Le 1er décembre 2012, c’est la journée mondiale de lutte contre le sida consacrée au thème: « Objectif : zéro ».
Zéro nouvelle infection au VIH
Zéro discrimination
Zéro décès lié au sida.
Campagne AIDES 2002 – Source image 20minutes.fr
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Le 1er décembre 2012, c’est la journée mondiale de lutte contre le sida consacrée au thème: « Objectif : zéro ».
Zéro nouvelle infection au VIH
Zéro discrimination
Zéro décès lié au sida.
Campagne AIDES 2002 – Source image 20minutes.fr
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Je suis né au début des années 60, à une époque lointaine où l’informatique domestique n’existait pas, ou très peu.
Attiré par la science en général, j’étais abonné à plusieurs revues dont j’attendais avec impatience la sortie : « Sciences et Vie », « Pour la Science », « Science et Avenir »… J’y dévorais tous les articles, aussi bien sur l’archéologie que sur l’intelligence artificielle ou l’espace.
A une époque où je ne pouvais pas connaître internet, je passais mon temps à bricoler dans ma chambre des circuits électroniques, dont je récupérais les pièces dans de vieux postes de radio, en suivant des plans trouvés sur « Électronique Pratique ». J’ai réussi à faire un stroboscope, pour les booms de l’époque, un chenillard pour les spots et des récepteurs d’ondes radios tous plus délirants les uns que les autres. Je me souviens avoir écouté avec une certaine fascination des voix russes, polonaises ou chinoises sur les fréquences longues, au hasard des réflexions atmosphériques.
C’était une époque où l’on enseignait encore, dans les écoles, l’usage de la règle à calcul et des tables de logarithmes.
A la fin des années 70, mes parents ont accepté de m’offrir un objet révolutionnaire pour moi et qui allait changer le cour de ma vie : une calculatrice TI 30. J’y ai passé des heures entières à faire des calculs qui me paraissaient complexes à l’époque : les fonctions sinus, cosinus, tangentes et logarithmes n’avaient aucun secret pour moi. Je traçais ces courbes à la main, point par point, sur du papier millimétré.
L’entrée en classe de seconde scientifique reste pour moi liée à un deuxième cadeau que mes parents ont consenti malgré le prix : une calculatrice programmable TI 57. Cette calculatrice, avec ses 50 pas de programme et 8 mémoires, a agrémenté bon nombre de mes soirées et week-ends. J’y a découvert la programmation « assembleur » et toutes les astuces possibles et imaginables permettant de faire tenir un programme complexe en seulement 50 pas. Cette calculatrice m’a tenu en haleine jusqu’au bac, pendant que d’autres fatiguaient leurs yeux sur les écrans de télévision avec Pong.
Dans le même temps, je persuadais avec deux amis un professeur de maths du lycée de nous donner des cours de programmation. Nous montions ainsi le premier club d’informatique de mon lycée, en 1979, équipé d’un magnifique IBM 5100 prêté par un parent d’élève. J’y ai découvert l’algorithmique avec la réduction des fractions, et la programmation en « Beginner’s All-purpose Symbolic Instruction Code », c’est-à-dire en BASIC.
J’ai aussi commencé à fréquenter les allées du grand salon informatique de l’époque, le SICOB. Je me souviens que les vendeurs d’imprimantes profitaient de la lente
avancée des têtes d’impression pour racoler les adultes pendant que je
me tenais en arrière, prêt à répondre « moi » dès que le vendeur proposait
le listing à l’assistance. Il faut dire que les images qu’ils imprimaient enflammaient mon jeune esprit d’alors (attention NSFW ;-).
J’ai passé mon baccalauréat en 1981, un an après l’autorisation d’y utiliser des calculatrices. Autant dire que nous étions encore des pionniers ! J’avais glissé en mémoire de ma TI 57 un programme calculant le PPCM de deux entiers, qui m’a bien aidé dans l’un des exercices d’arithmétique.
Le bac en poche, et mes 18 ans révolus, j’entrais dans la vie active avec mon premier job d’été : magasinier dans une petite supérette parisienne d’une marque très connue à cette époque, Félix Potin. Le salaire de ce mois passé à trimer dans les rayons m’a permis de faire l’acquisition de mon premier « vrai » ordinateur, un TRS-80 modèle I de 16Ko de Ram avec processeur Z80. J’avais enfin un ordinateur rien que pour moi. Je pouvais enfin explorer les possibilités infinies de cet objet magnifique.
Malheureusement pour moi, j’entrais dans l’enfer des classes préparatoires. Et j’allais y rester trois longues années… Malgré tout, les week-ends étaient consacrés à l’apprentissage de l’assembleur Z80 et à l’échange avec mes amis « geeks » de l’époque, de programmes de jeux.
La préparation des concours d’entrée dans les grandes écoles me permit de m’équiper d’un ordinateur de poche, très pointu pour l’époque : le PC 1500 de Sharp. J’en remplissais la mémoire avec toutes les formules que j’avais peur d’oublier… Je dois reconnaître que c’est aussi comme cela que je les apprenais, et que je n’ai jamais eu à me servir de cette antisèche (il y aurait prescription de toute manière).
L’été 1984 correspond pour moi à la fin de la période la plus difficile de ma vie. C’est aussi l’été où est sortie dans les kiosques une revue qui a beaucoup compté pour moi : « List » le journal des amateurs de programmation. Ceux qui sont nostalgique de cette période, où qui veulent en savoir plus, peuvent cliquer sur ce lien pour y retrouver les 12 numéros. Je crois que je n’ai jamais autant tapé de lignes de code (sans toutes les comprendre) que pendant tout ce temps. Une sorte de fringale de possession de logiciels. Et un sentiment très fort d’exultation lors du premier lancement du logiciel…
Septembre 1984, entrée à l’École Centrale de Nantes. A l’époque, le cursus prévoyait une année et demi de tronc commun, avec toutes les matières, puis le choix d’une option en fonction de son classement. L’option informatique était la plus demandée, juste après « robotique ». Il m’a fallu donc travailler encore d’arrache-pied pendant tout ce temps. Le soir, je jouais quand même sur mon TRS-80…
Février 1986 : fin de mes études « forcées », début du bonheur absolu. J’allais pouvoir faire de l’informatique toute la journée, tous les jours. Je m’installais dans la salle serveur, je copinais avec l’administrateur système, je distribuais les listings des travaux en batch de la nuit… Mes camarades et moi, nous avons déballé les premiers IBM PC de l’école, équipés de 2 magnifiques lecteurs de disquettes 5″1/4.
