A propos Zythom

Informaticien Ex²pert Judiciaire, Irresponsable de la SSI, 3 enfants, marié à une avocate (ma vie n'est pas facile). Clé PGP: 0u 41-j3 m15 c3773 pu741n d3 cl3f

Sécurité au soleil

Une mission professionnelle, c’est comme une mission d’expertise, cela se prépare consciencieusement et malgré tout cela comporte une part d’imprévu.

J’étais en déplacement sur Casablanca pour effectuer des tâches de mise à niveau du serveur de notre école marocaine. Le terrain était préparé par un stagiaire que j’ai pris pour trois mois. Il avait déjà ajouté les barrettes mémoires que je lui avais confiées le jour de son départ, testé le disque dur SAS acheté dans l’urgence et mis en place le petit NAS d’1To sur le réseau.

Ma mission consistait à étendre la capacité de stockage du serveur. La difficulté était de minimiser le temps d’arrêt du serveur.

J’envisageais l’intervention sous trois angles:

– clonage du serveur initial, extension des capacités disques par un RAID0, installation de l’hyperviseur VMware ESXi puis restauration de l’image clonée;

– installation de l’hyperviseur sur le nouveau disque (l’ancien étant mis de côté pour retour arrière), réinstallation du serveur à partir de zéro (Debian, samba, ntp, dns, dhcp et openvpn);

– ou faire l’impasse sur la virtualisation et simplement ajouter le disque dur dans le serveur.

La troisième solution étant la plus simple, mais n’offrant pas la possibilité d’installer d’autres serveurs virtualisés sur la même machine physique, elle fut écartée et gardée pour le dernier jour, au cas où nous n’arrivions à rien avec les deux premières.

Afin de nous donner le plus de chances possibles, je décidais le premier jour de sacrifier provisoirement un PC de la salle informatique pour y installer ESXi afin de faire des essais sur une machine de tests. Non sans avoir au préalable réalisé un clone de cette machine.

Avant mon arrivée, mon stagiaire avait vérifié qu’ESXi s’installait correctement sur le serveur cible en arrêtant celui-ci une demi heure pendant la pause déjeuner.

Toute l’intervention ne devait durer théoriquement qu’une journée, dont deux heures d’arrêt du serveur. L’informatique étant pleine d’imprévue, surtout au Maroc, j’avais prévu cinq jours.

Le premier jour le réseau électrique ne semble pas stable et la salle informatique où nous avons installé notre QG est sans électricité. Les utilisateurs sont content de me revoir (un an s’est passé depuis ma dernière venue). La journée passe en intervention diverses toutes aussi urgentes les unes que les autres.

Le deuxième jour, nous réalisons un clone du serveur en une heure à l’aide du logiciel Clonezilla et une sauvegarde par rsync sur le NAS à travers le switch giga nouvellement installé. Le temps que le rsync se termine, nous testons la restauration de l’image dans une machine virtuelle sur notre PC de tests. Le verdict tombe: il faut 20h pour que l’image s’installe. Trop long.

Le troisième jour, alors que la matinée commence à peine, je suis appelé par le gardien de l’école: un bruit suspect provient du tableau électrique. Une sorte de grésillement. Alors que tout le monde palabre pour savoir ce que c’est, je demande à ce que toutes les machines électriques soient éteintes: clims, PC, imprimantes, etc. Bon gré mal gré, tous s’exécutent. Je coupe le courant de l’école et ouvre le panneau électrique. Un début d’incendie commençait: une partie du plastique est noire et une partie des fils sont en train de fondre… Je demande à ce que l’électricien ayant installé le panneau soit appelé en urgence. Il interviendra dans l’après-midi (ce qui est d’une exceptionnelle rapidité au Maroc). Pendant ce temps, nous travaillons sur papier. Ceux qui disposent d’un ordinateur portable se plaignent de ne pas pouvoir imprimer et de ne pas avoir accès à internet. Le comportement des utilisateurs est universel. Je dors mal le soir, car je n’ai encore rien fait de décisif.

