Déformation professionnelle

J’ai reçu un fournisseur en machine à café.

En effet, un établissement recevant plus de 1000 personnes dispose de plusieurs de ces machines stratégiques.

Lors de la discussion, il m’avoue qu’à cause d’une déformation professionnelle, il remarque de suite, dans les bureaux, la présence de tasses de thé ou de café posées sur les tables. Son regard avait surpris ma vieille tasse-pas-lavée-immonde-usée-mais-que-j’aime qui trône au milieu de mes disques durs usagés presses-papiers.

Cela m’a renvoyé à cette question terrible que je range dans ma rubrique « questions à deux euros« : quelles sont les déformations professionnelles des personnes que je côtoie?

Moi, bien sur, ce sont les ordinateurs. D’un clin d’œil, dans une scène de film ou lors d’une visite d’entreprise, je perçois leurs caractéristiques, modèle, marque, obsolescence… En général, au cinéma, les écrans sont truqués en post-production pour y faire apparaître des animations sur-réalistes. Il n’est pas rare qu’au beau milieu d’une scène dramatique de film, je fasse remarquer: « Tiens, vous avez vu, il utilise un Apple! », ce qui me vaut les foudres de mon entourage…

J’ai discuté avec une amie dentiste, elle, se sont les dents de ses interlocuteurs qu’elle analyse immédiatement…

Je suis sur que chaque profession développe sa propre acuité visuelle qu’il utilisera inconsciemment hors de son cadre professionnel: le médecin verra des symptômes, l’expert judiciaire tous les cédéroms gravés, l’astronaute les portes non verrouillées et le spéléologue toutes les cordes sans nœud…

C’est parfois utile, et je commence à comprendre l’enthousiasme de mon épouse lorsque je lui ai annoncé l’augmentation du champ de mes responsabilités professionnelles: entretien du bâtiment, ménage…

Norme ZYTHOM X50-110

Lors d’une réunion tenue le 7 novembre 2006, la Conférence nationale des premiers présidents de cour d’appel et la Cour de cassation ont souhaité initier un processus d’élaboration des bonnes pratiques judiciaires dans l’activité juridictionnelle des juges sur le thème de « l’expertise judiciaire civile ».

La méthode retenue est celle de la conférence de consensus, méthode standardisée de conduite scientifique d’un processus de réflexion collective pour débattre de questions controversées, posées par une autorité légitime, dite promoteur, et aboutir à des recommandations publiques.

Le 15 novembre 2007, le jury de la conférence de consensus a rendu un ensemble de recommandations qui peuvent être consultées dans ce document.

Je recommande fortement la lecture de ce document à tous mes lecteurs experts, avocats, magistrats, ainsi qu’à tout citoyen concerné (bon, j’aurais pu faire plus simple en disant qu’il faudrait que tous mes lecteurs lisent ce document…)

Son contenu mériterait des dizaines de billets, ce qui me semble au dessus de mes forces, mais j’ai retiré ci-après un extrait qui m’a interpelé:

L’évolution de «l’expertise juridictionnelle» en Grande-Bretagne est très éclairante; elle comporte des dispositions destinées à limiter les mesures d’expertise à ce qui est suffisant pour la solution, en retenant ce qui est le plus simple et le moins onéreux. La partie souhaitant appuyer sa démonstration sur une expertise devra y être autorisée, en définissant son domaine et en identifiant le technicien approprié quand c’est possible. Ce technicien n’est soumis à aucune sélection de l’autorité judiciaire; il ne devra sa capacité à retenir l’attention des parties requérantes qu’à sa compétence et à sa réputation.

L’Allemagne a adopté une solution similaire à celle de la France par la tenue de listes d’aptitude, avec une différence notable, puisque le contrôle des aptitudes s’effectue par l’intermédiaire des professionnels eux-mêmes, après agrément des institutions ou organisations qui en sont chargées.

