger vers le numérique, et beaucoup d’interdépendances existaient déjà, avec quelques points de crispations. J’avais envie de progresser en management, je m’entendais bien avec les techniciens, dont je respectais depuis longtemps le savoir faire.

D’enseignant-chercheur, j’étais passé de l’autre côté de la barrière, celle des services supports, en devenant responsable informatique. Le Directeur Général était un peu surpris que je me propose pour prendre la responsabilité du service technique… Surpris, mais intéressé. Il a dit oui. Je suis devenu responsable informatique ET technique de la startup.

C’est ainsi que j’ai découvert un univers totalement différent de l’univers informatique, et dont j’ai un peu parlé dans le billet « Jargon technologique » en référence à ma formation initiale. J’ai du faire mes preuves, non pas en organisation ou en gestion de projet, mais en électricité, en chariot élévateur, en nacelle, en EPI, en SST, en SSI, en entretien des espaces verts, en sécurité des personnes, en entretien des bâtiments, en extincteurs, en climatisation, en ventilation, en réglementation des établissements recevant du public, en commission de sécurité…

Tout un nouvel univers de problèmes et de solutions s’offrait à moi. Avec deux équipes de techniciens expérimentés à encadrer, j’allais apprendre à courir partout dans la startup : avec 12 000 m2 de bâtiments, 800 personnes présentes chaque jour dans les locaux, un site distant à gérer, 300 ordinateurs fixes, une téléphonie vieillissante, du BYOD omniprésent, la tâche s’avérait passionnante.

Et effectivement, les problèmes allaient pleuvoir comme à Gravelotte…

Billet n.30

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de https://salemoment.tumblr.com/

avec l’aimable autorisation de l’auteur Olivier Ka

25 ans dans une startup – billet n.28

Introductionbillet n.27

J’adore mon métier. Je fais tout pour être heureux le matin en allant travailler, pour aimer le lundi matin plus que les autres matins. Enfin, j’essaye… J’ai vite appris à faire confiance dans les capacités des personnes de mon entourage professionnel, et à travailler en équipe avec les différents services de la startup.

Comme dans beaucoup d’entreprises, le service informatique gère un périmètre qui relève de toute évidence de sa compétence : le réseau informatique, les ordinateurs, les serveurs, l’accès internet et les imprimantes. Mais avec les années, de plus en plus d’interactions ont lieu avec un autre service de la startup : le service technique. A lui la gestion de l’électricité et des onduleurs, des climatisations, de la téléphonie, des gros photocopieurs, des télévisions, des vidéoprojecteurs, du contrôle d’accès, du système de gestion technique du bâtiment, du chauffage, et de pleins d’autres choses…

Il y a des interactions évidentes : les climatisations de la salle serveurs, l’électricité de secours… Mais beaucoup des autres équipements commencent eux aussi leurs évolutions vers le numérique : les photocopieurs multifonctions sont reliés au réseau informatique et se transforment en imprimante/scanner avec une télémaintenance associée (par ligne téléphonique analogique !), les vidéoprojecteurs se connectent au réseau informatique, le contrôle d’accès et sa base de données aussi. Bref, beaucoup des appareils gérés par le service technique s’informatisent.

Et en cette année 2007, le responsable du service technique décide de quitter la startup. C’est la surprise qui m’attendait au retour de mission en terre africaine.

Le service technique se retrouve alors sans personne à sa tête et la Direction de la startup se met à la recherche d’une solution en commençant à réfléchir au meilleur recrutement possible.

C’est là que j’ai eu une idée curieuse, qui a surpris tout le monde…

Billet n.29

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Mise en conformité du blog concernant le RGPD

J’ai légèrement modifié les mentions légales du blog et procédé à une analyse des informations que je collecte sur ce blog.

En effet, je suis le responsable du traitement des données personnelles collectées ici, et en tant que tel, je m’engage à respecter le
cadre des dispositions légales en vigueur (et c’est bien normal).

