Autosatisfaction

Il n’est pas si fréquent que je reçoive des emails d’encouragement en provenance des acteurs majeurs du monde judiciaire que sont les enquêteurs. Aussi, ai-je été particulièrement touché lorsque j’ai reçu l’email suivant (publié avec l’aimable autorisation de son auteur):

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Cher Monsieur Zythom,

C’est en me « promenant sur le réseau international de communication entre ordinateurs » que je suis tombé (presque par hasard) sur votre blog.

Et d’articles, en articles, en articles… j’ai apprécié, puis aimé, puis respecté son contenu, sa forme, son style…

Et l’idée m’est venue de vous féliciter de vif mail…

Enquêteur Spécialisé en Criminalité Informatique, en fonction à la Police Judiciaire de [bip], j’effectue régulièrement des exploitations de systèmes informatiques lesquelles concernent en grande majorité des affaires de pédophilie, incitations à la haine raciale, escroquerie, abus de confiance,… ainsi que plus rarement, en matière d’homicides…

J’ai trouvé sur votre blog une mine de conseils, j’ai souri en vous lisant, faisant alors le parallèle avec mes affaires, m’étant retrouvé dans des situations similaires…

J’ai appris aussi, car c’est ce qui arrive lorsque l’on a l’habitude de faire comme on fait… et que l’on voit quelqu’un faire autrement, on se dit alors : « et!! mais c’est pas con ça! »

Alors voilà cher Monsieur Zythom, je ne vous connais pas mais à travers votre blog, j’ai pu voir un homme, féru et passionné d’informatique, expert judiciaire, qui aime son travail et qui le fait bien.

Dommage qu’ils ne soient pas tous comme vous…

Bravo !

Au plaisir de vous lire
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J’ai longtemps hésité avant de publier cet email, non par modestie (j’ai un égo très développé), mais parce qu’il égratigne un peu sur la fin la communauté des experts judiciaires. Mais il fait gris et il pleut. Et j’ai besoin de montrer qu’on m’apprécie un peu.

C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aime tant…
Berthe Sylva

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Photo crédit Dark Roasted Blend

Récupération d’images et plus encore

Vous êtes un particulier, vous avez perdu dix années de photographies numériques parce que votre petit dernier a malencontreusement effacé deux ou trois répertoires de votre disque dur en faisant le ménage (mais bon, ils étaient gros, et ça fait de la place maintenant…).

Vous êtes un jeune expert et vous hésitez à dépenser 5000 euros dans un logiciel d’analyse inforensique parce que, heu, deux expertises par an, c’est pas beaucoup…

Vous êtes N-TECH (gendarme spécialisé issu du CNFPJ Centre National de Formation de Police Judiciaire de Fontainebleau), et vous avez égaré votre «lot enquêteur».

Vous êtes ESCI (Enquêteur Spécialisé en Criminalité Informatique – Police National), mais vous ne retrouvez plus la clef d’activation de votre logiciel Marina (Moyen Automatique de Recherche d’Images Non Autorisées).

Vous êtes journaliste et vous ne retrouvez pas l’image que vous avez prise et merde-c’est-le-bouclage/j’ai-pas-de-sauvegarde/qui-a-touché-mon-portable

Ou tout simplement curieux de voir toutes les images cachées au fil du temps dans les recoins de votre ordinateur.

Alors, ce billet est pour vous.

Je suppose que nous sommes dans le cas d’une analyse d’une copie du disque dur. Pour réaliser une telle copie, vous pouvez déjà lire ce billet toujours d’actualité.

En tout cas, votre disque dur doit encore fonctionner et ne pas être crypté (avec bitlocker par exemple) car je n’aborde pas ici l’analyse post-mortem, ni l’analyse de la mémoire vive

Enfin, il ne s’agit pas d’effectuer une analyse complète des données du disque dur comme vous pouvez vous entrainer à le faire ICI.

Hypothèse: vous avez une image ISO (ou dd) de votre disque dur et vous aimeriez bien en analyser les images.

Il vous faut cet outil: PhotoRec qui est capable de mener à bien cette analyse avec un nombre incroyable de formats d’images.

Il s’agit d’un billet du vendredi, alors ne comptez pas sur moi pour vous écrire un mode d’emploi, surtout que le site de PhotoRec est très complet.

