Remembruary checkuary

Les anglo-saxons ont inventé un treizième mois, qu’ils nomment Remembruary ou Checkuary, situé entre le jour de l’an et la première date où l’on arrête de se tromper d’année. Cette période peut durer une heure pour certain, quelques semaines pour la plupart (vérifiez sur vos talons de chèques), et quelques années dans de rares cas médicalement avérés.

C’est sur cette note culturelle que je voulais démarrer cette nouvelle année, en vous souhaitant qu’elle soit meilleure que l’année dernière, mais moins bonne que l’année prochaine.

Et comme disait mon entraîneur d’aviron lorsque nous lui demandions sa stratégie pour notre prochaine course: « démarrez le plus fort possible, mettez toutes vos forces pour atteindre la plus grande vitesse, et ensuite, et bien… accélérez. »

Bonne année.

L’orthographe

Comme tout le monde, il m’arrive d’avoir des doutes sur l’écriture de tel ou tel mot, sur la conjugaison de tel ou tel verbe ou sur une règle grammaticale mal maîtrisée.

J’ai pour cela des outils imparables: les dictionnaires et manuels de grammaire.

Hélas, comme beaucoup, j’ai aussi une légère tendance à confier la gestion de mes erreurs à mon correcteur d’orthographe…

Depuis quelques temps, celui que j’utilise sous Firefox m’agaçait car il semblait ne pas connaître les mots à accents circonflexes ou à cédilles. Prenant mon google à deux mains, je trouve illico la solution à mon besoin, mais au passage, comme c’est la coutume lors d’une recherche internet, je perds mon temps en tombant sur une information passionnante: l’orthographe de plusieurs mots a changé, ainsi que certaines règles de grammaire, et cela depuis une réforme ayant eu lieu en 1990! On me cache tout, on me dit rien…

Ces modifications de 1990 sont présentées ICI.

Saviez-vous que l’on devrait écrire « cout » et non pas « coût », « weekend » et non pas « week-end »?

Je me suis amusé à faire un test avec google (sur les pages francophones):

« porte-monnaie »: 6 340 000 / « portemonnaie »: 23 700

« des après-midi « : 47 100 / « des après-midis « : 9 410

« événement »: 858 000 / « évènement »: 471 000

« aiguë »: 1 050 000 / « aigüe »: 144 000

« gageure »: 232 000 / « gageüre »: 719

Usage 5, réforme 0…

Dans un prochain article, les expressions peu utilisées en France, mais qui devraient l’être.

Allez, venez défoncer l’année avec nous!

Le cube et le comédien

Jacques François est mort.

Il est mort le 25 novembre 2003.

Pour ceux qui aurait la mémoire courte, Jacques François était un comédien. Un grand comédien.

Il avait une grande classe, il avait joué dans beaucoup de films et séries, et je garde de lui le souvenir du proviseur de la série TV « Pause Café ».

C’était une personne célèbre et respectée dans sa profession.

Nos chemins se sont croisés.

Je crois que je n’ai pas laissé un bon souvenir…

Avant d’expliquer pourquoi, il me faut faire un petit retour en arrière.

Souhaitant travailler dans l’informatique depuis ma tendre adolescence, et sur les « bons » conseils de mes parents, j’ai consumé une partie de ma jeunesse dans l’enfer de ce que l’on appelle les classes préparatoires. Math sup, puis Math spé. Ayant une certaine ambition, mais pas toujours les moyens d’icelle, l’épreuve fut rude.

Pour améliorer mes chances de pouvoir plus tard travailler moins et de gagner plus, j’ai choisi le statut de « cube ».

Pour tous ceux n’ayant pas la chance d’avoir des parents communistes instits, voici ce qu’est le statut de « cube »: c’est un étudiant redoublant de « Math spé ». Il fait trois années de classes préparatoires là où le génie standard méritant ainsi le surnom de « carré » en fait deux, . La justification en général fournit par les « cubes » est qu’ils souhaitaient obtenir de meilleurs résultats aux concours des grandes écoles que lors de leurs premières tentatives. Il y a même des cas de triplements de Math spé que l’on nomme des « bicarrés ».

