Le plus beau métier du monde

Etre responsable informatique dans une école d’ingénieurs, c’est un peu comme un chemin de croix: à chaque coin sa peine…

L’étudiant: « M’sieur Zythom, pourquoi vous bloquez le réseau pour nous empêcher de faire un jeu en réseau pendant les cours? »

Moi: « Et bien, vous avez assez bien formulé la réponse… »

Le professeur: « Cher Collège (insistez bien sur la majuscule condescendante), les vidéoprojecteurs que vous mettez à notre disposition dans les amphis ne permettent pas l’affichage en 2560×2048 indispensable à la bonne compréhension de mon cours. Quand comptez-vous réparer cette indigence? »

Moi: « Vous voulez sans doute parler du passage au standard QSXGA (voir ici les standards vidéo). Et bien, nous venons juste d’acheter 15 vidéoprojecteurs au standard UXGA. Pour répondre donc précisément à votre question, je pense réparer notre indigence dans environ quatre ans. »

Le personnel administratif: « Pourquoi plus rien ne fonctionne depuis que vous avez remplacé mon ordinateur? »

Moi: (après enquête) « Et bien, vous devez recréer tous les raccourcis que vos collègues vous ont créés sur votre bureau. Voulez-vous que je vous montre comment on crée soi-même un raccourci? Vous connaissez l’histoire de celui qui a soif et à qui on refuse de donner à boire pour lui montrer comment creuser un puits? »

Le Gala:

Fin septembre, après le rush de la rentrée estudiantine, l’école procède à la cérémonie annuelle de remise des diplômes d’ingénieurs pour la promotion sortante. C’est l’occasion également du déroulement du gala de l’école.

Le gala est un moment fort de l’année, dans ce qu’il réunit lors d’une grande soirée plusieurs générations d’anciens étudiants, dont certains sont en poste depuis plusieurs dizaines d’années.

C’est l’occasion pour eux de se retrouver et de se raconter leurs souvenirs.

Etudiant X à un autre: « Tu te souviens quand on a dévalé les pistes de ski, sans neige, et sans ski? »

C’est aussi l’occasion pour eux de retrouver leurs professeurs et de leur remémorer quelques bons et mauvais souvenirs.

Etudiant X: « Ah bonjour Monsieur Zythom! Vous vous souvenez comme j’étais nul en algorithmique? Et mes programmes, vous vous souvenez la vitesse à laquelle ils faisaient redémarrer l’ordinateur tout seul? »

C’est enfin l’occasion pour moi de découvrir ce que sont devenus mes anciens étudiants.

Etudiant X (le même que précédemment): « Ce que je fais aujourd’hui? Et bien je suis commercial dans une grande société informatique. Qu’est-ce que j’étais nul en informatique, mais qu’est-ce que j’aimais bien vos cours! »

C’est aussi le moment de rencontres avec des personnes qui dirigent maintenant des usines de 1000 personnes, qui sont « grands patrons » dans des TPE, PME, PMI, TGE ou TGI (Très Grosse Entreprise ou Industrie). Je les vois toujours comme « mes » étudiants, je les bouscule comme s’ils étaient encore post adolescents. Cela leur fait plaisir.

C’est à ces moments que je me rends compte que j’exerce le plus beau métier du monde.

Le reste n’est que poussière qui blanchit mes cheveux.

Le législateur et les nouvelles technologies

J’ai eu la semaine dernière la visite d’un fournisseur ayant pris rendez-vous pour me présenter les matériels dernier cri de sa société. Il s’agit d’un fabricant de machines de mise sous plis. Il se trouve que nous disposons d’une telle machine âgée maintenant de cinq bonnes années et toujours ma foi en bonne santé, bon pied, bon oeil…

L’intrépide commercial sentant mon attention faiblir lors du rendez-vous, me sort l’argument massue pour réveiller mes ardeurs consuméristes:

« Mais savez-vous que nos machines de mise sous plis sont équipées du dernier système de gestion des incidents?! En cas de problème, plus besoin d’appeler un technicien qui viendra – quand il pourra – constater qu’il n’a pas la pièce! Il suffit maintenant d’appuyer sur le bouton rouge et la machine contactera immédiatement grâce à son modem intégré un serveur distant qui saura que vous êtes en panne et qui vous appellera immédiatement. »

J’ai donc expliqué au dynamique commercial qu’il me faudra donc mettre en place deux téléphones avec ligne directe (denrée rare dans mon entreprise, tant les numéros SDA sont hors de prix): l’un pour la machine, l’autre pour l’opérateur…

J’ai alors posé la question suivante:

« N’est-il pas possible de passer par internet? »

Devant les yeux arrondis de mon interlocuteur, j’ai senti que j’étais entré dans un autre monde, dans une autre dimension ou dans une autre époque.