Le quatrième jour sera lui décisif. Nous utilisons le logiciel WMware de conversion P2V pour cloner « à chaud » le serveur et le transférer en tant que VM sur notre hyperviseur de tests. Un rsync est lancé pour sauvegarder les données du serveur sur le NAS réseau « au cas où ». Ensuite, le serveur physique est arrêté, le disque dur est ajouté, le RAID0 est constitué, détruisant ainsi toutes les données d’origine. Celles ci ont été sauvegardées sur l’image Clonezilla, sur l’image P2V sur notre hyperviseur de tests et sur le NAS via un rsync. Ceinture et bretelle (et sourire de la crémière:). Nous installons l’hyperviseur ESXi sur le nouveau disque ainsi constitué et décidons de transférer la VM depuis notre hyperviseur de tests. Le transfert démarre et, malheureusement est chronométré pour durer huit heures… J’entends déjà les utilisateurs râler.

A ce moment, je me souviens d’un produit gratuit permettant d’accélerer les transferts en mode fichier entre deux hyperviseurs vmware: Veeam FastSCP. Nous lançons l’installation et l’opération de copie. Celle-ci mettra deux heures, soit le milieu de l’après-midi. En fin d’après-midi, le serveur est prêt, les utilisateurs peuvent fermer leurs sessions sans perdre de données, ce qu’ils font. Ils sont soulagés et nous aussi.

Le vendredi sera consacré à l’installation d’un disque SATA d’1To dans le serveur pour pouvoir configurer un datastore confortable pour les données des différentes VM.

Le samedi pourra finalement être consacré à la visite de la mosquée Hassan II. Superbe.

Et le septième jour, Zythom se reposa rentra chez lui.

La semaine suivante, nous allions pouvoir installer sur ce serveur depuis la France une VM Windows 2003 serveur pour Active Directory, une VM Windows 2003 avec XenApp et l’antivirus centralisé Symantec Enterprise et une VM Windows XP pour pouvoir nous servir d’une console à distance sans monopoliser un PC physique duquel nous nous faisions déconnecter régulièrement par un étudiant pressé.

Mais cela, c’est une autre histoire.

Une belle connerie

On m’accuse parfois de n’écrire que des billets à la gloire des experts judiciaires et en particulier à la mienne… J’invite donc ces lecteurs à lire quelques uns des billets de la série « erreurs judiciaires« .

Pour ma part, je ne fais jamais d’erreur, encore moins lors d’une expertise judiciaire. Sauf peut-être le week-end dernier.

Je suis actuellement en déplacement professionnel à Casablanca au Maroc. Je dois entre autres choses virtualiser le serveur principal de notre établissement marocain.

Comme d’habitude, la préparation de mes bagages a été faite au dernier moment. J’ai donc attrapé au vol tout ce que je trouvais utile de prendre pour mon séjour:

ordinateur portable, chargeur de téléphone mobile, lunettes de soleil, DVD à graver, casque pour communications Skype, une poignée de clefs USB, etc.

En passant les différents contrôles de l’aéroport de départ et de celui de Casablanca, j’ai du déballer à chaque fois tout mon attirail et passer les portiques en chaussettes sous l’oeil à peine aimable du personnel de sécurité.

J’étais un peu plus stressé par les contrôles douaniers car je tournais dans ma tête les explications que j’allais donner concernant les 30 cadenas à clef unique, le switch giga, le routeur-wifi-ADSL2+, les quatre multiprises, les cinq souris, les dix cables réseaux, les cent DVD à graver qui se trouvaient dans mon sac.

Dans mes poches, j’avais également un appareil photo, une clef USB et un baladeur MP3 pour le voyage. Juste avant de partir, j’ai complété « à l’arrache » les chansons de mon lecteur MP3 avec quelques uns des derniers morceaux que j’ai achetés sur Internet.

Arrivé à l’hôtel, j’ai déballé mon ordinateur pour le recharger et me connecter à Internet (et uploader le billet précédent). En travaillant sur l’ordinateur, j’ai eu besoin d’une donnée stockée sur ma clef USB. Problème: sur quelle clef USB parmi la poignée de clefs rapidement prises sur mon bureau lors de mon départ. Je passe donc en revue toutes les clefs USB de mon sac.

Horreur (et damnation). Sur les quatre clefs, l’une contient une partie des données d’un dossier d’expertise en cours: 2Go d’images et de films pédopornographiques… La clef me sert de transfert entre une machine Windows et une machine GNU/Linux.

J’ai changé de continent et franchi deux douanes avec des images pédopornographiques!

