Quitter ou pas un réseau social

L’utilisation d’un réseau social est très variée d’une personne à une autre. Certains animent avec ferveur une communauté de personnes, d’autres expriment des opinions avec l’espoir qu’elles soient lues, d’autres encore échangent au sein de conversations récurrentes plutôt amicales. Il y a ceux qui font une veille sur des sujets précis, ou sur l’actualité en général.

Il y a les « gros » comptes qui entraînent derrière eux des lecteurs plus ou moins passionnés, il y a les petits comptes qui se taisent ou publient très peu. Il y a les fermes à trolls qui cherchent à manipuler les opinions, il y a la propagande, les fake news, la communication officielle, les comptes parodiques…

Twitter/X a profondément changé depuis son rachat par Elon Musk, ce qui entraîne des migrations de comptes (par vagues) vers les autres réseaux sociaux du moment : Mastodon, Bluesky, Thread, mais aussi Nost ou Scuttlebutt.

J’ai beaucoup publié sur Twitter, délaissant mon blog au profit de ce que l’on appelait alors le « micro blogging », et j’y ai rencontré IRL des personnes très intéressantes. Mais la vie a fait que je me suis progressivement désintéressé de ces échanges, et ma production sur les réseaux sociaux a drastiquement chuté (sans revenir pour autant à l’écriture de nombreux billets sur ce blog).

Je fais partie maintenant des utilisateurs plutôt silencieux, qui ne publient sur les réseaux sociaux que quand ils ont quelques choses à dire, un nouveau billet de blog à annoncer ou une envie de partager une blague ou une micro anecdote. Je ne recherche pas l’influence, ni le buzz, ni la renommé, ni ne fait business des gens qui me suivent.

Mon usage des réseaux sociaux est plutôt prudent et réservé : je sais les dégâts que peuvent faire sur une personne un bad buzz ou une avalanche de réactions haineuses. Je supprime très régulièrement mes anciens messages car ils n’ont souvent de sens que dans un contexte très précis, et mes opinions peuvent changer.

Les personnes qui me suivent m’envoient parfois un petit message d’encouragement, et il m’arrive encore de prendre un verre ou un repas avec des internautes. Je ne fais pas de différence s’ils viennent du blog, de Twitter/X, de Mastodon ou de Bluesky. Seuls la qualité de nos échanges m’importent.

C’est la raison pour laquelle je ne ferme pas (en général) les comptes que j’ai ouverts sur les réseaux sociaux. J’annonce plutôt publiquement dans la bio un « .forward » pour dire sur quel réseau je suis plus souvent.

Il y a un petit côté dérisoire et narcissique à vouloir clamer avec fracas à la face du monde que l’on quitte un lieu. Cela me rappelle trop les messages grandiloquents que l’on trouve sur les pierres tombales, parfois jusqu’à éclipser toute la vie du personnage.

Simplifications techniques

Je suis curieux par nature, et par construction, aussi j’aime apprendre et comprendre des domaines qui ne sont pas de ma compétence métier première. C’est le cas de la gestion technique d’un réseau informatique. Au fil des années, la maîtrise d’un réseau informatique est devenue de plus en plus complexe, au point que les admin réseaux sont maintenant des experts indispensables à la mise au point, au fonctionnement, à l’entretien et à la sécurité d’un réseau informatique. Et je ne suis pas admin réseaux…

Je ne pouvais donc pas continuer à empiler des technologies dans mon réseau informatique personnel, et j’ai donc décidé de faire un grand nettoyage concernant son fonctionnement. C’est ce que je vais décrire sommairement ici, si cela peut aider un internaute à avoir une idée de ce dans quoi il s’embarque quand on touche aux réseaux.

Je ne suis pas certifié CISCO, ni HP, ni par aucun constructeur, mais j’ai apprécié le fonctionnement professionnel d’un bon nombre de leurs équipements, malgré le niveau de bruit des ventilateurs et la chauffe des composants. Je me suis tourné vers un constructeur d’équipement semi pro, avec une interface clicodrome qui me simplifie la vie. J’ai supprimé tous mes équipements réseaux hétérogènes (enfin presque).

Mes équipements réseaux sont tous de la marque Ubiquiti (ce billet n’est pas sponsorisé) : j’ai un cœur de réseau UDM Pro et quatre bornes Wifi UAP AC Pro. Le réseau filaire est de catégorie 5E en attendant de le remplacer par de la fibre optique, et pour m’éviter d’ajouter des câbles qui manquent parfois dans un coin de la maison, j’ajoute des petits switchs ER-X qui font le job silencieusement à un prix mini.

