Le psychologue d’Outreau reste Expert

L’information est publiée dans un article du journal Le Monde du 13 octobre 2006.

« Malmené lors de sa déposition devant la cour d’assises par les avocats de la défense qui lui reprochaient la formulation imprudente des conclusions de son expertise sur les enfants du couple Delay-Badaoui, cet expert était devenu l’homme de la petite phrase lâchée le 17 novembre 2005 devant micros et caméras :

« Quand on paie les expertises au tarif d’une femme de ménage, on a des expertises de femmes de ménage ! » »

Le Garde des Sceaux avait alors demandé sa radiation.

La Cour d’Appel de Rouen a estimé le 29 mai 2006 que l’expert n’avait commis aucune faute susceptible d’entraîner sa radiation.

La Cour relève que le travail de l’expert « est extrêmement fouillé et individualisé ».

Je cite encore l’article du Monde:

« La Cour a également tenu compte du fait que [l’expert] avait saisi l’occasion de son audition, en mars, devant la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale, pour s’excuser publiquement de ses propos maladroits. »

Je suis choqué du faible écho médiatique de la confirmation d’un expert, qui certe a commis une maladresse devant les micros.

Je n’ai pas entendu par contre le Garde des Sceaux s’excuser publiquement pour ses propos maladroits et hâtifs. A chair de loup, dent de chien.

Pas bien réveillé ?

Le mot « coaltar » signifie « goudron de houille ». Cette substance est utilisée pour imprégner les bois et en thérapeutique comme désinfectant et antiseptique.

Je n’avais jamais vu ce mot écrit et n’en connaissais pas l’orthographe. C’est pourtant un mot souvent utilisé, par oral, dans l’expression « Etre dans le coaltar ».

Info obtenue par le biais du blog « Curiosity »

qui m’a renvoyé vers le blog « Un mot par jour« .

Adieu Mme l’Institutrice

J’ai assisté hier à la réunion de parents d’élèves du CE2 de ma fille. Tout s’est bien passé jusqu’à la dernière intervention de l’institutrice:

« Bon, puisqu’il n’y a pas d’autres questions, je vous annonce que je pars à la retraite fin décembre. Je ne finirai pas l’année scolaire avec vos enfants… »

Stupeur dans l’assistance.

L’institutrice ajoute:

« Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a plusieurs réformes qui s’enchaînent depuis plusieurs mois. Je vous avais annoncé en début d’année que cette année scolaire serait la dernière avant mon départ en retraite. J’ai appris il y a quelques jours que si je ne prends pas ma retraite avant la fin de l’année civile, je perds des avantages. »

Re-stupeur dans l’assistance.

Je vous passe les détails qui ont suivis, les angoisses des différents parents, les questions métaphysiques du type « mais qui va l’annoncer aux enfants? ».

Les personnes en charge des réformes des retraites ne semblent pas préoccupées par le fait que les instituteurs exercent sur une année scolaire (et non civile). Peut-être la proximité des élections ?

En tout cas, j’ai annoncé moi-même l’information à ma fille qui a trouvé dommage que son institutrice s’en aille parce qu’elle l’aime bien.

Saisie contradictoire

J’ai été contacté par un huissier de justice pour effectuer une saisie de données dans une entreprise. La situation est toujours la même: un salarié quitte son entreprise, crée une entreprise concurrente et son entreprise initiale l’accuse d’être parti avec le fichier client.

Le problème ici est que la mission de l’huissier est la suivante: entrer dans la nouvelle entreprise et saisir toutes les données concernant les clients (fichiers et bases de données).

L’huissier me contacte pour que je l’assiste techniquement (il n’est pas à l’aise avec l’informatique me confie-t-il).

Je lui explique comment je procède dans ce genre d’affaire, en insistant sur le fait que je place in fine mes propres scellés sur les données saisies avec la mention « les présents scellés ne doivent être brisés que sur décision de justice ».

Je sens alors une gène de la part de l’huissier: « l’ordonnance du Juge est claire sur ce point, je dois fournir les données à la plaignante ».

Je lui fais part de mon étonnement sur le fait qu’une société peut ainsi récupérer des données très sensibles sur une entreprise concurrente. Il me répond alors qu’il effectuera un « tri des données » en ne fournissant que les données communes aux fichiers clients des deux entreprises (l’objectif étant clair pour l’entreprise plaignante de démontrer le vol des fichiers clients).

