Résolutions 2013

Presque chaque année, je fais un bilan des résolutions prises l’année précédente pour voir ce que j’ai réussi à tenir et ce qui a été, ma foi, un vœu pieu.

Je m’appuie donc sur mon billet de l’année dernière et commence par les résolutions 2011 non tenues et reportées sur 2012 :

– acquérir une paire de lunette vidéo 3D.

Toujours pas. J’attends chaque année avec impatience la sortie de cette IHM, sorte de Graal pour moi, à un prix raisonnable. Il y a bien quelque chose qui m’intéresse, mais encore trop cher pour me faire craquer. 2013 devrait être l’année de sortie des lunettes « Project Glass » de Google, et aussi celles de Microsoft, ce qui devrait booster un peu ce secteur. On verra bien !

– arriver à faire fonctionner cette $#%µ& régulation de chauffage au
boulot.

Ça y est, le chantier a démarré in extremis en novembre 2012 et devrait me permettre de garantir à tous les étudiants et au personnel des températures correctes pendant l’hiver, ainsi que l’été. Je pense que je ferai un billet complet sur la GTB, tant le sujet est passionnant.

– m’intéresser de plus près aux outils des Pentesters.

J’ai pu assister avec bonheur au SSTIC de Rennes et y apprendre une foultitude de choses. Mais c’est quand même un univers très complexe (mais passionnant). A renouveler si j’arrive à avoir une place.

– assister au moins une fois à une Berryer.

Je crois que je n’y arriverai pas: je ne me déplace pas assez souvent à Paris et à chaque annonce de conférences, je ne peux pas me libérer. Je crois que je vais retirer cette résolution et attendre que cela vienne tout seul, le hasard faisant bien les chose.

– postuler pour une inscription sur la liste de la Cour de Cassation.

J’ai commencé la constitution du dossier, mais j’ai bloqué en cours de rédaction. Je ne me sens pas prêt à intervenir au niveau national (si je suis accepté sur la liste) par manque de compétences, de moyens et de temps. Je ne suis pas sur d’avoir la carrure pour intervenir dans des dossiers de grande envergure.

– suivre plus de formations techniques, en particulier auprès des pentesters.

Il est difficile de mener à bien correctement plusieurs activités, et le développement de nouvelles compétences techniques est très chronophage. Sans compter que pour atteindre un niveau intéressant, il faut pratiquer, pratiquer et pratiquer sans cesse. Pour ne pas parler des compétences, je dirai donc que le temps me manque 😉

– mettre en place des enquêtes de satisfaction clients auprès des étudiants.

Curieusement, j’ai réussi ce point sans passer par la méthode que j’envisageais. J’assiste simplement à presque toutes les réunions de la vie associative de l’école où je collecte en direct les besoins des étudiants (les plus impliqués). C’est un moyen simple de « sentir » la satisfaction des principaux « clients » du service informatique et du service technique. Pour l’instant, ça marche assez bien.

– finir l’implantation de l’aire d’accueil des gens du voyage et les accueillir.

Encore raté, et toujours pour la même raison que l’année dernière: la commune voisine a fait un recours contre notre décision, au motif qu’elle trouve que l’implantation que l’on a choisie est trop proche de son territoire… Affaire à suivre, car j’ai hâte d’accueillir les premiers occupants.

Voici ensuite le bilan des résolutions pour 2012 :

– mettre à jour et étoffer l’offre de conférences sur l’expertise
judiciaire (et revoir mes tarifs 😉 que je propose aux lycées, aux
universités et aux grandes écoles.

J’ai participé avec bonheur à Rennes au SSTIC 2012 où j’ai pu rencontrer des personnes très intéressantes et des lecteurs du blog. J’ai également été contacté par plusieurs personnes pour venir parler de l’activité d’expert judiciaire (et de blogueur). Je peux dire que cette résolution 2012 a été réalisé au delà de mes espérances.

– passer (et rester!) sous la barre mythique des 25 pour mon IMC

 Malgré un suivi régulier et des efforts surhumains, cette résolution est un échec total. Pourtant, perdre 5 kg ne me semblait pas impossible. Je ferais mieux en 2013…

– apprendre à déléguer efficacement pour mettre en valeur mes collaborateurs et les faire progresser.

Le bon management est un art difficile. Je m’emploie chaque année à m’améliorer en la matière. J’ai de bons retours et quelques désillusions.

– maintenir avec plaisir le rythme de 4 à 5 billets par mois.

J’ai encore du plaisir à partager mes expériences, mes angoisses, mes peines et mes joies sur ce blog. J’ai écris 79 billets en 2012 (contre 50 en 2011 et 65 en 2010), soit presque 7 par mois.Je vais essayer de garder ce rythme pépère pour 2013.

– continuer à répondre présent aux magistrats qui me le demandent.

L’année 2012 a été une année avec très peu de dossiers confiés par les magistrats. Cela me laisse toujours un peu perplexe, car je ne sais jamais pourquoi je suis moins sollicité: est-ce parce que je donne moins satisfaction, parce que je tiens un blog, parce que j’ai écris au Président de la République, parce que l’État ne finance plus notre Justice ? Mystère. Mais à chaque fois qu’un magistrat me contacte, je réponds avec diligence et rend mon rapport rapidement. Enfin, j’essaye…

– manger un fruit par jour…

Là clairement, j’ai un problème. Je vais retenter cette année, mais je n’y crois pas beaucoup 😉

Et donc, voici la liste de mes résolutions pour 2013 :

1) Acquérir une paire de lunette vidéo 3D.

2) Passer (et rester!) sous la barre mythique des 25 pour mon IMC

3) Maintenir avec plaisir le rythme de 4 à 5 billets par mois.

4) Continuer à répondre présent aux magistrats qui me le demandent.

5) Manger un fruit par jour…

6) Préparer (cette fois) et participer aux 24 heures du Mans (vélo) 2013.

7) Participer à des randonnées d’aviron pour aider les points n°2 et 5.

8) Participer plus activement à la promotion des logiciels libres.

9) Continuer le vélo quotidien, l’aviron hebdo et reprendre la course à pied.

10) Sortir les tomes 4 et 5 du blog.

11) Mettre tous les tomes en version numérique gratuitement en ligne sur l’Apple Store, Google Play, Amazon et Windows store.

12) Ranger mon bureau, le garage, mon bureau pro et mon côté de la chambre.

13) Maîtriser parfaitement l’AR.Drone 2.0 que le « père » Noël » m’a offert parce que j’ai été très sage…

Bon, c’est une liste de bonnes résolutions, hein 😉

Rendez-vous dans un an pour voir.

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Source image Megaportail

 

Inventaire à la Zythom

Dans le cadre des rediffusions hivernales, le billet d’aujourd’hui a été publié le 25 mai 2009, sous l’intitulé « L’angoisse de l’intervention ». J’en ai profité pour mettre à jour quelques éléments de la liste.

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Les Officiers de Police Judiciaire qui me contactent dans le cadre d’une
enquête ont souvent de mon activité d’expert judiciaire une vision très
particulière: je suis celui pour qui l’informatique n’a aucun secret.

C’est assez flatteur au premier abord, mais très stressant dès qu’il
s’agit de ne pas décevoir les personnes qui vous font confiance.

