Game of gones

Ce dimanche, mon fils fêtait son anniversaire avec ses copains. Il nous avait demandé si nous acceptions de les emmener tous dans une salle de jeux portant le doux nom de « laser game évolution« .

Les parents organisant des anniversaires connaissent l’énergie dégagée par la réunion de 9 enfants de 11 ans et les dégâts pouvant en résulter. J’ai le plus grand respect pour les instituteurs, dont le métier et le savoir faire consistent à empêcher d’atteindre le point de fusion thermonucléaire d’un groupe pouvant aller jusqu’à 30 composants plus ou moins stables.

J’ai donc étudié avec la plus grande attention la requête de mon petit dernier.

Mmmmmm, laser game, qu’est-ce que c’est que ça…

Waaaouuuu, un jeu où l’on enferme les monstres gamins drôles gones dans une pièce et où ils peuvent courir partout en se tirant dessus, mais ça a l’air géniaaal !

Et en plus, on se tire dessus avec des pistolets lasers…

Mon rêve !Il faut que j’y participe aussi !

Et nous voilà donc tous réunis, mes 9 compagnons de jeu et moi, sous le regard un peu embarrassé attendri de mon épouse pour accomplir un rêve d’enfance : un combat au laser… Certes, loin du mythique sabre laser qui a nourri mon adolescence (encore que j’étais plus intéressé par Z6PO et R2D2), mais suffisamment près de mon univers mental mélangeant Halo, Call of Duty et autres jeux où l’on trouve des rayons de la mort, des armes Tesla et autres Wunderwaffen.

La préparation est très simple: une vidéo nous indique comment ajuster le harnais sur lequel se trouvent les cibles lumineuses et les règles de combat. On utilise le pistolet laser pour viser l’une des 9 cibles du harnais d’un des adversaires (il y a deux couleurs de joueurs, les rouges et les bleus), si l’on « touche » on gagne 100 points et l’adversaire visé en perd 50. En cas de « tir ami » chacun perd 50 points. On ne doit pas « tuer » quelqu’un dans les escaliers. Si l’on se fait tuer en hauteur, il faut redescendre. On ne doit pas masquer ses cibles. Quand on s’est fait toucher, les lumières sont éteintes pendant 8 secondes avant de pouvoir rejouer. On ne doit pas s’affronter à une distance inférieur à un mètre. Un peu de fumée dans la pièce permet de visualiser les rayons lasers sur toute leur longueur. Les parties durent 20 mn, et à ma grande surprise, les 9 gones avec lesquels j’ai joué ont parfaitement respecté ces règles.

La stratégie que j’ai choisie s’est avérée plutôt gagnante: il vaut mieux être très mobile et bouger sans arrêt, mort ou vivant, pour rencontrer le plus de cibles possibles. Sniper de temps en temps peut être amusant, surtout assisté d’un spotter. Mais on est vite repéré et encerclé.

Le jeu en équipe est assez difficile à faire comprendre à des enfants de 11 ans. J’ai donc opté pour la stratégie du mouvement brownien : chacun court de son côté dans tous les sens et vise la couleur adverse… En fait, je n’en ai parlé à personne et la stratégie s’est mise en place toute seule 😉 Je reconnais qu’il y a eu un peu de confusion lors de la deuxième partie quand les équipes ont été modifiées et qu’un certain nombre d’entre nous ont changé de couleur: il a fallu comprendre qu’il fallait tirer sur une autre couleur que lors de la partie précédente, ce qui, dans un jeu où les tirs réflexes ont une priorité importante, a valu quelques tirs amis malencontreux.

Le décor est assez bien fait: la pièce est dans la pénombre, on se déplace dans un labyrinthe sans réelle possibilité de se cacher. L’une des parties s’est déroulée dans une pièce où se trouvait une voiture sans porte ni coffre ni toit. Les gones ont adoré! Il y a des tours permettant de se placer au dessus de la mêlée, mais l’on est vite repéré avec toutes les lumières que l’on a sur soi. 

J’ai beaucoup aimé les deux parties que j’ai faites. Un grand dadais de 49 ans qui court partout au milieu de neuf gones, ça ne passe pas vraiment inaperçu…

Un dernier détail: on joue à ce jeu comme on surfe sur internet, sous pseudonyme. Mon fils a choisi « Dark Vador ». En bon père, j’ai donc choisi « Luke »… La prochaine fois, je serai Muad’Dib, ou Ripley, ou T800, ou Dave.

A moins que pour ce « game of gones », je ne choisisse Jon Snow

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Source image: nowhereelse.fr

Trois tranches de mort

1ère tranche.

Je marche tranquillement vers mon petit restaurant de midi, quand tout à coup, j’entends un bruit métallique assez fort, assorti d’un cri du genre « haaaaaaaaaa ».

Je me retourne et assiste à la fin de glissade d’un motard précédé de sa moto. Je reste immobile de surprise, puis fait demi tour pour m’approcher de l’homme allongé sur la chaussée, en plein carrefour. Heureusement, il y a peu de véhicules qui circulent à ce moment là.

Son pantalon est déchiré, il saigne un peu à la jambe, son blouson est sérieusement rappé dans le dos. Il regarde sa moto couchée sur le flanc, et alors que je m’inquiète de ses blessures, toute son attention est tournée vers sa moto vers laquelle il rampe en disant: « Oh putain, ma bécane ».

