Deux vies

A ce moment précis de mon existence, j’ai la chance de n’avoir tué personne: ni accident mortel, ni meurtre parfait.

J’ai même la fierté de pouvoir dire que j’ai sauvé deux vies:

– Lors d’une sortie spéléo, un copain et moi explorions pour la première fois un gouffre bien connu. Nous étions face à un passage particulièrement étroit que nous pensions franchissable. D’ailleurs nous voyions clairement un vaste puits derrière l’étroiture, preuve à nos yeux que nous étions sur la bonne voie. Mon camarade s’est engagé dans la faille en se faufilant, jusqu’à se trouver complètement coincé.

Le cauchemar de tout spéléologue.

En cherchant à se dégager, il a même perdu le sac d’équipement qu’il portait et que nous avons entendu se fracasser plusieurs dizaines de mètres plus bas. Spectateur impuissant derrière lui, j’entendais au son de sa voix que la panique commençait à monter. Sur le ton de la plaisanterie (et pourtant je n’en menais pas large), je lui dis qu’il ne se fasse pas trop d’illusion sur mon compte, car j’allais entreprendre de le déshabiller. En passant un bras au travers de l’étroiture, j’ai réussi à lui retirer tout son équipement, ses bottes, son baudrier et sa combinaison. Ainsi allégé, il a pu se contorsionner pour reculer et se sortir de ce mauvais pas… Le vrai chemin était en fait quelques mètres plus haut et contournait cette faille impénétrable. Il ne nous restait plus qu’à bricoler les quelques cordes qui nous restaient pour aller chercher le sac perdu qui contenait tout le matériel prévu pour la suite (dont notre repas)…

1 – 0

– ma fille ainée s’étouffait avec un bonbon donné à l’entrée du supermarché par un Père Noël. Sans paniquer, l’esprit clair et froid, je me suis placé derrière elle et j’ai violemment comprimé son ventre à deux mains. Le bonbon coincé dans sa gorge a été propulsé loin dans le rayon et elle s’est mise à respirer normalement. J’ai immédiatement ri avec elle pour dédramatiser l’évènement et nous avons continué les courses tous les deux tranquillement (ce n’est pas si souvent que je fais les courses, mon réfrigérateur se remplissant tout seul comme par enchantement… La magie du mariage sans doute). Ce n’est que quelques minutes plus tard que mes nerfs ont lâché et que j’ai laissé couler quelques larmes. Imaginez la scène: un homme larmoyant poussant un caddie avec une enfant réclamant un nouveau bonbon…

2 – 0

Je sais, c’est très mal de s’auto glorifier, mais je suis TRES FIER d’avoir sauvé deux vies.

Les Avocats et l’informatique

Les avocats, comme les experts judiciaires, doivent suivre des formations leur permettant de rester « dans le coup ». Ces formations sont d’ailleurs souvent assez chères et de qualités inégales.

C’est pourquoi lorsque l’on m’a proposé d’assister à une conférence sur la cryptographie, organisée par le CRFPA (Centre Régional de Formation Professionnelle des Avocats) près de chez moi, j’ai été intrigué:

1) La conférence était gratuite, mais réservée aux avocats (et à leurs invités 😉

2) Le conférencier était (et est toujours) un avocat, Maître Alain Bensoussan

3) Comment ce sujet extrêmement technique allait-il être abordé?

Il y a parmi les avocats, comme parmi toutes les professions, des personnes passionnées par l’informatique, des utilisateurs normaux, des utilisateurs réfractaires et des technophobes acharnés. Le tout dans des proportions certainement identiques à toutes les professions.

Un bémol quand même: la sélection et la formation des avocats m’incitent à penser qu’on y trouve relativement peu d’adeptes de Charles Babbage, de fans de Prolog ou d’admirateurs de SHRDLU

Bref, me voici dans le public, au premier rang, face à un avocat certainement compétent dans son domaine, mais prétendant réaliser un exposé technique dans une branche de MON domaine.

Prétentieux que j’étais !

L’exposé a été d’une clarté extraordinaire.

Les explications sur les échanges de clefs, sur leurs différents types (clefs publiques et privées) et sur les mécanismes mis en jeux m’ont simplement bluffé.

J’ai dévoré chaque mot et me suis retenu de me lever à la fin pour applaudir !

La seule chose qui m’a un peu rassuré, c’est de voir le regard un peu endormi des différents élèves-avocats pour qui la conférence était obligatoire. Je sais de source proche que la plupart n’avait pas compris écouté grand chose…

J’ai néanmoins pu constater depuis, lors des réunions d’expertise, que nombres d’avocats maîtrisent parfaitement l’outil informatique et les concepts qui se cachent derrière, en plus évidemment de leur expertise « naturelle » du Droit. A leur maîtrise du mot juste s’ajoute celle du jargon informatique.

