La tenue d’un blog nuit-elle à la santé?

Pro (c’est bon pour la santé):

– la tenue d’un journal intime, même public, permet de faire le point et d’évacuer des tensions malsaines.

– la prise de position publique (et par écrit), prenant ainsi à témoin ses lecteurs, oblige un peu plus à tenir ses promesses. Ainsi, quand j’écris que je vais postuler pour devenir spationaute, mais que j’ai un peu de surpoids, cela m’oblige à mieux manger. Et cela, c’est bon pour la santé.

Contre (c’est mauvais pour la santé):

– je remarque que de plus en plus, je suis amené à « penser billet », c’est-à-dire que je rédige mentalement un billet dans les moments les plus inattendus: en réunion, en famille, etc. Dans ces moments là, mon regard tombe dans le vague. Comme cela peut m’arriver en voiture, c’est mauvais pour la santé (et celle des autres). On devrait interdire l’écriture mentale de billets en voiture.

– un internaute me laisse un commentaire auquel je réponds qu’il devrait s’engager dans la vie publique de sa commune. Du coup, quand on m’a demandé de me présenter aux élections municipales comme conseiller, je n’ai pas pu refuser. Cette activité supplémentaire génère du stress et prend sur mon temps de sommeil. C’est mauvais pour la santé.

Puis je suis tombé sur cet article de rue89 consacré au stress des blogueurs

J’ai été frappé par la diversité des réactions que cet article a pu susciter dans ma blogotoile. Mais au fond, n’y a-t-il pas autant de façons de bloguer que de blogueurs? Plus exactement, autant que de motivations pour bloguer?

Quelles sont les motivations pouvant pousser un être humain à bloguer? J’ai déjà plusieurs fois expliqué ici même quelles étaient les miennes. Je peux les résumer en quelques lignes:

Pour la rubrique « Expert« :

– retour d’expériences vers les autres experts judiciaires (débutants ou confirmés),

– présentation de l’activité d’expert judiciaire au grand public (avec dans l’idée de susciter des vocations).

Pour la rubrique « Professionnel« :

– partage de ma passion pour l’informatique et la technique.

Pour la rubrique « Vie publique« :

– partage de la découverte du monde politique, par la vision d’un simple citoyen au service d’une commune.

Enfin la rubrique « Privée« :

– des anecdotes destinées à mes proches, mes enfants, ma famille et mes amis (et qui en général n’intéressent qu’eux:).

Et puis, il y a une certaine thérapie par l’écriture…

Je conclurai en empruntant la fin d’un billet de l’avocat Général près la cour d’appel de Paris Philippe Bilger: vous aurez pu constater comme il est épuisant d’écrire un billet. Ecartelé entre ce qu’on a envie d’écrire et ce qu’on a le droit de dire. Entre le magistrat l’expert et le justicier. Le professionnel et le citoyen. La vie et l’Etat. L’élan et le recul. La réserve et l’audace. Entre soi et soi.

Mon nom est l’Eternel

Comme moi, il vous arrive probablement d’être parfois en colère.

Une injustice flagrante, un serveur qui ne redémarre pas, la dernière vis qui refuse de bouger et dont vous avez détruit la tête à force d’insister…

En société, vous devez vous maîtriser. Il faut savoir garder son calme en toutes circonstances et dominer ses nerfs. Bravo, vous faites parti des Sages.

Imaginez par contre que vous êtes seul dans votre bureau, que personne ne vous entend ni ne vous voit. Alors là, cela peut être très différent: vous pouvez vous lâcher sans honte, vous pouvez taper d’un poing rageur sur la table, ou sur le punching-ball réservé à cet effet.

Plus classe, mais qui demande un petit effort de mémorisation, vous pouvez regarder bien en face la vis récalcitrante et HURLER:

La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises que fait sans fin surgir l’oeuvre du Malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la Charité, se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes… Car il est le gardien de son frère et la Providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’Éternel quand sur toi s’abattra la vengeance du Tout-puissant…

Jules dans Pulp Fiction.

Et cela fait du bien.

PS: Cela marche aussi face à un écran bleu, un serveur (informatique) vital éteint-qui-ne-se-rallume-plus, un ordinateur qui s’éteint brutalement en pleine rédaction d’un article… Même si l’on est résolument athée (n’y a-t-il pas un Dieu de l’informatique).

