A propos Zythom

Informaticien Ex²pert Judiciaire, Irresponsable de la SSI, 3 enfants, marié à une avocate (ma vie n'est pas facile). Clé PGP: 0u 41-j3 m15 c3773 pu741n d3 cl3f

Crise de la cinquantaine

J’ai été très secoué par le billet de Bruno Kérouanton « Crisis management, for midlife adults » (que j’ai trouvé très courageux de sa part). Cela m’a ouvert les yeux sur quelque chose que je n’arrivais pas à cerner chez moi depuis quelques temps : un mal-être anormal et indécent.

J’ai une femme merveilleuse que j’aime, des enfants intelligents que j’aime, un métier passionnant que j’aime, des activités d’expertises privées en forte hausse, une vie de conseiller municipal toujours aussi intéressante, un confort de vie appréciable…

Et pourtant, il y a ce quelque chose au fond de moi qui me déprime et me rend triste. Je regarde dans le miroir et je me surprends à chercher le petit Zythom près à affronter l’univers que j’étais à trente ans… J’ai envie de changer de travail, alors que j’ai tout pour être heureux : un patron qui me fait confiance, des collègues compétents, des défis différents à relever tous les jours, un cadre de travail idéal, une entreprise dynamique… Je me sens mal alors que j’ai tout pour être heureux…

Je rentre le soir, épuisé, avec l’envie de ne rien faire, là où il y a quelques temps, je bouillonnais d’idées et de projets informatiques.

L’écriture sur ce blog s’en ressent. Je n’ai plus envie, tout ce que j’écris me semble fat.

La maladie de mon père, dont j’ai parlé ici, me mine et me rappelle que le temps passe, et qu’il faut profiter des gens que l’on aime.

Bref, loin de moi l’idée de vous transmettre mon mal-être, ce billet est déjà trop long : je vais me déconnecter un peu du blog, de l’actualité déprimante et de Twitter.

Il faut que je gère moi-même ce problème. 

I’ll be back.

Un papa angoissé

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Vous aimez votre enfant, vous l’élevez dans l’amour de son prochain et du travail bien fait, vous lui inculquez des valeurs importantes telles que « range ta chambre » ou « as-tu fait tes devoirs », vous découvrez les nouveautés musicales, comportementales ou lexicales du moment, vous cherchez avec lui les voies professionnelles d’avenir qui lui permettront son épanouissement personnel tout en prenant en compte les dures réalités de la vie, bienvenue au club des parents d’adolescents…

J’ai une chance formidable, j’ai des enfants extraordinaires. Je les aime éperdument et ils m’aiment quand même un peu, bien que je sois un père exigeant, un peu nerd et certainement un peu beaucoup pénible. Surtout que j’ai un énorme défaut : je suis un angoissé de l’avenir (lire le billet « le film d’horreur permanent« ).

J’ai été élevé par des parents très attentifs au bonheur de leurs enfants et très sensibles à leur réussite scolaire. J’ai reproduit une partie de ces valeurs en étant attaché à l’importance du bien être, associé à la nécessité d’une certaine réussite scolaire, gage d’une certaine maîtrise de son avenir.

Bref, je suis certainement un parent comme les autres : je veux le meilleur pour mes enfants, j’ai conscience qu’il ne faut pas céder à tous leurs caprices, mais j’ai envie de les encourager, mais il faut transmettre l’importance de la valeur travail, mais il faut les écouter, mais j’ai des idées bien arrêtées, mais je suis ouvert à la discussion…

Je suis un papa gâteau qui aime beaucoup les câlins. Les enfants sentent très vite ces choses-là et organisent plus ou moins consciemment une pénurie qui me rend terriblement malheureux à la période de l’adolescence. Pour autant, les voir prendre leur indépendance (politique, matérielle, sociale, philosophique, musicale, informatique…) me remplit de fierté, et c’est les larmes aux yeux que je les vois prendre leur envol dans la vie, avec ses coups durs et ses bonheurs.

Organiser l’indépendance de son enfant commence dès son plus jeune âge : il faut qu’il apprenne à marcher, à être propre, à parler, à se socialiser, etc. Chaque étape est compliquée, et fait l’objet d’une abondante littérature. Là où les choses se compliquent, c’est ce moment où il faut le convaincre de se projeter à plusieurs années dans l’avenir, pour choisir un métier, et donc le chemin d’études qui va avec, le tout à la période compliquée de l’adolescence.

Personnellement, j’ai eu la chance de me découvrir une passion très tôt pour l’électronique et l’informatique balbutiante (lire le billet « lettre à mes 16 ans« ). Je voulais quitter la filière classique dès la seconde pour une formation technique, mes parents m’ont conseillé d’aller jusqu’au bac pour faire des études d’ingénieurs. Je les ai écouté, j’ai repoussé mes envies de « toute suite », j’ai choisi de souffrir en prépa, résisté (un peu) à son formatage mental (lire le billet « la prépa« ), j’ai choisi une école d’ingénieur généraliste, puis j’ai enfin pu me consacrer à ma passion, l’informatique, qui ne m’a pas quitté depuis.

D’où mon désarroi face à un jeune qui répond « je ne sais pas » à ma question « que veux-tu faire plus tard ? ». Après avoir discuté plusieurs fois de ce problème avec mes enfants, il a bien fallu que je me rende compte de mon impuissance : je ne suis pas capable, seul, de les aider à se construire une vision d’avenir. Il a fallu que je me fasse épauler : mon épouse, les amis, la famille, tout le monde est important et les discussions et échanges sur la construction de son propre parcours professionnel s’enrichissent de cette diversité d’opinions et d’expériences.

Il existe également des coachs en orientation qui connaissent toutes les filières, toutes les formations et tous les chemins (avec leurs embûches spécifiques) qui y amènent. L’intérêt du coach est également d’apporter un regard extérieur, indépendant, professionnel et sans affect, qui peut être très structurant pour un adolescent (et ses parents).

Puis vient le temps d’APB.

Tous les parents de terminal tremblent à l’évocation de ces trois lettres.

APB pour Admission Post Bac

LE site gouvernemental d’entrée dans l’enseignement supérieur.

LE site qu’il faut à tout prix apprivoiser.

LE site dont il faut étudier tous les aspects et entrer toutes les dates dans son agenda, dates qu’il faut IMPÉRATIVEMENT respecter à défaut de perdre UNE ANNÉE.

