Histoire de drone

Ce blog devient un peu trop sérieux à mon goût, et trop axé sur les expertises. Aussi, je vais vous narrer une petite histoire qui m’est arrivé au travail.

Un matin, alors que je traversais l’école où je travaille, le gardien me tombe dessus : “Zythom, j’ai entendu un gros bruit cette nuit sur le toit de l’école ! J’y suis allé ce matin et j’ai trouvé ça” (ouvrant un sac de supermarché) :

Mince, un drone s’est écrasé sur le toit !

Comme si je n’avais que ça à faire… Du coup, je suis allé inspecter le toit de l’école pour voir les dégâts (insignifiants), et je me suis retrouvé avec un nouveau problème sur les bras : comment me débarrasser de cet appareil ?

Je regarde d’un peu plus près les composants, et je repère une petite caméra GoPro avec une carte mémoire 16Go.

J’emmène tout ça chez moi, où je dispose des adaptateurs microSD pour analyser le contenu de cette carte : nada. Rien. Aucune donnée visible sur la carte.

Je lance alors l’excellent logiciel PhotoRec pour extraire rapidement toutes les données encore présentes sur la carte, malgré leur effacement. Je laisse le logiciel faire son boulot et, au bout de quelques heures, me voici avec 400 photos sur les bras.

Des images de survol, des images d’atterrissage, encore des images de survol. Et quatre selfies du propriétaire posant avec ses camarades dans une salle de cours (tenant la GoPro à bout de bras). Je tiens donc l’image du propriétaire, je vais pouvoir le retrouver.

Oui, mais.

J’ai la tête du propriétaire sur des photos, je peux les imprimer pour les montrer ou les envoyer par email aux différents DSI des établissements d’enseignement du coin. Oui, mais ça m’embête de divulguer autour de moi des photos dont je perçois parfaitement le caractère privé. Donc non.

Je décide d’attendre que le propriétaire vienne à moi. L’information concernant le crash du drone sur le toit de mon établissement va vite lui parvenir aux oreilles, et, s’il cherche son appareil, il viendra le réclamer à l’accueil. Je passe la consigne à l’accueil de me l’envoyer dès qu’il se présentera. Je saurai le reconnaître, puisque je connais déjà son visage.

Oui, mais. Une semaine s’écoule, et pas de nouvelles. Au bout de dix jours, je décide de libérer mon bureau de cet encombrant engin : je l’apporte aux objets trouvés de ma ville. C’est l’occasion pour moi de découvrir ce service mythique. Le préposé m’accueille chaleureusement, mais semble débordé. “J’occupe deux postes car mon collègue est malade”, me dit-il entre deux appels téléphoniques. “Posez votre objet sur le comptoir et donnez moi votre nom et un numéro de téléphone” ajoute-t-il en prenant un post-it. “Je l’enregistrerai dans quelques jours”.

Je ressors de là sans récépissé un peu dépité.

Le plus amusant, dans cette histoire, c’est qu’en revenant sur mon lieu de travail après avoir amené les restes du drone aux objets trouvés, le propriétaire s’est présenté à mon bureau…

J’ai donc pu connaître toute l’histoire : c’est un drone fabriqué dans le cadre de ses études à l’université voisine, ce qui explique son GPS embarqué, il effectue beaucoup de vols (avec autorisation) pour faire des relevés. Le jour de la chute, il y avait beaucoup de vent, il faisait nuit, la caméra est tombé en panne, il a perdu de vue le drone, puis l’a perdu tout court… Il le croyait tombé dans le lac voisin, jusqu’à ce que la rumeur lui parvienne que le drone était tombé sur le toit de mon établissement.

Je lui ai donné l’adresse du service des objets trouvés. Il a pu récupérer son appareil. Il semblait heureux d’être tombé sur quelqu’un d’honnête. Je lui ai parlé de la récupération d’images que j’avais effectuée sur la carte de sa caméra et semblait surpris que j’ai pu récupérer les selfies. “J’ai saturé la carte mémoire plusieurs fois avec des films de survol, je suis surpris qu’il reste des photos exploitables sur la carte !”

Impossible n’est pas expert judiciaire!

Merci surtout à PhotoRec 😉

5 réflexions sur « Histoire de drone »

  1. Cela tombait bien je cherchais un autre logiciel de récup de photo que recuva, dommage pour moi, la récupération directe ne semble pas possible pour un périphérique Android en MTP only (Il faudrait probablement que je fasse une image avec dd, mais… pas envie).
    PS: Je me souviens d'une personne qui écrivait souvent "à l'impossible nul n'est tenu", il semblerait que cela ait évolué 😉

  2. Dernièrement j'ai changé de téléphone portable et pris possession de l'appareil remis par le vendeur qui m'en a loué tous les avantages technologiques…

    Pas de chance, 15 jours après je perds toutes les données du téléphone (répertoire téléphonique, photos, vidéos, agenda, …).

    Le vendeur ne pouvant rien faire pour moi car la carte sim était, semble-t-il, défaillante, il me propose d'aller voir, à ses frais, une petite boite informatique du quartier voisin avec laquelle il travaille et qui possède un équipement de lecture et de récupérations de données.

    Si tôt dit, sitôt fait, je me rend à ladite boite et explique le problème. Le gérant (et technicien) me demande mon téléphone, bidouille quelques minutes derrière sont comptoir, puis me rend l'ensemble quelques minutes après en me disant : "c'est bon, je vous ai tout récupérer sur la mémoire cache… Ca fait 10 € !" (que le vendeur du tél a réglé).

    Arrivé chez moi, je vérifie si toutes mes données sont revenues, et c'est le cas… mais en plus j'ai toutes celles d'un précédent propriétaire !!!! (soit du téléphone, soit de la carte sim ?) :
    photos et vidéos de vacances, de famille, sms, musiques, notes, etc, etc, etc….

    Il semble bien que toutes les données perso qu'on rentre dans un portable laissent des traces indélébiles, et que lorsqu'on change de matériel, même si tout est effacé, si le matériel est remis tout ou partie dans le circuit, les données peuvent ressortir !

  3. Question bête : pourquoi ne pas avoir simplement isolé la tête du propriétaire du contexte privé des photos pour diffusion aux différents DSI des établissements d'enseignement du coin ?

    • Même ainsi, je ne souhaitais pas stigmatiser une personne dont je ne connais rien

  4. Il y a beaucoup de logiciels de récupération de données en fait 🙂
    On peut aller chercher plus ou moins loin …

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