Les « cubes » ont ceci de particulier qu’ils maîtrisent parfaitement tous les indicateurs physiques et mentaux les poussant à fuir à grandes enjambées ce système de sélection abominable et ridicule. Ils connaissent également par cœur toutes les annales du concours de l’école polytechnique (surnommée « X », souvenez-vous en) ET celles des ENS (Ecoles Normales Supérieures: Ulm pour les garçons et Sèvres pour les filles[1]).

A ce stade du récit, je dois préciser à ceux qui restent de mes lecteurs que « cube » est une appellation locale traduite dans les autres régions de France par la fraction « 5/2 ». Cette fraction est le résultat du calcul suivant: les classes préparatoires tirent leurs noms du fait qu’elles préparent le concours d’entrée à l’école polytechnique surnommée « X ». D’autre part, « entrer dans une école » se dit « intégrer » en langage « prépa ». Enfin, par le plus grand des hasards, il existe une branche des mathématiques qui s’appelle « calcul intégral ».

Il y a donc des équivalences logiques entre les concepts suivants:

– « cube »

– « préparer l’entrée à l’école polytechnique en trois ans » et

– « intégrer l’X en troisième année »

Si l’on représente les années par des segments sur une règle graduée, la troisième année se situe entre la graduation 2 et 3. Les plus matheux d’entre vous auront vérifié que l’intégrale de X entre deux et trois est bien égale à 5/2. CQFD.

Que les autres me fassent confiance.

Exercice pour la prochaine fois: démontrer que l’expression « carré » est égale à 3/2.

Certains formulaires du Ministère de l’Education Nationale entérine ces appellations avec des cases à cocher: « Etes-vous 5/2 ou 3/2? »… Même si vous préparez d’autres écoles d’ingénieurs.

Maintenant que vous êtes munis de ces informations parfaitement inutiles, vous êtes à même de mieux comprendre la pression qui pèse sur un jeune de 21 ans qui vient de sacrifier trois de ses plus belles années à ingurgiter ad nauseam une quantité incroyable d’informations parfaitement inutiles à la seule fin de passer des concours.

Ceci me permet de fermer le nombre incroyable de parenthèses ouvertes dans ce billet pour revenir à ma rencontre avec Jacques François.

Vous êtes capable d’imaginer la joie – que dis-je, l’explosion de joie – que j’ai ressentie à la fin de la dernière épreuve du dernier concours de ma troisième année (surtout que j’avais cartonné)!

Je suis sorti dans la rue en courant et en hurlant comme un sauvage ma joie de vivre, dans un état second d’euphorie libératrice.

C’est alors que j’ai percuté Jacques François qui promenait son chien.

C’est la force de la jeunesse, dans ces moments là, que de rester debout, là où l’adulte – bien qu’expérimenté – vole les quatre fers en l’air. Je l’ai donc aidé à se relever tout en me confondant en excuse, entre deux bouffées d’euphorie tant ma joie restait présente. Il n’était pas blessé, juste un peu éberlué.

J’espère qu’il a rapidement oublié notre rencontre.

Moi, malgré les années, je ne l’ai pas oublié.

—————-

[1] En 1985, l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (dite Ulm) et l’École normale supérieure de jeunes filles (dite Sèvres) ont fusionné. Dans la langue française, le masculin l’emportant sur le féminin, seul le nom Ulm est resté (bon, en fait, c’est le nom de la rue). Remarquez que l’on ne prononce pas Ulm comme on prononce U.L.M. (private joke).

Rien de ce qui est humain ne nous est étranger

Billet de Maître Eolas, publié avec son autorisation.

C’est en fait un commentaire qu’il a laissé sous mon billet précédent, et qui mérite un peu plus de visibilité.

Je n’aurais pas su mieux écrire.

Je ne puis parler au nom de Zythom, mais je ne pense pas qu’il me démentira quand je dirai que dans l’activité judiciaire, à laquelle il participe comme moi, il n’y a pas de lutte contre un ennemi « à abattre », qu’il faut considérer comme la lie de la société. La haine est absente du processus judiciaire : c’est pourquoi on l’a préféré à la vengeance privée.