Je suis un simple blogueur, qui tient un journal extime pour son plaisir, éventuellement pour celui de ses lecteurs, et, en particulier, je ne cherche pas à commercialiser vos
données personnelles qui sont uniquement utilisées à des fins
statistiques et d’analyses.

J’utilise Google Analytics pour établir les statistiques de consultation
de ce blog, en plus des outils intégrés à la plateforme Blogger. Les options de monétisation du blog ne sont pas activées,
et je recommande à tous les internautes d’installer un bloqueur de
publicités (par exemple uBlock Origin), même si je crois qu’il n’y en a pas trop qui s’affichent par ici.

Par ailleurs, depuis septembre 2012, j’utilise les services de Feedburner pour proposer aux internautes qui le souhaitent, l’envoi par email des billets de ce blog. Je trouve cela pratique et il y a plus d’une centaine de personnes qui ont fait ce choix.

Mais cela me pose un problème : il s’agit d’une collecte de données personnelles. Or, en tant que délégué à la protection des données de ce blog, je m’engage à prendre toutes les précautions nécessaires afin de préserver
la sécurité des informations et notamment qu’elles ne soient pas
communiquées à des personnes non autorisées.

Malheureusement, je ne souhaite pas endosser cette responsabilité, dans la mesure où je ne vais pas pouvoir surveiller les conditions d’utilisation de vos données personnelles par Feedburner, ni leurs évolutions. J’ai également déjà fait l’objet d’un piratage ciblé de ce blog (lire ce billet) dont j’assume parfaitement les conséquences pour moi-même, mais pas pour les autres.

J’ai donc décidé de supprimer ce widget et de résilier les abonnements aux envois par email des billets du blog pris volontairement par la centaine d’internautes qui avaient souhaité profiter de cette facilité. Une fois que ce billet sera dans leur boite aux lettres, je supprimerai définitivement toutes les données personnelles que j’ai en ma possession (ie leurs emails). Je leur présente mes excuses les plus sincères pour l’arrêt de cette fonctionnalité. Je leur recommande l’utilisation d’un agrégateur de flux RSS et de s’abonner au blog par ce biais.

Il me restera ensuite à franchir le dernier pas, celui de l’auto-hébergement, pour essayer de me sortir de la googlisation de mon environnement de blogueur fainéant. Pour cela, j’attends avec impatience d’être relié à la fibre, ce qui est normalement prévu dans les mois qui viennent. Je mettrai alors en place un serveur web chez moi, avec toute l’administration informatique qui va avec… J’en profiterai aussi pour héberger enfin un nœud Tor un peu plus sérieux que celui que je fais tourner aujourd’hui.

Attendez-vous à quelques changements sur ce blog, qui reste pour moi un lieu d’expression formidable, mais qui est aussi un champ d’expérimentation technique. Je suis en train de tester Cloudflare, WordPress, et d’autres joyeusetés.

Mais si vous connaissez un hébergeur européen qui accepterait de prendre en charge gratuitement mon blog, complètement et sans publicité, je suis preneur !

A bientôt 😉

25 ans dans une startup – billet n.27

Introductionbillet n.26

Je reprends ici une partie du billet que j’ai écrit sur ce blog à l’époque.

Chronologiquement, l’installation s’est déroulée comme suit :

1) Installation d’Internet:

Plus
exactement, remplacement du modem USB fourni par Maroc Telecom par un
modem routeur Netgear autonome (ie : qui n’a pas besoin d’un PC pour
fonctionner).

2) Installation du réseau:

J’étais
venu avec cinq kilos de câbles de toutes longueurs que j’ai installés
dans les goulottes présentes dans les bureaux (avec un joyeux mélange
courants forts/courants faibles). J’ai même du percer un trou à travers
une cloison… A quatre pattes en costard, comme quoi l’informatique
mène à tout.