C’est aussi pour moi la découverte des magnifiques langages Pascal et Fortran. Puis du fantastique Lisp, la découverte des langages de programmation objet LOGO et Smalltalk.
1987 marque pour moi l’apogée de ma période programmation avec l’apprentissage (difficile) du langage Prolog et la découverte du calcul des prédicats du premier ordre. Cette année là, je mis au point une extension du Prolog permettant de prendre en compte la logique temporelle, sujet de mon DEA que je passais en parallèle à mes études d’ingénieur. Je me souviens avec amusement que les cours de logique temporelle étaient enseignés à l’université de Nantes par un professeur de philosophie qui nous avait expliqué que les mathématiques étaient une branche de la philosophie… Nous étions quatre étudiants, dont trois de formation littéraire. Lisez cette page, et vous comprendrez qu’ils avaient du mérite.
J’ai ensuite rempli mes obligations militaires, dont je parle un peu dans cette série de billets.
J’ai ensuite décidé de poursuivre dans la recherche, faisant fi d’une carrière d’ingénieur que je percevais comme trop formatée. Mon avenir et mon plaisir étaient dans l’intelligence artificielle. J’en ai déjà parlé un peu dans ce billet que je vous invite à relire tant j’ai eu de plaisir à l’écrire.
J’y ai découvert les plaisirs de la programmation parallèle avec le langage OCCAM et sur des microprocesseurs extraordinaires, les Transputers. Cette programmation particulière m’a décontenancé. Je pense que j’avais atteint une limite de mes possibilités en terme de programmation.
Lorsque j’ai quitté mon poste de Maître de Conférences pour me consacrer à ma famille, ma province et l’enseignement, je me suis alors attaqué à mon dernier sommet, le langage C. J’y ai goûté les charmes des tableaux de pointeurs de fonction, celui des malloc et de l’absence de ramasse-miettes…
Je suis resté bloqué sur ce langage.
J’ai bien fait un peu de HTML, de PHP, de Python, de Perl, mais toujours en modifiant des programmes écrits par d’autres. Je n’ai jamais eu la joie de pouvoir programmer en Forth, Ada, C++, C#, Java ou Dart.
J’ai vieilli. Maintenant, j’apprends UML 2 dans les livres pour analyser mon système d’information, et cela n’a rien à voir.
Un jour je m’y remettrai.
J’ai essayé avec mes filles et avec mon fils, mais je n’ai pas réussi à leur faire ressentir le côté magique de savoir « animer » un ordinateur, le pouvoir que donne la capacité de programmer la matière inerte.
Un jour je m’y remettrai.
Avec mes petites filles et mes petits fils…
Ne vous moquez pas, vous vieillissez aussi.
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Source image gizmodo.fr
J’aime bien la fête d’Halloween, et cela pour plusieurs raisons:
A tous les Rigolus (Hilarus, Divertitus, Jubilus, Petitmalinus et les autres) ainsi qu’à vous tous, je souhaite une bonne fête d’Halloween.
Extrait de Wikipédia, article sur la Curiosité (à la date du 23/10/2012) :
La curiosité est une attitude de disponibilité ou d’intérêt à l’égard d’un sujet ou d’un phénomène donné. Elle peut être un trait de caractère (psychologie), présente en toute occasion, ou se manifester dans des circonstances particulières.
Elle est considérée comme positive par la science, lorsqu’elle aide à l’intelligibilité du monde.
Un dicton français, La curiosité est un vilain défaut, rappelle qu’en société le désir de connaissance
qui nourrit la curiosité peut parfois heurter les sensibilités ou les
intérêts d’autrui et être ressenti comme gênant ou envahissant en
fonction des codes sociaux :
- En France, il est généralement mal vu de demander l’âge d’une femme.
- Il est également mal vu de demander le montant de son salaire à quelqu’un qu’on ne connaît pas, ce qui n’est pas le cas, par exemple, en Chine.
Thomas d’Aquin opposait d’ailleurs la curiosité à la studiosité, la première étant considérée comme un vice, la seconde comme une vertu.
Dans une certaine mesure, le mythe d’Icare, qui se noie dans la mer Égée
pour s’être trop approché du soleil, illustre les dangers d’une
curiosité extrême qui se traduit par une quête inconditionnée de la vérité.
Je suis un homme qui aime être curieux, qui aime faire des tests, démonter des trucs, quelqu’un qui aime comprendre le fonctionnement d’un mécanisme, le bidouiller, le transformer. Mon bureau regorge de trucs démontés, de pièces récupérées, de composants désuets-mais-qu-il-faut-garder-au-cas-où…
En informatique, j’aime bien faire des expériences. J’efface le contenu d’un vieux disque dur et j’essaye de retrouver les données. J’ouvre un compte sur un nouveau réseau social et je regarde ce qu’il s’y passe. J’ai longtemps gardé dans la salle serveurs de mon entreprise un « PC coucou » que j’essayais de pirater le week-end et sur lequel j’allais voir, dès le lundi, les traces de mes tentatives.
Lorsque Twitter est arrivé, j’y ai ouvert un compte et commencé à observer ce qu’il s’y passait. Ce que j’y ai vu m’a intéressé et très vite, j’ai trouvé plaisir à y lire des informations de toute sorte, et à y publier quelques liens qui me semblent intéressants. Je suis un utilisateur de base, qui suit un nombre très restreint de comptes, mais qui lit toute sa time line, en essayant de ne pas rater un tweet.
Comme beaucoup d’utilisateurs de Twitter, je regarde de temps en temps le compteur de « followers » et je m’étonne toujours du niveau auquel il arrive. Je m’amuse aussi de temps en temps à additionner le nombre de followers de mes followers, et là, la tête me tourne. Si tous mes followers relayaient l’un de mes tweets à leurs followers, l’audience atteinte serait extraordinairement plus élevée que l’écriture d’un billet sur ce blog.
C’est alors que je suis tombé sur ce billet du blog de Pingoo. J’aime beaucoup ce blog, pas seulement pour toutes les photos de femmes nues légèrement vêtues, mais aussi pour le ton du blogueur, ses opinions, son travail et son univers si éloigné du mien.
