Un nouvel oracle

De tout temps, l’homme s’est entouré d’un certain rituel pour l’aider à prendre une décision. Il a sacrifié des animaux, lu les étoiles, observé le vol des oiseaux, mis sa foi dans des proverbes… Aujourd’hui, il fait appel à un nouveau rite, moins poétique, mais peut-être plus rationnel, l’utilisation de l’ordinateur. Et avec l’ère de l’ordinateur est né un nouvel oracle: Internet.

L’ordinateur, c’est la Pythie chargée d’apporter aux internautes la réponse de l’oracle à leurs questions. La Pythie entre en transes et les prêtres interprètent ses gestes et les sons qu’elle produit sous l’influence du dieu.

Mes étudiants-prêtres interrogent Internet avec tous types de questions: horaires de cinéma, corrigés de TD, orthographe d’un mot, etc. Et quelles que soient les sources des réponses qu’ils obtiennent, ils justifient haut et fort leur nouveau savoir: « si c’est écrit sur Internet, c’est que c’est vrai ».

Et c’est là que semble apparaitre la plus grande différence entre l’époque actuelle et l’antiquité: auparavant, l’oracle ne devait pas se tromper, et donc les réponses étaient souvent ambiguës. Aujourd’hui l’oracle est très précis dans ses réponses, mais il en fournit un million pour chaque question.

Finalement, est-ce vraiment différent?

PS: Samedi nous sommes le 07/07/07, n’oubliez pas de mettre vos réveils à 07:07.

Dans l’antiquité, le chiffre sept étant considéré comme celui de la sagesse, de la connaissance. Les grands sages de l’antiquité devaient être au nombre de sept. La liste de ces sept personnes avait été arrêtée par les prêtres de Delphes (selon l’oracle).

Tiens, je remâcherais bien quelques feuilles de lauriers moi…

Rôle d’équipage

Au fil de l’eau du temps qui passe, mon agrégateur de liens RSS prend de l’embonpoint. Ce programme se charge d’adresses comme jadis de trésors les cales des navires. Plus je lis de blogs intéressants, plus ceux-ci me renvoie vers d’autres blogs tout aussi intéressants et plus je passe de temps le soir à lire les nouveaux billets.

Comme il n’y a pas de raisons pour que je sois le seul à profiter de ce plaisir et à me coucher tard, voici la liste actuelle de toutes les personnes embarquées à titre de trésors:

Dans la catégorie « Informatique« :
01net. Actualités
C’est bien fait quand même
Gizmodo FR
Ma petite parcelle d’Internet…
Pascal Charest
Ratiatum.com – Actualités
Roycod Blog
Standblog
Forensic Computing
Forensic Incident Response
IT security and more
DEFT Linux
Security distro

Dans la catégorie « Justice« :
Ca’Paxatagore
Chroniques judiciaires
legalis.net
Journal d’un avocat
Justice au singulier
Un blog pour l’information juridique

Dans la catégorie « Politique« :
Diner’s room
Commentaires & vaticinations

Dans la catégorie « Sciences« :
New Scientist Space – Mars Rovers
Planetary Society Daily Almanac
Planetary Society Weblog
Futura-Sciences Actualités

Dans la catégorie « Bandes dessinées« :
bouletcorp
Chez Lenono
Dessins au jour le jour
Le blog des cybériens
Le journal de Camille
Les petits riens
Les toujours ouvrables
Luciole en Cases
Melakarnets
Mes cartoons
Ob / Grmb
Paprika
Pfelelep
Rue89 – SOPH'S STRIP
Trentenaire, marié, 2 enfants

Dans la catégorie « Inclassables« :
Carnet de Pikipoki
Curiosity
Le blog du globe
Le Petit Champignacien illustré
Comment écrire un roman
Pour ce que j’en dis…
Un blog par jour
Un mot par jour

J’en ai profité pour mettre à jour la liste de liens située à droite de ce blog.

Bonnes lectures 🙂

La bête du petit écran

L’année dernière, à la même époque, nous souffrions de fortes chaleurs.

Nous, oui, mais pas tous les êtres vivants: je cite ici l’animal dénommé par le vulgum pecus « la bête de chaleur ». J’ai bien écrit « la bête DE chaleur ».

Cette fois google is not my friend, car impossible de trouver en moins d’une minute le vrai nom de ce tout petit animal noir d’un millimètre de long qui surgit de nulle part pour nous tomber sur la tête, sur les bras et entre le plastique et notre nom de la boite aux lettres.