Aux États-Unis d’Amérique, la logique de «l’expert witness» a conduit la jurisprudence à exiger, à l’occasion de chaque procès et avant l’examen au fond, le contrôle et la validation de la compétence de l’expert; au travers de ce qu’un auteur appelle «l’épistémologie jurisprudentielle», le juge ne se fiera pas à la seule expérience reconnue de l’expert, mais se fera le gardien vigilant de la validité des savoirs qu’il avance à l’appui de sa démonstration, en vérifiant que l’expertise s’est bien trouvée soumise à une méthodologie suffisamment éprouvée dans le domaine concerné.

Cet extrait m’intéresse déjà en ce qu’il compare la place des expertises au sein de plusieurs systèmes judiciaires, moi qui n’ai pas eu la chance « de faire mon droit ». Il m’interpelle également sur mes propres compétences, à travers une question toute simple: « serais-je un bon expert judiciaire aux États-Unis? C’est ma question à deux euros du week-end…

Attention: je ne suis pas complètement à la solde des youessa. Mais le mot qui a fait tilt est le mot méthodologie.

D’autant plus que le jury de la conférence de consensus donne la piste à suivre: la norme AFNOR n°X50-110 sur la qualité de l’expertise, homologuée par décision du Directeur Général de l’Association Française de Normalisation du 20 avril 2003 (prise d’effet: 20 mai 2003).

Extrait de cette norme:

L’expertise est une démarche fréquemment utilisée pour élaborer des avis, des interprétations, des recommandations en vue de prévenir, d’innover, de construire, d’expliquer l’origine des évènements ou de catastrophes, d’établir des responsabilités, d’éclairer la résolution des conflits, d’évaluer des dommages, des objets ou des services de toute nature […]

la qualité de l’expertise dépend de la compétence de l’indépendance et de la probité des experts et de la démarche d’expertise elle-même dont on exige de plus en plus la transparence et la justification […]

la présente Norme a pour objectif d’améliorer la maîtrise des points ayant une incidence sur le produit de l’expertise et de permettre, si besoin est, une reconnaissance de la capacité à conduire des expertises…

Hélas, l’accès à cette norme passe par un achat sur le site de l’AFNOR… pour le modeste prix de 83,90 euros TTC, rendu inaccessible depuis le passage du Père Noel avec sa maudite Wii qui me vaut courbatures et insomnies.

Internet étant riche en ressources, et moi-même motivé par la recherche d’une chute décente au présent billet, j’ai trouvé sur le site d’une compagnie expertale un référentiel intéressant. Ce sera mon document de référence en attendant ma green card.

Mais finalement, la méthode qui m’a le plus réussi pour l’instant, est simplement de me demander si je suis un bon expert tout court. Et la réponse est simple: travailler, écouter les critiques, toujours se remettre en cause, servir sans se servir.

Ce sera la norme ZYTHOM X50-110.

Et c’est cela qui m’empêche de dormir depuis plusieurs décennies…

Plein le dos

Rongé par les années qui s’accumulent, plié par les lourdes charges familiales et professionnelles, mon dos s’est rompu.

Non, pas le Disk Operating System cher aux Apple II maniaques de 1978, ni le Denial Of Service propre aux réseaux de robots, ni même le pseudo de Jason Reso… mon vrai dos.

Dos: chez l’Homme, partie postérieure du torse, depuis la base du cou jusqu’à la naissance des reins (Encyclopédie Larousse du XXe siècle, édition 1929, vous avez remarqué le changement de référence encyclopédique depuis que je sais qu’un expert judiciaire ne doit pas faire référence à wikipedia…).

J’ai été terrassé par une douleur foudroyante qui m’a laissé pour mort sur le carreau de ma cuisine ce matin. Depuis, je souffre le martyr et agonise en râlant coincé dans ma ceinture Gibaud…

Bon, entre deux râles, je blogue un peu…

Et soudain, une question existentielle s’est imposée à mon esprit et depuis ne le quitte plus: quel est le plus vieil ordinateur encore en fonctionnement?