Les amateurs de vidéos sordides que démasque Zythom sont des êtres humains. Libres, et donc responsables. Ils ont manifestement une pathologie, une anomalie mentale qui les fait éprouver une fascination morbide pour des actes qui devraient provoquer seulement de la répulsion. Cette pathologie n’est pas suffisante pour abolir leur discernement : ils gardent le choix. le choix de ne pas céder à cette pulsion, ou si elle devient lancinante, d’aller consulter. La société où ils vivent leur proposent des professionnels compétents, tenus au secret professionnel et même la prise en charge de ces soins.

Certains ne font pas ce choix. Ils choisissent de laisser libre cours à leurs pulsions. Pourquoi ? Ho, ils trouvent toujours une justification morale : ce ne sont que des photos, parfois des dessins. Ce ne sont pas eux qui les ont fabriquées, ce n’est pas eux qui ont fait le mal. Ils ne sont que des badauds, en somme, comme ceux qui ralentissent aux abords d’un accident pour regarder.

Beaucoup d’entre eux ont une famille, parfois même des enfants du même âge que les malheureuses victimes. Et il est très rare qu’il y ait un quelconque passage à l’acte sur leur propre enfant. Mystère de la psyché humaine : même un déséquilibré a des inhibitions salutaires. Un peu comme un homme qui regarderait de la pornographie adulte, mais qui ne tromperait pas sa femme.

Ce sont des êtres humains. Entièrement. Autant que vous et moi. Quand ils sont identifiés et que les faits sont établis, ils sont poursuivis. Ils ont un avocat qui les défend, qui est écouté avec intérêt et respect par le tribunal. La peine sera fixée en tenant compte de la gravité des faits, de la situation personnelle du délinquant, et comprendra souvent une obligation de soins. Pour la plupart de ces délinquants, il n’y aura pas de récidive. Je vous dis qu’on a des professionnels compétents pour les soins.

Zythom doit le savoir : ses expertises, longues, coûteuses, difficiles, aboutissent très rarement à de la prison ferme.

Peu importe, car il ne s’agit pas de débusquer la lie de la société pour l’abattre. Il s’agit de voler au secours, tant des enfants exploités par ces réseaux, que des adultes qui sont dans une pente destructrice d’eux même.

On ne veut pas abattre, mais sauver.

Car comme je crois l’avoir lu sur ce blogue : nous sommes humains, et rien de ce qui est humain ne nous est étranger.

Monoblogue éclectique hétéroclite

« Chao » me laisse un commentaire sur le billet précédent qui m’interpelle:

je m’écarterais de l’essence même de ce blog.

Son commentaire m’intéresse en ce qu’il contient une question simple: quelle est l’essence de ce blog?

Lorsque j’ai commencé ce blog, je voulais comprendre pourquoi ma fille aînée souhaitait ouvrir un « skyblog ».

J’ai ensuite découvert quelques blogs qui m’ont intéressé.

J’ai écris quelques billets « bidons » sur des sujets simples, j’ai voulu partager les histoires drôles qui me plaisaient, les citations que je trouvais particulièrement justes…

Puis, dans l’idée que je me suis fait d’un blog, je me suis mis à parler de ce que je connaissais le mieux: mes activités personnelles et professionnelles.

J’étais sur de n’avoir aucune audience, car dans mon entourage, lors des réunions de famille, cela n’intéresse personne:

– soit les anecdotes sont archi connues, parce que ça fait dix fois que je les raconte (au moins pour mes proches, car ils sont toujours là quand je les raconte à une nouvelle personne);

– soit les sujets sont tabous (pédophilie, meurtre, décapitations à la machette), pas toujours facile à placer dans la conversation. Au fait, hier soir j’ai vu sur un scellé la vidéo d’un enfant qui se faisait massacrer à coup de machette… Tiens, passe moi le sel.