Et bien, il y a un an, une petite « bête de chaleur » s’est glissée derrière la vitre de l’écran plat de mon PC professionnel et a commencé à se déplacer lentement à travers tout l’écran sous mes yeux agacés.

Elle est venu mourir AU MILIEU de l’écran (juste au croisement des deux diagonales et des deux médianes). L’endroit où les yeux se posent le plus souvent…

Depuis un an, elle ajoute parfois une cédille ou un accent là où il ne faut pas, elle égaie un graphisme d’une virgule déplacée.

Depuis un an, tous mes efforts pour la faire partir sans massacrer l’écran se sont avérés infructueux.

Depuis un an, elle me montre qu’un docteur expert judiciaire en informatique est parfois singulièrement démuni face à une petite bête qui lui a dit: « Morituri te salutant ».

Ce à quoi je répondrai, comme Fercorus dans Astérix en Hispanie, ou Anglaigus dans Le domaine des dieux: Beati pauperes spiritu

Bon anniversaire la bête du petit écran.

La déontologie

Si j’étais mauvaise langue, je dirais que la déontologie, c’est ce que l’on enseigne aux jeunes pour éviter qu’ils ne piquent trop vite les clients des vieux…

Seulement voilà, je ne suis pas mauvaise langue et je ne pense pas un mot de ce que j’écris (cette phrase s’applique également à elle-même).

J’étais à une réunion d’informaticien dont l’objectif était l’échange des bonnes pratiques en matière de gestion des messageries électroniques et des accès internet. Après avoir présenté le système que j’ai mis en place dans mon établissement, notamment le « grey listing« , l’un des participants m’interpelle et me dit « tout cela n’est pas très déontologique… En refusant une première fois l’arrivée d’un message, vous prenez le risque qu’il ne soit pas réémis (si la machine expéditrice ne respecte pas correctement le protocole des messagerie), et donc que le destinataire ne reçoivent jamais le message! »

Il a parfaitement raison, mais tout est dans la mesure du risque.

Mais le problème n’est pas là, il vient du fait que j’ignorais alors les règles déontologiques dont il voulait parler.

La déontologie (du grec deon, -ontos, « devoir ») est la science morale qui traite des devoirs à remplir. Ces devoirs peuvent être regroupés en un ensemble qu’on appellera alors un « code de déontologie ». Il y a ainsi des textes qui régissent la profession d’avocat, d’autres les professions médicales, etc.

Tout le monde connait l’existence du serment d’Hippocrate, mais peu l’on lu et encore moins savent qu’il a été réactualisé en 1996:

Extrait du serment d’Hippocrate (version antique):

je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s’ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement.

Extrait de la version réactualisée:

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Tout cela est très joli, mais quid de l’expert judiciaire en informatique?

Pour la partie informatique, je recommande la lecture du rapport 2006 du CIGREF sur la déontologie des usages des SI.

Morceaux choisis:

Les Technologies de l’Information, de la Communication et de la Connaissance (TICC) occupent une place centrale dans l’entreprise. Celle-ci ne peut plus négliger les risques liés à l’usage de ces technologies dont les problèmes de conformité ne sont plus seulement techniques, mais aussi et de plus en plus juridiques. Dès lors, quelles bonnes pratiques mettre en place pour garantir un usage éthique et juridiquement conforme du Système d’information?

La déontologie en entreprise a pour finalité la formulation de règles de conduite inspirées tant des normes externes que des valeurs de l’entreprise traduites en principes d’action. Elle s’appuie à la fois sur des normes impératives telles que les lois et les règlements, sur des règles considérées comme essentielles pour l’ensemble des professionnels d’un même secteur d’activité, ainsi que sur des principes internes à l’entreprise (le plus souvent repris dans des chartes ou des codes de conduite).

La question de la déontologie des usages des Systèmes d’information revient donc à s’interroger sur une utilisation des outils informatiques de l’entreprise conforme aux règles éthiques, morales et juridiques définies. Il s’agit de réfléchir d’une part, sur la manière dont les règles existantes sont traduites en termes d’application concrète et, d’autre part, sur les limites de leur champ d’application. La déontologie des usages des Systèmes d’information sert ainsi de maillon fondamental entre l’utilisation régulière des outils et le comportement des utilisateurs.

