Portable internet

L’une de mes nièces veut entrer dans la Gendarmerie.

Non seulement, je l’encourage car j’ai toujours apprécié de travailler avec des gendarmes, mais nous nous sommes cotisés dans la famille pour lui offrir un ordinateur portable.

Et bien sur, je me suis proposé pour dénicher la perle rare: petit prix pour qualité supérieure.

Me voilà parti à la quête du Graal, cherchant sur internet les meilleures offres actuelles: google, dell, cdiscount, rueducommerce, kelkoo sont mes amis du moment. Après moultes recherches, mon choix se porte sur un dell cousu main par mes soins pour un vaillant montant de 663 euros (livraison incluse).

N’étant pas seul bailleur de cet achat, je lance la nouvelle par email à mes différents cofinanceurs. En ces périodes de vacances, je prends patience pour les réponses…

C’est donc avec l’esprit serein que je vaque à mes vitales occupations estivales: j’étais en train de pousser le caddie faire les courses dans la grande distribution du coin quand soudain je me retrouve par pur hasard dans le rayon informatique.

Regardant d’un oeil distrait les prix des différents ordinateurs, je tombe en arrêt tel un chien de chasse compagnie devant un Compaq à 499 euros… Je regarde les caractéristiques: parfait pour l’usage bureautique auquel il est destiné.

Petit prix, bonnes caractéristiques, je saisis un carton quand un vendeur m’aperçoit:

« Vous avez besoin d’aide? »

Moi: [Non, je sais mettre un carton dans mon caddie] Oui, l’antivol est enlevé à la caisse normale?

Le vendeur: « Ah non Monsieur, vous devez passer par notre hôtesse informatique. Quel sera l’usage de ce portable? »

Moi: [Mais ça te regarde pas!] C’est pour faire de la bureautique.

Le vendeur: « Si vous souhaitez utiliser Internet, j’ai un très beau modèle pour 150 euros de plus »

Moi: [Ah parce qu’un portable Celeron Wifi avec 1Go de RAM ça peut pas accéder à Internet?] Non merci, ce modèle me convient très bien.

Le vendeur: « Vous ne souhaitez pas accéder à Internet? »

Moi (glacial): Non

Je vous passe les détails suivants relatifs à la garantie trois ans indispensable et l’assurance casse quasi obligatoire. J’ai payé les 499 euros sous le regard désapprobateur du vendeur navré devant tant d’incompétence.

J’ai ouvert le carton, démarré le portable, chargé la batterie, désinstallé tous les programmes inutiles, installé OpenOffice, Ccleaner, Firefox, Thunderbird, media player classic et toutes les mises à jours de sécurité.

J’ai une machine agréable (écran 15″) et légère.

Ma seule hésitation a été de retirer Vista pour y mettre Windows XP… Mais dans ce cas, j’aurai du payer une licence supplémentaire. Dès que ma nièce sera dans la gendarmerie, je lui demanderai quelle est la politique de licence pour les OS.

Avec un peu de chance, je lui installerai un petit Debian de derrière les fagots.

En tout cas, le portable fonctionne très bien sur Internet.

N’importe quoi!

Menaces sur ce blog…

Quelques experts judiciaires ont à coeur de faire fermer ce blog!

En résumé, les griefs semblent être de nature déontologique. Je n’en suis pas bien sur car aucune de ces personnes n’a souhaité m’écrire directement (mon adresse email est pourtant bien en évidence à la droite de ce blog), préférant menacer de saisir la commission de déontologie du conseil national des compagnies d’experts de justice.

Pourtant, toutes ces personnes qui profèrent des insultes et des menaces par email savent qu’elles ne sont jamais à l’abri d’un phénomène à la David Hirschmann

Drôle de conception de l’activité d’expert judiciaire.

Drôle de conception de la liberté d’expression.

Avant d’entrer dans une polémique stérile qui mettrait en avant certains archaïsmes de pensée, je tiens à rappeler quelques points.