J’arrive à l’aider à se relever et à aller s’asseoir sur le trottoir. Je lui pose quelques questions pour voir s’il est en état de raisonner un peu, mais lui me demande si je peux m’occuper de sa moto. Je retourne alors près de sa superbe Kawasaki de 240 kg que j’arrive péniblement à relever. Le carter du moteur est percé et une partie de l’huile est répandue sur le sol. Quelques protections sont rappées et un cale-pied est brisé, mais dans l’ensemble la moto semble réparable. Je la pousse difficilement jusqu’au trottoir.

Je garderai une douleur au dos pendant quelques jours et dans le poignet pendant deux mois.

Je discute un peu avec le motard, je lui conseille d’appeler son assurance : il appelle sa copine. Après quelques appels infructueux, il raccroche rageur : « Putain, ça sert à quoi qu’elle ait un portable si c’est pour pas répondre ! ». J’essaye de sauver son couple en suggérant qu’elle n’est peut-être pas joignable…

Je m’assure qu’il va bien, qu’il n’a plus besoin de moi et le laisse appeler une dépanneuse. La mort l’a raté de peu, mais toutes ses pensées sont pour sa « bécane ».

2ème tranche.

Je sors de l’école par une petite porte. Je jette un bref regard à droite pour ne bousculer personne et me dirige vers la gauche. Je marche quelques pas et m’arrête interloqué. Dans ma mémoire courte se trouve stockée l’image d’un homme allongé sur le sol. Je me retourne et aperçois une forme sur le sol : un homme gît par terre, ce n’est pas normal…

Je m’approche de lui et constate qu’il baigne dans une flaque d’eau. Il respire et est conscient mais ne répond pas à mes questions. Il sent fortement l’alcool.

Il fait froid, à peine quelques degrés. S’il reste immobile dans cette flaque d’eau, affaibli par l’alcool, il risque d’y passer vite fait. Je suis rejoins par une dame de l’immeuble d’en face qui a vu la scène : l’homme titubait, ce qui a attiré son attention depuis la fenêtre de sa cuisine. Elle l’a vu s’appuyer sur la balustrade près de l’école et basculer par dessus.

J’appelle le 112 sur mon téléphone portable et je décris la situation. Je réponds aux questions du régulateur et il me rassure rapidement : les secours sont en route. Effectivement, quelques minutes plus tard, l’ambulance des pompiers chante dans le lointain. Je les guide depuis le bord de la route à grand renfort de gestes.

Je les laisse faire leur travail : résultat, suspicion de fracture de la jambe. L’homme est embarqué avec précaution. Il aurait pu mourir seul dans cette flaque à l’abri des regards. Si cette femme ne l’avait pas vu. Si je ne l’avais pas vu. Détresse humaine.

3e tranche.

Ce soir, en rentrant du travail à vélo, je manque de tomber sur un scooter renversé dans un virage. Je m’arrête. Un homme a la jambe coincée sous le scooter. Je gare rapidement mon vélo et soulève le scooter pour dégager l’individu. Celui-ci reste allongé, le regard un peu vide. Je mets le scooter sur sa béquille et me penche sur l’homme pour lui parler. Il me regarde et tente de se relever. Je l’aide tout en me demandant s’il est en état de se lever. Je ne sais pas s’il est blessé. Une fois debout, il titube et retombe de tout son long sur le sol. Heureusement, son casque l’empêche de se faire mal.

Il est complètement ivre.

Je l’aide une deuxième fois à se relever et il arrive tout juste à tenir debout. Il veut remonter sur son scooter… Je lui conseille de ne pas essayer de conduire, mais il veut à tout prix rentrer chez lui en scooter. Quelques personnes s’arrêtent à notre hauteur et observent la scène. Je ne sais pas trop quoi faire.

Je décide d’enlever les clefs du scooter et de m’écarter un peu.

L’homme est un peu énervé, mais n’arrive pas à monter sur le scooter. Il a vu que j’avais enlevé les clefs et je continue à lui parler pour le dissuader de rouler dans cet état. « Je suis le diable », me dit-il. « J’ai fait de la prison », ajoute-t-il.

Qui suis-je pour juger une personne ? Ai-je le droit d’empêcher quelqu’un de faire ce qu’il lui plait ? Mon cerveau un peu fatigué réagit quand même correctement : il n’est pas question que cet homme mette sa vie en danger sur un scooter dans cet état, ni d’ailleurs celle des autres.

Un instant, je pense appeler la police pour qu’elle gère ce problème. Je réalise qu’il finira au poste en cellule de dégrisement et qu’il sera probablement verbalisé pour conduite en état d’ivresse. Je n’arrive pas à me résoudre à cette solution de facilité. Je dois pouvoir l’aider sans me défausser.

Je lui rends le trousseau de clefs après avoir ponctionné la clef du scooter et lui propose de le raccompagner à pied chez lui. Curieusement, il accepte aussitôt. Je gare mon vélo près de son scooter pendant qu’il range son casque et récupère ses papiers. Nous voilà parti tous les deux : lui titubant d’un bord à l’autre du trottoir, et moi avec mon casque de vélo sur la tête et mon gilet jaune bien voyant, à ses côtés. J’essaye de l’empêcher de traverser n’importe où, et de l’amener sain et sauf jusque chez lui. Nous marchons ainsi 1/2 heure…

D’un seul coup, il me regarde et me demande qui je suis, où est son scooter et pourquoi je l’accompagne… Il se met en colère, crie et me demande de le laisser. Je lui propose de s’asseoir sur un banc, mais il continue de m’insulter et s’éloigne en zigzagant.