– soit la matière est un peu trop geek (franchement, personne autour de moi ne trouve vraiment passionnante la découverte d’un mot de passe dans le fichier /var/vm/sleepimage sur un powerbook, alors que tout le reste est crypté, et pourtant…);

– soit le thème gonfle tout le monde, comme la spéléo, parce qu’il faut la pratiquer, pas en parler;

– soit parce que cela ne fait rêver que moi (Espace, frontière de l’infini).

Et là, curieusement, sur ce blog, cela intéresse quelques personnes.

Alors je me suis laissé aller à me raconter. Et j’ai très vite compris ce qui intéressait les visiteurs: les anecdotes d’expertises judiciaires.

Problème: comment raconter ce qui n’est pas racontable, du fait de la discrétion à laquelle est tenue un expert judiciaire?

Et bien, si vous lisez bien ce blog, et que vous aimez particulièrement la rubrique « Anecdotes d’expertises« , vous pouvez constater que je ne raconte que des détails, des surprises, des points techniques, en modifiant les dates, les lieux, les sexes… pour rester en phase avec la déontologie des experts judiciaires, et en règle avec la loi. Mais j’ai à peine vingt ans et quelques… et mon stock d’anecdotes présentables s’amenuise. Et je ne vais quand même pas en inventer!

Alors j’alterne entre vie privée, vie professionnelle et activité expertale.

Je me raconte en un long monologue…

Je monoblogue.

Tiens, justement, les commentaires: tous les jours, matin, midi et soir, je me précipite sur mon ordinateur (c’est une expression, car en fait je suis toujours assis devant un ordinateur, sauf en voiture où il est à ma ceinture) pour voir si j’ai des commentaires.

Seulement voilà, je NE VEUX PAS que les commentaires soient libres, avec modération a posteriori. Et ça, j’ai bien conscience que cela empêche la communication, le débat.

Pourquoi un tel souhait?

– J’ai une vraie phobie de la connerie humaine.

Ceux qui travaillent dans un service informatique comprendront…

– Etre expert judiciaire, cela vous range dans une catégorie que beaucoup de Trolls considèrent comme l’ennemi à abattre. Il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un ne m’explique qu’il est un grand malade pédophile mais que je peux toujours lui courir après car son commentaire a transité par 200 serveurs proxy cryptés, même que la clef elle fait 4096 bits…

J’ai horreur des mythos. Le simple fait d’en parler va les attirer encore plus!

Cela fait une tâche sur mon blog. Et je suis une vache sans tâche (ceux qui ont des enfants comprendront).

– Je veux pouvoir contrôler ce qui est publié ici et ce qui ne le sera pas.

Finalement, je me suis même demandé s’il n’aurait pas été moins frustrant pour l’internaute de ne pas pouvoir déposer de commentaires. Mais ce serait se priver d’une partie de ce qui fait le charme des blogs.

Alors je continue de monobloguer sur ce qui me passionne, même hors du domaine des expertises. Ouf diront certains, dommage dira « Chao », mais c’est comme cela.

Si vous voulez seulement lire les billet traitant des anecdotes d’expertises, oui, c’est possible! Le format pour les flux de rubriques est le suivant:

https://zythom.fr/feeds/posts/default/-/nomdelarubrique

Dans le cas des anecdotes d’expertise, c’est « Anecdotes%20expertises ». Et n’oubliez pas le trait d’union (« -« ) dans l’URL. Ce n’est pas une coquille!

Mais vous n’aurez pas les futurs billets sur la beauté des maths, sur la rétropropagation au sein des réseaux de neurones, ni ceux sur ma prochaine participation aux élections municipales.

Et je vous assure, vous allez rater quelque chose!

Affaire Martin (1766)

Je suis tombé il y a quelques temps sur ce texte de Voltaire que je ne connaissais pas. J’espère ne pas enfoncer de porte ouverte et le faire découvrir à quelques uns.

Je le complète en son milieu par un extrait de la correspondance de Voltaire à D’Alembert sur le même sujet (entre crochets).

Rubrique « Erreurs judiciaires » donc.