Si cela, ce n’est pas une belle connerie…

Trois jours

J’ai conscience que beaucoup de lecteurs de ce blog viennent pour y lire des anecdotes sur le monde de l’expertise judiciaire. C’est mal connaître l' »esprit » de ce blog: j’y confie tout ce qui me passe par la tête ou presque et entre autre chose des anecdotes pour ma famille et mes amis. J’ai décidé d’inaugurer une nouvelle rubrique dans la catégorie « privée »: des anecdotes sur mon service militaire. A petite dose.

Je n’ai jamais vraiment aimé l’armée, mais j’ai toujours trouvé qu’elle représentait un mal nécessaire, un passage obligatoire qu’il fallait prendre du meilleur côté possible. Évidemment, maintenant que le service militaire n’est plus obligatoire, cela fait un peu « vieux papy ». Mais il fut un temps pas si lointain où pour tous les garçons qui atteignaient 18 ans, la question militaire devenait incontournable.

Les trois jours

Dans mon lycée, les pires légendes couraient sur ces fameux trois jours de casernement: les lits étaient sales, les douches collectives malodorantes, il fallait se lever à cinq heures du matin pour passer son temps à attendre…

Déjà, la plupart du temps, les trois jours n’en duraient qu’un seul. En tout cas, ce fut le cas de tout ceux qui m’accompagnaient. Arrivés le matin, nous avons commencé par des tests de logique: une heure à cocher des cases en courant contre la montre. Mes amis redoublant m’avaient prévenu: tu ne finiras pas le questionnaire. Il faut essayer de répondre juste au maximum de questions.

On nous a fait ensuite patienter une heure le temps pour les appelés de procéder à la correction.

Munis de nos résultats, nous voici en train de poursuivre le parcours fléché vers étape suivante: la visite médicale.

Je ne suis pas quelqu’un qui fait les premiers pas quand je ne connais personne. J’étais donc un peu isolé parmi la dizaine de petits groupes qui s’étaient formés alentour. Un gars plutôt rondouillard s’approche de moi et me demande si je sais où il faut aller pour la suite. Je lui réponds qu’il suffit de suivre les énormes flèches et de lire les indications. Pas rassuré pour autant, il me demande la note que j’ai obtenu aux tests. Je lui réponds discrètement: j’ai eu 20. Il me regarde avec des yeux tous ronds: quoi! A ben ça alors. Moi j’ai eu 7 et j’aurais voulu travailler comme cuisinier. Ils m’ont dit qu’il fallait avoir au moins 10 pour s’engager.

Je compatis avec lui. Il me suivra toute la journée, se méfiant des flèches et des indications, préférant suivre mon 20 plutôt que son bon sens à lui. Je ne sais s’il a eu raison.

La visite médicale est un grand classique. Nous voici dix alignés face à un mur sur lequel sont accrochés dix urinoirs. Au commandement, nous avançons avec notre flacon de verre vide pour le remplir. Quelques minutes ensuite, nous nous reculons avec notre verre de liquide chaud à la main. Sauf mon camarade d’infortune qui, tout rouge, annonce d’une petite voix qu’il n’a plus envie, ayant cédé à un besoin naturel quelques instants avant la visite médicale. L’appelé de service lui explique qu’il doit pouvoir fournir quelques gouttes en se forçant un peu… Ce qu’il fera avec grandes difficultés et moultes soupirs.

Puis vient l’examen de l’acuité visuelle. Nous sommes en file indienne. Je suis juste derrière mon camarade cuisinier. Lorsque le médecin lui demande de se cacher l’œil droit, je le vois mettre sa main sur l’œil droit et appuyer fortement dessus tout en lisant les lignes de caractères. Quand le médecin lui demande de faire la même chose avec l’autre œil, son œil droit était devenu incapable de lire quoi que ce soit… Le médecin haussa les épaules et cria: suivant! Je prie bien garde à placer ma main devant mon œil. On apprend toujours des erreurs d’autrui.

Tous les futurs appelés ayant eu au dessus de 15 aux tests de logique devaient passer un autre test que j’attendais avec impatience: le test de morse. Nous allions passer une heure à nous entrainer à apprendre à reconnaitre trois lettres, I N et T[1]. L’entrainement consistait à suivre les indications fournies dans les hauts parleurs par une bande magnétique. Chaque époque a ses NTICE. Passé l’heure d’entrainement, l’épreuve proprement dite commençait. Mes amis m’avaient prévenu: la grille des réponses comportait des groupes de cinq lettres à remplir. Les hauts parleurs allaient passer les sons morses à un rythme initial très lent, puis accélérer sensiblement jusqu’à soutenir un rythme tellement rapide qu’il était impossible pour un débutant de le soutenir. Le truc consistait alors à sauter les groupes de cinq lettres non reconnues et d’essayer de grappiller des points en saisissant au vol quelques groupes de lettres. Résultat: 20 🙂