Et vous savez quoi, ce logiciel permet également de récupérer toutes sortes de fichiers: des fichiers cachés sur cédérom, des fichiers GPG et leur clef effacés, et au total plus d’une centaine de format de fichiers!

Ce logiciel travaille bien sur filesystem FAT, NTFS, ext2/ext3, HSF+.

Il fonctionne avec des disques durs, CD-ROM, CompactFlash, Memory Stick, SecureDigital, SmartMedia, Microdrive, MMC, USB Memory Drives…

Bravo à Christophe GRENIER pour ce travail exemplaire!

D’ailleurs, si vous avez quelques pièces anciennes à lui faire passer

Felix qui potuit rerum cognoscere causas (ou pas)

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Image crédit Dark Roasted Blend

Voie Z

Lors d’une correspondance ferroviaire, dans une gare dont je tairai le nom afin de ne pas faire de publicité au risque de voir ce billet tomber sous le couperet de l’extension adblockPlus de mon navigateur favori, lors d’une correspondance donc, je remarque une incongruité: les voies de la gare sont numérotées 1, Z, 2, 4, 6 et 8…

Vous l’aurez remarqué comme moi, les nombres impairs sont absents sauf le premier d’entre eux, et une voie porte le doux nom de « voie Z ».

Sur le quai, j’étais semble-t-il le seul à m’être rendu compte de cette double anomalie, ou plutôt le seul à me poser la question, ou encore plus vraisemblablement le seul à ne pas avoir la réponse…

Afin d’en avoir le cœur net, et puisque j’avais 37mn à tuer, je me suis approché d’un homme en « bleu SNCF » qui officiait sur le quai. Après lui avoir expliqué ma surprise et mes interrogations, l’homme eut l’air interloqué et m’a répondu que « c’est la première fois qu’on me pose cette question » et qu’il faut le laisser tranquille car il a beaucoup de chose à faire, mentant ainsi effrontément…

Je repère alors deux femmes, élégamment vêtues du costume SNCF, auxquelles je soumet mon problème.

Les deux femmes sourient (montrant ainsi leur immense supériorité sur l’homme) et me répondent la chose suivante:

« concernant les numéros impairs, les voies impaires sont réservées au tri et à la préparation des trains. Elles sont donc plus loin, en dehors de la zone accessible au public. »

Zythom: « Mais pourquoi une voie n°1? »

« Heu, ben, heu, c’est pour les trains de marchandises… » me répondent-elles (un peu au hasard me semble-t-il). »

Zythom: « Et la voie Z? »

« Et bien, nous nous sommes déjà posées la question, mais vous voyez, tous les anciens sont partis à la retraite, et la réponse à nos questions est partie avec eux… »

Voici donc comment une entreprise perd son savoir et sa mémoire…

Alors ce matin, avec l’aide d’internet, j’ai un début de réponse à cette question à deux euros: « C’est juste une voie « zone » d’attente ou de garage. Toute[s] les gares n’en on[t] pas mais sur les grande[s] ligne[s] c’est une obligation car ça empêche [permet à] un train qui a des problèmes de se mettre sur cette voie en attendant qu’une solution soit trouvé[e] donc [de] laissé[er] le champs libre au[x] autres. Salut »

Source Yahoo

Mais dans mon esprit, la réponse secrète restera « voie Z, comme Zythom… »

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Photo crédit Dark Roasted Blend

Magic Boulet

Cher Mr Boulet,

Je tiens un blog dont vous n’avez certainement jamais entendu parler, et où j’aborde certains aspects de ma vie professionnelle, de mon activité d’expert judiciaire, de ma vie publique et de ma vie de famille…

Je suis sur que si vous lisiez ce courrier, vous m’imagineriez en costard cravate triste, les cheveux rares et un air sérieux. Vous n’avez pas complètement tort, car le monde est ainsi fait qu’un expert judiciaire lorsqu’il sort de chez lui doit se plier aux règles d’usage s’il veut pouvoir passer pour quelqu’un de sérieux: je mets donc une veste de costume lorsque j’officie et/ou lorsque je rencontre mes homologues. L’habit FAIT le moine et on n’imagine pas un magistrat siégeant en chemise hawaïenne ou un dessinateur de bd travaillant en costume trois-pièces.