Dans le billet en question, Vincent (ou Pingoo) explique comme il est simple d’acheter des followers et montre la manière de faire.
Cela a piqué ma curiosité.
Aussitôt, j’ouvre un compte Twitter de test, je suis la procédure indiquée, et je paye 4 euros pour faire passer ce compte de 0 follower à 2000.
J’attends ensuite la prise de contact du vendeur. Une heure passe, rien. Deux heures, puis trois, rien. Il est tard, je me couche. Le lendemain, la journée se passe sans que je puisse avoir une minute à moi pour penser à cette expérience. Le soir venu, je relève ma boite aux lettres, rien. L’arnaque !
Je me suis fait avoir de 4 euros, « j’ai testé pour vous le pigeon en ligne ». Bon, c’est le jeu, il faut savoir perdre quelques euros dans ce genre d’expérience « underground ». Je retourne à mes outils d’analyses inforensiques, je teste une nouvelle méthode de copie de disque dur…
A minuit 40, juste avant de me coucher, je reçois un email de mon vendeur. Celui-ci me demande sur quel compte Twitter il doit ajouter les faux followers. Je lui réponds, il m’indique que cela va être fait dans les heures qui suivent. Je sombre dans les bras de Morphée.
Le lendemain matin, au moment où l’on voit poindre le derrière de l’écureuil, je me connecte sur mon compte Twitter de test, rien. Je pars gagner ma croûte à la sueur du front des étudiants. A midi, je fais une petite pause sur Twitter. Et là, horreur: mon vrai compte Twitter @Zythom est passé de 3400 followers à 8500 !!!
J’avais donné à mon vendeur de followers le nom du compte @Zythom au lieu de celui de mon compte de test… Oups.
J’ai donc étudié (c’était quand même le but) les profils des followers que j’avais achetés pour un demi ticket restaurant. Mais il m’était intolérable de tweeter avec ces bots attachés à mon compte. Les supprimer à la main me semblait une tâche trop lourde, j’ai donc pris la décision de fermer mon compte Twitter et d’en ouvrir un autre. @Zythom est donc devenu @Zythom1 et j’ai recréé un compte @Zythom avec 0 follower. Ironie.
Ma punition aura été de fermer mon compte avec tout son historique et ses photos associées. Ma punition aura été d’écrire ce billet.
Je souhaite présenter ici toutes mes excuses à mes vrais followers.
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Mais la curiosité continuera à être mon moteur, donc attendez-vous encore à quelques catastrophes 😉 J’ai toujours enseigné à mes étudiants qu’il n’y a que celui qui ne fait rien qui ne se trompe jamais.
Eh bien riez maintenant.
Je suis né en 1963, dans le nord de la France. Mes parents sont alors instituteurs et nous habitons le logement de fonction, en général situé dans l’école. J’ai donc vécu toute mon enfance dans une école primaire, aussi loin que je me rappelle: Roubaix, Tourcoing, Willems et enfin Wattrelos où j’ai vécu la plus grande partie de mon adolescence.
Mes parents sont Pieds-Noirs d’Algérie, ma mère étant née là-bas et mon père l’ayant connu à Alger pendant son service militaire. Ils étaient tous les deux enseignants et n’ont quitté leur poste qu’au dernier moment, en 1962, lors de l’indépendance.
Tous les fonctionnaires ayant déjà quitté l’Algérie avaient retrouvé des postes dans le Sud de la France, au plus près de leur ancienne patrie. Mes parents se sont retrouvés mutés sur les seuls postes d’enseignants encore disponibles en France, c’est-à-dire dans le Nord. Je vous laisse imaginer l’impact sur deux jeunes Pieds-Noirs à peine arrivés, surtout que, en 1962, le Nord de la France, c’est ça : l’hiver le plus rigoureux en France de tout le XXe siècle. Ma mère me raconte encore sa stupéfaction devant les congères de neige, les routes bloquées, les problèmes d’approvisionnement. Quel choc après la douceur de Bab El Oued !
Mais les gens du Nord sont solides, la solidarité joue à fond et la tempête laisse finalement la place à un joli été, et à un petit garçon 😉
De ma petite enfance, je me souviens une cour de récréation à Willems où, à 4 ans, je suivais méticuleusement avec mon tricycle les lignes tracées au sol. Quelques fleurs bleues du jardin également, des bleuets probablement. Des joies simples d’enfant, une petite enfance heureuse, quoiqu’un petit peu solitaire car mes parents m’interdisaient de jouer dans la rue. J’avais donc la cour de récréation pour moi tout seul… mais tout seul.
De mon arrivée à 5 ans à Wattrelos, je me souviens d’une grande maison un peu froide, d’une cour de récréation gigantesque et de la petite voiture Majorette trouvée dans un coin. L’été 1968 reste pour moi marqué par cette petite 2CV sans porte ni roue qui illumina mes journées. Chacun sa révolution.
Mon père était le directeur de l’école primaire (où nous habitions) et enseignait en CM2. Ma mère s’occupait du Cour Préparatoire pendant la journée et de mon père, ma grande sœur et moi le matin, le soir et le week-end. Les femmes de cette époque avaient deux métiers à plein temps.
J’ai commencé l’école primaire dans la classe de ma mère, et je l’ai fini dans la classe de mon père…
A l’époque, beaucoup d’écoles ne mélangeaient pas encore les garçons et les filles. Nous habitions l’école des garçons, située à côté de l’école des filles. Je n’ai donc découvert la compagnie des filles (en dehors de ma sœur, mais ce n’est pas pareil) qu’en entrant en 6ème.
La tenue de rigueur était la blouse. C’était l’égalité républicaine. Les plus riches avaient des blouses à broderies, les moins aisés, des blouses toutes simples. Mais toutes les blouses terminaient en fin d’année raccommodées et rapiécées.
Nous devions nous lever quand un adulte entrait dans la classe, et il y avait un tour de rôle pour les tâches d’entretien de la classe : remplissage des encriers, nettoyage du tableau à craie, accrochage de la carte de géographie au mur, nourriture du poisson-rouge ou des phasmes.