Me voici donc parti en chasse, lâchant mes plus fidèles moteurs de recherche sur les bases de données réseaux. Pour l’instant, j’ai trouvé un ordinateur qui fonctionne depuis plus de 30 ans! Et en plus, sans changement de pièce. Qui a dit que l’informatique n’était pas fiable?

Qui dit mieux?

Chercheur

J’ai gouté aux joies de la recherche pendant toutes mes années de doctorat. J’y ai appris la modestie et découvert la passion. La modestie car j’ai du reprendre en profondeur toutes les connaissances que j’avais accumulées lors de mes études. Je savais calculer une série de Fourrier, une transformée de Legendre, mais je n’avais pas compris réellement le fond des choses, l’utilité concrète, les conditions de validité, etc.

La passion car le monde de l’intelligence artificielle est extraordinairement passionnant.

Le temps a passé, le fleuve de la vie m’a emporté sur d’autres rivages. La passion est restée pour les activités que j’exerce. Pourquoi?

Je suis resté au fond de moi-même un chercheur.

Mais vous qui me lisez, savez-vous ce qu’est vraiment un chercheur?

Encore une « Questions à deux euros« .

J’ai trouvé dans « Le manuel de Frascati 2002 » publié par l’OCDE le texte suivant:

Les chercheurs sont des spécialistes travaillant à la conception

ou à la création de connaissances, de produits, de procédés, de

méthodes et de systèmes nouveaux et à la gestion des projets

concernés.

Je dois vous avouer qu’en lisant ce texte, je me suis rendu compte que je restreignais dans mon esprit beaucoup trop la notion de chercheur. Je reste encore aujourd’hui une personne travaillant à la conception ou à la création de connaissances, de produits, de procédés, de méthodes et de systèmes nouveaux et à la gestion des projets concernés.

Je ne suis pas le seul. Beaucoup parmi les blogueurs que je lis entrent dans cette catégorie.

Einstein était allemand.

Nous sommes tous des chercheurs allemands…

Cela me fait plaisir.

Un moment figé dans le temps

Certaines images me marquent plus que d’autres, vous l’aurez certainement remarqué à la lecture de ce blog.
Pourtant, cette image découverte en flânant sur Internet me fascine au point de l’avoir élu « fond d’écran du mois » sur mon ordinateur.
Je me permets de déroger au deuxième commandement de ce blog, pour vous poser la question à deux euros suivante: d’où est prise cette photo?

Réponse en commentaire à la fin du mois week-end.
Indice: le titre du billet peut vous aider.

Un provincial à Paris

Question à deux euros: A quoi reconnait-on un provincial à Paris?

Réponses:

1) Dans le métropolitain:

– A son air souriant;

– C’est le seul qui regarde les publicités;

– Il sourit du phénomène acoustique permettant d’écouter une conversation du quai d’en face;

– Il se tient immobile sur la partie gauche des escalators (quelle horreur);

– Il n’emprunte pas les mystérieux couloirs marqués d’un sens unique (« David Vincent has seen them. For him it began one lost night on a lonely country road, looking for a short-cut that he never found. »);

– Il propose sa place assise à une femme enceinte qui refuse d’un air méfiant;

– Il attend pour monter dans la rame que les personnes aient fini de descendre;

– Il regarde sans arrêt les noms des stations (et le plan au dessus des portes) pour ne pas rater la sienne;

– C’est le seul à ne pas avoir de lecture dans la rame (car il ne sait pas où sont distribués « 20minutes » ou « Métro », et n’a pas pensé à prendre un livre de poche);

– Il est habillé « différemment »;

– C’est le seul à dire (et écrire) « métropolitain » en parlant du métro.

2) Dans la rue:

– Il attend le signal « piéton vert » debout sur le trottoir au lieu d’être avancé d’un mètre sur la rue (trouillard va);

– Il regarde partout, surtout en l’air, pour observer les structures des bâtiments;

– Il marche systématiquement dans la première déjection canine présente sur le trottoir;

– Il ne s’extasie pas devant la première station Vélib’ venue, la province étant équipée en bicyclettes partagées depuis des décennies.