Les actifs du réseau sont constitués du Netgear (qui
fait switch quatre ports) secondé par deux petits switchs EUSSO huit
ports. J’avais amené un beau switch 24 ports, mais il fait réellement
trop de bruit. Finalement, c’est le secours qui est en production, et le « gros » switch qui servira de secours…

3) Installation du serveur:

Un
superbe serveur Dell tout neuf qui m’a fait une belle frayeur car
l’installation de Debian Sarge s’arrêtait sur le beau message « aucun
disque dur n’a été trouvé ». En effet, le net-install Debian ne connaît
pas les nouveaux disques SAS de Dell…

Heureusement, j’ai pu trouver
un site web proposant des images « customisées » de net-install Debian
Sarge mis à niveau avec les drivers ad hoc.

Après une petite heure de transpiration, l’installation de base du serveur était achevée. J’aurais eu l’air fin si la mission s’était arrêtée là !

L’installation de samba s’est limitée aux commandes:

# aptitude update

# aptitude install samba

# aptitude install winbind

# aptitude install swat

puis au lancement d’un navigateur sur mon portable pour configurer Samba via swat et le réseau fraîchement installé…

Configuration du serveur en contrôleur de domaine principal.

Création des comptes, des répertoires partagés…

Mise en place du DNS et du DHCP par mon équipe technique depuis la France à travers le routeur, pour me faire gagner du temps.

Vérification du bon fonctionnement de l’onduleur.

Fin de la première journée.

4) Installation de l’électricité:

C’est le plus gros problème qui a failli faire capoter cette mission, et c’est
le charme des missions hors France que de ne pas savoir complètement à
l’avance les problèmes qu’il va falloir surmonter : deux prises
électriques pour alimenter une salle de 10 ordinateurs. Et bien sûr,
aucune rallonge…

Achat de 12 rallonges « trois prises » sans interrupteur, une demi-journée de perdue…

5) Installation des logiciels sur un poste master:

Vu la quantité de logiciels à installer, cette étape me prendra le reste de la journée.

Fin de la deuxième journée.

6) Déploiement de l’image du poste master vers les autres postes:

Finalement, j’ai opté pour un boot sur le cédérom UBCD qui contient le clone de Ghost qui s’appelle « partition saving« . Attention, il faut compter deux heures pour cloner trois postes à la fois. Je découvrirai Clonezilla et son mode multicast plus tard, et enfin, encore plus tard le merveilleux projet FOG.

Je profite du clonage des derniers postes pour tester la qualité de l’image et personnaliser chaque poste.

Fin de la troisième journée.

7) Installation des serveurs de licences et tests finaux:

Tout est dans le titre. Certains logiciels nécessitent des licences gérées par serveur (LUM et FlexLM). Je
n’ai vraiment réalisé que le challenge était gagné que lorsque j’ai vu
fonctionner tous les logiciels lors de la mini formation que j’ai
réalisée en fin de journée auprès des enseignants vacataires.

Je déballe le NAS pour le brancher sur le réseau et l’onduleur, et procéder aux configurations minimales. Les processus de sauvegardes seront installés à distance, sur les postes et sur le serveur.

Fin du séjour.

Mon séjour au Maroc s’est très bien passé, sauf que je n’ai rien vu du Maroc…

Logé
dans un hôtel Ibis où je prenais mes repas, j’ai passé 13 heures chaque
jour enfermé sur mon lieu de travail que je rejoignais à pied.

De retour en France, une surprise m’attendait.

Billet n.28

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

25 ans dans une startup – billet n.26

Introductionbillet n.25

Exporter notre modèle de formation dans un pays en pleine croissance, le Maroc, cela signifie surtout pour moi de repasser en mode « startup ». Et j’aime beaucoup ça 🙂

Cette fois, le problème que j’ai à résoudre est le suivant : créer une salle de TP informatique pour dix personnes en leur donnant accès à internet.

Contraintes : un administratif non informaticien sur place, coût adapté au démarrage d’une startup, installation de la salle dans une villa en location. Les ordinateurs de la salle doivent disposer des principaux logiciels suivants : Catia (CAO), la suite MS-Office+MS
Project et quelques autres logiciels spécialisés comme MatLab.