« Mais monsieur, ne savez-vous pas qu’internet est empli de dangers pouvant mettre en danger toute votre installation, allant jusqu’à déclencher de fausses alertes!!! »

Me dire cela, en 2007, au XXI siècle, à moi…

Pourquoi commencer ce billet avec cette anecdote liminaire somme toute assez insipide?

Et bien, parce que finalement j’étais heureux de rencontrer encore quelqu’un qui se souvenait qu’une technologie mal utilisée pouvait être dangereuse (je parle d’internet, pas de la machine à mettre sous plis, il faut suivre, vous là-bas au fond!).

Et c’est là que nos législateurs entrent en scène.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais rappeler à mes lecteurs l’une des règles de base concernant Internet (je mets un « I » majuscule quand je veux):

l’échange sur internet de courriers électroniques non cryptés équivaut IRL à l’échange de cartes postales (sans enveloppe): tous les intermédiaires peuvent en lire le contenu. Quels sont ses intermédiaires? Les informaticiens responsables du serveur d’envoi de votre messagerie, toutes les personnes intervenant sur les actifs réseaux que vos emails emprunteront et enfin, tous ceux susceptibles d’accéder à la boite email de réception de votre correspondant. Sans compter que les emails peuvent rebondir vers des boites aux lettres « de sécurité », vers des serveurs de secours, quand ce n’est pas vers une boite aux lettres de votre prestataire informatique (si si j’ai déjà vu cela)…

Il est de plus EXTREMEMENT facile d’envoyer un email en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Vérifier dans votre poubelle à SPAM combien d’emails vos « amis » vous ont adressés pour vous permettre de gagner 20% de plus (devinez ce qui doit pousser de 20%? Ah, vous lisez trop de spam vous aussi…).

C’est l’une des raisons qui me pousse à continuer à adresser mes convocations en recommandé avec avis de réception, et mes pré-rapports par FAX. Je réserve l’utilisation de ma messagerie pour des messages du type « Cher Maître, suite à notre conversation téléphonique du 18 juin 1940, pouvez-vous me confirmer la date du 6 juin 1944 comme date de notre première réunion d’expertise? »

Et si la réponse consiste en une demande de transfert de fond d’une riche veuve nigérienne en total désaccord avec l’article 419, et bien je faxe sans confirmation en priant pour la survie dudit cabinet.

Vous comprenez donc que j’ai toujours caché ma joie en apprenant la mise en place entre experts et avocats de procédures d’échanges de données informatisés sécurisé(e)s

(je ne sais plus si ce sont les procédures, les échanges ou les données qui sont sécurisés…)

Quelle ne fût donc pas ma surprise, lorsque Maître Eolas attira tantôt mon attention sur le « décret n°2007-1620 du 15 novembre 2007 modifiant le code de procédure pénale (troisième partie : Décrets) et relatif à l’utilisation des nouvelles technologies » m’entrainant malgré le poids de mon manque de sommeil dans la rédaction de ce [long] billet nocturne, post Cold Case.

Extrait du décret (je mettrai le lien en fin de billet pour éviter de perdre le peu de lecteurs arrivés à ce stade):

La copie des actes du dossier d’instruction […] peut être réalisée sous forme numérisée, qui est conservée dans des conditions garantissant qu’elle n’est accessible qu’aux personnes autorisées à la consulter.

A chaque transmission ou remise d’une copie numérisée, le greffier délivre une attestation indiquant qu’elle est conforme à l’original.

Les copies numérisées remises aux avocats […] peuvent être adressées par un moyen de télécommunication à l’adresse électronique de l’avocat.

Ce qui signifie qu’un document aussi important que le dossier d’instruction, document de procédure plus confidentiel que le code secret de l’arme atomique (tatoué sur une oreille de Baltique?), va pouvoir circuler vers des adresses emails GMAIL, hotmail ou de feu la société « vouloir faire« …

Avez-vous lu quelque part les mots « cryptage », « PKI », « signature électronique »? Moi non.

Je passe sur le fait que l’attestation du greffier sera sans doute une document papier dument tamponné…

Et pourtant, à un moment, j’ai cru que nos législateurs avaient eu un sursaut technologique en lisant:

DE L’UTILISATION DE MOYENS DE TÉLÉCOMMUNICATION AU COURS DE LA PROCÉDURE

Extraits:

Pour l’application par le juge d’instruction ou le juge des libertés et de la détention des dispositions […] prévoyant la retranscription dans différents procès-verbaux des déclarations des personnes entendues en plusieurs points du territoire, il est procédé selon l’une des deux modalités prévues par le présent article.

Soit deux procès-verbaux sont dressés simultanément, l’un par le magistrat et son greffier dans les locaux de la juridiction, et l’autre par un greffier sur le lieu où se trouve la personne entendue, et ils sont signés sur place par les personnes présentes.