Toute cette histoire commence comme d’habitude par un coup de téléphone:
il s’agit d’intervenir dans une entreprise dans laquelle un salarié
aurait commis une indélicatesse informatique.

Les OPJ me donnent quelques informations sur l’infraction, mais aucun
détail technique: ni l’architecture du système informatique, ni le
système d’exploitation utilisé, ni le nombre d’ordinateurs…

Me voici donc en route pour une destination technique inconnue.

Le fait de m’aventurer en terrain inconnu présente un certain charme
sinon je n’aurais pas été passionné par la spéléologie, ni
enseignant-chercheur, ni responsable informatique, ni responsable
technique, ni conseillé municipal, ni papa de trois enfants… mais je
suis quelqu’un de particulièrement inquiet de nature.

Je sais pourtant que l’inconnu fait parti de la vie. Je dirai même que
c’est le sel de la vie. Oui, mais débarquer dans une entreprise pour
chercher la trace d’une malversation sans connaitre le moindre élément
technique reste pour moi une situation éprouvante.

Je n’aime pas particulièrement intervenir sur un lieu de travail, sous
les yeux des salariés, en perturbant leur vie sociale. J’ai toujours
l’impression de ne pas être à ma place.

Alors, et si mes collègues experts judiciaires qui le lisent veulent
bien compléter cette liste, voici ce que je place dans ma valise:

– le boot CD d’analyse inforensique DEFT (ma distribution favorite depuis qu’HELIX est devenue payante);

– les outils de l’informaticien (tournevis de toutes tailles et de toutes formes)

– stylos et bloc notes (rien de plus gênant que d’avoir à demander sur place)

– un dictaphone numérique

– un ordinateur portable avec carte réseau gigabit et disque de grosse
capacité pour la prise d’image en direct (perso j’utilise un disque dur
SATA d’3 To dans un boitier externe USB3, qui me sert également de
« clé » USB)

– une lampe électrique, un bouchon 50 ohms et un connecteur en T (lire ICI pourquoi)

– quelques uns des outils conseillés par les dieux des réseaux universitaires

– le live CD d’ophcrack, c’est toujours impressionnant de trouver les mots de passe tout seul

– un câble réseau, un prolongateur et un câble croisé

– une boite de DVD à graver (et quelques disquettes formatées, cela sert encore…)

– une bouteille d’eau et un paquet de biscuits

– un appareil photo

– un GPS

– du ruban adhésif toilé et résistant

– des élastiques de toutes tailles et des trombones.

L’expert qui demande un trombone pour
faire démarrer l’alim d’un PC passe pour un dieu. Celui qui ne trouve
pas de trombone passe pour un c.n

– un clavier souple ne craignant pas l’humidité avec la connectique qui va bien.

– un tabouret en toile

– vis, patafix, colliers…

– un ventilateur pour les disques- une petite imprimante

– toute la connectique pour les organiseurs (Palms, Blackberry, iphone, etc.)

– des étiquettes / pastilles de couleur, des stylos et des feutres.

– un petit switch 10/100/1000

– un câble série

– un câble usb

– une nappe IDE

– une nappe SATA

– des adaptateurs USB, SATA, IDE

Cela n’empêche pas la boule d’angoisse de se former lorsque l’on pousse
la porte du lieu d’intervention (c’est une image, je suis loin derrière
les forces de l’ordre).

Et bien sur, avant de partir en mission sur les lieux, ne pas oublier de demander s’il y a toujours de l’électricité. C’est une question qui fait toujours son petit effet…

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Source photo Yodablog, épisode 132.

Les mots d’après l’oeil

Dans le cadre des rediffusions hivernales, le billet d’aujourd’hui a été publié le 29 avril 2009, sous l’intitulé « Plasticité synaptique », le titre étant d’ailleurs un clin d’œil à mon autre moi qui travaillait sur sa thèse sur les réseaux de neurones… Je suis encore aujourd’hui tiraillé par ce problème de réforme de ce que j’ai appris étant jeune. Ce n’est pas un bon signe. Pas plus d’ailleurs le fait que Blogger ne gère toujours pas mieux l’espace insécable.

Le titre de cette re-publication est extrait d’une citation d’Ambrose Bierce: « L’orthographe est une science qui consiste à écrire les mots d’après l’œil et non d’après l’oreille. »

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Travailler dans le domaine informatique demande un effort particulier
d’apprentissage permanent. Les technologies évoluent vite, ce que vous
teniez pour acquis une année devient obsolète l’année suivante, etc.

C’est particulièrement flagrant quand je retravaille mon cours
d’introduction à l’informatique, notamment la partie où j’insiste
lourdement sur les ordres de grandeur, comme par exemple les
caractéristiques d’un PC d’aujourd’hui.

Les méthodes informatiques évoluent, les langages informatiques
« nouvelle génération » poussent les anciens, pourtant toujours en
activité (et souvent pour longtemps).

Celui qui travaille dans ce domaine, qu’il soit développeur,
journaliste, chercheur ou expert, DOIT être une personne capable de
faire évoluer ses connaissances et ses gouts.

Mais cette souplesse doit pouvoir être mise à profit dans tous les domaines et parfois avec un effort que je ne soupçonnais pas.

S’il m’est facile d’écouter de la musique avec mes enfants, d’en
apprécier la découverte et de voir mes gouts continuer à s’élargir
malgré mon statut de « vieux » auprès des moins de 20 ans, il m’est plus
difficile d’évoluer dans le domaine de l’orthographe.

Et pourtant, avec ce blog, j’ai pris la décision depuis plusieurs mois, d’essayer d’appliquer la réforme orthographique de 1990. Celle-ci fait référence dans l’Éducation Nationale depuis l’été 2008: sources

ICI page 37 dans la marge « L’orthographe révisée est la référence. » et

LA page 2 « Pour
l’enseignement de la langue française, le professeur tient compte des
rectifications de l’orthographe proposées par le Rapport du Conseil
supérieur de la langue française, approuvées par l’Académie française
« .

Et c’est difficile.

Autant j’ai réussi à me débarrasser des accents circonflexes qui ont disparu d’à peu près tous les « i » et les « u »:

on écrit désormais mu (comme déjà su,
tu, vu, lu), plait (comme déjà tait, fait), piqure, surpiqure (comme
déjà morsure) traine, traitre, et leurs dérivés (comme déjà gaine,
haine, faine), et ambigument, assidument, congrument, continument,
crument, dument, goulument, incongrument, indument, nument (comme déjà
absolument, éperdument, ingénument, résolument).

« Cher Maître » devient donc « Cher Maitre »…

Autant également, je ne m’en sors pas trop mal avec les singuliers et
les pluriels des mots empruntés (ils ont un singulier et un pluriel
maintenant réguliers): un scénario, des scénarios; un jazzman, des
jazzmans; un maximum, des maximums; un média, des médias, etc. On
choisit comme forme du singulier la forme la plus fréquente, même s’il
s’agit d’un pluriel dans l’autre langue. (Exception cependant, comme il
est normal en français, les mots terminés par s, x et z restent
invariables (exemples: un boss, des boss; un kibboutz, des kibboutz; un
box, des box).

