FIC 2010

Je suis actuellement au 4ème Forum International sur la Super Hypercriminalité qui se déroule à Lille, et où je découvre avec effarement les nouveaux dispositifs de surveillance mis en place pour le contrôle d’internet: filtrage au niveau des FAI des sites pédopornographiques, surveillance des flux de streaming, écoute automatique des forums et commentaires à la recherche de propos racistes.

Les discussions des différents groupes de travail auxquels j’ai assisté abordent l’avenir immédiat avec la constitution de liste d’abonnés auprès des FAI pour historiser les infractions et constituer des preuves autour des délits mineurs non encore explicitement poursuivis dans le monde numérique: contestation non circonstanciée des textes de loi votés par un parlement démocratiquement élu, incitation à la haine numérique, falsification de pseudonyme et usurpation d’identité analogique.

La plupart des intervenants ne connaissent pas bien internet et y voient un repère de terroristes à l’assaut de hordes de naïfs internautes adolescents.

Je suis entouré de militaires en uniforme qui me regardent d’un air condescendant à cause de ma tenue civile.

Plus d’informations demain, si possible. Je ne peux pas en dire plus depuis cette borne wifi peu sure.

[EDIT] Forum International sur la Super Hypercriminalité = FISH
Le (vrai) Forum International sur la Cybercriminalité était très bien, avec une organisation très rigoureuse. Je ferai un petit compte rendu demain avec quelques anecdotes.

Miyar, chéto le FIC ichi

La maréchaussée a aussi ses hackers, et ceux-ci se réunissent à la DEF CON au FIC (Forum International sur la Cybercriminalité) à Lille mercredi 31 mars et jeudi 1er avril.

Comme il se trouve que j’ai encore quelques tchô biloutes à voir dans ma région natale, et malgré ma légendaire ochlophobie, je compte bien aller y faire un petit tour.

Ce sera pour moi l’occasion j’espère de rencontrer des geeks en uniforme, et surtout, d’apprendre quelques techniques de derrière les fagots pour voir si je ne suis pas trop rouillé.

Je me suis inscrit sous mon identité réelle, et je compte bien passer complètement inaperçu. S’il y a des moments vraiment intéressants, et pas trop de brouilleurs d’ondes, je ferai peut-être un livetweet à travers un VPN pour flooder mes followers 🙂

Je vous laisse, je dois aller m’entrainer à chanter à mes enfants l’canchon-dormoire:

Dors min p’tit Quinquin Min p’tit pouchin min gros rojin Te m’fras du chagrin si te ne dors point ch’qu’à d’main.

– Ainsi l’aut’ jour, eun pauv’ dintelière, In amiclotant sin p’tit garchon Qui d’puis trois quarts d’heure, n’faijot qu’braire, Tâchot d’lindormir par eun’ canchon. Ell’ li dijot: Min Narcisse, D’main t’aras du pain d’épice Du chuc à gogo Si t’es sache et qu’te fais dodo.
– Et si te m’laich eun’bonn’ semaine, J’irai dégager tin biau sarau, Tin patalon d’drap, tin gilet d’laine Comme un p’tit milord te s’ras farau J’t’acaterai, l’jour de l’ducasse Un porichinel cocasse, Un turlutu, Pour jouer l’air du capiau-pointu.
– Nous irons dins l’cour Jeannette-à-Vaques, Vir les marionnett’s. Comme te riras, Quand t’intindras dire: un coups pou Jacques Pà d’porichinel qui parl’ magas. Te li mettra din s’menotte, au lieu d’doupe, un rond d’carotte it’dira merci Pins’ comme nous arons du plaisi
– Et si par hasard sin maite s’fâche, Ch’est alors Narcisse; que nous rirons! sans n’avoir invi’, j’prindrai m’nair mache J’li dirai sin nom et ses sournoms, J’li dirai des faribolles I m’in répondra des drôles; Infin un chacun Vera deux pesta’c au lieu d’un
– Allons serr’ tes yeux, dors min bonhomme J’vas dire eun’ prière à P’tit-Jésus Pou’qui vienne ichi, pindant tin somme, T’fair’ rêver qu’j’ai les mains plein d’écus, Pour qu’i t’apporte eun’coquille, Avec du chirop qui guile Tout l’long d’tin minton Te pourlèqu’ras tros heur’s de long
– L’mos qui vient, d’Saint’Nicolas ch’est l’fête. Pour sûr, au soir, i viendra t’trouver. It f’ra un sermon, et t’laich’ra mette In d’zous du ballot, un grand pannier. I l’rimplira, si tes sache d’séquois qui t’rindront bénache, San cha, sin baudet T’invoira un grand martinet.
– Ni les marionnettes, ni l’pain n’épice N’ont produit d’effet. Mais l’martinet A vit rappagé l’petit Narcisse, Qui craignot d’vir arriver l’baudet Il a dit s’canchon dormoire S’mèr, l’a mis dins d’nochennoire A r’pris son coussin, Et répété vingt fos che r’frain.