Si je vous écris cette lettre, ce n’est pas pour vous demander une dédicace (je n’oserais pas, ou alors « pour Louis[1]« ) ou un dessin sur commande, mais parce que je fais parti de vos admirateurs et que je n’ose pas mettre de commentaire sur votre blog.

Je viens de finir votre album « Notes – Tome 1 – Born to be a larve » et j’ai adoré. Fidèle lecteur de votre blog, j’ai retrouvé avec plaisir tous les billets que j’y avais dévorés, ainsi que les inédits que vous avez glissés dans l’album. J’ai ri à chaque pages et je me suis surpris à m’identifier à votre personnage, mais aussi à vos amis, à vos lecteurs et parfois aux personnes dont vous dénoncez les défauts avec brio.

J’ai dévoré l’album, sans syndrome « du collègue rigolo[2]« , ni syndrome « Frankenstein[3] » et je vous assure que j’attends avec impatience la sortie du tome 2…

Je n’ai jamais été très fort pour les compliments, aussi j’arrête ici ce billet, et je m’en vais relire l’album et corner ses pages comme vous m’avez appris à le faire sans complexe.

Fanatiquement,
Zythom

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[1] Vous n’avez qu’à acheter l’album…
[2] Voir note n°1…
[3] Voir note n°1…

Un train de sénateur

J’ai voté dimanche pour les élections sénatoriales.

Comme indiqué dans ce billet, c’était ma première participation en tant que grand électeur.

J’ai donc fait quelques découvertes:

– la participation à l’élection est obligatoire, sous peine d’une amende de 100 euros.

– le vote est centralisé en un seul lieu pour l’ensemble du département, ce qui entraine le déplacement de milliers d’élus, alors qu’il pourrait être organisé (par exemple dans les sous préfectures) de façon à minimiser les coûts.

– chaque élu a droit à une indemnité forfaitaire de 15 euros, plus le paiement des frais de déplacement.

– le vote est extrêmement rapide, chaque votant ayant visiblement l’habitude de tenir lui-même un bureau de vote. Pas de bousculade, pas de vote sans passer par l’isoloir, pièce d’identité et convocation prêtes: bonjour / je place l’enveloppe sur l’urne / je signe / a voté / l’enveloppe tombe / je récupère ma carte d’identité / au revoir.

Mais j’avais à l’esprit une question posée par un lecteur de ce blog et à laquelle je n’ai pas donné de réponse. Cette question m’a interloqué. La voici:

« Une question qui me taraude, comment avez vous l’impression que votre vote représente le choix de vos électeurs et non votre choix personnel? Je ne connais pas la taille de votre commune, mais dans les petites communes on vote souvent pour le voisin que l’on connaît et que l’on sait efficace, mais dont on ignore parfois la sensibilité politique. Démocratie me semble parfois vite dit. »

Je n’ai pas de réponse simple à cette question, mais il me semble que vous confondez « élection » et « démocratie ».

Mais avant, je voudrais faire quelques précisions:

J’ai été choisi par le maire pour être sur sa liste car j’assistais dans le public à tous les conseils municipaux (nous sommes trois dans le public dont deux de plus de 70 ans) et parce que j’avais accepté d’aider à la tenue d’un bureau de vote.

Lors des élections municipales, il n’y avait pas d’autres listes dans ma commune, pourtant de plus de 5000 habitants. Pourtant le taux de participation a été bon, et les votes favorables élevés. Le maire ne m’a pas demandé de m’inscrire à son parti politique. Il ne m’a pas plus donné de consigne de vote.

« Comment avez vous l’impression que votre vote représente le choix de vos électeurs et non votre choix personnel? » Et bien, j’avoue que je ne me suis pas posé la question. En tant que simple citoyen, j’ai toujours voté en suivant mon intime conviction. Et donc, naturellement, comme grand électeur, j’ai voté de la même façon. Je ne me sens redevable à personne, je ne me sens pas obligé de devoir voter comme aurait voté la majorité des électeurs qui ont voté pour moi.

