A quoi voit-on que l’on prend de l’âge? Quand on commence à se souvenir d’une époque où l’on était plus mince, plus forts, plus vifs ? Quand nos articulations ne craquaient pas ? Quand on s’aperçoit qu’avant nous pouvions faire plus de chose en se fatiguant moins vite ?
Non!
Quand on commence à dire que c’était mieux avant.
Et cette vision de nos propres capacités s’étend généralement à la société: peu importe à quoi elle ressemblait du temps de notre jeunesse, c’est comme cela qu’elle devrait être, et tout changement survenu depuis lors est considéré comme une dégradation, une dégénérescence, une abomination.
Et puis, notre mémoire, qui n’est pas infaillible, a tendance à idéaliser le passé, à gommer les soucis et les frustrations, à amplifier les joies, tout cela encore enjolivé par le prisme de l’histoire qui met invariablement l’accent sur l’héroïsme, la détermination inébranlable et les vertus civiques, tout en passant sous silence les lâchetés, la corruption et l’injustice.
N’est-ce pas vrai jusque dans le domaine informatique ? Vous qui baignez depuis dix ou vingt ans dans la technologie, ne vous arrive-t-il pas de songer avec nostalgie à l’âge d’or ? De vous plaindre que les systèmes d’exploitation sont moins bons que dans le temps, de rêver à la simplicité des programmes du temps passé ?
« Quand j’utilisais WordStar sur mon TRS 80 avec 48 Ko de mémoire vive et mon lecteur de disquette, je rédigeais mes rapports de 50 pages avec moins de problèmes qu’aujourd’hui »
Avez-vous réessayé les programmes ou les jeux électroniques favoris qui ont illuminé votre enfance sur votre ordinateur d’alors ? Vous souvenez vous des heures passées devant un écran noir et blanc (noir et vert) à jouer au tennis avec une barre verticale servant de « raquette » et une balle carrée qui faisant « bong » avant d’accélérer inexorablement ?
Je viens de refaire une partie de tennis de ce type, et bien c’est NUL ! Je n’ose même pas montrer ce jeu à mes enfants en leur expliquant la larme à l’oeil que mes parents devaient m’en limiter l’usage…
Nous utilisons aujourd’hui des ordinateurs dont les informaticiens d’il y a vingt n’ont pas osé envisager dans leurs rêves les plus fous. Chaque mois, chaque jour, un nouveau concept technologique sort des ateliers ou des laboratoires dans le monde entier. Nos enfants, nos étudiants maitrisent des technologies de façon naturelle et banale que nous avons admirées lors de leurs sorties.
J’ai la chance de travailler dans une école d’ingénieurs au contact de jeunes ayant entre 17 ans et 23 ans. Demandez leur s’il faut autoriser l’usage d’une calculatrice pour un examen en lieu et place d’une règle à calcul.
Eux dont le téléphone est relié à Internet…
Devons nous craindre de voir le ciel nous tomber sur la tête, la technologie prendre le pas sur nos compétences et nous envoyer ringardiser une étagère de musée ?
Nous vivons une époque exaltante où des idées qui affolaient les lecteurs de science fiction sont devenues réalités ou sont en passe de l’être. Cela ne rend pas l’Homme meilleur, mais je suis persuadé que l’apparente complexité du monde actuel prépare un avenir meilleur. Nous devons contraindre nos neurones à suivre le rythme, rester dans la course et si possible en tête. Loin d’être les fainéants qu’ils veulent paraitre, les informaticiens sont les ingénieurs les plus dynamiques.
Et pourquoi pas ? L’âge d’or de l’informatique est devant nous.
PS: une partie importante de ce billet est inspirée d’un article d’Isaac Asimov lu dans « Mais le docteur est d’or » et dont le titre est repris ici.
PS2: C’est vrai qu’avant j’avais des abdos plats et fermes…
C'était mieux avant parce qu'avant les utilisateurs nous prenaient pour des Dieux. Maintenant ils nous prennent pour des billes 🙂