Je le regarde s’éloigner sur le trottoir.

Je me rends compte à ce moment que j’ai laissé dans les sacoches de mon vélo tous mes papiers et mon portefeuille. Je jette un dernier coup d’œil à mon diable titubant. Il marche sur l’herbe vers un immeuble. Il ne court a priori aucun danger. Je cours jusqu’à mon vélo et vérifie que rien ne manque. Je range le scooter dans un coin en espérant que personne ne le vole et qu’il le retrouvera plus tard. J’enfourche mon vélo et retourne surveiller mon gars.

Je ne l’ai pas retrouvé.

J’espère qu’il est rentré correctement chez lui.

J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

Je me fais un sang d’encre et je trouve le monde injuste.

J’ai cette réponse en tête : « IL N’Y A PAS DE JUSTICE, IL N’Y A QUE MOI »

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Source image boumbang (dessin de Jean-Jacques Sempé)

La dernière phrase du billet est une citation de Terry Pratchett (La Mort dans Les Annales du Disque-Monde).

Réseaux de neurones 1

Depuis que je me suis mis en tête de reprendre mes travaux de recherches sur les réseaux de neurones (lire le billet « désir de vieux quadra« ), j’essaye de voir comment aborder cette question sur ce blog.

Je crois que je vais le faire de la manière la plus simple du monde: en mélangeant les billets avec les autres thèmes abordés ici, dans un joyeux chaos qui me correspond tellement bien.

Les lecteurs qui ne sont pas intéressés pourront rapidement zapper les billets qui seront intitulés « réseaux de neurones N », et ceux éventuellement intéressés pourront s’abonner au flux Rss (ou Atom) de la rubrique « Réseaux de neurones« .

Mais je vous préviens tout de suite, je n’ai aucune idée de où cela va mener, ni du temps que je pourrai y consacrer, ni même si j’arriverai à quelque chose. Ce que j’appelle ici « recherche » est un travail personnel que je souhaite partager sur ce blog. Vous y verrez certainement des défauts, des failles et des maladresses que je vous encourage à signaler.

Je rappelle enfin aux nouveaux lecteurs que ce blog est un blog personnel sans prétention mais pour lequel j’ai des principes d’indépendance.

Je suis allé regarder la page Wikipédia consacrée aux réseaux de neurones, et je la trouve très bien faite. Elle constitue une très bonne introduction à ce billet et je vous invite à aller l’étudier.

Les neurones biologiques peuvent être modélisés d’une manière très très simplifiée de la façon suivante:

– un neurone reçoit de l’information de la part d’un certain nombre d’autres neurones. Ces informations seront supposées être de nature principalement électrique. Je noterai ces informations Xi où i sera le numéro du neurone dans le réseau.

– toutes les liaisons entre neurones ne sont pas équivalentes en importance, il est donc judicieux de pondérer l’information électrique avec un coefficient associé à la liaison concernée. Ce coefficient sera noté Cij où i et j sont les numéros respectifs de deux neurones reliés l’un à l’autre dans le réseau.

– le neurone reçoit toutes les informations pondérées et en fait la somme (comme pour un potentiel électrique). Cette somme sera appelée « potentiel du neurone ». On le notera Vi.

– un neurone ne peut pas avoir une sortie Xi trop importante, sinon il va « griller ». Il faut donc limiter la valeur de Xi par le haut.

– inversement, un neurone ne génèrera un signal d’information Xi que si son potentiel Vi est suffisamment élevé. Il faut donc fixer un seuil d’activation (au dessous duquel le neurone restera inactif).

Toutes ces constations, issues plus ou moins d’observations sur les neurones biologiques, amènent à établir les relations suivantes:

Le potentiel Vi du neurone i = somme des produits ( Cij Xj ) où j parcourt l’ensemble des indices des neurones qui sont reliés au neurone numéro i, où Cij est le poids de la synapse reliant le neurone j au neurone i (on dit également coefficient synaptique) et où Xj est la sortie du neurone j.

La sortie Xi du neurone i = f ( Vi ) où f est une fonction de transformation du potentiel limitant la valeur de la sortie quand Vi est grand et permettant d’avoir une sortie Xi nulle si Vi est trop faible. Cette fonction est appelée fonction d’activation.

Soit, grace à la concision du langage mathématique, pour chaque neurone d’indice i :

où Pi est l’ensemble des indices des neurones envoyant leurs valeurs au neurone i

La fonction d’activation :

Comme indiqué précédemment, cette fonction a pour rôle d’introduire une non linéarité dans le réseau. Elle limite la valeur maximum de la sortie d’un neurone et reste nulle pour des potentiels trop faibles.

La fonction d’activation souvent utilisée est la fonction sigmoïde ou la tangente hyperbolique. Pour ma part, je choisis cette dernière car elle est centrée sur zéro, ce qui permettra d’amorcer plus facilement l’algorithme d’apprentissage, comme nous le verrons plus tard.