« Démocratie me semble parfois vite dit. » J’avoue que je n’ai pas souvent creusé la question sous cet angle mais je vous renvoie aux articles de wikipédia traitant des sujets suivants:

démocratie

élections

libéralisme

démocratie participative

suffrage universel.

Il semble en effet qu’il n’y a pas de critère officiel internationalement reconnu pour indiquer ce qu’est une démocratie ou ce qu’elle n’est pas, mais que l’existence d’une élection au suffrage universel indirecte ne soit pas un critère invalidant le concept démocratique.

J’ai voté pour la personne qui me semble la mieux à même à agir pour le bien de ma commune.

Et vous savez quoi?

Elle a été élue 🙂

Nomenclatura

Vous souhaitez devenir expert judiciaire?
Parfait, mais dans quelle matière?
Informatique allez-vous me dire?
Bien, mais ce n’est pas si simple…

En effet, les experts judiciaires sont inscrits dans une branche et/ou rubrique et/ou spécialité dont le détail est fourni par la nomenclature définie par l’arrêté du 10 Juin 2005 dont vous trouverez le détail ICI.

Wikipédia nous enseigne que « nomenclature » signifie « inventaire des termes propres à un domaine défini ». Le mot viendrait du latin « nomenclatura » qu’il ne faut pas confondre avec le terme russe Nomenklatura (номенклату́ра) qui désigne, de façon péjorative, l’élite du parti communiste de l’Union soviétique et les privilèges qui lui sont associés…

Si vous êtes un spécialiste de l’installation et de la réparation des conduits de cheminée, c’est-à-dire un fumiste, alors les choses sont claires: fumisterie est classée dans la branche « C. – Bâtiment. – Travaux publics. – Gestion immobilière », rubrique « C.1. Bâtiment. – Travaux publics. », spécialité « C.1.26. Thermique. » où apparait votre domaine: génie thermique (chauffage, four, fumisterie, ventilation).

Mais que nous dit cette nomenclature concernant l’informatique?
L’informatique apparait principalement dans la branche « E. – Industries » sous la rubrique « E.1. Electronique et informatique », dont les cinq spécialités sont:
E.1.1: Automatismes.
E.1.2: Internet et multimédia.
E.1.3: Logiciels et matériels.
E.1.4: Systèmes d’information (mise en œuvre).
E.1.5: Télécommunications et grands réseaux.

Mais vous trouverez une référence informatique également dans
la branche « G. – Médecine légale, criminalistique et sciences criminelles ».
Rubrique « G.2 Investigations scientifiques et techniques »
Spécialité: « G.2.5 Documents informatiques »

La règle veut que chaque expert choisisse et propose son inscription dans les spécialités de la nomenclature dans lesquelles il se sent spécialiste. La cour d’appel vérifie puis les mentionne en face son nom sur la liste des experts judiciaires.

Les magistrats (et les avocats) peuvent ainsi sélectionner l’expert le plus à même de répondre aux questions qu’ils se posent dans leurs dossiers.

Un conseil: il est préférable de limiter le nombre de spécialités plutôt que de refuser systématiquement toutes les expertises qu’un magistrat vous demandera dans ce domaine. Par exemple, si vous avez demandé votre inscription dans la spécialité « E.1.5 Télécommunications et grands réseaux » parce que vous connaissez bien la problématique des PABX, vous risquez quand même d’avoir beaucoup de demandes d’expertises de téléphones portables. Et si vous n’êtes pas équipés des logiciels et matériels adhoc (parfois forts onéreux) concernant cette problématique, il vaut mieux éviter. C’est tout le problème d’une nomenclature: pas assez détaillée, elle englobe des disciplines très vastes (ex: E.1.3 Logiciels et matériels), et trop détaillée, elle devient inutilisable par le non spécialiste qu’est le magistrat (ex imaginaire: E.0.1.1.2.3.5.8.13.21.34 la sécurité des RPC sous Windows article excellent par ailleurs:).

