De Michel Eyquem de Zythom – Faille spatio-temporelle

Cher Internaute,

C’est ici un blog de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dés l’entrée, que je ne m’y suis proposé nulle fin que domestique et privée: je n’y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire: mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis: à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver tous les traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautés empruntées, ou me fusse tendu et bandé en ma meilleure démarche. Je veux qu’on m’y voit en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y liront au vif, mes imperfections et ma forme naïve autant que la révérence publique me l’a permis. Que si j’eusse été parmi ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t’assure que je m’y fusse très volontiers peint tout entier et tout nu. Ainsi, cher Internaute, je suis moi-même la matière de mon blog: ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc.

De Zythom, ce 1er de mars 1580.

Au secours, je suis bloqué là-bas, et il va me falloir attendre encore 62 ans pour pouvoir vraiment m’amuser

Texte original trouvé sur Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

Analyses inforensiques

La sérendipité est la caractéristique d’une démarche qui consiste à trouver quelque chose d’intéressant de façon imprévue, en cherchant autre chose, voire rien de particulier. Cette approche est issue d’une démarche heuristique.

Avec le développement des T.I.C (Technologies de l’information et de la communication), la sérendipité a pris une dimension toute particulière dans la recherche documentaire actuelle sur ordinateur et particulièrement sur Internet. JF Smith en se basant sur les travaux de K. Merton invente le terme de « sérendipité systématique » lorsqu’un chercheur utilise la découverte de la connaissance à partir de l’outil informatique. Les chercheurs d’information n’hésitent pas à naviguer, voire à se perdre au sein des liens hypertextes pour trouver au hasard d’une page, au détour d’un lien, au cœur d’un nœud, une information leur étant utile… alors même qu’ils ne savaient pas qu’ils la cherchaient vraiment. Ainsi la notion de sérendipité prend ici tout son sens comme «Découverte, par chance ou par sagacité d’informations qu’on ne cherchait pas exactement».

Source Wikipedia

Cette longue introduction honteusement pompée dans Wikipedia me sert:

1) A montrer que je connais des supers mots-pas-faciles-à-placer-dans-une-conversation

2) A introduire quelques pages d’un nouveau blog (nouveau pour moi) qui m’a bien intéressé: devloop.lyua.org/blog (pas facile à retenir), et surtout ces deux séries de billets

Analyse forensique d’un systeme windows et Solution du hoffmann forensic challenge, et de façon générale, la rubrique Sécurité.

Je ne connais pas la personne qui tient ce blog, mais comme il semble qu’il cherche du travail, si vous avez un job qui peut l’intéresser… En tout cas, les billets qu’il publie sont très intéressants. Cela m’a valu encore de nombreuses heures de lectures et de tests…

Tant que j’y suis, il me semble que le métier d’expert judiciaire tel que je l’exerce corresponde assez bien à la définition de zemblanité:

Le principe de zemblanité a été inventé par William Boyd (écrivain) dans son roman Armadillo (1999). Il s’agit de la faculté de faire exprès des découvertes attendues mais malheureuses et malchanceuses. La zemblanité tire son nom de la Nouvelle Zemble, qui se trouve exactement aux antipodes de l’île de Serendip, d’où est issu le concept de sérendipité. La zemblanité est définie comme le contraire de la sérendipité.

Source wikipedia.

Encore un mot pas facile à placer dans la conversation 🙂

Antépénultième

Ce billet fait suite à celui-ci. Résumé des épisodes précédents:

Notre héros (c’est moi), à force d’assister aux réunions du conseil municipal, s’est vu proposer une place sur la liste du maire sortant pour les élections municipale à venir. Il a dit « oui ».

J’avais rendez-vous la semaine dernière pour rencontrer toutes les autres personnes de la liste. Elles se connaissent pour la plupart et beaucoup ont déjà plusieurs mandats au compteur.

J’étais donc intimidé.

Assis dans un coin de la salle, j’observais et j’apprenais. Monsieur le Maire a proposé de faire un tour de table pour que chacun se présente. Lorsque mon tour est arrivé, j’ai fait le service minimum, tant je sais par habitude que l’étalage des diplômes et des responsabilités montre plus l’orgueil et la suffisance de leur propriétaire: « Gudule Zythom, responsable informatique dans l’école d’ingénieurs du coin, et l’un des trois petits nouveaux de la liste ». Cela a eu le mérite de faire sourire la plupart des personnes présentes. Quand on ne connaît rien à la gestion d’une municipalité, on ne ramène pas sa fraise.

J’ai appris à cette réunion que j’étais en avant-avant-dernière position sur la liste. Antépénultième donc, mais premier des trois nouveaux!

J’étais assis à côté d’une personne qui s’est présentée comme étant agriculteur, chargé de la commission environnement et espaces verts. J’avais pu constater tout au long des différents conseils municipaux ses qualités organisationnelles et sa volonté de faire avancer les dossiers dont il avait la charge. Tant d’énergie, tant d’efforts et tant de pugnacité au service de la collectivité. Cela m’a confirmé dans mon souhait de ne pas augmenter mes tarifs d’expert judiciaire.