Devant mon refus de l’assister dans ces conditions, nous engageons une conversation plus générale sur la « couverture » offerte par l’ordonnance d’un magistrat. Je suis en effet persuadé qu’un grand nombre d’ordonnance sont écrites « sous la dictée » de l’avocat de la partie plaignante. Mais que se passera-t-il si l’ordonnance permet à l’expert de se mettre dans une situation délicate (ce que ne manquera pas de démontrer l’avocat de la partie adverse)?

L’Expert restera seul devant sa faute.

J’ai fait pleinement mien le principe du contradictoire et j’essaye de l’introduire dans la procédure même quand le juge ne le demande pas.

Ainsi, la mise sous scellés d’expert des pièces constituant une preuve est une action par nature non contradictoire (l’entreprise visée n’est pas prévenue avant l’intervention). Il est par contre possible ensuite de démarrer une deuxième action juridique: l’analyse des pièces saisies. Cette deuxième action sera contradictoire, permettant ainsi à la partie visée de se défendre.

Pour l’anecdote, l’huissier a contacté le magistrat et l’avocat de la partie plaignante qui se sont mis d’accord pour modifier l’ordonnance en ce sens.

Abundans cautela non nocet

(Une précaution excessive ne fait pas de tort)

Expert Judiciaire en Informatique

J’exerce sur mon temps libre l’activité d’expert judiciaire en informatique.

C’est une activité passionnante, mais exténuante.

Il faut connaître des domaines de l’informatique dont on ne soupçonne parfois pas l’existence (comment faire parler la mémoire d’une imprimante pour savoir quels ont été les derniers documents imprimés?).

Il faut connaître les procédures juridiques.

Il faut connaître les risques que l’on prend à titre personnel en termes de responsabilités.

Il faut se blinder mentalement (10000 images pédophiles à regarder et imprimer).

Il faut garder le sourire quand on se fait rembourser ses frais (et payer ses honoraires) avec un retard d’un an.

De plus en plus d’experts ne demandent plus leur renouvellement sur les listes des Cours d’Appel.

De plus en plus de magistrats désignent des « experts » en dehors de ces listes, pour faire des économies, sans se rendre compte de leur manque de compétences dans domaines cités ci-dessus.

Tous les experts sont mis dans le même sac: l’expert psychologue qui mène deux cents dossiers par an sur une base forfaitaire et l’expert informatique qui mène les débats dans une réunion d’expertise au commerce face à trois parties assistées de leurs propres experts et Avocats, soit quinze personnes…

Les missions d’expertises informatiques sont passionnantes, surtout en matière criminelle, mais où est la reconnaissance de la qualité des experts?

Pchhhiiiitttt.

Recrutement de tueur à gage sur Internet

France-Japon, le choc des cultures…

France:

En avril 2005, un homme est mis en examen à Nancy pour offre de commettre un assassinat. Il aurait cherché à faire éliminer le concubin de sa maîtresse par un tueur à gages en faisant maquiller l’élimination du rival en accident.

Japon:

Une femme porte plainte contre un homme qu’elle avait engagé sur Internet comme tueur à gages pour éliminer la femme de son amant et qui n’avait pas « exécuté » son contrat. Il est condamné pour escroquerie volontaire en décembre 2005.

Dans un cas, c’est le commanditaire qui est condamné, dans l’autre c’est le tueur car il n’a pas rempli son contrat…

Étonnant non ?

Source: CLUSIF « Panorama de la Cyber-criminalité – Année 2005 »

https://www.clusif.asso.fr

Vol d’objet virtuel

Chine : un homme de 41 ans a poignardé un de ses compagnons de jeu. Il n’a pas supporté que celui-ci revende le sable virtuel gagné dans un jeu multi-joueurs en ligne, sabre qu’il lui avait prêté. Selon les médias qui rapportent cette affaire, l’homme était d’abord allé se plaindre auprès de la police du vol de son arme virtuelle. La loi étant muette sur le cas de la propriété d’objets virtuels, sa plainte n’aurait pas abouti et furieux, l’homme en serait venu à tuer son compagnon de jeu.

Il a été condamné à mort avec sursis à exécution, peine qui peut être commuée en peine de prison à vie.