3) Partout:

– Il a dans les oreilles de discrets écouteurs au lieu d’avoir un gros casque hifi sur la tête comme tout le monde;

– Il dit « bonjour » et « merci » aux différents commerçants, même si ceux-ci lui parlent à la troisième personne: « Il veut quoi le monsieur? »;

– Il marche incroyablement lentement.

Vous l’aurez compris, votre serviteur s’est expatrié pour une journée dans la ville des Lumières.

Je suis un plouc!

Votre plus vieille donnée?

Le Conseil d’Etat a rejeté le recours des FAI sur le décret les obligeant à conserver les informations de connexion de leurs abonnés. Cette mesure leur impose de conserver pendant un an toutes les données de connexion par Internet, téléphone fixe et mobile de leurs clients (source: 01net.com).

Cette lecture m’a donné l’idée d’une Question à deux euros pour alimenter ma rubrique la plus fumeuse: quelle est la donnée la plus ancienne de mon disque dur?

Ni une, ni deux, me voici à la recherche de cette curieuse information… Bien entendu, je recherche une donnée m’appartenant, pas le fichier d’une quelconque installation à la date douteuse (1970 par exemple…)

C’est comme cela que je suis tombé sur l’un des premiers emails que j’ai écris!

Daté du 11 février 1989, je l’avais envoyé à un collègue lors du raccordement à internet de mon laboratoire de recherche. Notre laboratoire, bien que situé en plein Paris était en retard. Nous avions encore une partie des bâtiments électrifiés en 110v! Des canalis amenaient le 220v spécialement pour nos stations de travail Apollo.

En 1989, le web graphique n’existait pas encore! Il me faudra attendre 1993 pour utiliser les premières versions de NCSA Mosaic.

Nous utilisions des lignes de commandes pour échanger des fichiers et envoyer des emails. Si si! (je m’adresse à mes jeunes lecteurs).

De transferts en conversions, de changements en déménagements, d’une station de travail Apollo sous Unix en passant par un mac II SI et toutes une suite de machines sous Windows, cet email se trouve aujourd’hui sur mon thunderbird, dans la catégorie « A ranger »(!)

Et vous quelle est votre plus vieille donnée présente sur votre disque dur?

Attention, vos vieilles cartes perforées ne comptent pas (sauf à en faire le transfert aujourd’hui, et je vous souhaite bien du courage).

Et ne me demandez pas le contenu de ce vieil email! C’est ridicule personnel.

Un expert judiciaire peut-il tenir un blog?

La question m’a été plusieurs fois posée depuis l’ouverture de ce blog, par des experts m’écrivant directement à mon adresse zythom chez gmail.com (sans passer par des commentaires), aussi vais-je tenter d’y répondre dans ce billet.

L’humour peut-il être utilisé en la matière?

Le sujet est grave et les enjeux sont importants lors d’un procès. Mais ne dit-on pas que l’on peut rire de tout? Monsieur Desproges précisait même: « On peut rire de tout, oui, mais pas avec n’importe qui ». Si quelqu’un n’aime pas le ton de ce blog, ni la manière dont je traite des sujets parfois graves, qu’il cesse de venir alimenter mes statistiques de consultation.

La liberté d’expression est-elle compatible avec la confidentialité des dossiers d’expertise?

Alors là, clairement: non. Toutes les anecdotes citées sur ce blog sont « atemporelles », « universelles » et vous ne verrez jamais aucun nom cité ni aucune ressemblance avec des affaires existantes ou ayant existées. Les personnages et les situations étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite.

Puis-je dénigrer des experts sur ce blog?

D’abord, pourquoi le ferais-je? Et puis, j’ai déjà expliqué dans ce billet que la politesse élémentaire est de respecter un certain nombre de règles qui forment ce que l’on appelle une déontologie. Ces règles ne s’imposent pas à moi légalement, mais forment un ensemble qui relève du bon sens. Elles sont accessibles sur le site du Conseil National des Compagnies d’Experts de Justice. Je citerai ici:

II – 14) – L’expert observe une attitude déférente envers les magistrats et courtoise à l’égard des auxiliaires de justice.