Mais j’ai plus de mal avec les traits d’union dans les nombres. On doit
en effet écrire maintenant « elle a vingt-quatre ans, cet ouvrage date de
l’année quatre-vingt-neuf, elle a cent-deux ans, cette maison a
deux-cents ans, il lit les pages cent-trente-deux et
deux-cent-soixante-et-onze, l’état lui doit
sept-cent-mille-trois-cent-vingt-et-un euros. »

Et j’ai beaucoup de mal avec le participe passé du verbe « laisser » suivi
d’un infinitif qui est rendu invariable: on doit écrire maintenant
« elle s’est laissé mourir; elle s’est laissé séduire; je les ai laissé partir; la maison qu’elle a laissé saccager. »

Mais s’il y a un truc sur lequel je ne cèderai pas, c’est (sur ce blog)
sur l’absence d’espace devant les signes « : » « ; » « ! » et « ? ». Je ne
supporte pas que la mise en page automatique du navigateur poussent ces
caractères à l’orphelinat en début de ligne. Et ne me parlez pas du
caractère « espace insécable », l’éditeur de ce blog l’élimine lors d’une
réédition de billet.

Et puis, considérez cela comme ma signature personnelle (dixit un expert judiciaire dans un débat sur mon identité réelle^^).

Alors, lorsque vous trouvez une faute sur ce blog, il s’agit soit d’une
modification de la réforme de 1990 que vous ne connaissez pas, soit
d’une faute de frappe, soit d’une faute volontaire, soit d’un manque de
plasticité synaptique de ma part.

Maintenant, je peux aussi militer pour le retour à l’écriture d’avant la réforme de 1835: Ma foi, je connois le françois & les savans, les dents de mes parens, &c.

Non mais.

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Source photo Megaportail

Le fantôme d’Heilbronn

Dans le cadre des rediffusions hivernales, le billet d’aujourd’hui, publié le 15 avril 2009, sous l’intitulé « La femme sans visage », rappelle aux enquêteurs, et aux experts de tout poil, qu’il faut rester modeste sur ces certitudes, et étudier toutes les pistes, pas uniquement là où il y a de la lumière. Un réflexe bien connu des développeurs…

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Il y a des affaires sur lesquelles je suis content de ne pas avoir
travaillé. Mais si l’on apprend toujours de ses erreurs, il est possible
d’apprendre de celles des autres.

Lieselotte Schlenger aimait les chats, les enfants et la pâtisserie. Le
23 mai 1993, elle a mis des gâteaux au citron dans le four, mais n’a pas
pu en profiter: son voisin l’a retrouvée morte étranglée avec la corde
qui servait à tenir un bouquet de fleurs. C’était la première victime
d’un meurtrier en série. L’ADN recueillit sur une tasse de thé allait
permettre de découvrir qu’il s’agissait d’une femme et de la suivre à la
trace pendant 15 ans sans pouvoir l’arrêter. Faute de pouvoir mettre un
nom sur un visage, la police allemande allait l’appeler « la femme sans
visage ».

Et la tueuse a recommencé, et plusieurs fois. Son ADN a été trouvé sur
les lieux d’une triple exécution dans laquelle elle semble être
impliquée. Son ADN intervient également dans une affaire de meurtre en
2001 dans la cité universitaire de Fribourg.

Un antiquaire de 61 ans a été retrouvé étranglé, cette fois avec une
ficelle de jardin. L’ADN de la meurtrière a été retrouvé sur lui, sur
des objets de son magasin, sur la poignée de la porte et sur le petit
panneau « fermé » de la porte d’entrée. Le montant du vol a été estimé à
230 euros.

Certains meurtres ont des similitudes: petits montants volés, modus
operandi, etc. Mais d’autres sortent du lot et semblent montrer que
l’assassin est capable de modifier son comportement criminel. En effet,
de nombreux cambriolages sont à mettre à son actif, et à chaque fois en
ne laissant que quelques empreintes épithéliales.

Après le cambriolage d’un magasin, le chef de la police avait déclaré
« C’est un travail de professionnel: elle n’a laissé aucune empreinte, à
part le tout petit fragment de peau qui a permis de la reconnaître ».

Enfin, de la reconnaître… Elle reste toujours inconnue, et conserve son surnom de « femme sans visage ».

En mai 2005, l’étau se resserre. Un gitan tire au revolver sur son
frère. Des traces d’ADN de la femme sans visage sont retrouvés sur l’une
des balles. La police passe un message à la télévision pour obtenir des
indices. En vain.

Mais ce qui a poussé les policiers à intensifier leur recherche, c’est
que la femme sans visage est la seule suspecte dans le meurtre de sang
froid d’une policière de 22 ans, sur un parking de la ville de
Heilbronn. Cette policière participait à une opération d’infiltration
avec un collègue dans une affaire de trafic de médicaments quand deux
personnes sont montées à l’arrière de leur voiture pour leur tirer une
balle dans la tête à bout portant. La policière est morte sur le coup
mais son collègue, qui a survécu miraculeusement, ne se souvient de
rien.

Il y a eu en tout plus de trente cambriolages et hold-up en plus des
meurtres. Plus de 800 femmes suspectes ont été interrogées dans le cadre
des enquêtes, mais aucune n’avait un ADN qui correspondait.

Pendant toute la durée de la traque, la police allemande a mis les
moyens: plus de 18 millions d’euros. Mais sans pouvoir mettre la main
sur la tueuse.

L’attribution de ces meurtres en une
seule et même personne se révélera, en mars 2009, être une erreur de
police scientifique due à une contamination du matériel de prélèvement. Les
traces d’ADN retrouvées correspondaient en fait à l’ADN d’une femme
travaillant à l’emballage du matériel de prélèvement dans l’entreprise
fournisseuse
(vous savez, les sortes de gros cotons tiges…).

Même Calleigh Duquesne s’y serait laissée prendre.

Mais certainement pas Lilly, et encore moins Greg!

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Sources:

Francesoir

Alsapresse

theage.com.au

Bild.de

Wikipedia

Source photo Megaportail

Je me souviens de mon enfance

Je me souviens d’une fleur bleue dans le jardin du logement de fonction de mes parents à Willems dans le Nord. J’avais quatre ans. Pourquoi mon cerveau a-t-il mémorisé cette image plutôt qu’une autre, je ne sais pas. Mais c’est le souvenir le plus ancien dont j’ai conscience.

Je me souviens des pas du premier homme sur la lune. J’étais en camping avec mes parents en Espagne. Nous regardions les informations le soir dans une salle commune sur une télévision en noir et blanc. La salle était bondée. J’ai longtemps cru avoir vu Neil Armstrong sortir de « Eagle » en direct, mais il est peu probable que mes parents m’ait laissé veiller jusqu’à 3h56 du matin. J’ai donc du voir la retransmission lors du journal du soir. J’avais six ans.

Je me souviens de la Peugeot 403 de mes parents. Il y avait un accoudoir au milieu de la banquette arrière sur lequel je m’asseyais fièrement pour mieux voir la route. Il n’y avait pas de ceinture, ni à l’avant, ni à l’arrière.

Je me souviens des lignes jaunes sur les routes de France, avant qu’elles
ne passent toutes en blanc. Je me demande comment étaient alors
signalés les travaux… C’est amusant de voir qu’à peu près en même temps, les États-Unis remplaçaient le marquage blanc des routes, par un marquage jaune.

