Merci

Ce samedi je me trouvais debout à l’entrée d’un petit supermarché en train de distribuer des sacs plastiques. Pour comprendre ce qui m’a arraché à ma grasse matinée sacrée du samedi matin, il faut remonter quelques semaines en arrière. Plus précisément, lors du dernier conseil municipal.

Lors du compte rendu de l’adjoint en charge de la commission sociale, appel est fait aux conseillers municipaux de participer à la collecte de la banque alimentaire, la bien nommée BA. L’adjoint nous rappelle l’importance de cette collecte et que si tout le monde participe, chacun n’aura à consacrer qu’une petite partie de son week-end. Me voici donc inscrit sur le registre pour le créneau du samedi 10h30-12h.

Poli comme un miroir astronomique, j’arrive sur place à 10h25. J’y retrouve l’équipe précédente que je dois relever. Ils me passent les consignes, j’enfile un superbe gilet de signalisation couleur rouge fluo marqué en grosse lettre (dans le dos) « Banque alimentaire », je serre la main de mon acolyte qui vient juste d’arriver, et nous voilà tous les deux à accueillir les clients de ce petit supermarché discount.

Il paraît que ce supermarché discount est fréquenté par les personnes les plus modestes. En fait, pendant une heure et demi, je vais voir défiler toutes les catégories de personnes de la société française:

Il y a les souriantes: les personnes qui vous renvoient votre sourire franchement. Elles s’arrêtent pour prendre le sac plastique que vous leur tendez et vous écoutent dire « c’est pour la banque alimentaire ». Elles hochent la tête et vous glissent un petit mot gentil: « je n’ai pas beaucoup d’argent, mais je donne toujours », « je vais donner du chocolat et des bonbons, parce que vous savez, les plus démunis ont besoin aussi de friandises », « Je suis au RSA, mais je vais donner quand même ». Merci. Merci. Merci.

Il y a les stressées: elles nous ont repéré de loin (grâce à nos gilets rouges fluos) et ne s’arrêtent pas à notre hauteur, sauf après nous avoir entendu dire « c’est pour la banque alimentaire ». Là, elles marquent un temps d’arrêt, se tournent vers nous et grommèlent quelque chose comme « ah oui, c’est bien ». Merci . Merci. Merci.

Il y a les jeunes: ils/elles nous regardent avec une interrogation dans les yeux « keskecé? ». Nous leur expliquons rapidement que nous collectons des aliments non périssables pour les plus démunis et que s’ils souhaitent donner quelque chose, ils peuvent nous le remettre après la caisse dans ce sac plastique. Je ne suis pas sur qu’ils comprennent toujours car j’ai eu droit à un « mais qui c’est qui paye alors? »… Merci. Merci. Merci.

Il y a les vieux: ceux qui viennent faire leurs courses le samedi avec la foule parce qu’ils sont seuls le reste de la semaine. En général, ils s’arrêtent et discutent avec nous. Ils nous racontent une tranche de vie que l’on écoute en silence. Merci. Merci. Merci.

Il y a les fatigués de la vie, les blessés de l’âme, les corps malades: Ils avancent doucement avec leurs sacs à la main car ils n’ont pas de pièce pour le caddy. Ils prennent toujours un sac en plastique qu’ils rendront toujours avec quelques choses dedans. Même si parfois on voudrait qu’il le garde pour eux. Merci. Merci. Merci.

Il y a cette personne qui m’a dit avoir dormi dans la rue pendant plusieurs années et qui m’a demandé plusieurs sacs plastiques. Elle nous a donné plus que ce qu’elle a emporté. Merci. Merci. Merci.

Il y a tout ceux qui se sont excusés car ils avaient déjà donné la veille, dans le magasin concurrent, à l’école. Merci. Merci. Merci.

Et il y a ceux qui ne nous voient pas: leur regard glisse sur nous et ils n’entendent pas notre « c’est pour la banque alimentaire ». Ils n’écoutent plus le reste du monde. Ils ont le regard absent des parisiens devant le mendiant qui tend la main. Indifférents.

Il y a eu une seule personne aigrie ce matin là: elle s’est arrêté devant moi et m’a regardé droit dans les yeux. « J’ai une mère paralysée. Personne ne m’a aidé, alors je ne donne rien ». Je n’ai rien su répondre, mais j’ai immédiatement pensé à Carmen Cru.