Dois-je pour autant faire preuve de corporatisme?

Alors là aussi clairement, non. Un expert judiciaire n’est pas obligatoirement inscrit à une compagnie d’expert. Il peut exercer son sacerdoce seul. Pour ma part, je ne suis membre que d’une seule compagnie et encore, pour bénéficier de l’assurance responsabilité… De plus:

II – 15) – [L’Expert] conserve toujours son entière indépendance et donne son opinion en toute conscience, sans se préoccuper des appréciations qui pourraient s’en suivre.

Cette règle s’applique au rapport que rédige l’expert pour le magistrat. Je la fais mienne pour ce blog.

Ce blog représente-t-il tous les experts judiciaires?

Non. Mais comme il y a peu de blogs d’experts judiciaires, certains pensent que ce blog fait du tord à « l’activité ». Qu’ils reçoivent mes plus sincères excuses. Je remarque néanmoins pour ma défense que j’ai été l’un des seuls experts à défendre sur internet un confrère qui s’est rendu malencontreusement célèbre par une phrase maladroite sortie de son contexte. Pour plus d’informations, lire ce billet. Bon, je n’ai pas beaucoup mouillé ma chemise, mais je ne suis pas son avocat ni président de compagnie.

Ce blog donne-t-il une mauvaise image des experts judiciaires?

Là, je ne sais pas. J’avoue que je ne me suis pas souvent posé la question. Est-ce que dire que l’on ne peut pas tout savoir sur tout implique nécessairement être incompétent?

Ce blog devait-il faire l’objet d’un livre?

J’ai expliqué ici la raison principale qui m’a animé sur ce projet. Est-ce ma faute si le livre s’est vendu en 10005 exemplaires? Vous pouvez d’ailleurs passer commande ICI… Et bientôt, la suite!

Un expert peut-il être excentrique?

Non. D’ailleurs on lui demande de remplir sa mission avec le plus grand sérieux. Mais dès son rapport déposé, il cesse d’être expert! Par ailleurs, je dois avouer que je mets trois glaçons dans mon café le matin et qu’il m’est arrivé d’aller à mon travail en chaussons. C’est fou non?

Ai-je le droit de profiter de l’audience de ce blog pour obtenir des expertises?

I – 13) – L’expert s’interdit toute publicité en relation avec sa qualité d’expert judiciaire. Il peut porter sur son papier à lettre et ses cartes de visite la mention de son inscription sur une liste […] S’il appartient à une Compagnie membre de la Fédération, il peut le mentionner.

Je n’ai pas de cartes de visites (ni à mon nom, ni à celui de Zythom), mais j’ai effectivement un papier à entête sur lequel j’indique mon activité d’expert judiciaire, et que j’utilise pour celle-ci. Je refuse toutes les affaires qui me sont adressées par le biais de ce blog. Lire ce billet pour le vérifier.

Oui, un expert judiciaire peut tenir un blog, dès lors qu’il respecte la loi.

Correspondance privée et public joke

Les gens sont méchants.

Un de mes amis proches dont le nom commence par Z tient un blog et s’attire parfois les foudres d’un internaute mécontent. Les foudres en question consistent en générale en un envoi d’emails rageurs et insultants, dont le niveau d’intelligence égale le niveau de bonne foi.

Ce blogueur a parfois la tentation de jouer un bon tour: publier un des emails croustillants sur son blog et faire une bonne contre publicité à son interlocuteur…

Question à deux euros: ce blogueur est-il en faute? Peut-il impunément publier un email sous prétexte qu’il lui était adressé nommément et personnellement?

Je ne suis pas juriste, ma réponse ne vaut donc pas grand chose et mon meilleur conseil est de consulter une avocate (ou un avocat, je ne suis pas sexiste).