Soit un procès-verbal est dressé dans les locaux de la juridiction par le magistrat et son greffier, et ce document est immédiatement transmis sur le lieu où est présente la personne entendue, pour être signé par cette dernière, selon la procédure des contreseings simultanés […]

Hélas, pour ceux qui ne sauraient dire en quoi consiste la méthode de sécurité dite des « contreseings simultanés », voici sa définition selon l’article D.47-12-3 du code de procédure pénale:

Lorsqu’il est fait application de la procédure des contreseings simultanés, le procès-verbal est signé par le magistrat et son greffier, puis est transmis par télécopie ou par un moyen de communication électronique sur le lieu où est présente la personne entendue, pour être signé par cette seule personne. Ce document est immédiatement retourné au magistrat selon le même procédé. L’original du document signé par la personne entendue est ensuite transmis par tout moyen pour être joint au dossier de la procédure.

J’ai du relire plusieurs fois, et à cette heure avancée de la nuit faire un petit croquis (si si)…

Enfin, cerise sur le gâteau, le TITRE XII – DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Extraits:

Lorsqu’un protocole a été passé à cette fin entre, d’une part, le président et le procureur de la République du tribunal de grande instance et, d’autre part, le barreau de la juridiction représenté par son bâtonnier, les avocats de ce barreau peuvent transmettre à la juridiction par un moyen de télécommunication à l’adresse électronique de la juridiction ou du service de la juridiction compétent, et dont il est conservé une trace écrite, les demandes, déclarations et observations suivantes :

[suit la liste de toutes les demandes possibles]

Ces transmissions sont effectuées, en respectant les modalités prévues par le protocole, à partir de l’adresse électronique professionnelle de l’avocat, préalablement communiquée à la juridiction, et après que les documents joints ont fait l’objet d’une numérisation.

Les messages ainsi adressés font l’objet d’un accusé électronique de lecture par la juridiction.

Ils sont considérés comme reçus par la juridiction à la date d’envoi de cet accusé, et cette date fait, s’il y a lieu, courir les délais prévus par les dispositions du présent code.

Là, je dois dire que j’en suis resté comme deux ronds de flan.

Il est 1h33 du matin, je vais me coucher.

Je relirai demain.

Désolé pour les fôtes.

Je laisse mes collègues informaticiens rompus à la pédagogie expliquer en détails les problèmes de sécurité liés aux emails.

Références bibliographiques:

Décret n°2007-1620 du 15 novembre 2007

L’éternel voyage de la science

Les experts les plus redoutables sont ceux dont la compétence paraît offrir le plus de garantie. En effet, si l’avocat peut toujours combattre, parfois victorieusement, les conclusions d’un expert graphologue, il osera plus difficilement discuter catégoriquement les rapports d’un grand professeur en médecine ou d’un chimiste dont la compétence est universellement reconnue.

Ainsi, le professeur Tardieu, grand médecin légiste du 19eme siècle, fit une carrière exemplaire. Prudent jusqu’à l’extrême scrupule, il ne s’était pourtant jamais prononcé qu’à coup -qu’il croyait- sûr.

Il n’apprit pourtant l’existence des ptomaïnes qu’en 1875, par les travaux des professeurs Selmi de Bologne et Gautier.
Jusqu’à cette époque, toute substance alcaloïde toxique extraite d’un cadavre au cours d’une expertise médicale était réputée avoir été introduite criminellement durant la vie.

En 1875, le grand médecin légiste était alors parvenu au terme de sa carrière.

Quel effroi rétrospectif, quelle tristesse durent le saisir, lorsque la découverte de ces poisons nés de la mort lui révéla combien d’erreurs il avait pu commettre.
Il avait trouvé du poison; il pensait avoir touché du doigt le crime.
Mais l’empoisonneuse n’était que la Nature surprise en son labeur de décomposition.

Tardieu ne s’était jamais trompé. Il avait subi les ignorances de la science.

Il en sera toujours ainsi. Si savant soit-il, un savant ne peut savoir que tout ce qui se sait à son époque. Il s’en rend compte et, devant la justice, il emploie volontiers cette formule de haute modestie: « Dans l’état actuel de la science, je crois pouvoir affirmer telle ou telle chose ». Mais de cette réserve philosophique nul ne tient compte.
« Voilà ce qui me paraît être la vérité », dit le savant.
« Voilà la certitude », traduit la foule ignorante, oublieuse de « l’éternel voyage » de la science.

Extrait de l’ouvrage « Les erreurs judiciaires et leurs causes » de Maurice Lailler et Henri Vonoven (1897).