J’étais le fils du directeur. Cela avait sans doute des avantages, mais quand même beaucoup d’inconvénients. J’étais toujours le 1er de la classe, en lutte avec un autre fils d’instituteur, mais beaucoup de mes petits camarades accusaient déjà le système de favoritisme. Je me souviens d’un exercice de mathématique particulièrement difficile où nous n’étions que deux à avoir trouvé une solution. J’étais en CM2, la classe de mon père. Il interroge mon camarade, qui donne une mauvaise réponse. Il m’interroge alors et c’est la bonne réponse. J’étais très fier, très très fier d’être le seul de la classe à avoir trouvé. Mais à la récréation, tout le monde a dit que mon père m’avait aidé. Je sens encore la morsure de l’injustice. Les enfants sont cruels.
Les autres souvenirs de mes camarades de classe sont tous heureux: beaucoup de moments partagés dans des jeux simples: billes, osselets et jeux du loup (que l’on appelait « pris-pris »). Aux osselets, j’étais le champion de la « retournette ».
Lorsque les cousins et cousines venaient à la maison le week-end, nous jouions très souvent « à la classe ». Notre chance était de pouvoir investir une vraie classe, avec un vrai tableau et des vraies tables d’écolier. Les parents nous surveillaient de loin, s’assurant que nous ne semions pas de désordre dans cet univers bien rangé. La cour de récréation devenait aussi notre terrain de jeu, et nous finissions souvent par un match de foot dans les buts de handball. La grande corde à grimper (toute lisse) qui pendait dans le préau nous était interdite.
A chaque fin d’année scolaire, il y avait la remise des prix et une fête à l’école. La fin des études primaires était sanctionnée par le passage du Certificat d’Études Primaires, premier niveau de diplôme requis pour pouvoir intégrer la fonction publique. Les bons élèves étaient mis en valeur, sur une estrade montée pour l’occasion. Les cadeaux étaient souvent des livres, et parfois des jouets. Une réforme de l’Éducation Nationale y a mis fin avant que je puisse monter sur l’estrade, à mon grand regret. Les tableaux d’honneur ont disparu assez vite aussi. Dont acte.
Le mois de juin touchait à sa fin. Le dernier jour de classe arrivait. Nous sortions en rang dans la cour et le maître nous accompagnait jusqu’à la grille où attendaient les parents. La belle automobile de mon père était garée dans la cour devant la maison. Nous partions le lendemain matin très tôt, direction l’Espagne, pour deux mois de vacances en camping.
J’entendais déjà les cigales chanter.
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Source photo Megaportail
En regardant dans le rétroviseur, je me rends compte que je publie de plus en plus de billets sur ce blog en rapport avec mon activité d’expert judiciaire.
Or, dès le départ, j’avais prévenu que ce blog était un blog personnel, j’en veux pour preuve ce billet de janvier 2008 que je reprends (encore) ici :
Cher Internaute,
C’est ici un blog de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dés l’entrée, que
je ne m’y suis proposé nulle fin que domestique et privée: je n’y ai eu
nulle considération de ton service, ni de ma gloire: mes forces ne sont
pas capables d’un tel dessein. Je l’ai voué à la commodité particulière
de mes parents et amis: à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à faire
bientôt) ils y puissent retrouver tous les traits de mes conditions et
humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive,
la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été pour rechercher la
faveur du monde, je me fusse paré de beautés empruntées, ou me fusse
tendu et bandé en ma meilleure démarche. Je veux qu’on m’y voit en ma
façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c’est
moi que je peins. Mes défauts s’y liront au vif, mes imperfections et ma
forme naïve autant que la révérence publique me l’a permis. Que si
j’eusse été parmi ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce
liberté des premières lois de nature, je t’assure que je m’y fusse très
volontiers peint tout entier et tout nu. Ainsi, cher Internaute, je suis
moi-même la matière de mon blog: ce n’est pas raison que tu emploies
ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc.
Je profite de ce rappel, pour expliquer pourquoi le pseudonyme « Zythom » s’est rapidement vu ajouter le pseudopatronyme « MEM ». Un certain nombre de sites webs demandent, lors de l’inscription, de remplir un champ « Nom de famille ». Il m’a donc fallu inventer un nom de famille pour mon pseudonyme « Zythom ». L’auteur du texte que je déforme à peine ci-dessus, et qui décrit la ligne éditoriale de ce blog personnel, m’a fourni une idée de patronyme, en forme de rappel permanent: Michel Eyquem de Montaigne (MEM).
Je vais donc revenir aux sources de ce blog, en publiant quelques billets sur des souvenirs plus privés. Cela donnera de l’eau aux moulins de ceux qui moquent ma démarche qu’ils trouvent très égocentrée. Je leur réponds: c’est normal, c’est l’âme de ce blog personnel, et il n’y a qu’un clic à faire pour le quitter (Adieu donc ;-).
C’est un moyen pour insuffler ici un peu de bonne humeur après quelques billets un peu durs.
J’ai aussi en réserve quelques billets où je n’apparais pas vraiment sous mon meilleur jour. Il faut toujours savoir maintenir son ego à un niveau raisonnable 😉
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Source photo Megaportail
Par amour des livres, et pour laisser par écrit mes histoires à mes amis et mes enfants, je me suis lancé dans l’aventure de l’autopublication. C’est une expérience simple qui peut être faite par tout le monde.
Tout d’abord, je voudrais préciser à l’internaute arrivant sur ce billet sans connaître le blog, que je ne suis pas un professionnel de la question. Je ne suis ni éditeur, ni auteur, ni habitué des métiers liés à l’édition. Je n’ai pas d’intérêt dans les sociétés dont je vais parler, je souhaite simplement partager un retour d’expérience. Je suis quasi débutant en la matière, et mes conseils ne reposent que sur une maigre expérience. N’hésitez pas à proposer en commentaire d’autres pistes que celles que j’ai suivies. La société dont je rêve est une société où le partage est légal et encouragé.
Première étape : la matière première.
Pour fabriquer un livre, il faut d’abord disposer d’écrits. Dans mon cas, la matière première de mes ouvrages est constituée par l’accumulation des billets que j’ai publiés sur ce blog. Toute personne tenant un blog, ayant écrit une thèse ou gardant dans ses
tiroirs des cahiers noircis d’écritures, peut se lancer dans cette
aventure. Pour ma part, ce travail d’écriture était déjà fait. Je pensais que le reste était tout simple, vous allez voir que ce n’est pas si évident que cela.
Étape 2 : récupération et préparation de la matière première.