La déontologie se propose en ce sens de donner à l’entreprise un certain nombre d’outils pour l’accompagner dans la mise en œuvre de procédures rigoureuses, destinées à l’aider à contrôler son degré de conformité aux dispositions légales. Elle rappelle les règles de bon sens qui, sans représenter une conformation au droit stricto sensu, ne peuvent que l’aider à se maintenir et à envisager sa pérennité.

Je vous rassure, il y a des dessins dans le rapport…

Y a-t-il des règles déontologiques spécifiques aux experts judiciaires?

La réponse est oui, dès lors qu’il est adhérent à une compagnie membre de la Fédération Nationale des Compagnies d’Experts Judiciaires, et vous les trouverez ici sur le site du Conseil National des Compagnies d’Experts de Justice. Morceaux choisis:

I – 6) – L’expert doit remplir sa mission avec impartialité. Il doit procéder avec dignité et correction en faisant abstraction de toute opinion ou appréciation subjective.

I – 7) – L’expert doit conserver une indépendance absolue, ne cédant à aucune pression ou influence, de quelque nature qu’elle soit.

V – 38) – S’il s’agit d’assister une partie alors qu’un expert a déjà été chargé d’une mission par un juge et n’a pas encore terminé de la remplir, il ne peut qu’exceptionnellement accepter de donner une consultation privée de cette nature. Dans ce cas, la consultation sera diligentée avec la volonté de répondre objectivement et dans un esprit de loyauté et de confraternité à l’égard de l’expert judiciairement commis, qu’il informera préalablement à son intervention.[…]Les observations du consultant privé ne peuvent être utilisées dans des observations écrites de la partie consultante que si elles sont produites dans leur intégralité.

A ces 40 règles, il convient d’ajouter les recommandations sur les bons usages entre avocats et experts. Quelques extraits choisis innocemment:

La communication des pièces incombe aux conseils des parties et non à l’expert.

Un bordereau inventoriant les pièces transmises est nécessaire. La numérotation de celles-ci est requise.

La transmission de l’entier dossier n’est pas nécessaire. Il est important de procéder à la sélection des pièces réellement utiles aux différents aspects de la mission de l’expert.

L’avocat modère son client si celui-ci se départit de son calme ou manque de courtoisie.

Il rappelle au besoin le rôle technique confié à l’expert par le Juge.

Mais les avocats étant plus futés que les experts judiciaires, le document donne beaucoup plus de devoirs aux experts qu’aux avocats.

Futur confrère expert judiciaire, beaucoup de lectures à apprendre par coeur!!!

Pour finir, ma pensée du jour:

« Il n’y a pas de règle, voilà la règle » (Zythom)

Beau, riche et célèbre

Mont-Joye Saint-denis ! Le livre « Zythom : blog d’un informaticien expert judiciaire » est paru. Un cadeau original qui étonnera vos amis, surprendra votre conjoint(e) ou séduira votre petit(e) ami(e). Cet achat est parfaitement inutile car les billets en question sont toujours en ligne, mais il vous évitera de vider votre cartouche d’encre noire:)
Vous pouvez en faire l’acquisition via ce lien pour le modique prix d’une clef USB.

Alors Zythom attrape-t-il la grosse tête?
A vous de juger, mais (re)lisez avant le billet intitulé « blog papier« .

Cependant, afin d’assurer la diffusion la plus large, n’hésitez pas à en parler autour de vous et à dire « j’y étais ». Pour les séances de dédicaces par contre, cela va poser un problème

Le mot de la fin

Un blog est un espace public d’internet où une personne expose ses états d’âme privés. C’est un peu comme une conversation avec un téléphone portable au milieu d’une rame de métropolitain.

Jusqu’où suis-je prêt à aller dans l’exposition de mon intimité ?

Ah ah ah !

Bon, OK ce blog est anonyme. Mais parmi mes lecteurs se trouvent quelques uns de mes amis et quelques membres de ma famille (pas tous), qui n’apprécieraient pas une forme trop poussée d’exhibition.

Je suis de plus quelqu’un de très pudique, malgré mon penchant pour la musique et l’informatique.

Alors quoi ? Et bien, j’ai trouvé quelque chose de très personnel, qui pourrait être utile à la communauté de mes lecteurs (chacun étant confronté à un moment ou à un autre à ce type de problème) et dont je repousse la rédaction toujours plus loin: mon testament.

C’est assez privé non?

Mais quel rapport avec ce blog ?