Les équipements filaires propagent 7 VLAN : Hébergement, Management, Bureau professionnel, Maison, IoT, Guest et FreePlayer. Les 4 derniers réseaux sont également propagés sur des réseaux Wifi associés.

La box de l’opérateur Free est en amont de l’UDM Pro que j’ai placé dans la DMZ de la box.

L’hébergement de ce blog est porté par une machine virtuelle Debian avec WordPress au sein d’un NAS Synology équipé de Virtual Machine Manager, et situé dans le réseau intitulé « Hébergement ». Ce réseau contient également une VM Debian avec mon serveur de flux RSS FreshRSS autohébergé.

Tous les réseaux sont étanches, avec des règles de firewall inspirées de cet excellent billet de Mikaël Guillerm. Pour l’anecdote, le réseau intitulé FreePlayer me permet de faire fonctionner correctement la télévision branchée dessus, en passant par un réseau Wifi dédié. En analysant les trames du FreePlayer, et en lisant un certain nombres d’articles sur le sujet, j’ai choisi un VLAN 100 avec un réseau IPv4 en 192.168.27.0/24 et un réseau IPv6 en mode SLAAC.

Plusieurs services sont accessibles depuis l’extérieur : ce blog, un serveur VPN Wireguard et un serveur VPN de secours OpenVPN. Ces trois services m’ont donné beaucoup de soucis car très attaqués. J’ai donc là aussi choisi la facilité : j’ai ouvert un compte gratuit chez Cloudflare et seules les adresses IP Cloudflare sont autorisées pour l’accès à ce blog. Pour le serveur VPN Wireguard, il est proposé nativement par l’UDM Pro et semble bien protégé. Pour le serveur OpenVPN du NAS Synology, je n’ai autorisé que les adresses IP françaises. Le monitoring de ces services est fait par UptimeRobot sur lequel j’ai ouvert un compte gratuit. J’ai un peu pesté contre Synology dont le parefeu ne permet pas d’autoriser la liste des adresses IP des sondes UptimeRobot sans bidouille.

Le réseau professionnel me sert pour le télétravail, pour ma machine de minage / cassage de mots de passe, et pour tous les tests que je peux faire sur mon Proxmox et sur mon poste d’attaque Kali.

J’ai encore mon NAS DIY basé sur un petit cube MicroServer Gen 8 HP sous OpenMediaVault pour mes sauvegardes dont je parlais ici en 2016. mais dans la simplification des technologies que je mène, j’ai acheté un espace « à vie » de 2To chez pcloud qui double mes sauvegardes distantes que je fais sur mon vieux Synology que j’ai placé dans ma coquette studette parisienne. L’application pcloud a simplifié également les transferts de photos entre nos différents téléphones.

J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, en particulier sur IPv6 qui n’est autorisé chez moi pour l’instant que sur un seul réseau filaire. Bien sûr, le parefeu IPv6 de la Freebox est activé, ainsi que celui de l’UDM Pro. Je lis aussi avec attention les articles de Stéphane Bortzmeyer sur DNSSEC, mais j’avoue que je suis encore très tâtonnant sur le sujet. Les équipements et les ordinateurs de la maison utilisent les DNS sécurisés de Quad9, sauf ma machine perso qui héberge son propre serveur DNS non censuré.

Le plus dur reste à faire : ranger mon bureau, et jeter les câbles BNC et leurs bouchons de terminaison…

Le grand-père

J’ai trois enfants, deux filles et un garçon, et à chaque fois que l’un d’entre eux approchait de la puberté, j’ai abordé avec eux le problème d’être prématurément parent. Autant dire que les discussions étaient particulièrement délicates, surtout que j’abordais la question à table lorsque nous étions tous les cinq réunis…

Il n’est pas facile pour moi d’aborder la question de la sexualité avec mes enfants. Je vois tellement leurs réticences à en parler, surtout avec leur daron. Et puis, je suis sans doute plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral, surtout sur ces sujets très sensibles. Pour autant, je n’ai pas essayé d’y échapper et je pense avoir fait ma part, en abordant certains sujets de mon propre fait, et en laissant à mes enfants la liberté de me questionner (ce qu’ils n’ont jamais fait, cela doit être un mauvais signe…).

L’idée était de désacraliser le problème, d’éviter un isolement en cas de grossesse non désirée, et de montrer à mes enfants que je serai toujours à leurs côtés.

J’ai donc évoqué très subtilement la question de manière parfaitement indirecte : j’ai prononcé, à table, avec un ton parfaitement sérieux, une phrase parfaitement sortie de nulle part : je suis prêt à être grand-père.

