Le Monde Informatique

Depuis quelques temps, LMI nous a quitté, tout au moins la version papier.
Cet hebdomadaire rythmait mon activité professionnelle et expertale.
Abonné à titre professionnel, j’en étais le lecteur principal sur mon lieu de travail, avant que l’ouvrage ne prenne place au centre de ressources documentaires de l’établissement, à destination des étudiants et des chercheurs.
Après quelques années passées sur les étagères, les numéros étaient voués à la destruction. Mais, avec la complicité de la documentaliste, je pouvais les récupérer pour stockage à la maison.

Dans certaines expertises, il m’est demandé un avis sur la valeur (financière) de tel ou tel logiciel ou matériel, dans le contexte de l’époque. Conserver cette revue (et d’autres) à mon domicile me permettait de constituer à bon compte une mémoire sur les us et coutumes, les termes en vogue, les technologies prometteuses et les flops.

Une autre raison à cette récupération, la principale en fait, est que j’adore les dessins de François Cointe.

D’un autre côté, c’est vrai qu’après avoir abandonné à peu près tous mes abonnements papiers pour préférer en général les abonnements (gratuits) à des flux RSS, je ne peux pas m’étonner de la disparition progressive des différents journaux papiers. Et quand je vois la piètre qualité de certains d’entre eux, je ne regrette pas cette évolution.

J’espère que tous les journalistes de qualité qui réalisaient « Le Monde Informatique » sauront rebondir.

Mais ce journal me manque.

Un provincial à Paris

Question à deux euros: A quoi reconnait-on un provincial à Paris?

Réponses:

1) Dans le métropolitain:

– A son air souriant;

– C’est le seul qui regarde les publicités;

– Il sourit du phénomène acoustique permettant d’écouter une conversation du quai d’en face;

– Il se tient immobile sur la partie gauche des escalators (quelle horreur);

– Il n’emprunte pas les mystérieux couloirs marqués d’un sens unique (« David Vincent has seen them. For him it began one lost night on a lonely country road, looking for a short-cut that he never found. »);

– Il propose sa place assise à une femme enceinte qui refuse d’un air méfiant;

– Il attend pour monter dans la rame que les personnes aient fini de descendre;

– Il regarde sans arrêt les noms des stations (et le plan au dessus des portes) pour ne pas rater la sienne;

– C’est le seul à ne pas avoir de lecture dans la rame (car il ne sait pas où sont distribués « 20minutes » ou « Métro », et n’a pas pensé à prendre un livre de poche);

– Il est habillé « différemment »;

– C’est le seul à dire (et écrire) « métropolitain » en parlant du métro.

2) Dans la rue:

– Il attend le signal « piéton vert » debout sur le trottoir au lieu d’être avancé d’un mètre sur la rue (trouillard va);

– Il regarde partout, surtout en l’air, pour observer les structures des bâtiments;

– Il marche systématiquement dans la première déjection canine présente sur le trottoir;

– Il ne s’extasie pas devant la première station Vélib’ venue, la province étant équipée en bicyclettes partagées depuis des décennies.

3) Partout:

– Il a dans les oreilles de discrets écouteurs au lieu d’avoir un gros casque hifi sur la tête comme tout le monde;

– Il dit « bonjour » et « merci » aux différents commerçants, même si ceux-ci lui parlent à la troisième personne: « Il veut quoi le monsieur? »;

– Il marche incroyablement lentement.

Vous l’aurez compris, votre serviteur s’est expatrié pour une journée dans la ville des Lumières.

Je suis un plouc!

Mission à la Maison Blanche

Je suis en mission (professionnelle) à la Maison Blanche, ville marocaine plus connue sous le nom Casablanca (en France) et dar beïda (au Maroc).
C’est ma deuxième mission dans cette ville, mais je crains de ne toujours pas pouvoir voir la mer (ou visiter la ville), tant mon temps est compté dans ce déménagement d’une salle informatique et l’installation d’un réseau (câbles et wifi) dans de nouveaux locaux.
Peut-être un billet sur une anecdote sur cette mission si la paix est avec moi.

‘Salaam aleikoum, la paix soit avec vous.