Source des paroles (et traduction pour certains:) wikipedia.

Message personnel

Je voudrais saluer, en toute simplicité, le jeune policier de la PJ de Lille qui est en rééducation pour réapprendre à marcher après un accident de voiture qui l’a mis 23 jours dans le coma (lire la dépêche ici).

Investigateur en cybercriminalité (ICC), auparavant dénommé enquêteur spécialisé en criminalité informatique (ESCI), cet enquêteur a travaillé sur la terrible affaire Typhaine.

Alors, puisque vous m’écrivez que vous lisez ce blog depuis votre lit d’hôpital, je suis sur que tous les lecteurs auront avec moi une pensée pour vous souhaiter le meilleur rétablissement.

Bon courage.

Merci à vous


Je tiens ce blog depuis le 5 septembre 2006, et je voulais remercier à ma façon les lecteurs qui ont déposés un commentaire sous mes billets, et de ce fait, m’ont encouragé à continuer à publier.

Si vous lisez ce billet et qu’il n’est pas encore trop tard, j’ai à votre disposition vingt bons pour un nom de domaine gratuit offert par Gandi pour ses dix ans et à utiliser sur https://www.gandi.net

Ceux qui me suivent sur twitter ont déjà pu bénéficier de quelques bons, mais il m’en reste encore.

Seule condition: avoir déposé un commentaire sur ce blog avant la publication de ce billet.

Comment récupérer un bon: adressez moi un email à l’adresse indiquée sur ce blog en haut à droite, en joignant le lien vers votre commentaire.

J’attends jusqu’à lundi 8 mars 21h pour envoyer les bons afin que tous les lecteurs habituels aient le temps de lire ce billet. Si vous êtes quatre à faire une demande, vous vous partagerez les vingt bons:)

Bon week-end à tous.

EDIT du lundi 8 mars 2010:
Parmi les 27 demandes répondant aux critères, j’ai effectué un tirage au sort pour désigner les 20 gagnants. Les emails sont partis ce soir. Merci à tous et à bientôt.

Un WE de vacances

Il y a des week-end de vacances qui se transforment en cauchemar…

Avec toute ma petite famille, nous avions décidé de prendre un week-end de repos au bout de monde, loin de toute l’agitation urbaine habituelle. Chez un ami informaticien habitant au bord de la mer… à La Rochelle.

Le samedi fut consacré à des promenades dans les différents endroits remarquables de cette cité dont la devise fut « La Rochelle, belle et rebelle« . Il planait dans l’air un parfum de printemps tout au long de cette journée ensoleillée. Mais les autorités annonçait une tempête importante, prévue pour durer toute la nuit.

Première conséquence pour notre petite vie: annulation de la soirée des jeunes, prévue dans une salle communale… Déception des ados (deux chez nos amis et ma grande fifille).

A 23h, le vent commence à souffler.

A minuit, je passe en mode « boules Quies » pour dormir.

Dimanche, à 9h, mon copain est appelé par son boulot pour venir donner un coup de main à cause des dégâts. Après quelques minutes de conversation téléphonique où il se rend compte de la gravité de la situation, nous partons tous les deux pour le Conseil Général où il travaille. Nous écoutons la radio dans la voiture. Tout le monde parle d’inondations, de morts, de digues effondrées…

Arrivés sur place, le bâtiment est plongé dans le noir. L’électricité est coupée un peu partout dans la région. Un énorme groupe électrogène est présent près de l’entrée pour alimenter la cellule de crise. Nous nous dirigeons vers le service informatique.