Je décompose le problème en trois parties : l’infrastructure, les ordinateurs et les logiciels. Et j’étudie ensuite chacune des parties selon trois points de vue : celui de l’utilisateur (les besoins sont-ils couverts ?), celui de l’administrateur (interventions a minima, effectuées à distance) et celui de la sécurité (sauvegardes, piratage…). Le tout pour un coût minimal. Je retiens donc une solution qui pourrait tout aussi bien être déployée chez un particulier :

1) Infrastructure.

Après avoir regardé les différents FAI et les solutions proposées pour un accès internet, je retiens l’accès par ADSL. En regardant les modems proposés, je choisis d’en acheter un moi-même, avec des fonctions de routage plus évolués que ceux proposés par les FAI locaux. Le boîtier ADSL fera également point d’accès Wifi. Je le configure pour pouvoir en prendre le contrôle à distance, depuis mon bureau. Le boîtier ADSL sera relié à un switch 24 ports qui fera office de cœur de réseau à partir duquel partiront tous les câbles vers les périphériques.

2) Les ordinateurs.

10 PC + 1 portable + 1 serveur + 1 NAS + 1 imprimante.

Je demande des devis à des fournisseurs locaux. Je relance. Je passe commande. Je m’assure que tout le matériel est réceptionné et en sécurité en attente de ma venue.



3) Les logiciels.

Windows XP Pro pour les postes clients. Je prévois l’installation de tous les logiciels (via les cédéroms d’installation) sur un poste, puis son clonage et la distribution de l’image sur les autres postes via le serveur.

Le serveur sera sous GNU/Linux Debian avec Samba comme gestionnaire de partage et comme contrôleur de domaine.

L’accès distant aux applications métiers (paie, compta…) se fera via un serveur SSL-Explorer en attendant mieux (ce projet est arrêté aujourd’hui, mais faisait des miracles à l’époque…).

Par sécurité, je prends quelques petits switchs de secours et des câbles dans ma valise, et me voici parti pour l’Afrique !

Rien n’allait se passer comme prévu…

Billet n.27

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Source image : Flickr Gonzalo Iza

25 ans dans une startup – billet n.25

Introductionbillet n.24

En 2006, cela fait déjà 7 ans que je suis expert judiciaire en informatique. Je suis donc sollicité par les magistrats de ma région lorsqu’ils le souhaitent, dans des dossiers où l’informatique intervient directement ou indirectement.

Les enquêteurs de la Police Nationale ou de la Gendarmerie commencent eux-aussi a être doucement équipés d’ordinateurs, mais ils sont encore nombreux à taper sur de vieilles machines à écrire, ou à utiliser leur matériel personnel. Mais surtout, les OPJ formés à l’analyse des scellés informatiques sont encore peu nombreux. Le gendarme N’Tech de mon département est débordé de demandes et les délais sont longs.

Les magistrats me sollicitent donc beaucoup. Surtout dans des dossiers de recherche d’images et de vidéos pédopornographiques.

Le problème est que je me retrouve confronté à ces images et ces films, alors que je n’y suis pas du tout préparé. Je suis papa, en plus, de trois jeunes enfants. De voir des enfants torturés et exhibés me remue profondément.

J’ai donc ouvert ce blog, en écrivant le premier billet intitulé « Pourquoi un blog ?« . Mais dans les billets de 2006, se trouve la vraie raison d’ouverture de ce blog. Dans le billet « L’horreur de la pédophilie« , la fin est la suivante :

Un dossier pédophile, c’est un expert judiciaire qui pleure tout seul dans son atelier.
On n’en parle pas autour d’une table, on n’en parle pas à la TV, on n’en
parle pas sur les blogs. On travaille en silence, consciencieusement,
et avec nous les gendarmes, la police, les greffiers, les magistrats, et
d’autres, qui luttent contre ce fléau.