Il est faible de dire que l’effet escompté n’a jamais été celui que j’attendais. Et j’ai malgré tout récidivé deux autres fois, toujours de la même manière. Je vous laisse imaginer les yeux au ciel, les réactions outrées, voire les réflexions du type « encore une blague-de-père » (chez nous, les blagues-de-père sont des blagues que je fais et qui me font beaucoup rire, mais qui ne font rire que moi. Je pense que mon humour est incompris, vous pouvez relire ce billet pour vous en convaincre). Toujours est-il que j’étais persuadé que cela semait dans leur tête l’idée que je serai toujours à leur côté « au cas où ».

Le temps est passé, leur adolescence s’est envolée, et malgré toute ma maladresse, j’espère qu’ils m’ont pardonné et admis que j’ai fait de mon mieux : j’ai essayé de leur donner un cadre tout en leur laissant des libertés, de les laisser vivre leurs expériences tout en étant attentif… L’atrocité des images et films que j’ai eu à analyser dans le cadre de mes expertises judiciaires n’a jamais pris le pas sur la soif de liberté que je voulais leur transmettre (ni sur leur vie privée).

Et puis, est arrivé ce qui devait arriver : depuis ce samedi 10 février 2024, je suis l’heureux grand-père d’une magnifique petite fille 🙂 )

Plus de quinze ans que je me prépare à ce moment ! Alors même que ma fille ouvrait son blog avant moi ! Me voici donc grand-père depuis quelques jours, mais au courant quand même depuis de nombreux mois, j’ai donc eu la possibilité de me préparer correctement sur le sujet le plus IMPORTANT : comment ma petite fille allait-elle m’appeler ?

Il y a plusieurs courants de pensées sur ce sujet vital : certains se font appeler « papy », d’autres plutôt Papito, Grand’pa, Pépère, Pito, Papichou, Daddy, Papili, Bon pap’s, Papidou, Babou, Babouchka, Bon Papa, Dada, Grand-père, Gronpère, Opa, Païli, Palou, Papé, Papepa, Papick, Papilou, Papilux, ,Papinou, Papiro, Papito, Papo, Papou, Papoum, Papounet, Payou, Pépé, Pépoune, Pitou, Popy, Pypa…

J’ai opté pour une voie alternative : Papy + un caractère alphanumérique à choisir parmi {la 1ère lettre de mon prénom, un caractère spécial, un chiffre}. Je n’en dirai pas plus.

Il me restait à choisir de même un pseudo à utiliser à l’occasion sur mon blog, et ce sera… PapyZ (à prononcer comme les conteneurs chiffrés Papy-Zed! 🙂

Enfin grand-père ! J’ai tellement de choses à lui raconter : Tu sais que PapyZ est né juste après le perceptron et qu’il a mis au point les premiers algorithmes d’apprentissage supervisés pour les réseaux de neurones récurrents, bien avant l’arrivée de l’IA générale qui nous gouverne tous aujourd’hui.

Elle va adorer.

Source https://deepai.org/machine-learning-model/cyberpunk-generator

Toujours là

Source Mark Jenkins

Je voulais remercier les internautes qui m’ont adressé des messages de soutien suite à mon dernier billet, ainsi qu’à un président de compagnie pluridisciplinaire d’experts de justice qui m’a adressé un message très positif en rapport avec ce blog.

La reconstruction mentale qui suit un épuisement professionnel est longue et semée d’embûches, car le cerveau est plein de surprises, à la fois positives et négatives.

J’ai encore pas mal de chose à raconter sur ce blog, mais je le ferai tranquillement, à mon rythme, car je n’ai rien à vendre ni aucune gloire à en retirer, seulement un besoin de partage, et, en vérité, un besoin d’écrire mes histoires pour évacuer et laisser une (petite) trace à mes enfants et leurs descendants.

Je profite de ce billet pour vous souhaiter à tous une bonne année 2024 : qu’elle soit meilleure que 2023 et moins bonne que 2025 \o/

Stay tuned

L’incendie intérieur

J’ai étudié le fonctionnement du cerveau humain lorsque j’ai travaillé avec des neurologues et des éducateurs de jeunes enfants, pendant ma thèse sur les réseaux de neurones formels. Cela me passionnait et la complexité du cerveau humain me fascine toujours, surtout quand il s’agit du fonctionnement de mon propre cerveau. Je suis d’ailleurs un adepte de l’introspection.