Un coup d’oeil dans le retroviseur

Il faut parfois faire une pause et regarder un peu en arrière pour faire de l’autocongratulation (cela fait du bien) et un peu d’autocritique (cela ne fait pas de mal).

1) Le mois de septembre est le premier mois qui voit plus de 3000 visites sur ce blog. (3075 pour être précis, contre 2732 en août et 2327 en juillet). Si mes calculs concernant la droite de régression sur ces trois points sont corrects (merci de vérifier, j’ai fait le calcul à la main), cela nous donnera 135856 visites en avril 2037, le mois précédant ma disparition, soit 2% du public qui regardait les 45mn du 1er épisode de « Cold Case » lundi dernier. Merci à Maître Eolas pour l’audience liée à mon apparition dans sa blogroll, France 2 n’a qu’à bien se tenir (et moi aussi).

2) Le livre Zythom : Dans la peau d’un informaticien expert judiciaire est classé 8e meilleure vente dans sa catégorie (Internet et informatique, en français) sur lulu.com! Bon, sur l’ensemble des ouvrages de lulu.com, il arrive 21559e, ce qui est moins bien. Merci à tous les bibliophiles de leur confiance. J’offre une dédicace spéciale au 100e acheteur:)

3) Je n’ai pas tenu parole concernant le dépôt de cette candidature… Mais j’ai quand même perdu 8kg et rêvé un peu. C’est l’essentiel. Il faut laisser la place aux jeunes (mouais mouais).

4) Le billet le plus lu de ce blog est toujours celui-ci. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir. Ceci dit, ce n’est pas demain que je changerai la couleur de fond de ce blog. Celui-ci est 2e, je ne me demande pas pourquoi… Enfin, 3e but not least, étonnant non?

5) Le billet le moins lu est le présent billet.

Merci quand même d’être resté jusque là. Promis, une anecdote d’expertise bientôt en ligne sur ce blog. Elle est prête depuis quelques jours, mais un triste fait divers m’a fait sursoir à sa publication.

Deux milliards de trucs à faire

Après le retour de vacances, après la rentrée des étudiants, après la fin des « vacances judiciaires », voici venu le temps des « deux milliards de trucs à faire »…

Etant malheureusement sujet à la procrastination, mais d’autre part responsable devant mon employeur, aimant devant ma famille, méticuleux et toujours-dans-les-temps devant les magistrats, il me faut gérer correctement l’avalanche des tâches prioritaires.

J’ai donc décidé de procéder scientifiquement et avec méthode: depuis une quinzaine de jours, je consacre un temps chaque jour aux tâches que je n’ai pas envie de faire mais qui sont importantes: je consacre à ces tâches pénibles chaque jour une heure au boulot, une 1/2h à la maison, un 1/4h pour les expertises!

Incroyable mais vrai, cela marche!

Professionnellement, ma pile de dossier « pénibles » diminue. Côté privé, les plantes du jardin sont arrosées (enfin pas tous les jours, mais bon), et le rangement de mon bureau avance. Enfin, les factures à faire et autres tâches fastidieuses concernant les expertises échappent à l’enlisement.

En comptant 8h de sommeil, il me reste donc 13h disponibles pour m’éclater au boulot, en famille et en expertise! Elle est pas belle la vie.

« Il y a les malins et les pas malins. Et le moins malin des malins n’est pas beaucoup plus malin que le plus malin des pas malins. Mais en cas de nombre impair, il peut être les deux à la fois. »
Philippe Geluck « L’avenir du Chat »

Ils débarquent

Ca y est, ils sont là!
Les hordes barbares envahissent le terrain…
Mais non pas eux

————– Minute culturelle ——————–
horde (féminin)
1. (Vieux) Tribu nomade d’Asie centrale.
2. Troupe nombreuse d’hommes qui vivent en société, mais sans avoir d’établissement fixe.
3. Peuplade, groupement d’hommes errants.
4. (Sociologie) Chez Émile Durkheim, groupement humain temporaire et instable.
5. (Péjoratif) Troupe d’hommes indisciplinés, qui se plaisent au carnage, à la dévastation, etc.

source: wiktionary
————– /Minute culturelle ——————-

Ca y est? vous avez deviné?
Les étudiants sont rentrés. Fini le calme dans l’école!

