A propos Zythom

Informaticien Ex²pert Judiciaire, Irresponsable de la SSI, 3 enfants, marié à une avocate (ma vie n'est pas facile). Clé PGP: 0u 41-j3 m15 c3773 pu741n d3 cl3f

Héberger son serveur chez soi

J’aime bien mettre les mains dans la technique, d’abord parce que ce n’est pas sale, mais aussi parce que je suis curieux et que j’aime tester des trucs.

Lorsque j’ai ouvert ce blog, il était hébergé sur une plateforme de blogs et je n’avais presque rien à faire. Mais j’étais très dépendant du bon vouloir de la plateforme de garder ce service ouvert, surtout qu’il s’agissait d’un service gratuit proposé par le « G » de GAFAM, habitué à fermer des services, y compris ceux rencontrant un certain succès.

C’est donc autant par curiosité, par envie d’apprendre, que par soucis de la maîtrise de ce blog, que je l’ai migré sur un serveur que j’héberge chez moi.

J’ai donc installé un serveur Debian sous forme de machine virtuelle sur mon NAS et un WordPress sur lequel j’ai migré mon blog. Debian parce que c’est la distribution GNU/Linux que j’apprécie le plus, et en place dans les différentes entreprises dans lesquelles j’ai travaillé comme RSSI, et WordPress parce qu’il s’agit du CMS le plus utilisé dans le monde, et que j’avais envie d’étudier sa sécurisation, également pour le travail.

J’ai donc configuré toutes les protections possibles sur ce WordPress, même si je sais qu’il sera piraté un jour. J’ai fait au mieux des connaissances que j’ai pu acquérir.

J’ai ensuite mis en place un système de sauvegarde du serveur et du WordPress, vers un autre NAS et vers un stockage en ligne.

Mais exposer un serveur sur internet depuis l’adresse IP attribuée par mon fournisseur d’accès à internet pose plusieurs problèmes :
– j’ai une fibre Free avec IP fixe (ce qui est pratique), mais sujette à quelques coupures de temps en temps.
– il est facile de retrouver mon identité réelle à partir de cette adresse IP, ce qui en soit n’est pas un problème car mon identité n’est pas secrète, mais je souhaite segmenter le plus possible mes activités de blogueur de mes activités professionnelles et personnelles.
– certains billets rencontrent parfois un succès, surtout si un « gros compte » des réseaux sociaux le met en valeur. Un gros afflux de visiteurs crée une sorte d’attaque DDoS qui met en difficulté ma liaison internet.

J’ai donc fait le choix d’utiliser le CDN Cloudflare, car celui-ci propose un compte gratuit pour un nom de domaine unique, avec presque toutes les fonctionnalités. Comme je suis curieux, cela m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur le paramétrage relativement complexe d’un CDN, et de régler les problèmes de coupure (grâce aux caches), d’anonymisation de mon adresse IP et d’attaque DDoS.

Il y a néanmoins plusieurs défauts dans ce choix : le premier (et le plus important) est de dépendre d’un acteur tiers supplémentaire (Cloudflare) en plus de mon FAI (Free), de mon registraire (BookMyName). Le deuxième est que je confie à ce partenaire beaucoup d’informations sur mes lecteurs. Le troisième est que ce partenaire peut changer très vite sa politique de service. Et enfin, tout le paramétrage se fait « sur la prod » puisque je n’ai pas d’environnement de tests (tester, c’est douter ^^).

Plusieurs lecteurs de ce « vieux » blog viennent lire les billets grâce à son flux RSS, et m’ont signalé des difficultés d’accès à ce flux RSS. Après enquête dans les logs fournis par Cloudflare, je me suis rendu compte que deux options anti-bots cochées par mes soins bloquaient aléatoirement le flux RSS des billets du blog :

Les deux options fautives

Normalement tout doit être rentré dans l’ordre maintenant, et vous devriez pouvoir utiliser vos lecteurs de flux RSS préférés.

Prochain objectif : abandonner le front WordPress pour le remplacer par un site statique, beaucoup plus rapide. Mais ça, c’est une autre histoire.

Jeunes femmes des années 80

J’ai fait mes premiers pas post bac en classes préparatoires au lycée Faidherbe de Lille, en septembre 1981. J’étais interne, logé sur place du dimanche soir au samedi midi. Les garçons disposaient de deux bâtiments : le premier contenait de grands dortoirs un peu vieillots à chaque étage, et le second bâtiment des chambres individuelles refaites à neuf.

