Quand j’ai vu le Président de la République Nicolas Sarkozy inviter ses amis du premier cercle dans un grand restaurant le soir de son élection, quand j’ai vu la Garde des Sceaux Rachida Dati s’habiller des plus belles parures de haute couture, quand j’ai vu les décisions politiques, Dadvsi, Hadopi, Loppsi, prises au nom des intérêts des plus riches, j’ai compris qu’une partie du monde politique travaillait pour maintenir les acquis de quelques uns. Et si possible, pour en profiter soit même un peu, voire beaucoup.
J’ai ouvert les yeux me diront les plus clairvoyants.
Pourtant, en travaillant chaque semaine dans le conseil municipal ou dans différentes commissions d’une commune de 5000 habitants, je peux constater qu’à l’échelon le plus bas, l’enrichissement personnel n’est pas un objectif recherché des élus consacrant tout leur temps à la gestion des dossiers communaux.
La signification principale du « Pouvoir » à ce niveau semble être le pouvoir de décider ce qui est bon pour la commune.
La semaine dernière, il s’est passé un évènement peu banal dans la vie du conseil municipal: une partie des habitants d’un quartier est venu protester d’une décision (ancienne) du conseil municipal de créer près de leur lotissement une zone artisanale.
Les faits: nous constatons que de nombreux artisans sont installés sur la commune, mais travaillent chez eux. Le coût des terrain en lotissement privé est de 250 €/m², alors que dans une zone artisanale, il serait de 80 €/m². Les camionnettes des différents artisans ont du mal à se garer, leurs fournisseurs aussi. Le conseil municipal, après étude d’aménagement effectuée par un bureau spécialisé, a donc voté à l’unanimité la création d’une zone artisanale à un endroit idéalement situé par rapport aux accès routiers. Publicité de cette décision a été faite à travers plusieurs organes de communication (site internet et revue municipale).
La réaction: le terrain, actuellement non constructible, appartient à une riche famille qui comptait bien revendre celui-ci par petites parcelles dès qu’il serait classé constructible. Le bénéfice d’un classement en zone artisanale est donc pour eux bien moins intéressant. Dès lors, une pétition a été organisée pour diaboliser les artisans qui devenaient alors des fauteurs de trouble, des personnes bruyantes et surtout, pour instiller la croyance que la zone artisanale allait faire baisser la valeur des biens immobiliers voisins.
Une précision: ma commune voit le prix de ses terrains augmenter de 10% chaque année depuis 10 ans, ce qui entraine le doublement de leur valeur en 7 ans! Même les terrains situés sous les lignes EDF à très haute tension sont vendus en quelques jours au prix fort! Alors, la proximité d’une zone artisanale…
La discussion: la montée de la peur est similaire à l’effet larsen en sonorisation électronique. Une quarantaine de personnes sont donc venues plus ou moins remontées perturber le dernier conseil municipal. Le maire les a reçus, dans la salle des mariages, et a écouté leurs doléances. Il a ensuite expliqué la décision du conseil municipal et présenté les différentes options qui s’offraient à nous pour le terrain concerné: création d’une zone artisanale, création d’une aire d’accueil des gens du voyage (grand silence dans la salle) ou création d’une zone boisée.
La décision: celle-ci reste encore du ressort du conseil municipal qui peut parfaitement maintenir sa décision antérieure. Ce qui est amusant, c’est que l’ensemble des personnes présentes, à une exception près, était très enthousiaste à l’idée d’une zone arborée. La seule personne qui semblait très réticente, était celle qui avait compris que le prix d’une zone boisée est (pour lui) d’environ 10 €/m². C’est à cela que j’ai reconnu le propriétaire du terrain.
L’insolence des riches affronte parfois le pouvoir des pauvres.
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L’image, cliquable pour l’avoir en grand, est une excellente publicité Bentley. Je suis presque sur que, comme toute publicité, elle ciblait bien son public… Soyons positifs, et voyons-y un très bon second degré.