Pendant une heure et demi, j’ai vu défiler beaucoup de monde: des chômeurs, des avocats, des ouvriers, des noirs, des blancs, des jeunes, des vieux, des couples, des familles nombreuses… Beaucoup de parents nous envoyaient leur enfant avec le sac plastique contenant leurs dons. A leur regard timide, nous avons offert nos plus beaux sourires.

Merci. Merci. Merci.

Vie privée, vie publique

Depuis quelques années maintenant, j’utilise internet comme outil de travail, de loisir ou comme moyen d’expression.

Jeune chercheur en informatique, j’ai appris son existence en 1989 et m’en suis servi pour mon doctorat en intelligence artificielle (et ouais:). Internet était un outil réservé aux chercheurs et pour eux.

J’ai assisté ensuite à l’apparition des fournisseurs d’accès à Internet. C’est l’époque pionnière de l’Internet, devenu entretemps « Web », avec l’apparition de nombreux usages rendus accessibles au grand public.

Puis est venu le temps des marchands. Les grandes entreprises se sont installées, le business s’est déployé, la professionnalisation d’Internet s’est effectuée, au gré des bulles financières. L’outil est devenu encore plus accessible au grand public. Internet a perdu sa majuscule et est devenu indispensable à de plus en plus de personnes.

L’utilisateur que je suis s’est adapté, a évolué, a pris part aux changements. Parfois je me suis un peu opposé: je surfe toujours et encore sur un web dénué de publicités grâce au plugin AdBlockPlus de Firefox. Rien de révolutionnaire.

Je participe toujours au formidable élan de partage qui s’est emparé de la toile à cause des débits très faibles et de l’explosion du nombre d’usagers à la fin des années 90. Je rappelle que Napster date de 1999, à une époque où les modems 14.4, 28.8 étaient encore très nombreux face aux riches modems 33 et 56kbps. Et, oui, j’ai connu les bauds

Je partage les distributions GNU/Linux que je télécharge par ailleurs, je partage des logiciels gratuits plus rares, difficile à trouver autrement sur le réseau, je partage des logiciels en accord avec mes passions et avec les licences de partage qui sont nombreuses dans ce domaine.

Je ne partage pas les produits commerciaux lorsque leurs licences l’interdisent.

Avec le temps, je me suis constitué un volume de données que je partage plutôt conséquent: 300 Go de données disponibles en upload sur ma liaison ADSL grâce aux protocoles P2P.

Mais j’ai pris conscience, il y a quelques semaines, que lorsque j’énonçais ce fait dans mon entourage professionnel ou judiciaire, de plus en plus de monde me regardait en coin. Je n’étais pas normal. Je me comportais bizarrement, voire illégalement.

Pour une partie de mon entourage, j’étais devenu à leurs yeux un PIRATE.

Dans certaines situations, cette étiquette sulfureuse peut être plutôt agréable, pour quelqu’un qui a plutôt souffert de l’époque où « informaticien » était plutôt une profession honteuse. Cette réputation est un peu une revanche de la période où, plus jeune, j’avais l’impression que les filles regardaient plus facilement vers les garçons du fond de la classe que vers ceux du 1er rang (j’étais au 2e rang, ce sont les fayots qui étaient au 1er rang!)…

Mais plus les années passent, plus les politiques s’emparent du phénomène internet et plus ils souhaitent y mettre de l’ordre. Avec les conséquences actuelles que l’on connait avec les lois HADOPI et LOPPSI. Conséquences que les politiques n’ont pas pu ou voulu percevoir, enferrés qu’ils sont avec une vision à court terme.

Et fatalement, la machine à broyer les vies va se mettre en route.

C’est donc le plus naturellement du monde que je me suis posé la question: avec mon serveur P2P, mes envies de partage et ma connaissance des réseaux éponymes, apparaître aux yeux de mon entourage professionnel et familial comme un pirate ne pouvait-il pas logiquement risquer de m’attirer des ennuis avec la police, la justice et la société toute entière.

Je me voyais déjà me battre avec le monde entier pour tenter de retrouver mon honneur perdu: mais Mme Michu, partager des distributions GNU/Linux, c’est autorisé vous savez!!! Combat perdu d’avance. L’Etat m’a battu d’avance. Alea iACTA est…

Comment concilier des aspirations qui paraissent de plus en plus libertaires et une tranquillité méritée par mon statu de quadra bobo provincial?