Fonction tangente hyperbolique – Image source Wikipédia

En préparant ce billet, je me suis demandé s’il n’était pas plus simple d’utiliser une fonction sinus pour les potentiels compris entre -pi/2 et +pi/2 et deux demi-droites horizontales à -1 et +1 pour le reste. Je n’ai jamais testé, mais cela me semble une idée intéressante pour abréger l’apprentissage (qui dépend des fonctions dérivées). On verra.

Pour simplifier le comportement du futur ensemble de neurones que l’on appellera « réseau de neurones », je fais l’hypothèse que tous les neurones utilisent la même fonction d’activation, ce qui me permet de retirer l’indice « i » sur le « f » des formules précédentes.

J’ai volontairement omis des formules précédentes le fait que les potentiels (et donc les sorties) des neurones vont varier au cours du temps. Vi et Xi sont donc des fonctions du temps. J’aurais du écrire Vi(t) et Xi(t). Mais comme je vais travailler dans un univers discrétisé, je préfère écrire Vi(n) et Xi(n).

Nous aurons donc comme modèle pour un neurone i à un instant n :

où Pi est l’ensemble des indices des neurones envoyant leurs valeurs au neurone i.

Un schéma est peut-être plus explicite :

Modèle de neurone

La mise en réseau :

Un réseau de neurones de ce type est un ensemble de neurones reliés les uns aux autres de façon à ce que l’information puisse circuler sans boucle pour que tous les potentiels soient calculables à un instant n.

En outre, afin de relier le réseau au monde extérieur, le réseau dispose de capteurs d’entrée qui seront considérés comme des sorties de neurones imposées par le monde extérieur.

Voici un exemple de réseau de 3 neurones avec deux entrées :

Le monde extérieur impose le comportement des neurones d’entrée E1 et E2.

J’ai choisi de mesurer les sorties des deux neurones X4 et X5.

La sortie du neurone numéro 3 est interne au réseau.

Tous les choix faits ici sont pour l’instant arbitraires (nombre d’entrées, nombre de neurones, architecture des connexions, sorties sélectionnées…).

Il est important de comprendre que les six coefficients Cij de ce réseau sont les inconnues à calculer si l’on souhaite que le réseau ait un comportement particulier pour un ensemble de stimuli imposés.

Nous verrons tous cela dans un autre billet.

Pour l’instant, j’ai beaucoup de choses à apprendre sur le langage Go que Stéphane Bortzmeyer m’a fait découvrir sur Twitter, et cela va me prendre beaucoup de temps… Ça parle de parallélisme, de passage de messages sur des canaux, toutes choses prometteuses pour mes futures simulations. Mais je ne dois pas oublier qu’il va aussi me falloir mettre en place mes routines d’optimisation favorites

Je me sens l’âme d’un étudiant (et j’aime ça ;-).

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Source image Megaportail

CA

Bonjour, je m’appelle Zythom, je suis caféinomane.

J’ai arrêté de boire du café depuis exactement quatre ans

Et ça va très bien bien bien.

(Tous ensemble) « Bonjour Zythom ! »

NDLR: nawak

Désolé…

Mariage pour moi

Il me semble possible d’écrire ici un billet d’opinion, sans que cela ne provoque l’ire de mes lecteurs habituels qui savent que ce blog est un blog personnel.

Depuis plusieurs mois, je vois passer des messages enflammés sur le sujet d’un projet de changement législatif sur le mariage civil. Bien que n’ayant pas étudié le futur texte législatif, j’ai ma propre opinion sur le sujet, et j’espère naturellement voir mon pays évoluer dans ce sens.

Tout d’abord, rappelons quelques données pour tenter d’éclairer un peu le terrain qui m’intéresse :

– d’après la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, « à partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution ».

– en France, la loi du 20 septembre 1792 instaure le mariage civil, enregistré en mairie. Le mariage civil devient alors la forme légale du mariage. Le mariage religieux, qui n’a pas de valeur légale, reste un choix individuel. Dans la majorité des cas, les deux cérémonies civile et religieuse sont effectuées. (source Assemblée Nationale)

– selon Wikipédia, et la rédaction de l’article me satisfait : « L’homosexualité est le désir, l’amour, l’attirance ou les relations sexuelles entre personnes de même sexe, selon une perspective comportementaliste ou empirique. C’est également un goût, une orientation sexuelle, selon une perspective psychologique ou sociologique. L’homosexualité fait partie de la sexualité humaine mais aussi animale.
Parmi les personnes ayant une part d’homosexualité, on établit des distinctions. Une femme lesbienne ou un homme gay est exclusivement attiré par une personne de même sexe. Un homme bisexuel ou une femme bisexuelle est aussi attiré par une personne de sexe opposé. Aujourd’hui, ces personnes sont parfois désignées sous les termes de communauté homosexuelle, ou LGBT (qui comprennent également les hommes trans et les femmes trans).
 »

Ce qui m’intéresse ici, ce sont des comportements sexuels différents du mien. Il existe des manière d’aimer très différentes de la mienne, qui me choquaient quand j’étais adolescent et sur lesquelles mon opinion a beaucoup évolué. Aujourd’hui, je trouve normal que deux femmes ou deux hommes puissent s’aimer et l’afficher au reste du monde.