Je dois reconnaître que tous les défauts du site APB sont gommés par le fait même de son existence : quasiment toutes les formations possibles y sont regroupées. Les procédures, parfois complexes, sont présentées. Les dates clefs de (presque) tous les établissements y sont indiquées.

Si vous ne devez retenir qu’une seule chose de ce modeste billet, c’est qu’il faut absolument étudier le site web APB en profondeur, dès la seconde, avec votre enfant. Le plus tôt est le mieux, surtout qu’il est souvent à genoux lors des dates charnières. N’attendez pas le dernier moment (pour s’y inscrire, pour y faire ses choix, ordonner ses vœux, etc.).

Ma fille aînée a choisi de faire médecine, et est en ce moment en 3e année. Sa sœur puînée, actuellement en terminale, s’oriente vers des études de commerce. Le benjamin s’attelle à essayer de recevoir les félicitations pour le 3e trimestre de 4e, malgré son usage immodéré de jeux vidéos. Trois enfants, trois caractères, trois parcours de vie, trois fiertés pour leurs parents.

Trois angoisses pour leur père, de la seconde à la terminale…

Et toujours la même question : est-ce que je fais ce qu’il faut pour qu’ils soient heureux ?

Trop tôt

Je travaille dans une école d’ingénieurs qui propose une formation en cinq ans, avec des étudiants qui ont donc pour la plupart entre 18 et 23 ans. J’ai commencé à enseigner pendant mon doctorat, et si j’ajoute mes propres études, cela fait plus de trente ans que je suis entouré d’étudiants.

La jeunesse croque la vie à pleines dents, et profite de sa formidable énergie. Sur le chemin de l’apprentissage, les jeunes découvrent les succès mais aussi les échecs.Et parfois certains échecs semblent insurmontables.

Stéphane était étudiant avec moi et travaillait avec enthousiasme sur mes problèmes de réseaux de neurones. Nous programmions des heures durant et partions à la chasse aux bugs, entrecoupée de courses poursuites dans les couloirs du labo, à cheval sur nos fauteuils à roulettes et armés de nos vingt ans. J’étais son aîné de quelques années, et je me fichais bien de mon statut de maître de stage.

Quelques mois après la fin de son stage, je recevais une lettre de ses parents qui m’annonçaient son suicide. Stéphane vivait mal une rupture sentimentale qui s’ajoutait à un changement de vie qu’il appréhendait. Derrière lui, il laissait une famille effondrée et une lettre dans laquelle il écrivait que les meilleurs moments de sa courte vie avaient été ceux passés avec moi pendant son stage.

Je n’oublierai jamais le choc de cette disparition, et j’ai une pensée émue pour lui chaque 27 avril.

Stéphane, tu resteras jeune et présent dans mon cœur.

Les logiciels de sauvegarde

Je suis toujours en pleine recherche du Graal de la sauvegarde : l’outil universel qui permet de sauvegarder ses données, sur une fenêtre d’environ un mois, de les chiffrer, et de les restaurer facilement.

J’ai équipé la maison d’un magnifique NAS de 12 To que je souhaite dédier aux sauvegardes des différents ordinateurs, du NAS de partage de données, ainsi que des différentes tablettes et téléphones.

Voici où j’en suis de mes réflexions : ce n’est pas si simple…

Le NAS de sauvegarde est géré (très efficacement et très simplement) par OpenMediaVault. Je présente d’ailleurs la solution de principe dans ce billet.

Les ordinateurs.

Les ordinateurs de la maison sont tous de nature différente :

– deux fixes sous Windows

– un fixe sous Windows dans un réseau privée sécurisé (boîtier RPVA)

– deux portables sous Windows

– un fixe sous GNU/Linux

J’utilise le logiciel BackupPC, installé sur le serveur de sauvegarde, qui permet de sauvegarder des environnements hétérogènes. Le principal défaut, je trouve, est sa complexité de configuration, en particulier des inclusions/exclusions. J’ai fini par y arriver, mais j’ai trouvé cela fastidieux…

Je voulais utiliser le système sur tous les postes, quand je me suis rendu compte que l’ordinateur situé derrière le boîtier RPVA (Navista) n’était pas « pingable » et que le serveur de sauvegarde ne pourrait pas le joindre (alors que l’inverse est vrai). J’ai donc choisi de mettre en place un serveur VPN (OpenVPN) dédié à ce poste (sans routage) pour que le serveur puisse le voir. Ça fonctionne plutôt bien.

Puis, un internaute m’a orienté vers le logiciel Veeam Endpoint Backup Free, que je ne connaissais pas alors que j’utilise la version professionnelle au boulot. Du coup, je l’ai installé sur tous les postes sous Windows, avec l’avantage de ne pas avoir à créer un compte « backup » local. Ce logiciel crée des images ISO de boot en cas de panne et sauvegarde l’intégralité du disque dur via le mécanisme Microsoft VSS (ie les fichiers ouverts). C’est simple, gratuit, pratique et facile à utiliser. Seul défaut : la partie serveur est payante. Du coup, j’ai créé un partage Windows sur le serveur de sauvegarde, où sont stockées toutes les sauvegardes Veeam. Pour éviter la contamination par cryptovirus, j’ai préféré créer un partage différent pour chaque PC sauvegardé (avec un user différent, invisible des autres). Exit donc la déduplication…

Enfin, pour le PC sous GNU/Linux (Mint), j’utilise BackupPC qui fonctionne, mais je teste aussi Back In Time qui a l’air très efficace (et très simple à paramétrer).

Le NAS familial.

Il s’agit d’un Synology DS713+ encore pour l’instant sous DSM 5.2 (la v6 vient juste de sortir). Il s’agit d’un système d’exploitation utilisant un noyau Linux, et donc qui possède les outils rsync(d). J’utilise donc BackupPC pour le sauvegarder et cela fonctionne très bien.

Les tablettes et téléphones.

C’est pour l’instant en stand-by… J’utilise les comptes Google créés pour chaque appareil Android, et iTunes/iCloud pour les appareils Apple. Certains vieux téléphones doivent être sauvegardés à la main sur le PC de son propriétaire, le PC étant ensuite sauvegardé par le système décrit précédemment…

La todo list.

L’externalisation des sauvegardes. Vu la masse de données, il faut sélectionner les données intéressantes et les isoler sur un disque dur USB branché sur le serveur de sauvegarde. A moins que je n’utilise mon vieux NAS Synology DS209j, très lent, mais qui pourrait embarquer deux disques 4To en RAID0, soit 8To.