L’introspection (du latin « introspectus ») désigne l’activité mentale que l’on peut décrire métaphoriquement comme l’acte de « regarder à l’intérieur » de soi, par une forme d’attention portée à ses propres sensations, états ou pensées.
Il s’agit en psychologie de la connaissance intérieure que nous avons de nos perceptions, actions, émotions, connaissances, différente en ce sens de celle que pourrait avoir un spectateur extérieur.
Source Wikipédia

Hélas, l’introspection a ses limites, car comme l’a si bien écrit Auguste Comte : « On ne peut pas se mettre à la fenêtre pour se regarder passer dans la rue« . Et j’en ai fait l’amère expérience.

Remontons un peu dans le temps, de quelques mois. En tant que responsable de la cybersécurité, je dois mener à bien dans mon entreprise beaucoup de projets de sécurité informatique, et ces projets m’amènent à travailler avec beaucoup de personnes. Comme dans toutes les entreprises, cela se passe parfois bien, et parfois moins bien : je me heurte à des résistances ou des comportements hostiles.

Rien de neuf sous le soleil, mais cette fois j’ai eu à gérer un comportement très hostile qui m’a demandé beaucoup d’énergie. Sans entrer dans des détails inutiles, je me suis attaché à remplir mes missions et à garder une attitude professionnelle, mais la collaboration se passait très mal. J’ai changé mes méthodes, mes analyses, mes outils, mes arguments. Je me suis remis en cause, j’ai travaillé plus, et plus longtemps. Et, sans vraiment m’en rendre compte, je me suis mis à tourner comme un hamster dans sa cage : beaucoup d’énergie dépensée pour peu de résultats.

Ma hiérarchie demande des résultats, et c’est bien normal puisqu’en échange je touche un salaire avec une partie liée à des objectifs. Donc, moins j’avais de résultats, plus je déployais d’efforts, d’analyses, de stratégies, de techniques de contournement, pour arriver à avancer sur mes projets. Petit à petit, la pression augmentait. J’essayais de remettre en cause mes compétences, mes connaissances, mon savoir-faire, mon savoir-être, mais rien n’y faisait.

Mon regard introspectif et ma logique d’analyse de mes propres sensations ne me donnaient aucun indice sur ce qui était en train de se passer dans mon cerveau : une petite voix intérieure me soufflait de stopper cette spirale infernale d’épuisement mental.

Quand j’écris « petite voix intérieure », le lecteur que je suis (comme vous, je lis ce texte, je suis même le premier à le lire), le lecteur que je suis, donc, imagine quelqu’un qui parle à voix basse, comme une sorte de diablotin/ange posé sur l’épaule. Mais ce n’est pas cela du tout : la partie consciente de mon cerveau, celle qui tient les commandes, est seule à la manœuvre.

la conscience serait un phénomène mental caractérisé par un ensemble d’éléments plus ou moins intenses et présents selon les moments : un certain sentiment d’unité lors de la perception par l’esprit ou par les sens (identité du soi), le sentiment qu’il y a un arrière-plan en nous qui « voit », un phénomène plutôt passif et global contrairement aux activités purement intellectuelles de l’esprit, actives et localisées, et qui sont liées à l’action (par exemple la projection, l’anticipation, l’histoire, le temps, les concepts…).
Extrait de la page « conscience » de Wikipedia

La conscience s’appuie sur un ensemble complexe de circuits neuronaux qui s’organisent en réseaux pour traiter les entrées sensorielles, les relayer jusqu’au cortex, puis les traduire en sorties comportementales ou psychiques. La variété des comportements nécessite que certains réseaux soient sélectionnés en fonction des différents types de situations vécues. Cette sélection est réalisée par les neurones dits modulateurs, qui libèrent de la sérotonine, de la noradrénaline ou de la dopamine.

La conjonction de plusieurs disciplines – l’anatomie, la neurobiologie comportementale et la neuropharmacologie – a permis de définir une entité dénommée « circuit de la récompense », constituée de structures cérébrales en interrelation (noyau accumbens, septum, amygdale, hippocampe, cortex préfrontal), elles-mêmes sous la dépendance des afférences dopaminergiques venant de l’aire tegmentale ventrale.
Le cortex préfrontal est impliqué dans la motivation et la focalisation de l’attention, l’amygdale est considérée comme étant le centre des émotions, et l’hippocampe serait le régulateur de la mémoire. Quant au noyau accumbens, il jouerait un rôle d’interface entre les émotions et les sorties motrices. Toutes ces structures se projettent sur l’hypothalamus, qui régule les fonctions neurovégétatives de l’organisme, c’est-à-dire les fonctions vitales telles que le rythme cardiaque ou la régulation thermique, des fonctions métaboliques comme la faim et la soif, et également la reproduction. L’aire tegmentale ventrale, enfin, reçoit les informations de plusieurs régions cérébrales, dont l’hypothalamus, et transmet ses ordres au noyau accumbens et au reste du circuit de la récompense en modifiant la libération de dopamine
Source « Le circuit de la récompense » de Jean-Pol Tassin

Un stress intense peut briser le circuit de la récompense en modifiant la libération de dopamine.