Truc: Peut être utilisé en présence d’autrui (ex: lors d’un dépannage), à la condition expresse de s’adresser à l’objet récalcitrant exclusivement, et bien sur d’être sur le point de le réparer (ex: en le redémarrant)… Effet garanti.

PS2: Je l’ai eu cette vis finalement… mais à la perceuse!

Expertise au commerce: première réunion

Après avoir bien organisé la première réunion, celle-ci finit par arriver…

Je rappelle aux lecteurs de ce blog que les faits décrits ici sont imaginaires et constituent un retour d’expérience destiné principalement aux futurs experts judiciaires et au public désireux de mieux connaitre cette activité.

Nous sommes jeudi, la réunion est prévue pour 10h afin de permettre à l’avocat de la société HAL9000 d’arriver par le train de 9h32.

Il est 6h. Je pars en voiture.

Pourquoi si tôt? Et bien, la région judiciaire couverte par une Cour d’Appel couvre en général plusieurs départements (souvent trois). Il faut donc parfois plus de trois jours de cheval pour se rendre sur le lieu prévu pour la réunion d’expertise. Aujourd’hui, j’ai prévu 3h de voiture.

Il me semble sage d’arriver fort en avance: l’entreprise vous prête ses locaux, mais c’est vous l’organisateur de la réunion. Je veille ainsi à ce que tout soit prêt pour que la réunion soit le plus agréable pour tous (nombre de chaises, disposition autour de la table et café si possible).

L’heure H arrive, il faut démarrer la réunion.

Par principe, je commence toujours strictement à l’heure. J’ai tout fait pour que chacun puisse être ponctuel (trains etc). Rien de pire de mon point de vue que de prendre l’habitude de commencer avec un quart d’heure de retard (chaque région a le sien: quart d’heure parisien, quart d’heure Chti, quart d’heure Franc-Comtois…)

Truc: ne pas oublier de faire passer une feuille de présence pour collecter les prénom, nom et fonction de tous les participants (pour ne pas commettre d’impair sur le rapport, les personnes étant souvent attachées au bon intitulé de leur poste).

Remarque: il est possible de demander à ce que certaines personnes sortent de la salle, puisque seul les sachants convoqués par l’expert sont sensés y assister. Pour ma part, sauf remarque particulière d’un des avocats, et sauf excès manifeste, je garde tout le monde sous la main dès lors qu’il y a assez de place autour de la table.

Problème: comment commencer s’il manque la moitié des participants?

Pour moi, le plus simple est de commencer par des généralités: je présente le rôle de l’expert judiciaire, ce qu’il est (un technicien qui rend un avis), ce qu’il doit faire (lecture des missions), ce qu’il n’est pas (il ne juge pas), etc. C’est important, mais les avocats connaissent cela sur le bout des doigts et peuvent l’expliquer à leur client. Ne pas attaquer le fond du problème sans la présence de l’ensemble des parties.

Problème: faut-il tenir la réunion si une partie manque à l’appel?

C’est un cas de figure difficile qu’il faut gérer avec doigté. Je cherche à contacter l’avocat de la partie absente pour essayer de savoir s’il n’y a pas eu d’empêchement majeur. Si la réunion a été régulièrement convoquée (lettres de convocation envoyée en recommandé avec avis de réception et comportant la mention « cette réunion, régulièrement convoquée, se tiendra même en l’absence d’une des parties », date fixée en accord avec toutes les parties et suffisamment tôt, aucun contact préalable demandant le report de la réunion pour raisons valables) alors la réunion a lieu. Si vous avez le moindre doute, alors il faut annuler la réunion malgré la pression des participants présents, car le respect du contradictoire doit primer sur tout.

Cas général: tout le monde est là, les débats commencent.

J’ai pour habitude de faire un tour de table pour que chacun m’explique succinctement le fond du dossier. Je dois reconnaître que cette méthode marche assez mal tant chaque interlocuteur a à cœur de rentrer dans le vif du dossier (qu’il maîtrise parfaitement).