Le chiffrement n’est pas encore traité. Je vise surtout le disque dur qui sera externalisé. La commande gpg devrait faire l’affaire…

Il y a encore beaucoup de logiciels excellents à tester. J’ai plusieurs envies, comme par exemple Duplicity.

Je vais regarder également du côté des outils pro abordables. J’attends en particulier avec impatience la sortie de l’agent Veeam pour Linux.

Enfin, il faudra bien arrêter une politique de sauvegarde, avec une liste restreinte de logiciels et de procédures de restauration. C’est très bien de jouer avec les outils, mais il va falloir décider.

Si vous avez des conseils, des idées, des retours d’expérience, n’hésitez pas à m’en faire part, en commentaires ou par email 😉

L’expert judiciaire et la liberté d’expression

Mon billet intitulé « Mais putain y va bouger son gros cul ce con » m’a valu une avalanche d’emails outrés d’un certain nombre de confrères, et l’affaire a pris une tournure assez inattendue pour moi : j’ai été contacté par le président de la compagnie des experts de justice de ma Cour d’Appel, puis par le Procureur Général près la Cour d’Appel qui m’ont demandé de mesurer mes propos.

Je leur ai expliqué que j’étais le premier concerné par le titre, comme indiqué dans le billet. Je n’ai pas dû être très convainquant puisque, quelques jours plus tard, je recevais un courrier à l’entête du ministère de la Justice me demandant d’exercer mon devoir de réserve et de retirer le billet en question.

Heureusement, sur les conseils avisés de mon avocat, j’ai laissé le billet en ligne et expliqué que, n’étant pas fonctionnaire, je ne suis pas astreint à un devoir de réserve et que je garde toute ma liberté d’expression dans notre beau pays démocratique. Le billet est toujours en ligne et représente toujours le fond de ma pensée et de ma déception politique.

Néanmoins, la pression sur un simple petit blogueur comme moi est assez forte, et je mesure la fragilité de ma position et la difficulté d’assumer une libre parole somme toute assez théorique : je dois penser aussi mon travail. Il est en effet assez simple de perdre son emploi sans espoir d’en retrouver, surtout à mon âge. Je dois aussi penser à mes proches.

J’ai passé l’âge des grandes batailles.

Je vous tiendrai au courant du suivi.

[EDIT de 14h15]

En cette journée de 1er avril, je ne pensais pas semer la panique auprès de mes amis. Il est vrai que je suis plutôt connu pour mon sérieux, un peu coincé, de geek un peu nerd.

Je voudrais donc les rassurer (et surtout qu’ils arrêtent d’essayer de me contacter : je travaille) : personne ne m’a écrit, ni mes confrères, ni le président de la compagnie d’expert de justice de ma Cour d’Appel, ni le Procureur Général, ni le ministère de la Justice…

Ce blog est un petit espace de liberté, mon identité réelle est connue de presque tout le monde (et tout le monde s’en fout), et je ne rougis d’aucun des billets que j’y écris sous mon nom de plume.

Si un jour de devait subir les foudres de la justice, comme lors de l’affaire Zythom, j’attendrais que les cendres soient retombées avant de venir en parler ici.

Enfin, je voudrais rappeler que j’ai parfaitement conscience de l’insignifiance de ce blog, et que rien de ce que je peux écrire ici ne peut changer quoi que ce soit en ce bas monde : je n’ai pas ce talent, cette prétention, et ce n’est pas mon objectif.

Ce matin, j’ai piégé mes enfants en leur faisant croire que leur lycée était fermé pour cause de grève…

Sans rancune (mais merci pour les petits mots 😉

On the Internet, nobody knows you are a dog, but they sure know if you are a son-of-a-bitch.

PS: ET JE N’AI PAS passé l’âge des grandes batailles ! Je compte bien encore bouger mon gros cul de con…

Se protéger des cryptovirus avec un contrôle parental

Depuis quelques semaines, c’est l’hécatombe autour de moi : je ne compte plus les collègues DSI qui subissent des attaques par chiffrement des disques durs (cryptovirus)… Pour l’instant, mon école n’a pas encore été touchée, mais cela ne saurait tarder car aucune défense n’est inviolable.

Pour autant, nous ne restons pas les bras croisés. La meilleure défense, c’est, comme toujours, l’éducation. Il faut (in)former ses utilisateurs, et rappeler qu’il ne faut pas ouvrir une pièce jointe sans s’être posé quelques questions : est-il normal que cette personne m’adresse une pièce jointe, l’email semble-t-il cohérent, est-il rédigé dans un français correct, etc. ? Bref, il faut introduire chez l’utilisateur un peu de saine paranoïa.

Les responsables informatiques ne se contentent pas de former leurs utilisateurs, ils essayent de mettre quelques remparts (de fortune), par exemple en s’assurant que les antivirus sont à jour et en segmentant les données par droits d’accès.

Vous pouvez aussi piocher des solutions intéressantes chez Korben, dans ce billet ou dans celui-ci.

Il existe pourtant un moyen simple permettant d’échapper (pour combien de temps ?) à certaines des attaques : il suffit de mettre en place un logiciel de filtrage de sites.

Voici la méthode que nous avons mise en place :

– un serveur GNU/Linux Debian configuré en passerelle

– le logiciel Squid configuré en proxy transparent

– le logiciel SquidGuard

– la mise à jour quotidienne des sites à partir de la liste noire établie et maintenue par l’Université de Toulouse : https://dsi.ut-capitole.fr/blacklists/

– et tous les ordinateurs du réseau configurés avec ce serveur comme passerelle vers internet.

Parmi les listes noires gérées par l’Université de Toulouse, nous avons choisi de mettre en place « malware » et « phishing » qui bloquent pour l’instant la plupart des utilisateurs ayant cliqué sur les pièces jointes contaminées.

Dans notre établissement, ce serveur est une machine virtuelle hébergée sur notre cluster de virtualisation, mais il était auparavant installé sur un « vieux » PC avec deux cartes réseaux. Il existe également des installations basées sur un Raspberry Pi (voir par exemple cette installation en contrôle parental qui peut facilement être légèrement modifiée pour faire du filtrage des sites de malwares et de phishing). Cet article peut également vous aider. Une fois configuré, le Raspberry Pi peut être branché sur la box du FAI (n’oubliez pas de paramétrer le DHCP de la box pour que la passerelle de tous vos ordinateurs soit le Raspberry PI).

Vous pouvez également installer, si vous le préférez, la distribution Pfsense avec Squid et SquidGuard. Cette solution existe aussi en hardware dédié.

