Comme je l’ai déjà signalé, j’ai plusieurs casquettes à mon arc (sic): expert judiciaire en informatique, responsable informatique et technique dans une grande école d’ingénieurs, et conseiller municipal dans ma commune.
J’aime beaucoup ces différentes casquettes, moins certainement que je n’aime mes trois enfants, mon épouse et mes amis, mais beaucoup quand même. J’aime la spéléologie, les réseaux de neurones bouclés, la science fiction et l’espace.
Mais je crois que ma grande passion reste encore l’informatique.
Aussi loin que je remonte dans le temps, je trouve une attirance vers cet outil parfois machiavélique. Co-créateur du club d’informatique de mon lycée, nous avions persuadé un parent d’élève de nous prêter une fois par semaine l’ordinateur qu’il utilisait dans son entreprise, et le professeur de math nous enseignait les rudiments de la programmation (les algorithmes de réduction des fractions entières). C’était avant l’IBM PC et ses futurs machines compatibles, c’était avant internet.
Puis je me souviens d’une visite du centre Pompidou (Beaubourg) où un des premiers ordinateurs IBM trônait dans le hall d’entrée, avec le programme ELIZA en libre service. Je me souviens avec fierté avoir osé m’assoir sous le regard des adultes intimidés par cette machine.
A peine entré dans l’âge impertinent, je quémandais lors d’une visite au SICOB des impressions en code ASCII sur papier listing de posters représentant des pinups peu vêtues… Je me souviens que les vendeurs d’imprimantes profitaient de la lente avancée des têtes d’impression pour racoler les adultes pendant que je me tenais en arrière, prêt à répondre « moi » dès que le vendeur proposait le listing à l’assistance.
L’informatique grand public faisait son arrivée dans ma vie avec un TRS-80 Modèle I qui m’avait couté deux mois de travail d’été chez Félix Potin (on y revient!). Et avec lui une nouvelle vie, avec la découverte de la synchronisation des cassettes magnétiques (pas trop fort le son) et les boucles de temporisation au milieu des programmes assembleurs « car sinon cela va trop vite ». L’année suivante, je sacrifiais un autre mois de salaire pour passer la mémoire de 16 ko à 48 ko (oui: ko).
La parenthèse de l’enfer de la prépa passée, je me retrouvais entrant en école d’ingénieurs en même temps que des IBM PC à double lecteur de disquette 5″1/4. J’y aidais le responsable informatique à déballer les cartons, et son assistant de l’époque (aujourd’hui DSI dans la même école) se souvient de moi comme étant le seul étudiant autorisé à entrer dans la salle serveur pour y chercher les listings d’impression (contenant les résultats des exécutions nocturnes de nos programmes « en batch »). L’informatique individuelle progressait avec peine dans le centre de calculs.
Le diplôme en poche, je répondais présent à mes obligations militaires de 12 mois, dont 11 passés comme scientifique du contingent (après un mois assez dur de classes en Allemagne) dans le service informatique des armées. J’y ai participé à l’aventure du Calculateur Militaire Français qui devait équiper les équipements des trois armées (char, avion, etc). J’y ai rencontré une fois Serge Dassault qui ne doit pas se souvenir du petit porte serviette de l’IPA (Ingénieur Principal de l’Armement).
Mais surtout, pendant cette période riche pour moi en recherche documentaire, j’ai eu l’occasion de donner une suite à mon DEA en intelligence artificielle: la préparation d’une thèse sur les réseaux de neurones.
Outre le métier de « faisant office de » responsable informatique attitré du laboratoire, j’y ai compris que… et bien… je n’ai rien appris pendant mes dures études. Et surtout rien compris. Dure réalité que d’avoir à tout réapprendre pour chercher à comprendre en profondeur.
Je n’y ai pas prié afin d’obtenir un esprit sain dans un corps sain (réf), mais j’y ai découvert la spéléologie à laquelle j’ai pu apporter mon savoir faire en représentation 3D fil-de-fer et calculs trigonométriques.
Bref, une belle thèse avec des bons côtés (réf). Et c’est sur ces fondements que s’appuie le reste de ma carrière…
Ce billet est dédié à toutes les personnes qui m’ont aidé tout au long de cette période: du professeur de mathématiques à mon directeur de thèse et mentor (l’autre ami d’Ulysse), en passant par ce sergent instructeur qui est venu me voir pendant ma corvée TIG pour me dire « non, sérieux, Zythom, vous êtes ingénieur? ».
Qu’ils soient tous remerciés.
Je reste un nain sur leurs épaules de géants.
Bonjour
Tout d’abord Merci pour ce blog. Ne postant pas souvent de commentaires, j’en profite pour le dire a notre hote.
Tres interessant temoignage, qui peut etre partage a des niveaux differents par tous les fans d’informatique.
Je dois etre plus jeune que vous. Mes souvenirs sont tout d’abord les jeux a charger sur cassettes magnetiques sur une Laser 200, mes premiers programmes en basic, le PC 1512 et le Turbo Pascal, mon premier scrolling en mode texte, Puis longue pause pour les etudes, prepas, et enfin re vrai decouverte de l’informatique en ecole d’inge: club info, cours de dev, autres matieres mais tellement interessantes. Puis specialisation en info avec des supers profs… et au final surtout une impression que l’imformatique ne s’enseigne pas mais se pratique. Malgre tous les cours et les polys, les meilleures connaissances sont celles acquises de longues luttes avec un compilateur, une ligne de commande ou une stack… Mais quand ca marche, quel bonheur !
Allez, je retourne a mon java…
Alex
Ca me rapelle les crayons optiques des MO5… D’ailleurs, comment ça marche un crayon optique que l’on appuie sur un écran? Ca calcule la courbure et ça en déduit la position, ou tout autre chose?
@Guillaume: Wikipedia explique plutôt bien le fonctionnement des fameux crayons optiques des thomson, à l’adresse https://fr.wikipedia.org/wiki/Crayon_optique
On a du/pu se croiser cent fois alors…. 🙂
Comme quoi, il y a bien des « générations informatiques » bien distinctes. Le musée des technologies du Petit Bornand devrait en être la preuve. 😉