Je me souviens du bruit que faisait le gros bouton de changement de chaînes de notre poste de télévision noir et blanc. Je me souviens aussi de la venue du technicien lors de la création de la troisième chaîne couleur de l’ORTF. Il possédait un savoir qui m’a fasciné: le pouvoir de régler cet objet incroyablement compliqué qu’était une télévision. Après son départ, nous avions une troisième lucarne sur le monde. Mais toujours pas le droit de la regarder la veille des jours de classe… C’est-à-dire en pratique uniquement le samedi après-midi. J’avais alors onze ans.

Je me souviens du « landi » (orthographe?) lendit, sorte de gymnastique dont on faisait tous les mouvement ensemble dans la cour de récréation.

Je me souviens des murs en torchis de la maison. Ce mélange de paille et d’argile recouvrait l’intérieur des murs de briques rouges, et était caché par nos tapisseries.  Il était impossible d’y faire tenir quoi que ce soit d’un peu lourd avec des clous. Je me souviens d’une armoire à médicaments qui s’est effondrée avec fracas, sans prévenir, emportant quelques poignées de torchis.

Je me souviens des quelques fois où mes parents sortaient le samedi soir, nous laissant ma sœur et moi blottis dans le grand lit de mes parents. Tous les craquements de notre grande maison me terrorisaient.

Je me souviens de la traversée de l’école des filles, par le 1er étage, pour aller à la cantine située dans l’école maternelle. Cette école, jumelle de la notre du point de vue architecturale, était subtilement différente.

Je me souviens du Manège enchanté et de Zébulon qui me faisait peur. Je me souviens d’Aglaé et Sidonie. Je me souviens de la Maison de Toutou, de Bonne nuit les petits qui donnait le signal du brossage de dents… Je me souviens des Shadoks saison 2 (ZO) et saison 3 (MEU), de leur univers étrange, de la voix de Claude Piéplu et du tombé de rideau final de chaque épisode, qui me terrorisait.

Je me souviens du grenier de la maison, encombré de vieilles tables d’école avec pupitre en bois et encriers. Elles sont recherchées maintenant par beaucoup de collectionneurs…

Je me souviens de la grande pièce où nous travaillions tous les soirs, ma sœur, mes parents et moi, chacun sur son bureau. Sur un mur étaient entassés des cageots en bois formant une grande bibliothèque dans laquelle étaient rangées toutes nos affaires. Des cageots originellement prévus pour le stockage des oranges.

Je me souviens d’une cravate à élastique que je devais mettre dans les grandes occasions, avec ma tenue du dimanche, les cheveux bien peignés.

Je me souviens de mon enfance solitaire et studieuse, heureuse et protégée par l’amour et la vigilance de mes parents.

Je m’en souviens surtout en cette soirée consacrée à la fin d’une expertise judiciaire en recherche d’images et de films pédopornographiques. Je me souviens et je pleure.

La sincérité

Comme beaucoup de gens sur internet, je renvoie une certaine image de moi sur ce blog, mais cette image n’est pas vraiment moi. C’est une image choisie, au moins partiellement. Il y a 80% de moi et 20% de ce que j’aimerais être, ou de ce que je crois être. Ce billet me présente d’une manière moins positive. Cela fait partie de la thérapie.

–o0o–

J’apprends, petit à petit, ce qu’est réellement la vie en société. Pendant des décennies j’ai vécu protégé dans un cocon, gérant mes interactions avec mes semblables sans trop de difficultés.

Puis un jour je suis devenu responsable informatique.

Puis un jour je suis devenu conseiller municipal.

Puis un jour je suis devenu expert judiciaire.

Puis un jour j’ai ouvert un blog.

Depuis, toute ma gestion des interactions humaines a volé en éclat.

Avant, quand je m’énervais, quand je « pétais un câble », mes amis me laissaient bouder dans un coin. Je ne faisais de mal à personne. Une fois ma mauvaise humeur passée, je grommelais des justifications et les interactions reprenaient. J’ai toujours eu mauvais caractère. J’étais un enfant gâté. J’étais un éternel étudiant. Il y avait derrière moi les hordes d’humains plus jeunes que moi qui fermaient leur gueule, parce que ça va bien, hein, et devant moi l’immensité des autres qui se battaient entre eux. Tant que le fracas des combats ne m’atteignait pas trop, je regardais le monde avec suffisance. J’étais con.

–o0o–

En ouvrant ce blog, je me glissais dans un internet immense où j’exposais ma petite personne sans grand danger. Mais le fait est qu’il existe très peu de blogs où l’on expose le point de vue de l’expert judiciaire. Et cela a donné un coup de projecteur sur ma personne, alors que je ne m’y attendais pas.

Sur le coup, c’est très gratifiant.

Mais avec le coup de projecteur, viennent aussi les inconvénients : certains n’aiment pas, mais alors pas du tout, ce blog. Cela a donné l’affaire Zythom, avec les convocations au Tribunal et devant la commission de discipline de la compagnie d’expert judiciaire. C’était ma première confrontation à la détestation. En même temps, quand j’analyse bien l’histoire en question, c’est une microscopique aventure qui ne casse pas trois pattes à un canard. Et pourtant j’en ai beaucoup souffert. Je suis un con.

–o0o–

En étant responsable d’un service informatique, je suis confronté à toutes les situations possibles et imaginables des pannes et problèmes, qu’ils soient dus à des causes matérielles, logicielles ou surtout à l’interface entre la chaise et le clavier. Toute l’année, je gère des problèmes, j’encaisse avec diplomatie, je défends mon équipe, je défends le point de vue de l’utilisateur… Bref, je fais ce que font des millions de personnes à travers le monde : mon travail de responsable informatique. J’aime résoudre des problèmes.

Sur le coup, c’est très gratifiant.

Mais voilà, quelques fois, rarement heureusement, je perds mon sang froid : je réponds un peu sèchement à un utilisateur. Celui-ci va prendre la mouche et le ton va monter. Pour peu que je sois un peu fatigué, je vais m’énerver. Hélas, je n’ai pas encore compris que, plus j’ai d’expérience (i.e. plus je vieillis), plus l’on attend de moi que je contrôle parfaitement mes nerfs, que je sois aguerri à toutes les chausse-trappes. C’est ce qui est sensé me différencier des jeunes ambitieux qui finiront par prendre ma place. Une à deux fois par an, je tombe dans le panneau et ça me revient en pleine figure, parce que je suis un con.

–o0o–

Je m’intéresse de près aux affaires de ma commune, de ma région et à la politique en général. Pour avoir assisté à plusieurs conseils municipaux (dans les rangs du public), on m’a proposé d’aider à tenir un bureau de vote, puis à être sur la liste du futur maire. Et comme il n’y avait qu’une seule liste, j’ai été élu.

Sur le coup, c’est très gratifiant.

Mais passer des bancs du public au siège de conseiller municipal, cela attire un peu plus les regards des emmerdeurs et des envieux. Moi qui était tout content de pouvoir donner mon avis sur les aménagements de la commune, j’ai appris que beaucoup de monde considéraient les conseillers municipaux – bénévoles qui consacrent un peu de temps pour leur commune – comme les cibles favorites de leurs fiels, de leurs rancœurs, de leurs problèmes de voisinage. Et parfois, rarement heureusement, je leur dis ce que je pense. Et là, c’est le drame. Je deviens un monstre sans cœur, un ennemi à abattre, je deviens LA cible du moment. Je deviens celui qui a la prétention de juger les autres, leurs problèmes, celui qui ne pense pas comme eux, donc qui pense mal. Et parfois, je me rends compte qu’ils ont raison, que je suis un con.