Ce blog, comme beaucoup de weblogs, sert à narrer quelques anecdotes de ma vie privée, de ma vie professionnelle et de mon activité d’expert judiciaire. Sur ce dernier point, je tiens à préciser que mes billets ont été relus par DEUX avocats parfaitement compétents. Ceux-ci n’ont rien trouvé à redire, ni du point de vue du Droit, ni de celui de la déontologie des experts judiciaires. Ce blog est également lu par plusieurs magistrats qui ne m’ont jamais fait part de leur désaprobation.

Mais ai-je besoin d’un haut patronage pour tenir ce blog?

Ce blog ne donne pas une mauvaise image du monde judiciaire, ni de l’expertise en général. Contrairement à la plupart des films policiers où les experts sont souvent malheureusement caricaturés (Marie Besnard, série « Les Experts »…). Les avis et opinions que je donne n’engagent que moi et en aucun cas ne reflètent l’avis de l’ensemble des experts judiciaires.

Le pseudonyme derrière lequel certains me reprochent de me cacher me permet de raconter des situations imaginaires basées sur mon expérience d’expert judiciaire. Les sociétés citées dans ces deux billets, ICI et LA, sont purement imaginaires, mais sont le fruit de mon expérience passée. Que se passerait-il si j’écrivais cette histoire sous mon vrai nom d’expert judiciaire? Toutes les entreprises auxquelles j’ai eu à faire dans mes dossiers d’expertise pourraient se croire visées ou caricaturées. Le secret professionnel auquel je suis astreint serait mis à mal.

Je vais vous dire ce qu’il se passerait: je serais obligé alors de modifier ce blog pour n’en garder que les anecdotes professionnelles ou privées, beaucoup plus politiquement correctes dans la mesure où elles n’intéressent que mon cercle familial et mes amis. Comme disait Monsieur Desproges: « j’ai un petit talent d’imitateur. Enfin, je n’imite que les gens de ma famille, et quand on ne connaît pas les gens de ma famille, c’est pas tellement drôle. »

Qu’est-ce qui fait que ce blog peut autant gêner quelques personnes?

Franchement, je n’en sais rien. Nous sommes désignés par les magistrats pour les éclairer sur certains aspects techniques de leur dossier. Pour nous désigner, les magistrats peuvent choisir notre nom sur une liste. Il y a une liste par Cour d’Appel et pour avoir l’honneur d’y figurer, il faut déposer un dossier qui sera étudié par la Cour d’Appel. Je décris cette procédure ici dans l’un des billets les plus lus de ce blog.

Il est assez difficile d’être expert judiciaire. Non pas « de le devenir », car nul ne sait vraiment les critères retenus pas la Cour d’Appel lors de son choix, mais d’exercer cette activité. Pourquoi? Parce que, outre la bonne maîtrise de son domaine technique, il faut connaître le Droit (une petite partie au moins), et il faut « une certaine expérience » professionnelle. C’est pourquoi il y a très peu d’experts judiciaires de moins de 40 ans.

C’est un honneur d’être expert judiciaire. Oui, il y a une certaine fierté à ce qu’une assemblée de magistrats considère que vous êtes dignes d’aider la justice. C’est un honneur, mais cela ne fait pas de moi un être d’exception. Je reste un simple citoyen dont le nom apparaît sur une liste. Je n’en tire pas gloire et fortune. Je suis fier d’aider les magistrats à mieux appréhender les aspects techniques de leurs dossiers. J’essaye de faire des rapports clairs, bien segmentés, sans les noyer sous une tonne de « technique-pour-montrer-comme-c’est-bien-difficile ».

Que se passerait-il si la commission de déontologie du conseil national des experts de justice est saisie et rend une décision d’un autre âge en demandant la fermeture de ce blog? Rien: le blog resterait ouvert.

Que se passerait-il si on lève mon anonymat? Je retirerais les billets de la catégorie « Anecdotes d’expertise » et continuerais mon blog pour mes amis. Les livres issus de ce blog seraient révisés pour rester fidèle au contenu du blog.