Tout est arrêté. Les serveurs sont silencieux. Un agent nous montre les pompiers en train de pomper l’eau. Tout le sous-sol du bâtiment a été inondé sous plusieurs mètres d’eau. Les dégâts pour tout le matériel entreposé sont terribles: plus de PABX (donc plus de téléphone), plus de véhicules (parking souterrains), plus de stock d’ordinateurs… Les téléphones portables fonctionnent et tout le monde autour de moi communique par ce moyen. Certains réseaux passent, d’autres non.

Pendant une heure, nous avons transporté des cartons et rangés des affaires. Finalement, les équipes techniques ont remis en route l’électricité, un PABX de fortune a été installé et les téléphones fixes ont pu être remis progressivement en fonctionnement. La vie des services principaux a pu reprendre.

J’ai pu vivre ainsi de l’intérieur une situation critique non prévue par le PCA.

En sortant du bâtiment pour rentrer, j’ai pu regarder de loin le ballet des hélicoptères qui portaient secours aux personnes réfugiées sur les toits. Des drames beaucoup plus graves se passaient à quelques centaines de mètres, dans la commune voisine.

Témoins impuissants, nous avons préféré rentrer pour ne pas jouer les voyeurs.

Oui, vraiment, ce week-end, j’ai pu constater le dévouement des femmes et hommes du Conseil Général de Charente-Maritime, le bon fonctionnement du service public, le courage des sauveteurs et la solidarité des rochelais.

La confiance

Nous vivons dans un monde cruel, terrible, où l’on sent que la couche de civilisation est parfois mince. Mais tout est fait autour de nous pour que l’on se sente en sécurité, pour que l’on se sente soutenu, aidé, encouragé, assisté.

Au point qu’il me semble que l’on oublie qu’il faut parfois se battre pour démontrer son honnêteté, pour garder son honneur, ou pour recouvrer sa santé. Et que c’est normal.

J’ai effectué, il y a quelques années, un séjour de plusieurs jours à l’hôpital pour une opération douloureuse. Etant particulièrement douillet de nature, je garde un souvenir particulièrement atroce de cet épisode. J’étais sous morphine pour calmer la douleur, mais au bout de quelques heures, celle-ci revenait insidieusement et, sans vraiment lutter, j’appelais rapidement l’infirmière pour qu’elle la stoppe par une nouvelle injection. Fatalement, est arrivé ce qui devait arriver: en pleine nuit, alors que je demandais encore à calmer la douleur, l’infirmière, constatant que la dose reçue dans la journée avait dépassé la prescription du médecin, m’a administré un placebo pour calmer mon angoisse d’avoir mal. Et bien sur, j’ai dormi comme un bébé (de 4h à 6h30 du matin, heure à laquelle les *$#% d’aides soignantes venaient me réveiller en ouvrant les rideaux parce que c’était « l’heure du réveil« ).

Tout le monde a entendu parler de l’effet placebo, mais le vivre, c’est autre chose. Surtout quand on se vante d’avoir travaillé dans les sciences cognitives et que l’on connait le biais éponyme.

Mais outre l’expérimentation pratique sur moi-même de l’effet « je plairai », j’ai découvert à mes dépens une facette particulièrement négative de ma personnalité: dès mon entrée dans l’hôpital, je me suis confié aveuglément au système, dans un réflexe d’infantilisation absolue. Parfaitement ignorant de l’univers qui m’entourait et m’impressionnait, j’ai écarté tout sens critique, tout esprit analytique, toute logique scientifique pour me recroqueviller à la recherche de mon petit moi douillet.

Et j’ai fait confiance au système. J’ai fait confiance en ma bonne étoile: le chirurgien opèrerait correctement, nulle infection nosocomiale ne s’aviserait de m’agresser, les repas seraient succulents, etc. Le malheur ne pouvait pas être pour moi.

J’ai eu beaucoup de mal à sortir de l’hôpital. J’ai du faire un effort pour me reprendre en main, pour de nouveau avoir le choix de mes actes.

Maintenant, et malgré ma propension à voir toutes les catastrophes possibles, je me sens prêt à garder la main.