Sur la terre, tantôt sable, tantôt savane,
L'un à l'autre liés en longue caravane,
Échangeant leur pensée en confuses rumeurs,
Emmenant avec eux les lois, les faits, les mœurs,
Les esprits, voyageurs éternels, sont en marche.
L'un porte le drapeau, les autres portent l'arche ;
Ce saint voyage a nom Progrès. De temps en temps,
Ils s'arrêtent, rêveurs, attentifs, haletants,
Puis repartent. En route ! ils s'appellent, ils s'aident,
Ils vont ! Les horizons aux horizons succèdent,
Les plateaux aux plateaux, les sommets aux sommets.
On avance toujours, on n'arrive jamais.
Victor Hugo — Les Châtiments

L’âne des ânes dans les siècles des siècles

J’ai beaucoup réfléchi depuis l’arrêt de ce blog.
J’ai lu les commentaires, j’ai reçu des emails, j’ai discuté avec des amis.

8 jours, 1h et 57 mn après l’écriture du billet précédent, la rédaction des billets me manque. Je mentirais en oubliant de préciser que l’attente de l’apparition des commentaires me manque aussi.

Plusieurs commentateurs m’ont fait remarquer gentiment qu’il n’était pas nécessaire de publier un billet tous les deux jours.

Je suis donc arrivé à la conclusion suivante: je suis un imbécile.

Seul l’imbécile ne change pas d’avis.
Mais alors, il y aurait contradiction avec le fruit des réflexions ci-dessus citées?
Est-ce une preuve d’intelligence de reconnaître ses tords et de

Nutrisco et extinguo

Sous titre: Les billets que vous ne lirez pas

Ce blog va s’arrêter.

Non pas parce que des pressions m’auraient obligées à cesser de tenir ce journal en ligne.

Uniquement de mon propre fait et de ma propre initiative.

Tenir ce blog m’a aidé à plusieurs titres:
– évacuer ma frustration d’avoir à souffrir seul des difficultés rencontrées lors de mes expertises, surtout celles en matière pédophile.
– discuter (en ligne et hors ligne) avec des personnes très intéressantes, blogueurs de qualité, ou internautes anonymes mais dont les commentaires m’ont été précieux.

Je pense avoir proposé des informations aux futurs experts leur permettant de sauter le pas et de mettre leur savoir faire au service des magistrats et des avocats.

Je pense avoir donné à un large public une vision particulière de l’activité d’expert judiciaire, à une époque où l’activité de celle-ci me semble mal connue et mal comprise.

Les billets de ce blog étaient répartis en trois grandes catégories: expertises judiciaires, vie professionnelle et vie privée. L’écriture sous pseudonyme m’a permis de proposer des anecdotes vécues sur mes expertises judiciaires, à la condition de modifier le contexte, les noms et les dates pour respecter les règles de déontologie de mon activité.

Professionnellement, l’utilisation d’un pseudonyme n’a pour moi aucune utilité. J’aime mon métier, j’apprécie mon employeur et ne cache rien de mes activités extérieures, notamment en matière d’expertises judiciaires. J’envie les blogueurs tenant un blog parallèle à leur métier, ouvertement et sans trop de contraintes. Le poids de leur opinion est plus fort et leur prise de position plus courageuse.

Côté vie privée, l’utilisation d’un pseudonyme est plutôt gênante. Mes enfants ne savent pas trop quoi penser de ce type d’activité et j’ai du mal à leur expliquer.

Mais pourquoi arrêter alors?
Tout simplement parce que je n’ai plus grand chose à raconter côté « anecdotes d’expertises ». Toutes les anecdotes ne sont pas racontables et celles qui le sont concernent des affaires trop récentes dont je ne peux pas parler. Et conserver le pseudonyme pour le reste n’a pas de sens.

Blogueur un jour, blogueur toujours?
Je vais peut-être ouvrir un blog sous mon nom, pour parler librement à mes amis, à ma famille et à toutes les personnes qui partagent les mêmes passions que moi. C’est amusant de penser que je vais tomber dans l’anonymat le plus complet dès lors que j’abandonnerai mon pseudonyme. Ce qui est sur, c’est que le comportement classique du blogueur me manquerait: « – Ah, c’est une idée d’article pour mon blog – Je note cela pour mon blog – Mais qu’est-ce que je peux bien trouver comme titre pour ce billet – Ah la belle citation que voilà, je la mets de côté pour mon blog – Bon, je tiens le titre, reste à écrire le billet… »

Je voudrais en premier lieu remercier Paxatagore qui a été le premier à me référencer dans son blog et qui m’a offert son aide sur plusieurs des problèmes que je pouvais rencontrer dans l’activité d’expert judiciaire.

Je voudrais particulièrement remercier Maître Eolas, dont l’apparition sur ce blog sous forme de commentaires m’a toujours rempli de joie et de fierté (wwoouaaaa, tu as vu, j’ai un commentaire d’Eolas!!!!), et dont le référencement sur son blog m’a amené les deux tiers de mes visiteurs. Je trahis un peu sa reconnaissance en stoppant ce blog.