Et n’oubliez pas le dernier rempart, le Mur de glace du Territoire du Nord :

la sauvegarde de vos données.

Mais vous n’y échapperez pas, car nul n’est à l’abri !

Vous allez tous mourir…

Tout sauvegarder (suite)

Le 31 mars est la journée mondiale de la sauvegarde. Faut-il vraiment une journée mondiale pour vous sensibiliser sur ce sujet, je ne pense pas… Pour autant, il est parfois utile de se pencher sur ce problème, et j’en profite pour vous faire un petit retour d’expérience, si ça peut aider quelqu’un. 

Les histoires pour faire peur.

Si je fais appel un peu à ma mémoire, j’ai quelques histoires horribles à raconter :

– un ami qui a perdu définitivement 3 semaines de photos de ses dernières vacances (disque dur externe HS, pas de copie)

– une entreprise qui a fermé parce que son serveur est tombé en panne pendant la sauvegarde (disque dur HS, sauvegarde en cours rendue inutilisable, je raconte cette histoire ici)

– des copains DSI qui m’ont remonté des pertes de données à cause de cryptovirus (données récupérées à partir des sauvegardes, travail de la journée perdu)

– un avocat m’appelant à l’aide après la perte de toutes les données de son cabinet (destruction par vandalisme)

– une collègue dont la maison a entièrement brûlé

– je ne compte plus les messages sur Facebook ou sur Twitter d’un étudiant ayant perdu plusieurs années de travail lors du vol de son ordinateur portable… 

Le problème.

Je souhaite mettre à l’abri les données informatiques de la maison, et qui se trouvent sur les ordinateurs de mes enfants (2 fixes et un portable), sur ceux du cabinet d’avocat de mon épouse, sur ceux de mon cabinet d’expertise informatique, sur les tablettes, sur les téléphones mobiles et sur le système de stockage collectif de la maison (un NAS Synology) qui regroupe toutes les photos et films familiaux. Il faut penser aux pertes de données par incendie (toute la maison brûle), par destruction (in)volontaire, par cambriolage et par attaque virale (j’ai très peur des cryptovirus). 

Ma solution.

Un système local dédié au stockage des sauvegardes, plus un système de synchronisation vers l’extérieur. Les données confidentielles seront chiffrées avant sauvegarde.

Voyons tout cela de plus près. 

Le stockage local.

J’ai testé plusieurs solutions (FreeNAS, OpenMediaVault, NAS4Free, OpenFiler, Amahi, NexentaStor, ZFSguru…) pour finalement retenir celle présentée dans ce précédent billet, à savoir OpenMediaVault. Je voulais éviter une solution Windows, trop sensible aux attaques virales, je cherchais une solution open source bien maintenue par sa communauté, et j’ai un faible pour les solutions sous Debian, distribution que je connais bien et que j’apprécie. J’ai eu un peu peur de me lancer dans des solutions un peu exotiques (même si le système de fichiers ZFS me semble très intéressant).

J’ai donc acheté un MicroServer Gen 8 HP sur Amazon pour 219 euros TTC que j’ai reçu quelques jours plus tard, et que j’ai immédiatement rempli avec deux barrettes mémoires de 8Go, quatre disques de 4 To (disques que j’utilise traditionnellement pour les expertises) et un petit disque SSD de 64 Go. J’ai ensuite procédé à l’installation en suivant la procédure de l’Atelier du Geek décrite dans ce billet.

Me voici donc à la tête d’un NAS DIY magnifique d’une capacité de 10 To répartie sur 4 disques en RAID5, que je vais destiner UNIQUEMENT aux sauvegardes des données familiales (et aussi aux données temporaires volumineuses générées lors de mes expertises judiciaires). 

Le logiciel de sauvegarde.

Là aussi, j’ai fait beaucoup d’essais : Areca Backup, BackupPC, Bonkey, DeltaCopy, FreeFileSync, etc. J’ai lu beaucoup d’articles, suivis les conseils donnés par vos commentaires sous ce billet. J’ai beaucoup rêvé d’un clone GNU/Linux du splendide logiciel Apple Time Machine, mais malheureusement, je n’ai pas trouvé.

J’ai choisi BackupPC pour ses performances, malgré une configuration que je trouve complexe. Il gère très bien la déduplication pour optimiser la place prise par les sauvegardes, il comprime les données, automatise très simplement les sauvegardes et gère très bien les ordinateurs connecté de façon aléatoire (les portables par exemple).

L’installation de BackupPC en parallèle à OpenMediaVault, et sa configuration, feront l’objet d’un billet technique séparé (Travail en cours, mais en gros, j’ai suivi ce billet). 

Le circuit des données.

Tous les ordinateurs de la maison ont accès à un NAS Synology de 4 To (deux disques en RAID1) qui stocke les photos et vidéos familiales, mais qui servait également au stockage des sauvegardes. Aujourd’hui, les sauvegardes de chaque poste sont faites directement vers le nouveau système de sauvegarde, ainsi que la sauvegarde du NAS Synology lui-même.

J’ai fait une exception pour les ordinateurs du cabinet d’avocat dont les données sont chiffrées avant d’être exportées. Je n’ai pas encore modifié ce système qui fonctionne bien. Je n’ai pas encore eu le temps de creuser ce point avec BackupPC. 

L’externalisation en cas d’incendie.

Mes enfants utilisent (ou pas) le Google Drive mis à disposition par le Google/apps familial. Pour ma part, étant sous GNU/Linux, je n’étais pas satisfait des clones permettant d’accéder à mon Google Drive professionnel (pourtant à capacité illimitée ! ). J’ai donc installé sur le NAS familial le logiciel OwnCloud, pour me permettre de synchroniser certaines données avec plusieurs ordinateurs, dont celui que j’utilise au boulot.

Ce système fonctionne très bien, mais ne contient pas toutes les données qui sont sauvegardées par BackupPC. C’est un point sur lequel je dois encore travailler. Je pense tout simplement installer OwnCloud sur le système de sauvegarde OpenMediaVault/BackupPC.

J’ai un disque perso de 4 To qui continue de tourner entre le boulot et la maison, pour l’ensemble des données essentielles (rotation tous les 6 mois). 

Bilan provisoire.

Le cube HP MicroServer Gen8 est très silencieux et son prix vraiment attractif. Son processeur est un peu poussif, et semble être son point faible puisqu’il passe à 100% si deux sauvegardes sont en cours, mais il fait très bien l’affaire.

OpenMediaVault est d’une simplicité remarquable et d’une qualité professionnelle aboutie.

