3e saut PAC

Troisième jour de stage. J’ai dormi comme un bébé suite aux deux sauts de la veille. L’altitude, le stress, l’âge, tout ça quoi… Le temps est meilleur mais le vent est assez fort (8 m/s), juste au dessous de la limite autorisée (10 m/s je crois).

Ce vent va avoir des conséquences importantes sur mon troisième saut, vous allez voir…

L’un des objectifs de ce saut est d’apprendre à tourner à plat, à gauche, puis à droite. Pour cela, c’est très simple, dixit le moniteur, il suffit d’enfoncer le coude dans l’air (coude gauche pour tourner à gauche, droit pour tourner à droite). Pas si simple pourtant quand on manque de souplesse… 

“Sauter d’un avion en parfait état n’est pas un acte naturel. Alors exécution et profitez de la vue”, disait le sergent Tom Highway (Clint Eastwood) dans Le Maître de Guerre. La sortie de l’avion est toujours OK, je ne ressens pas de peur particulière. La température extérieure est aujourd’hui de -5°C, mais je ne sens pas la morsure du froid. Je suis concentré sur l’exercice et surpris que cela fonctionne correctement, mais pas autant que je le voudrais. J’étais sensé faire un 360° à gauche puis à droite (en suivant les signes du moniteur), mais je n’ai osé faire que des timides quart de tours (voir la vidéo).

C’est donc 45″ de chute libre plutôt calmes, je commence à sentir les choses un peu mieux, même sans vraiment maîtriser grand chose. La traversée du nuage (à 31″) reste un moment impressionnant pour moi. Les choses vont se compliquer à l’atterrissage.

3 saut PAC – tourner à plat

Ce que les vidéos ne montrent pas, puisque ce n’est pas moi qui filme, c’est toute la partie “vol sous voile”, c’est-à-dire après que le parachute se soit ouvert. Il semble que les parachutistes s’intéressent d’ailleurs plus à la chute libre qu’à cette phase là, dite de transport.

Avant d’atterrir, donc, vous profitez pendant 5 à 6 mn d’une descente lente sous voile. Enfin, lente, c’est vite dit puisque la vitesse de chute est d’environ 4 m/s, soit 15 km/h. Pour illustrer, cela correspond à peu près au saut que vous feriez si vous montez sur votre bureau… A mon âge, c’est rude ! (on ne se moque pas)

Première chose à faire dès que la voile s’ouvre : vérifier qu’elle est ouverte correctement. Puis saisir les commandes (bras en l’air) et les tirer jusqu’aux hanches pour mettre la voile “en œuvre”, puis reprendre la position de pilotage de la voile (bras hauts).

Ensuite, il faut regarder où l’on se situe, c’est-à-dire trouver l’aérodrome. Ce n’est pas si évident que cela, et sur l’un de mes sauts, je n’ai pas réussi à le trouver jusqu’à ce que l’idée me vienne de faire un demi-tour (l’aérodrome était derrière moi, panique dans la tête du gros oiseau)…

La descente parachute ouvert présente deux risques particuliers : la collision et l’atterrissage sur obstacle : il faut donc regarder où se trouvent les autres voilures, vérifier sa hauteur, s’orienter par rapport au terrain et en fonction du vent.

Avant la formation, je pensais simplement qu’une fois le parachute ouvert, il suffisait d’attendre que le sol se rapproche et de faire un roulé-boulé dans l’herbe. Que nenni ! Vous devez rester dans une “zone d’évolution” puis vous diriger vers un point de rendez-vous situé à 300 m de hauteur. A partir de ce point de rendez-vous (que l’on vous a indiqué juste avant de monter dans l’avion car il change si le vent change), vous entamez le circuit d’atterrissage (comme un avion).

Le circuit d’atterrissage le plus utilisé en parachutisme (information donnée pendant ma formation) est le circuit en U ou PTU (prise de terrain en U). A partir du point de rendez-vous de 300 m, il faut faire successivement :

1) Une étape en vent arrière

2) Une étape en vent de travers

3) Une dernière étape en vent de face pour se poser.

Un U quoi. Évidement, pour compliquer, il y a les U main droite et les U main gauche…

On essaye toujours de se poser face au vent pour réduire la vitesse horizontale par rapport au sol. En effet, en l’absence de vent, votre voile vous fait avancer horizontalement à environ 8 m/s (29 km/h). Avec un vent de face de 5 m/s, vous n’avancez plus qu’à 3 m/s (11 km/h) par rapport au sol, ce qui est plus confortable pour rester sur ses deux jambes.

Vous ajoutez à cela que le sens du vent et sa vitesse ne sont pas toujours les mêmes en fonction de votre hauteur. Vous pouvez avoir un vent fort en altitude dans un sens donné et un vent tournant au sol avec une autre vitesse…

C’est pour cela que les débutants comme moi, disposent d’une oreillette radio dans laquelle sont donnés les ordres de guidage par un moniteur au sol. Autant vous dire que pour moi, c’est parole d’évangile ! Le moniteur au sol surveille la descente de toutes les voiles et nous dirige en donnant des ordres précis du type “voile rouge, quart de tour à droite !”. Le problème, c’est que tout le monde est sur le même canal de fréquence (utilisé également par le centre de voile tout proche, mais ça, c’est une autre histoire), et donc que tout le monde entend les mêmes ordres. Heureusement, chacun connaît la couleur de sa voile et agit en conséquence.

Oui, mais… sur ce saut, deux voiles avaient la même couleur (avec une petite différence : un trait jaune pour l’une, un trait vert pour l’autre). Et notre guide terrestre adoré s’est un peu emmêlé les pinceaux. J’étais sous voile rouge (avec trait jaune délavé) à environ 70 m du sol, bien face au vent, en train d’entamer ma dernière phase du circuit d’atterrissage, quand j’ai entendu un ordre sec dans mon oreillette : “voile rouge demi-tour gauche BORDEL !”. Bien obéissant, en bon élève appliqué, j’ai fait un rapide demi-tour gauche… Ce qui m’a mis vent arrière ! Ensuite, étant trop près du sol, impossible de corriger quoi que ce soit.

Un simple et rapide calcul (que je n’ai évidement pas fait à ce stade du saut, bien plus occupé par l’arrivée rapide du sol), montre qu’avec un vent d’environ 8 m/s et une vitesse horizontale relative de 8 m/s qui s’additionnent en vent arrière, j’ai atterri à 16 m/s, soit 57,6 km/h. Je ne suis pas armé pour courir à cette vitesse là, même sans harnais (je rappelle que la vitesse de pointe d’Usain Bolt est de 44,72 km/h sur 100 m).

Bref, toutes ces explications pour vous dire que je me suis rétamé de tout mon long sur 10 m en broutant de l’herbe.

Je me suis relevé le plus dignement possible et j’ai fait signe que tout allait bien. Puis quelqu’un est venu me chercher en quad…

Je n’avais qu’une seule envie, recommencer !

Maso, je vous dis 😉

3 réflexions sur « 3e saut PAC »

  1. J'avoue, j'ai ri… De bon coeur, même.
    Vous imaginez tenter de battre le record de Bolt est priceless…

Les commentaires sont fermés.