C’est à l’occasion d’un rêve que la réponse m’est apparue dans sa plus grande simplicité: je me voyais debout à la fenêtre de la mairie brandissant un drapeau français en criant « veux pas haine, problèmes derrière ». Les rêves les plus fous étant ceux qui l’on déchiffre le mieux, j’ai compris au petit matin que j’avais mélangé le reportage d’Arte de la veille consacré à Pierro le fou du gang des tractions avant, avec sa devise « Traction Avant, Police derrière » et une déformation phonétique du sigle informatique

Une fois n’est pas coutume, mon cerveau nocturne s’étant comporté comme un oracle de Turing, j’ai donc pris la peine de m’enquérir d’une protection pour ma réputation afin que Madame Michu puisse de nouveau me voir comme un chapeau chevalier blanc. Lorsque l’on interdit au lieu d’éduquer, on fait du contournement un sport national avec des conséquences pires que la situation de départ.

Pour faire simple, sans aller jusqu’à l’embarrassante complexité d’un changement de nationalité, je suis allé voir les pays du monde civilisé ayant la plus haute estime de la protection de la vie privée de leurs internautes.

Etant le maître de mon avis, j’ai décidé que la Suède réunissait ces deux critères (civilisation et vie privée). J’ai été aidé un peu par cette multinationale (ce qui peut surprendre en matière de vie privée) et beaucoup par cette personne privée cette communauté.

J’ai choisi Anonine associé à VPN Lifeguard, dans une machine virtuelle vmware Window XP sans IPv6. Beaucoup l’on déjà fait, d’autres le feront. Je n’ai pas changé mes habitudes de surf, je n’ai pas honte de ma vie privée, ni ne fais de choses honteuses en privée.

Et vous n’imaginez pas ma joie quand je surfe sur internet, ou quand je partage mes distributions GNU/Linux, sous les traits d’un grand et beau suédois. C’est comme cela que j’aimerais que vous pensiez à moi, quand vous verrez mon adresse IP dans vos logs.

Dans mes bras Ikea! Hej Stockholm!

Broderskap frihet jämlikhet!

Et je vais pouvoir réouvrir le relais Tor que j’avais fermé par peur d’illégalité…

Au nom de la commune

20h30, c’est le début du conseil municipal. Comme d’habitude, tous les conseillers sont là ou presque. Le pompier arrivera en retard, à cause de son métier. L’infirmière aussi.

La liste des sujets à débattre est longue, et le conseil municipal risque fort de se terminer tard dans la nuit. Mais nous sommes là, tous les 26, assis dans cette grande salle avec les tables en carré.

Parmi les sujets du jour du soir, un point qui fait débat dans la commune depuis plusieurs années: la construction d’une aire d’accueil de gens du voyage.

La commune où j’habite vient juste de franchir la barre des 5000 habitants. C’est un seuil important, et parmi les nouvelles obligations de la commune, il y a celle de mettre à la disposition des gens du voyage un endroit où pouvoir séjourner. Le conseil municipal précédent avait déjà débattu de la question, mais sans pouvoir trouver un endroit adéquat.

Le maire, conscient des difficultés à fédérer les conseillers sur un projet particulier, a choisi d’inviter au conseil municipal le spécialiste de l’accueil des gens du voyage de la communauté d’agglomération à laquelle la commune appartient.

Cette personne nous a présenté pendant une heure les différents aspects de la communauté des gens du voyage, bien loin des clichés que pouvaient avoir certains conseillers. Il nous a parlé des difficultés rencontrées par cette communauté, de sa richesse culturelle mais aussi de sa pauvreté, de son illettrisme parfois. Il nous a montré les contradictions de notre société qui souhaite sédentariser ces populations pour permettre la scolarisation réussie des jeunes, et qui considère les aires d’accueil comme des lieux de passage.