Et bien, il suffit de remplacer le titre de ce billet par « Testament d’un informaticien expert judiciaire »…

Bien entendu, il n’entre dans aucune des cinq catégories prévues par la loi: testament olographe, authentique, mystique, exceptionnel ou international.

Chiche? C’est parti!

Ceci est mon testament, qui révoque tout autre testament antérieur.

Ce testament est écrit de ma main via mon compte Zythom, pseudonyme légalement reconnu.

Je soussigné Gudule Muad’Dib Hal ZYTHOM, né sur Terre au XXe siècle, demeurant https://zythom.fr, prends les dispositions suivantes, en cas de décès :

Pour le blog de céans: réaffichage, en dernière date, du billet intitulé « le mot de la fin », avec ajout de la mention « cessation pour cause de décès », en fin de billet. Ayant contribué (modestement) à la recherche de la Vérité, je souhaite que cette mention soit suivie de la cause réelle du décès. Merci d’éviter les termes du type « longue maladie ». Ma préférence va aux termes très crus.

Pour le réceptacle corporel ayant entrainé le décès par défaut de fonctionnement: prélèvement de toute pièce pouvant servir à la réparation d’autrui (yeux compris), puis incinération et dispersion des cendres dans une mine de silice (silicium oxydé), sans épitaphe, lors d’une cérémonie émouvante (port du casque spéléo obligatoire) où sera servi une boisson égyptienne à base d’orge fermenté.

Au sujet des enfants: les langages SMS, MMS, MSN et leurs dérivés continueront à être proscrits jusqu’à leur majorité matrimoniale (18 ans depuis le 4 avril 2006). Les horaires d’utilisation des ordinateurs continueront à être fixés selon la loi familiale locale en usage au moment de mon décès, révisable tous les ans par l’autorité parentale ou le tuteur légal. Qu’ils choisissent leurs études selon leurs propres inclinaisons. Voyage d’un an hors continent obligatoire.

Au sujet de mes ordinateurs: dans la mesure où aucun d’entre eux n’arrive à passer avec succès le test de Turing, ils seront démontés et vendus « à la bougie » lors d’une réunion de famille réunissant au minimum 15 personnes majeures. Si l’un des ordinateurs réussit ledit test, je demande qu’une copie du disque dur soit offerte au support technique de chez HP, et qu’une autre copie soit adressée à l’Association for Computing Machinery (ACM) afin que mon nom soit proposé pour la prochaine nomination: Zythom, prix Turing 2037!

Pour mes dossiers d’expertises: faire trois tas: « finis », « en cours » et « pas commencés ».

Pour les dossiers « finis », merci de les confier au bon soin du crématorium ci-dessus mentionné pour qu’ils contribuent au bon fonctionnement de la cérémonie. Voir ses cendres mélangées avec celles de ses dossiers, quelle plus belle fin pour un expert judiciaire?

Pour ceux « pas commencés », écrire au greffe du tribunal me désignant avec un courrier de refus de mission indiquant comme raison « je suis désolé de ne pouvoir accepter cette mission, mais je suis décédé ».

Enfin, pour les dossiers « en cours », faire un courrier (en lettre recommandée avec avis de réception) aux parties indiquant « je suis dessaisi de ce dossier suite à mon décès. Vous pouvez faire votre deuil des pièces de votre dossier envoyées en original, sauf à vous déplacer pour les récupérer. Fallait m’adresser des copies comme demandées… »

Pour le reste, j’institue comme ma légataire universelle en pleine propriété mon épouse. Au cas où, à la date de mon décès, il existerait des héritiers réservataires et si la réduction de ce legs était demandée, celui-ci comprendrait alors au seul choix de mon épouse, la plus forte quotité disponible permise entre époux, soit en pleine propriété et en usufruit, soit en usufruit seulement, et, en outre, comprendrait la nue-propriété de la réserve de mes ascendants.

Paix à mes cendres, ne pas éternuer.

Fait en Europe, le 19 juin 2007.

Zythom

Donnez moi une arme et une bouteille de Tequila…

Via le blog de Tristan Nitot, je suis tombé sur cette « dépêche » sur un forum qui m’a bien fait rire. Comme elle ne semble plus accessible que via le cache de Google, je la place ici (la version française de mon cru est mise à la suite pour ceux de ma famille qui ne lisent pas la langue de Nelson).

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Give me a gun, and a bottle of Tequila…

I check my work email from home before I make my morning commute, so I can see what sort of maelstrom I’m about to walk into…

If you can guess by the subject of the post, this one is a doozy.