Les filles avaient un seul bâtiment, lui aussi un peu vieillot, et séparé des garçons par la cantine. Je vous ai fait un dessin avec la méthode R.A.C.H.E. :

A 18 ans, nous étions tous très concentrés sur nos études (non), et l’administration d’alors tenait à ce que les deux genres reconnus à cette époque soient bien séparés, afin de favoriser une ambiance studieuse (non).

Pour cela, la méthode employée était d’une simplicité redoutable : le bâtiment des filles était interdit aux garçons, et était fermé à 22h. Pour dire les choses autrement, les filles avaient un couvre feu à 22h.

Bien entendu, pas les garçons.

Dans le bâtiment des garçons proche de la cantine se trouvait une salle commune avec télévision, où les garçons et les filles regardaient ensemble la chaîne de télévision imposée par les redoublants de 2e année. Et bien entendu, à 21h55, toutes les filles étaient obligées de rejoindre leur bâtiment sans voir la fin du film.

Les filles qui sortaient en ville pour aller au cinéma ou au spectacle, étaient obligées de revenir en urgence avant 22h, ratant souvent la fin du film ou du spectacle, sinon elles trouvaient porte close et restaient dehors.

Tout le monde trouvait ça injuste et stupide, mais les surveillantes étaient intraitables.

J’étais (et je suis toujours) un garçon timide et un peu gauche, l’un des seuls à avoir un ordinateur, « passionnée voire obnubilée par des sujets intellectuels et liés aux sciences, en général symboliques (comme les mathématiques, la physique ou la logique) ou techniques« . Bref, un nerd mais sans lunettes.

Mais j’avais un esprit très chevaleresque, et l’injustice faite à mes consœurs de galère me révoltait. J’avais donc mis au point un stratagème lors de ma deuxième année (carré dit aussi 3/2) et lors de ma deuxième deuxième année (cube dit aussi 5/2) : j’avais récupéré deux matelas une place que je rangeais sous le lit de ma chambre individuelle, et toutes les filles savaient qu’elles pouvaient trouver refuge chez moi.

Il fallait rester discrètes car elles devaient échapper aux surveillants, et aux autres garçons parfois un peu trop entreprenants, il fallait accepter de ne pas prendre de douche ni changer de vêtement le lendemain, mais elles savaient qu’elles pouvaient faire confiance à ce garçon un peu différent, qui respectait leur intimité en quittant sa chambre lorsqu’elles faisaient leurs toilettes et se déshabillaient avant de se coucher, et qui les laissait dormir en toute tranquillité.

Un havre de paix au milieu de centaines de jeunes hommes en rut.

Je n’ai jamais su ce que les filles se disaient entre elles dans leur dortoir, à mon sujet, mais entre 1982 et 1984, j’ai été le garçon qui a vu défiler le plus de filles dans sa chambré.

Et sans me prendre une chapatte, car les femmes du 20ème siècle méritent qu’on les respecte.

Bonne chance pour 2025…

L’IA a fait d’immenses progrès ces dernières années et ne tardera pas à pouvoir résoudre ce message codé :

J’ai beaucoup de mal à trouver au fond de moi un peu d’optimisme pour les vœux, avec les événements internationaux et nationaux de ces derniers temps. Donc, je nous/vous souhaite « bonne chance pour 2025 ».

Je ne pourrai pas faire mieux.

Les sites de rencontre

La mission confiée par le magistrat était simple : quel était le contenu des discussions de Madame Y avec les contacts qu’elle avait sur l’application de rencontre X, et en particulier avec Monsieur Z ?

Nous sommes dans les années 2000, les gendarmes commencent à peine à utiliser des ordinateurs personnels (personnels signifiant ici qu’ils les ont achetés à titre personnel et les utilisent dans le cadre professionnel), les policiers tapent sur des machines à écrire, internet peine à arriver jusqu’aux casernes et aux commissariats…

Ce type de dossier est donc confié à des particuliers inscrits sur un annuaire de Cour d’Appel, ce qui fait d’eux des experts judiciaires.

