Repli sur soi ou renaissance ? 1/9

Résumé : Vincent, 56 ans, est un informaticien un peu fatigué. Passionné par tout ce qu’il entreprend, un peu timide, bousculé par son implication dans la vie politique de sa commune, par les fantômes de ses anciens dossiers d’expertises judiciaires, il souhaite faire le point sur lui-même lors d’un séjour solitaire dans cette auberge qu’il a découverte sur internet.

16 juin

Ah quelle bonne idée que ce petit carnet découvert dans la chambre ! Bienvenue à l’auberge m’ont-ils dit à l’entrée. C’est vrai que le taxi brousse qui m’a amené ici avait l’air bien sympathique, mais il a dû me trouver bien taiseux… Du coup, enfermé dans mes pensées, j’ai un peu oublié de lui poser des questions sur la région. Évidemment, je n’ai rien dit de ce qui m’amène dans ce coin isolé !

Franchement, l’idée d’écrire ce qu’il m’arrive dans ce petit carnet me plaît de plus en plus, et je résiste à la tentation du petit clin d’œil à la grande Histoire en écrivant “Rien” à la date d’hier. Gare aux moqueries si ce carnet tombe un jour dans les mains de quelqu’un…

Hier, je suis donc arrivé dans cette auberge où je viens cacher mes malheurs et mon désarroi devant mon monde qui s’effondre. Informaticien taiseux qui souffre des interactions sociales obligatoires, me voilà bien la caricature du nerd asocial. J’ai sans doute l’excuse du poids des secrets que je porte, et de la souffrance que j’impose à mes proches, mais il est trop tôt pour que je confie tout cela à ce carnet. “Knowledge is power”, paraît-il.

Le plus dur reste à venir. Même le wifi m’a lâché…

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Commentaire de l’auteur :

J’ai décidé d’être le plus plausible possible. Mon personnage arrive dans la chambre d’une auberge et découvre un carnet dans lequel il décide d’écrire des notes. Il ne va pas écrire un roman dès le premier jour : donc le billet est court. Que peut-on raconter à soi-même dans un carnet ? Une blague, le “Rien” fait référence au mot de Louis XVI dans son journal à la date du 14 juillet 1789, qui a tant fait couler d’encre, semble-t-il à tord.

De quels malheurs parle Vincent ? On peut supposer qu’il s’agit d’une référence aux fantômes de ses anciens dossiers d’expertises judiciaires cités dans le résumé. Mais est-ce le cas ? Il écrit “devant mon monde qui s’effondre” et parle de “secrets que je porte et de la souffrance que j’impose à mes proches“.

S’il a des proches, pourquoi vient-il séjourner seul plusieurs semaines dans une auberge ?

“Knowledge is power” est une blague cryptique qui fait référence à un jeu vidéo sur PS4 mais aussi à la traduction anglaise d’une citation du philosophe Francis Bacon, dans “De haeresibus” en 1597 “Nam et ipsa scienta potestas est” (pas lu, mais un jour peut-être)… Savoir, c’est pouvoir.

EDIT de 19h30 : J’ai oublié de signaler une contrainte littéraire importante sur ce premier texte : “Les initiales des phrases successives devront suivre l’ordre alphabétique. Après épuisement des vingt-six lettres, si le texte continue on redémarre à la première ou on repart dans l’ordre inverse.
Je m’en suis bien sorti: mission réussie.

Le billet suivant s’appelle “Le poids des maux

Le déclin des civilisations…