Source: CLUSIF « Panorama de la Cyber-criminalité – Année 2005 »

https://www.clusif.asso.fr

Le téléphone sonne

Je fais quelques interventions en amphithéâtre devant les étudiants de l’école d’ingénieurs où je travaille.

J’aime cela, j’aime les étudiants et je crois que les étudiants m’aiment bien aussi.

Peut-être simplement est-ce parce que mes cours, bien qu’obligatoires, ne sont pas sanctionnés par une note finale…

Me voilà donc face à eux en ces jours de rentrée. 150 têtes et autant de paires d’oreilles m’écoutent attentivement (ce sont de nouveaux étudiants, ils n’ont pas eu le temps d’apprendre à parler entre eux en amphi) quand tout à coup un téléphone sonne dans l’amphi. Je vois aussitôt un étudiant plonger dans son sac pour éteindre son portable. Agacé, mais surtout pour marquer le coup pour la suite de l’année, je demande à l’étudiant fautif de se lever. Grand silence dans l’amphi, l’étudiant se lève. Cruel jusqu’au bout, je désigne l’étudiant, clame haut et fort mon indignation et demande à tous les étudiants de l’applaudir pour l’encourager à éteindre son téléphone portable avant d’entrer en amphi la prochaine fois.

L’amphi applaudit à tout rompre, l’étudiant fautif est rouge de confusion, je lui demande de s’asseoir en lui accordant mon pardon, magnanime.

Le cours continue, je vois quelques étudiants sortir discrètement leur portable pour l’éteindre. Mon portable est posé sur le bureau, bien éteint, je vérifie moi aussi tout aussi discrètement.

Un quart d’heure passe quand soudain mon téléphone DECT de ceinture sonne. Je le coupe d’un geste machinal, comme si j’étais en réunion. C’était sans compter sur les étudiants de l’amphithéâtre qui se sont tous mis à applaudir…

Je les aime bien mes étudiants, car ils sont intelligents. Ce n’est pas le cas de tous leurs profs…

SNCF c’est possible

Je ne résiste pas à l’envie de vous narrer une petite mésaventure qui m’est arrivé il y a quelques temps.

Décor: je dois me déplacer pour raison professionnelle. Je regarde les horaires possibles sur le site de la SNCF. Je décide d’acheter en ligne moi même mon billet (au lieu de passer par la personne ad hoc de l’entreprise).

C’est vrai quoi, c’est super pratique, et puis comme ça au lieu de payer moi-même et de me faire rembourser, c’est la boite qui paiera directement.

Erreur fatale.

Réservation des billets en ligne (tiens, il faut aller les chercher à la gare)

Il faut fournir un numéro de CB: je fournis celui de la CB de l’entreprise que j’utilise pour mes commandes en ligne [Je précise ici qu’il s’agit d’une CB attribuée à la personne en charge des achats autres qu’informatique. Par souci d’économie et de simplicité, j’ai estimé inutile de disposer moi même d’une CB pour mes achats internet (il ne faut pas engraisser les banques plus que nécessaire). J’ai donc en ma possession, pour mon usage professionnel, les différentes informations nécessaires à un achat en ligne, mais pas la CB elle même]

En quittant le travail, je passe à la gare pour récupérer les billets (chouette je pars plus tôt)

Au choix: la queue ou les machines automatiques. Les machines nécessitant la carte bancaire (que je n’ai pas puisqu’il s’agit de celle de l’entreprise), je choisis la queue (finalement pourquoi ai-je commandé par internet? A oui, pour réserver mes places)

Arrivé devant le guichetier:

– Tiens vous avez commandé par internet ?

– (intrigué) Ben oui

– Vous payez comment?

– Ben par carte bancaire, mais j’ai déjà donné mon numéro sur le site

– (pas de réaction, regard fixe sur écran) Allez-y mettez votre carte

– Mais je n’ai pas la carte, j’ai utilisé celle de l’entreprise ! Mais j’ai déjà donné le numéro sur le site web !

– A oui, mais le site web est sécurisé (mais qu’est-ce qu’il me raconte) et moi il faut que vous mettiez une carte bancaire pour régler.

– Bon OK, je retourne au boulot chercher la carte bancaire.

Retour-boulot, j’explique à genoux à la personne achat (ouf elle est encore là) qu’il faut qu’elle me prête « sa » carte bancaire.