Me voici donc muni d’une réquisition judiciaire à faxer au service ad hoc de la société éditrice de l’application de rencontre, qui, après moultes relances et coups de téléphone (la plupart des sociétés étaient joignables par téléphone à cette époque) m’a donné accès à tous les échanges de Madame Y.

Madame Y mentait un peu sur son âge, et ses photos étaient prises sous un angle flatteur, et correspondaient à un peu moins que l’âge avoué. Son profil était enjoué et dynamique, et tous ses divertissements favoris y étaient cochés dans l’espoir d’un partage réciproque.

L’enquête de police me donnait beaucoup d’éléments, et donc je pouvais facilement mesurer les (petits) écarts dans la description que Madame Y faisait d’elle-même, mais dans l’ensemble le profil correspondait. Madame Y était bien une femme, célibataire, cherchant l’amour avec l’aide d’un algorithme s’appliquant sur une grande quantité de profils, bien au delà de ce que peut offrir un nombre de rencontres IRL.

Madame Y a répondu à quelques unes des nombreuses sollicitations et entretenu des échanges avec plusieurs personnes, jusqu’à nouer un dialogue plus sérieux avec l’une d’entre elle : Monsieur Z. D’abord anodins, les échanges se sont faits plus personnels, puis plus intimes, mais sans verser dans les échanges de photos pornographiques.

Fasciné, j’ai vu grandir sous forme épistolaire, une amitié puis une affection, et pour finir une passion enflammée.

La question de la rencontre IRL entre les deux protagonistes a fini par se poser. Et là, coup de théâtre : Monsieur Z a avoué qu’il était en fait… une femme. QUOI, mais tu m’as donc menti pendant tout ce temps ! Je suis tombé follement amoureuse d’un homme qui n’existe pas !

Les échanges sur l’application se sont brutalement interrompus.
Mais pas dans la vie réelle.
Madame Y était profondément choquée et déçue, et son amour s’est transformé en haine. Elle a déposé plainte et les enquêteurs sont vites remontés jusqu’à son interlocuteur/trice avec tous les éléments qu’elle a pu leur fournir.
Mon travail d’expert judiciaire s’est limité à l’accès à leurs échanges sur l’application et à les retranscrire.

Mes investigations ont été rapides, et le rapport a été rendu en un temps record, quelques semaines à peine après avoir été saisi (le plus long ayant été de contacter l’entreprise en charge de l’application de rencontre pour avoir accès aux données). Mais j’ai pu suivre la procédure après ma mission (ce qui est exceptionnel), et me rendre compte de ce que la haine peut amener comme acharnement, comme instrumentalisation de la justice à des fins de vengeance… Je doute fort que « Monsieur » Z ne s’inscrive de si tôt sur une application de rencontre.

Ainsi est faite la nature humaine.

Pour ma part, j’utilise plusieurs applications de rencontre, mais uniquement pour rencontrer des personnes ayant envie de me faire découvrir Paris de manière platonique. Mon profil est désarmant de sincérité et de transparence, ce qui me vaut la moquerie de la plupart des utilisateurs de ces applications. Mais j’y ai rencontré de belles personnes, et j’y ai noué de solides amitiés. Et ne vous inquiétez pas, Mme Zythom est au courant et encourage ma démarche.
Mais cela est une autre histoire.

Quitter ou pas un réseau social

L’utilisation d’un réseau social est très variée d’une personne à une autre. Certains animent avec ferveur une communauté de personnes, d’autres expriment des opinions avec l’espoir qu’elles soient lues, d’autres encore échangent au sein de conversations récurrentes plutôt amicales. Il y a ceux qui font une veille sur des sujets précis, ou sur l’actualité en général.

Il y a les « gros » comptes qui entraînent derrière eux des lecteurs plus ou moins passionnés, il y a les petits comptes qui se taisent ou publient très peu. Il y a les fermes à trolls qui cherchent à manipuler les opinions, il y a la propagande, les fake news, la communication officielle, les comptes parodiques…

Twitter/X a profondément changé depuis son rachat par Elon Musk, ce qui entraîne des migrations de comptes (par vagues) vers les autres réseaux sociaux du moment : Mastodon, Bluesky, Thread, mais aussi Nost ou Scuttlebutt.