Il nous a expliqué leur mode de vie, leur travail et leurs aspirations. Par exemple, il nous a montré que beaucoup d’aires d’accueil de notre communauté d’agglomération étaient construites sur un modèle architectural identique, avec des défauts (blocs sanitaires utilisés pour le stockage de nourriture, pas d’emplacement prévu pour un lave linge, pas de rangements…)

Il s’est dit étonné et particulièrement heureux d’avoir appris que notre conseil municipal avait décidé de passer par un bureau d’étude auquel nous avions demandé l’établissement de plans pour notre future aire d’accueil. Il était surtout content d’avoir pu participer à la critique du projet avant sa réalisation, afin de nous faire profiter de son expérience de plus de dix années à son poste.

Enfin, il était content de l’emplacement choisi par le conseil municipal lors d’une délibération précédente: près du centre culturel et sportif de la commune, près d’un arrêt de bus pour l’école et près des commerces.

Le conseil municipal étudie alors avec soin les travaux de la commission voirie qui avait en charge le suivi du travail du bureau d’étude. L’aménagement de l’aire d’accueil retenu par la commission est voté par le conseil municipal à l’unanimité. Celle-ci sera végétalisée et permettra l’accueil de 16 familles.

Le maire nous lit alors la pétition qui circule dans la commune et demandant le déplacement de la future aire d’accueil à un endroit « moins visible », près de la 2×2 voies qui traverse la commune. Le maire explique que l’endroit choisi par les organisateur de cette pétition se trouve dans la zone des 100m inconstructibles de la voie rapide et répond point par point à tous les arguments de la pétition.

Le maire a conclu sa présentation en ces termes: « nous travaillons sur ce projet depuis des mois, voire des années. Il se termine alors que le gouvernement de la France est en pleine polémique sur une catégorie de gens du voyage. C’est triste, mais c’est comme cela. Je vous propose une chose simple: lorsque l’aire sera terminée, nous irons tous accueillir en personne, ensemble et au nom de la commune les premières familles qui viendront s’y installer. » Sa proposition a été acceptée par tous.

Dommage qu’il n’y avait personne dans le public, car ce soir là, nous avons appris beaucoup sur les autres.

Fin du conseil municipal: 2h du matin.

Gouvernement 3.0

J’ai commencé ce blog il y a 20 ans déjà, le 5 septembre 2006, avec cet abyssal questionnement « Pourquoi Zythom« .

Dès le départ, j’y ai dévoilé beaucoup de moi-même, même si mon anonymat devait fatalement tomber lors de mon entrée au gouvernement Nitot de 2022. Petit rappel pour mes jeunes lecteurs (en cette année 2026):

Revenons en 2022, il fait beau et chaud, les plages sont bondées malgré la montée du niveau des eaux. L’ONU est occupée avec la décontamination radioactive de l’Iran et les Etats-Unis toujours en guerre civile avec l’Alaska. L’Europe élargie est en paix malgré le marasme économique et la France vient juste de se doter d’un nouveau président de la République (fonction honorifique depuis le changement de constitution de 2017).

Tristan Nitot annonce la formation de son gouvernement avec une équipe qui fera basculer la France dans le 3.0e millénaire:

Maître Eolas, garde des Sceaux, ministre de la Justice,

Aliocha, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Développement Durable,

Jean Quatremer, ministre des Affaires Étrangères et Européennes,

Bénédicte Desforges, ministre de l’Intérieur,

Elu local, ministre de la Solidarité, de la Fonction publique, du Développement Rural et de l’Aménagement du territoire,

Marion Montaigne, ministre du Travail et de l’Éducation nationale,

Dr Goulu, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche,

Sid, ministre de la Défense et de la Cyberguerre,

Fourrure, ministre de la Santé Humaine et Animale,

Veuve Tarquine, ministre des Sports,

Bertrand Lemaire, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État,

Laurent Gloaguen, ministre de la Mer et des Voies de communication Numériques,

Boulet, ministre de la Culture et des Contenus Numériques,

Koztoujours, ministre du Culte,

Marion, ministre de la Famille,

Authueil, ministre chargé des Relations avec le Parlement

Ce gouvernement tiendra 42 mois, durée pendant laquelle les plus grandes réformes jamais entreprises seront menées, avec entre autres:

– la réforme du Code Civil (actuel Code Eolas)

– l’intervention des avocats en début de toute procédure

– le mariage LGBT et la réforme du droit d’adoption

– un SIG open source

– la parité dans toutes les assemblées électives

– une charte déontologique des journalistes

– un observatoire de lutte contre les abus de la comm’

– l’enseignement du fonctionnement des institutions européennes

– le retour de la police de proximité

– la lutte anticorruption

– la mise en place de garderies et centres aérés pour tous

– la grande réforme de la Recherche

– la sécurisation de tous les sites internet stratégiques

– la mise en place d’IPv16

– la loi sur l’exception culturelle qui a permis la mise en place de tous les sites légaux de partage d’œuvres numériques françaises (et le rayonnement culturel de la France)

– la course à pied comme sport national

– la fin du célibats des prêtres et la suppression du droit local alsacien-mosellan

– l’ouverture des services publics sur les créneaux 12-14h et 17-20h

et bien d’autres encore.