Alors, tout petit sur ma chaise, je me suis demandé ce que j’allais pouvoir apporter à ce groupe de personnes, et avec eux, à la collectivité. Il va falloir que je sorte le nez de « mes » ordinateurs et que j’arrête de regarder le bout de mes pieds lorsque je marche dans la rue.

Tant à apprendre, et tant à faire.

Antépénultième, je ne mérite même pas cette place.

Brisez les chaines

J’ai reçu dans ma boite d’emails une nième chaîne de messages.
En général, la durée de vie d’une chaîne dans ma messagerie est égale au temps nécessaire à l’influx nerveux pour passer directement du fond de la rétine jusqu’à l’index de ma main droite qui détruit l’intrus d’un clic vengeur…

Et pourtant, cette fois, ce message a eu droit à un traitement de faveur avec passage par le cortex cérébral car le message contenait une suite de questions à deux euros!
Et presque toutes m’ont fait sourire, mis à part bien sur la phrase finale assassine « faites suivre ce message à tout votre carnet d’adresses »…

Extraits:
« Pourquoi les kamikazes portaient-ils des casques? »[1]
« Pourquoi désinfecte-t-on le bras d’un condamné à mort avant d’y placer la seringue? »
« Pourquoi pour arrêter son ordinateur faut-il cliquer sur ‘démarrer’? »

J’ai presque failli l’envoyer à tous mes amis!
Mais j’ai résisté, car, après tout, ces questions peuvent-être utiles pour ma rubrique (à deux euros elle aussi)…

Mais le plus drôle, c’est quand on essaie de répondre sérieusement à ces questions…

Je ne m’y risquerai pas.

PS: Merci de faire suivre le lien de ce billet à tout votre carnet d’adresses…

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[1] Lire commentaire de Sid… Même pas drôle 🙂

La journée type

06h21, c’est l’heure à laquelle mon réveil est programmé pour sonner tous les jours de l’année. Pourquoi 21? Et bien j’ai horreur de l’idée que seule 12 des soixante minutes utilisables soient réellement exploitées. Alors je règle toujours mon réveil pour sonner sur l’une des 48 minutes sous employées. C’est mon point commun avec les SNCF et ses horaires de train…

En ce moment, c’est 21.
Tous les jours ouvrables de l’année.
Même quand je dois monter à Paris, sauf que c’est 4h21.
A ce moment là, l’alarme explose dans le silence de la nuit profonde.

Sauf en vacances.
Là, c’est moi qui explose le réveil.

Ma journée débute donc à 06h21.
Ensuite, c’est douche, café, préparation du sac, conduite au collège, et enfin arrivée au travail à 07h57.

07h57-12h48 la folie du métier d’un responsable informatique et technique
12h49-13h04 le quart d’heure repas-saladette-bureau-porte-fermée en bloguant (mode lecture)
13h05-18h12 la folie du métier d’un responsable informatique et technique (bis)

18h34-20h47 les enfants grandissent trop vite, il faut en profiter
20h48-22h42 au choix: expertises, bloguitude (mode écriture), lectures, TV (et oui) ou conseil municipal…

Et 22h43, c’est bien sûr l’heure de l’ascenseur

La vue, c’est la vie

J’ai déjà rapidement présenté comment je procède pour prendre une image du disque dur d’un scellé (lire ce billet).

En résumé:

– soit extraction du disque dur de l’unité centrale et mise en place dans un PC muni d’une carte giga et d’un bloqueur d’écriture, soit boot sur liveCD à partir du PC sous scellé après vérification des options du BIOS (débrancher le disque pour faire les essais de boot)

– côté PC de travail (sous Windows XP SP2, exécution sous cygwin, sinon exécution directe sous Linux) de « nc -l -p 2000 > image.dsk »

– côté disque dur scellé, sous HELIX ou sous DEFT, lancement dans un shell de la commande « dd if=/dev/sda | nc IP_PC_de_travail 2000 »

J’obtiens ainsi une image numérique du disque dur à analyser.

La commande « dd » peut être avantageusement remplacée par « dcfldd« , dc3dd ou en cas d’erreurs I/O sur le disque par « ddrescue« [1].

L’adresse IP_PC_de_travail utilisée dans la commande « nc » (netcat) peut aussi avantageusement être remplacée par celle d’un serveur samba, ce qui permet ensuite d’accéder au fichier image.dsk indifféremment depuis une machine Linux ou Windows (dans mon cas un « vieux » PC avec cinq disques SATA de 400 Go:).

Mais maintenant, que faire de ce gros fichier image.dsk?

Personnellement, j’utilise deux outils:

sleut kit et autopsy pour l’analyse inforensique proprement dite.

liveview pour démarrer l’image sous vmware (s’il s’agit d’un scellé sous Windows)

C’est ce dernier logiciel qui gagne l’honneur de fournir le titre du présent billet (avec une traduction très approximative).