Ne jamais perdre de vue que l’objectif de la réunion est de bien comprendre le problème en se le faisant expliquer par chaque partie. Ne pas venir avec des idées préconçues.

Il faut savoir diriger adroitement une réunion potentiellement conflictuelle, tout l’art de l’expert est là (en plus de ses compétences techniques bien sur).

Si j’ai un conseil à donner à un expert judiciaire débutant en la matière le voici: laissez les personnes s’exprimer, mais faites en sorte qu’elles s’adressent à vous. Vous n’êtes pas là pour séparer deux personnes qui en viennent aux mains, mais vous n’êtes pas là non plus pour empêcher les tensions d’être exprimées. Les réunions sont parfois animées. N’oubliez pas non plus un atout important dans la réunion: les avocats. Ils sont habitués à la gestion des tensions et peuvent, mieux que vous, demander à leur client de se maîtriser. Raison de plus pour laisser un avocat s’exprimer, et n’oubliez pas que son client l’écoute. Si l’avocat s’adresse plus à son client qu’à vous, tout en vous regardant bien dans les yeux, laissez le faire son travail. Quant à vous, restez sur le terrain strictement technique.

En fait, autour de la table, il faut respecter les domaines de compétences de chacun: l’avocat est expert en droit, le client dans son activité commerciale, le comptable en comptabilité etc. Si vous vous entichez de droit, soyez meilleur que l’avocat, ce qui me semble dangereux. Si l’une de ces personnes croit pouvoir vous expliquer l’informatique, laissez la faire: c’est toujours instructif et parfois utile pour comprendre la logique de la personne.

A suivre: l’étude de cas.

Sombre

Aujourd’hui, je suis d’humeur sombre.

J’ai reçu une mauvaise nouvelle.

Et je crains qu’elle ne concerne ce blog.

Alors je me réfugie un peu plus dans le travail, un peu aussi dans les citations:

question à deux euros: qui a écrit « Pour vivre heureux, vivons caché »?

Réponse: Jean-Pierre Claris de Florian, dans sa fable « Le grillon », que je vous livre ici in extenso:

Le grillon

Un pauvre petit grillon

Caché dans l’herbe fleurie

Regardait un papillon

Voltigeant dans la prairie.

L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs;

L’azur, la pourpre et l’or éclataient sur ses ailes;

Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs,

Prenant et quittant les plus belles.

Ah! disait le grillon, que son sort et le mien

Sont différents! Dame nature

Pour lui fit tout, et pour moi rien.

je n’ai point de talent, encor moins de figure.

Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas:

Autant vaudrait n’exister pas.

Comme il parlait, dans la prairie

Arrive une troupe d’enfants:

Aussitôt les voilà courants

Après ce papillon dont ils ont tous envie.

Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper;

L’insecte vainement cherche à leur échapper,

Il devient bientôt leur conquête.

L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps;

Un troisième survient, et le prend par la tête:

Il ne fallait pas tant d’efforts

Pour déchirer la pauvre bête.

Oh! oh! dit le grillon, je ne suis plus fâché;

Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.

Combien je vais aimer ma retraite profonde!

Pour vivre heureux, vivons caché.

Pauvre grillon.

Bon anniversaire Stéphane

Stéphane a cinquante ans[1] aujourd’hui.

Il a fait ses études dans un IUT et devait effectuer un stage. Il m’avait demandé s’il pouvait travailler avec moi sur le thème des réseaux de neurones. Son stage a été un succès car il y avait mis du cœur et s’était impliqué sans compter les heures.

Nous passions des heures à discuter des problèmes informatiques liés à son sujet de stage et à mes travaux de recherche. Il a découvert dans mon laboratoire que l’informatique pouvait être pour lui un sujet passionnant. A la fin de son stage, nous avons fait un petit pot pour lui montrer que nous avions su apprécier sa gentillesse et son implication.

Je n’ai pas pu assister à sa soutenance de stage, car il s’était donné la mort.

De son suicide, il laissait à ses parents une lettre d’explication où il faisait part de son dégout de la vie. Ses parents m’ont contacté car un passage de cette lettre m’était adressé: il disait que les meilleurs moments de sa courte vie avait été son stage avec moi.

J’en ai encore des larmes aux yeux en écrivant ce billet à sa mémoire.