Bien sur, toutes ces réformes ont donnée lieux à de nombreux combats homériques, y compris au sein du gouvernement. Moi, je n’étais que secrétaire d’État chargé de la Prospective et du Développement du Numérique Commercial et Non Commercial, mais j’ai vécu avec bonheur la suppression des lois Hadopi IV et Loppsi III, la réforme des droits d’auteur et droits voisins, la mise en place du réseau 10Gb symétrique pour tous, et la réforme des expertises judiciaires.

Mais vous savez tout cela, puisque j’en ai beaucoup parlé ici tout au long de ces années.

En mémoire à mon innocence d’alors, en souvenir de ce 5 septembre 2006 et de toute l’eau qui a coulé depuis sous les ponts, je vous associe tous à ce joyeux bloganniversaire !

Le rempart

J’ai revu récemment le film « Des hommes d’honneur » avec Jack Nicholson et Tom Cruise. Il y a à la fin du film une scène d’anthologie où le personnage joué par Jack Nicholson craque et parle « vrai ». Je n’ai pas résisté à l’envie de détourner cette scène sur un sujet qui m’est « cher ». Extrait:

Nous vivons dans un monde qui a des murs, et ces murs doivent être gardés par des hommes en arme. Qui va s’en charger? Vous?

Je suis investi de responsabilités qui sont pour vous totalement insondables. Vous pleurez Santiago le P2P et vous maudissez les Marines HADOPI.

C’est un luxe que vous vous offrez. Vous avez le luxe d’ignorer ce que moi je sais trop bien. La mort de Santiago du P2P, bien que tragique, a probablement sauvé des vies. Et mon existence, bien que grotesque et incompréhensible pour vous, sauve des vies.

Vous ne voulez pas la vérité parce qu’au tréfonds de votre vie frileuse de tout petit bourgeois vous ME voulez sur ce mur, vous avez besoin de moi sur ce mur.

Notre devise c’est « Honneur Code Loyauté » « SACEM SCAM SCPP ». Pour nous ces mots sont la poutre maitresse d’une vie passée à défendre des bastions. Chez vous ces mots finissent en gag.

Je n’ai ni le temps ni le désir de m’expliquer devant un homme qui peut se lever et dormir sous la couverture d’une liberté que moi je protège et qui critiquera après coup ma façon de la protéger.

J’aurai préféré que vous me disiez merci et que vous passiez votre chemin ou alors je vous suggère de prendre une arme et de vous mettre en sentinelle postée.

Jack Nicholson, dans « Des Hommes d’Honneur ».

Alors « Code rouge » ?

Avenir

Comme vous, je regarde les blogs à travers la fenêtre de mon navigateur. J’utilise un aggrégateur de flux pour être averti de la publication des nouveaux billets, mais aussi, tel un Tarzan numérique, je rebondis de liens en liens et j’explore une petite partie de l’univers Internet.

Et parfois je m’interroge.

Pourquoi est ce que je blogue? Pourquoi lui blogue-t-il? Pourquoi tel site a-t-il fermé? Quelle sera l’évolution d’internet? Quel est le devenir de cette identité numérique « Zythom »?

Je publie sur ce blog des textes sur moi-même. C’est un blog narcissique, même si nulle nymphe Echo ne s’est éprise de moi. Ce blog est de type « journal intime en ligne » où je m’épands sur tous les sujets qui m’intéressent, et où vous me faites l’honneur de venir me lire.

Je n’y ai aucune stratégie marketing, et si beaucoup parmi vous semblent s’intéresser aux billets consacrés à l’expertise judiciaire informatique, j’aime assez bien m’embarquer dans l’écriture d’un billet sur mes souvenirs du service militaire ou sur des questions à deux euros.