–o0o–

En devenant expert judiciaire, je me suis dit qu’en tant que savant, en tant que « sachant », mes connaissances pouvaient être utiles à la justice. En prêtant serment devant le tribunal, j’étais très fier.

Sur le coup, c’est très gratifiant.

Mais quand toutes les caisses de l’État vous réclament des milliers d’euros (relire le billet URSSAF, CANCRAS et CARBALAS), même les années où aucun tribunal ne vous a désigné dans une affaire, quand les parties, pour gagner, vont jusqu’à mettre en doute vos compétences, vos méthodes, votre honnêteté, quand vous devenez le seul obstacle avant la victoire désirée, alors vous vous rendez compte que vous êtes monté sur un ring, que vous êtes entré dans une jungle dont vous ne connaissez pas toutes les règles. Après tant de coups, après tant de désillusions, je me suis rendu compte que les seuls dossiers qui pouvaient avoir mérité d’avoir eu envie de devenir expert judiciaire étaient les énigmes posées par les scellés que l’on me confie dans les instructions. Et comme la plupart du temps, il s’agissait de recherche d’images ou de films pédopornographiques, je me dis que je suis un con.

–o0o–

En recevant une invitation à une conférence sur la sécurité informatique à laquelle j’avais toujours rêvé de participer (assis dans le public), j’ai ressenti une joie immense.

Sur le coup, c’est très gratifiant.

Ensuite, après avoir vérifié que les organisateurs comprenaient bien que je n’étais pas un spécialiste de la sécurité, que je ne souhaitais pas prendre la place d’un conférencier spécialiste du sujet, j’ai eu le bonheur de rencontrer des gens extraordinaires et j’ai pu apprendre beaucoup d’un domaine que je connais mal (lire « Mon SSTIC 2012« ). Et c’est au moment où je stressais le plus en préparant ma présentation, qu’un imbécile a pris son pied à détruire ce blog et a cherché à me ridiculiser. Encore une fois, je ne pensais pas qu’un simple coup de projecteur puisse susciter autant de haine. Je suis un con.

Je voudrais qu’on reconnaisse mes compétences mais qu’on me laisse tranquille.

Je veux le beurre et l’argent du beurre.

Je veux encore rester un enfant.

Je fais surtout une allergie à tout ce qui ressemble au pouvoir.

En fait, je suis surtout le roi des cons.

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PS: J’ai écris ce billet un soir de déprime. En le relisant quelques jours plus tard, je me suis dit que j’avais eu une certaine lucidité. Cela va mieux maintenant. Je ne suis pas parfait.

Assistance à Huissier

La tension est palpable dans la pièce trop petite pour tout ce monde. Je suis assis devant l’ordinateur en train de regarder son contenu. A côté de moi, l’huissier prend des notes sur toutes les manipulations que j’effectue. En face de moi, le salarié, assisté d’un délégué du personnel. Dans un coin de la pièce, le directeur de l’usine, très remonté. A ses côtés, un informaticien bien embêté.

Je suis en pleine mission d’assistance à huissier.

Tout le monde attend beaucoup de moi.

Je préviens tout de suite les personnes présentes que je ne suis pas Dieu, que je vais avoir besoin d’un certain nombre d’informations pour pouvoir faire mes recherches sur le poste de travail… Le responsable informatique hoche la tête.

Je demande si le PC ne peut pas être mis sous scellé pour une analyse inforensique différée. Non, l’ordinateur contient des données importantes pour la production de l’entreprise, des clefs matérielles permettant de faire fonctionner des logiciels vitaux. Il faut faire une analyse in situ, là maintenant.

J’allume le PC. Le système d’exploitation est un classique Windows XP en mode domaine. Je demande les mots de passe des comptes utilisateur et administrateur concernés. L’huissier prend des notes, me demande d’aller doucement. Je me connecte en tant qu’administrateur local de la machine.

L’huissier note tout ce que je fais. Il me demande d’expliquer en termes simples la manipulation que j’effectue et pourquoi je la fais. On n’est pas sorti de l’auberge. Surtout que je ne sais pas vraiment ce que je dois chercher.

« Cela fait deux fois que le fichier des clients est modifié alors que je suis absent et que je suis le seul à pouvoir y accéder ! » Tonne le directeur de l’usine. L’informaticien m’explique que les fichiers de log du serveur montrent des accès en provenance de cet ordinateur, sur lequel le directeur affirme n’avoir jamais travaillé.

Tout le monde parle en même temps, le salarié accusé, le délégué du personnel, le directeur de l’usine… Je ne suis pas là pour animer la réunion, ni l’huissier d’ailleurs. Je regarde tout le monde s’énerver. Je suis l’observateur privilégié d’un drame interne de l’entreprise.

Je n’ai aucune idée de la méthode que je dois suivre pour prouver l’utilisation frauduleuse d’un compte sur l’ordinateur. Pourtant on attend de moi une tâche impossible: dire qui a piraté le compte du directeur et comment. Je demande les logs d’accès au serveur Windows 2003. L’informaticien est un peu embêté. Il m’explique que du fait d’une panne de disque dur et d’un remplacement à la va vite par un disque plus petit, il a fallu faire de la place, que la réinstallation du serveur a été faite très vite, que les logs d’accès sont minimalistes. Bref, une sécurité bâclée. Mais je sais que le compte informatique a été utilisé sur le poste devant lequel je me trouve. En tout cas, semble l’avoir été. En fait, je sais très peu de chose, mais qu’un salarié est accusé.

J’ai été appelé la veille, par l’huissier de justice, qui voulait
savoir si j’étais disponible pour une intervention en entreprise prévue
le lendemain matin.

Z : « Mais une intervention sur quel type de matériel et pour y rechercher quoi ? »

H : « Un salarié est accusé d’avoir modifié des données sur le serveur. »

Z : « Ah bon ? Mais quel type de serveur, quel système informatique ? »

H : « Ah ça, je ne sais pas. Mais il faut qu’on y soit à 8h demain matin. »

Z : « Gmblmblmbl. Je vérifie mon agenda et j’appelle mon patron pour voir si je peux me libérer et je vous rappelle. »

Me voilà donc à 8h dans un bureau où tout le monde me regarde. Je regarde les logiciels installés sur l’ordinateur. Je demande des explications pour certains d’entre eux. L’informaticien me renseigne. L’huissier prend des notes. Rien ne semble anormal.

Je demande au directeur de l’usine de me donner son mot de passe: « Vlehd233 » me répond-il. Je note scrupuleusement, en faisant répéter. Il me précise qu’il a changé le mot de passe depuis, mais que c’est celui-là qu’il utilisait depuis longtemps.

Je lance une recherche de cette chaîne de caractères sur tous les fichiers du disque dur. J’explique à l’huissier qui prend bonne note. Rien. Je procède à la récupération de tous les fichiers effacés de l’ordinateur et regarde la liste des fichiers.

