Après mon atterrissage à la Usain Bolt de ce matin (lire 3e saut PAC), le deuxième saut de la journée est beaucoup plus calme, même si le vent est limite TRES fort…
L’objectif du saut est de savoir de retourner quand on se retrouve comme une tortue sur le dos. Pour varier les plaisirs, la sortie de l’avion se fera de dos. Petit frisson garanti pour un débutant comme moi ! Le vrai problème, c’est que je me suis retrouvé immédiatement sur le ventre, et que malgré mes efforts, je n’ai pas réussi à me mettre sur le dos pour faire l’exercice. Sur la vidéo, on voit mes piteux efforts pendant trois secondes pour essayer de me mettre sur le dos. J’arrête assez vite pour me concentrer sur la stabilisation de ma position. C’est en effet (et je ne le savais pas) la première fois que le moniteur ne me tient pas du tout pendant la première partie de la chute libre. Du coup, je découvre un balancement d’avant en arrière que j’ai du mal à corriger…
Je passe le temps en essayant de faire des 360° à plat, sans avoir prévenu le moniteur qui me fait vite comprendre que c’est lui le boss (il me prend fermement par le bras !)
J’ai changé de combinaison à la demande du moniteur, qui voulait que je porte quelque chose de (beaucoup) plus ample pour freiner un peu ma chute. Son explication : « j’en ai marre de donner un coup de rein pour te rattraper à cause de ton poids à cause de ta combinaison trop moulante ».
4e saut PAC
Le vent est encore plus fort que le matin, la descente sous voile se fait immobile, face au vent, face à la mer, avec une vue magnifique. Un moment magique !
J’écoute un peu moins les ordres donnés dans mon oreillette, d’autant moins que, comme le matin, il y a deux voiles de la même couleur. L’atterrissage est cette fois presque parfait, mais toujours sur les fesses.
Je commence à me prendre en main.
Je commence à faire le tri dans mes sensations : je suis moins béat.
Je sens la peur commencer à s’infiltrer en moi, et cela me rassure : rien n’est plus dangereux dans une activité à risque qu’une personne qui n’a pas peur.
Ce qui commence à me faire peur, c’est la procédure de secours.
Extrait du manuel :
« En cas de mauvaise ouverture du parachute principal, il sera nécessaire d’effectuer une procédure de secours. Cette procédure consiste à se désolidariser de sa voilure principale en tirant sur la poignée de libération (O_O) pour ensuite déclencher l’ouverture de la voilure de secours en tirant sur la poignée d’ouverture de son conteneur. Cette procédure permet d’éviter une interférence entre votre voilure principale mal ouverte et certainement instable et votre voilure de secours.«
Vous avez bien lu, en cas de problème avec votre parachute mal ouvert, il faut le larguer ! Oui, oui ! Donc imaginez un peu : vous êtes en chute libre, c’est génial, vous faites des supers figures, et puis vient le temps où l’altimètre vous dit que le sol se rapproche fissa. Vous ouvrez le parachute et PAF, il s’ouvre mal (voire pas du tout). Donc, là, il faut DECIDER tout seul de virer le parachute, alors que vous êtes secoué de tous les côtés, balancé ou en rotation rapide, pour retomber en chute libre (le sol se rapproche encore plus vite), puis de tirer sur une AUTRE poignée, pour ouvrir le parachute de secours.
Mais oui.
Pour cela, on s’entraîne au sol, physiquement ET mentalement.
Il faut :
1) regarder la poignée de libération (à droite)
2) la saisir à deux mains (sans la tirer tout de suite)
3) porter le regard sur la poignée du parachute de secours (à gauche)
4) tirer la poignée de libération à fond sans quitter du regard la poignée du parachute de secours
5) saisir la poignée du parachute de secours
6) la tirer à fond (et prier).
Après renseignement auprès des moniteurs, il semble qu’un saut sur 1000 nécessite une procédure de sécurité.
Sincèrement, je ne sais pas comment je vais réagir si cela m’arrive… Je sens la peur s’insinuer sournoisement en moi. C’est le moment d’une petite litanie contre la peur :
Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit.
La peur est la
petite mort qui conduit à l’oblitération totale.
J’affronterai ma peur.
Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu’elle
sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où
elle sera passée, il n’y aura plus rien.
Rien que moi.
J’ai hâte pour mon saut suivant !