Pour moi, le mariage (civil) représente la manière la plus simple de montrer à la communauté, et en particulier à l’État qui en codifie les règles, que l’on souhaite construire quelque chose ensemble dans la durée.

Je suis intimement persuadé qu’un couple est plus fort que la simple addition de ses forces. Il y a quelque chose de plus dans le travail en équipe qui permet d’être plus performant. A deux, on construit plus vite, plus haut, plus fort (Citius, Altius, Fortius).

Et par construction, j’entends aussi bien la réalisation d’un projet immobilier que l’éducation d’un ou plusieurs enfants. L’amour n’est pas comme un gâteau dont les parts diminuent en taille quand elles augmentent en nombre. On peut aimer autant un être, deux êtres, trois êtres et plus encore (j’ai trois enfants et une femme que j’aime immensément). Un couple de gai(e)s peut éduquer avec autant de réussite un ou plusieurs enfants qu’un couple de non gai(e)s. Je ne vois pas en quoi l’apprentissage et le développement des facultés physiques, psychiques et intellectuelles seraient liés à l’orientation sexuelle des professeurs.

Il y a bien une chose qu’un couple de personnes de même sexe ne peut pas faire en système fermé : la reproduction. Et alors ? C’est plutôt triste un couple infertile qui souhaite avoir des enfants. Il me semble d’ailleurs que pour aider ces couples, la société a eu l’idée de l’adoption et de la procréation médicalement assistée. Attention, je ne dis pas que tous ces concepts sont simples et ne posent pas des problèmes éthiques, technique et légaux. Je dis simplement que ces problèmes me paraissent indépendants de la pratique sexuelle des parents.

Il est d’ailleurs intéressant de regarder ce qui se passe ailleurs, parfois simplement chez nous, mais loin. Par exemple en Polynésie avec l’adoption FA’A’AMU. En Polynésie l’enfant est roi, et ses parents ont pour tradition, s’ils ne peuvent pas lui assurer un avenir serein, de le confier à la famille, à des amis. Lire à ce sujet ce billet très intéressant.

Non, vraiment, je ne vois pas au fond de moi une résistance à ce que les couples de gai(e)s puissent s’aimer, se marier, avoir des enfants, des petits-enfants, construire une famille, divorcer, se remarier…

En tant que père, je ne souhaite que le bonheur de mes enfants. Et en tant que conseiller municipal, j’accepterai avec grand plaisir de les marier à la personne de leur choix, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion. Ou le sexe.

Prochaine étape: le mariage des polyamoureux.

Citius, Altius, Fortius…

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Source image Blog de Laurel (avec son aimable autorisation)

Résolutions 2013

Presque chaque année, je fais un bilan des résolutions prises l’année précédente pour voir ce que j’ai réussi à tenir et ce qui a été, ma foi, un vœu pieu.

Je m’appuie donc sur mon billet de l’année dernière et commence par les résolutions 2011 non tenues et reportées sur 2012 :

– acquérir une paire de lunette vidéo 3D.

Toujours pas. J’attends chaque année avec impatience la sortie de cette IHM, sorte de Graal pour moi, à un prix raisonnable. Il y a bien quelque chose qui m’intéresse, mais encore trop cher pour me faire craquer. 2013 devrait être l’année de sortie des lunettes « Project Glass » de Google, et aussi celles de Microsoft, ce qui devrait booster un peu ce secteur. On verra bien !

– arriver à faire fonctionner cette $#%µ& régulation de chauffage au
boulot.

Ça y est, le chantier a démarré in extremis en novembre 2012 et devrait me permettre de garantir à tous les étudiants et au personnel des températures correctes pendant l’hiver, ainsi que l’été. Je pense que je ferai un billet complet sur la GTB, tant le sujet est passionnant.

– m’intéresser de plus près aux outils des Pentesters.

J’ai pu assister avec bonheur au SSTIC de Rennes et y apprendre une foultitude de choses. Mais c’est quand même un univers très complexe (mais passionnant). A renouveler si j’arrive à avoir une place.

– assister au moins une fois à une Berryer.

Je crois que je n’y arriverai pas: je ne me déplace pas assez souvent à Paris et à chaque annonce de conférences, je ne peux pas me libérer. Je crois que je vais retirer cette résolution et attendre que cela vienne tout seul, le hasard faisant bien les chose.

– postuler pour une inscription sur la liste de la Cour de Cassation.

J’ai commencé la constitution du dossier, mais j’ai bloqué en cours de rédaction. Je ne me sens pas prêt à intervenir au niveau national (si je suis accepté sur la liste) par manque de compétences, de moyens et de temps. Je ne suis pas sur d’avoir la carrure pour intervenir dans des dossiers de grande envergure.

– suivre plus de formations techniques, en particulier auprès des pentesters.

Il est difficile de mener à bien correctement plusieurs activités, et le développement de nouvelles compétences techniques est très chronophage. Sans compter que pour atteindre un niveau intéressant, il faut pratiquer, pratiquer et pratiquer sans cesse. Pour ne pas parler des compétences, je dirai donc que le temps me manque 😉

– mettre en place des enquêtes de satisfaction clients auprès des étudiants.

Curieusement, j’ai réussi ce point sans passer par la méthode que j’envisageais. J’assiste simplement à presque toutes les réunions de la vie associative de l’école où je collecte en direct les besoins des étudiants (les plus impliqués). C’est un moyen simple de « sentir » la satisfaction des principaux « clients » du service informatique et du service technique. Pour l’instant, ça marche assez bien.