Dans mon cas, il s’agit de récupérer les billets, ce que j’ai pu faire par un export de l’ensemble du blog vers un fichier XML, suivi du tripatouillage de ce fichier pour enlever les commentaires (qui appartiennent à leurs auteurs), retirer les photos (idem) et inverser l’ordre des billets pour les mettre par ordre chronologique.
Ce travail peut être réalisé de manière élégante avec un joli script dans le langage informatique de votre choix, ou par l’utilisation chaotique de plusieurs logiciels plus ou moins performants à grand coup de copier/coller. J’ai suivi cette 2e voie…
Le but de cette étape est de disposer à la fin d’un fichier contenant tous les billets classés par ordre chronologique et contenant tous les liens d’origine encore fonctionnels. Pour ma part, j’ai travaillé sous Microsoft Word que je connaissais pour l’avoir utilisé pour écrire ma thèse, en 1991, sous Mac SE.
Étape 3 : le choix de l’éditeur.
Avant d’aller trop loin dans la mise en page, je pense qu’il faut avoir une idée plus précise de ce que vous devez fournir comme fichier à l’éditeur. Il vous faut donc choisir celui-ci (sauf bien entendu si un éditeur vous a déjà contacté auquel cas vous pouvez arrêter ici la lecture de ce billet, et recevoir toutes mes félicitations).
Après une recherche sur internet, recherche effectuée en 2007 à l’époque de la première édition du tome 1, j’ai choisi d’utiliser le service en ligne lulu.com.
D’après ce que j’ai compris, le principe part du constat que les machines qui fabriquent les livres aujourd’hui, sont entièrement numériques, et qu’il n’est pas plus compliqué de fabriquer 10000 exemplaires d’un seul livre que 1 exemplaire de 10000 livres. Cela amortit le coût des machines de production en les faisant fonctionner sur ce marché de niche en plein développement à l’époque.
Le site dispose d’accords avec des propriétaires de telles machines sur tous les continents, et les délais d’acheminement de l’exemplaire commandé (fabriqué donc à la demande) ne sont plus aujourd’hui que de quelques jours.
J’ai donc testé. Et comme j’en ai été satisfait, je suis resté fidèle.
Étape 4 : le choix du format de livre.
Ce choix est important, car vous allez ensuite beaucoup travailler sur la mise en page, et rien n’est plus énervant après plusieurs heures de vérifications et de mises en page, de constater qu’il faut recommencer à cause d’un changement de format de livre.
Le format visé dépend de l’éditeur. A cette étape là, vous allez constater qu’il existe un grand nombre de possibilités. Vous allez devoir choisir le type de couverture (souple ou rigide), le type de reliure (à spirale, dos carré collé…) et la taille du livre (Poche, Petit Carré, Roman, Digest, A5…).
Le site lulu.com propose des aides permettant de choisir le meilleur format.
Remarque : Il n’est pas indispensable, mais cela peut être utile à ce stade, de connaître le nombre total de pages visées. Cela va dépendre du choix de la taille des caractères, des photos ajoutées, du nombre de billets sélectionnés, etc.
Je vous conseille de prendre plusieurs livres dans votre
bibliothèque, de les manipuler, de les mesurer et de choisir de cette manière
le format qui vous plaît. Gardez un livre sous la main pour estimer la taille des caractères, la taille des marges et d’autres paramètres que nous verrons plus loin.
Pour ma part, j’ai choisi le format :
– couverture souple
– reliure dos carré collé
– taille Roman (6×9, 15.24cm x 22.86cm).
Une fois fixé sur le format du livre, vous pouvez commencer la mise en page de vos écrits. Sur lulu.com, vous pouvez télécharger un modèle Word qui correspond parfaitement au format visé.
Étape 5 : le choix de la police de caractère et des billets.
Une fois en possession d’un modèle Word approprié, vous allez pouvoir y copier tout le contenu du fichier obtenu à la fin de l’étape 2.
C’est le moment de choisir la police de caractère par défaut, et sa taille. Vous avez alors un premier aperçu de ce que sera votre ouvrage final.
J’ai choisi :
– Garamond 16 pour le titre du livre
– Garamond 14 pour les titres des billets et
– Garamond 11 pour le corps du texte.
A ce stade, mon document Word contient un nombre de pages beaucoup trop élevé: c’est le moment de sélectionner les textes qui resteront dans le livre, ou de faire plusieurs tomes. Il faut relire l’intégralité de vos écrits et prendre des décisions. Vous endossez le rôle de rédacteur en chef en définissant la ligne éditoriale de votre publication. Vous pouvez décider de ne publier que des billets d’un certain thème, par ordre chronologique ou par rubrique, etc.
J’ai fait le choix de garder le joyeux mélange de ce blog perso, en gardant l’ordre chronologique et ses quatre rubriques principales:
– anecdotes d’expertises judiciaires informatiques (Expert)
– responsable informatique et technique (Professionnel)
– conseiller municipal (Vie publique)
– anecdotes pour mes amis et ma famille (Privée).
J’essaye de rester à un nombre raisonnable de pages: le tome 1 fait 188 pages, le tome 2 fait 264 pages et le tome 3, 244 pages.
Etape 6 : la mise en page.
C’est pour moi une étape longue et difficile.
Je commence d’abord par les styles.
Tout le document Word est mis en style « normal ». Puis tous les titres du document en style « Titre 1 », « Titre 2 », etc. selon le niveau de titre (titre du livre, titre d’un chapitre, titre d’un billet, etc.). Je modifie ensuite les styles pour les adapter à mon goût, et surtout pour faire en sorte que le paragraphe qui suit un style Titre X soit solidaire de celui-ci (pour éviter qu’un titre ne commence en bas d’une page par exemple).
Je modifie ensuite manuellement toutes les « notes de bas de billet » en note de bas de page. J’en profite pour ajouter de nouvelles notes de bas de page pour éclairer un point obscur, une allusion absconse ou traduire une citation latine.
Puis je m’occupe de tous les liens. Dans un livre papier, les URL ne sont pas cliquables, il faut donc les détailler en note de bas de page ou les supprimer. Comme je souhaite publier une version électronique de mes ouvrages, je ne supprime jamais un lien. Je modifie simplement le style « Lien hypertexte » de Word pour que les liens n’apparaissent pas en bleu souligné dans la version papier, mais uniquement dans les versions électroniques…
Les liens vers des billets du blog sont remplacés par des renvois vers les pages du tome concerné, si le billet est déjà publié dans un tome précédent ou dans le tome en construction.