J’ai beaucoup publié sur Twitter, délaissant mon blog au profit de ce que l’on appelait alors le « micro blogging », et j’y ai rencontré IRL des personnes très intéressantes. Mais la vie a fait que je me suis progressivement désintéressé de ces échanges, et ma production sur les réseaux sociaux a drastiquement chuté (sans revenir pour autant à l’écriture de nombreux billets sur ce blog).

Je fais partie maintenant des utilisateurs plutôt silencieux, qui ne publient sur les réseaux sociaux que quand ils ont quelques choses à dire, un nouveau billet de blog à annoncer ou une envie de partager une blague ou une micro anecdote. Je ne recherche pas l’influence, ni le buzz, ni la renommé, ni ne fait business des gens qui me suivent.

Mon usage des réseaux sociaux est plutôt prudent et réservé : je sais les dégâts que peuvent faire sur une personne un bad buzz ou une avalanche de réactions haineuses. Je supprime très régulièrement mes anciens messages car ils n’ont souvent de sens que dans un contexte très précis, et mes opinions peuvent changer.

Les personnes qui me suivent m’envoient parfois un petit message d’encouragement, et il m’arrive encore de prendre un verre ou un repas avec des internautes. Je ne fais pas de différence s’ils viennent du blog, de Twitter/X, de Mastodon ou de Bluesky. Seuls la qualité de nos échanges m’importent.

C’est la raison pour laquelle je ne ferme pas (en général) les comptes que j’ai ouverts sur les réseaux sociaux. J’annonce plutôt publiquement dans la bio un « .forward » pour dire sur quel réseau je suis plus souvent.

Il y a un petit côté dérisoire et narcissique à vouloir clamer avec fracas à la face du monde que l’on quitte un lieu. Cela me rappelle trop les messages grandiloquents que l’on trouve sur les pierres tombales, parfois jusqu’à éclipser toute la vie du personnage.

Simplifications techniques

Je suis curieux par nature, et par construction, aussi j’aime apprendre et comprendre des domaines qui ne sont pas de ma compétence métier première. C’est le cas de la gestion technique d’un réseau informatique. Au fil des années, la maîtrise d’un réseau informatique est devenue de plus en plus complexe, au point que les admin réseaux sont maintenant des experts indispensables à la mise au point, au fonctionnement, à l’entretien et à la sécurité d’un réseau informatique. Et je ne suis pas admin réseaux…

Je ne pouvais donc pas continuer à empiler des technologies dans mon réseau informatique personnel, et j’ai donc décidé de faire un grand nettoyage concernant son fonctionnement. C’est ce que je vais décrire sommairement ici, si cela peut aider un internaute à avoir une idée de ce dans quoi il s’embarque quand on touche aux réseaux.

Je ne suis pas certifié CISCO, ni HP, ni par aucun constructeur, mais j’ai apprécié le fonctionnement professionnel d’un bon nombre de leurs équipements, malgré le niveau de bruit des ventilateurs et la chauffe des composants. Je me suis tourné vers un constructeur d’équipement semi pro, avec une interface clicodrome qui me simplifie la vie. J’ai supprimé tous mes équipements réseaux hétérogènes (enfin presque).

Mes équipements réseaux sont tous de la marque Ubiquiti (ce billet n’est pas sponsorisé) : j’ai un cœur de réseau UDM Pro et quatre bornes Wifi UAP AC Pro. Le réseau filaire est de catégorie 5E en attendant de le remplacer par de la fibre optique, et pour m’éviter d’ajouter des câbles qui manquent parfois dans un coin de la maison, j’ajoute des petits switchs ER-X qui font le job silencieusement à un prix mini.

Les équipements filaires propagent 7 VLAN : Hébergement, Management, Bureau professionnel, Maison, IoT, Guest et FreePlayer. Les 4 derniers réseaux sont également propagés sur des réseaux Wifi associés.

La box de l’opérateur Free est en amont de l’UDM Pro que j’ai placé dans la DMZ de la box.

L’hébergement de ce blog est porté par une machine virtuelle Debian avec WordPress au sein d’un NAS Synology équipé de Virtual Machine Manager, et situé dans le réseau intitulé « Hébergement ». Ce réseau contient également une VM Debian avec mon serveur de flux RSS FreshRSS autohébergé.