Que se passerait-il si je suis radié de ma compagnie d’experts judiciaires? Rien: je souscrirais une assurance individuelle (beaucoup plus chère) et continuerais à être expert judiciaire. Ma liberté de parole en serait accrue car je ne serais plus alors lié aux règles déontologiques des experts judiciaires (qui ne s’appliquent que lorsque l’on est adhérent à une compagnie).

Que se passerait-il si je suis radié de la liste de ma Cour d’Appel ou n’y suis pas réinscrit à la fin de ma période quinquennale? Rien: j’arrêterais mes activités d’expert judiciaire et ne pourrais plus aider les magistrats dans leur dossier, car telle serait leur décision. Je ne me ridiculiserais pas comme certains experts avec un recours. Le blog s’intitulerait « blog d’un informaticien ancien expert judiciaire ». J’ai tellement de projets pour lesquels le temps me manque. Ecrire un livre sur le monde de l’expertise judiciaire par exemple.

Pour finir, je voudrais rassurer mes fidèles lecteurs: aucune menace ne m’a été adressée directement pour l’instant. Il ne s’agit que de bruits de couloirs. En attendant, ce blog restera fidèle à lui même: liberté de parole et de ton, et fidélité à ses trente six commandements.

Asinus asinorum in sæcula sæculorum

L’âne des ânes dans les siècles des siècles

PS: le proverbe final ne s’adresse qu’à moi. Qu’aucun n’en prenne ombrage.

La part des anges

Quand un vin est mis en fût pour vieillir, son degré alcoolique diminue progressivement par évaporation de l’alcool. Le volume du vin diminue et la partie disparue s’appelle « la part des Anges ».

En informatique, il a du vous arriver de commencer à taper un texte sur le clavier, et pour une raison qui vous échappe une fenêtre d’avertissement apparait, ou une bulle d’aide vient vous prévenir que votre bureau contient des icones inutilisées et qu’il faudrait faire un peu de ménage, ou tout simplement votre curseur ne s’est pas positionné où il fallait… Bref, vous êtes le nez sur le clavier en train de taper avec vos quatre doigts depuis une minute quand vous relevez le nez et accommodez vos yeux sur l’écran pour vous rendre compte que rien de ce que vous avez tapé n’apparait nulle part.

Pourtant, le clavier de l’ordinateur a nécessairement réagi à la frappe de chaque touche! Où est donc passé tout le texte saisi?

C’est la part des anges en informatique.

Vous penserez à moi la prochaine fois que cela vous arrivera.

Bienvenu au club.

Conseils à un jeune expert

En nettoyant les anciens liens de mon navigateur, je suis tombé sur cette page des carnets de JLK reproduisant la version complète des « Conseils à un jeune écrivain » de Danilo Kis.

Autant les conseils originaux méritent d’être lus avec attention, autant je me suis amusé à les transformer en « conseils à un jeune expert »:

  1. Cultive le doute à l’égard des idéologies régnantes et des princes.
  2. Veille à ne pas souiller ton langage du parler des idéologies.
  3. N’écris pas de reportages sur des pays où tu as séjourné en touriste ; n’écris pas de reportages du tout, tu n’es pas journaliste.
  4. Sois conscient du fait que l’imagination est sœur du mensonge, et par là-même dangereuse.
  5. Ne t’associe avec personne : l’expert est seul.
  6. Ne sois pas prophète, car le doute est ton arme.
  7. Sois mécontent de ton destin, car seuls les imbéciles sont contents.
  8. Ne sois pas mécontent de ton destin, car tu es un élu.
  9. Sois persuadé que la langue dans laquelle tu écris est la meilleure de toutes, car tu n’en as pas d’autres.
  10. Sois persuadé que la langue dans laquelle tu écris est la pire de toutes, bien que tu ne l’échangerais contre aucune autre.
  11. Aie en toute chose ton avis propre.
  12. Ne donne pas en toute chose ton avis.
  13. Si tu ne peux pas dire la vérité – tais-toi.
  14. Garde-toi des demi-vérités.
  15. Ne te laisse pas persuader que nous avons tous également raison, et que les goûts ne se discutent pas. « Etre deux à avoir tort ne veut pas dire qu’on soit deux à avoir raison » (Karl Popper )
  16. « Admettre que l’autre puisse avoir raison ne nous protège pas contre un autre danger : celui de croire que tout le monde a peut-être raison ». (Popper)
  17. N’aie pas de Mission.
  18. Garde-toi de ceux qui ont une Mission.