La prochaine fois que j’irai à l’hôpital, j’essayerai de lutter et d’avoir envie de sortir au plus vite. Quand le système judiciaire m’a inquiété, j’ai pris attache avec un avocat pour me défendre. Je n’ai pas fait confiance « dans le système » pour que tout le monde me comprenne. J’ai choisi de demander de l’aide, et j’ai accepté de financer cela, on ne peut pas avoir une assurance sur tout. Il faut savoir se battre, avoir envie d’y mettre les moyens et accepter que tout cela ne soit pas « remboursé ».

« Le trop de confiance attire le danger » écrivait Corneille dans Le Cid.

Mais le trop d’inconfiance aussi.

A moi les pentes enneigées

Ce blog va rester en sommeil une semaine à cause d’une pause « vacances en famille » aux sports d’hiver, histoire de voir si mes muscles résistent encore à une activité sportive intensive.

Ne soyez pas surpris si vos commentaires restent un peu en souffrance. Par avance, je vous présente toutes mes excuses.

Si vous êtes aussi un adepte des pentes enneigées, et que vous croisez un pratiquant du monoski, c’est peut-être moi (nous sommes encore quelques dinosaures, si peu nombreux que l’on se salue de la main quand on se croise). Criez très fort « Zythom! » (prononcez zi-tomme) et si je me retourne, on ira boire un vin chaud ensemble et discuter.

Pour les plus jeunes d’entre vous, sachez que le monoski est LE sport pour les informaticiens: c’est la pratique du ski la plus simple qui donne le sentiment de savoir bien skier dès le premier jour et avec style, le tout en sécurité, sans se fouler ni bugs trop apparents! Si vous êtes célibataire, c’est un moyen très classe pour emballer les filles, et si, comme moi, vous êtes mariés, c’est un moyen très classe pour… skier avec votre épouse.

La dernière fois (il y a deux ans), j’étais le seul pratiquant sur le domaine skiable, et dans les œufs, les jeunes surfeurs, habillés free style hype, me posaient pleins de questions avec des étoiles dans les yeux pour savoir où l’on pouvait essayer ce truc bizarre…

A dans une semaine, donc, pour un billet sur les fractures des (deux) jambes. Surtout que je me suis déjà tranché l’oreille en monoski avec mon carre. C’était il y a… 25 ans. Mince, je vieillis!

Je vous laisse, je dois aller réviser mon « pas des patineurs » et mon « chasse-neige » 🙂

J’espère quand même qu’il y a du wifi la haut…

EDIT du 14/02/2010

De retour après six jours de bonheur. Pas de casse, neige à gogo, un seul jour de galère (froid intense -15°C + vent = température ressentie -27°). Et de retour regonflé à bloc.

En prime, une photo du taulier 🙂

Décidé d’obéir

Lorsque j’ai finalement été obligé d’effectuer mon service militaire, j’ai décidé que l’aventure devait être effectuée avec la plus grande application, car tant qu’à faire, autant essayer d’en retirer le plus d’expérience possible.

J’avais décidé d’obéir.

Envoyé pour mes classes en Allemagne, je me suis retrouvé dans une caserne avec 140 camarades d’infortune dont bien peu avaient demandé à être là. Nous étions jeunes, nous étions beaux, nous étions chevelus.

Les quatre premiers jours ont été impitoyables: les gradés avaient reçu pour instruction de « casser » toutes les grandes gueules potentielles. La stratégie consistait à nous hurler dessus à longueur de journée, dès le réveil (agité) à 6h du matin. Ceux qui ont vu le film « Full Metal Jacket » ont une petite idée de ce dont il s’agit.

A 6h05 nous étions en rang serré le long du mur dans le couloir. Nous avions l’ordre de crier, chacun notre tour, notre numéro de place dans la file. Si l’un d’entre nous ne criait pas assez fort, toute la file devait recommencer.

A 6h30, nous apprenions à nous mettre en ordre sur quatre rangées dans la cour (formation dite du « toit »).