Vous voyez bien, cher lecteur, toute la difficulté de l’activité d’expert judiciaire en informatique (pardon, en E.1.2, E.1.3 et E.1.4). Il vous faudra être à la fois un généraliste de l’informatique pour couvrir tous les métiers que l’informatique englobe, et un spécialiste capable de répondre aussi bien aux questions suivantes:
– y a-t-il présence d’images de nature pédopornographique sur le disque dur et si oui donner les dates des fichiers et les sources de provenance?
– le logiciel de comptabilité a-t-il été installé dans les règles de l’art?
– l’ordinateur a-t-il été piraté, comme le prétend son propriétaire, pour stocker à son insu des images de nature pédopornographique?
– fournir tout élément susceptible de permettre la manifestation de la vérité…

Et parfois, c’est très difficile.

Et toujours, il faut avoir le courage de le dire au magistrat.

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L’image représente un disque dur de 250 Mo de 1979.
Crédit Dark Roasted Blend.

Election des sénateurs


J’ai été choisi pour être Grand Electeur.
Cela signifie que je vais aller voter dimanche prochain pour les élections sénatoriales.

C’est la première fois.
J’ai été choisi (avec d’autres) parmi les 27 élus du conseil municipal.

J’ai déjà rencontré certains candidats qui sont venus se présenter aux grands électeurs à la mairie. Je reçois par courrier leurs professions de foi. C’est toujours intéressant.

Je sais déjà pour qui je vais voter.

C’est quand même fantastique de vivre en démocratie.

De droit un peu

Je sais qu’il y a dans mes lecteurs quelques juristes, et je les prie de m’excuser pour ce billet qui ne présente absolument aucun intérêt pour eux.

Etre expert judiciaire demande de connaître quelques rudiments de droit. Si vous êtes un peu hermétique à cette science, alors faites comme moi, épousez une avocate. C’est la seule femme que vous regarderez avec de plus en plus d’intérêt à mesure que passeront les années (où alors suivez les conseils d’Agatha Christie et changez de métier…).

Et en feuilletant ses livres de chevet, vous tomberez sur quelques textes qui peuvent (éventuellement) vous surprendre, vous amuser ou vous faire peur…

Code pénal – Art. 224-8: Le fait par quiconque, en communiquant une fausse information, de compromettre sciemment la sécurité d’un aéronef en vol ou d’un navire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.

Je vous jure que j’éteins toujours mon téléphone portable, et que je désactive ma carte wifi lorsque je me trouve dans un aéronef en vol!

Code pénal – Section 3 : De la livraison d’informations à une puissance étrangère. – Art. 411-6: Le fait de livrer ou de rendre accessibles à une puissance étrangère, à une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents des renseignements, procédés, objets, documents, données informatisées ou fichiers dont l’exploitation, la divulgation ou la réunion est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation est puni de quinze ans de détention criminelle et de 225000 euros d’amende.

Bon, ça calme tout de suite. J’espère que les personnes habilitées à accéder à E.D.V.I.G.E. ont un bon parefeu, un bon antispyware et un bon antivirus. Et qu’ils n’installent pas de logiciel P2P

Code civil – Art. 559: Si un cours d’eau, domanial ou non, enlève par une force subite une partie considérable et reconnaissable d’un champ riverain, et la porte vers un champ inférieur ou sur la rive opposée, le propriétaire de la partie enlevée peut réclamer sa propriété ; mais il est tenu de former sa demande dans l’année : après ce délai, il n’y sera plus recevable, à moins que le propriétaire du champ auquel la partie enlevée a été unie, n’eût pas encore pris possession de celle-ci.

Ami lecteur, si ta résidence secondaire est située près d’un cours d’eau, veille à y aller au moins une fois par an…

Code civil – Art. 564: Les pigeons, lapins, poissons, qui passent dans un autre colombier, garenne ou plan d’eau visé aux articles L. 431-6 et L. 431-7 du code de l’environnement appartiennent au propriétaire de ces objets, pourvu qu’ils n’y aient point été attirés par fraude et artifice.

Hu hu hu.
Je suis sur que je ne suis pas au bout de mes surprises.
J’aurais du m’inscrire en droit 🙂

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Image provenant du site darkroastedblend.com

Un ficheur sachant fichier

Quelques lecteurs attentifs ont remarqué que je ne souffle mot de la révolte actuelle concernant la base de données E.D.V.I.G.E. (Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Générale) surnommé « fichier Edvige ».