BackupPC est complexe mais efficace. Je pense être encore très loin d’avoir fait le tour de toutes ses possibilités. Par contre, dès qu’un clone fiable de Time Machine sortira…

Quand tout le système sera en place et stabilisé, cela fera un total de 6 disques durs de 4 To destinées aux sauvegardes :

– 4 dans le NAS de sauvegarde

– 1 dans le PC du boulot pour OwnCloud

– 1 hors ligne stocké au boulot.

Cela représente un coût non négligeable, mais qui me paraît dérisoire face à la perte DEFINITIVE des données concernées.

Quelque soit la manière dont vous gérez vos données numériques, le plus important est de veiller à ce que les données les plus chères à vos yeux soient stockées à plusieurs endroits et résistent à un effacement accidentel, à un vol, à une destruction ou à un chiffrement frauduleux.

Pensez-y.

Le chiffrement des smartphones

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J’ai été contacté par l’étudiant journaliste Olivier Levrault qui souhaitait une interview pour son article de la Tribune du Palais de mars 2016 de l’École de Journalisme de Toulouse. Je publie ici, avec son aimable autorisation, la version complète de l’interview.

Olivier
Levrault : Tout d’abord, pouvez-vous expliquer rapidement votre
rôle dans une enquête en tant qu’informaticien expert judiciaire ?

Zythom : Chaque
enquête est effectuée sous la direction d’un magistrat (du moins en
temps normal, c’est-à-dire hors état d’urgence). S’il l’estime
nécessaire, ce magistrat peut demander un avis technique à une
personne qu’il va choisir sur une liste d’experts pré-sélectionnés.
Les personnes inscrites sur cette liste portent le titre d’expert
judiciaire. Le magistrat va alors lui donner des missions et poser
des questions précises auxquelles l’expert judiciaire répondra dans
un rapport dans lequel il donne son avis « en son honneur et en
sa conscience » (c’est le serment de l’expert judiciaire). En
dehors de ces missions pour la Justice, je reste un citoyen comme les
autres, avec un métier, une conscience politique et une liberté
d’expression. Ce qui me permet de répondre à vos questions.

Olivier
Levrault : Entrons dans le vif du sujet.

L’Assemblée
nationale a voté, début mars, un amendement visant à condamner les
constructeurs de smartphones qui refuseraient de coopérer avec la
justice dans les enquêtes terroristes. Trouvez-vous cet amendement
fondé ?

Zythom : Je
suppose que vous parlez de l’amendement n°90 (rect) porté par M.
Goujon etc. et que l’on peut trouver ici :
https://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/3515/AN/90.asp
De quoi parle-t-on ?
Cet amendement modifie trois articles du code de procédure pénale
de la manière suivante (j’ai mis les modifications en gras) :

  • Article 60-1 du code de procédure pénale :

Le procureur de la République ou
l’officier de police judiciaire peut, par tout moyen, requérir de
toute personne, de tout établissement ou organisme privé ou public
ou de toute administration publique qui sont susceptibles de détenir
des informations intéressant l’enquête, y compris celles issues
d’un système informatique ou d’un traitement de données
nominatives, de lui remettre ces informations, notamment sous forme
numérique, sans que puisse lui être opposée, sans motif légitime,
l’obligation au secret professionnel. Lorsque les réquisitions
concernent des personnes mentionnées aux articles
56-1 à 56-3, la remise des informations ne peut intervenir
qu’avec leur accord.

A l’exception des personnes
mentionnées aux articles 56-1 à 56-3, le fait de s’abstenir de
répondre dans les meilleurs délais à cette réquisition est puni
d’une amende de 3 750 euros. Cette peine est portée à deux ans
d’emprisonnement et 15 000 € d’amende lorsque la réquisition
est effectuée dans le cadre d’une enquête portant sur des crimes
ou délits terroristes définis au chapitre 1er du titre II du livre
IV du code pénal.

A peine de nullité, ne peuvent être
versés au dossier les éléments obtenus par une réquisition prise
en violation de l’article
2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

  • Article 60-2
    du code de procédure pénale

Sur demande de l’officier de police judiciaire, intervenant par voie
télématique ou informatique, les organismes publics ou les
personnes morales de droit privé, à l’exception de ceux visés au
deuxième alinéa du 3° du II de l’article 8 et au 2° de l’article
67 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique,
aux fichiers et aux libertés, mettent à sa disposition les
informations utiles à la manifestation de la vérité, à
l’exception de celles protégées par un secret prévu par la loi,
contenues dans le ou les systèmes informatiques ou traitements de
données nominatives qu’ils administrent.

L’officier de police judiciaire, intervenant sur réquisition du
procureur de la République préalablement autorisé par ordonnance
du juge des libertés et de la détention, peut requérir des
opérateurs de télécommunications, et notamment de ceux mentionnés
au 1 du I de l’article 6 de la loi 2004-575 du 21 juin 2004 pour la
confiance dans l’économie numérique, de prendre, sans délai,
toutes mesures propres à assurer la préservation, pour une durée
ne pouvant excéder un an, du contenu des informations consultées
par les personnes utilisatrices des services fournis par les
opérateurs.

Les organismes ou personnes visés au présent article mettent à
disposition les informations requises par voie télématique ou
informatique dans les meilleurs délais.

Le fait de refuser de répondre sans motif
légitime à ces réquisitions est puni d’une amende de 3 750 euros. Cette peine
est portée à deux ans d’emprisonnement et 15 000 €
d’amende lorsque les réquisitions sont effectuées dans le cadre
d’une enquête portant sur des crimes ou délits terroristes
définis au chapitre 1er du titre II du livre IV du code pénal.
 


Le fait, pour un organisme privé, de refuser de communiquer à
l’autorité judiciaire requérante enquêtant sur des crimes ou
délits terroristes définis au chapitre Ier du titre II du livre IV
du code pénal des données protégées par un moyen de cryptologie
dont il est le constructeur, est puni de cinq ans d’emprisonnement
et 350 000 € d’amende.

Un décret en Conseil d’État, pris après avis de la Commission
nationale de l’informatique et des libertés, détermine les
catégories d’organismes visés au premier alinéa ainsi que les
modalités d’interrogation, de transmission et de traitement des
informations requises.