Bon, avant d’ennuyer une femme (ou un homme) de Loi, cherchons un peu dans les codes:

article 226-15 du Code Pénal (l’augmentation de graisse est de moi)

Le fait, commis de mauvaise foi, d’ouvrir, de supprimer, de retarder ou de détourner des correspondances arrivées ou non à destination et adressées à des tiers, ou d’en prendre frauduleusement connaissance, est puni d’un an d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende.

« Adressées à des tiers »: donc cela ne s’applique pas quand vous êtes destinataire du message. La suite du même article:

Est puni des mêmes peines le fait, commis de mauvaise foi, d’intercepter, de détourner, d’utiliser ou de divulguer des correspondances émises, transmises ou reçues par la voie des télécommunications ou de procéder à l’installation d’appareils conçus pour réaliser de telles interceptions.

« De divulguer des correspondances reçues par la voie des télécommunications »: Bingo, sauf erreur de ma part, on ne peut donc pas, sans l’accord express de l’expéditeur, publier un email dans un blog, même s’il vous est destiné.

Finalement, cela ressemble fort à du bon sens: un petit con vous écrit, vous publiez son texte pour le ridiculiser, fort de votre grande audience. Mais la loi protège toujours le petit…

Qui c’est qui aura l’air con pendant le procès ? La question reste ouverte.

Après tout, il n’y a en jeu qu’une Citroen C6 Lignage avec quelques options à 45000 euros.

Mais les gens sont vraiment méchants.

Ajout:

Merci à mes lecteurs de lire ce commentaire très instructif dont Me EOLAS me fait l’honneur, mais aussi ce billet de François sur blog-droit.over-blog.com.

Ajout complémentaire:

Puis-je mettre sur mon site ou sur mon blog un courrier que j’ai reçu ?

Et n’oubliez pas: si c’est sur internet, c’est que c’est vrai:)

PS: Après avoir discuté avec mon avocate favorite, il semble qu’elle soit d’accord avec Eolas et que l’article 226-15 du Code Pénal ne s’applique pas ici.

De plus, s’il n’y a pas d’article interdisant de publier par le destinataire une correspondance privée sans demander l’autorisation à l’expéditeur, c’est donc que c’est possible!

Exemple: dans un divorce, Madame verse au dossier un courrier que Monsieur lui a envoyé et dans lequel il avoue sa faute. Il n’y a pas violation du secret des correspondances privées.

Gare à ceux qui vont m’écrire des emails vengeurs et insultants !

Reste à vérifier qu’ils ne se cachent pas derrière une identité d’emprunt pour lui nuire et me brouiller avec elle! Mais cela, c’est une autre histoire…

Vingtenaire

J’ai toujours révé d’aller sur Mars.

C’est vrai qu’au fur et à mesure que le temps passe, mes chances s’amenuisent. J’arrive pourtant à développer encore un argumentaire (lire ce billet).

Mais quel âge aurais-je si je vivais sur Mars?

C’est une question parfaite pour ma rubrique « Questions à deux euros« …

Bon, d’abord, combien de jours mets Mars pour tourner autour du soleil?

Une rapide recherche sur google me renvoie vers wikipedia qui m’indique que « La durée d’une année sidérale martienne (le temps mis par la planète pour effectuer une révolution autour du Soleil) est d’environ 686,98 jours solaires terrestres. »

Bien.

Le jour solaire terrestre étant pile poil égal à 24h, il suffit donc de compter le nombre de jours écoulés depuis ma naissance et de diviser par 686,98.

Ok.

Comment calculer le nombre de jours écoulés depuis ma naissance?

Il suffit d’ouvrir son tableur favori et d’inscrire la date d’aujourd’hui dans une case, la date de naissance dans une autre et de faire la soustraction entre les deux cases. C’est aussi simple que cela…

Et bien devinez quoi: je n’ai pas encore trente ans !!!

Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Mesure_du_temps_sur_Mars

Comptez deux aspirines et trois heures…