Je rédige la page de titre, l’avant-propos, les avertissements, les remerciements et la quatrième de couverture.
Je place la numérotation des pages (paires à gauche, impaires à droite).
Je construis la table des matières.
Je place le copyright et le numéro ISBN fourni gratuitement par Lulu (obligatoires pour être accepté dans les circuits de distribution).
Puis je vérifie page par page la présentation, en ajoutant avec parcimonie des sauts de page.
Étape 7 : la correction des fautes.
Beaucoup de français sont très attachés à l’orthographe et à la grammaire. Les blogueurs sont souvent confrontés à cela et s’amusent des commentaires qui s’attachent à un détail de la forme plutôt qu’au fond. Quand vous avez passé beaucoup de temps à rédiger un billet, que vous y avez mis beaucoup de vous-même, il est parfois agaçant de lire comme premier commentaire une remarque sur une lettre qui manque. Les anglais ont un terme pour désigner cela: le Grammar Nazi.
Malgré tout, je trouve très désagréable de trouver des fautes dans un livre, surtout en abondance. Sans être un Grammar Nazi, j’apprécie qu’un lecteur me corrige une faute de frappe dans un billet, car cela contribue à l’amélioration du confort de tous. Je ne suis jamais vexé.
Je n’ai pas appris sur les bancs de l’école la réforme de l’orthographe de 1990. Pourtant, cette réforme est maintenant (un peu) enseignée en France, après avoir été adoptée depuis longtemps par tous les pays francophones. J’essaye donc de la mettre en pratique, mais j’avoue avoir du mal. Je préfère encore écrire « Maître » plutôt que « Maitre »… J’ai donc fait le choix d’un mélange entre les règles que j’ai apprises et celles que mes petits enfants apprendront peut-être. J’en parle en tout cas dans chaque introduction de mes tomes.
J’ai choisi de faire intervenir ma mère comme relectrice de mes ouvrages. C’est une ancienne institutrice de CP qui adorait son métier et qui m’encourage encore aujourd’hui à écrire correctement. J’ai commencé la primaire dans sa classe (pour la finir dans celle de mon père qui, lui, s’occupait du CM2)…
Quand j’ai appris à ma mère l’existence de la réforme de 1990, elle s’est empressée d’acheter un livre à ce sujet et, à 80 ans, s’est mise à niveau. Je voudrais lui rendre hommage et la remercier chaleureusement ici-même pour tout le travail qu’elle accomplit.
Je lui adresse par la Poste une version du « manuscrit » imprimée au format A4 recto/verso petite police, qu’elle corrige avec patience et intérêt. Elle me retourne ensuite la liasse pour que je corrige le fichier Word.
Merci Maman.
Étape 8 : le livre papier.
J’ajoute une page blanche au début du document Word (comme dans tous les livres) et le nombre de pages blanches à la fin pour obtenir un total de pages divisibles par 4 (probablement à cause d’une contrainte de fabrication).
Je sauvegarde mon document Word au format pdf que j’uploade vers Lulu.com. Attention, pour le format pdf issu de Word 2010, ne pas oublier de cocher l’option « Compatible ISO 19005-1 (PDF/A) ».
Il ne me reste plus qu’à choisir une couverture (parmi les modèles libres de droit sur lulu.com), la police et la taille des caractères ainsi que la mise en page de la couverture. J’ai choisi :
– Couverture avant : titre Nimbus Sans L Bold 48 / Sous titre Nimbus Sans L 24
– Dos du livre (tranche) : titre Nimbus Sans L 31
– Couverture arrière : texte Nimbus Sans L 12
Ne souhaitant pas augmenter le prix du livre papier plus que de raison, j’ai choisi « impression Noir et Blanc sur papier standard (couverture en pleines couleurs).
Ça y est, je peux commander mon premier exemplaire (c’est obligatoire sur le site lulu.com pour valider la mise en ligne).
Quelques jours après, je reçois celui-ci, et en vérifie chaque page. Si tout est ok, je peux mettre en ligne le livre et commander les exemplaires pour les amis et la famille.
Étape 9 : les livres électroniques.
J’ai fait le choix de distribuer gratuitement et sans DRM les versions électroniques de mes ouvrages.
Pour cela, je repars du document Word original, dans lequel je supprime toutes les pages blanches, devenues inutiles, et les sauts de page des premières pages pour « condenser » un peu. Je fais recalculer par Word la pagination de la table des matières, ainsi que celle des renvois inclus dans les notes de bas de page (merci la touche F9).
Je modifie ensuite le style « Lien hypertexte » pour que les liens apparaissent (voir étape 6) et je sauvegarde au format PDF. J’obtiens ainsi le premier ebook.
Pour les autres formats, je m’appuie sur l’extraordinaire site 2EPUB vers lequel j’uploade la version PDF pour qu’il me la transforme sans effort en ebook pour iPad, iPhone, iPod, Kindle, Sony Reader, BeBook, Nook, Kobo et autres liseuses…
Il ne me reste plus qu’à partager ces fichiers sur le blog en utilisant la méthode que je présente dans ce billet intitulé « Partage de fichiers sur Blogger« .
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Voili, voilou. J’espère vous avoir donné envie de publier vos écrits au format papier ou dans un format électronique. En tout cas, vous êtes plusieurs milliers à avoir téléchargé la version électronique de mes publications, et cela, ça me fait très plaisir.
J’ai conscience qu’il s’agit pourtant d’un travail d’amateur. Il m’a fallu endosser tous les métiers du monde de l’édition: auteur, correcteur, maquettiste, rédacteur en chef, chef de fabrication, éditeur, diffuseur, hébergeur… sans pour autant en avoir les compétences.
Je rêve d’une bibliothèque virtuelle publique où tous les ebooks en langue française pourraient être centralisés et distribués gratuitement et sans DRM. Je rêve d’un ministère français de la culture et de la communication qui mettrait en place un tel projet…
Mais cela, c’est une autre histoire.
Je vous souhaite en attendant une bonne lecture 🙂
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Source photo Megaportail.
J’ai publié mon premier billet ici le 5 septembre 2006. Cela fait donc six années aujourd’hui que je suis marié avec ce blog, pour le meilleur et pour le pire.