  • Article 230-1
    du code de procédure pénale

Sans préjudice des dispositions des
articles 60, 77-1
et 156,
lorsqu’il apparaît que des données saisies ou obtenues au cours de
l’enquête ou de l’instruction ont fait l’objet d’opérations de
transformation empêchant d’accéder aux informations en clair
qu’elles contiennent ou de les comprendre, ou que ces données sont
protégées par un mécanisme d’authentification, le procureur de la
République, la juridiction d’instruction, l’officier de police
judiciaire, sur autorisation du procureur de la République ou du
juge d’instruction, ou la juridiction de jugement saisie de l’affaire
peut désigner toute personne physique ou morale qualifiée, en vue
d’effectuer les opérations techniques permettant d’obtenir l’accès
à ces informations, leur version en clair ainsi que, dans le cas où
un moyen de cryptologie a été utilisé, la convention secrète de
déchiffrement, si cela apparaît nécessaire.

Si la personne ainsi désignée est
une personne morale, son représentant légal soumet à l’agrément
du procureur de la République, de l’officier de police judiciaire ou
de la juridiction saisie de l’affaire le nom de la ou des personnes
physiques qui, au sein de celle-ci et en son nom, effectueront les
opérations techniques mentionnées au premier alinéa. Sauf si elles
sont inscrites sur une liste prévue à l’article
157, les personnes ainsi désignées prêtent, par écrit, le
serment prévu au deuxième alinéa de l’article
60 et à l’article
160.

Si la peine encourue est égale ou
supérieure à deux ans d’emprisonnement et que les nécessités de
l’enquête ou de l’instruction l’exigent, le procureur de la
République, la juridiction d’instruction, l’officier de police
judiciaire, sur autorisation du procureur de la République ou du
juge d’instruction, ou la juridiction de jugement saisie de l’affaire
peut prescrire le recours aux moyens de l’État soumis au secret de la
défense nationale selon les formes prévues au présent chapitre.

Le fait, pour un organisme privé, de refuser de communiquer à
l’autorité judiciaire requérante enquêtant sur des crimes ou
délits terroristes définis au chapitre 1er du titre II du livre IV
du code pénal des données protégées par un moyen de cryptologie
dont il est le constructeur, est puni de cinq ans d’emprisonnement
et 350 000 € d’amende.

Pour répondre à
votre question (« Trouvez-vous cet amendement fondé ? »),
je trouve que ce durcissement de notre législation correspond plutôt
à un effet d’annonce permettant de montrer que certains députés
suivent avec intérêt le débat américain qui oppose Apple et le
FBI, mais à mon avis, ils se trompent de cible et surtout ils
montrent encore une fois une incompréhension des concepts techniques
mis en jeu. En effet, Apple souhaite mettre en place un système de
chiffrement où elle-même n’aurait aucun moyen de pouvoir déchiffrer
les données, afin de protéger ses utilisateurs de la curiosité
étatique. Apple ne pourra pas techniquement fournir à l’autorité
judiciaire les données en clair, et ne pourra pas être condamnée
pour cela (sauf à rendre le chiffrement illégal).

Olivier
Levrault : Le phénomène de chiffrement des données lors
d’enquêtes criminelles et/ou terroristes est-il important ?

Zythom : Depuis
les révélations d’Edward Snowden, beaucoup de gens commencent à
chiffrer leurs données (à commencer par les journalistes), ce qui
gêne les grandes oreilles de l’État. Le phénomène va évidemment
augmenter, et rendre moins aisée la surveillance généralisée.

Olivier
Levrault : À quel point le chiffrement d’un smartphone
freine-t-il l’enquête ?

Zythom : Cela
va dépendre du rôle du smartphone dans l’enquête. Si la seule
preuve dont vous disposez se trouve chiffrée dans le smartphone (ou
dans l’ordinateur), votre enquête est définitivement bloquée.
Heureusement, l’activité criminelle se limite rarement au simple
usage d’un smartphone, fut-il chiffré. Une enquête s’appuie sur
beaucoup d’éléments plus classiques comme des filatures, des
fadettes, des éléments financiers, etc. Je n’ai jamais rencontré
de dossiers reposant sur un seul élément technologique même si je
ne nie pas qu’il soit possible que cela arrive. Faut-il pour autant
interdire le chiffrement à tous ? Faut-il demander à tous les
citoyens de vivre dans des maisons de verre pour pouvoir faciliter la
surveillance des faits et gestes de tout le monde, pour détecter les
comportements suspects ?

Olivier
Levrault : Le FBI vient d’annoncer qu’ils n’avaient plus besoin
d’Apple pour déchiffrer les données du smartphone appartenant à
l’auteur de la tuerie. Comment est-ce possible ? Aucun téléphone
n’est donc inviolable ?

Zythom : Je ne
peux pas prétendre connaître le procédé proposé au FBI par une
tierce entreprise, alors même qu’Apple ne le connaît pas. Ce qui
semble probable, c’est qu’une entreprise spécialisée dans la
recherche de failles de sécurité a (peut-être) trouvé une faille
à exploiter pour passer outre le système de blocage d’Apple (qui
efface définitivement les données après 10 tentatives
infructueuses) ce qui pourrait permettre une attaque par force brute
qui est assez facile et rapide sur un code de quelques chiffres.
N’oubliez pas qu’au stade des informations disponibles, certains font
même l’hypothèse que le FBI fait simplement marche arrière pour
éviter une décision de justice qui lui serait défavorable.

Olivier
Levrault : Le fait de donner au gouvernement la clé pour
accéder au contenu d’un téléphone lors d’une enquête terroriste
fragilise-t-il la sécurité de l’ensemble des smartphones ?

Zythom : Oui.
Imaginez un fabricant de serrures (coffres forts, portes de maisons,
etc.) qui serait obligé de créer une clé permettant d’ouvrir
toutes les serrures qu’il fabrique. Vous comprenez bien que cette
fameuse clé devrait être protégé de la manière la plus extrême.
Car il suffirait qu’une seule personne fasse discrètement une copie
de cette clé pour que la sécurité des serrures soit définitivement
compromise. Et si vous ne pouvez pas assurer vous-même la protection
de cette clé, par exemple parce que l’État vous impose de lui en
confier une copie, cela revient à confier toute la sécurité de vos
clients à l’État. C’est ce qui a amené Ladar Levison à fermer
son service Lavabit plutôt que de donner l’accès aux messages
d’Edward Snowden comme la loi américaine le lui obligeait. Le
suicide commercial plutôt que la trahison de ses clients…

Olivier
Levrault : Est-ce que cela créé les fameuses portes dérobées ?
Si oui, quel est le risque ?