C’est probablement pour cela que j’ai ensuite effectué mon mois de classes dans les transmissions. Cela ne peut pas être un hasard…

PS: Je n’ai jamais su ce qu’était devenu mon camarade morpion du jour des trois jours. S’il me lit ici, qu’il sache que si j’avais l’air sur de moi, j’étais également un peu perdu. J’espère qu’il a trouvé le bonheur qu’il méritait.

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[1] INT, c’était également le nom d’une grande école d’ingénieurs: l’Institut National des Télécommunications. Un hasard??

Google phone me


Et oui, juste pour frimer un peu: je viens de recevoir un coup de téléphone d’un représentant de la société Google avec laquelle je suis en discussion par email pour externaliser toute la messagerie de l’établissement.

Cette personne parlait parfaitement français, connaissait tout le dossier technique me concernant et savait que je me posais des questions contractuelles.

Je savais qu’il existait des êtres humains travaillant chez Google, mais parfois, je me demandais si ce n’était pas un mythe…

Si le projet d’externalisation des 2000 BAL aboutit et/ou si je ne suis pas viré, je vous prépare un petit retour d’expérience sur le sujet.

Quelques éléments d’information: nous sommes trois dans le service informatique (je devrais dire qu’ils sont deux au feu) et il n’est pas possible de garantir le fonctionnement 24h/24 et 7j/7 de notre messagerie. De plus, nous sommes loin d’autoriser 7Go d’emails par étudiant. Nous n’avons pas encore d’agendas partagés. Enfin, nous avons subi une panne de 10 jours en pleines vacances scolaires pendant que l’école était fermée et mon équipe en congé loin de nos téléphones.

Google Apps for Education, c’est 7Go par BAL, un système de suivi de fil de conversation déroutant mais efficace, une garantie de fonctionnement meilleure que la notre (mais pas parfaite;), un nombre de BAL illimité pour les écoles, un partage d’agenda, une synchro avec Outlook, etc. Difficile de faire mieux.

A suivre…

PS: Quand même, j’ai parlé avec quelqu’un qui travaille chez Google!!! Peut-être serai-je un jour invité à le rencontrer IRL…
Il faut que j’en parle sur mon blog:)

Images pédophiles

Depuis que j’analyse des quantités incalculables d’images pédopornographiques, au point d’en être devenu un expert capable de reconnaître certaines victimes, de pouvoir classifier par âge en fonction des caractéristiques morphologiques (bien que n’étant pas médecin).

Mais par acquit de conscience, je me contente de faire un tri sommaire:

– image pédopornographique avec certitude (en général moins de dix ans)

– image probablement pédopornographique (âge peut-être inférieur à 18 ans)

– image douteuse (âge voisin de 18 ans)

Bien sur, le critère de l’âge ressenti ne suffit pas. Il y a la mise en situation: présence d’un partenaire actif ou non, etc. Dans le doute, je fournis aux enquêteurs toutes les images douteuses, dès lors qu’elles pourraient correspondre aux missions qui me sont demandées.

J’écarte donc toutes les photos sans rapport avec les missions (vacances, privées, collections diverses) même si elles sont parfois à caractère fortement sexuel (madame ou/et monsieur que je viens de voir sur leurs photos de vacances et que je vois d’un seul coup sous toutes les coutures…)

Mais il m’arrive de tomber sur des représentations que je sais pas trop cataloguer bien que montrant des enfants en situation sexuellement active (ie pornographique), seuls, avec d’autres enfants, ou avec des adultes. Il s’agit de bandes dessinées et/ou de représentations numériques communément appelées avatars.

Là encore, par soucis de remplir correctement mes missions, j’ai créé une catégorie « images dessinées » et « images d’avatars » pour permettre aux enquêteurs (et aux avocats) de faire leur travail le mieux possible. J’aurais aussi bien pu créer une seule catégorie: les images non photographiques, mais il est parfois très difficile de différencier les images de synthèses des photographies…

Maitre Iteanu indique sur son blog:

« Ainsi, dans les dispositions relatives à la pédophilie, le dernier alinéa de l’article 227-23 du code pénal prévoit que «Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d’une personne dont l’aspect physique est celui d’un mineur, sauf s’il est établi que cette personne était âgée de dix-huit ans au jour de la fixation ou de l’enregistrement de son image». La jurisprudence a également considéré que la loi du 17 juin 1998, «a étendu l’objet du délit à toutes représentation d’un mineur, les images non réelles représentant un mineur imaginaire, telles que des dessins ou des images résultant de la transformation d’une image réelle, entrent dans les prévisions de ce texte»« .