From: $user who for whatever reason came in on Monday when no one else was in the building.

To: IT Dept.

Re: A/C constantly running.

Hi Guys,

I came in today (Monday) to finish up a project I was working on before our big meeting with a potential client tomorrow, and I noticed that there were three or four large air conditioners running the entire time I was here. Since it’s a three day weekend, no one is around, why do we need to have the A/C running 24/7? With all the power that all those big computers in that room use, I doubt it is really eco-friendly to run those big units at the same time. And all computers have cooling fans anyway, so why put the A/C for the building in that room? I got a keycard from $facilitiesmanager’s desk and shut off the A/C units. I’m sure you guys can deal with it being warm for an hour or two when you come in tomorrow morning. In the future, let’s try to be a little more conscientious of our energy usage. Thanks.

RESULT:

Fatalities: Exchange Server, Domain Controllers, a few Sun boxes that I’m not sure of the usage.

Near-Fatalities: Phone Switch, Apps Servers.

Temperature of server room 7AM Tuesday Morning: 90 Degrees Fahrenheit.

Status of Employee who sent the above e-mail: Terminated.

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Donnez moi une arme, et une bouteille de Tequila…

Je lis mes emails depuis chez moi le matin avant d’embaucher, de façon à voir dans quel bazar je vais débarquer…

Le titre de ce billet vous laisser deviner que cette fois, on a atteint un sommet.

De: « Utilisateur qui avait une raison de venir travailler lundi alors qu’il n’y avait personne »

A: Service informatique

Sujet: Clim en marche

Salut les gars,

Je suis venu travailler aujourd’hui (lundi) pour finir un projet avant un rendez-vous important avec un client potentiel demain, et j’ai remarqué qu’il y avait trois ou quatre climatiseurs en fonctionnement pendant tout le temps où j’étais là. Comme il s’agit d’un week-end de trois jours, personne d’autre n’était là, alors pourquoi faire fonctionner la clim 24h/24 et 7j/7? Avec tout le courant déjà utilisé par les gros ordinateurs de la pièce, je doute qu’il soit très écologique de faire fonctionner toutes ces clims en même temps. En plus, tous les ordinateurs ont des ventilateurs, alors à quoi bon toutes ces clims dans cette pièce? J’ai utilisé le badge du responsable pour éteindre toutes les clims. Je suis sur que vous pouvez supporter un peu de chaleur pendant une heure ou deux quand vous arriverez demain matin. A l’avenir, soyons un peu plus consciencieux avec notre utilisation de l’énergie. Merci.

RESULTAT:

Sont morts: le serveur Exchange (messagerie), les contrôleurs de domaine, quelques SUN dont je ne suis pas trop sur de l’usage

Presque morts: l’autocommutateur téléphonique, les serveurs d’applications.

Température de la salle serveur à 7h mardi matin: 32 °C

Bilan pour le salarié qui a envoyé l’email précédent: licencié

Non, toute peine ne mérite pas salaire !

Je fais chaque année une conférence aux étudiants sur le thème du logiciel libre (présentation des concepts, illustration avec GNU/Linux, avantages et importance croissante, etc.)

Et à chaque fois, un étudiant me pose la question suivante (que je place donc dans ma rubrique « question à deux euros »): « Comment peut-on travailler gratuitement? »

A cela, je réponds:

« Quand on est passionné par quelque chose, il est parfaitement pensable de travailler gratuitement, par plaisir, par altruisme. C’est le principe du bénévolat. »

Et à chaque fois, les étudiants me regardent avec des yeux ronds, eux qui sont formatés pour entrer dans la vie active « traditionnelle ».

Tristan Nitot vient d’écrire un court billet très clair que je vous invite à lire sur ce sujet.

Extraits choisis:

Tous ces gens ont un comportement égoïste, dans le bon sens du terme : ils s’y retrouvent quand ils contribuent. Bien sûr, il n’est pas question d’argent ici. Ils sont en quelque sorte payés « en nature », que ce soit en retirant du plaisir de cette « transaction » qui n’est pas financière, ou en bénéficiant d’un meilleur logiciel.

