11 novembre 2007

C’est la première fois que j’assiste à la cérémonie du 11 novembre dans ma ville. J’y accompagne ma fille qui doit lire un texte, avec ses camarades de classe de CM1. C’est un petit matin froid et nous retrouvons près du monument aux morts, des parents, des anciens combattants, les instituteurs, la fanfare, quelques personnalités et le maire.

La cérémonie est empreinte de dignité, émouvante et solennelle.

Moment de recueillement collectif, tout le monde est concentré sur les textes lus par les enfants à tour de rôle.

Arrive le tour d’un petit garçon dont le mère est à côté de moi. Elle me dit: il est très concerné car il nous a posé beaucoup de questions. Devant mon étonnement, elle m’explique que son arrière grand-père était allemand et avait combattu contre les français lors de la grande guerre…

C’est au tour de ma fille de 9 ans. Voici son texte:

« Plus de 4 millions d’hommes ne survécurent qu’après avoir subi de graves blessures, le corps cassé, coupé, marqué, mordu, la chair abimée, quand ils n’étaient pas gravement mutilés.

Les autre s’en sortirent en apparence indemnes: il leur restait le souvenir de l’horreur vécue pendant plus de 50 mois, la mémoire du sang, de l’odeur des cadavres pourrissants, de l’éclatement des obus, de la boue fétide, de la vermine, la mémoire du rictus obscène de la mort.

Il leur restait des cauchemars pour le restant de leurs jours, des images dont ils n’oublieraient jamais l’horreur. »

Ces mots dans la bouche de ma fille m’ont tiré quelques larmes discrètes.

2 réflexions sur « 11 novembre 2007 »

  1. Effectivement, une description d’autant d’horreur et de douleur racontée par la voix innocente d’une enfant de 9 ans est un moment plein d’émotion.

    Ayant eu longtemps moi-même une profession en contact avec les jeunes enfants, je me suis souvent demandé s’il était utile et nécessaire de leur apprendre que le passé de l’humanité était parsemé de faits tragiques et cruels.

    Finalement, l’innocence et la candeur des enfants sont d’autant plus belles et émouvantes qu’elles viennent heurter les dures réalités de la vie des adultes.
    Dans un sens c’est probablement la meilleure façon de parler de choses sinistres sans s’y accoutumer et pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli.

    La voix d’un enfant apporte cette petite touche d’espoir.

    Merci Zythom pour ce billet émouvant.

    ps: vous nous raconterez aussi la cérémonie de noël. Ce sera sûrement aussi très émouvant. Les sourires et les cris de joie en plus.

  2. J’ai aussi eu l’occasion, pour la première fois de ma vie, de participer à la commémoration de cette année. J’avoue, je pensais m’y ennuyer ferme…

    Un vieux monsieur y a lu le message de son association d’anciens combattants, un message où toutes les victimes de la guerre, civiles ou militaires, quel que soit leur camp, étaient évoquées ensemble. Et qui se concluait par un rejet de la guerre comme moyen de résolution des conflits.

    Un très beau moment, un très beau message d’espoir, que de l’horreur même puisse être tirée une parole de paix.

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