Depuis quelques mois je gazouille sur mon compte Twitter où je partage avec qui veut bien les informations que je trouve intéressantes, sans m’être pour autant spécialisé dans un domaine particulier, ce qui doit être horripilant, je le reconnais, pour mes followers.

Ce compte Twitter est un peu redondant avec ma liste de partage Google où je place tous les billets que je trouve intéressants, liste à laquelle sont abonnées 11 personnes aujourd’hui (que je félicite tant il est curieux de s’abonner à une liste de lecture par définition relativement personnelle).

Je constate par moment des arrivées en grand nombre d’internautes envoyés ici par un blogueur influent (merci à Maitre Eolas dont le seul fait d’être présent dans sa blogroll amène 14% du trafic du blog ou qui d’un simple tweet amène ici 1500 personnes).

Je ne sais pas si je mérite votre temps de lecture.

Je me sens comme un simplet parlant debout sur une échelle au milieu d’une place où parfois il y a foule. Je reconnais quelques passants qui reviennent me faire un petit commentaire. De temps en temps, un membre de ma famille ou un étudiant m’interpelle IRL pour discuter d’un billet, pour rire, pour se moquer, pour vivre un petit moment côte à côte. C’est gênant, cela brise un peu la distance du pseudonyme.

Je me demande parfois ce que je dois faire de ce « Zythom » qui a envahi mon temps de cerveau disponible, de cette identité numérique qui me trouble. Faut-il suicider ce pseudo (avec panache) pour éviter de tourner en rond? Que nenni m’ont conseillé mes amis numériques: écrit moins souvent si tu veux, mais écrit de temps en temps quand même. Un blogueur qui s’écarte trop longtemps de ses billets-brouillons finit par ne plus y revenir. J’ai donc réduit mes apparitions à un billet par semaine (à peu près).

J’ai beaucoup de défaut, et l’un des pires, je m’en rends compte petit à petit, est de ne pas être un homme de réseaux. « De toute façon, tu es un ours solitaire », m’a dis ma fille aînée. Elle n’a pas complètement tord. J’ai été élevé dans l’idée que le mérite s’obtient grâce à l’intelligence et au travail. Je n’aime pas le copinage, l’avancement par grenouillage ni la petite tape sur l’épaule. J’ai un sale caractère qui m’a longtemps interdit le travail d’équipe.

J’aime être seul sans ressentir les conséquences de la solitude. Je ne manifeste aucun intérêt pour les relations sociales. Mes loisirs sont solitaires et mon activité professionnelle est très indépendante. C’est presque la définition d’une personne schizoïde

Alors je me soigne.

Je suis entouré de personnes qui m’aiment tel que je suis, mais je dois sans cesse m’améliorer, voir plus loin que le plaisir présent pour construire un avenir plus intéressant.

Je vais m’intéresser aux relations humaines. Je vais aller serrer des mains que je ne connais pas. Je vais assister aux réunions de ma compagnie d’experts judiciaires, poser des questions aux anciens, rencontrer des avocats, des magistrats, leur fournir ma carte de visite, leur montrer de moi ce qui peut leur servir.

Il faut que j’arrête d’attendre que l’on vienne vers moi.

Il faut que je me remue.

Demain c’est promis.

Aujourd’hui j’ai piscine blog.

De l’autre côté du bureau

Mon engagement politique est modeste: je suis conseiller municipal dans une commune de 5000 habitants. Et de ce fait, je tenais le bureau de vote n°5 ce dimanche avec quelques autres bénévoles de la commune.

Alors, bien sur, je pourrais commenter le fort taux d’abstention de mes concitoyens, ou pester contre ceux qui n’ont pas su donner envie aux électeurs de se déplacer.

Mais je préfère vous raconter quelques petites saynètes vécues ce week-end de l’autre côté du bureau de vote.

Une jeune fille hésite à entrer dans le bureau. Il faut dire que nous sommes huit assis les uns à côté des autres (il y a deux bureaux de vote dans la même salle). Elle prend son courage à deux mains et pousse la porte. Elle fonce vers moi et me tend sa carte d’électrice toute neuve. Comme je suis un peu surpris, elle se raidit et rougit un peu: « Je voudrais voter », bafouille-t-elle. Tout le monde sourit un peu tandis que je contourne le bureau pour lui montrer comment prendre procéder: il faut prendre un bulletin de chaque liste, une enveloppe et entrer dans l’isoloir pour un faire son choix en pliant (en huit!) le bulletin dans l’enveloppe. Elle me remercie et s’applique à exécuter la procédure. De retour derrière l’urne, j’ai pu voir sa fierté quand elle a glissé son enveloppe et que j’ai annoncé « a voté ».