A 6h45, nous défilions dans la caserne pour apprendre à marcher au pas et à chanter la chanson du régiment. J’étais « le donneur de ton » grâce à ma voix basse. Je devais donc chanter seul (et à tue tête) la première phrase de la chanson. Si ma voix n’était pas assez grave, je devais recommencer…

« Transmetteur Zythom, LE TON! »

[Sur l’air des «trompettes d’Aïda» de G. Verdi]

C’est nouuuus, les descendants des régiments d’Afri-ique,

Les chasseurs, les spahis, les gourmiers

Gardiens zzz-et défenseurs d’empires magnifi-iques

Sous l’ardent soleil chevauchant sans répit nos fiers coursiers

Toujours prêts z-à servir

A vaincre ou à mourir

Nos cœurs se sont t-unis

Pour la Patriiiie.

Au bout de quatre jours de ce régime hurlant, toute velléité de révolte avait été brisée en nous, et les 140 jeunes « bleus bites » ne demandaient qu’à se faire oublier.

Les gradés, voyant que la compagnie commençait à « s’assagir », ont stoppé leurs harcèlements.

Ce qui fait que le cinquième jour, lorsqu’à 6h05 nous étions alignés dans le couloir, le sergent a simplement demandé au premier de commencer « l’appel par numéro d’ordre dans la file », sans plus de précision.

Mais, j’avais décidé d’obéir.

On nous avait demandé de crier le plus fort possible notre position dans la file, et personne ne nous avait donné d’ordre contraire. Les ordres sont les ordres, et quand mon tour est arrivé, j’ai hurlé le plus fortement possible mon numéro de place. Mon voisin, conditionné par trois jours de pression, a hurlé le numéro suivant, ainsi que son voisin, etc.

Je m’étais fait remarquer.

Mais personne n’a pu me faire de reproche, puisque j’obéissais aux ordres, qui n’ont jamais été contredit. Cela a donc duré trois semaines…

Comment punir un homme de troupe qui obéit trop bien? En lui imposant toutes les corvées possibles et imaginables…

J’ai donc lavé les douches, nettoyé le sol des bureaux des gradés (en leur présence), été désigné comme chef de chambrée (donc fautif pour tout désordre dans la chambre), etc.

Au bout d’une semaine, et alors que j’effectuais parfaitement tous les ordres qui m’était donné, comme un mouton docile et imbécile, le sergent est venu me voir. Il avait l’air surpris: « Mais, transmetteur Zythom, vous êtes ingénieur?!« . Il venait de lire mon dossier militaire pour voir d’où pouvait bien venir ce parfait imbécile.

« Oui, sergent ».

« Mais pourquoi faites vous cela? »

« Quoi, sergent? »

« Mais vous n’avez pas compris que tout cela était fait pour mater les résistances et donner une cohésion au groupe? »

« Si, sergent »

« Alors? »

« Alors, à vos ordres, sergent. »

J’avais décidé d’obéir et je m’étais fait remarquer.

J’ai eu droit à tous les coups foireux que mon père et mes oncles se racontaient le dimanche lors des discussions des repas de famille: « qui parle anglais? » (=> corvée), « qui veut jouer aux cartes? » (=> corvée), etc.

Mais tous les matins, je hurlais mon numéro de position dans la file (et les suivants aussi, bien obligés) du couloir.

Le caporal qui avait bien compris mon manège, se marrait bien, ce qui énervait encore plus le sergent qui cherchait tous les coups pourris à me confier.

J’étais devenu un spécialiste du démontage/nettoyage de notre MAS 49, avec lequel nous devions dormir lors de nos sorties-randonnées nocturnes. Ce fusil, lourd et encombrant, ne nous servait que de lest car nos séances de tirs utilisaient le FAMAS. Ce qui n’empêchait pas le sergent de me demander de le redémonter, renettoyer, et remonter « car il n’est pas assez propre« .

Les avis à mon sujet dans ma chambrée était partagés. Beaucoup avaient de la sympathie pour moi (je suis un brave gars), mais en avaient un peu marre de se voir punis « collectivement » parce que le feutre noir du béret du sergent ramassait la poussière du sol de la chambre (il est impossible de nettoyer suffisamment un sol pour qu’aucun grain de poussière ne soit ramassé par un béret que l’on fait voler sur le sol à travers la pièce).

Mais les corvées les plus désagréables étaient pour moi, ce qui offrait à mes camarades une relative tranquillité.