Non seulement j’étais de plus en plus déprimé en quittant mon travail, mais j’y allais de plus en plus « avec la boule au ventre ». Plus le temps passait, plus le fonctionnement « normal » de mon cerveau se dégradait et j’en étais le spectateur inconscient. La dopamine est indispensable à la survie de l’individu car elle joue un rôle dans la motivation. Ma « petite voix intérieure » me soufflait de plus en plus fort de tout arrêter PAR TOUS LES MOYENS et mon angoisse se transformait en pensées sombres.

Je me mettais à transpirer abondamment en pleine réunion, ou à balbutier en pleine intervention, comme une crise de panique sans raison. Je dormais beaucoup mais mal, je me réveillais au milieu de la nuit sans pouvoir me rendormir. J’étais tout le temps fatigué.

Les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte.
Herbert J. Freudenberger, psychologue et psychothérapeute américain

Vous l’avez compris, j’ai été victime d’un épuisement professionnel (je vous invite à lire cette page très intéressante de Wikipédia car elle décrit beaucoup d’autres situations très différentes de la mienne).

Bref, j’ai fait un « burn-out« .

Si j’ai décidé d’écrire ce billet, c’est parce que je m’en suis sorti grâce à deux RSSI qui ont osé briser le tabou du silence et témoigner lors d’une conférence à laquelle j’ai assisté. Je n’oserai sans doute pas faire de même car j’ai encore du mal à en parler, mais j’ai la chance d’avoir ce blog qui me sert de thérapie.

Je m’en suis sorti grâce au soutien de Mme Zythom qui a su m’entourer de son amour sans me juger ni me donner les conseils bateaux du type « non mais ça va aller » ou « il y a plus à plaindre que toi ». Le burn-out est un incendie intérieur ne laissant qu’un vide immense.

Je m’en suis sorti grâce à l’intervention de mon nouveau chef qui a su reconnaître ma situation d’épuisement et prendre les bonnes décisions de soutien.

Ce qui est sûr, c’est que je ne m’en suis pas sorti grâce à mon cerveau.

60 ans

C’est aujourd’hui mon anniversaire, et j’ai parcouru 56.4 milliards de km autour du soleil. Enfin, plus que ça, car c’est la distance qu’a parcourue le centre de gravité de notre planète, que j’en suis éloigné d’environ 6570 km et que je tourne autour en 24h (environ). Ma trajectoire autour du soleil est donc une courbe un peu bizarre, et si en plus je compte les (petits) déplacements que je fais sur la surface de la Terre, bah, on n’est pas rendu. De toutes façons, ma trajectoire autour du soleil n’a pas de longueur définie, si l’on prend en compte le paradoxe du littoral. En plus, le soleil se déplace, donc la trajectoire du centre de la Terre n’est pas vraiment une ellipse dans le référentiel galiléen galactique.

Je m’égare un peu parce que, parce que… parce que 60 ans quoi.

Bon, si je suis optimiste et que je me réfère à notre Jeanne Calment nationale, je ne suis pas encore tout à fait à la moitié de mon parcours.

Si en revanche, je regarde du côté des statistiques avec l’outil interactif de l’INSEE, il me reste environ 26 années d’espérance de vie (je suis un privilégié, même si l’outil de l’INSEE ne prend pas en compte la profession de RSSI).

A 10 ans, j’étais un enfant avec la tête dans les étoiles.
A 20 ans, j’étais un jeune homme avec l’avenir devant lui.
A 30 ans, j’étais un jeune marié avec un avenir à construire à 2, puis à 3, à 4 et à 5.
A 40 ans, j’étais une machine de guerre hyperactive sur tous les fronts.
A 50 ans, j’étais au sommet de mes compétences et le tremplin d’envol de mes enfants.
A 60 ans, je suis juste vieux.

Plus précisément, j’ai un cerveau qui pense encore avoir 40 ans (la machine de guerre) mais qui prend conscience avec effroi que la mécanique se grippe à peu près partout… J’ai ainsi pu établir scientifiquement une règle de biodynamique différentielle :
A 10 ans, le cerveau pense qu’on a 15 ans.
A 20 ans, le cerveau pense qu’on a 20 ans.
A 30 ans, le cerveau pense qu’on a 25 ans.
A 40 ans, le cerveau pense qu’on a 30 ans.
A 50 ans, le cerveau pense qu’on a 35 ans.
A 60 ans, le cerveau pense qu’on a 40 ans et qu’on est toujours une machine de guerre.