Il est nécessaire de justifier la France de ces accusations de parricide qui se renouvellent trop souvent, et d’inviter les juges à consulter mieux les lumières de la raison et la voix de la nature.

Il serait dur de dire à des magistrats: « Vous avez à vous reprocher l’erreur et la barbarie; » mais il est plus dur que des citoyens en soient les victimes.

Sept hommes prévenus peuvent tranquillement livrer un père de famille aux plus affreux supplices. Or, qui est le plus à plaindre ou des familles réduites à la mendicité, dont les pères, les mères, les frères, sont morts injustement dans des supplices épouvantables, ou des juges tranquilles et sûrs de l’impunité, à qui l’on dit qu’ils se sont trompés, qui écoutent à peine ce reproche, et qui vont se tromper encore?

Quand les supérieurs font une injustice évidente et atroce, il faut que cent mille voix leur disent qu’ils sont injustes. Cet arrêt, prononcé par la nation, est leur seul châtiment; c’est un tocsin général qui éveille la justice endormie, qui l’avertit d’être sur ses gardes, qui peut sauver la vie à des multitudes d’innocents.

Dans l’aventure horribles des Calas, la voix publique s’est élevée contre un capitoul fanatique qui poursuivit la mort d’un juste; et contre huit magistrats trompés qui la signèrent. Je n’entends pas ici par voix publique celle de la populace qui est presque toujours absurde; ce n’est point une voix, c’est un cri de brutes: je parle de cette voix de tous les honnêtes gens réunis qui réfléchissent, et qui, avec le temps, portent un jugement infaillible.[…]

Quelquefois, et peut-être trop souvent, au fond d’une province, des juges prodiguaient le sang innocent dans des supplices épouvantables; la sentence et les pièces du procès arrivaient à la Tournelle de Paris avec le condamné. Cette chambre, dont le ressort était immense, n’avait pas le temps de l’examen; la sentence était confirmée. L’accusé, que des archers avaient conduit dans l’espace de quatre cents milles, à très grands frais, était ramené pendant quatre cents milles, à plus grands frais, au lieu de son supplice; et cela nous apprend l’éternelle reconnaissance que nous devons au roi d’avoir diminué ce ressort, d’avoir détruit ce grand abus, d’avoir créé des conseils supérieurs dans les provinces, et surtout d’avoir fait rendre gratuitement la justice.

Nous avons déjà parlé ailleurs du supplice de la roue, dans lequel périt, il y a peu d’années, ce bon cultivateur, ce bon père de famille, nommé Martin, d’un village du Barois ressortissant au parlement de Paris. Le premier juge condamna ce vieillard à la torture qu’on appelle ordinaire et extraordinaire, et à expirer sur la roue; et il le condamna non-seulement sur les indices les plus équivoques, mais sur des présomptions qui devaient établir son innocence.

Il s’agissait d’un meurtre et d’un vol commis auprès de sa maison, tandis qu’il dormait profondément entre sa femme et ses sept enfants.

On confronte l’accusé avec un passant qui avait été témoin de l’assassinat.

« Je ne le reconnais pas, dit le passant; ce n’est pas là le meurtrier que j’ai vu; l’habit est semblable, mais le visage est différent. »

« Ah! Dieu soit loué, s’écrit le bon vieillard, ce témoin ne m’a pas reconnu. »

Sur ces paroles, le juge s’imagine que le vieillard, plein de l’idée de son crime, a voulu dire: « Je l’ai commis, on ne m’a pas reconnu, me voilà sauvé; » mais il est claire que ce vieillard, plein de son innocence, voulait dire: « Ce témoin a reconnu que je ne suis pas coupable; il a reconnu que mon visage n’est pas celui du meurtrier. »

Cette étrange logique d’un bailli, et des présomptions encore plus fausses, déterminent la sentence précipitée de ce juge et de ses assesseurs. Il ne leur tombe pas dans l’esprit d’interroger la femme, les enfants, les voisins, de chercher si l’argent volé se trouve dans la maison, d’examiner la vie de l’accusé, de confronter la pureté de ses mœurs avec ce crime.