L’article 227-23 du code pénal a été complété par la loi n° 2002-305 du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale (article 14) afin de réprimer de façon spécifique, et par là même plus dissuasive, le fait de détenir l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique (source bulletin officiel du ministère de la justice n° 86, 1er avril – 30 juin 2002).

Pour les lecteurs inquiets d’avoir sur leur ordinateur des images de leurs enfants tout nus dans leur bain, je rappelle que les images pour être pédopornographique doivent être pornographiques, c’est-à-dire représenter un acte sexuel ayant pour objectif d’exciter sexuellement le spectateur.

Je tombe malheureusement parfois sur de grandes quantité d’images non pornographiques, mais mettant en scène des enfants très jeunes, nus dans des poses plus ou moins lascives.

Je crée alors un dossier « représentations d’enfants nus » et laisse la justice trancher.

Mais je vous assure que tous ces tris me minent.

Gratuité sur Internet

Avec l’accord de son auteur(que je remercie), je publie ici un commentaire de tschok sur le billet du blog « La Plume d’Aliocha » intitulé « Vraiment morte l’Hapodi?« . Je ne suis pas sur que se faisant, je respecte les us et coutumes des blogs, mais je trouve l’idée exposée intéressante et je n’aurais pas mieux dit.

Si vous avez des commentaires à faire à son auteur, le mieux est de les publier chez Aliocha.

Vous voyez, mon blog me sert également de bloc-notes…

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Vous confondez gratuité dans le cadre d’un rapport marchand et gratuité dans le cadre d’un rapport non marchand.

Quand je suis invité à diner chez des amis, le repas est gratuit dans le cadre d’un rapport non marchand. Si je consomme le même repas dans un restaurant qui offre ce soir là à ses clients l’apéritif, l’apéritif est gratuit dans le cadre d’un rapport marchand.

Dans le premier cas, il ne s’agit pas d’un modèle économique. Dans le second il s’agit d’un modèle économique qui ne fait pas payer à celui qui le consomme le produit offert, ce qui ne signifie pas que ce produit ne coûte rien, ni qu’il ne rapporte rien. Simplement, il n’est pas payé par son consommateur. En l’espèce, il est payé par l’ensemble des clients.

Sur internet, de nombreuses prestations ne sont pas payées directement par ceux qui les utilisent, ce qui n’empêche nullement certains acteurs du système de gagner énormément d’argent.

La gratuité en tant que telle n’est pas ce qui empêche de gagner de l’argent. Au contraire même, puisqu’un produit gratuit peut être un produit d’appel qui amènera à la consommation de produits payants.

Toute la difficulté du problème consiste à faire en sorte que les titulaires de droits d’auteurs de fichiers piratés fassent partie des acteurs qui gagnent de l’argent sur internet, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, tout en faisant en sorte que le téléchargement de ce type de fichiers reste gratuit pour le consommateur et qu’il devienne licite.

C’est ça l’idéal à atteindre.

Il n’existe cependant aucun consensus social sur cet idéal, qui n’est pas du tout perçu comme tel même par ceux qui y ont un intérêt.

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Bio, nature et pollution

Conversation lors du conseil municipal:

Le Maire: « La société Truc dépose une demande d’implantation d’un stock de produits bio. Notre commune étant située dans le rayon de proximité prévu par la loi, le conseil municipal doit donner son avis sur cette implantation. »

Elu A: « Je ne comprends pas pourquoi une autorisation est nécessaire dès lors que ce sont des produits bio? »

Elu B: « Tu sais, si une grande quantité de produits bio se déverse dans une rivière, c’est quand même une pollution. »

Elu A: « Comment cela peut-il être une pollution, puisque ce sont des produits naturels? »

Zythom: « Et bien, jusqu’à preuve du contraire, le pétrole brut, c’est un produit naturel, non? »

Pourquoi je ne parlerai pas d’Hadopi

En créant ce blog, je me suis mis à dos un certain nombre de confrères et consœurs experts judiciaires. Le Procureur de la République Général de ma Cour d’Appel, sensible aux arguments d’un confrère mécontent, m’a poursuivi devant la commission de discipline de la compagnie d’expert à laquelle je suis adhérent. J’ai traité, avec mesure et retenu, dans ce groupe de billets pompeusement nommés « Affaire Zythom » ce complet dossier.