Effectivement, l’édifice est déjà si haut que je vois mal comment y ajouter ma propre pierre. Je vais donc construire une petite remise à côté, ou plutôt une niche [Edit: à la relecture, c’est plutôt un clapier].

Ce qui m’a le plus frappé, en tant qu’informaticien, est l’utilisation du mot « fichier », avec en plus l’erreur de croire que « fichier » est synonyme de « fichier informatique ».

Que disent les dictionnaires?
J’ai trouvé chez moi le mot fichier dans le dictionnaire « Larousse Universelle en 2 volumes » (édition 1922) que j’ai hérité de mon grand-père. Ce vénérable ouvrage lui donne la signification suivante: « Collection de fiches. Meuble destiné à classer les fiches ».

J’ai fait quelques recherches sur internet et suis tombé sur le « dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle de Frédéric Godefroy« . On y trouve quelques mots intéressants, dont le verbe « fichier »:
fiche:
1- Pic de fer, à la pointe renflée, pour planter la vigne.
2- Déclaration.

ficheis: Percepteur des revenus.

fichet: Poche.

ficheur: Ouvrier qui travaille avec la fiche.

ficheuse: Femme de mauvaise vie.

fichié: (adjectif) Fixe.

fichier: (verbe) Transpercer. Forme réfléchie: se précipiter.

fiçon: Aiguillon, dard.

ficquecion: Etat de quelqu’un qui est comme fiché en place par la force de l’application.

ficticieux: (adjectif) Hypocrite.

Délicieuse musique que ces mots sortis de l’histoire, où le ficheur allait voir le ficheis sa fiche à la main, et qui, s’il lui restait un sou en fichet, se fichier vers sa ficheuse pour la fichier avec son fiçon sans ficquecion

Ne soyons pas ficticieux. Le problème d’Edvige, c’est de mettre au grand jour des pratiques ayant déjà plusieurs décennies (y compris avant l’informatisation). Et le développement de ces pratiques, et leur redoutable amélioration par l’informatique, ne seront JAMAIS empêchées. Tout au plus peut-on obtenir qu’elles ne soient pas officielles.

A moins de nous attacher à la devise de Frédéric Godefroy: « Invia tenaci nulla est via« .

Mais la devise est vraie dans les deux camps. Et à mon avis, sauf à commencer le Jihad Butlérien, il est déjà bien trop tard.

Sonnette d’alarme

Cette anecdote est 100% véridique et est publiée avec l’accord du responsable informatique concerné.

PREAMBULE

Je suis parfois appelé dans le cadre d’expertise privée. Je n’aime pas particulièrement cela, dans la mesure où j’ai fait le choix de servir la justice (relire le serment de l’expert judiciaire en tête de ce blog) plutôt que de mettre en place une activité d’indépendant pourtant beaucoup plus lucrative. Etre inscrit sur la liste des experts judiciaires, cela donne beaucoup de responsabilités (et de soucis), des honoraires payés parfois à 400 jours et des soirées à trier de tristes images.

Mais c’est aussi une certaine visibilité pour les personnes souhaitant faire appel aux services d’un informaticien compétant à l’esprit indépendant (au sens « donnant son avis en son honneur et en sa conscience »). C’est pourquoi quelques personnes choisissent de faire appel à mes services parce qu’ils ont vu mon nom sur la liste des experts judiciaires. En général, je refuse poliment, en expliquant que je travaille exclusivement avec les magistrats ou les OPJ.

Dans le cas présent, mon interlocuteur m’a expliqué qu’il était face à un problème incroyable sur lequel tout le monde séchait. C’était donc « mission impossible » et cela m’a intrigué.

FIN DE PREAMBULE

Le système informatique de l’entreprise Diaspar[1] présente un dysfonctionnement dont personne n’a pour l’instant trouvé la cause. La panne appartient à la plus terrible des catégories: panne aléatoire non reproductible.

A mon arrivée sur les lieux, mandé par le Directeur de Diaspar, je rencontre le responsable informatique, Mr Alvin, qui me décrit le tableau suivant:

« Nous avons tout vérifié: le câblage, les actifs, les branchements. Nos différents fournisseurs sont intervenus à tous les niveaux. Le réseau a été audité, ausculté, monitoré. Nous avons dessiné le diagramme d’Ishikawa. Nous avons utilisé les cinq pourquoi. Rien n’y fait, le problème est toujours là. Le système fonctionne normalement et paf, les serveurs sont injoignables. Notre seule solution est de rebooter les hubs… »

A la mention de « hub », je dresse l’oreille. Après vérification, le cœur de réseau de l’entreprise est assez ancien: ethernet 10 Mb/s non commuté. Bienvenu dans le monde réel.