J’étais donc de garde, en pleine nuit, près des tentes de campagne, avec mon MAS 49 chargé à blanc et pour consigne de faire les sommations d’usage à toute personne s’approchant. Pour m’obliger à rester éveillé, on m’avait donné une grenade à plâtre dégoupillée que je devais tenir serrée dans la main avec interdiction de la faire exploser. Je peux vous assurer qu’au bout d’un quart d’heure, la main est tétanisée. Heureusement, j’avais utilisé le lacet d’une de mes rangers pour maintenir la cuillère de la grenade en place.

A 6h30 du matin, je vois venir un homme vers moi depuis l’extérieur du camp.

Conformément à l’article R2363-5 du Code de la défense, ou du moins sa version en vigueur à l’époque, j’ai crié « HALTE, qui va là? ».

Comme la personne continuait à avancer, j’ai crié, d’une voix forte « HALTE OU JE FAIS FEU! ».

La personne a continué à s’avancer en grommelant: « Qu’est-ce que c’est que ces conneries! C’est moi, le Capitaine! »

Comme la procédure (expliquée en cours) mentionnait que la personne devait s’arrêter et fournir clairement ses nom et grade, j’ai hurlé de plus fort: « DERNIERE SOMMATION: HALTE OU JE FAIS FEU!! », en mettant la personne en joue avec mon fusil armé à blanc…

Le Capitaine, rouge de colère, s’est arrêté et s’est présenté de façon règlementaire. J’ai pu l’éclairer avec ma lampe pour vérifier. Il s’est ensuite approché de moi et m’a demandé: « Qu’est-ce que vous faite avec une chaussure défaite et cette grenade à la main? Où sont les autres? Il était prévu de partir à 6h!! C’EST QUOI CE BORDEL! »

Après avoir expliqué ma situation grotesque, je lui ai demandé l’autorisation de réveiller moi-même les gradés. Il m’a donné son accord en précisant: « et que ça saute ».

J’avais décidé d’obéir.

J’ai ramassé une grenade déjà explosée (nous étions dans un camp d’entrainement) et je me suis approché de la cabane en bois des gradés. J’ai frappé à la porte.

« Transmetteur Zythom au rapport. Nous devions lever le camp à 6h. Ma garde est terminée. Je viens rendre la grenade. »

« Meeerde Zythom, arrêtez vos conneries!! »

J’ai pris la grenade déjà explosée, je l’ai lancé dans la pièce en la faisant rouler, tout en lançant dans le même geste la vraie grenade (à plâtre) dehors dans les fourrées près de la cabane et j’ai observé la scène.

Lorsque la grenade à plâtre a explosé (dehors), j’ai entendu quelqu’un dans la cabane hurler « GRENADE! » en même temps que le sergent et les deux caporaux s’éjectaient en roulé-boulé de la cabane devant le Capitaine médusé.

J’ai du laver la cour de la caserne avec une brosse à dent pendant toute une après-midi…

Au bout de trois semaines, nous avions une permission de quatre jours pour nous permettre de rentrer chez nous. J’étais absolument certain de rentrer car pour moi les classes s’arrêtaient là. En effet, l’Armée, consciente des coûts engendrés par les déplacements en train, m’avait fait savoir par le Capitaine en personne que ma permission était sans retour en Allemagne, et que je prenais directement mon poste de scientifique du contingent à Paris.

Les gradés ne le savaient pas. Ils ont voulu me faire croire jusqu’au bout que ma permission était « sucrée ». Sur le quai de la gare, quand enfin le sergent m’a donné mon petit papier de permission, il m’a dit: « Transmetteur Zythom, à lundi. On vous attend en forme. »

Dans le train qui partait, penché par la fenêtre, je lui ai fait le plus beau bras d’honneur (et le seul) de ma vie.

J’ai depuis compris que j’étais tombé sur une mauvaise équipe de militaires. Je travaille régulièrement avec les militaires que sont les gendarmes et j’ai pu découvrir et apprécier leur professionnalisme et leur rigueur.

Mais je revois encore le visage stupéfait du sergent.

Et, parce que j’ai un fond mauvais, cela me fait encore plaisir aujourd’hui.