Qui habet aures audiendi, audiat

(que celui qui a des oreilles pour entendre entende)

Légionnaire romain dans « Le cadeau de César ».

S’emploie pour avertir qu’on doit faire son profit de ce qui a été dit.

Pas de vacances

Cette année, pas de vacances… Pas le temps, pas d’argent.

Il faut faire une terrasse.
Il faut calfeutrer la cave.
Il faut mettre des plinthes dans toutes les chambres.
Il faut peindre toutes les portes.
Il faut tapisser les couloirs.

Je dois arriver à installer XEN sur mon PC.
J’ai deux expertises à terminer (mais je suis dans les temps).

Trois enfants, une femme et la vie à aimer.

Bogue suite

Je trouve particulièrement amusant que le mot « bug » soit entré dans le vocabulaire de base des jeunes adolescent(e)s. Ma fille utilise (trop) souvent l’expression « Papa, vient voir ya la télé qui bugue ». Cela me fait toujours sourire, me fait fondre et m’oblige à courir donner un grand coup de poing sur le décodeur TNT (en fait, je le débranche et le rebranche, cela vous rappelle quelque chose?).

J’ai raconté il y a quelques temps une anecdote dans laquelle la discussion lors de la réunion d’expertise a porté sur la définition du terme « bug » ou « bogue ».

En me promenant sur le réseau international de communication entre ordinateurs (c’est plus classe à mon âge que de dire « surfer sur Internet »), je suis tombé encore et toujours sur un article de wikipédia où il est question de « Mandelbug« , « Schödinbug« , « Heisenbug » et « Bohr bug« .

Pour tous ceux que les billets truffés de liens agacent, je résume un peu les définitions:

Mandelbug: c’est un bogue dont les causes sont si complexes que son comportement apparaît chaotique ; il le reste tant que le testeur n’arrive pas à établir précisément un comportement déterministe d’apparition du bogue.

Schödinbug: c’est un bogue qui n’est pas découvert et non gênant pour les utilisateurs, mais qui apparaît après que quelqu’un a relu le code source ou utilise le logiciel d’une façon non habituelle.

Heisenbug: c’est un bogue basé sur le principe d’incertitude d’Heisenberg « observer une structure modifie son état » (ex: le programme tourne sous le débogueur, mais pas sur la ligne de commande).

Bohr bug: c’est un bogue qui, à la différence des heisenbugs, ne disparaît ni n’a ses caractéristiques modifiées lorsqu’il est recherché: il est persistant.

A cette liste, j’ajoute le:

Zythombug: c’est un bogue qui disparaît au moment où arrive l’informaticien que l’utilisateur a fait venir pour le dépanner.

Dans l’expertise citée en tête du présent billet, nous avions affaire à un « mandelbug ». Je ne suis pas sur que les parties auraient appréciées mes explications…

Et pour ne pas mourir idiot, un extrait du dictionnaire de l’Académie française (neuvième édition):

I. BOGUE n. f. XVIe siècle. Mot de l’Ouest, probablement issu du breton bolc’h, «cosse de lin». BOT. Enveloppe de certains fruits, armée de piquants. La bogue de la châtaigne, du marron d’Inde, de la faine.

II. BOGUE n. f. XVIe siècle. Emprunté de l’ancien provençal boga. ZOOL. Poisson de la famille des Sparidés, commun en Méditerranée, à nageoire dorsale épineuse.

III. BOGUE n. f. XIXe siècle. Emprunté de l’italien du nord boga, «chaîne, anneau de fer», d’origine germanique. Anneau fixé au manche d’un gros marteau de forge.

Interro demain pour voir!