Selon cette loi dite de Zythom-Werbos, formalisée par l’équation empirique :

mon cerveau pensera que j’ai 60 ans lorsque mon âge légal atteindra l’âge incertain statistiquement de 100 ans.

Bref, j’ai 40 ans et je suis encore une machine de guerre.

La vieille dame qui ouvre ses volets

Les habitués de ce blog le savent : j’habite en lointaine province et je travaille à Paris. Je fais le trajet en train deux fois par semaine (un aller-retour), et je loue un petit appartement à mi chemin entre ma gare parisienne et mon lieu de travail. Dans mon cas, mi chemin signifie à 20mn de marche de la gare et à 20mn de marche de mon travail (je n’aime pas prendre le bus ou le métro, et cela me fait une petite activité physique chaque jour).

Comme beaucoup de personnes, j’ai pris l’habitude de partir tous les jours le matin au boulot à peu près à la même heure (le soir, c’est une autre histoire), ce qui fait que je passe toujours aux mêmes endroits aux mêmes moments.

Et il y a sur mon chemin, une vielle dame qui habite un appartement au rez-de-chaussée.

Plusieurs fois par semaine, le matin, je passe à pied sur le trottoir sous sa fenêtre juste au moment où elle ouvre ses volets. Et à chaque fois, elle me lance un regard un peu vide et me demande : « bonjour monsieur, quel jour sommes-nous ? »

La première fois, j’étais un peu interloqué, mais j’ai regardé mon téléphone pour être sur de bien lui répondre (je ne sais pas si elle souhaite connaître le jour de la semaine, ou la date du jour, alors je lui donne les deux informations) : « Bonjour madame, nous sommes aujourd’hui lundi 6 février et je vous souhaite une bonne journée. »

Je sais que les personnes âgées peuvent perdre le fil du temps, et que certaines maladies neurodégénératives altèrent les souvenirs récents, dont le jour de la semaine. Je vois d’ailleurs à son regard qu’elle semble un peu désolée de demander cette information à un inconnu qui passe dans la rue. Mais je ne juge pas, je vous partage des hypothèses.

D’ailleurs, je me suis surpris à regarder l’heure exacte où elle ouvre ses volets, et parfois j’accélère, ou je ralentis mon pas, pour pouvoir lui donner ce renseignement minuscule qui semble lui apporter un peu de réconfort. Et sur les 3 matinées que je passe à Paris chaque semaine, j’arrive à la dépanner environ une fois, pour notre plaisir réciproque.

Depuis plusieurs semaines, je n’arrive plus au bon moment pour la voir ouvrir ses volets, à tel point que j’ai commencé à me poser des questions.

Un matin, j’ai remarqué que des ouvriers travaillaient dans l’appartement en plein chantier de rénovation. Je n’ai pas osé leur demander où était passée la vieille dame, dont je ne connais même pas le nom. J’échafaude des hypothèses, et ma préférée est de me dire qu’elle a été recueillie par ses enfants qui prennent bien soin d’elle, et qui lui disent tous les matins quel jour l’on est.

La vieille dame n’ouvre plus ses volets quand je passe, et cela me rend un peu triste.

La revue Next INpact vit ses derniers instants sauf si

Parmi les rares abonnements payants auxquels j’ai souscrits, celui de Next INpact arrive loin devant : c’est pour moi une revue tenue par des journalistes spécialisés de très haut niveau et particulièrement compétents. C’est aussi la seule revue dont je lis les commentaires publiés sous les articles, car les abonnés partagent une passion commune, celle de l’informatique.

Si j’écris ce billet, c’est parce qu’après 23 années d’existence, la revue risque de disparaître, et que j’ai la chance de pouvoir atteindre quelques milliers d’internautes à travers ce blog, non seulement pour vous encourager à vous abonner à cette revue qui ne vous imposera aucune publicité, mais surtout pour aller voir les financiers de votre entreprise et leur parler de mécénat et défiscalisation :

Nous pouvons être sauvés grâce au soutien des acteurs du numérique, à l’aide de mécénats défiscalisables – le mécénat d’entreprises ouvrant droit à une réduction d’impôt égale à 60 % du montant du don (IR ou IS) dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires ou 20 000 euros maximum en cas de dépassement de cette limite.
Je reste convaincu que certains souhaiteraient que nous poursuivions notre aventure aussi longtemps que possible. Une fois que la société INpact mediagroup sera fermée, il ne sera plus possible de revenir en arrière. Si vous souhaitez nous aider, c’est maintenant ou jamais.