Ce billet est une thérapie personnelle.

Je commence à m’intéresser de plus près à la société dans laquelle je vis : le fonctionnement de la justice, les lois, ceux qui les écrivent, etc. J’assiste à mon premier conseil municipal dans le public. Ma conscience politique s’éveille.

Tout doucement, je m’ouvre au monde. Je commence à discuter avec des inconnus à travers ce formidable outil qu’est internet, d’autres choses que d’informatique. Je rencontre des blogueurs et des lecteurs IRL. Je mûris un peu.

Pendant ce temps, la startup grandit et nous décidons d’exporter notre modèle de formation dans un pays en pleine croissance : le Maroc.

Billet n.26

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

25 ans dans une startup – billet n.24

Introductionbillet n.23

2002, c’est aussi l’époque de l’explosion des ordinateurs portables, avec un besoin pressant d’accès à internet. C’est l’époque des TIC, puis des NTIC. Ce sont aussi les prémisses du web 2.0.

Concrètement pour moi, il s’agit de consolider les serveurs LAMP de l’entreprise, de régler correctement les DNS primaires et secondaires, tout en accélérant les accès internet (10 Mb/s symétrique à l’époque) avec un serveur mandataire (proxy) muni d’un cache efficace Squid. Le réseau interne est séparé du réseau externe par ce serveur mandataire (qui nous représente sur internet, d’où son nom), lui-même protégé par un parefeu basé sur des règles ipfwadm (qui seront remplacées ensuite par des règles ipchains, puis iptables). Les règles du parefeu sont établies à la main, à partir de tutoriels trouvés sur internet. NetMeeting me donnera des maux de tête…

Notre messagerie est basée sur un webmail Squirrelmail et un client Pegasus Mail rescapé de notre longue période Novell Netware, et bientôt remplacé par Microsoft Outlook, plus conforme aux standards industriels. Tout ceci interroge un magnifique serveur Sendmail dont je me souviens avec délice du fichier de configuration pantagruélique. Je le remplacerai ensuite sans trop de regret par un beau et léger Postfix. La lutte contre les SPAM bat son plein, avec la mise en place du tout nouveau SpamAssassin associé à un astucieux greylisting. La lutte contre les virus/malware utilise ClamAV. Le tout est mené à la baguette par Amavis. J’apprends à faire la différence entre MUA, MTA et MDA

Les pédagogues testent Claroline et Moodle. Je découvre l’administration de ces plateformes, en version test, pré-prod et prod, avec les joies des plugins rendus obsolètes par les montées de version.

Nous faisons développer un extranet basé sur le prometteur SPIP. Je découvre l’animation de contributeurs à des espaces collaboratifs…

Les étudiants nous demandent s’ils peuvent bénéficier d’un accès Wifi. Pour les encourager vers ce qui s’appellera bientôt le BYOD, nous installons une grosse borne Wifi Cisco 802.11a/b. Je découvre les joies du paramétrage Wifi, et l’entrée de matériels exotiques non contrôlés sur mon réseau. Beaucoup d’étudiants n’ont pas d’antivirus…

Les nouveaux ordinateurs arrivent équipés d’une interface curieuse qui s’appelle USB. Difficile visuellement de savoir dans quel sens mettre le connecteur. Bah, aucun avenir…

Les appareils photos commencent à être numériques. Je reçois mon premier, livré en bundle avec un switch HP.

Les enseignants découvrent avec méfiance les vidéoprojecteurs tri-tubes (et leur corollaire PowerPoint). Je teste un écran transparent, relié à un ordinateur, que l’on pose sur un rétroprojecteur pour le transformer en vidéoprojecteur-moins-cher (bof). La définition des écrans est 800×600. Le connecteur VGA règne en maître. 

2002, c’est aussi la naissance de mon troisième enfant. Je sais maintenant doser un biberon les yeux fermés, changer une couche d’une seule main et préparer sans rien faire brûler ma spécialité purée/Knacki au beurre salé. Je range mon caméscope pour faire des petits films avec mon appareil photo numérique.