[Le juge, assisté de quelques gradués du village, condamne Martin à la roue, sur une amphibologie.]

La sentence est portée; la Tournelle, trop occupée alors signe sans examen: Bien jugé.

[Martin est exécuté dans son village. Quand on l’étendit sur la croix de Saint-André, il demanda permission au bailli et au bourreau de lever les bras au ciel pour l’attester de son innocence, ne pouvant se faire entendre de la multitude. On lui fit cette grâce après quoi on lui brisa les bras, les cuisses et les jambes.]

L’accusé expire sur la roue devant sa porte; son bien est confisqué; sa femme s’enfuit en Autriche avec ses petits enfants.

Huit jours après, le scélérat qui avait commis le meurtre est supplicié pour d’autres crimes: il avoue, à la potence, qu’il est coupable de l’assassinat pour lequel ce bon père de famille est mort.

Une fatalité singulière fait que je suis instruit de cette catastrophe. J’en écris à un de mes neveux, conseiller au parlement de Paris. Ce jeune homme vertueux et sensible trouve, après bien des recherches, la minute de l’arrêt de la Tournelle, égarée dans la poudre d’un greffe.

On promet de réparer ce malheur; les temps ne l’ont pas permis; la famille reste dispersée et mendiante dans le pays étranger, avec d’autres familles que la misère a chassées de leur patrie.

Le double effet Eolas

Après Kisscool, voici le double effet Eolas…

1er effet: Passage de 131 visites/jour le 7 décembre à 260 le 8 décembre, grâce à ce billet

2e effet: Avec 4596 visites du 15 novembre au 15 décembre, malgré la fermeture annoncée de ce blog et ma piteuse volte face huit jours plus tard, me voici tétanisé par mon mal de dos ce soudain afflux de lecteurs…

Je me vois donc obligé de réaffirmer d’une part ma gratitude à l’avocat le plus bas haut d’inter(net), et d’autre part la ligne éditoriale de ce blog avec son onzième commandement…

A suivre, un classique de Voltaire (et oui).

Le lapin!!! le lapin!!!

Ceci est un journal intime en ligne

Ce blog est un journal intime en ligne.

INTIME (dictionnaire de l’Académie française, 9e édition)

adj. XIVe siècle.

Emprunté du latin intimus, « le plus en dedans, le plus intérieur ».

1. Qui est intérieur à une chose, qui en constitue l’essence. La structure intime de la matière, d’un tissu vivant. Fig. Qui est tout à fait intérieur à l’être, à la conscience. J’en ai l’intime conviction. Une intime persuasion. Un sentiment intime de confiance.

2. Qui est strictement personnel, privé. Révéler ses sentiments intimes. Vie intime. Journal intime, où une personne note, en principe pour elle-même, ses réflexions ainsi que les évènements de son existence. Tenir un journal intime. Publier son journal intime. Par méton. Se dit de ce qui convient à la vie privée, favorise les relations familières, permet l’intimité. Un lieu, une atmosphère intime. Une pièce intime. Cet endroit n’est pas très intime.

3. Qui lie très étroitement. L’alliage intime de deux métaux. Mélange intime. Fig. Une union intime entre deux êtres. Avoir un commerce intime, des rapports intimes, des relations intimes avec une personne, avoir avec elle des relations amoureuses. Se dit d’une personne qui est liée à une autre par une affection très forte, une familiarité étroite. Un ami intime. Ils sont devenus très intimes. Subst. La famille et les intimes. Nous serons entre intimes. Par méton. Un repas, une cérémonie intime, qui réunit un petit nombre de proches, de familiers.

4. Par euphémisme. Qui a rapport aux organes génitaux. Parties intimes. Toilette intime.

L’expression « journal intime en ligne » fait donc pour moi référence à « Publier son journal intime » par opposition à « en principe pour elle-même« .

Pourquoi ce rappel à la Bible?

Et bien pour dissiper quelques malentendus…

Je ne suis pas un journaliste, et je ne prétends pas l’être.