Nouvelle rubrique

De plus en plus de personnes me contactent par email pour me demander des précisions sur tel ou tel aspect pratique de l’activité d’expert judiciaire: que mettre dans un dossier de candidature à l’inscription sur la liste de la Cour d’Appel, quelles sont les différentes parties d’un rapport d’expertise, comment rédiger les courriers de convocation des parties, etc.

Les questions posées constituent la base de l’activité d’expert judiciaire et il me semble intéressant d’y consacrer une rubrique (à publication aléatoire) afin de transmettre les petits « trucs » qui constituent mon expérience et qui m’ont été transmis par quelques experts qui furent mes « mentors ».

N’oubliez pas néanmoins que rien ne vaut une saine lecture des ouvrages de référence que doit contenir toute bonne bibliothèque d’expert judiciaire.

Aujourd’hui ici sur ce blog, ouverture de la rubrique « Expert débutant ». SGDZ(*)
En espérant qu’elle donnera la vocation aux meilleurs d’entre vous 🙂
Commencez déjà par acheter et lire ces livres à défaut de celui-ci…

(*) Sans Garantie De Zythom

Car de bon matin je remarquais sa banalité

Tous les jours nous effectuons des milliers de petits gestes automatiques, fruits d’habitudes prises au fil du temps. Parmi ces gestes se trouvent de nombreux rituels dont la répétition quotidienne nous rassure. Des exemples? Réfléchissez aux gestes que vous effectuez tous les matins dès votre réveil. La succession des situations est toujours la même et vous est très personnelle. Certains poseront le bouchon du tube de dentifrice à la gauche du verre à dent, d’autres prennent leur café avant toute chose.
Bref, toute une succession de gestes quasi rituels.
Et tous les jours, toujours la même succession.

C’est d’ailleurs l’un des charmes des vacances que de casser un peu ces rituels, pour les remplacer par d’autres…

A bien y réfléchir, l’enchainement des opérations est bien souvent optimisé: l’ordre ne doit rien au hasard et correspond à une logique de productivité. Parfois néanmoins la décision tient du hasard, une autre fois elle émane plutôt d’une coutume familiale, et quelquefois les raisons sont difficiles à cerner avec certitude. Par exemple, le poignet sur lequel vous fixez votre montre, ou bien le choix de placer douze heures sur une montre mécanique (alors que les journées comptent 24h).

Et bien, je vous propose de faire voler en éclat toutes ces petites habitudes: changez votre montre de poignet, achetez en une de 24 heures, brossez vous les dents avant de vous doucher (ou l’inverse), allumez l’écran de votre ordinateur avant celui-ci, posez vos clefs de voiture ailleurs qu’à leur place habituelle…

Bref, chaque fois que c’est possible, sans mettre une vie en danger (ne passez pas au feu rouge, mais arrêtez-vous à l’orange!), modifiez ces milles gestes qui rassurent et qui confortent le cerveau dans sa quête de l’effort minimum. Faites ces micro révolutions et vous verrez que vous êtes parfois englués dans un certain conservatisme qui vous surprendra.

Pour ma part, j’ai décidé de dormir sur le dos. Après une première nuit de quelques heures, après quelques jours d’inconfort, et bien j’y suis arrivé.

J’ai décidé d’acheter une montre de 24 heures, plus logique à mes yeux (j’ai choisi celle avec midi en haut et minuit en bas). Après un mois d’utilisation, je suis capable de lire l’heure d’un coup d’oeil.

J’ai décidé de changer de route plusieurs fois par semaine pour aller au travail (c’est facile en velib!). Cela casse les mauvaises habitudes et rend plus vigilant.

Cela stimule le cerveau.
Cela rend plus intelligent.

Bon, mais où ai-je mis mes clefs?

PS: explication du titre: « Car de bon matin je remarquais sa banalité » (Quart / Demi / Bouteille / Magnum / Jéroboam / Réhoboam / Mathusalem / Salmanazar / Balthazar / Nabuchodonozor). Vous l’avez compris, rien à voir entre le contenu et l’étiquette du contenant, car tel est mon bon plaisir…

LA première fois…

Pour une fois, dans la rubrique « Anecdotes expertises« , un souvenir datant d’avant ma prestation de serment comme expert judiciaire.