Je voudrais transmettre mes salutations confraternelles à tous les experts qui me lisaient, même s’ils ne l’avouaient pas toujours en formation, en particulier à ceux qui ont soutenu ma démarche malgré tout.

Chers auteurs de tous les blogs référencés sur la partie droite de ce site, je resterai simple lecteur admirateur. Si je ne dépose pas toujours de commentaires sur vos sites, c’est simplement parce que souvent je ne sais pas écrire autre chose que « bien dit – je suis complètement d’accord avec vous… »

Un regret aussi auprès de Pascal Charest, qui m’a toujours fait rêver par son activité d’outre mer, et avec qui j’aurais bien aimé travailler.

Pour les lecteurs qui appréciaient ce blog, et pour ajouter à leurs frustrations, voici les billets en projet, mais jamais écrits ou terminés:
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Hérétiques (titre provisoire):
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Jusqu’à la fin du Moyen-Âge, la finitude avait la préférence et l’on se rappelle du sort peu enviable réservé aux hérétiques qui parlaient d’infini.
Se basant sur les travaux de Nicolas Copernic et Nicolas de Cues, Bruno Giordano démontre, de manière philosophique, la pertinence d’un univers infini, peuplé d’une quantité innombrable de mondes identiques au nôtre.
Accusé d’hérésie par l’Inquisition, il est condamné à être brûlé vif au terme de huit années de procès.

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Les Drills
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La numérotation des pièces dans un dossier d’expertise:
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Les parties vous fournissent chacune des pièces, souvent identiques, mais avec une numérotation propre à chaque partie: comment les référencer?

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Quel est le crétin (titre définitif, billet de comptoir):
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QUEL EST LE CRETIN QUI A AUTORISE LA VENTE DES VELOS TOUT TERRAIN SANS LUMIERE?
Le matin, maintenant que le jour n’est pas encore levé lorsque j’accompagne ma fille à son collège, des ombres circulent sur la route, blafardement éclairés par les chiches lumières urbaines.
QUEL EST LE CRETIN QUI A REMPLACE LA BONNE VIEILLE DYNAMO DES BICYCLETTES PAR DES PILES?
Sans doute le même que précédemment.
A bon y fo lé chenjé lé pil? A b1 c pa ékolo di donk
Tous des crétins va.

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Intelligence économique et sécurité de l’information:
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Une anecdote vécue sur un débriefing dans le train. Six personnes partageaient avec moi deux carrés (2×4 places) dans le TGV. Elles revenaient d’une visite importante auprès d’un client et faisaient leur débriefing à côté de moi (et des autres personnes de la rame). Tout y est passé: les marges de leur entreprise, les trucs pour emporter le marché, les noms des personnes clefs, les chiffres confidentiels… Incroyable. A l’arrivée en gare de Lyon, j’ai failli faire un résumé au chef de projet, mais je n’ai pas osé…

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Les mots de passe:
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J’ai déjà évoqué plusieurs fois ici les méthodes permettant d’obtenir les mots de passe. Je souhaitais faire un billet récapitulatif et montrer la facilité déconcertante de cette facette de l’activité d’expert judiciaire. La sécurité en générale est mal implémentée, ou mal comprise par les utilisateurs. Un récent billet de l’excellent Cédric BLANCHER aborde une partie de cet aspect. Abonnement à son blog obligatoire…

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Les dates:
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Un billet sur les difficultés rencontrées pour répondre correctement à la question suivante: « à quelle date ont eu lieu tels et tels faits? ». La précision dans les expertises. Dates (bios, dates fichiers…)
« Le 3e millénaire ne commence pas le premier janvier 2000 mais bien le 1er janvier 2001. Pour parfaitement exacte que soit cette donnée, elle nous flanque pourtant un sacré choc au moral. Parce que alors, du coup, le paléolithique moyen dont on nous avait dit qu’il s’étendait de –75000 à –35000 n’a commencé en réalité que le 1er janvier –74999 pour s’achever le 31 décembre –34999. On s’est bien foutu de notre gueule en tout cas. »
Le Petit Roger de Philippe Geluck

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Les vieux:
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Les vieux peuvent-ils faire des expertises?
Sont-ils compétents en technique?
Oui oui oui

Les vieux ne meurent pas, ils s’endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l’autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n’importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Les vieux – Jacques Brel

Jeune, on est beau comme un coeur. Vieux, on est beau comme un pacemaker.
Michèle Bernier
Extrait de Le Petit Livre de Michèle Bernier

Quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canards : c’est un canard. C’est vrai aussi pour les petits merdeux.
Michel Audiard
Dialogue du film « Les Vieux de la vieille »

Quand j’étais jeune, je plaignais les vieux. Maintenant que je suis vieux, ce sont les jeunes que je plains.
Jean Rostand