Un exécutable attire mon attention: unshadow.exe

A partir de mon ordinateur portable, j’effectue une petite recherche sur internet… John The Ripper. Ce bon vieux JTR, que j’utilisais il y a des années pour tester la fiabilité des mots de passe de mes étudiants. Je note la date du fichier. Je trie par ordre des dates la liste des fichiers récupérables. Je repère tout un groupe de fichiers ayant la même date. Je restaure le répertoire parent. Dans le dossier, je retrouve des fichiers textes, dont un contenant la chaîne de caractères « Vlehd233 ».

Je lève les yeux sur le salarié et lui demande pourquoi je trouve trace du logiciel « John The Riper » sur son poste de travail, ainsi que la présence du mot de passe du directeur de l’usine dans le même répertoire.

L’huissier prend note de ses explications.

J’ai fini mon intervention. Je range mon matériel en mesurant le bol que j’ai eu. Depuis, je refuse de travailler ainsi au petit bonheur la chance. Chacun son métier.

Je ne suis pas spécialiste en sécurité informatique.

Les Assises

J’aime bien discuter avec d’autres experts judiciaires, et faire un retour d’expérience sur tel ou tel point technique de nos activités. Récemment, j’ai rencontré un expert judiciaire qui a vécu une expérience qu’il n’oubliera pas : témoigner dans un procès d’assises. Il a accepté que je rédige un billet sur son expérience pour vous la faire partager ici. Comme il est d’usage sur ce blog, les dates, lieux, sexes et noms des personnes ont été modifiés. L’expert judiciaire s’appellera Luwin.

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Le tribunal est silencieux pendant que je m’avance jusqu’à la barre. Nous sommes aux Assises et je dois témoigner en tant qu’expert judiciaire en informatique.


Il y a quelques semaines, un huissier est venu me délivrer une « citation à expert devant la cour d’assises ». Je suis appelé à témoigner en personne, c’est ce qui est inscrit. Ouf, c’est la cour d’assises de mon département. La dernière fois c’était à l’autre bout de la France. Je regarde les dates : mince, ça coince, entre les cours aux étudiants et des réunions prévues depuis plusieurs mois.

L’affaire ? Ah, oui, je me souviens. Quelques années auparavant, j’ai été désigné dans ce dossier pour analyser le contenu d’un ordinateur et y retrouver des vidéos tournées par l’accusé. Sale affaire. Les victimes sont des adolescents, encore enfants au moment des faits reprochés. Des faits graves.

Après les copies d’usage, et au premier abord, l’ordinateur était vierge de vidéos. Puis j’ai utilisé mes outils fétiches, comme Defrazer du NFI. Une par une, des vidéos sont reconstituées par les outils. Cela a pris des heures, des jours. Elles étaient toutes effacées, présentes uniquement sous forme de traces. Les vidéos n’ont plus de nom, le système de fichier les a oubliés. C’est donc moi qui les nomme, car il faut bien qualifier le contenu, décrire l’insoutenable.

Je sais que je n’ai pas retrouvé toutes les vidéos, que certaines sont incomplètes, que la plupart n’ont pas le son associé. Mais il n’y a pas à se méprendre : l’accusé est sur les vidéos, les petits garçons aussi. Ce qui était la parole d’un jeune garçon sur un procès-verbal d’audition devenait la réalité devant mes yeux. Je me suis alors rendu compte que seul l’accusé et moi avions vu ces vidéos.

Je dissipe mes souvenirs et contacte le greffe de la cour d’assises. Revenons sur Terre. Par chance la date et l’heure prévues pour l’audition tombent dans un créneau horaire libre. Dans le passé, il m’est déjà arrivé de faire changer la date ou l’heure d’audition. Tant que l’on s’y prend suffisamment tôt, et que l’ordonnancement des auditions est flexible, le greffe est conciliant.

Puis je m’enquiers du nom du président de la cour. Une question me dérange : dois-je présenter les vidéos aux jurés ? En effet ces vidéos sont présentes dans le rapport, sous forme d’annexes numériques, mais les jurés n’en ont pas connaissance. Ni du rapport d’ailleurs. Le greffier m’explique que la salle d’audience est toute neuve et que l’on peut projeter sur trois écrans (deux en face des jurés, un derrière eux), et m’indique le nom et le téléphone du magistrat.

Avant de l’appeler je ressors le rapport de mes archives. Le dossier comporte beaucoup de dates, d’éléments techniques. Je me replonge dans l’affaire, me remémore ces détails troublants comme ces courriers de l’accusé vers ses victimes, ou ses navigations Internet.

Je contacte le magistrat, qui prend le temps de m’expliquer le déroulement des assises. Il ne voit pas d’objection à ce que les vidéos soient projetées : il s’agit d’un élément central du dossier.

Cela m’a tétanisé.

Il y a un fossé entre un travail technique et scientifique solitaire dans son laboratoire et la présentation des résultats devant une assemblée, surtout lorsqu’il s’agit d’une cour d’assises, avec l’avenir d’un homme en jeu. Je n’ose même pas imaginer ce que devait être une cour d’assises quand la peine de mort existait. Puis je visionne à nouveau les vidéos, revois les victimes. Pour que l’œuvre de justice soit complète, je dois témoigner. C’est le jury qui décidera.

Le mieux à faire dans ces cas-là est de bien se préparer et de gérer tant que faire se peut la montée du stress. D’abord on contacte les collègues plus aguerris, ceux qui sont déjà passé par là. Tous répondent en prodiguant moult conseils, me soutiennent et m’encouragent, j’écoute beaucoup. Je sens bien qu’il est assez rare qu’un expert judiciaire en informatique vienne en personne dans un procès d’assises. Pour un expert psychiatre ou légiste, il doit s’agir d’une routine.

Puis viennent les inquiétudes techniques : comment faut-il faire pour projeter des séquences vidéos dans un tribunal ? Comment sont-ils équipés ? Que faut-il amener ?

J’ai bien entendu le greffier, mais je suis de nature méfiante. D’autant plus que je n’aurai pas le temps de « visiter » la salle avant d’y aller. La salle est neuve m’a assuré l’huissier, il ne devrait pas y avoir de problème particulier. Mais je décide de doubler le matériel en amenant mon propre vidéoprojecteur, deux ordinateurs portables, des clés USB et un DVDRom avec tout mon dossier gravé. Et une rallonge électrique. Et une multiprise. On ne sait jamais.

Le jour J approche. La tension monte.

Je mets à disposition chaque moment « libre » pour préparer le plan de mon « témoignage ». Aux assises, la procédure est orale, c’est-à-dire que les témoins doivent puiser dans leur mémoire les réponses aux questions. Quand il s’agit d’informatique, il est matériellement impossible de se souvenir de tous les fichiers, dates, éléments du dossier, sans avoir recours à la consultation du rapport. Les présidents de cour m’ont toujours autorisé à avoir recours à mes notes, à condition bien sûr de ne pas me plonger dans le rapport pour en faire la lecture à voix haute. Disons que le rapport est plutôt vu comme un aide-mémoire. Cela me rassure, car même si je suis sûr de venir à la barre avec tout le rapport en tête, tellement je l’aurai lu et relu, je ne suis pas à l’abri d’un trou de mémoire sur une question inattendue.

Je rédige alors un mémo, de trois pages au maximum, écrit gros car ma vue baisse, qui reprend les étapes principales de mon rapport.