Tous les réseaux sont étanches, avec des règles de firewall inspirées de cet excellent billet de Mikaël Guillerm. Pour l’anecdote, le réseau intitulé FreePlayer me permet de faire fonctionner correctement la télévision branchée dessus, en passant par un réseau Wifi dédié. En analysant les trames du FreePlayer, et en lisant un certain nombres d’articles sur le sujet, j’ai choisi un VLAN 100 avec un réseau IPv4 en 192.168.27.0/24 et un réseau IPv6 en mode SLAAC.

Plusieurs services sont accessibles depuis l’extérieur : ce blog, un serveur VPN Wireguard et un serveur VPN de secours OpenVPN. Ces trois services m’ont donné beaucoup de soucis car très attaqués. J’ai donc là aussi choisi la facilité : j’ai ouvert un compte gratuit chez Cloudflare et seules les adresses IP Cloudflare sont autorisées pour l’accès à ce blog. Pour le serveur VPN Wireguard, il est proposé nativement par l’UDM Pro et semble bien protégé. Pour le serveur OpenVPN du NAS Synology, je n’ai autorisé que les adresses IP françaises. Le monitoring de ces services est fait par UptimeRobot sur lequel j’ai ouvert un compte gratuit. J’ai un peu pesté contre Synology dont le parefeu ne permet pas d’autoriser la liste des adresses IP des sondes UptimeRobot sans bidouille.

Le réseau professionnel me sert pour le télétravail, pour ma machine de minage / cassage de mots de passe, et pour tous les tests que je peux faire sur mon Proxmox et sur mon poste d’attaque Kali.

J’ai encore mon NAS DIY basé sur un petit cube MicroServer Gen 8 HP sous OpenMediaVault pour mes sauvegardes dont je parlais ici en 2016. mais dans la simplification des technologies que je mène, j’ai acheté un espace « à vie » de 2To chez pcloud qui double mes sauvegardes distantes que je fais sur mon vieux Synology que j’ai placé dans ma coquette studette parisienne. L’application pcloud a simplifié également les transferts de photos entre nos différents téléphones.

J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, en particulier sur IPv6 qui n’est autorisé chez moi pour l’instant que sur un seul réseau filaire. Bien sûr, le parefeu IPv6 de la Freebox est activé, ainsi que celui de l’UDM Pro. Je lis aussi avec attention les articles de Stéphane Bortzmeyer sur DNSSEC, mais j’avoue que je suis encore très tâtonnant sur le sujet. Les équipements et les ordinateurs de la maison utilisent les DNS sécurisés de Quad9, sauf ma machine perso qui héberge son propre serveur DNS non censuré.

Le plus dur reste à faire : ranger mon bureau, et jeter les câbles BNC et leurs bouchons de terminaison…

Le dernier soutier

Ce billet est écrit dans le respect des recommandations du procureur de la République concernant ce blog suite à l’affaire Zythom.

Ceci est une histoire vraie. Ces événements ont eu lieu en France au 21e siècle. À la demande des survivants, les noms ont été changés. Par respect pour les morts, le reste est décrit exactement comme cela s’est déroulé (ref).

Dans ce dossier d’assurance en rapport avec un ransomware ayant bloqué pendant plusieurs mois l’entreprise, me voici en réunion d’expertise face au directeur général, au DSI, au représentant de l’assureur et aux avocats mandatés par chaque partie pour représenter leurs intérêts.

Comme souvent, la réunion démarre par un état des lieux basés sur tous les documents échangés entre les parties. C’est assez laborieux, mais c’est la base : il faut étudier les pièces, et le faire de manière contradictoire, c’est-à-dire devant toutes les parties concernées. L’entreprise est de taille moyenne, avec environ 2000 ordinateurs répartis sur plusieurs sites français. On me présente des diagrammes relatifs aux investissements informatiques, l’état du parc de machines, les liens réseaux entre les sites, entre le siège et les usines, la collecte d’information, les projets, la migration en cours vers le cloud…

La journée se déroule sans accroc notable et lorsque les pièces ont été présentées et discutées, je demande à ce que les sachants techniques soient auditionnés. C’est toujours un moment délicat car très impressionnant pour les personnes dont je demande l’avis et qui ne sont pas au courant…

Je demande à entendre le responsable du service qui gère les postes de travail. Celui-ci m’explique le fonctionnement général de son périmètre : les ordinateurs sont gérés avec un logiciel de gestion de parc, qui inventorie beaucoup d’informations, dont en particulier l’état des mises à jour. Il me parle de la mastérisation des postes. Il me décrit la politique de déploiement des mises à jour qui consiste à allumer les ordinateurs à distance la nuit pour leur faire appliquer les différentes mises à jour, les faire redémarrer une fois, par principe, les éteindre ensuite par soucis d’économie d’énergie. Les salariés sont habitués à cette procédure et ont comme consigne d’éteindre leur ordinateur tous les soirs.