– finir l’implantation de l’aire d’accueil des gens du voyage et les accueillir.

Encore raté, et toujours pour la même raison que l’année dernière: la commune voisine a fait un recours contre notre décision, au motif qu’elle trouve que l’implantation que l’on a choisie est trop proche de son territoire… Affaire à suivre, car j’ai hâte d’accueillir les premiers occupants.

Voici ensuite le bilan des résolutions pour 2012 :

– mettre à jour et étoffer l’offre de conférences sur l’expertise
judiciaire (et revoir mes tarifs 😉 que je propose aux lycées, aux
universités et aux grandes écoles.

J’ai participé avec bonheur à Rennes au SSTIC 2012 où j’ai pu rencontrer des personnes très intéressantes et des lecteurs du blog. J’ai également été contacté par plusieurs personnes pour venir parler de l’activité d’expert judiciaire (et de blogueur). Je peux dire que cette résolution 2012 a été réalisé au delà de mes espérances.

– passer (et rester!) sous la barre mythique des 25 pour mon IMC

 Malgré un suivi régulier et des efforts surhumains, cette résolution est un échec total. Pourtant, perdre 5 kg ne me semblait pas impossible. Je ferais mieux en 2013…

– apprendre à déléguer efficacement pour mettre en valeur mes collaborateurs et les faire progresser.

Le bon management est un art difficile. Je m’emploie chaque année à m’améliorer en la matière. J’ai de bons retours et quelques désillusions.

– maintenir avec plaisir le rythme de 4 à 5 billets par mois.

J’ai encore du plaisir à partager mes expériences, mes angoisses, mes peines et mes joies sur ce blog. J’ai écris 79 billets en 2012 (contre 50 en 2011 et 65 en 2010), soit presque 7 par mois.Je vais essayer de garder ce rythme pépère pour 2013.

– continuer à répondre présent aux magistrats qui me le demandent.

L’année 2012 a été une année avec très peu de dossiers confiés par les magistrats. Cela me laisse toujours un peu perplexe, car je ne sais jamais pourquoi je suis moins sollicité: est-ce parce que je donne moins satisfaction, parce que je tiens un blog, parce que j’ai écris au Président de la République, parce que l’État ne finance plus notre Justice ? Mystère. Mais à chaque fois qu’un magistrat me contacte, je réponds avec diligence et rend mon rapport rapidement. Enfin, j’essaye…

– manger un fruit par jour…

Là clairement, j’ai un problème. Je vais retenter cette année, mais je n’y crois pas beaucoup 😉

Et donc, voici la liste de mes résolutions pour 2013 :

1) Acquérir une paire de lunette vidéo 3D.

2) Passer (et rester!) sous la barre mythique des 25 pour mon IMC

3) Maintenir avec plaisir le rythme de 4 à 5 billets par mois.

4) Continuer à répondre présent aux magistrats qui me le demandent.

5) Manger un fruit par jour…

6) Préparer (cette fois) et participer aux 24 heures du Mans (vélo) 2013.

7) Participer à des randonnées d’aviron pour aider les points n°2 et 5.

8) Participer plus activement à la promotion des logiciels libres.

9) Continuer le vélo quotidien, l’aviron hebdo et reprendre la course à pied.

10) Sortir les tomes 4 et 5 du blog.

11) Mettre tous les tomes en version numérique gratuitement en ligne sur l’Apple Store, Google Play, Amazon et Windows store.

12) Ranger mon bureau, le garage, mon bureau pro et mon côté de la chambre.

13) Maîtriser parfaitement l’AR.Drone 2.0 que le « père » Noël » m’a offert parce que j’ai été très sage…

Bon, c’est une liste de bonnes résolutions, hein 😉

Rendez-vous dans un an pour voir.

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Source image Megaportail

 

Le morpion du jour des trois jours

Dans le cadre des rediffusions hivernales, le billet d’aujourd’hui a été publié le 22 juin 2009 et était le premier de ma rubrique « Service militaire« . J’ai été assez surpris du succès de cette rubrique, surtout auprès des plus jeunes de mes lecteurs, si j’en juge par les commentaires. Bonne (re)lecture 😉

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J’ai conscience que beaucoup de lecteurs de ce blog viennent pour y lire
des anecdotes sur le monde de l’expertise judiciaire. C’est mal connaitre l' »esprit » de ce blog: j’y confie tout ce qui me passe par la
tête ou presque et entre autre chose des anecdotes pour ma famille et
mes amis. J’ai décidé d’inaugurer une nouvelle rubrique dans la
catégorie « privée »: des anecdotes sur mon service militaire. A petite
dose.

Je n’ai jamais vraiment aimé l’armée, mais j’ai toujours trouvé qu’elle
représentait un mal nécessaire, un passage obligatoire qu’il fallait
prendre du meilleur côté possible. Évidemment, maintenant que le service
militaire n’est plus obligatoire, cela fait un peu « vieux papi ». Mais
il fut un temps pas si lointain où pour tous les garçons qui
atteignaient 18 ans, la question militaire devenait incontournable.