Les experts judiciaires semblent ne pas aimer exposer publiquement sur Internet leur expérience, leurs hésitations, leurs idées ou simplement leurs anecdotes.

C’est la raison pour laquelle, et je le déplore profondément, ce blog reste pour l’instant le seul blog de ce type.

C’est dommage, car j’aspire à pouvoir m’exprimer librement sans passer pour le porte parole, ou le mouton noir d’une communauté.

Mais la vie est ainsi faite, et je ne pourrai m’exprimer librement que lorsque ma Cour d’Appel décidera de ne pas me réinscrire, ou lorsque le nombre d’experts s’exprimant par ce biais sera suffisant.

C’est pourquoi je ne souhaite pas m’exprimer sur la décision du conseil constitutionnel concernant la loi HAPODI.

A part peut-être sur l’aspect technique. Je peux? [faites attention, il faut garder réserve et dignité]

Mais quel est le con qui a eu l’idée débile de proposer l’installation d’un mouchard sur tous les ordinateurs de la famille? « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait » disait Michel Audiard dans Les Tontons flingueurs. [restez calme, restez calme, reprenez vous]

Alors même que de plus en plus d’appareils pas-IBM-PC-compatibles se connectent sur le réseau familial: faudra-t-il installer le mouchard sur les téléphones portables, sur les PDA et jusque sur les NAS? Moi qui vient d’acheter un NAS qui offre en plus la possibilité de télécharger sans PC non stop sur les réseaux BitTorrent, FTP, HTTP, eMule, et NZB (dixit la notice).

Et je fais quoi de ma borne Wifi qui fonctionne encore parfaitement, mais qui ne sait pas faire autre chose que du WEP dont on sait que le premier wardriver venu saura faire sauter la clef dès la première minute? Je dois la changer? Ah bon, pourquoi? Parce que je suis expert judiciaire en informatique et que je suis bien placé pour savoir que ce n’est pas assez sécurisé? [calmez vous]

Et puis c’est quoi cette idée d’envoyer des avertissements par email? Alors que j’avais enfin suffisamment confiance en mon filtre antispam pour éviter de me taper la lecture des 50 emails non sollicités quotidiens juste pour voir si un faux positif n’était pas un email important. C’est trop cher d’envoyer un recommandé par la poste? Est-ce que j’envoie mes rapports d’expertise par email, moi?

Et la surveillance du Réseau? Avant, l’utilisation intensive des technologies de cryptage chiffrement concernait uniquement les entreprises, les services d’espionnage, les militaires, les ambassades, les terroristes, les réseaux pédophiles (enfin je suppose) et les dissidents dans les pays pas-comme-nous. Maintenant que tout le monde va se mettre à utiliser des VPN à tout va à la peer2me, comment séparer le pédophile du citoyen qui défend sa vie privée?

Vous avez quelques choses à cacher, donc vous êtes coupables. Ah bon, mais moi, j’ai des photos où je suis déguisé de façon très drôle pour mes amis, mais ridicule pour mes collègues.

Non, non, je ne dirai rien sur Hadopi, ni sur le gouvernement, ni sur les députés qui ont voté cette loi [et c’est bien]. Sauf peut-être pour les amateurs de contrepèteries: « Hadopi, c’était pourtant une belle thèse avec des bons côtés« .

SI qui RI

L’un des avantages des présentations fournisseurs est de pouvoir rencontrer des personnes ayant des préoccupations similaires aux miennes, et qui plus est autour d’une bonne table (en général).

J’assistais à une présentation VMware consacrée à la virtualisation des postes de travail sachant que je pourrais également y rencontrer plusieurs fournisseurs de serveurs et matériels SAN.

La journée s’écoule donc entre exposés, pauses et discussions techniques. Arrive l’heure du repas et me voici autour d’une table à discuter avec mes voisins des caractéristiques techniques des matériels présentés.

Au bout de quelques instants, je demande à mes voisins directs de m’indiquer le nom de leur entreprise ou établissement. Deux de mes voisins m’indiquent travailler comme ingénieurs dans un laboratoire du CNRS, me précisent leurs préoccupations actuelles et me racontent quelques anecdotes.