Bon anniversaire Stéphane, tu es toujours dans mon cœur et tu as toujours vingt ans.

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[1] Prénom et âge modifiés bien évidemment.

Avancée scientifique

J’ai raconté dans ce billet comment l’avancée scientifique pouvait transformer les conclusions d’un rapport d’expertise. Quel effroi rétrospectif, quelle tristesse durent saisir tel expert judiciaire, lorsque l’avancée de la science lui révéla combien d’erreurs il avait pu commettre.

Il va sans dire que cette question me hante régulièrement.

Ai-je mené à bien suffisamment d’investigations pour répondre à bien aux missions que m’a confiées le magistrat? N’ai je pas contribué à un raisonnement technique erroné, pire, à une erreur judiciaire?

Cela m’oblige sans cesse à faire et refaire des investigations (non payées) et toujours à être très prudent.

J’ai été très ému lors de l’écoute du son humain le plus ancien découvert à ce jour. Il s’agit d’une femme chantant « au clair de la lune » enregistrée à l’aide d’un phonautographe par Édouard-Léon Scott de Martinville en avril 1860.

J’ai aussitôt joué avec l’idée qu’une voix humaine puisse avoir été enregistrée à l’insu de son propriétaire, et que l’avancée de la science puisse un jour nous la faire écouter, à travers les siècles.

Par exemple, par les mains du potier sur l’argile de son tour…

Ou lors du séchage du mortier des mosaïques anciennes…

Ou encore dans la résine utilisée dès la préhistoire comme colle ou pour étanchéifier les canoës…

Imaginez si l’on pouvait un jour mesurer les vibrations provoquées par la voix humaine sur les têtes de lecture des disques durs…

Faire parler les disques durs, voilà bien un défi pour expert judiciaire en informatique 🙂

Maintenant, vous ne regarderez plus votre ordinateur de la même façon…

Expertise au commerce: organisation de la première réunion

J’ai juré, d’apporter mon concours à la Justice, d’accomplir ma mission, de faire mon rapport, et de donner mon avis en mon honneur et en ma conscience[1]

Cela tombe bien car un bon matin, j’ai reçu une lettre contenant les missions suivantes:

L’ordonnance du Tribunal de Commerce a fixé comme missions à l’expert :

de se rendre au siège social de la société zOrg pour examiner le système informatique fourni et mis en place par la SSII HAL9000 au mois de mai 1968,

de décrire les désordres l’affectant,

d’en déterminer les origines et les causes,

de déterminer le préjudice subi en raison des désordres,

d’une manière générale, de consulter tous documents et entendre tous sachants.

Les choses sérieuses commencent…

Parmi les actions préalables, je commence par vérifier que je n’ai aucun lien particulier avec l’une des personnes des différentes sociétés. C’est parfois délicat dans ces belles petites villes où « tout le monde se connaît ».

Quand c’est le cas, je me déporte en expliquant au magistrat les raisons de mon refus. Si le magistrat insiste (vous êtes le meilleur des experts, le seul expert disponible, celui dont les rapports sont les plus clairs, le moins cher, etc), je persiste dans mon refus: nul n’est irremplaçable. J’ai déjà rapporté ici le peu de soutien qu’un expert judiciaire peut attendre parfois de la justice…

Le bénévolat étant à proscrire devant les risques pris par un expert judiciaire face aux enjeux dans lesquels il va donner un avis, je prends attache avec le greffe du Tribunal de Commerce pour s’assurer au moins que la provision sur honoraire correspond au futur montant de la note de frais, et qu’elle a été versée au Greffe. En effet, il me semble hasardeux de commencer les dépenses sans la certitude qu’elles me seront remboursées un jour (parfois plusieurs mois après la fin de l’expertise). Pour information, dès que les montants des dépenses atteignent une valeur conséquente, il est possible de demander au greffe une avance. Il peut être bon de stopper ses opérations d’expertise, de présenter au magistrat son état d’avancement, de demander une provision complémentaire et d’attendre son feu vert.

Je raccroche mon téléphone et sort mon agenda: quelles sont mes disponibilités pour une première réunion d’expertise? Prévoir plusieurs créneaux sur plusieurs mois.