Les trois jours

Dans mon lycée, les pires légendes couraient sur ces fameux trois jours
de casernement: les lits étaient sales, les douches collectives
malodorantes, il fallait se lever à cinq heures du matin pour passer son
temps à attendre…

Déjà, la plupart du temps, les trois jours n’en duraient qu’un seul. En
tout cas, ce fut le cas de tout ceux qui m’accompagnaient. Arrivés le
matin, nous avons commencé par des tests de logique: une heure à cocher
des cases en courant contre la montre. Mes amis redoublant m’avaient
prévenu: tu ne finiras pas le questionnaire. Il faut essayer de répondre
juste au maximum de questions.

On nous a fait ensuite patienter une heure le temps pour les appelés de procéder à la correction.

Munis de nos résultats, nous voici en train de poursuivre le parcours fléché vers étape suivante: la visite médicale.

Je ne suis pas quelqu’un qui fait les premiers pas quand je ne connais
personne. J’étais donc un peu isolé parmi la dizaine de petits groupes
qui s’étaient formés alentour. Un gars plutôt rondouillard s’approche de
moi et me demande si je sais où il faut aller pour la suite. Je lui
réponds qu’il suffit de suivre les énormes flèches et de lire les
indications. Pas rassuré pour autant, il me demande la note que j’ai
obtenu aux tests. Je lui réponds discrètement: j’ai eu 20. Il me regarde
avec des yeux tous ronds: quoi! A ben ça alors. Moi j’ai eu 7 et
j’aurais voulu travailler comme cuisinier. Ils m’ont dit qu’il fallait
avoir au moins 10 pour s’engager.

Je compatis avec lui. Il me suivra toute la journée, se méfiant des
flèches et des indications, préférant suivre mon 20 plutôt que son bon
sens à lui. Je ne sais s’il a eu raison.

La visite médicale est un grand classique. Nous voici dix alignés face à
un mur sur lequel sont accrochés dix urinoirs. Au commandement, nous
avançons avec notre flacon de verre vide pour le remplir. Quelques
minutes ensuite, nous nous reculons avec notre verre de liquide chaud à
la main. Sauf mon camarade d’infortune qui, tout rouge, annonce d’une
petite voix qu’il n’a plus envie, ayant cédé à un besoin naturel
quelques instants avant la visite médicale. L’appelé de service lui
explique qu’il doit pouvoir fournir quelques gouttes en se forçant un
peu… Ce qu’il fera avec grandes difficultés et moultes soupirs.

Puis vient l’examen de l’acuité visuelle. Nous sommes en file indienne.
Je suis juste derrière mon camarade cuisinier. Lorsque le médecin lui
demande de se cacher l’œil droit, je le vois mettre sa main sur l’œil
droit et appuyer fortement dessus tout en lisant les lignes de
caractères. Quand le médecin lui demande de faire la même chose avec
l’autre œil, son œil droit était devenu incapable de lire quoi que ce
soit… Le médecin haussa les épaules et cria: suivant! Je pris bien
garde à placer ma main devant mon œil. On apprend toujours des erreurs
d’autrui.

Tous les futurs appelés ayant eu au dessus de 15 aux tests de logique
devaient passer un autre test que j’attendais avec impatience: le test
de morse. Nous allions passer une heure à nous entrainer à apprendre à
reconnaitre trois lettres, I N et T[*].
L’entrainement consistait à suivre les indications fournies dans les
hauts parleurs par une bande magnétique. Chaque époque a ses NTICE.
Passé l’heure d’entrainement, l’épreuve proprement dite commençait. Mes
amis m’avaient prévenu: la grille des réponses comportait des groupes de
cinq lettres à remplir. Les hauts parleurs allaient passer les sons
morses à un rythme initial très lent, puis accélérer sensiblement
jusqu’à soutenir un rythme tellement rapide qu’il était impossible pour
un débutant de le soutenir. Le truc consistait alors à sauter les
groupes de cinq lettres non reconnues et d’essayer de grappiller des
points en saisissant au vol quelques groupes de lettres. Résultat: 20 🙂

C’est probablement pour cela que j’ai ensuite effectué mon mois de
classes dans les transmissions. Cela ne peut pas être un hasard…

PS: Je n’ai jamais su ce qu’était devenu mon camarade morpion du jour
des trois jours. S’il me lit ici, qu’il sache que si j’avais l’air sur
de moi, j’étais également un peu perdu. J’espère qu’il a trouvé le
bonheur qu’il méritait.

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[*] INT, c’était également le nom d’une grande école d’ingénieurs: l’Institut National des Télécommunications. Un hasard??

Les mots d’après l’oeil

Dans le cadre des rediffusions hivernales, le billet d’aujourd’hui a été publié le 29 avril 2009, sous l’intitulé « Plasticité synaptique », le titre étant d’ailleurs un clin d’œil à mon autre moi qui travaillait sur sa thèse sur les réseaux de neurones… Je suis encore aujourd’hui tiraillé par ce problème de réforme de ce que j’ai appris étant jeune. Ce n’est pas un bon signe. Pas plus d’ailleurs le fait que Blogger ne gère toujours pas mieux l’espace insécable.

Le titre de cette re-publication est extrait d’une citation d’Ambrose Bierce: « L’orthographe est une science qui consiste à écrire les mots d’après l’œil et non d’après l’oreille. »

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Travailler dans le domaine informatique demande un effort particulier
d’apprentissage permanent. Les technologies évoluent vite, ce que vous
teniez pour acquis une année devient obsolète l’année suivante, etc.