Back to the wish list

J’ai horreur de regarder vers le passé, à un point tel que je ne regarde que rarement mes albums photos, mais il est bon parfois de se poser, pour clore un projet par exemple, ou faire un bilan.

J’avais fait en janvier 2009 une « wish list » sur laquelle je vais me pencher aujourd’hui:

– être toujours vivant, si possible en bon état [ok, ça, c’est bon]

– arriver enfin à mettre en place le tri sélectif au boulot [ok, reste à valoriser la récupération du papier par une filière de recyclage]

– stopper l’inflation du nombre de PC à la maison (10 aujourd’hui) [ok, remplacement du serveur Debian par un NAS]

– arriver à obtenir le paiement des expertises judiciaires effectuées (un an de retard) [oui et non, toujours un an de retard, malgré ma lettre au Président de la République]

– ranger mon bureau professionnel [raté]

– ranger mon bureau personnel [re raté, pas d’excuse]

– faire une sortie « accrobranche » avec les enfants [ok, ambiance Koh Lanta]

– acquérir une paire de lunette vidéo 3D [raté, mais j’ai bon espoir]

– diminuer le nombre de billets en mode brouillon sur ce blog (55 aujourd’hui) [ok, mais j’ai triché, j’ai mis tous les billets en un seul brouillon…]

– migrer l’ensemble des serveurs du boulot (>6ans) vers de nouveaux serveurs virtualisés [yes&no, we have done it, mais il reste plusieurs serveurs importants à migrer]

– arriver à faire fonctionner cette $#%µ& régulation de chauffage au boulot [raté, mais le propriétaire s’y intéresse]

– remplacer les chaudières gaz du boulot (2x800kW quand même) par des / panneaux solaires / éoliennes / chaudières bois / forages géothermiques (rayer les mentions inutiles) [pas fait, mais le projet d’étude a démarré]

– externaliser la messagerie du boulot vers une solution du type Gmail [oui, ça, c’est fait]

– travailler moins et gagner plus [raté, je travaille plus pour le même salaire, mais mon boulot est de plus en plus intéressant]

– faire évoluer le serveur web de la commune [yes, et le conseil municipal en est content!]

– faire évoluer les serveurs web du boulot [oui et non, migration et MAJ oui, virtualisation oui, mais la vraie évolution sera pour 2010]

– faire évoluer le serveur web personnel [raté, faire un vrai site web, c’est un boulot de pro]

– faire plus de formations pour préparer le renouvèlement quinquennal sur la liste des experts judiciaires (si les magistrats veulent encore de moi) [ok, une formation cette année, soit infiniment plus que l’année dernière]

– faire un peu plus de sport et plus régulièrement [ok, je me suis mis à la course à pied et au tennis]

– m’intéresser de plus près aux outils des Pentesters [raté, là aussi, c’est un métier]

– m’intéresser de plus près aux travaux scolaires de mes enfants [oui un peu et non car pas assez]

– m’intéresser de plus près aux travaux extra scolaires de mes enfants [ok, mais peut mieux faire]

– assister au moins une fois à une Berryer [raté]

– rencontrer IRL Me Eolas, Me Tarquine, Mme Aliocha, Mr Boulet ou Mr Sid, et être capable d’aligner une ou deux phrases sans balbutier [1 sur 5 suffit pour dire ok ici]

– et bien sur, continuer de rêver [ok, ça, on ne pourra pas me l’interdire].

Bilan: sur 25 vœux, 12 ok, 4 oui/non et 9 ratés… Soit une note de 11,2

Doit mieux faire!

Mais cette liste de prend pas en compte tous les autres projets qui sont apparus en cours d’année, ni toute la chance que j’ai d’avoir des proches qui m’aiment, ni la joie que j’ai de vous avoir si nombreux sur ce blog!

Et maintenant, sans pour autant partir d’une page blanche (hu hu), voilà qu’une nouvelle année commence. Et avec elle de nouveaux challenges. J’en parlerai peut-être dans un prochain billet.

Il me reste à céder à une tradition:
Bonne année à tous! Qu’elle vous apporte joie et bonheur. Si je peux me permettre de pasticher Margot Motin: un quintal de Chantilly Powa dans ta face! Poutoux-poutoux-coeur-paillettes-et-bonne-année 🙂

2010, l’année où l’on établit le contact.