Je reprends mon téléphone et contacte les avocats des deux sociétés. Etre souple et prévoir plusieurs tours d’appel pour convenir d’un ensemble de dates compatibles avec tous les plannings. Je n’impose jamais de date car je suis là pour donner un avis technique (certes important) à un magistrat dans un litige, pas pour torpiller les activités des uns et des autres. Truc: ne pas oublier de demander aux avocats si une autre partie risque d’être appelée à la cause.

A ce stade, je dispose de quelques dates, parfois distantes de plusieurs mois, compatibles avec mon agenda et celui des avocats des parties.

Je contacte l’entreprise zOrg afin de m’assurer qu’il est possible d’y trouver une salle de réunion pouvant accueillir tous les participants et si l’une des dates envisagées est compatible avec leur activité. Il est toujours malvenu d’imposer une réunion d’expertise en plein inventaire ou pendant la semaine d’hyperactivité. L’accueil me passe le secrétariat de la Direction qui me passe l’assistant du Directeur. Truc: à chaque fois, se présenter comme expert judiciaire mais rester suffisamment discret sur l’affaire afin de ne pas interférer sur la communication interne propre à l’entreprise.

Dès que j’ai accès à l’agenda du Directeur, je peux vérifier sa disponibilité. Truc: en cas de problème (agenda pris sur toutes les dates pressenties, j’insiste sur l’importance de la réunion pour l’entreprise, etc). Si pas possible, retour vers les avocats pour un nouveau tour d’horizon des agendas…

Je fais de même avec la société HAL9000.

Après deux heures de palabres avec tout un panel de secrétariat, je tiens enfin une date possible. Problème: celle-ci est très proche de la date limite de dépôt du rapport ordonnée par le Tribunal. Coup de fil au greffe qui est parti manger (quelle drôle d’idée, il est 13h…). Tant pis, je faxe la convocation à toutes les parties et prépare les envois en recommandé avec avis de réception.

Comme j’ai un emploi principal et une famille mais pas de secrétaire, les envois en recommandé partent quelques jours plus tard…

Je fais un courrier au greffe avec une convocation en pièce jointe pour expliquer la difficulté d’organisation de la première réunion et demande un délai car, après mes discussions avec les avocats sur la nature du litige, j’estime qu’il faudra certainement au moins trois réunions pour faire le tour du dossier: une réunion préliminaire, une réunion d’investigation, une réunion de chiffrage. Suivront un pré-rapport, la réponse aux dires puis le rapport final.

Je pose un jour de congés pour pouvoir assister à la réunion.

J’ouvre un dossier sur cette affaire. J’y place tous les documents en ma possession: ordonnance de mission, copie des convocations, récépissés d’envoi (fax et RAR) et notes prises lors des conversations téléphoniques. Truc: penser à demander aux secrétariats les orthographes exactes des noms et prénoms des futurs participants, les lignes directes et si possible les portables.

Commencer à noter les heures passées sur un carnet ad hoc. Pour ma part, je fais deux colonnes: temps de secrétariat, temps d’expert. A ce stade, je note 3/0…

Truc: pensez à ajouter en fin de convocation « cette réunion, régulièrement convoquée, se tiendra même en l’absence d’une des parties » afin de respecter le principe du contradictoire et d’éviter les manœuvres dilatoires.

Il n’y a plus qu’à attendre le jour de la réunion.

Et espérer qu’elle ne se déroule pas comme celle-ci

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[1] Serment prêté en Cour d’Appel par l’expert judiciaire.

Alloooo, je suis dans le train

Je suis sur que vous vivez comme moi cette scène à chaque fois que vous prenez le train: quelqu’un prend son téléphone portable et appelle pour annoncer invariablement qu’il est dans le train.

Comme beaucoup, je subis les conversations oiseuses de mes contemporains, dans le train ou ailleurs. Personnellement, quand on m’appelle sur mon portable, je ne décroche pas, ou alors je m’éloigne discrètement dans un lieu où je pense ne déranger personne. Question de politesse.

J’étais donc dans le train, de mauvaise humeur, entouré de personnes parlant assez peu discrètement au téléphone, qui de leur journée de travail, qui des potins du jour. Une personne bêtifiait même avec son enfant à grand coup de gazou-gazou arheu-arheu.