Il s’agit d’un souvenir de jeunesse.

Parisien d’adoption pendant mes années d’études, il m’arrivait souvent de trainer sur le boulevard St Michel à la recherche de livres d’occasion pour compléter ma bibliothèque de science-fiction.

Ayant dépensé une somme assez rondelette en Asimov, Heinlein et Clarck, je décide de pousser plus avant vers la bibliothèque (gratuite) du centre Georges Pompidou. Il me faut pour cela traverser l’Ile de la Cité via le boulevard du Palais. J’ai plusieurs heures à tuer, il fait beau, autant sortir un peu des sentiers battus: je décide de faire le tour de l’île par le Quai des Orfèvres. A peine ai-je marché quelques mètres, j’aperçois une grande porte ouverte par laquelle entrent des personnes. Une idée saugrenue me vint alors: « Et si j’entrais moi aussi? ».

C’était une époque ante-vigipirate. L’entrée dans le Palais de Justice de Paris pouvait se faire par les côtés, sans forcément faire la queue par l’entrée de la Sainte Chapelle, ni montrer patte blanche.

Pour la première fois, j’entrais dans un Palais de Justice.

Intimidé comme les gens qui vont voter, je suis entré dans la première salle que j’ai trouvée. Je me demande encore comment j’ai eu le courage de passer devant le garde en faction devant la salle.

Pour la première fois j’entrais dans un Tribunal.

Il s’agissait d’une chambre correctionnelle. La salle était vieillote patinée par les années, les micros en panne débranchés, aussi me glissais-je jusqu’au deuxième rang. En face de moi sur la droite se tenaient les accusés, encadrés par les forces de l’ordre. Parmi eux se tenait un jeune homme dans un beau costume, l’air hagard, la tête baissée.

Pour la première fois, je suivais une affaire.

Mr XXX a été pris après avoir volé un blouson de cuir. Les faits se sont produits il y a peu de temps (la veille?). Toute l’histoire est racontée, il suffit de fermer les yeux et les différentes scènes se déroulent comme si l’on y était. Je regarde autour de moi, des petits vieux sont là comme au spectacle et commentent entre eux à voix pas si basse « c’est pas dommage », « pourtant il a pas l’air de manquer ». Devant moi se tiennent des personnes bien mises. Elles ont un air de famille avec le jeune accusé. Bingo, c’est sa famille. Papa et Maman sont là, bien raides sur les bancs en bois. Papa surtout, avec un air fermé et furieux. Papa est étranger d’un pays bordant le Nil et travaille à l’ambassade. Papa ne comprend pas comment son fils a pu commettre ce geste. Papa a condamné son fils à la peine de mort et le fusille du regard. Le jeune a honte d’être là. On dirait un petit garçon terrorisé. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne recommencera pas. Il sera broyé avant. Affaire suivante.

L’affaire suivante est une affaire de drogue. Je ne me souviens pas précisément des faits, mais je revois la réaction de l’accusé au moment du verdict en fin de journée: « … est condamné à DIX ans de prison ». Je n’en revenais pas. Et lui non plus semble-t-il: raide comme un piquet, il est tombé en arrière de tout son long dans le box des accusés, faisant voler toutes les chaises. Les policiers l’ont récupéré et l’ont emmené. Dix ans! Les petits vieux semblaient apprécier le spectacle.

Pour information, le jeune a été relâché sans condamnation. Je suis sur qu’il ne recommencera jamais et que la leçon a porté.

Aujourd’hui j’entre avec un air blasé dans la 1er chambre de la Cour d’Appel de Paris pour y assister à une formation d’experts judiciaires, et je souris quand je vois un jeune confrère les yeux écarquillés prendre des photos de la salle.

A ma demande, il m’a d’ailleurs gentiment envoyé ses photos…

Mon grand âge a sa dignité.

Ah, ma jeunesse…