Zythom :
Lorsque vous proposez à vos clients un système protégeant votre
vie privée, mais que vous mettez en place d’un accès réservé,
c’est ce que l’on appelle une porte dérobée. On parle également de
cheval de Troie. Le risque est l’utilisation de cette porte dérobée
de manière abusive, soit par l’État, soit par un criminel. Vous
pensez être seul dans l’intimité de votre chambre, alors qu’en fait
un œilleton permet de vous observer, de vous photographier, de vous
filmer, etc. Allez-vous accepter cela parce qu’on vous affirme que
vous serez plus en sécurité ?

Olivier
Levrault : Quelle conséquence pour la population dans son
ensemble ? La protection des données personnelles ne
risque-t-elle pas d’en prendre un coup ?

Zythom : Les
défenseurs de la vie privée tirent la sonnette d’alarme depuis
longtemps (CNIL, Quadrature du Net, etc.). L’État calme le jeu en
prétendant exclure certaines professions de son radar : les
avocats, les politiques et les journalistes. Pour le reste, circulez,
nous nous occupons de votre sécurité, pour votre bien. Le discours
est de dire que de toutes manières, une grande partie de la
population a déjà offert une partie de ses données
personnelles aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft)
en échange de services gratuits et de publicités ciblées. Nous
parlons ici de l’abandon à la demande de l’État par le grand
public de l’ensemble
de ses données personnelles, ce qui est très différent.
Personnellement, j’accepte de donner certaines de mes données
privées à Google. J’accepte aussi de dévoiler beaucoup d’éléments
de ma vie sur mon blog personnel. C’est ma liberté. Pour autant, je
chiffre certains messages, j’utilise parfois un VPN, je protège
certaines parties de ma vie privée. Parce que j’ai une réticence à
tout montrer. Je refuse de faire installer une caméra dans ma
chambre à coucher.

Olivier
Levrault : Alors que les constructeurs se posent en défenseur
des utilisateurs (pour redorer leur image depuis l’affaire Snowden),
les données personnelles continuent d’être commercialisées. Les
constructeurs de smartphones ne jouent-ils pas à un double jeu ?

Zythom : Il est
relativement fascinant de constater qu’aujourd’hui le combat de la
protection de nos données personnelles soit mené par une
multinationale, contre la curiosité des États. Surtout que je suis
assez âgé pour avoir connu la création de la CNIL (j’avais 15 ans
en 1978) après les débats autour du projet SAFARI. Les
constructeurs jouent double jeu, mais au moins, le consommateur peut
décider d’arrêter d’acheter tel ou tel produit. Il a un certain
pouvoir. Apple peut se ringardiser en quelques années et
disparaître. Qu’en est-il du poids de la voix du citoyen dans le
processus démocratique d’aujourd’hui ? Dans quel état sont les
contre-pouvoirs traditionnels, tels que la justice et les médias ?

Olivier
Levrault : Au final, dans ce débat 2.0 liberté vs sécurité,
pensez-vous que le citoyen est perdant ? Cet épisode ne
risque-t-il pas de limiter encore davantage la vie privée des
citoyens ?

Zythom : Je
vois se mettre en place deux catégories de citoyens : ceux qui
sauront protéger une partie de leur vie privée et les autres. Et
dans chacune de ces deux catégories, vous trouverez toutes les
couches de la population : des riches, des pauvres, des
criminels, des terroristes, des activistes, des journalistes, des
avocats, des informaticiens, des politiques, etc. A chaque fois que
nos libertés seront réduites, avec toujours les mêmes faux
prétextes (lutte contre le terrorisme, contre la pédophilie, contre
le grand banditisme, etc.), vous pouvez être sûr que le citoyen
sera perdant. Mais tant qu’il ne s’en rend pas compte… Le grand
changement d’aujourd’hui est le monde hyperconnecté dans lequel
baigne une partie des citoyens : l’information circule très
vite. J’ai l’espoir que si le bon côté de la Force l’emporte, une
intelligence collective positive émergera de cette hyperconnection
(attention, je ne parle pas d’IA). Le partage des connaissances peut
aboutir à une meilleure information de chaque citoyen, et par là
même à un meilleur contrôle sur nos représentants. Si le côté
obscur l’emporte (il suffit de lire les commentaires haineux postés
sous certains articles de journaux en ligne), alors notre
comportement moutonnier sera exacerbé pour la plus grande joie des
bergers et des loups. L’avenir est entre nos mains, et comme je suis
optimiste, je suis persuadé que l’âge d’or est devant nous.

Merci à vous pour
cet échange.

Le Cloud privé des avocats

Les avocats, ou plutôt le Conseil National des Barreaux (CNB), ont décidé de mettre un coup d’accélérateur à leur évolution vers le numérique en ouvrant un service baptisé « Cloud privé des avocats » (avec une majuscule à Cloud). Voici un extrait de la présentation de ce service sur le site du CNB:

Le Cloud privé des avocats, est une solution à haut niveau de sécurité disponible dès à présent. Dédié exclusivement aux avocats inscrits à un barreau français et en exercice, le Cloud privé garantit la confidentialité des correspondances et le secret professionnel. Inscrivez-vous dès maintenant pour profiter de tous ses avantages !

Le Cloud privé des avocats vous propose :
      une adresse de messagerie @avocat-conseil.fr permettant l’envoi de messages sécurisés vers vos confrères et vos clients ;
      un carnet d’adresses ;
      un agenda ;
      un gestionnaire de tâches ;
      un espace de stockage en ligne ;
      une suite de logiciels de bureautique (en option) ;
      un archivage chiffré ;
      l’envoi de vos courriels chiffrés vers vos clients.

J’ai pu tester ce service (enfin surtout la messagerie), voici quelques unes de mes impressions.

L’installation.

Tout étant en ligne, il n’y a rien à installer sur l’ordinateur: il suffit d’activer le service depuis le site, en suivant les indications que j’ai trouvées bien faites. Seul bémol: l’adresse email au format pré[email protected] devient l’adresse par défaut de réception des alertes RPVA… Petite suée froide avant de me rendre compte qu’il est possible de reparamétrer le compte afin de rétablir l’adresse habituellement utilisée par le cabinet. Un point positif, qui est de bon augure pour faciliter l’adoption de l’outil par l’ensemble des utilisateurs.

Le concept.

Le CNB souhaite mettre en place, avec le « Cloud privé des avocats », un espace d’échanges et de stockages sécurisés. Il y a plusieurs approches possibles, et celle qui a été retenue est celle de la centralisation dans le nuage. C’est une approche risquée dans la mesure où les cabinets d’avocat ont une pratique de la gestion de la sécurité en général localisée à leur cabinet, où ils doivent assurer un haut niveau de confidentialité. Mais l’arrivée du RPVA a ouvert la profession à une gestion collective de la sécurité, même si l’on peut regretter certains choix techniques. L’importance des échanges par emails dans une majorité de dossiers imposait une avancée sur le problème de leur sécurisation.