Et je pensais aux jours d’avant où personne n’avait à sa disposition ce maudit téléphone portable…

Et j’ai eu une révélation!

Je me suis souvenu de ces jours anciens où un grand silence régnait dans les wagons, rompu de temps en temps par quelques éclats d’enfants, ou par les messages incompréhensibles du contrôleur dans les haut-parleurs.

Mais je me suis souvenu aussi de tous les problèmes liés au manque de communication. Problèmes de couples, problèmes d’ados, problèmes professionnels…

Et aujourd’hui tout le monde peut s’appeler à tout moment. On peut montrer à quelqu’un qu’on pense à lui en l’appelant pour lui dire des choses insignifiantes, à tout moment. On peut appeler son enfant avant qu’il ne se couche pour lui gazouiller des gazou-gazou arheu-arheu avant qu’il ne s’endorme. On peut clavarder, bloguer, discuter sur des forums.

A mon avis, JAMAIS autant de gens n’ont communiqué de par le monde.
Et cela, c’est extraordinaire.

A être trop poli, on rate des instants magiques de communication.
A trop râler sur le langage SMS, on oublie que les jeunes ne se sont jamais autant écrit.

Alors si vous voyez quelqu’un sourire lorsqu’un téléphone se met à sonner dans votre wagon, ou même au cinéma, ou si quelqu’un vous regarde avec un air béat quand vous parlez de la pluie ou du beau temps avec votre mère/père/conjoint/amant/enfant/patron/avocat, je soyez pas surpris, c’est peut-être moi…

Et quand vous lisez ce blog, pensez à moi qui écrit de l’autre côté.

Dans tous les cas, bonne communication.

Comme un fou

Cher lecteur,
Comme vous l’avez constaté, depuis quelques temps, je délaisse ce blog…
La raison est extrêmement simple: je suis débordé.

Par les expertises? Non. J’ai quatre dossiers en cours, dans les délais, sur lesquels je travaille tous les week-ends. Deux recherches d’images pédopornographiques et deux affaires de données effacées. Les quatre dossiers sont techniquement passionnant malgré les enjeux éprouvants.

Par mes affaires professionnelles? Non. Pourtant les étudiants sont en vacances, ce qui correspond pour moi à une période de travail intense pour effectuer toutes les tâches de maintenance préventive. Il y a en ce moment 34 tâches dans ma « to do list », et elle ne désemplit pas. Et il y a les projets « de fond »: migration de la salle serveurs (Novell vers Windows, EDirectory vers Active Directory), expérimentation de la virtualisation, remplacement des 24 stations de CAO, commande d’une tranche de 100 PC dans le cadre du renouvellement matériel, construction d’un agrandissement de 800 m2, j’en passe et des meilleurs. Et je le répète encore: tous ces projets sont passionnants et j’y travaille de 8h à 19h (avec une pause saladette d’un quart d’heure).

Par mes activités de conseiller municipal? Non plus. J’ai découvert que toutes les activités étaient parfaitement gérées par le personnel de la Mairie, et que celui-ci était parfaitement compétent. Et ce n’est pas une réunion par semaine en fin d’après-midi (18h30-21h) qui va me traumatiser au point de devoir délaisser ce blog…

Par ma vie privée alors? Non…
Je suis un mari et un père attentif. J’ai une famille que j’aime et qui m’aime. Je baigne dans le bonheur, avec en plus la conscience de la chance extraordinaire que j’ai, épargné que je suis pour l’instant des malheurs du monde. La conscience aussi que ce bonheur ne durera pas, ne peut pas durer. C’est ce qui rend ces moments aussi intenses. Comme celui qui marche sur ses deux jambes et qui sait ce que c’est d’avoir une jambe dans le plâtre.

Mais alors, qu’est-ce qui peut devenir aussi envahissant et chronophage pour m’empêcher de venir raconter ma vie sur ce blog?

Une nouvelle recherche en intelligence artificielle?
La préparation de ma candidature comme astronaute le 19 mai?
Les tests de gOS, de Mandriva 8, de FolderShare?

Non, non, non.

Je viens d’acheter Mario Kart pour la Wii et je m’éclate comme un fou…
J’en ai mal aux bras!