On est toujours plus vieux que sur la photo

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Une idée dont le temps est venu:
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Je n’ai pas réussi à caser cette citation (trop sérieuse et trop belle pour la plupart des sujets que j’ai abordés).
«Il y a une chose plus forte que toutes les armées du monde,
c’est une idée dont le temps est venu.»
Victor Hugo

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Prendre du recul (titre provisoire):
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Etre capable de prendre du recul dans les expertises (et dans la vie). Je voulais surtout placer cette histoire relevée dans une conférence et qui m’avait fait sourire:
Un paysan chinois se fait voler un cheval.
Un voisin lui dit: tu n’as vraiment pas de chance!
Le paysan lui répond: je ne sais pas, je verrai un peu plus tard…

Le lendemain, le paysan retrouve son cheval et son voisin lui dit: alors toi tu as de la chance!
Je ne sais pas lui répond le paysan, il faut attendre un peu pour savoir…

Le fils du paysan monte sur le cheval l’après-midi et fait une mauvaise chute qui lui brise la jambe. Quelle malchance lui dit le voisin, tu avais raison en disant d’attendre pour savoir…

Le lendemain, les Mongols attaquent la Chine et tous les jeunes hommes du village sont réquisitionnés pour partir à la guerre, sauf le fils du paysan, puisqu’il a la jambe cassée.
Finalement, j’ai eu de la chance, dit le paysan, quelques jours plus tard.

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pwnie-awards:
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https://pwnie-awards.org/winners.html
Via le site https://sid.rstack.org/blog/index.php/209-blackhat-en-panne
Je voulais écrire un billet sur quelques termes du jargon informatique, leur origine, etc (pwnie, woot, etc.)

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Méthodologie:
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Un petit cours sur les méthodes, avec application aux expertises judiciaires.
Citation à caser:
Les logiciels plantent car ils se basent sur la théorie qu’avec neuf femmes enceintes vous pouvez avoir un bébé en un mois.
Wernher von Braun

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La terre de nos enfants (billet écolo)
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Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants.
Seattle (chef indien)

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Epilogue:

Je laisse le livre consacré à une partie du blog en vente sur Lulu.com (toute ma famille n’a pas encore acheté l’ouvrage!), mais j’ai modifié il y a quelques temps le paramétrage du blog pour afficher sur une seule page l’ensemble des billets (histoire d’enfoncer encore plus ceux qui surfent encore sur du RTC, ceux qui payent à la quantité téléchargée ou les fans de GPRS et consorts…). Il vous suffit d’enregistrer la page pour les sauvegarder. Le cache de google n’est pas éternel…

Beatus qui prodest quibus potest
Heureux qui vient se rendre utile à ceux qu’il peut aider
Plaudite, cives ! : citoyens, applaudissez !
Mots par lesquels les acteurs romains, à la fin d’une comédie, sollicitaient les applaudissements du public.
Public des jeux du cirque, Astérix gladiateur.

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Explication du titre:
Nutrisco et extinguo
Je nourris et j’éteins (Devise de François Ier, Roi de France)
La salamandre, symbolise généralement le pouvoir sur le feu, donc sur les hommes et sur le monde. La devise Nutrisco & extinguo (« Je m’en nourris et je l’éteins »), qui accompagne parfois cet emblème, prend tout son sens lorsqu’on se réfère au pouvoir sur le feu. On la retrouve sur énormément de plafonds et de murs du château de Chambord et de celui de Fontainebleau, et sur les armes de la ville du Havre et sur celles de Vitry-le-François ainsi que sur le logo du département du Loir-et-Cher. Cet animal un peu magique est censé éteindre les mauvais feux et attiser les bons.

Comprenne qui pourra sur mon choix de titre!
Ici Zythom,
A vous les studios…

Acte de réception d’Avocat

Mon père a trouvé dans une brocante un parchemin du 18e siècle portant comme titre « Acte de réception d’Avocat ». Nous l’avons fait encadrer pour le symbole qu’il représente et je vous livre ici la transcription que j’en ai faite. Je ne suis pas sur de tous les mots car la calligraphie était particulièrement difficile à lire pour mes yeux habitués aux polices TrueType.

Voici donc un petit morceau d’histoire:

