Le blues de l’informaticien

Je suis informaticien, je sais je ne devrais pas m’en vanter.

Parfois, lorsque les gens me demandent ce que je fais, je dis que je m’occupe des ordinateurs. C’est assez vague et en général on ne me pose pas vraiment de questions complémentaires, les gens s’intéressant de toute façon peu à ce que l’on fait vraiment.

L’informatique est une bien étrange discipline : il faut cinq ans pour former un ingénieur informaticien débutant et pourtant, le premier venu déballant son nouvel ordinateur se sent capable de donner des leçons.

Il y va en informatique comme en médecine ou en droit : vous pouvez choisir d’être généraliste ou vous spécialiser. Par contre, autant tout le monde comprendra qu’un médecin généraliste ne pratique pas d’opérations à cœur ouvert, autant le vulgus pecus ne comprend pas qu’un informaticien (généraliste ou spécialiste) ne sache pas tout sur tout et en détail.

A côté de cela, tout le monde me dit « c’est nul je ne comprends rien », ou encore « de toute façon vous les informaticiens, on ne comprend rien de ce que vous racontez ».

Ce phénomène est commun à tous les domaines où les spécialistes ont développé un vocabulaire précis, parfois inventé (ex : concaténer), parfois emprunté ailleurs (ex : ordinateur, mot à l’origine utilisé en théologie).

Vous retrouvez les mêmes reproches faits aux juristes, aux médecins, aux électriciens. Cela m’a d’ailleurs valu lors de mon stage ouvrier de me faire balader pendant une heure dans une usine à la recherche d’une lime à épaissir. J’avais quand même 21 ans. C’est à cela que servent les stages ouvriers : à découvrir tous les noms des outils, et accessoirement à comprendre qu’on peut avoir de longues études, et manquer de bon sens. Cette leçon d’humilité m’a servi toute ma vie.