Un autre voisin m’indique travailler pour le ministère de l’intérieur. Intrigué par cette façon de se présenter, je lui demande de préciser:

Moi: « Vous travaillez dans le service informatique de la Préfecture? »

Lui: « Non, je suis un ancien des RG… Depuis la fusion décidée par notre Président, la DST et les RG forment maintenant les RI, c’est-à-dire les Renseignements Intérieurs. »

Cela a jeté comme un froid autour de la table autour de laquelle se trouvaient essentiellement des universitaires.

Et pourtant la suite de la conversation a été passionnante avec pour moi la découverte du monde du renseignement intérieur, notre FBI à la française comme indiqué dans le communiqué du ministère de l’intérieur.

Cela a été aussi l’occasion de découvrir les problèmes liés à la fusion de deux mondes à la culture opposée: les RG où la circulation de l’information (en interne) était encouragée et la DST où la règle d’or était le silence. Par exemple dans le premier cas les services informatiques pouvaient installer des bornes wifi sécurisées, alors que dans le deuxième cas l’usage du wifi était strictement interdit.

Cela m’a rappelé mon service militaire dans les transmissions où la devise de ma compagnie était « rien ne vaut que le silence ». Pour des transmetteurs, c’était surprenant.

Intermède musical sans rapport avec le sujet: ma chanson de régiment. [Sur l’air des «trompettes d’Aïda» de G. Verdi]

C’est nouuuus, les descendants des régiments d’Afri-ique,
Les chasseurs, les spahis, les gourmiers
Gardiens zzz-et défenseurs d’empires magnifi-iques
Sous l’ardent soleil chevauchant sans répit nos fiers coursiers
Toujours prêts z-à servir
A vaincre ou à mourir
Nos cœurs se sont t-unis
Pour la Patriiiie.

Pour les RI qui me lisent, aucun secret défense n’a été abordé, aucune information particulière, à part peut-être qu’il semble y avoir une imprimante par ordinateur, ce qui pourrait s’expliquer par la dispersion géographique des effectifs.

Mais je ne dirai rien.

Journal d’un bureau de vote

J’ai participé, en tant que conseiller municipal de ma commune, à la tenue d’un bureau de vote pour les élections européennes de dimanche dernier. J’ai même été assesseur! Voici le déroulement de ma journée, sous la forme de quelques notes.

7h45: Arrivée devant le bureau de vote. Je suis le premier. Le président du bureau est sans doute allé cherché l’urne qui a été mise en sureté à la Mairie la veille. Je suis un peu vaseux car je n’ai pas l’habitude de me lever aussi tôt (ni le dimanche, ni dans la semaine)…

7h48: L’adjoint au Maire me rejoint avec l’urne, les documents et les bulletins. Il ouvre notre bureau de vote.

7h55: Je place le drapeau français sur la façade. Je ressens une certaine émotion à faire ce geste car je n’en ai pas l’habitude. Ma génération n’a pas connu de guerre (je suis né après la guerre d’Algérie). Mon éducation personnelle ne m’a pas amené à être très sensible à ce symbole. Pourtant, seul dans le petit matin froid, j’ai une certaine fierté à placer le drapeau français sur la façade. Je ne m’attendais pas à cette sensation. Un regret néanmoins: au lieu de placer deux drapeaux français identiques côte à côte sur un support en « V », j’aurais bien aimé mettre un drapeau français ET un drapeau européen. Une proposition à faire lors du prochain conseil municipal.

8h00: Le bureau, préparé la veille par les services techniques, est maintenant ouvert et prêt à recevoir le public. Nous sommes quatre: un à l’entrée pour accueillir les personnes afin de vérifier qu’ils sont dans le bon bureau, et trois derrière la table.

Le premier à voter est un jeune qui ne s’est pas encore couché de sa soirée de samedi. Il est encore en forme et nous annonce qu’après avoir accompli son devoir civique, il ira dormir 48h…

Le suivant est un ancien qui se prépare à aller au marché.