L’an de Grâce mil sept cent sept le lundi vingt quatrième jour d’octobre au Pontaudemer devant nous Jean Legrix écuyer sieur de Henutamulle conseiller du roi lieutenant général crime et criminel et lieutenant criminel de monsieur le Bailly de Rouen aux bailliages du Pontautou et du dit Pontaudemer le lieutenant Général de Police ont siégés vu la requête présentée par Anne François Lebourg disant qu’il a obtenu ses licences en droit en l’université de Caen après avoir étudié pendant les temps portés par la déclaration du roi et y avoir expressément obtenu ses lettres de bachelier pourquoi je vous présente sa requête à ce qu’il nous plaira lui accorder acte de la représentation qu’il faut de ses dites licences et lettres de bachelier ordonne qu’elles seront enregistrées au greffe pour y avoir recourt et que son nom sera inscrit au catalogue des Avocats pour en faire les fonctions faisant droit sur ladite requête vu les dites licences et lettres de bachelier obtenues par le dit sieur Lebourg, les plans d’assignation faites aux témoins baillés en liste par le procureur du roi pour être informé de la vie et moeurs et conversation de religion catholique apostolique et romaine du dit sieur Lebourg par Pierre Letellier greffier fait et constaté en cette ville pour conclure ci-joint et pour information faite en conseil par nous de ce dit jour et en main les conclusions du procureur du roi auquel Lebourg a été communiqué nous avons accordé acte au dit sieur Lebourg de la représentation qu’il a faite de ses dites licences de bachelier ordonne qu’elles seront enregistrées au greffe de ce siège pour y avoir recourt et sieur Lebourg admis et reçu au serment d’Avocat permet alors de postuler et plaider comme les autres Avocats de ce dit siège à laquelle fut ordonné que votre nom sera inscrit au catalogue des Avocats de ce dit siège a lui enjoint de garder et obtenus les ordonnances avec en règlement de la cour ce qu’il a juré et promis faire sous promesse.
requête présentée par Anne François Lebourg

Affaire Castro (1854)

Les experts en écriture ne sont pas seuls à donner à rire… à rire au public et à pleurer aux inculpés. Trop persuadés de leur compétence, ceux que le juge appelle à son aide ne veulent jamais avouer que leur sagacité est en défaut. De là des expertises comme celles de cet honorable carrossier.

Dans les premiers jours du mois de janvier 1854, M. Castro, agent comptable de la Compagnie du chemin de fer de Bordeaux à Bayonne, parcourait la route impériale, entre Dax et St-Vincent-de-Tyrrosse, dans un cabriolet conduit par le voiturier Barbet.

Il avait placé, à St-Geours, dans la voiture, une somme de 24000 francs divisée en trois groupes, dont deux dans la caisse du cabriolet et le dernier sous les pieds des voyageurs.

Arrivés à St-Vincent, M. Castro et son conducteur constatèrent la disparition des 16000 francs enfermés dans la caisse qui était effondrée; il ne leur restait que les 8000 francs placés sous leurs pieds.

La justice avertie se livra à des recherches, ne recueillit aucun renseignement précis, mais devant la déclaration du carrossier chargé de l’examen de la caisse de la voiture, elle arrêta M. Castro et son conducteur, les accusant d’avoir détourné à leur profit les 16000 francs disparus.

De l’expertise, en effet, il résultait que la caisse avait été enfoncée volontairement et pour donner le change. Il y avait eu crime et non accident.

La chambre des mises en accusation avait déjà renvoyé Castro et Barbet devant la Cour d’assises des Landes, lorsque les dépenses exagérées d’un nommé Ditcharry, habitant d’une commune voisine de Dax, éveillèrent l’attention, puis les soupçons de la justice.

Ditcharry avait trouvé sur la route les 16000 francs perdus par Castro. La caisse du cabriolet s’était brisée toute seule.

En dépit du carrossier-expert, il fallut acquitter l’agent comptable et son voiturier. A titre de réparation, sans doute, le président de la Cour d’assises adressa quelques paroles de consolation aux accusés:

« La Providence, comme pour nous pénétrer du sentiment de notre faiblesse, comme pour signaler à la justice humaine la nécessité de la plus rigoureuse prudence, permet aux hommes les plus sages de s’égarer dans leurs appréciations. »

Extrait de l’ouvrage « Les erreurs judiciaires et leurs causes » de Maurice Lailler et Henri Vonoven (1897).

Le temps du changement

Voici venu le temps du changement…

Depuis quelques années, j’occupe le poste de « responsable des systèmes d’information » dans une école d’ingénieurs, école où j’ai commencé comme professeur avant de retourner à mes premières amours.

Je m’y emploie à maintenir en état un parc d’ordinateurs, de serveurs, et l’assemblage de tous les logiciels qui constituent ledit « système d’information ». Je suis aidé en cela par une équipe de deux personnes que j’ai eu l’honneur de former.

Bref, le bonheur.

Il y a six mois, je me suis rendu compte que l’agitation cérébrale liée au début de mes activités à ce poste commençait à retomber. Malgré l’émergence continue de nouvelles technologies, la sortie de nouveaux bugs nouvelles fonctionnalités, le comportement browniens des étudiants, l’attitude quantique des utilisateurs, le constat est accablant: je commençais à tourner en rond…

Jeune ingénieur tout frais sorti de son école, j’aspirais à révolutionner le domaine de l’intelligence artificielle.

Jeune docteur tout juste diplômé, je fabriquais des systèmes d’équations récurrentes non linéaires.

