J’ai reçu avant hier un email d’un étudiant en droit qui souhaitait que je réponde à plusieurs questions pour lui permettre de faire un exposé qui lui était demandé par un de ses professeurs. La plupart de ses questions trouvaient leur réponse dans les billets de ce blog, aussi lui ai-je répondu de venir préparer son exposé en fouillant ce blog afin de justifier de sa note par un effort personnel. Etant moi-même ancien Maître de Conférences et travaillant encore dans une école d’ingénieurs, je connais bien la tendance naturelle de la plus grande pente (on dit aussi du moindre effort). Après tout, n’ai-je pas été moi même étudiant?
Hélas, l’étudiant piqué par ma réponse a pris la mouche.
Je réponds donc ici d’un coup à tous les étudiants (et lycéens, mais ne s’autoproclament-ils pas étudiants aujourd’hui?) par cette citation:
Et comment ne pas claquer ces têtes à claques devant l’irréelle sérénité de la nullité intello-culturelle qui les nimbe ? Et s’ils n’étaient que nuls, incultes et creux, par la grâce d’un quart de siècle de crétinisme marxiste scolaire, renforcé par autant de diarrhéique démission parentale, passe encore. Mais le pire est qu’ils sont fiers de leur obscurantisme, ces minables.
Ils sont fiers d’être cons.
«Jean Jaurès? C’est une rue, quoi», me disait récemment l’étron bachelier d’une voisine, laquelle et son mari. par parenthèse, acceptent de coucher par terre chez eux les soirs où leur crétin souhaite trombiner sa copine de caleçon dans le lit conjugal.
Ceci expliquant cela : il n’y a qu’un «ah» de résignation entre défection et défécation. J’entends déjà les commentaires de l’adolescentophile de bonne mise : « Tu dis ça parce que t’es en colère.
En réalité, ta propre jeunesse est morte, et tu jalouses la leur, qui vit, qui vibre et qui a les abdominaux plats, « la peau lisse et même élastique « , selon Alain Schifres, jeunologue surdoué au Nouvel Observateur. »Je m’insurge. J’affirme que je haïssais plus encore la jeunesse quand j’étais jeune moi-même. J’ai plus vomi la période yéyé analphabète de mes vingt ans que je ne conchie vos années lamentables de rock abâtardi.
La jeunesse, toutes les jeunesses, sont le temps kafkaïen où la larve humiliée, couchée sur le dos, n’a pas plus de raison de ramener sa fraise que de chances de se remettre toute seule sur ses pattes.
L’humanité est un cafard.
La jeunesse est son ver blanc.
Autant que la vôtre, je renie la mienne, depuis que je l’ai vue s’échouer dans la bouffonnerie soixante-huitarde où de crapoteux universitaires grisonnants, au péril de leur prostate, grimpaient sur des estrades à théâtreux pour singer les pitreries maoïstes de leurs élèves, dont les plus impétueux sont maintenant chefs de choucroute à Carrefour.
Mais vous, jeunes frais du jour, qui ne rêvez plus que de fric, de carrière et de retraite anticipée, reconnaissez au moins à ces pisseux d’hier le mérite d’avoir eu la générosité de croire à des lendemains cheguevaresques sur d’irrésistibles chevaux sauvages.
Quant à ces féroces soldats, je le dis, c’est pas pour cafter, mais y font rien qu’à mugir dans nos campagnes.
Pierre Desproges, chronique de la haine ordinaire
ALors ? Deuxième ou troisième degré ?
Allez, je les aime bien MES étudiants.
Encore qu’hier, un candidat, à ma question « comment vous voyez vous dans sept ou huit ans ? » m’a répondu:
« Moi, mon rêve?, avoir une belle maison bien à moi… »
Mit der Dummheit kämpfen Götter selbst vergebens.
[Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain.]
Schiller, Die Jungfrau von Orleans.