Un jeune garçon entre avec ses parents et sa petite sœur. C’est la première fois qu’il vote car il était trop jeune la fois précédente. Tout ce petit monde est très fier de venir faire son devoir de citoyen. La mère me dit même: « vous savez, il y a des pays où l’on ne peut pas voter! ». Un assesseur prend sa carte d’électeur et me lit à voix haute le numéro d’inscription sur les listes: « n°453 ». Je tourne les pages du registre et mon doigt descend le long de la page: 450, 451, 452, 454… Pas de numéro 453. « Heu, vous n’êtes pas sur le registre! ». Un silence s’abat sur la salle. Tout le monde me regarde. « Vous êtes sur que vous êtes allé vous inscrire auprès de la mairie? » Il me dit qu’il a déménagé l’année dernière, mais qu’il est en règle. « La preuve, j’ai fais refaire ma carte d’identité cette année à la mairie! ». Oui, mais cela ne suffit pas à se faire inscrire sur les registres. Quand on déménage, cela ne suit pas dans les mairies ». Toute la famille est repartie très déçue…

Une dame aux cheveux blancs m’écoute énoncer le nom correspondant au numéro d’électeur de sa carte, pour vérification auprès du 1er assesseur qui a également sa carte d’identité. Elle me regarde avec un regard sévère et me dit « Vous savez, on ne m’appelle plus comme ça depuis 50 ans! ». « Et pourtant, Madame, c’est votre nom, et vous l’avez conservé, même si vous vous êtes mariée ». Elle finit par sourire, et me dit: « Mon mari n’aurait pas aimé ça. Il est mort l’année dernière vous savez! ».

A 18h01, une personne courait dans le couloir pour pouvoir venir voter. Personne dans le bureau n’a eu le cœur à lui dire que le bureau aurait du être fermé et nous l’avons laissé exercer son choix. Nous savions déjà que la participation était très faible, et que notre horloge murale pouvait bien avoir une ou deux minutes d’avance.

Il nous a fallu seulement 1h pour faire le dépouillement et tous les contrôles des bulletins. Mais plusieurs habitants de la commune étaient venus exprès pour nous aider et participer au dépouillement. L’atmosphère était sérieuse et empreinte de dignité pendant la procédure de comptage.

A 19h, je me disais en rentrant à pied chez moi que toutes les personnes qui se sont déplacées pour voter avaient été fières de le faire et parmi eux, beaucoup le faisait pour la première fois. Il ne faut pas les oublier en parlant toujours et uniquement de ceux qui ne sont pas venus.

J’ai vu beaucoup de regards briller ce dimanche, derrière une démarche timide et impressionnée.

Merci à vous


Je tiens ce blog depuis le 5 septembre 2006, et je voulais remercier à ma façon les lecteurs qui ont déposés un commentaire sous mes billets, et de ce fait, m’ont encouragé à continuer à publier.

Si vous lisez ce billet et qu’il n’est pas encore trop tard, j’ai à votre disposition vingt bons pour un nom de domaine gratuit offert par Gandi pour ses dix ans et à utiliser sur https://www.gandi.net

Ceux qui me suivent sur twitter ont déjà pu bénéficier de quelques bons, mais il m’en reste encore.

Seule condition: avoir déposé un commentaire sur ce blog avant la publication de ce billet.

Comment récupérer un bon: adressez moi un email à l’adresse indiquée sur ce blog en haut à droite, en joignant le lien vers votre commentaire.

J’attends jusqu’à lundi 8 mars 21h pour envoyer les bons afin que tous les lecteurs habituels aient le temps de lire ce billet. Si vous êtes quatre à faire une demande, vous vous partagerez les vingt bons:)

Bon week-end à tous.

EDIT du lundi 8 mars 2010:
Parmi les 27 demandes répondant aux critères, j’ai effectué un tirage au sort pour désigner les 20 gagnants. Les emails sont partis ce soir. Merci à tous et à bientôt.