A l’inverse, c’est malheureusement loin d’être mon cas: outre que je ne prétends même pas maîtriser en profondeur toutes les branches de mon art domaine, j’éprouve des difficultés certaines avec un certain nombre de termes juridiques… (je révise: pénal = là où on donne une peine, civil = pas militaire, heu non, c’est entre deux personnes, heu…)

En fait, mon incompétence en droit se voit assez peu, car je suis passé maître dans l’art du hochement de tête en réunion, voire de la petite boutade qui fait plaisir: « Maître, c’est vous l’expert… en Droit ».

En plus, c’est vrai !

A voté !

Pour la première fois de ma vie, je vais tenir un bureau de vote !

Bon d’accord, je ne serai qu’un simple assesseur, mais j’ai déjà assisté à une réunion d’information à la mairie pour comprendre le déroulement d’une élection « vue de l’intérieur ».

Déjà, c’est assez compliqué. Il suffit de lire ceci pour avoir une idée du déroulement des opérations.

Mais là où ma crainte grandit, c’est lorsque je commence à entendre parler de machines à voter électronique.

Mon sang d’informaticien ne fait qu’un tour !!!

Pourquoi changer un système qui fonctionne bien, avec toutes les sécurités possibles et la meilleure fiabilité ? Pourquoi y introduire l’opacité d’un système électronique que le citoyen lambda ne pourra plus contrôler ? Ce billet de Bertrand Lemaire a déjà détaillé quelques uns des problèmes soulevés…

Moi, j’aime bien la table de décharge, l’isoloir, l’urne transparente et les registres papiers. N’y touchez pas !

Mars et ca repart

Vous connaissez ma disponibilité pour un voyage vers Mars.

Et bien, je découvre avec stupeur que l’ESA s’est lancé dans une simulation sans m’en avoir parlé !!!

Bon, d’abord, je maintiens que ce n’est pas comme cela qu’il faut procéder: ENVOYEZ MOI TOUT SEUL. Comme ça, pas de problème de conflit, pas de jalousie, pas de déchirement pour savoir qui marchera sur Mars le premier.

Seule condition: une liaison à Internet avec accès téléphonique illimité et télévisions. C’est pour mon blog…

3 en une semaine

Pendant des mois, rien ou presque.

Et paf, trois expertises judiciaires qui me tombent dessus la semaine dernière… Dont une qui me semble pantagruelique.

Le cagibi qui me sert de bureau commence à être encombré. Fini de jouer avec Blackberry et avec son corolaire (merci à jehv)…

Déjà que Pâques m’avait permis de prendre du poids recul par rapport à ce blog. Mais plus je travaille, plus j’ai matière à articles…

Prédictions

J’ai commencé ma carrière professionnelle comme « Assistant Professeur ». Je parle de ‘carrière professionnelle’ là où mes amis parlent « d’éternel étudiant » tant il est vrai que la fonction occupée alors me permettait d’assouvir ma passion d’étudiant pour l’intelligence artificielle, tout en préparant un doctorat et en bénéficiant d’un faible mais réel émolument.

Intelligence artificielle signifie ici pour moi « réseaux de neurones artificiels ». J’y ai sacrifié cinq de mes plus belles années pour mon plus grand plaisir, entre rétropropagation et algorithmes de minimisation, et en particulier sur l’utilisation des réseaux de neurones en modélisation non linéaire.

J’ai en tête une anecdote qui en fera sourire quelques uns: un concours avait été organisé sur le thème de la prédiction: une courbe de mesure était fournie, sans information sur la nature des grandeurs utilisées pour les abscisses et ordonnées. La courbe comportait une centaine de points et semblait vaguement sinusoïdale sans l’être. Aucune information n’était donnée sinon que les mesures concernaient un phénomène naturel complexe.

Le défit était de poursuivre la courbe en traçant les vingt points suivants.

Plus de quarante équipes de chercheurs dans le monde ont étudié cette courbe et fabriqué des outils plus ou moins complexes pour rendre compte (on parle de modélisation) des mesures connues (la courbe fournie) et pour prédire la suite de la courbe (on parle alors de la réalisation d’un prédicteur).

Les résultats ont été publiés, le vainqueur a été connu et glorifié, la nature de la courbe a été dévoilée (il s’agissait du nombre de tâches solaires au cours du temps).

Mais le plus amusant, c’est qu’un chercheur a eu l’idée de concourir en proposant comme outil son propre cerveau: il a étudié la courbe et dessiné à main levée la suite qu’il trouvait la plus juste… et il est arrivé troisième du concours!!!

