Résumé du texte qui suit : Sylvie explique pourquoi elle est venue, et Vincent pourquoi il est parti.
24 juin
Synopsis
Clap de début de scène.
La caméra est centrée sur le visage de Sylvie.
Sylvie se tient dans l’encadrure de la porte et demande si elle peut entrer. Une fois assise sur un coin du lit dans la chambre, elle explique que Vincent a commis une petite erreur en partant pour sa cure de repos sans prendre son ordinateur.
Changement de plan, la caméra est sur le visage de Vincent. Il a l’œil vif, mais le visage triste. Il ouvre la bouche pour parler, mais Sylvie le précède. La caméra reste sur le visage de Vincent pendant que Sylvie parle.
Elle indique aussi avoir appelé le médecin, ami de la famille, et lui avoir demandé ce que Vincent avait comme maladie. Bien sur, le médecin s’est retranché derrière le secret médical. Ce qui a mis la puce à l’oreille de Sylvie, c’est qu’à chacune de ses questions, le médecin répondait “secret médical”, sauf quand elle a demandé “mais il a quelque chose de grave ?”. Là, il a répondu “secret très TRÈS médical”.
Retour de la caméra sur le visage de Sylvie. Elle demande à Vincent ce qu’il a comme maladie.
Champ large sur la chambre. Vincent se lève, ouvre son attaché-case années 80 et sort un parapheur, l’ouvre à la première page et sort une feuille de papier. Il la tend à Sylvie. Sylvie la lit en silence, puis elle pose la feuille à côté d’elle sur le lit.
Gros plan sur le visage de Sylvie. Celui-ci est fermé et ses yeux sont noirs de colère. Élargissement du champ, Sylvie se lève en silence et quitte la chambre sans un mot.
Vincent baisse la tête et pleure doucement. Une musique mélancolique (ou triste, enfin bien émouvante hein) vient d’une des chambres voisines.
Cinq minutes plus tard, Sylvie entre brutalement dans la chambre et prend Vincent dans ses bras. Elle le serre avec force, et lui dit “tu es vraiment con”.
Elle pleure avec lui.
Les choses vont changer.
Clap de fin de scène.
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Commentaire de l’auteur :
Avant de parler du fond, je voudrais parler de la forme. Comme pour le premier texte, les organisateur du projet nous proposent de suivre une contrainte littéraire (si l’on souhaite). La voici :
Contrainte littéraire : « Je est un autre »
Le texte ne comprend aucun pronom personnel de la première personne du singulier (je, moi, mon, ma…). Bonus : il n’en comporte aucun de la première personne du pluriel non plus.
Après avoir tourné le problème dans tous les sens, j’ai eu l’idée d’écrire un scénario en mode « description extérieure ». Une fois l’idée en tête, sa mise en œuvre a été facile. J’ai un peu hésité sur l’idée car je la trouvais limite par rapport à la contrainte de base du projet qui consiste pour les personnages à écrire des notes dans un carnet intime, mais en tant que blogueur, il m’est arrivé d’écrire des billets en mode « expérience d’écriture » donc j’ai validé le principe… Je me suis même amusé à surligner des passages, comme pourrait le faire un réalisateur qui lit le synopsis pour en faire un script.
En 2019, j’ai eu la chance de participer aux « Confluences pénales de l’Ouest » dont le thème choisi était « Justice et secret(s) ». En tant qu’expert judiciaire, j’ai toujours été sensible au secret, et à la problématique de son respect plus ou moins strict. Je n’ai jamais trahi le secret de l’instruction, ni le secret de mes dossiers, et pourtant j’ai su romancer mes expériences judiciaires pour en parler sur mon blog. Je me suis amusé ici à imaginer comment un médecin pouvait garder un secret médical tout en donnant quand même une indication, plus ou moins volontairement.
Vincent-personnage donne à Sylvie la lettre qu’il a écrite pour elle. Celle-ci réagit. J’aime bien cette idée qu’une personne puisse être en colère, puis quelques secondes après, avoir pardonné, parce que son intelligence lui montre les intentions cachées. L’intelligence plus forte que la colère pour laisser place à l’amour. Oui, je suis un peu romantique. Et oui, j’ai un attaché-case années 80 et un parapheur que je garde en souvenir et qui fait sourire Mme Zythom (qui m’interdit de sortir avec).
Le billet suivant s’appelle « Les choses vont changer« .