Retour-gare, refile d’attente, re-même guichetier:

– Bonjour, me revoilà avec la carte bancaire de l’entreprise

– (re-regard fixe sur l’écran) Votre numéro de dossier

– DJFNCH637873HDNNXH (vous avez remarqué la simplicité des dossiers de résa SNCF)

– Mettez votre CB dans l’appareil

– (un horrible doute m’assaille) Voilà

– (Ahhhhh quel con, ça va me demander le code secret) VEUILLEZ TAPER VOTRE CODE

– (AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH, merde j’ai pas le code, mais quel CON) Euh, l’appareil me demande mon code, mais je l’ai pas, c’est la CB de l’entreprise, qu’est-ce que je fais?

– (une lueur dans l’œil du guichetier) Vous DEVEZ entrer le code secret de la carte, c’est pour vous protéger, c’est à cause des vols, vous comprenez.

Et là, pour la première fois de ma vie, j’ai éclaté:

– MAIS QU’EST CE C’EST QUE CE SYSTEME D’ACHAT PAR INTERNET COMPLETEMENT NUL VOUS M’AVEZ DIT QU’IL FALLAIT LA CARTE MAIS VOUS M’AVEZ PAS DIT QU’IL FALLAIT LE CODE

Bref, une belle gueulante qui défoule. Toute la gare nous regarde (le guichetier et moi). Je quitte la gare, furieux mais défoulé.

Retour-boulot (pour rendre la CB: pas question de demander le code secret à la personne des achats à cause de son coeur fragile. De toute façon je ne me vois pas retourner au guichet).

Problème: il me faut les billets pour demain matin à l’aube.

Solution: achat sur une borne automatique avec ma CB perso. Pas d’autre gare à moins de 30 kms. Retour (discret) à la gare.

Retour-gare: les deux bornes sont en panne (meeeerde, t’a l’air de quoi maintenant).

Re-queue. Je choisis un autre guichetier.

– Bonjour, c’est vous qui avez fait scandale il y a une demi heure?

– Heu, ben en fait votre système d’achat en ligne n’est pas vraiment pratique, mais bon quoi, les ordinateurs, hein (mais quel faux cul)

– Bon mais mon collègue là bas qui nous regarde, et ben il est pas content du tout.

– (…)

– Bon vous payez comment?

– Par carte bancaire.

– Mettez votre carte dans l’appareil.

– Voilà.

– A tiens, ça recommence.

– (puce illisible, carte défectueuse, carte volée, carte terroriste, carte ayant humilié un agent d’une grande administration) Qu’est ce qui se passe?

– Le système de paiement par carte bancaire est en panne, c’est un problème de téléphone. Vous avez un autre moyen de paiement?

– (AAArgh mon chéquier) Heu, non.

Résigné, je suis sorti de la gare pour aller au distributeur de billet retirer du liquide, je suis revenu, j’ai refais la queue, le seul guichetier disponible était celui à qui j’avais fais esclandre…

– Tiens vous payez en liquide (regard fixe sur l’écran).

– Oui, c’est possible? (J’ai baissé la tête)

Le lendemain, à 5h30 du matin, ce guichetier était sur le quai de la gare en train de ranger des charriots. Persuadé qu’il me cherchait, je me suis faufilé jusqu’à ma place en espérant qu’il n’ait pas passé le mot au contrôleur.

Avec la SNCF, tout est possible.

1er conseil municipal

Et oui, il fallait bien commencer un jour. Pour la première fois, j’ai assisté à un conseil municipal. Exactement l’idée que je m’en faisais! Un maire qui anime les débats pour éviter qu’ils ne s’enlisent. Des conseillers ayant travaillé auparavant en commissions et qui rendent compte (parfois avec partialité de façon qui ne trompe personne).

Nous étions trois dans le public pour une ville de 5000 habitants.

Tous les sujets de la vie de la commune sont abordés: traitements des eaux, distribution et coût de l’eau, aménagement des rues, des lotissements, et même un débat très partagé sur les panneaux d’affichage à destination des associations.

Parfois ridicules, souvent instructifs, les échanges rendent compte de la vie de 5000 personnes, avec leurs travers, leurs incivilités, et leurs qualités.

Début des débats 20h30, fin à 23h15.

A refaire.