J’ai toujours regretté de ne pas avoir pu participer à ce concours, mais j’imagine ma tête si mon réseau de neurones artificiels récurrents à poids calculés avec mes propres algorithmes avait été battu par la « simple » réflexion humaine.

Je suis sur que cela m’aurait fait plaisir.

Nouvelle Netware

Le saviez-vous?

L’origine du nom « Novell » provient d’une mauvaise orthographe du mot français « Nouvelle ». En tout cas, c’est ce que dit ce site:

« According to Roger White, an early Novell employee, the two founders of Novell Data Systems were at their lawyer’s office preparing to incorporate. Jack Davis planned to use the name Macro Systems, when George Canova said his wife had a great name for the company: Novell. Jack asked, “What does it mean?” Davis said that it meant « new » in French. Considering that the French word for « new » is the masculine « nouveau » or the feminine « nouvelle, » it appears that Novell’s current name is the result of a misspelling. »

Ce qui donne à peu près en français (traduction libre):

« D’après Roger White, employé de la première heure chez Novell, les deux fondateurs de ‘Novell Data Systems’ préparaient leur création d’entreprise chez leur avocat. Jack Davis avait prévu de lui donner comme nom ‘Macro Systems’ [ha ha ha], quand George Canova lui dit que sa femme avait trouvé un excellent nom pour la société: ‘Novell’. « Qu’est-ce que ça veut dire? » lui demanda Jack. [George] répondit que cela signifiait ‘new’ en français. Sachant que ‘new’ se traduit par ‘nouveau’ au masculin ou ‘nouvelle’ au féminin, il s’avère que le nom ‘Novell’ retenu pour la société est le résultat d’une faute d’orthographe. »

La ceinture-portables

Je découvre avec intérêt le téléphone portable que mon entreprise vient de m’offrir pour être sur de pouvoir me joindre à tout moment: il s’agit d’un Blackberry dont je tairai le modèle pour ne pas éveiller en vous de jalousie superfétatoire.

Je joue donc depuis une heure à paramétrer la bête (internet, réception des emails, synchronisation d’agenda, SMS, MMS…)

Bref, tout ce que ma radinerie prudence légendaire en matière de télécommunication m’a empêché de tester depuis des années, moi qui ne dispose que d’un simple forfait SFR de 10 mn (pour 7 euros TTC /mois…) sur un téléphone même pas appareil photo.

Mais alors se pose maintenant un problème digne de figurer dans ma rubrique « questions à deux euros »: comment ma ceinture de pantalon va-t-elle encaisser ce choc supplémentaire?

En effet, s’y trouvent déjà agrippés: un téléphone portable perso (pour les expertises et mes amis), un téléphone sans fil DECT (professionnel), un badge professionnel et un PDA. Et voilà donc qu’il faut faire une place pour ce petit nouveau…

Bref, je suis à la recherche d’une ceinture pour portables.

Une paire de bretelles en renfort peut-être…

Listes de diffusion

Je tiens à attirer l’attention sur un outil très puissant de gestion des listes de diffusion: le logiciel SYMPA.

Nous l’utilisons depuis 8 ans pour gérer nos (trop) nombreuses listes de diffusion internes et externes.

Il est opensource, fiable, stable et développé par des français, ce qui n’est pas si fréquent.

Il dispose de toutes les fonctions permettant de gérer des listes de diffusion (abonnements, désabonnements) et notamment les listes fermées d’utilisateur, la modération etc.

Pour ceux que cela intéresse: https://www.sympa.org

Mon bollard et mon couteau

Un lecteur me demande quels seraient selon moi les premiers achats à faire lorsque l’on prête le serment d’expert judiciaire en informatique.

Les réponses varient d’un expert judiciaire à un autre, mais pour ma part, je dirai: rien.

A chaque désignation, je demande des détails sur les missions et je refuse toute expertise qui est en dehors de mes compétences OU de mes possibilités financières.

Pour ne pas toujours venir avec seulement mon bollard et mon couteau, j’ai acheté au fur et à mesure des expertises les logiciels et matériels qui me permettent d’accepter plus de missions, ou de les exécuter de façon plus confortable.

Certains confrères m’ont indiqué refuser toutes les analyses de disques durs, car ils n’ont jamais été adeptes de ce type de recherche.

Heureusement pour moi, les outils opensource permettent d’effectuer quasiment toutes les opérations d’expertise, au prix d’une bonne connaissance du monde Linux (mais pas nécessairement des connaissances de type gourou).

J’en ai cité plusieurs sur ce blog et j’essayerai de faire un billet technique détaillé sur mon préféré HELIX