C’est aussi une année record d’expertises judiciaires réalisées le soir, les week-ends et pendant mes congés.

Les années passent, riches en évolutions technologiques. J’ai le regard tourné vers l’avenir. J’essaye d’avoir toujours un coup d’avance, de faire les bons choix, de tenir compte des erreurs, de faire progresser ma roue de Deming. Je cours partout et j’aime ça.

Mais j’ai un point sensible que je vais découvrir assez brutalement.

Billet n.25

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

La clairvoyance (1936) de René Magritte

25 ans dans une startup – billet n.23

Introductionbillet n.22

En 2002, je commençais à avoir un système informatique qui ressemblait à quelque chose de sérieux : le câblage réseau était neuf, les actifs réseaux aussi, nos serveurs Novell Netware tournaient comme des horloges et offraient d’excellents services d’impression et de stockage de fichiers.

Mais tous les éditeurs de logiciels abandonnaient progressivement leurs développements sur ce système d’exploitation réseau. A chaque réunion avec les prestataires ou avec les commerciaux des différentes solutions de paie, de gestion RH, de sauvegardes ou même d’impression, j’avais droit au même regard étonné : « Ah bon, vous utilisez encore Novell ? »…

J’ai un avis très personnel sur ce qu’est un bon système d’exploitation réseau, et Novell Netware était pour moi une excellente solution. Nous en maîtrisions tous les aspects techniques et nous avions consciencieusement suivi toutes les évolutions du produit Netware, en particulier sa version 6.0. Le choix initial de Novell Netware ne m’appartenait pas, puisqu’il avait été fait par mon prédécesseur. Mais il m’appartenait de décider de persister dans cette voie, ou de renverser la table. C’est le genre de décision qui peut faire sauter un responsable informatique… Donc l’avis professionnel doit passer avant l’avis personnel.

Après la crise de gouvernance du début de siècle, la startup se développait bien, et n’avait plus rien à voir avec les débuts que j’avais connus. Le nom même de « startup » n’a d’ailleurs plus de sens en 2002 tant l’entreprise était arrivée à s’ancrer dans le paysage de son secteur d’activité. Par commodité de langage et d’écriture, et parce que le service informatique allait longtemps rester bloqué dans ce mode, je conserverai dans ce récit l’appellation « startup ».

Mais j’ai maintenant, en 2002, affaire à 500 utilisateurs quotidiens, sur 200 ordinateurs répartis dans une dizaine de salles et une vingtaine de bureaux. Le système d’exploitation est majoritairement Windows 98 avec un client Netware, les salles de CAO sont sous Windows NT 4 qui est venu remplacer les stations de travail HPUX, les serveurs sont sous Novell Netware 6.0 ou sous Red Hat Linux qui a remplacé notre distribution Yggdrasil Linux/GNU/X.

Chaque migration nous demande de découvrir de nouveaux outils et de nouvelles pratiques. Nous sommes toujours trois, mes deux techniciens et moi, à assurer le
support auprès des utilisateurs, l’administration réseau,
l’administration des serveurs et des postes de travail, les achats
informatiques et la stratégie d’évolution.

Je décide de faire le grand saut, et à l’occasion du remplacement du hardware de nos vieux serveurs, nous passons sur des serveurs racks, dans une nouvelle baie de serveurs, sur lesquels nous installons des Windows 2000 server pour héberger nos fichiers, nos services d’impression et un active directory tout neuf.

Les sauvegardes sont assurées par ARCserve vers un robot de bandes DAT au format DDS.

Les postes clients passent progressivement sous Windows XP fraîchement sorti.

L’accès internet, son parefeu, les règles de NAT, l’hébergement web et le serveur webmail SquirrelMail restent sous GNU/Linux.

Nous découvrons l’administration Windows, et ses écrans bleus de la mort

Billet n.24

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

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