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Source image salemoment.tumblr.com |
Emporté par ma passion pour mon travail et pour ma famille, j’ai progressivement, et sans m’en rendre compte, coupé les ponts avec la société « normale ». Plus exactement, je ne tisse pas beaucoup de liens avec les personnes que je rencontre dans la vie de tous les jours : je ne participe pas à la fête des voisins, je ne sors pas le soir avec des collègues, je ne pousse pas très loin les relations qui se créent dans mes activités diverses : aviron, conseil municipal, etc.
J’aime passer mon temps libre dans mon bureau, à tester des logiciels, à monter et démonter des ordinateurs, à configurer des systèmes d’exploitation. J’aime aussi beaucoup lire de la science-fiction, surfer sur internet en rebondissant de sites en sites au gré de mes envies. J’aime apprendre, la physique me fait rêver, en particulier l’espace et ses mystères.
Difficile dans ces conditions de trouver quelqu’un avec qui partager.
Sans être misanthrope, je suis plutôt un handicapé social : je deviens un ours taiseux lorsque je suis dans un groupe d’humains, alors que je peux être extrêmement bavard si je rencontre une personne « réceptive » à mes passions… Lorsque j’ai découvert la série Dexter, j’étais fasciné par la psychopathie du personnage principal, au point de vérifier (sur internet) que je n’en avais pas les symptômes précurseurs…
J’ai plutôt l’impression d’avoir régressé au stade pré-adolescent… Je n’ai pas/plus les codes qui me permettent de communiquer avec les autres dans la société.
Premier exemple : les vêtements.
Depuis ma tendre enfance, je cherche une tenue passe-partout pour ne pas me faire remarquer. J’ai la hantise d’être ridicule. Jeune, j’étais très intéressé par la science ET par les filles, MAIS pas par les vêtements. J’ai découvert très récemment que les chemises à manches courtes (les chemisettes) faisaient l’objet d’une fatwa, alors que je pensais bêtement qu’il s’agissait de chemises d’été. Je suis capable de mettre des chaussettes dans des chaussures bateaux, uniquement parce que cela me fait moins mal aux pieds… J’ai du mal à assortir les couleurs convenablement, j’achète les jeans par trois pour minimiser la corvée d’essayage dans les magasins…
Bref, j’ai résolu le problème en adoptant quelques tenues « types » discrètes et passe-partout, validées par mon épouse qui a bien du mérite. Un peu comme John Gray dans le film « 9 semaines 1/2 » (et oui, ma femme est aussi belle qu’Elizabeth McGraw !).
Deuxième exemple : les rencontres Twitter.
Pour garder le contact avec les humains, les informaticiens ont développé un outil fantastique qui s’appelle internet. Une interconnexion de réseaux informatiques qui permet de relier entre eux tous les types de terminaux, quelques soient leurs connecteurs et leur système d’exploitation. Et sur ces terminaux s’exécutent des applications (que l’on appelait auparavant des « programmes », et que certains appellent, par glissement sémantique, des « algorithmes »). Parmi les applications qui relient les humains (les réseaux sociaux), celle que j’utilise principalement est Twitter.
A mes débuts sur Twitter, j’ai fait beaucoup d’expériences pour tester l’application, son fonctionnement technique, mais aussi les interactions qu’elle permet, et le monde underground qu’elle génère. J’ai même tout cassé en 2012 en me trompant de compte lors de mon test d’achat de followers (lire ce billet). Aujourd’hui, je me contente de lire les tweets des influenceurs que j’ai sélectionnés, je retweete les tweets qui me semblent intéressants et je tweete (très peu) les liens que je souhaite partager.
Twitter permet de créer des interactions qui n’auraient presqu’aucune chance d’arriver dans la vie réelle. J’ai pu échanger quelques caractères avec des personnes que j’aurais eu beaucoup de mal à approcher IRL. Puis, petit à petit, j’ai rejoint, en observateur, plusieurs communautés de twittos que j’apprécie.
Un jour, l’une de ces communautés a organisé une rencontre IRL : la rentrée Saoulennelle, réservée aux juristes. J’ai réussi à m’y faire accepter et j’ai pu m’y rendre les deux fois où elle a été organisée. Moi qui n’ai pas connu les grandes heures de Paris Carnet… Cela a été pour moi deux occasions de rencontrer en chair et en os des personnes dont j’apprécie sur Twitter la vivacité d’esprit, l’intelligence, la tendresse ou alors la truculence : @MaitreMo (et sa charmante femme), @Maitre_Eolas, @judge_marie (et son charmant mari @maitreTi), @Tinkerbell_ring, @jugedadouche, et plein d’autres.
Mais tant d’esprits brillants, pour mon esprit d’escalier et ma timidité naturelle, c’est assez troublant et gênant. Je ne suis pas un fin bretteur de la langue française, ni un esprit brillant en société sur les sujets d’actualité. Vous ne verrez mon œil s’éclairer que sur des sujets abscons n’intéressant personne ou si peu. Au point que quand une personne s’adresse à moi, je me demande « suis-je un fat, ou serait-il vrai qu’elle a du goût pour moi » ? Si vous ajoutez à cela le fait que j’ai le tutoiement difficile, la casquette facile, un phrasé lent sinon amphigourique, et un grand corps maladroit, vous comprendrez le piteux spectacle que je donne en brillante société.
Finalement
Les années passent et je ne m’en sors pas si mal. Je suis heureux comme ça et je pense donner un peu de bonheur autour de moi. Mes enfants ne me détestent pas trop (même s’ils ont plus de lucidité sur leur père maintenant qu’ils sont grands), mon épouse me supporte et je fais des efforts de sociabilisation.
Peut-être ne suis-je pas un n3rd authentique, mais un « quitenerd », car si j’ai sans doute la nostalgie de ma période « enfant roi », je sais donner du temps aux autres et m’intéresser à eux. Mon métier de directeur informatique et technique en est la meilleure preuve, ainsi que mon activité de conseiller municipal.
J’évacue mon côté n3rd sur ce blog qui me sert de défouloir pour parler des choses qui m’intéressent et pour pouvoir faire mon intéressant, discrètement.
Zythom.qn