Le responsable précise en fin d’intervention, que le processus de mise à jour est géré in fine par l’équipe réseau qui est la seule à pouvoir allumer les ordinateurs la nuit par une procédure complexe liée à la segmentation réseau. Je lui demande si son équipe vérifie bien à chaque fois que les mises à jour sont correctement appliquées sur tous les postes, et s’il dispose d’un indicateur de suivi. Il m’informe que c’est l’équipe réseau qui suit tout cela. J’insiste en lui demandant qui est responsable du maintien en condition opérationnelle des ordinateurs de l’entreprise, et je sens un flottement dans la salle : « oui, c’est moi, mais c’est l’équipe réseau qui sait faire les mises à jour de manière centralisée ».

Je surprend un échange de regards entre le directeur général et le DSI qui commence à transpirer un peu. Je demande à voir le responsable de l’équipe réseau.

Le DSI me répond alors : « Alors, heu, il y a eu un petit problème au sein de l’équipe réseau, quelques mois avant la cyberattaque… Comment dire, oui, un problème de relation humaine. Le responsable de l’équipe réseau est parti brutalement, en abandonnant son poste… »

Je demande s’il a été remplacé, ou s’il a un adjoint que je pourrais interroger.
Le DSI : « Alors, oui, il y a bien quelqu’un, mais… Bon, je vais le faire appeler… »

C’est alors qu’entre dans la pièce un jeune un peu pâle, intimidé par les regards qui se posent sur lui. Je le fais asseoir près de moi, et lui demande de se présenter.

« Bonbonjour, je m’appelle Antoine. Quand Monsieur Jérôme est parti, il a emmené toute l’équipe avec lui, et j’ai dû gérer les parefeux et les routeurs de l’entreprise, renouveler les contrats des fibres noires et des accès internets, modifier les règles BGP, les exceptions, les changements, les mises à jour de firmwares, les configurations et les différentes mises à jour. Puis le ransomware a explosé toute l’organisation et j’ai été mobilisé comme tout le monde sur la gestion de crise et la remise en état des ordinateurs… »

Moi : « Mais vous êtes tout seul ? Vous avez quel âge ? »
Lui : « J’ai 23 ans, je suis en dernière année de formation par alternance. »

Tout le fonctionnement du réseau informatique de l’entreprise ne reposait plus que sur une personne, excellente par ailleurs. Un geek très compétent et impliqué dans son travail. Mais cette personne ne savait pas qu’elle devait également s’occuper de la mise à jour des ordinateurs de l’entreprise. Elle ne savait pas non plus que le démarrage nocturne des ordinateurs ne fonctionnait plus, que l’état des mises à jour montrait que les postes n’étaient plus à jour depuis plusieurs mois, ni qu’un pirate avait un pied dans l’entreprise grâce à un phishing réussi…

Toute l’entreprise tournait grâce à une personne qui faisait ce qu’elle pouvait.

Le dernier soutier.

Je lui ai demandé s’il avait déjà visité le Nebraska, il m’a répondu que non. Personne n’a compris ma question, mais personne n’a insisté.

Source Xkcd https://xkcd.com/2347/

Toutes blessent, la dernière tue

Dans ce dossier d’expertise judiciaire, la mission donnée par le magistrat contenait une exigence classique : il me fallait horodater avec précision les évènements. L’effraction de la porte d’entrée, les accès à l’entrepôt et le vol du matériel informatique.

Me voilà donc sur les lieux des faits, plusieurs mois après. Non pas que mes diligences soient poussives, mais les moyens de l’administration judiciaire étant ce qu’ils sont, ma désignation en tant qu’expert avait été faite plusieurs mois après le vol.

Il y avait beaucoup à faire, et la journée se déroule à pas de charge, quand vient sur le tapis les moyens de preuve concernant les heures (et date) des faits.