Jeune professeur, j’allais évangéliser les rudes provinciaux en leur portant la bonne parole à coup de langage C…

Jeune responsable informatique, je découvrais l’ingratitude permanente des utilisateurs, le charme de la diplomatie et la joie des 30 jours de congés payés (fruits de hautes luttes sociales).

Oui mais voilà, maintenant, grimpeur assis au sommet de sa montagne, je regarde avec envie les sommets voisins (plus haut) en pensant à l’ivresse de l’escalade.

C’est pourquoi, cet été, quand j’ai appris que le responsable du service technique partait, et bien, après une petite hésitation, j’ai proposé à mon patron de me confier son service, en plus du mien…

Me voici donc maintenant également responsable:

– du nettoyage du bâtiment

– de son entretien

– de son chauffage

– de l’électricité

– du contrôle d’accès

– de la sécurité incendie

– des espaces verts

– du respect des règles de stationnement

– du parc de voitures de société (si si)

– des achats

– de l’agrandissement des locaux…

Je découvre avec joie le plaisir de l’encadrement de neuf personnes.

Je me baigne avec délice dans les joies des règlements ERP2, des normes de sécurité des engins de levage, des alarmes incendies intempestives et de la manipulation experte des autocollants « interdit de stationner ».

La plasticité synaptique de mes neurones est enfin mise de nouveau à contribution (je veux dire bien sur en dehors de mes opérations d’expertises judiciaires).

Autant vous dire que la qualité régularité des billets de ce blog va en pâtir quelques temps…

Où sont les femmes ?

Où sont les femmes ? Avec leurs gestes plein de charme…
Chantait Patrick Juvet en 1977.

En effet, il y a très peu de femmes expertes judiciaires en informatique (mais heureusement il y en a!). Pourquoi?

Je ne sais pas…

Pourquoi les femmes ne sont-elles pas attirées par ce type d’activité?
On trouve des femmes magistrates, avocates, gendarmes, policières… mais très peu de femmes expertes judiciaires en informatique.

Il n’y a pas d’explication. C’est comme cela.

Au point qu’une fois, en étudiant mon inscription à un congrès organisé par une compagnie d’experts judiciaires, et alors que les sujets d’étude évoqués nous intéressaient mon épouse et moi-même, nos regards furent attirés par le programme spécial prévu pour les « accompagnantes ».

Il était écrit « accompagnantes » et non pas « accompagnants ».

Les organisateurs n’avaient pas prévu qu’une femme puisse s’inscrire en tant qu’experte (ou qu’un expert vienne accompagné d’un homme…). Ils n’avaient pas prévu non plus que les conjoint(e)s puissent être intéressé(e)s par les débats techniques.

A ma question téléphonique, il me fut répondu « et bien inscrivez vous tous les deux comme congressistes ».

Oui, mais les prix ne sont pas les mêmes: un tarif réduit pour un expert plus un plein tarif pour un extérieur, alors que les conjoint(e)s étaient sensé(e)s ne pas payer…

Femmes, déposez des dossiers de candidature pour devenir expertes judiciaires!

Je suis sur que cela changera l’atmosphère de certaines réunions d’expertises…
Et puis comme cela, mon couple aura des tarifs réduits 🙂

11 novembre 2007

C’est la première fois que j’assiste à la cérémonie du 11 novembre dans ma ville. J’y accompagne ma fille qui doit lire un texte, avec ses camarades de classe de CM1. C’est un petit matin froid et nous retrouvons près du monument aux morts, des parents, des anciens combattants, les instituteurs, la fanfare, quelques personnalités et le maire.

La cérémonie est empreinte de dignité, émouvante et solennelle.

Moment de recueillement collectif, tout le monde est concentré sur les textes lus par les enfants à tour de rôle.

Arrive le tour d’un petit garçon dont le mère est à côté de moi. Elle me dit: il est très concerné car il nous a posé beaucoup de questions. Devant mon étonnement, elle m’explique que son arrière grand-père était allemand et avait combattu contre les français lors de la grande guerre…

C’est au tour de ma fille de 9 ans. Voici son texte:

« Plus de 4 millions d’hommes ne survécurent qu’après avoir subi de graves blessures, le corps cassé, coupé, marqué, mordu, la chair abimée, quand ils n’étaient pas gravement mutilés.

Les autre s’en sortirent en apparence indemnes: il leur restait le souvenir de l’horreur vécue pendant plus de 50 mois, la mémoire du sang, de l’odeur des cadavres pourrissants, de l’éclatement des obus, de la boue fétide, de la vermine, la mémoire du rictus obscène de la mort.

Il leur restait des cauchemars pour le restant de leurs jours, des images dont ils n’oublieraient jamais l’horreur. »

Ces mots dans la bouche de ma fille m’ont tiré quelques larmes discrètes.