[…]

si quelqu’un participe à un projet Libre, c’est qu’il y trouve son compte, même si c’est sous une forme non-marchande, en tant que plaisir de s’adonner à un passe temps, considération, réputation, fierté d’avoir fait quelque chose d’utile, intérêt d’avoir un logiciel de meilleure qualité, parce que son patron lui a demandé, ou tout simplement parce que c’était la chose juste…

Je n’aurais pas su dire mieux. J’aime bien aussi l’exemple de la ferme construite gratuitement avec l’aide des voisins. Je prends des notes pour ma prochaine intervention…

Ils ont dix huit ans aujourd’hui

Je travaille dans une école d’ingénieurs et je participe aux entretiens d’admission. J’ai quelques questions « pièges » qui me servent à déstabiliser (un peu) les candidats et des questions de culture générale. Mon problème, c’est que je prends chaque année au compteur de la faucheuse une année supplémentaire, alors que les candidats que j’interroge chaque année ont toujours dix huit ans. Il me faut donc mettre mes questions à jour.

Avez-vous conscience que les jeunes qui vont entrer à l’université dans quelques mois sont nés en 1989? Ils n’ont pas connu le bicentenaire de la révolution française. Ils sont nés l’année de la mort de la mère Denis.

Pour eux internet a toujours existé, et en mode graphique, alors que c’est l’année de leur naissance que Tim Berners-Lee propose de créer un système hypertexte distribué sur le réseau informatique pour que les collaborateurs puissent partager les informations au sein du CERN. Cette même année, le CERN ouvre sa première connexion extérieure avec Internet.

Pour eux, les termes AppleII, MacPlus et Amiga relèvent de la préhistoire. Ils ne connaissent qu’un seul fabricant de processeurs (ils ne connaissent pas le mot microprocesseur) et n’ont jamais entendu parler de « station de travail ». Pour eux, un micro, c’est fait pour chanter dedans. Le Minitel et la norme Vidéotex leur sont inconnus.

Ils n’ont jamais connu le mur de Berlin.

Ils avaient deux ans lors du prix Nobel de Pierre-Gilles de Gennes, trois pour celui de Georges Charpak.

Ils avaient 9 ans lors de la ratification du traité de Kyoto, 10 ans lors de la tempête de décembre 1999.

Ils ne savent pas ce que c’est qu’une cassette audio ou un walkman. Pour eux, MP3 c’est un baladeur numérique, pas un format de fichier. Pour eux, un portable, c’est un téléphone.

Pour eux, un blog, c’est un skyblog…

Salut les vieux!

Prédictions

J’ai commencé ma carrière professionnelle comme « Assistant Professeur ». Je parle de ‘carrière professionnelle’ là où mes amis parlent « d’éternel étudiant » tant il est vrai que la fonction occupée alors me permettait d’assouvir ma passion d’étudiant pour l’intelligence artificielle, tout en préparant un doctorat et en bénéficiant d’un faible mais réel émolument.

Intelligence artificielle signifie ici pour moi « réseaux de neurones artificiels ». J’y ai sacrifié cinq de mes plus belles années pour mon plus grand plaisir, entre rétropropagation et algorithmes de minimisation, et en particulier sur l’utilisation des réseaux de neurones en modélisation non linéaire.

J’ai en tête une anecdote qui en fera sourire quelques uns: un concours avait été organisé sur le thème de la prédiction: une courbe de mesure était fournie, sans information sur la nature des grandeurs utilisées pour les abscisses et ordonnées. La courbe comportait une centaine de points et semblait vaguement sinusoïdale sans l’être. Aucune information n’était donnée sinon que les mesures concernaient un phénomène naturel complexe.

Le défit était de poursuivre la courbe en traçant les vingt points suivants.

Plus de quarante équipes de chercheurs dans le monde ont étudié cette courbe et fabriqué des outils plus ou moins complexes pour rendre compte (on parle de modélisation) des mesures connues (la courbe fournie) et pour prédire la suite de la courbe (on parle alors de la réalisation d’un prédicteur).

Les résultats ont été publiés, le vainqueur a été connu et glorifié, la nature de la courbe a été dévoilée (il s’agissait du nombre de tâches solaires au cours du temps).

Mais le plus amusant, c’est qu’un chercheur a eu l’idée de concourir en proposant comme outil son propre cerveau: il a étudié la courbe et dessiné à main levée la suite qu’il trouvait la plus juste… et il est arrivé troisième du concours!!!

J’ai toujours regretté de ne pas avoir pu participer à ce concours, mais j’imagine ma tête si mon réseau de neurones artificiels récurrents à poids calculés avec mes propres algorithmes avait été battu par la « simple » réflexion humaine.

Je suis sur que cela m’aurait fait plaisir.