Si vous connaissez Bernard Arnaud (ou son conseiller fiscal), ou si vous travaillez dans une entreprise du numérique capable de comprendre les enjeux autour de cette formidable équipe, ne tardez pas.

Le Paris

Il y a quatre ans, j’ai fait un pari relativement osé : changer d’orientation professionnelle et quitter mon foyer pour aller travailler à Paris la moitié de la semaine. Chaque dimanche soir, je quitte l’amour de ma vie pour prendre un train qui m’amène dans la capitale, et chaque mercredi ou jeudi soir, je fais le chemin inverse. J’ai pris une « coquette studette » près de mon travail pour pouvoir m’y rendre à pied tous les jours, et j’y mène une vie de moine nerd. Cela a été facilité par le départ des enfants du nid familial, et parce que la femme qui partage mon existence voyait que je dépérissais dans mon ancienne entreprise où j’avais pourtant passé 25 ans, que nous nous aimons et qu’elle a soutenu ma démarche.

Dans le billet sur le télétravail que j’ai écris avant le confinement, je n’ai pas abordé l’impact qu’il peut avoir sur un couple. En effet, aujourd’hui, « télétravail » signifie pour des millions de personnes travailler depuis son domicile familial sans faire le trajet quotidien habituel. Il n’y a pas de terme pour la personne qui alterne télétravail et « télémaison », c’est-à-dire qui alterne travail à distance de son entreprise (en famille) pendant plusieurs jours, et vie à distance de sa famille (en entreprise) pendant plusieurs jours.

Attention, je ne me plains pas, car il s’agit d’un choix personnel, d’un choix de couple, mais avant tout d’un choix. Je ne me compare pas aux travailleurs qui vivent loin de leur famille pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, souvent dans un pays étranger. En général, ils n’ont pas le choix, c’est une question de survie. Je les plains, eux, car ils ne voient pas grandir leurs enfants, ils ne vieillissent pas auprès de leur conjoint, et sont souvent honteusement exploités. Ce n’est pas mon cas.

Mon épouse et moi, nous vivons des vies de célibataires pendant 3 jours, et nous sommes heureux de nous retrouver et de passer 4 jours ensemble, chaque semaine. Une nouvelle jeunesse, un nouveau pari.

Trois années et demi se sont passées sur ce rythme de vie. Professionnellement, j’étais heureux d’apprendre à nouveau beaucoup de choses, dans une école de commerce prestigieuse. Mais, avec 4 chefs en 3 ans, il ne m’était pas facile de construire quelque chose dans la durée, la politique salariale de l’entreprise était nulle (0% d’augmentation pour le personnel en 3 ans) et la valse des DSI n’aidait pas à la négociation.

C’est alors que s’est produite une chose dont j’avais entendu parler, le soir dans les recoins de l’openspace, lorsqu’on évoque les mystères de la vie et les mythes des évolutions de carrière : j’ai été appelé par un chasseur de têtes.

UN CHASSEUR DE TÊTES

Rien que le nom évoque une aventure épique dans la forêt tropicale…

Le processus de recrutement qui s’en est suivi mériterait un billet à lui tout seul…

Il m’a fait une offre que je ne pouvais pas refuser. J’ai donc présenté ma démission au dernier DSI que j’ai eu comme chef, j’ai quitté cette école de commerce prestigieuse pour un groupe d’écoles privées moins prestigieuses, j’ai changé de coquette studette en proche banlieue pour une coquette studette dans Paris intra-muros. J’y mène maintenant une vie de moine nerd 4 jours par semaine.

Le nouveau travail est plus difficile, plus exigeant, avec plus de pression. Je suis toujours en période d’essai, avec un chef dont je ne sais pas s’il va vouloir me garder.

A 59 ans. Un nouveau pari. Un nouveau Paris. Le Paris de mes rêves.

Un monde nouveau, on en rêvait tous
Mais que savions-nous faire de nos mains ?
Zéro, attraper le Bluetooth
Mais que savions-nous faire de nos mains ?
Presque rien, presque rien

Se chauffer en minant des cryptomonnaies

Ce billet est la suite de celui-ci et me permet de faire un bilan de cette expérience.

Tout d’abord, je voulais utiliser du matériel d’occasion pour me faire une machine de cassage de mots de passe basée sur les anciennes cartes graphiques de mon gamer de fils. Puis est née l’envie de regarder un peu du côté des cryptomonnaies, pour découvrir cet univers. Enfin, l’idée était de remplacer mon chauffage électrique d’appoint qui me chauffe l’hiver. J’ai donc mené cette expérience tout l’hiver, prolongée jusqu’au mois de mai où j’ai éteint ce mini rig de minage.