Premier moyen: la vidéosurveillance.

Me voici à visionner une copie des vidéos de vidéosurveillance, avec les dates et heures inscrites sur la vidéo. Je demande comment ces dates et heures sont obtenues. Silence autour de la table. Je demande si le système est relié à une horloge externe fiable… Je demande si les changements d’heures sont pris en compte, si l’heure affichée est bien UTC+01:00… Silence. Je suggère qu’une personne appelle l’entreprise en charge du système de vidéosurveillance, et l’on me répond que le contrat de support n’a pas été reconduit. Je demande l’accès direct au système en place (et non pas à une copie) pour mener les investigations moi-même.
Le système n’est pas synchronisé avec une source fiable et dérive dans le temps…

Deuxième moyen : les logs de connexions

Parmi le matériel volé, deux ordinateurs étaient des machines utilisées par les salariés de l’entrepôt, et donc discutaient avec le serveur central. Je m’intéresse donc à la date d’arrêt de ces discussions, ce qui me permettrai de donner avec une bonne précision le moment du vol. Nous voilà donc à la recherche des logs.
Hélas, l’effacement automatique des logs a fait disparaître les informations qui m’intéressent…

Troisième moyen : les sauvegardes du serveur des logs de connexions

Quand il n’est pas possible d’accéder à un fichier car il a été effacé, il est souvent intéressant d’aller regarder dans les sauvegardes d’icelui, y compris pour les logs systèmes.
Mais l’administrateur informatique avait exclu la sauvegarde des logs, car ceux-ci prenaient trop de place sur le système de sauvegarde.

Quatrième moyen : le demi tour

Lorsque l’on fait du parachutisme, une fois le parachute ouvert correctement, il faut regarder en bas pour trouver la zone prévue d’atterrissage. Si l’on ne la trouve pas, la règle d’or est qu’elle est derrière nous, et il suffit de faire un demi tour sur soi-même pour pouvoir la trouver. J’ai souvent pu appliquer cette règle dans la vie de tous les jours : quand on ne trouve pas de solution, il faut réfléchir autrement, en faisant un demi tour mental.

En visitant le local technique où se trouvent les serveurs et switchs de l’entrepôt, j’ai remarqué un onduleur électrique géré par le service technique. Un onduleur est un appareil assez simple, qui contient des batteries et permet d’assurer le maintien de l’alimentation électrique en cas de coupure de courant. Les onduleurs professionnels embarquent un petit ordinateur qui peut parfois être administré à distance. Cet ordinateur est donc potentiellement relié à internet et à un serveur de temps. Il note également scrupuleusement les évènements, et en particulier les coupures de courant.

Les cambrioleurs ayant coupé le courant avant leur effraction, l’onduleur avait noté l’heure exacte de la coupure. Une fois effectuées la vérification du fuseau horaire de l’onduleur, la conversion dans le fuseau horaire de la France métropolitaine, et la vérification de la bonne synchronisation avec le serveur de temps, j’ai pu avoir avec une bonne précision le moment de l’effraction.

Et remplir avec précision cette partie de ma mission

« Vulnerant omnes ultima necat. Toutes blessent, la dernière tue. Il s’agit des heures, évidemment. C’est écrit dans le marbre, ou sur la pierre, sous les cadrans solaires. Comme tout ce qui est gravé en latin, la formule s’impose, et semble d’autant plus vraie qu’elle intime l’humilité, paraît indiscutable en vertu même de sa sévérité – les hommes croient toujours aux messages qui leur disent qu’ils ne sont que poussière. » — (Philippe Delerm, La vie en relief, Seuil, 2021, page 222)

La cyber, c’est super

Quand on fait de la sensibilisation à la cybersécurité, tous les slogans sont intéressants, dès lors qu’ils marquent les esprits et contribuent à faire prendre conscience à chacun qu’il a un rôle à jouer dans la sécurité informatique de l’entreprise.

Lors des réunions d’échanges avec mes confrères et consœurs RSSI, je note souvent quelques punchlines que je trouve intéressantes, et je les teste sur mes collègues de travail ou sur les utilisateurs de mon entreprise.