Ave Cæsar, morituri te salutant

5 septembre 2036

Nous sommes le 05/09/2036 et je sens que je vais bientôt quitter cet univers. Je regarde vers le passé et je me souviens.

Tiens, une anecdote rigolote: vous n’allez pas le croire, mais j’ai commencé à écrire mes souvenirs au début du siècle, en 2006. A l’époque, on appelait cela tenir un « blog ». Et justement, c’est aujourd’hui la date anniversaire puisque j’ai commencé le 5 septembre 2006.

Au bout d’une année, j’avais écrit 217 billets relatant certains évènements de ma vie privée, de ma vie professionnelle ou de mon activité d’expert judiciaire.
J’étais jeune alors, j’étais plein de vie et mes enfants s’accrochaient à moi dès que je rentrais de ma dure journée de labeur. Après les avoir embrassé dans leur lit, je m’éclipsais dans mon bureau pour écrire ce journal intime public.
Le plus amusant est qu’à l’époque des gens lisaient encore sur des écrans posés près de la machine qui nous permettait de communiquer.
Mais le plus drôle, c’est que certains me posaient des questions, le plus souvent directement, et parfois sous forme de commentaires directement placés sous les bêtises que j’écrivais.

C’était une belle époque. Les gens étaient heureux, la vie était radieuse et mes rhumatismes inexistants.

Alors aujourd’hui, je fête cet anniversaire avec une pensée émue pour tous ceux qui m’ont écrit. Je lève ma souris à leur santé (enfin ce qui fera office de souris…)

Tchin.

Conditions Générales d’Utilisation

Je ne suis pas juriste.

J’ai découvert que ce domaine pouvait être passionnant quand j’ai rencontré ma fem lorsque j’ai commencé mes expertises judiciaires.

Il m’arrive donc de plus en plus souvent de me pencher sur des textes juridiques pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

J’aime bien.

Je suis informaticien.

C’est un domaine passionnant dans lequel je baigne depuis tout petit.

Il m’arrive très souvent d’installer des logiciels et de créer des comptes sur internet pour accéder à des services.

Conclusion: je lis maintenant avec attention le contenu des licences logicielles et des conditions générales d’utilisation des services. Vous savez, ces textes qu’il faut lire en entier et que [presque] personne ne lit juste avant de pouvoir accéder au service/logiciel.

Et pourtant vous avez dit que vous avez lu les conditions…

Si, si, vous avez cliqué sur OK après avoir coché une case jurant sur vos enfants, parents et amis que vous les avez bien lu, et que vous vous engagez à les respecter « les présentes conditions d’utilisation modifiables à tout moment« .

Et bien vous devriez les lire pour savoir ce à quoi vous vous êtes engagé. Parfois, d’autres le font pour vous:

Un petit exemple, les Conditions Générales d’Utilisation d’AOL (extrait, les gras sont de moi):

Si vous diffusez un contenu [NDZ: sur les sites Internet qui sont proposés par AOL France], vous garantissez automatiquement être titulaire des droits sur ce contenu ou être autorisé à le diffuser. Par l’effet des présentes, vous accordez expressément à AOL et aux Sociétés AOL pour le monde entier, une licence et un droit gratuits, irrévocables, cessibles, transférables et non exclusifs d’accéder, d’utiliser, reproduire, représenter, diffuser, distribuer, publier, éditer, modifier, adapter, traduire, corriger, numériser, intégrer, transcrire, créer des œuvres dérivées, et/ou inclure le contenu (tout ou partie) dans d’autres oeuvres sous quelque forme, moyen de communication ou technologie que ce soit, pendant la durée des droits dont vous êtes titulaire sur ce contenu, cette durée ne pouvant en toute hypothèse être inférieure à la durée de la mise en ligne du contenu ; en outre, vous garantissez disposer des droits nécessaires à l’octroi à AOL et aux Sociétés AOL de ces droit et licence.

