Quelques experts judiciaires ont à coeur de faire fermer ce blog!
En résumé, les griefs semblent être de nature déontologique. Je n’en suis pas bien sur car aucune de ces personnes n’a souhaité m’écrire directement (mon adresse email est pourtant bien en évidence à la droite de ce blog), préférant menacer de saisir la commission de déontologie du conseil national des compagnies d’experts de justice.
Pourtant, toutes ces personnes qui profèrent des insultes et des menaces par email savent qu’elles ne sont jamais à l’abri d’un phénomène à la David Hirschmann…
Drôle de conception de l’activité d’expert judiciaire.
Drôle de conception de la liberté d’expression.
Avant d’entrer dans une polémique stérile qui mettrait en avant certains archaïsmes de pensée, je tiens à rappeler quelques points.
Ce blog, comme beaucoup de weblogs, sert à narrer quelques anecdotes de ma vie privée, de ma vie professionnelle et de mon activité d’expert judiciaire. Sur ce dernier point, je tiens à préciser que mes billets ont été relus par DEUX avocats parfaitement compétents. Ceux-ci n’ont rien trouvé à redire, ni du point de vue du Droit, ni de celui de la déontologie des experts judiciaires. Ce blog est également lu par plusieurs magistrats qui ne m’ont jamais fait part de leur désaprobation.
Mais ai-je besoin d’un haut patronage pour tenir ce blog?
Ce blog ne donne pas une mauvaise image du monde judiciaire, ni de l’expertise en général. Contrairement à la plupart des films policiers où les experts sont souvent malheureusement caricaturés (Marie Besnard, série « Les Experts »…). Les avis et opinions que je donne n’engagent que moi et en aucun cas ne reflètent l’avis de l’ensemble des experts judiciaires.
Le pseudonyme derrière lequel certains me reprochent de me cacher me permet de raconter des situations imaginaires basées sur mon expérience d’expert judiciaire. Les sociétés citées dans ces deux billets, ICI et LA, sont purement imaginaires, mais sont le fruit de mon expérience passée. Que se passerait-il si j’écrivais cette histoire sous mon vrai nom d’expert judiciaire? Toutes les entreprises auxquelles j’ai eu à faire dans mes dossiers d’expertise pourraient se croire visées ou caricaturées. Le secret professionnel auquel je suis astreint serait mis à mal.
Je vais vous dire ce qu’il se passerait: je serais obligé alors de modifier ce blog pour n’en garder que les anecdotes professionnelles ou privées, beaucoup plus politiquement correctes dans la mesure où elles n’intéressent que mon cercle familial et mes amis. Comme disait Monsieur Desproges: « j’ai un petit talent d’imitateur. Enfin, je n’imite que les gens de ma famille, et quand on ne connaît pas les gens de ma famille, c’est pas tellement drôle. »
Qu’est-ce qui fait que ce blog peut autant gêner quelques personnes?
Franchement, je n’en sais rien. Nous sommes désignés par les magistrats pour les éclairer sur certains aspects techniques de leur dossier. Pour nous désigner, les magistrats peuvent choisir notre nom sur une liste. Il y a une liste par Cour d’Appel et pour avoir l’honneur d’y figurer, il faut déposer un dossier qui sera étudié par la Cour d’Appel. Je décris cette procédure ici dans l’un des billets les plus lus de ce blog.
Il est assez difficile d’être expert judiciaire. Non pas « de le devenir », car nul ne sait vraiment les critères retenus pas la Cour d’Appel lors de son choix, mais d’exercer cette activité. Pourquoi? Parce que, outre la bonne maîtrise de son domaine technique, il faut connaître le Droit (une petite partie au moins), et il faut « une certaine expérience » professionnelle. C’est pourquoi il y a très peu d’experts judiciaires de moins de 40 ans.
C’est un honneur d’être expert judiciaire. Oui, il y a une certaine fierté à ce qu’une assemblée de magistrats considère que vous êtes dignes d’aider la justice. C’est un honneur, mais cela ne fait pas de moi un être d’exception. Je reste un simple citoyen dont le nom apparaît sur une liste. Je n’en tire pas gloire et fortune. Je suis fier d’aider les magistrats à mieux appréhender les aspects techniques de leurs dossiers. J’essaye de faire des rapports clairs, bien segmentés, sans les noyer sous une tonne de « technique-pour-montrer-comme-c’est-bien-difficile ».
Que se passerait-il si la commission de déontologie du conseil national des experts de justice est saisie et rend une décision d’un autre âge en demandant la fermeture de ce blog? Rien: le blog resterait ouvert.
Que se passerait-il si on lève mon anonymat? Je retirerais les billets de la catégorie « Anecdotes d’expertise » et continuerais mon blog pour mes amis. Les livres issus de ce blog seraient révisés pour rester fidèle au contenu du blog.
Que se passerait-il si je suis radié de ma compagnie d’experts judiciaires? Rien: je souscrirais une assurance individuelle (beaucoup plus chère) et continuerais à être expert judiciaire. Ma liberté de parole en serait accrue car je ne serais plus alors lié aux règles déontologiques des experts judiciaires (qui ne s’appliquent que lorsque l’on est adhérent à une compagnie).
Que se passerait-il si je suis radié de la liste de ma Cour d’Appel ou n’y suis pas réinscrit à la fin de ma période quinquennale? Rien: j’arrêterais mes activités d’expert judiciaire et ne pourrais plus aider les magistrats dans leur dossier, car telle serait leur décision. Je ne me ridiculiserais pas comme certains experts avec un recours. Le blog s’intitulerait « blog d’un informaticien ancien expert judiciaire ». J’ai tellement de projets pour lesquels le temps me manque. Ecrire un livre sur le monde de l’expertise judiciaire par exemple.
Pour finir, je voudrais rassurer mes fidèles lecteurs: aucune menace ne m’a été adressée directement pour l’instant. Il ne s’agit que de bruits de couloirs. En attendant, ce blog restera fidèle à lui même: liberté de parole et de ton, et fidélité à ses trente six commandements.
Asinus asinorum in sæcula sæculorum
L’âne des ânes dans les siècles des siècles
PS: le proverbe final ne s’adresse qu’à moi. Qu’aucun n’en prenne ombrage.