Jour J.

J’arrive une heure et demi avant le début de l’audience. Je n’arrivais pas à dormir et je déteste arriver en retard. J’en profite pour prendre un expresso au « café du palais » (il y a toujours un « café du palais » à côté d’un tribunal). Je découvre alors dans le journal le contexte complet de l’affaire dans laquelle j’interviens. Auparavant je n’avais que l’ordonnance de commission d’expert et uniquement les informations nécessaires à la mission d’expertise. C’est encore plus glauque que prévu.

Le tribunal ouvre ses portes. Il n’y a presque personne. Je présente ma carte d’expert au portique d’entrée, ce qui me permet de ne pas sortir tout mon attirail de mes sacs.

Je me rends dans la salle, il n’y a personne. J’attends patiemment et au bout d’un moment l’huissier audiencier arrive. Il m’informe que la journée d’hier a été très longue et que ce matin nous aurons aussi le témoignage d’un militaire, initialement prévu la vieille, avant que je puisse passer. Bon.

Je demande si je peux commencer à brancher mon matériel. L’huissier me CRIE qu’il ne comprend rien au matériel. Je lui CRIE en retour de m’indiquer qui peut m’aider. Nous CRIIONS de concert non pas par énervement, mais parce que la pluie vient de tomber, et résonne de manière phénoménale dans la salle d’audience, située au dernier étage. Je comprends néanmoins que c’est le greffier « qui sait ». Le greffier arrive peu de temps après, avec l’arrêt de la pluie. « Ah, vous avez pris votre ordinateur ? Mais je ne sais pas comment on le branche, c’est tout neuf ici, vous n’avez pas une clé USB ? ». J’explique que j’ai les logiciels nécessaire au visionnage des vidéos sur mon PC, que je le maîtrise, et que je préférerais le garder, s’il vous plaît, merci. Le greffier n’y voit aucun inconvénient mais me laisse me débrouiller, il faut simplement que son ordinateur à lui continue de fonctionner.

L’endroit où je vais témoigner est en face du Président de la cour. C’est un pupitre, avec un micro. C’est tout. Pas de prise électrique ou vidéo. Je récupère une prise vidéo attachée à la caméra de document et une prise électrique vers le greffier. Je connecte mon portable : fils trop courts, je ne parviens pas jusqu’au pupitre. Je laisse donc mon ordinateur vers le greffier, je me déplacerai.

L’heure de début d’audience arrive et la salle s’est remplie. Finalement, de me concentrer sur les petits aléas techniques m’a permis d’ « oublier » là où j’étais. Mais je sens le stress qui revient.

J’avise une personne en uniforme sur un siège et vais me placer à côté d’elle. Il s’agit certainement du témoin qui va me précéder.

Une sonnerie stridente retentit. La cour fait son entrée, tout le monde se lève. Le Président et les deux magistrats professionnels qui le secondent sont au centre, les jurés de chaque côté. Le Procureur Général est à ma droite, avec les avocats de l’accusation. L’avocat de la défense est à ma gauche. Je le reconnais, c’est un bon.

Le Président ouvre les débats et appelle le militaire à témoigner. La personne à côté de moi se lève et s’avance à la barre. Le Président lui demande de décliner ses nom, âge, qualités et de prêter serment. Le militaire rend son témoignage entièrement de mémoire, avec tous les noms, lieux, dates et heures parfaitement appris. Je me sens misérable avec mon aide-mémoire. Le Président demande à l’Avocat Général puis aux avocats de l’accusation s’ils ont des questions, et donne la parole à l’avocat de la défense. Les questions pleuvent sur le pauvre militaire, accompagnées de rhétorique cinglante. L’avocat arriverait presque à faire passer le militaire pour un bourreau. Le militaire ne se départ pas de son calme et répond brièvement. « Avez-vous d’autres questions, Maître ? », demande le Président. « Non ?, dans ce cas nous vous remercions M. LeMilitaire et appelons à la barre l’expert informatique, M. Luwin ».

C’est à moi. Étrangement je suis très calme lorsque je me lève. Toutes les personnes présentes me regardent. La salle est silencieuse pendant que je m’avance jusqu’à la barre. Tout le monde sait que mon témoignage, et les vidéos que j’ai récupérées, sont essentiels.

Président : Veuillez décliner vos nom, date et lieu de naissance, adresse et qualité.

L : Luwin, 01-01-1970 à St Unix la Chapelle, expert judiciaire.

P : M. Luwin, Jurez-vous « de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité » ? Levez la main droite et dites « je le jure ».

L : Je le jure.

P : M. Luwin, veuillez décrire à la cour le déroulement de vos opérations d’expertise.

L : M. le Président, puis-je m’aider de mon aide-mémoire manuscrit ?

P : Mais bien sûr Monsieur l’Expert.

L : Merci Monsieur le Président. L’ordonnance qui m’a commis avait quatre chefs de mission, je vais les reprendre et expliquer en regard de chacun d’eux quels ont été mes opérations et leurs résultats. J’ai procédé à l’examen technique, bla-bla-bla…

L : …dans les vidéos on voit l’accusé en compagnie de petits garçons…

L : …Et j’ai remis mon rapport le 11 novembre 2011 au magistrat.

P : Monsieur le Procureur Général ?

PG : Merci Monsieur le Président. Monsieur l’Expert, …/…/… et donc à quelle date le système d’exploitation a été installé ?

L : !

Je feuillette mon rapport. Heureusement que tous mes rapports sont calqués sur le même modèle. Mais il y a 2 ans, est-ce que je relevais cette date ? Ah oui, j’ai trouvé, c’est à la page…

PG : C’est à la page 17 de votre rapport Monsieur l’Expert

L : Grmmll, oui, voilà : 18 juin 2003 à 12 heure 23 minutes et 6 secondes

PG : …/…/

P : Maître Jaccuse (avocat de l’accusation) ?

J : Pas pour l’instant Monsieur le Président.

P : Maître Défend (avocat de la défense) ?

D : Oui, merci Monsieur le Président.

L’avocat s’approche du pupitre, son regard pétille. Zut, il tient quelque chose.

D : Monsieur l’expert, quelle formation avez-vous ?

L : je suis docteur/ingénieur en informatique

D : Très bien. Avez-vous une formation qui permette de déterminer que les vidéos que vous avez retrouvées sont à caractère pédopornographiques ?

L : Non, Maître

D : Ou pornographique ?

L : Non, Maître

D : Très bien. Les vidéos que vous mentionnez n’ont pas de son, comment pouvez-vous affirmer que mon client a « ordonné » à un jeune homme de réaliser tel ou tel geste sexuel ?

L : En interprétant le langage corporel, Maître

D : Vous interprétez ! Mais vous n’avez pas de formation dans ce domaine non plus ! Je pourrais interpréter, moi, d’une autre façon, n’est-ce pas ?

L : Oui, Maître

D : Je n’ai plus de question, Monsieur le Président

P : Maître Jaccuse, vous aviez une demande ?

J : Oui, je voudrais que les jurés visionnent les vidéos 3, 7 et 11 contenues dans le rapport.

P : Très bien, je déclare le huis-clos pour permettre le visionnage. Le public est prié de quitter la salle.

Le public quitte la salle. Les victimes aussi, bien qu’elles puissent rester. L’atmosphère s’alourdit.