Je dois dire que depuis l’utilisation de liveview et vmware, ma vision des scellés a considérablement changée. En effet, je « sens » beaucoup mieux l’organisation du stockage sur un Pc lorsqu’il est possible de naviguer à loisir sur celui-ci: organisation des icones sur le bureau, logiciels spécifiques que l’on peut exécuter, etc. L’image d’origine est protégée en lecture seule, un disque virtuel vient la compléter pour stocker tous les changements effectués (en général, il faut réactiver Windows XP pour pouvoir travailler dans la durée). Il suffit d’ajouter un disque dur partagé pour pouvoir récupérer toutes les données non effacées intéressantes.

L’utilisation des Sleut kit et Autopsy dépasse le cadre technique de ce blog, mais je recommande à tous les curieux de s’y exercer… C’est très instructif!

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[1] Dans le cas de problèmes I/O sur un disque dur, il me semble important d’effectuer la prise d’image rapidement et, pour ma part, de ne pas calculer le hash MD5 qui dans ce cas me semble soumis à des aléas.

Mercure sous copyright

La sonde Messenger, lancée le 3 août 2004, vient de survoler Mercure, la planète la plus proche du soleil. Cela faisait 33 ans qu’aucun objet artificiel (du moins en provenance de la terre) n’avait rendu visite à la plus petite planète tellurique de notre système solaire. Et contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit pas de la planète tellurique la plus chaude (min -183°C, moy. 179°C, max 427°C) puisque c’est Vénus qui détient ce record (min -45°C, moy. 464°C, max 490°C) avec une température moyenne supérieure à la température maximale de Mercure (source wikipedia). Pour mémoire, la Terre est à min -89°C, moy. 15°C, max 60°C, du moins en attendant de rejoindre les températures vénusiennes dans quelques années, et Mars plafonne à min -183°C, moy. -63°C, max 20°C.

Messenger a pris de nombreuses photos, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Je vous présente ici celle qui m’a le plus surpris:

Crédit: Nasa/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington

La valeur du succès

C’est la quatrième expertise, en quelques mois, ordonnée par le même procureur… Comme nous sommes plusieurs experts judiciaires en informatique dans la région, je me demande bien pourquoi le procureur m’a choisi encore une fois. J’espérais bien une réponse du type « vos rapports sont particulièrement clairs« , ou « votre travail est particulièrement soigné« , voire « c’est surprenant comme vous arrivez à trouver des traces dans les recoins les plus divers« .

Il y a quelques jours un gendarme m’amène des scellés. Il se trouve que nous avons déjà travaillé ensemble il y a quelques semaines, du fait de la monomanie de ce procureur. L’air de rien, je questionne le gendarme à ce sujet. Il m’a répondu: « le procureur m’a dit qu’il vous choisissait parce que vous n’étiez pas cher… »

J’ai été déçu.

Espionnage informatique

Lors de mon service militaire, comme j’étais habilité « confidentiel défense« , j’ai eu droit à un cours de mise en garde sur les techniques de renseignements.

Le conférencier, qui s’est présenté comme un membre du contre espionnage, nous a tenu les propos suivants:

« si une puissance ennemi doit vous soutirer de l’information, elle mettra des moyens que vous ne soupçonnez pas: une superbe blonde dans votre lit, des micros partout, des surveillances depuis les immeubles en face… »

Bon.

Et aujourd’hui, dans mon cas, tout est en place, sauf qu’il n’y a pas d’immeuble en face…

Déformation professionnelle

J’ai reçu un fournisseur en machine à café.

En effet, un établissement recevant plus de 1000 personnes dispose de plusieurs de ces machines stratégiques.

Lors de la discussion, il m’avoue qu’à cause d’une déformation professionnelle, il remarque de suite, dans les bureaux, la présence de tasses de thé ou de café posées sur les tables. Son regard avait surpris ma vieille tasse-pas-lavée-immonde-usée-mais-que-j’aime qui trône au milieu de mes disques durs usagés presses-papiers.

Cela m’a renvoyé à cette question terrible que je range dans ma rubrique « questions à deux euros« : quelles sont les déformations professionnelles des personnes que je côtoie?

Moi, bien sur, ce sont les ordinateurs. D’un clin d’œil, dans une scène de film ou lors d’une visite d’entreprise, je perçois leurs caractéristiques, modèle, marque, obsolescence… En général, au cinéma, les écrans sont truqués en post-production pour y faire apparaître des animations sur-réalistes. Il n’est pas rare qu’au beau milieu d’une scène dramatique de film, je fasse remarquer: « Tiens, vous avez vu, il utilise un Apple! », ce qui me vaut les foudres de mon entourage…

J’ai discuté avec une amie dentiste, elle, se sont les dents de ses interlocuteurs qu’elle analyse immédiatement…

Je suis sur que chaque profession développe sa propre acuité visuelle qu’il utilisera inconsciemment hors de son cadre professionnel: le médecin verra des symptômes, l’expert judiciaire tous les cédéroms gravés, l’astronaute les portes non verrouillées et le spéléologue toutes les cordes sans nœud…

C’est parfois utile, et je commence à comprendre l’enthousiasme de mon épouse lorsque je lui ai annoncé l’augmentation du champ de mes responsabilités professionnelles: entretien du bâtiment, ménage…