Bilan:
Un procès, trois courriers d’insultes, fâché avec la moitié des experts judiciaires de France, une agression…
Mais aussi 3963 commentaires, 592201 visites, 681 billets toujours en ligne, des rencontres IRL formidables (Authueil, Eolas, SSTIC…), des rencontres virtuelles également formidables (merci Twitter…), des emails d’encouragement, des lettres de félicitations d’enseignants qui reprennent certains billets dans leurs cours, des livres pour mes enfants et une (vraie) épouse qui me soutient toujours malgré les coups de blues.
A dans un an, pour les noces de laine 😉
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Source image megaportail.com
La rentrée scolaire, pour une école d’ingénieurs comme pour toutes les écoles dans le monde, est un moment important de l’année. Les étudiants ont hâte de se retrouver pour se raconter leurs vacances, les professeurs ont rechargé leurs batteries et les services supports ont (p)réparé les locaux et les systèmes pendant la période estivale.
Parmi les étudiants qui franchissent les portes de l’école d’ingénieurs où je travaille, j’ai une pensée spéciale pour les nouveaux, et en particulier les étudiants de première année.
Je travaille dans une grande école qui forme ses ingénieurs en 5 ans, c’est-à-dire que les nouveaux étaient pour la plupart au lycée en terminale l’année dernière. Ils ont 18 ans cette année et, si tout se passe bien pour eux, ils seront diplômés en 2017: c’est la promotion 2017.
Ils sont donc nés en 1994.
C’est l’année du génocide au Rwanda.
Bill Clinton est président des États-Unis depuis deux ans, Boris Eltsine président de la Fédération de Russie depuis trois ans.
François Mitterrand termine son deuxième septennat.
C’est la guerre en Croatie depuis trois ans et en Bosnie depuis deux ans.
C’est aussi l’année des premières élections multiraciales en Afrique du Sud débouchant sur l’élection de Nelson Mandela. Ils n’ont donc jamais connu l’apartheid en Afrique du Sud (abolie en 1991).
Ils sont nés la même année que Netscape Navigator. Pour eux, les termes AppleII, MacPlus et Amiga relèvent de la
préhistoire. Ils n’ont jamais entendu parler de « station de travail », ne connaissent pas le mot microprocesseur. Pour eux, un portable, c’est un téléphone.
Ils ont pris le biberon à côté d’un Tatoo, d’un Tam-tam ou d’un Kobby mais ne s’en souviennent probablement pas.
Ils ne savent pas qu’ils sont nés en même temps que Windows NT 3.5 (NT signifiant « New Technology »), ni d’ailleurs que Windows 8 est en fait Windows NT 6.2…
Ils avaient 2 ans quand le manchot Tux est devenu la mascotte du projet Linux.
Ils avaient 4 ans lors des deux coups de tête victorieux de Zidane en 1998 et 12 ans lors de celui honteux de 2006.
Ils avaient 7 ans lors des attentats du 11 septembre 2001.
Depuis qu’ils ont 8 ans, ils achètent leurs bonbons et leurs mp3 en Euro. Pour eux, le Franc est la monnaie des Suisses, ou des Colonies Françaises du Pacifique, ou de la Communauté Financière Africaine, ou de l’Union des Comores. Quand ils demandent 10 balles, ils attendent 10 euros.
Purs produits de la génération Y, ils ont pleuré la mort de Steve Jobs, mais avaient 14 ans quand Bill Gates a pris sa retraite (autant dire il y a une éternité). Pour eux, Linux, c’est surtout Android, ou éventuellement, Ubuntu.
Ils ont survécu à la canicule de 2003 (9 ans) et à la grippe A/H1N1 (15 ans).
Ils ne sont abonnés à aucune revue, et pourtant, ils n’ont jamais autant lu.
Ils n’ont jamais autant écrit, même si c’est surtout avec les pouces.
L’actualité leur arrive via Orange, ou « Google Actualités« , ou « Bing News« .
Le langage SMS n’a pas de secret pour eux, mais ils considèrent que c’est pour les « ados ». Les blogs, c’est un truc de gamin, ou un truc de vieux.
Ils sont nés la même année que ma fille aînée (qui entre en médecine).
Ils sont notre avenir.
Bonne chance à eux !
Bonjour les vieux !
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Source photo knowyourmeme.com
J’ai participé ce week-end aux 24h du Mans vélo.
C’est dur, très dur même, surtout pour un débutant comme moi.
Et pourtant, c’est une expérience extraordinaire.
Revenons un peu en arrière dans le temps. Mon beau-frère, passionné de vélo et pratiquant ce sport à un niveau plutôt haut, recrute autour de lui pour constituer une équipe pour les 24h du Mans vélo. Cette compétition admet plusieurs sortes d’équipes: les équipes de 8, de 6, de 4 et de 2. Il est également possible de s’engager seul, ce qui a été le cas du vétéran de l’épreuve, un jeune homme de 83 ans!
Lorsque mon beau-frère m’a contacté, j’ai poliment refusé. Prendre deux fois par jour son vélo pour aller travailler, à raison de 16 km par jour, ne représente pas un entraînement suffisant pour faire une compétition.
Mais il lui manquait un huitième participant pour inscrire son équipe, et il me promettait qu’il ne me tiendrait pas rigueur de la faiblesse de mon niveau dans ce sport. J’ai donc accepté.
Ma première inquiétude est venue lors de l’examen médical avec mon médecin référent et néanmoins ami. Son air surpris et ses questions inquiètes m’ont mis la puce à l’oreille. « Non, mais sans blague, tu vas VRAIMENT participer à une course de vélo de 24h?! ». Mon état de santé étant malgré tout encore bon, il signa à regret un certificat d’aptitude à la compétition sportive.
Ma deuxième inquiétude est venue du fait que mon beau-frère (et coach) m’a prévenu qu’il fallait que je trouve un vélo pour cette compétition.
« Mais mon vélo de ville ne suffit pas? »
« Non, mais tu rigoles! Avec tes sacoches, tes trois vitesses et un poids de 15 kg… Non, non, il te faut un vélo de compétition. Je vois avec les six autres participants s’ils peuvent te prêter un vélo. »
Après quelques échanges, l’un des participants accepte de partager son vélo avec moi. Il suffira juste qu’on ne fasse pas de relais ensemble, pour avoir le temps de modifier les réglages, en particulier de la hauteur de selle.
Ma troisième source d’inquiétude est venue lorsqu’autour de la table, pendant une réunion préparatoire à l’épreuve, les membres de l’équipe ont commencé à parler de pulsations cardiaques.