Je me dirige vers le PC portable et commence à diffuser les vidéos. Chaque vidéo dure plusieurs minutes. Aucune n’a de son. L’effet n’en est que plus ravageur.

Une demi-heure après, je coupe le vidéoprojecteur. Les lumières reviennent dans la salle. Les visages des jurés sont fermés. La défense accuse le coup. L’atmosphère est très lourde.

Le Président déclare une suspension de séance.

Je range mon matériel méticuleusement. Mon témoignage technique est terminé. Je sors de la salle. Je m’assoie sur un banc et je souffle. Tout s’est bien passé : l’ordinateur n’a pas cafouillé, les vidéos ont fonctionné, le vidéoprojecteur n’a pas lâché, l’écran de projection était à la bonne hauteur, je n’ai pas tremblé pendant mes réponses aux questions des avocats.

Je sens la baisse d’adrénaline. Je suis vidé.

Le lendemain, j’apprendrai dans les journaux que l’homme de mes vidéos a été condamné à 10 ans de prison ferme.

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Source photo www.tres-drole.com

Devenir expert judiciaire…

Je remets ici à jour ce billet de janvier 2012 toujours d’actualité.

Tout d’abord, il est important de comprendre qu’Expert Judiciaire n’est pas une profession à proprement parler, mais une activité parallèle à une profession (sauf peut-être pour les experts traducteurs-interprètes, domaine que je ne connais pas beaucoup, mais vous pouvez relire ce billet pour plus d’informations).

Un expert judiciaire, c’est quelqu’un qui est inscrit sur une liste tenue par une Cour d’Appel. Le simple fait d’être inscrit sur cette liste donne le droit d’utiliser le titre « d’expert judiciaire près la Cour d’Appel de X ». Cette liste permet aux magistrats ayant besoin d’un avis technique de désigner quelqu’un pouvant les éclairer dans une affaire sur laquelle ils travaillent.

Pour être inscrit sur cette liste, vous devez avoir un « vrai » métier (celui qui vous fait vivre). Les magistrats qui gèrent cette liste considèrent que l’activité d’expert judiciaire doit être une activité annexe, ce qui me semble tout à fait raisonnable, tant il serait dangereux de vivre uniquement aux crochets des régies judiciaires, qui payent souvent avec beaucoup de retards (lire ce billet par exemple).

Cependant, le statut précis de l’expert judiciaire n’est pas parfaitement clair pour toutes les administrations, en particulier pour le régime de l’assurance maladie, y compris pour la justice elle-même, ce qui ne lasse pas de me surprendre. J’en ferai peut-être un billet, le jour où j’aurai compris réellement comment cela se passe (je ne suis inscrit sur la liste de ma Cour d’Appel que depuis 1999 ;-).

Le titre d’expert judiciaire est un titre prestigieux… Ou du moins qui jouit d’un certain prestige. Beaucoup de personnes aimeraient bien l’ajouter sur leur CV ou sur leur carte de visite. Certains considèrent même qu’il s’agit de la consécration ultime d’une carrière professionnelle, une forme de reconnaissance auprès de leurs pairs. Et malheureusement, certains, alors que la pratique de leur domaine technique est, hum, un peu ancienne, arriveront effectivement à être inscrit sur la liste des experts judiciaires de leur Cour d’Appel. C’est en tout cas vrai dans mon domaine, c’est-à-dire en informatique. J’ai rencontré un expert judiciaire fraîchement inscrit, et directeur informatique d’une société française prestigieuse, qui m’a avoué au détour d’une conversation, que la manipulation d’un disque dur lui était complètement étrangère… Je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais j’espère qu’il n’a pas été désigné dans des dossiers avec disques durs. Ou du moins qu’il a refusé les missions de ce type.

N’oubliez pas que l’activité d’expert judiciaire ne se limite pas à l’analyse du contenu d’un disque dur, mais peut vous amener à étudier l’informatisation d’une entreprise par son prestataire de service, ainsi que les contrats qui les relient… Les jeunes loups qui me lisent, vous faites moins les malins, là 😉

Quelque soit votre âge, enfin si vous avez moins de 70 ans, vous devez remplir les conditions indiquées dans le billet de janvier 2012 (qu’il faut lire maintenant, je ne peux pas toujours tout résumer) et déposer un dossier de demande d’inscription.

Le billet se terminait comme suit:

Si votre demande est acceptée, vous serez convoqué pour prêter serment.
C’est aussi le bon moment pour contacter une compagnie d’experts pour
parler formations, procédures, assurance, et pour comprendre également dans quel guêpier vous êtes tombé avant de contacter les impôts, l’URSAFF et autres joyeusetés à qui vous allez expliquer votre activité (et comment ils doivent la gérer). Mais tout cela est une autre histoire, et concernant la bouteille, n’attendez pas la clôture de votre premier dossier.

Une déception d’un certain nombre de nouveaux experts judiciaires est de constater que l’institution judiciaire ne les accueille pas « comme il faut », c’est-à-dire avec le tapis rouge qui est dû à leurs nouvelles fonctions.

Je pense que c’est un point que la France devrait revoir, en particulier pour les personnes recevant la nationalité française. Nous, Français, ne savons pas organiser une réception digne de ce nom pour les personnes toutes fières de s’intégrer à notre beau pays. Alors qu’il suffirait de prendre exemple sur les canadiens.

Ma prestation de serment fut assez terne. Nous étions tous réunis dans une salle d’audience, debout et un peu raides. Personne ne connaissait personne. Beaucoup d’entre nous mettaient les pieds pour la première fois dans un tribunal et étaient un peu désorientés. Le serment ayant été lu par le magistrat, une fois et pour tout le monde, et à l’énoncé de son nom, il fallait lever la main et dire « je le jure ».

L’institution judiciaire ne m’accueillait pas parce qu’elle avait besoin de moi, elle acceptait que je l’aide, parce que j’avais demandé à pouvoir la servir… C’est très différent.

Ensuite, une fois de retour chez moi, j’ai attendu plus d’un an avant de recevoir ma première désignation. Entre temps, personne n’était venu m’aider ou m’expliquer les démarches qu’il fallait faire auprès des différentes administrations pour démarrer cette « activité » d’expert judiciaire. Je n’avais jamais fait de facture d’honoraires, ni rempli une demande de remboursement de frais et débours.

Les choses sont un peu différentes maintenant qu’il faut passer par une phase probatoire de deux années, avec formation obligatoire (à vos frais). Mais l’idée est la même, et je comprends que l’activité d’expert judiciaire ressemble un peu à celle d’un club un peu fermé.

N’oubliez jamais aussi que vous travaillerez pro bono publico. N’attendez donc jamais un remerciement, un encouragement ou des félicitations de quiconque. Remplissez votre mission avec diligence et précision, mais assumez pleinement le risque de vous faire poursuivre en justice par une partie mécontente de votre travail.

Finalement, être expert judiciaire, c’est un peu comme tenir un blog, être conseiller municipal ou travailler dans un service informatique : beaucoup de critiques, peu d’encouragements, des risques d’agressions et toujours pro bono.

Mais il y en a qui aiment cela. C’est le moment de préparer votre dossier, car le 1er mars est vite arrivé.

A bientôt cher futur confrère !

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Source photo Megaportail