La machine

Il s’agit d’un ancien PC dont la carte mère possède trois ports PCI-Express 1x qui me permettent de déporter les cartes graphiques loin du boîtier, grâce à des « Riser PCI » achetés pour mettre les cartes à la verticale.

Si au départ j’ai utilisé plusieurs alimentations séparées, « bricolées » pour démarrer sans être reliées à la carte mère, j’ai fini par récupérer une alimentation unique de 850W qui me permet d’alimenter la carte mère et les cartes graphiques. Notez que j’aurais pu simplement acheter un câble « double alimentation » à 12€ permettant de brancher deux alims ATX sur la même carte mère. Mais bon, les alims étaient vieilles, chauffaient beaucoup et je n’avais pas trop envie de mettre le feu à ma studette…

J’ai utilisé trois cartes graphiques : 2 GTX1080Ti (dont une achetée sur LeBonCoin) et 1 GTX1060, toutes branchées sur leur riser. J’ai ajoutée quelques radiateurs passifs qui traînaient dans mon bazar, afin d’extraire le plus vite possible la chaleur des GPU (en plus des ventilateurs d’origine) et les maintenir à environ 70°C en fonctionnement.

A vu de nez, l’ensemble consomme environ 700Wh, ce qui correspond à un petit chauffage d’appoint électrique. Attention toutefois, celui-ci va fonctionner 24h/24 et 7j/7 : il faut donc qu’il soit utile et permette de gagner quelques degrés par rapport au chauffage collectif de mon immeuble (ce qui est le cas : sans chauffage d’appoint, il fait 18°C dans ma studette l’hiver).

Le choix de la cryptomonnaie et de l’équipe de minage

Après avoir fait pas mal de tests, j’ai choisi de miner de l’Ethereum (ETH) et d’être payé sans frais en Bitcoin (BTC) en participant à l’équipe de minage eth.2miners.com. Il n’est pas nécessaire d’y créer un compte et les frais de participation sont corrects (1%). J’ai choisi d’être payé dès que possible, c’est-à-dire dès que la rémunération de mon système de minage arrive à 0.005 ETH, ce qu’il atteint tous les 4 jours. Cet hiver, cela correspondait environ à 14 euros tous les 4 jours.

J’utilise le logiciel Gminer qui utilise bien les ressources de ma configuration, là aussi à un coût raisonnable dû aux développeurs (1%).

Enfin j’utilise le logiciel Exodus comme portefeuille crypto pour obtenir une adresse BTC et y stocker mes Bitcoins obtenus pour les blocs ETH minés. J’ai fait le choix d’un portefeuille logiciel installé sur ma machine (et mon téléphone) pour éviter d’utiliser celui fourni par les plateforme (Binance, ZenGo…). Cela demande de bien faire attention à ses sauvegardes.

Le transfert en euros

Mon objectif initial n’était pas de faire des plus-values d’investissements, et donc je pensais transférer rapidement mes Bitcoins en Euros. Mais j’ai été relativement désappointé par l’application ZenGo que j’utilisais initialement (car sans obligation de créer un compte). En effet, il s’est passée 3 heures entre la demande de conversion de mes Bitcoins en Euros et sa réalisation effective par ZenGo, ce qui a fait que j’ai perdu 3% du montant attendu (le BTC avait baissé pendant ces 3h). Ça laisse une impression désagréable, loin de l’idée de l’ordre de vente à la corbeille que je vois dans les films.

J’ai donc fini par me créer un compte sur une plateforme d’échange, et j’ai choisi Binance. J’ai mis un peu de temps à trouver les menus des seules actions qui m’intéressent, mais j’ai fini par comprendre (la plateforme est surtout conçue pour ceux qui veulent trader).

Je transfère donc de temps en temps mes Bitcoins avec Exodus vers Binance, puis je choisis sur Binance le moment de la cotation du BTC la plus intéressante pour faire la conversion en euros vers mon compte bancaire. C’est amusant comment on en arrive à regarder les cours du BTC tous les jours en « espérant » que ça monte (bull market ou marché taureau). Autant dire qu’en ce moment, je ne transfère pas grand chose (bear market ou marché ours).

Au passage, j’ai appris qu’en bourse, on appelle un marché à la baisse « bear market » et un marché à la hausse « bull market », à cause de la façon dont ces deux animaux se battent : l’ours attaque avec ses griffes de haut en bas, alors que le taureau utilise ses cornes de bas en haut 🙂

Ma machine de minage est maintenant éteinte jusqu’à l’hiver prochain, sauf bien sur de temps en temps pour un petit cassage de mots de passe avec hashcat… et ça, c’est une autre histoire.

La chaleur, ce fléau