Un peu de bon sens

Il y avait longtemps, mais je cède encore à la tentation… Voici quelques citations sur le thème du « bon sens »:

L’erreur est humaine mais un véritable désastre nécessite un ordinateur.

Les OVNI existent réellement, ce sont les incrédules qui n’existent pas.

Selon les derniers chiffres, 43 % des statistiques sont fausses.

« L’ennemi est con, il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui. »
(Pierre Desproges)

Rappelez-vous que vous êtes unique comme tout le monde.

Une méthode facile pour sculpter un éléphant :
prenez un gros bloc de marbre et enlevez tous les bouts qui ne font pas partis d’un éléphant.

Les extrémistes devraient être fusillés.

Il existe deux types de gens : ceux qui divisent les gens en deux catégories, et les autres.

Si vos parents sont stériles, vous avez de grandes chances de l’être aussi.

Il est intéressant de voir que les gens qui se moquent de la science-fiction se fient à la météo et aux économistes.

Hésiter ou ne pas hésiter, là est la question………….. ou peut-être pas.

Tout ce que je demande, c’est une chance pour prouver que l’argent ne fait pas le bonheur.

Le travail d’équipe est essentiel. En cas d’erreur, ça permet d’accuser quelqu’un d’autre.

La conscience est ce qui fait mal quand tout le reste va si bien…

Ce qui est à nous est à nous, ce qui est à vous est négociable.

Adolf Hitler : « Quand on a perdu ses clefs, on tuerait la terre entière ! »

Il y a trois sortes de personnes : celles qui savent compter et celles qui ne savent pas.

Terminologie et néologie

Dans le journal officiel n°214 du 15 septembre 2006 est publié un avis de la commission générale de terminologie et néologie concernant le vocabulaire de l’audiovisuel et de la communication:

Il ne faut pas dire « home cinéma » mais « cinéma à domicile »,

pas « webcam », mais « cybercaméra »;

pas « blockbuster » (production cinématographique à gros budget), mais « grosse machine »;

pas « story-board », mais « scénarimage »;

pas « call TV », mais « télé-tirelire »…

Au passage, j’ai appris le mot « kakémono » qui signifie « grande affiche à suspendre » (merci google).

Autant j’applaudis les efforts louables d’une commission pour maintenir la richesse de la langue française, surtout dans le domaine technique, autant je m’attriste de voir que cet effort est fait par des technocrates isolés dans leur tour d’ivoire.

Pourquoi ne pas simplement valider tous les termes choisis par nos « cousins » canadiens qui sont confrontés directement au choc des langues.

Quels imbéciles ont choisi « mél » pour remplacer « email » alors que nos amis québécois utilisent depuis longtemps le mot « courriel », diminutif logique de « courrier électronique », traduction pendante de « electronic mail »?

Comment ne pas trouver stupide le mot « cédérom », transcription phonétique de CDROM signifiant « Compact Disc Read Only Memory », alors que l’expression « Disque Compact » nous tendait les bras?

Face aux Avocats dont le métier implique la maîtrise du mot juste, comment vais-je devoir rédiger un rapport d’expertise clair? Dois-je remplacer la phrase « Le disque compact mentionné dans le courriel a été trouvé dans le home-cinéma présent sur place et contenait le story-board d’un blockbuster destiné à une call TV » par la phrase suivante « Le cédrom mentioné dans le mél a été trouvé dans le cinéma à domicile présent sur place et contenait le scénarimage d’une grosse machine destinée à une télé-tirelire ».

Après tout, c’est beaucoup plus joli.

Le téléphone sonne

Je fais quelques interventions en amphithéâtre devant les étudiants de l’école d’ingénieurs où je travaille.

J’aime cela, j’aime les étudiants et je crois que les étudiants m’aiment bien aussi.

Peut-être simplement est-ce parce que mes cours, bien qu’obligatoires, ne sont pas sanctionnés par une note finale…

Me voilà donc face à eux en ces jours de rentrée. 150 têtes et autant de paires d’oreilles m’écoutent attentivement (ce sont de nouveaux étudiants, ils n’ont pas eu le temps d’apprendre à parler entre eux en amphi) quand tout à coup un téléphone sonne dans l’amphi. Je vois aussitôt un étudiant plonger dans son sac pour éteindre son portable. Agacé, mais surtout pour marquer le coup pour la suite de l’année, je demande à l’étudiant fautif de se lever. Grand silence dans l’amphi, l’étudiant se lève. Cruel jusqu’au bout, je désigne l’étudiant, clame haut et fort mon indignation et demande à tous les étudiants de l’applaudir pour l’encourager à éteindre son téléphone portable avant d’entrer en amphi la prochaine fois.

L’amphi applaudit à tout rompre, l’étudiant fautif est rouge de confusion, je lui demande de s’asseoir en lui accordant mon pardon, magnanime.

Le cours continue, je vois quelques étudiants sortir discrètement leur portable pour l’éteindre. Mon portable est posé sur le bureau, bien éteint, je vérifie moi aussi tout aussi discrètement.

Un quart d’heure passe quand soudain mon téléphone DECT de ceinture sonne. Je le coupe d’un geste machinal, comme si j’étais en réunion. C’était sans compter sur les étudiants de l’amphithéâtre qui se sont tous mis à applaudir…

Je les aime bien mes étudiants, car ils sont intelligents. Ce n’est pas le cas de tous leurs profs…

SNCF c’est possible

Je ne résiste pas à l’envie de vous narrer une petite mésaventure qui m’est arrivé il y a quelques temps.