Je passe la matinée à étudier les vérifications effectuées par les différentes personnes intervenues avant moi.

Mr Alvin m’invite à déjeuner (c’est l’avantage des expertises privées[2]). Pendant le déjeuner, je pose quelques questions sur le réseau et son historique. Mr Alvin m’apprend alors quelque chose d’intéressant. Le câblage est utilisé par trois systèmes distincts: informatique, téléphonie et vidéosurveillance. Chaque système est indépendant avec ses propres serveurs: serveur informatique pour l’un, PABX pour l’autre et régie vidéo pour le dernier. Un câble réseau dans l’entreprise est donc affecté (exclusivement) à l’un de ces trois réseaux. Cette affectation est décidée à l’aide d’une « rallonge » dans une armoire de câblage (on parle alors de jarretière de brassage, qui a dit que les techniciens n’étaient pas poètes[3])…).

Je me dis que je tiens quelque chose: n’y aurait-il pas eu confusion dans une armoire de brassage? Une caméra ne serait-elle pas branchée sur le réseau informatique? Hélas, Mr Alvin n’étant pas né de la dernière pluie, il avait déjà pensé à ce cas de figure et fait vérifier l’intégralité des armoires de brassage.

Je m’accroche néanmoins à cette idée et par la force de l’expérience, pose la question suivante: n’y aurait-il pas eu des modifications d’affectation de pièces, un bureau transformé en atelier par exemple?

Mr Alvin réfléchit et m’indique que l’ancien bureau du contremaitre a effectivement été transformé en atelier lors de l’agrandissement de la zone de production. Mais à quoi bon, toutes les prises ont été débrassées, testées et réaffectées, puis vérifiées…

Le subconscient (de Murphy) faisant son travail, je réattaque sur le sujet lors de la visite de l’entreprise, l’après-midi. Face à l’ancien bureau transformé en atelier, je pose quelques questions au contremaitre.

Zythom: « Y a-t-il eu des modifications apportées sur le câblage dans votre bureau? »

Le contremaitre: « Ben, ya bien la sonnette du téléphone. »

Zythom: « La sonnette? »

Le contremaitre: « Oui. Comme j’entendais pas le téléphone sonner quand je travaillais dans l’atelier adjacent, j’ai fait ajouter une sonnette dans l’atelier reliée à mon téléphone. La preuve, regardez, elle est toujours là. Mais elle sert plus parce que j’ai changé de bureau et que j’ai un téléphone portable. »

Sur le mur de l’atelier trônait toujours une grosse sonnette en forme de cloche.

En suivant les fils de la sonnette j’aboutis à l’ancienne prise de téléphone. Et sur cette prise se trouve maintenant branché un ordinateur de contrôle d’une machine outils.

Avec l’accord de Mr Alvin, je démonte la prise et nous découvrons un superbe branchement (avec dominos) de la sonnette sur le réseau informatique…

Dès que les échanges informatiques du réseau atteignaient une valeur critique, la self de la sonnette interagissait avec le système et flanquait la pagaille.

J’ai toujours regretté de ne pas avoir demandé au contremaitre si la sonnette sonnait de temps en temps.

Mais je suppose que non…

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[1] Diaspar est le nom de la Cité éternelle du roman « La Cité et les Astres » de Sir Arthur Charles Clarke. Le héros s’appelle Alvin.

[2] Dans le cadre des expertises judiciaires contradictoires, il est interdit de manger avec l’une des parties. Vous pouvez manger avec toutes les parties, mais en général, elles ne souhaitent pas se trouver autour d’une table de restaurant et partager un moment de convivialité… Avec les avocats, ce serait parfaitement possible, mais en général leurs clients ne comprennent pas qu’ils puissent se parler IRL. Donc, c’est sandwich en solitaire.

[3] Et bien sur, honi soit qui mal y pense.