Le choix du type de chiffrement.

Le marché des messageries chiffrées est en plein essor depuis les révélations d’Edward Snowden et la mise en évidence d’une surveillance généralisée des communications électroniques. Je peux citer un beau projet tel que Protonmail. qui permet d’envoyer des emails sécurisés, mais reste compatible avec les messageries classiques. Le CNB a fait le choix de l’environnement Open-Xchange et de son extension OX Guard. Ces outils utilisent l’excellent système de clefs PGP. Le système crée pour chaque avocat une clef privée et une clef publique. Tout est fait pour que l’ensemble soit très simple à l’usage: quand vous envoyez un email à un autre avocat, vous choisissez si vous voulez le chiffrer et/ou le signer, en cliquant sur des cases à cocher. Vous pouvez insérer des images (emails au format HTML) ou des pièces jointes, l’ensemble sera chiffré. C’est simple quand on connaît bien les concepts techniques.

Les défauts relevés.

Sans prétendre avoir testé tous les aspects du « Cloud privé des avocats », j’ai fait des essais assez simples qui ont montré qu’il restait quelques problèmes à résoudre:

1) Je n’ai pas remarqué de système d’accusé de réception et d’accusé de lecture.

2) Les clefs privées/publiques ont une durée de validité de 10 ans, ce qui est très long.

3) Je n’ai pas vu de système de révocation des clefs

4) Un couple de clefs est créé pour tous les correspondants extérieurs, même si ceux-ci en disposent déjà ! C’est très gênant pour la majorité des logiciels de messagerie qui vont devoir demander aux utilisateurs quelle clef utiliser parmi plusieurs, pour la même adresse email !

5) Les clefs privées sont gérées par un système centralisé qui, s’il est compromis, va compromettre l’ensemble des correspondances sécurisées. Cela me semble un risque important en matière de sécurité.

6) Les clefs publiques ne sont pas publiées sur un serveur public, ce qui interdit à un correspondant extérieur de contacter facilement un avocat de manière sécurisé.

7) Lorsque l’on insère une image dans un email HTML chiffré destiné à un correspondant extérieur, l’image peut ne pas être transmise dans le message.

Ma conclusion.

Je trouve formidable qu’une profession sensible à la confidentialité fasse l’effort de s’équiper d’un outil numérique assurant celle-ci. Je suis heureux que le CNB ait fait le choix d’un système de cryptographie à clé publique tel que PGP comme méthode de chiffrement. Je pense par contre qu’un gros effort va devoir être fait pour expliquer son fonctionnement et ses limites. Il va falloir rappeler, par exemple, que les sujets des emails ne sont pas chiffrés (ils sont souvent utilisés par les avocats pour rappeler les références de leurs dossiers). Il va falloir faire cohabiter plusieurs adresses emails dans les cabinets ayant déjà leurs noms de domaine.

L’avenir dira si ses écueils seront surmontables.

Boot sur une image disque

Je termine une expertise sur laquelle le démarrage de l’ordinateur m’a fait gagner un temps précieux : j’ai pu remarquer pas mal de choses à partir de l’environnement de travail (image de fond d’écran, écran de veille basé sur un diaporama d’images, disposition des icones sur le bureau, etc.). C’est fou ce qu’on peut apprendre de ce genre de petits détails…

Et rien de plus simple à constater qu’en démarrant l’ordinateur. Oui, mais il n’est pas possible de modifier le contenu du disque dur que je dois analyser (afin de permettre à d’éventuelles autres expertises de pouvoir être pratiquées dans les mêmes conditions). Et tout le monde se doute qu’il se passe plein de choses quand on démarre un ordinateur, et que la majorité de ces choses modifient le contenu du disque dur. C’est pour cela qu’il faut toujours travailler sur une copie fidèle du disque dur. Et démarrer l’ordinateur sous la forme d’une machine virtuelle.

J’ai déjà expliqué sur ce blog comment je pratique pour prendre une image bit à bit d’un disque dur (lire par exemple ce billet).

J’ai également expliqué comment je convertissais cette image en machine virtuelle à l’aide d’un logiciel qui s’appelle Live View (lire ce billet). Mais ce logiciel ne semble plus maintenu et je rencontre de plus en plus de difficultés à l’utiliser. Du coup, j’ai souvent utilisé directement les outils en ligne de commande de VirtualBox: il suffit en effet d’une seule ligne de commande pour convertir une image bit à bit en disque exploitable sous VirtualBox:

VBoxManage  convertfromraw  image.dd  image.vdi  –format VDI –variant Fixed

(la dernière option permettant d’avoir un disque de taille fixe, la valeur par défaut de VBoxManage étant un disque de taille dynamique).

Le problème de cette commande est qu’elle est gourmande en temps et en ressources disques, puisqu’elle crée un double de l’image initiale.

Depuis que j’ai migré mon poste de travail personnel de Windows vers la distribution GNU/Linux Mint, j’explore de manière plus systématique les outils de l’univers GNU/Linux.

J’ai ainsi découvert une « vieille » commande disponible sur presque toutes les plateformes: xmount. Cette commande permet de créer un disque VirtualBox directement à partir de l’image bit à bit, sans la modifier, en créant un cache contenant toutes les modifications qui seront apportées sur le disque.

Ma procédure est maintenant la suivante:

mkdir toto

xmount  –out  vdi  –cache  image.cache  image.dd  ./toto

Je trouve ensuite dans le répertoire « toto » le fichier disque que j’utilise dans la machine virtuelle que je crée ensuite dans VirtualBox.

Si je ne connais pas les mots de passe Windows, je démarre la machine virtuelle avec le live cd ophcrack ou avec offline NT password. Si j’ai un écran bleu de la mort (parce que Windows n’aime pas démarrer sur du matériel différent de celui sur lequel il a été installé), j’utilise OpenGates qui fait office de baguette magique (sous Windows).

Je pose ça ici, si cela peut aider quelqu’un à booter sur une image disque. Il y a beaucoup d’autres méthodes et outils, mais ce sont ceux que j’utilise en ce moment.

PS: Je dois être l’un des derniers à utiliser « toto » dans mes exemples informatiques, mais les étudiants en rigolent encore, alors bon 🙂