C’est particulièrement flagrant quand je retravaille mon cours
d’introduction à l’informatique, notamment la partie où j’insiste
lourdement sur les ordres de grandeur, comme par exemple les
caractéristiques d’un PC d’aujourd’hui.

Les méthodes informatiques évoluent, les langages informatiques
« nouvelle génération » poussent les anciens, pourtant toujours en
activité (et souvent pour longtemps).

Celui qui travaille dans ce domaine, qu’il soit développeur,
journaliste, chercheur ou expert, DOIT être une personne capable de
faire évoluer ses connaissances et ses gouts.

Mais cette souplesse doit pouvoir être mise à profit dans tous les domaines et parfois avec un effort que je ne soupçonnais pas.

S’il m’est facile d’écouter de la musique avec mes enfants, d’en
apprécier la découverte et de voir mes gouts continuer à s’élargir
malgré mon statut de « vieux » auprès des moins de 20 ans, il m’est plus
difficile d’évoluer dans le domaine de l’orthographe.

Et pourtant, avec ce blog, j’ai pris la décision depuis plusieurs mois, d’essayer d’appliquer la réforme orthographique de 1990. Celle-ci fait référence dans l’Éducation Nationale depuis l’été 2008: sources

ICI page 37 dans la marge « L’orthographe révisée est la référence. » et

LA page 2 « Pour
l’enseignement de la langue française, le professeur tient compte des
rectifications de l’orthographe proposées par le Rapport du Conseil
supérieur de la langue française, approuvées par l’Académie française
« .

Et c’est difficile.

Autant j’ai réussi à me débarrasser des accents circonflexes qui ont disparu d’à peu près tous les « i » et les « u »:

on écrit désormais mu (comme déjà su,
tu, vu, lu), plait (comme déjà tait, fait), piqure, surpiqure (comme
déjà morsure) traine, traitre, et leurs dérivés (comme déjà gaine,
haine, faine), et ambigument, assidument, congrument, continument,
crument, dument, goulument, incongrument, indument, nument (comme déjà
absolument, éperdument, ingénument, résolument).

« Cher Maître » devient donc « Cher Maitre »…

Autant également, je ne m’en sors pas trop mal avec les singuliers et
les pluriels des mots empruntés (ils ont un singulier et un pluriel
maintenant réguliers): un scénario, des scénarios; un jazzman, des
jazzmans; un maximum, des maximums; un média, des médias, etc. On
choisit comme forme du singulier la forme la plus fréquente, même s’il
s’agit d’un pluriel dans l’autre langue. (Exception cependant, comme il
est normal en français, les mots terminés par s, x et z restent
invariables (exemples: un boss, des boss; un kibboutz, des kibboutz; un
box, des box).

Mais j’ai plus de mal avec les traits d’union dans les nombres. On doit
en effet écrire maintenant « elle a vingt-quatre ans, cet ouvrage date de
l’année quatre-vingt-neuf, elle a cent-deux ans, cette maison a
deux-cents ans, il lit les pages cent-trente-deux et
deux-cent-soixante-et-onze, l’état lui doit
sept-cent-mille-trois-cent-vingt-et-un euros. »

Et j’ai beaucoup de mal avec le participe passé du verbe « laisser » suivi
d’un infinitif qui est rendu invariable: on doit écrire maintenant
« elle s’est laissé mourir; elle s’est laissé séduire; je les ai laissé partir; la maison qu’elle a laissé saccager. »

Mais s’il y a un truc sur lequel je ne cèderai pas, c’est (sur ce blog)
sur l’absence d’espace devant les signes « : » « ; » « ! » et « ? ». Je ne
supporte pas que la mise en page automatique du navigateur poussent ces
caractères à l’orphelinat en début de ligne. Et ne me parlez pas du
caractère « espace insécable », l’éditeur de ce blog l’élimine lors d’une
réédition de billet.

Et puis, considérez cela comme ma signature personnelle (dixit un expert judiciaire dans un débat sur mon identité réelle^^).

Alors, lorsque vous trouvez une faute sur ce blog, il s’agit soit d’une
modification de la réforme de 1990 que vous ne connaissez pas, soit
d’une faute de frappe, soit d’une faute volontaire, soit d’un manque de
plasticité synaptique de ma part.

Maintenant, je peux aussi militer pour le retour à l’écriture d’avant la réforme de 1835: Ma foi, je connois le françois & les savans, les dents de mes parens, &c.

Non mais.

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Source photo Megaportail

Trève de Noël

Comme beaucoup d’entre vous, je vais passer quelques jours en famille pour les fêtes de Noël et de Nouvel An. Je vous souhaite à tous un Joyeux Noël et aussi de passer de bonnes fêtes (en famille ou avec des amis).

Tout à ma préparation du tome 4 des billets de ce blog, je délaisse un peu la création de nouveaux billets.
Du coup, comme cet été, je vous ai programmé
quelques billets qui sont des rediffusions d’anciens billets du blog
auxquels je souhaite donner une seconde chance, en général parce qu’ils
ont une place particulière dans mon cœur. Pour repérer rapidement ces
rediffusions, je commencerai toujours les billets par « Dans le cadre des
rediffusions hivernales » 😉

Felix dies Nativitatis