Je n’en ai pas la formation, ni l’employeur (pour avoir une carte de presse, le journaliste professionnel est celui qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques ou dans une ou plusieurs agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources).

On me contacte parfois pour me demander mon avis sur tel ou tel aspect de la vie politique, sur la menace climatique, sur l’évolution de telle ou telle technologie…

Bon, j’ai bien un avis, mais que vaut-il?

Pas de recoupement, pas de vérification, pas de sources d’information spécifiques. Je n’ai pas de réseau, pas d’entrée particulière.

Bref, en général, et malgré une grande concentration, mon avis ne vaut pas tripette, alors qu’il y a des journalistes spécialisés qui vous répondront bien mieux que moi sur ces sujets.

Bien sur, si un journaliste me pose des questions sur l’activité d’expert judiciaire, sur la gestion d’un service informatique ET technique, sur la spéléologie martienne, bref, s’il me demande de parler de MOI, alors là OUI, j’ai un avis et c’est le meilleur!

Lorsque j’ai été nommé « responsable des systèmes d’information », les étudiants, qui me (re)connaissaient comme « professeur », m’ont titillé en me demandant si c’était une confirmation de l’omniprésence de la surveillance informatique. Je leur réponds toujours que je ne suis pas moustachu… Je crois bien qu’ils confondent avec la notion de ministère de l’information.

Les journalistes, eux, travaillent sur l’information.

Les faits qu’un journaliste rapporte au public sont porteurs de sens, par exemple dans le domaine de la politique, de l’économie ou de la culture. Cela confère un pouvoir aux journalistes (dont la profession est souvent qualifiée de quatrième pouvoir, par allusion aux trois pouvoirs constitutionnels) dans le processus de la formation de l’opinion et dans l’influence que la révélation de ces faits peut avoir dans les prises de décisions de ce public. (extrait de Wikipédia)

Oups, cela m’a encore échappé. J’avais pourtant promis de ne plus utiliser wikipédia…

Donc, JOURNALISTE n. XVIIIe siècle. Dérivé de journal.

Personne qui a pour métier de participer à l’élaboration des journaux et autres moyens d’information.

Suffisamment de personnes sont mortes ou sont en prison pour avoir voulu exercer ce métier.

Je suis un (petit) blogueur.

Je ne suis pas journaliste, je suis journalintimiste.

Bande de voyeurs…

L’alerte qui colle à la peau

Si comme moi, vous êtes obligé d’utiliser le système d’exploitation MS Windows.

Si comme moi, vous rencontrez depuis quelques jours une alerte « windows update » indiquant qu’une mise à jour est disponible.

Si comme moi, vous mettez systématiquement (et assez bêtement je dois dire) à jour votre système Windows.

Si comme moi, vous venez de vous rendre compte que quoique vous fassiez, une nouvelle alerte de mise à jour apparaît, et que celle-ci concerne toujours la même mise à jour de sécurité pour Microsoft XML Core Services 4.0 Service Pack 2.

Si comme moi, vous n’avez aucune idée de ce à quoi peut bien servir ce service et son service pack (et en plus vous vous en fichez royalement), mais bon, on ne sait jamais, peut-être que c’est important, indirectement, cela fait longtemps que je n’ai pas eu un bel écran bleu de la mort, pourvu que ça dure…

Voici une solution qui a fonctionné pour moi:
– téléchargez « à la main » la mise à jour en suivant ce lien (Windows XP) ou celui-ci (Vista, concerne la MAJ KB941833 non testée dans mon cas).
– lancez l’exécutable et choisissez « remove ».
– une fois le service désinstallé, réexécutez la MAJ pour cette fois choisir « install »
– redémarrez l’ordinateur pour ne pas devenir fou avec l’apparition toutes les cinq minutes de la fenêtre « Redémarrer maintenant/ultérieurement » (le lancer d’ordinateur par la fenêtre n’est pas recommandé en cas de tour de rein).

La demande de mise à jour a enfin disparu.
Ne me demandez pas ce qui s’est passé, je n’ai pas été missionné pour le découvrir…

HTH, mais SGDZ.