Toute la journée, jusqu’à 18h, se succèderont des personnes de tous âges et de toutes conditions:

Un couple de personnes âgées. Lui, calme et goguenard. Elle, énergique et tranchante. Elle nous sort plusieurs cartes d’électeurs sans savoir laquelle elle doit utiliser. Nous lui indiquons la plus récente et lui prenons les cartes périmées pour les détruire, en lui expliquant qu’elle doit passer obligatoirement par les isoloirs pour voter. Elle demande à son mari d’entrer avec elle dans l’isoloir « parce que tu ne sauras pas choisir comme il faut ». Le mari sort de sa poche un bulletin de vote qu’il glisse aussitôt dans une enveloppe sous son nez (avec un pied dans l’isoloir). Madame porte la culotte, mais monsieur fait de la résistance. Nous restons sérieux tant qu’ils sont là. Eclats de rire ensuite.

Un jeune passe la porte. Il se trouve brutalement face à nous. Timide, il rougit jusqu’à la racine et regarde autour de lui. Il voit la table où se trouvent les bulletins de vote, en prend un et nous regarde. Il se retourne et prend deux ou trois autres bulletins au hasard, et entre dans l’isoloir des personnes handicapés à tablette basse. Il ressort, regarde le rideau avec le logo « handicapé », rougit encore et entre dans un autre isoloir. Le silence règne dans le bureau. Un ange passe. Nous reprenons notre conversation. Il sort de l’isoloir, rougit encore plus si c’était possible, et va chercher l’enveloppe de vote qu’il avait oublié. Il rentre dans l’isoloir. Il sort enfin et se dirige vers moi. C’est la première fois qu’il vote. Il présente sa carte d’électeur neuve et vierge, sa pièce d’identité et me donne son bulletin de vote. Je lui précise le plus gentiment possible que c’est à lui de le glisser dans l’urne. Il le reprend et le pose dans la fente. « A voté ». Il souffle un coup et sort. Je le vois sourire fièrement.

Une dame avec un chien. Elle entre avec son jeune labrador tout fougueux. En entrant dans l’isoloir, son chien tire sur la laisse et visite les autres isoloirs. Bien entendu, la laisse s’enroule autour des pieds métalliques des isoloirs. Nous voyons toute la structure des quatre isoloirs se déplacer à droite et à gauche au gré de l’humeur du chien. Sa maîtresse est ballotée (à l’intérieur) et se retrouve finalement à quatre pattes pour libérer le chien (et les isoloirs). Je lui donne un coup de main pour dénouer les nœuds (je suis le plus jeune du bureau). Je donne au chien un bout de la brioche qu’il a senti dès son entrée dans le bureau de vote. Nous avons aménagé un coin restauration discret pour notre usage. La journée est longue quand on attend. Je tiens le chien pendant qu’elle vote et lui offre un café quand elle sort. Nous sommes en province.

La femme radiée. Une femme entre dans le bureau et montre sa carte dès l’entrée: c’est le bon bureau. Elle prend les bulletins et l’enveloppe de vote et entre dans un isoloir. Elle vient jusqu’à moi, me donne sa carte d’électeur et sa pièce d’identité. Je vérifie que la carte est bien celle qui est valide, que le bureau de vote indiqué est le bon, que la carte est signée et annonce à voix haute le numéro d’inscription sur les listes électorales. Je prépare mon tampon pour mettre la date au dos de la carte. J’attends que mon collègue annonce à voix haute le nom de la femme inscrit sur la pièce d’identité. Rien. Sur la liste dont nous disposons, on passe directement du numéro 432 au numéro 434. Et madame a le numéro 433. Coup de fil au Directeur Général des Services de la Mairie. Il est sur place une minute après et emmène madame à la Mairie. Madame a déménagé et la préfecture a rayé son nom des listes. Elle ne votera pas. Quelle aberration administrative peut amener à ce résultat? Est-ce la faute de l’électeur qui ne se préoccupe de son inscription sur les listes que le jour du vote, est-ce la faute de la préfecture qui radie? Tout le bureau est un peu secoué.

A 18h00 nous fermons le bureau de vote. Les opérations suivantes sont identiques à celles déjà racontées dans ce billet. A 18h15 une famille est venue voter. Nous leur expliquons que le bureau fermait à 18h. Ils repartent mécontents.

A 18h45 nous amenons notre comptage à la Mairie où nous retrouvons les autres conseillers des autres bureaux de vote, ainsi qu’une partie de la population venue entendre les résultats.

A 20h, j’écoute les projections à la télévision. Avec 45% de participation, nous avons fait mieux que la moyenne française. Mais ce n’est pas brillant.

La journée a été rude pour l’Europe.