Autre exemple, Microsoft FrontPage 2003 (extrait):

Vous n’êtes pas autorisé à utiliser les Composants Web en rapport avec tout site qui dénigre Microsoft, MSN, MSNBC, Expedia ou leurs produits ou services […]

Sources: Adullact

Un dernier pour la route, CGU de l’Option Anti-virus Firewall PC 1 poste d’Orange (extrait, les gras sont de moi):

Le Logiciel n’a pas d’effet sur les éventuels virus ayant infecté le système du Client avant son installation. Si un virus est déjà présent sur le micro-ordinateur du Client avant l’installation du Logiciel, il est possible que notamment:

– le Logiciel ne détecte pas et/ou n’élimine pas ce virus, ce qui laissera perdurer les dysfonctionnements réels ou potentiels liés au virus;

– et/ou l’installation du Logiciel ne soit pas possible;

– et/ou le Logiciel ne fonctionne pas correctement.

Etonnant, non ? (™ Desproges)

(edit du 05/09/2007) Bruno Kerouanton m’indique en commentaire un lien très intéressant: www.eulahallofshame.com. Mdr comme disent les jeunes…

Cent pour cent

L’un des avantages de travailler dans une école d’ingénieurs est de rester au contact avec les domaines d’études auxquels j’ai été confronté dans mes propres études, il y a de nombreuses années.

J’agace parfois mes amis quand je leur rappelle quelques uns des mots qui firent les beaux jours de leur jeunesse ou les cauchemars de certaines de leurs nuits: wronskien, Points d’Young-Weierstrass, approximation de l’inverse du hessien, etc. qui sont pourtant très loin de mes préoccupations professionnelles quotidiennes.

Je m’amuse pourtant à leur poser quelques unes des questions simples que j’utilise lors des oraux des concours de recrutement auxquels je participe:
-1- Quelle est l’inclinaison (en degrés) d’une pente de 100%?
-2- Quelle est la température d’évaporation de l’eau?
-3- Pouvez-vous m’expliquer comment une flaque d’eau sur le sol s’évapore?
-4- Pourquoi les nuages restent-t-il en l’air?
-5- Pourquoi un fouet claque-t-il dans l’air?
-6- une bille tourne sans frottement dans un tuyau d’arrosage lové par terre. Quelle est la forme de la trajectoire de la bille à la sortie du tuyau?

J’attends du candidat des réponses claires, ou des demandes de précisions lorsque la question n’est pas complète. Je suis souvent déçu. Il vaut mieux parfois dire « je ne sais pas ».

Vous trouverez quelques questions (et leurs réponses) de cet acabit sur ce site.

Vous verrez, c’est assez amusant (enfin, je trouve).

Le principe de l’échange de Locard

Edmond Locard est le médecin français créateur du premier laboratoire de police scientifique à Lyon en 1910. Son ambition était de substituer la preuve matérielle au seul témoignage humain par l’analyse systématique des traces laissées par le coupable.

Parmi ses innombrables travaux, le principe dit « d’échange de Locard » reste le plus célèbre:

on ne peut aller et revenir d’un endroit, entrer et sortir d’une pièce sans apporter et déposer quelque chose de soi, sans emporter et prendre quelque chose qui se trouvait auparavant dans l’endroit ou la pièce.

Je pense que ce principe s’applique également lors de la recherche de preuves informatiques. Pour paraphraser Locard,

on ne peut chiffrer ou déchiffrer une donnée, l’inscrire ou la supprimer d’une mémoire sans apporter et déposer une trace sur l’ordinateur, sans modifier et prendre quelque chose qui s’y trouvait auparavant.

C’est la base même de l’informatique légale (forensic) pratiquée par un expert judiciaire.

Et bien entendu, comme toujours, se déroule une course permanente entre gendarmes et voleurs pour savoir qui disposera des meilleurs outils techniques. Lire pour cela le très instructif site forensicwiki.org et en particulier cette page.

Cette surenchère se faisant pour le plus grand bonheur des administrateurs informatiques qui disposent ainsi d’outils leur permettant de sécuriser leurs réseaux, ou des utilisateurs qui peuvent ainsi protéger les données des regards indiscrets ou récupérer un mot de passe perdu.

C’est de ce point de vue un débat continuel entre protection de la vie privée et accès à des données permettant de confondre un dangereux criminel.

Débat d’actualité.