Par exemple, j’aime assez la phrase d’autodérision suivante : « Avant une attaque cyber, on se demande souvent à quoi sert le RSSI. Et après une attaque cyber, on se demande à quoi il a servi… »

Autres exemples que je place dans mes visuels de sensibilisation :
– La sécurité commence par votre esprit, pas par votre clé secrète.
– Protégez votre vie privée et votre tranquillité d’esprit.
– Lock it down, protect it up, and block the hackers.
– Stay safe online. Don’t be quick to click
– Secure your data, secure your future
– Vous fermez bien votre porte à clé, alors pourquoi ne pas verrouiller votre poste de travail ?

Un jour, lors d’une petite intervention devant mes collègues, j’ai terminé ma présentation par une pirouette assez triviale en disant :
J’ai la chance d’avoir la plus grande équipe de l’entreprise, car *tous* les salariés travaillent pour la sécurité informatique. Et oui, la cyber, c’est super !

Sans que je m’y attende, mes collègues se sont appropriés cette dernière phrase, et me font souvent un clin d’œil quand on se croise, ponctué d’un « la cyber, c’est super« . J’ai donc adopté cette petite phrase que j’utilise presqu’à chaque fois pour finir une intervention, ce que je vais faire dans ce billet :

Et pour résumer mon intervention, retenez bien ceci :
[silence de deux secondes]
La cyber, c’est super

Source image Microsoft Designer

Se faire croissanter

Il y a une tradition que j’aime bien et que je retrouve sous une forme ou sous une autre dans toutes les entreprises dans lesquelles je suis intervenu et qui illumine le quotidien des responsables cybersécurité.

Mais avant, je dois rappeler le contexte : vous pouvez mettre en place tous les systèmes de sécurité possibles, il faut bien qu’à un moment ou à un autre, l’utilisateur puisse travailler… Car, après avoir vérifié son badge à l’entrée de l’entreprise, après lui avoir autorisé l’accès à la porte de son bureau, après lui avoir demandé son (dernier) mot de passe valide, puis un deuxième facteur d’authentification par un moyen alternatif, et enfin après un redémarrage pour l’installation des mises à jour de sécurité qui l’oblige à ressaisir son mot de passe (s’il n’a pas expiré entre temps) et son deuxième facteur d’authentification, vous êtes bien obligé de le laisser accéder à son ordinateur de travail.

Sauf que, l’utilisateur est une personne qui a la bougeotte : il lui prend parfois l’envie de s’éloigner de son ordinateur pour un temps supérieur à la seconde, en le laissant sans surveillance ou pire, sous la surveillance de ces collègues de l’openspace.

Et là, je me permets une courte citation d’un sonnet de Pierre de Ronsard :

De soupirs et de pleurs il convient de me repaistre,
Te voyant au cercueil, hélas ! trois fois hélas !

Source BNF

Car le responsable cyber est fourbe par nature et par construction, il sait profiter de la faiblesse humaine, comme les assaillants contre lesquels il lutte souvent seul. Et il est gourmand.

La règle est donc : toute personne laissant son ordinateur sans surveillance avec sa session ouverte se verra croissanté.

Car, une personne malveillante (un collègue) ou le responsable cyber (forcément malveillant) se fera un malin plaisir de s’installer devant l’ordinateur laissé seul avec une session ouverte, afin d’envoyer sous l’identité de l’utilisateur imprudent un email à tous ses collègues de travail, les informant qu’il amènera des croissants pour tout le monde dans la matinée du prochain jour ouvré…

Variante : envoyer un email à toute l’entreprise pour informer qu’une souris à boule à port ps/2 est à vendre, faire proposition.

Variante 2 : proposer d’amener des petits pains, mais attention à la polémique avec les collègues qui utilisent (à tord) l’expression « pains au chocolat » ou « chocolatines ». Mais les polémiques, c’est bien aussi, cela permet de sensibiliser l’utilisateur imprudent.

Conseils : quand vous vous faites croissanter, ne vous vexez pas. Prenez le comme une incitation à être plus vigilant. Si vous êtes « croissanteur », ne piégez pas « méchamment » un collègue en envoyant un email à toute la Direction, restez soft, car un jour aussi, vous serez croissanté 🙂

Pour finir, je précise que je ne me suis pas encore fait croissanter, mais que cela arrivera forcément un jour. Et ce jour là, vous sentirez une faiblesse dans La Force.

Source Bing image creator