Décor: je dois me déplacer pour raison professionnelle. Je regarde les horaires possibles sur le site de la SNCF. Je décide d’acheter en ligne moi même mon billet (au lieu de passer par la personne ad hoc de l’entreprise).

C’est vrai quoi, c’est super pratique, et puis comme ça au lieu de payer moi-même et de me faire rembourser, c’est la boite qui paiera directement.

Erreur fatale.

Réservation des billets en ligne (tiens, il faut aller les chercher à la gare)

Il faut fournir un numéro de CB: je fournis celui de la CB de l’entreprise que j’utilise pour mes commandes en ligne [Je précise ici qu’il s’agit d’une CB attribuée à la personne en charge des achats autres qu’informatique. Par souci d’économie et de simplicité, j’ai estimé inutile de disposer moi même d’une CB pour mes achats internet (il ne faut pas engraisser les banques plus que nécessaire). J’ai donc en ma possession, pour mon usage professionnel, les différentes informations nécessaires à un achat en ligne, mais pas la CB elle même]

En quittant le travail, je passe à la gare pour récupérer les billets (chouette je pars plus tôt)

Au choix: la queue ou les machines automatiques. Les machines nécessitant la carte bancaire (que je n’ai pas puisqu’il s’agit de celle de l’entreprise), je choisis la queue (finalement pourquoi ai-je commandé par internet? A oui, pour réserver mes places)

Arrivé devant le guichetier:

– Tiens vous avez commandé par internet ?

– (intrigué) Ben oui

– Vous payez comment?

– Ben par carte bancaire, mais j’ai déjà donné mon numéro sur le site

– (pas de réaction, regard fixe sur écran) Allez-y mettez votre carte

– Mais je n’ai pas la carte, j’ai utilisé celle de l’entreprise ! Mais j’ai déjà donné le numéro sur le site web !

– A oui, mais le site web est sécurisé (mais qu’est-ce qu’il me raconte) et moi il faut que vous mettiez une carte bancaire pour régler.

– Bon OK, je retourne au boulot chercher la carte bancaire.

Retour-boulot, j’explique à genoux à la personne achat (ouf elle est encore là) qu’il faut qu’elle me prête « sa » carte bancaire.

Retour-gare, refile d’attente, re-même guichetier:

– Bonjour, me revoilà avec la carte bancaire de l’entreprise

– (re-regard fixe sur l’écran) Votre numéro de dossier

– DJFNCH637873HDNNXH (vous avez remarqué la simplicité des dossiers de résa SNCF)

– Mettez votre CB dans l’appareil

– (un horrible doute m’assaille) Voilà

– (Ahhhhh quel con, ça va me demander le code secret) VEUILLEZ TAPER VOTRE CODE

– (AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH, merde j’ai pas le code, mais quel CON) Euh, l’appareil me demande mon code, mais je l’ai pas, c’est la CB de l’entreprise, qu’est-ce que je fais?

– (une lueur dans l’œil du guichetier) Vous DEVEZ entrer le code secret de la carte, c’est pour vous protéger, c’est à cause des vols, vous comprenez.

Et là, pour la première fois de ma vie, j’ai éclaté:

– MAIS QU’EST CE C’EST QUE CE SYSTEME D’ACHAT PAR INTERNET COMPLETEMENT NUL VOUS M’AVEZ DIT QU’IL FALLAIT LA CARTE MAIS VOUS M’AVEZ PAS DIT QU’IL FALLAIT LE CODE

Bref, une belle gueulante qui défoule. Toute la gare nous regarde (le guichetier et moi). Je quitte la gare, furieux mais défoulé.

Retour-boulot (pour rendre la CB: pas question de demander le code secret à la personne des achats à cause de son coeur fragile. De toute façon je ne me vois pas retourner au guichet).

Problème: il me faut les billets pour demain matin à l’aube.

Solution: achat sur une borne automatique avec ma CB perso. Pas d’autre gare à moins de 30 kms. Retour (discret) à la gare.

Retour-gare: les deux bornes sont en panne (meeeerde, t’a l’air de quoi maintenant).

Re-queue. Je choisis un autre guichetier.

– Bonjour, c’est vous qui avez fait scandale il y a une demi heure?

– Heu, ben en fait votre système d’achat en ligne n’est pas vraiment pratique, mais bon quoi, les ordinateurs, hein (mais quel faux cul)

– Bon mais mon collègue là bas qui nous regarde, et ben il est pas content du tout.

– (…)

– Bon vous payez comment?

– Par carte bancaire.

– Mettez votre carte dans l’appareil.

– Voilà.

– A tiens, ça recommence.

– (puce illisible, carte défectueuse, carte volée, carte terroriste, carte ayant humilié un agent d’une grande administration) Qu’est ce qui se passe?

– Le système de paiement par carte bancaire est en panne, c’est un problème de téléphone. Vous avez un autre moyen de paiement?

– (AAArgh mon chéquier) Heu, non.

Résigné, je suis sorti de la gare pour aller au distributeur de billet retirer du liquide, je suis revenu, j’ai refais la queue, le seul guichetier disponible était celui à qui j’avais fais esclandre…

– Tiens vous payez en liquide (regard fixe sur l’écran).

– Oui, c’est possible? (J’ai baissé la tête)

Le lendemain, à 5h30 du matin, ce guichetier était sur le quai de la gare en train de ranger des charriots. Persuadé qu’il me cherchait, je me suis faufilé jusqu’à ma place en espérant qu’il n’ait pas passé le mot au contrôleur.

Avec la SNCF, tout est possible.