« Oui, moi dans la montée du col du Ventoux, mon cardio ne monte pas à plus de 160. »
« Ah bon, moi j’ai du mal à dépasser les 150 »
Moi: « mais c’est quoi un cardio? »
Tous en chœur: « un appareil à mesurer les pulsations du cœur!! »
Me voici donc en train d’arpenter les rayons de Décathlon à la recherche d’un cardiofréquencemètre pour vélo. Je tombe sur un vendeur connaissant bien l’univers du vélo et à qui j’explique mon problème. Il me trouve un cardio adapté à mon besoin, mais semble affolé par ma démarche:
« Vous n’êtes jamais monté sur un vélo de course? »
« Non. »
« Mais vous savez si les pédales sont de type automatique? »
« Oui, d’ailleurs mon copain m’a demandé d’acheter des chaussures avec des cales. Regardez, il m’a envoyé des photos sur mon téléphone. »
« Oui, ok je vois, on en a en rayon. Mais, vous n’allez pas les essayer avant la compétition? »
« Non, car je découvrirai le vélo samedi prochain, pendant la compétition »
« Ah, parce qu’en plus la compétition à lieu samedi prochain!!?? »
Sur les conseils éclairés (et inquiets) du vendeur, je suis donc ressorti de chez Décathlon avec:
– un cardiofréquencemètre (Polar CS100),
– un cuissard renforcé spécial fesses sensibles,
– une paire de chaussures avec des cales pour pédales automatiques,
– et une paire de pédale automatique à mettre sur mon vélo de ville pour m’exercer toute la semaine.
Je suis donc allé travailler plusieurs fois avec mon vélo de ville transformé en vélo de compétition, manquant me casser la figure à chaque arrêt, pour cause de pieds attachés aux pédales. J’ai ainsi appris à retirer d’un coup sec les cales des pédales automatiques, et à ramasser sur la route mon cardiofréquencemètre malencontreusement déclipsé en appuyant sur les touches tout en pédalant…
Quelques jours plus tard, je retrouve mes amis sur le circuit des 24h du Mans vélo, le circuit Bugatti.
Mon ami me prête son vélo, je fais quelques tours de roue pour comprendre le fonctionnement du guidon, des vitesses, des pédales et tester l’inconfort de la selle. C’est la première fois que je m’assois sur un vélo de compétition.
Samedi 15h: départ de la course.
Je suis debout sur le muret des stands avec le reste de l’équipe pour encourager le premier de notre groupe à prendre la piste (et le départ façon « Le Mans »). Le départ se déroule dans une ambiance électrique, tant la tension est forte sur les coureurs.
Les tours se succèdent, puis le premier relais.
Je commence à stresser puisque je suis le troisième coureur.
Il est 17h30, c’est mon tour.
Je suis sur la piste des stands, mon prédécesseur me transmet la puce de chronométrage, je l’attache à la cheville, je clipse mes pieds sur les pédales. C’est parti !
Le circuit Bugatti fait 4,185 km. Il possède une montée de 600 m de 3,5% à 7%, et une descente de 1000 m à 2%. Sa coupe topographique est disponible ici.
Je pars sur un train d’enfer, réalisant un temps qui restera la référence dans l’équipe jusqu’à l’entrée en piste des vrais sportifs (dont mon beau-frère). Évidement, je m’épuise vite et mes chronos augmentent sensiblement à chaque tour. Le vent est terrible, avec des rafales à 30km/h. Mon cardio indique 170, je suis dans le rouge. Le coach avance mon relais avant que je n’arrive à des temps où j’irais plus vite à pied… J’ai tenu jusqu’à 19h, soit 1h30 de course, 9 tours soit 37,7km sans être trop ridicule.
Mais je termine hagard et avec un mal au c*l terrible, malgré mon cuissard à couche intégrée…
J’encourage ensuite le reste de l’équipe, à chaque relais et j’attends avec un peu d’appréhension le deuxième relais que je dois faire, celui de 3h du matin…
Dimanche 3h du matin: dernier relais pour moi.
Je n’ai pas dormi. Je remonte sur le vélo et donne tout ce que j’ai pendant une heure. Une des heures les plus longues depuis longtemps. C’est la première fois que je roule sur un circuit de compétition la nuit. Le vent est tombé, mais j’ai appris à essayer de prendre la roue d’un coureur. C’est difficile et je suis souvent trop loin, trop à droite ou trop à gauche. Sans compter les virages.
Je suis doublé par des pelotons TGV qui m’évitent avec grâce.
Je peine à suivre des coureurs qui font les 24h en solo…
Je prends quand même un réel plaisir à foncer dans la descente, à gérer les trajectoires dans les virages, à faire l’effort d’attraper un groupe pour m’y abriter. Malgré mon niveau, je cherche la vitesse.
Le vélo de compétition, c’est magique!
Mais encore une fois, j’ai du mal à gérer l’effort, j’en fais trop dans les premiers tours. J’ai beaucoup de mal aussi à gérer la douleur, je suis trop douillet. Comme je n’arrive pas à « faire la danseuse » sur le vélo par peur de tomber (pieds attachés, toussa…), j’ai très mal aux fesses…
Je passe le relais à 4h du matin, épuisé.
6 tours en une heure, soit 25,11 km.
Je pars me coucher pour une toute petite nuit.
Dimanche 15h: l’arrivée.
C’est à la fois une satisfaction de voir mon beau-frère franchir la ligne d’arrivée sans encombre, de savoir que nous avons tous contribué à arriver jusqu’au bout sans casse. Mais c’est aussi un soulagement, car nous allons pouvoir rentrer et DORMIR.
Nous ne sommes pas arrivés les derniers de notre catégorie, grâce aux deux « gros bras » de l’équipe et notre classement au général est plutôt flatteur pour mon niveau (nous sommes dans les 5/6e), même s’il est vrai que ce sont surtout des « solos » derrière nous.
J’ai pris un réel plaisir à participer à une vraie compétition cycliste, à côtoyer des professionnels du vélo. Même si c’est très impressionnant de les voir me doubler à vive allure et à quelques cm de mon guidon.
Je ne suis pas devenu un passionné de vélo plus qu’avant, mais je comprends mieux maintenant les efforts que ce sport demande.
Et j’en ai appris un peu plus sur mes limites.